(Quinze heures trente-trois minutes)
M. Lamontagne : Alors,
bonjour, tout le monde. Je suis avec mon collègue Pierre Dufour, qui est ministre
des Forêts, de la Faune et des Parcs, avec M. Marcel Groleau, président de
l'UPA, et M. Gagnon, qui est président des producteurs forestiers...
Une voix
: Privés.
M. Lamontagne : ...producteurs
privés forestiers, tout à fait. Écoutez, c'est un grand, grand plaisir puis une
grande fierté pour moi aujourd'hui d'avoir déposé, d'abord, mon premier projet
de loi, mais aussi comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Puis c'est un projet de loi que le secteur
agricole puis le secteur forestier attendent depuis longtemps, un projet de loi
qui donne suite à l'engagement du gouvernement envers le secteur agricole de mettre
en place un nouveau programme de crédit de taxes foncières agricoles fiable et
efficace puis de proposer des solutions pour contrôler le coût de la taxe
foncière agricole. Un projet de loi qui concrétise également l'engagement du gouvernement
de faciliter la vie des citoyens et des entreprises en réduisant la
bureaucratie.
Nous proposons aujourd'hui une solution
durable, à long terme, pour le Programme de crédit de taxes foncières agricoles,
là où le gouvernement précédent avait échoué. Nous y sommes parvenus en
rétablissant le dialogue et la communication avec le milieu agricole, ce qui
avait grandement manqué, grandement fait défaut lors de la réforme avortée de
2017.
Vous savez, les activités agricoles,
contrairement aux autres secteurs de l'économie, nécessitent des
investissements fonciers importants. Concrètement, le principal bien productif
d'un agriculteur, bien, c'est sa terre. La croissance importante du prix des
terres, observée au cours des dernières années, s'est traduite par une hausse
du fardeau foncier des entreprises agricoles et a nui à leur compétitivité,
sans parler de la lourdeur de l'actuel programme de crédit de taxes foncières
agricoles, dont l'application est complexe pour la clientèle et dont
l'administration est très coûteuse pour l'État.
Nous proposons donc de remplacer l'actuel
programme par un nouveau programme simplifié, plus efficace, qui permet de
contrôler le coût de la taxe foncière pour les producteurs agricoles. Cette
réforme, réalisée en partenariat avec le milieu agricole, contribuera à la
stabilité et à la compétitivité des entreprises agricoles.
Concrètement, le projet de loi vise
principalement cinq objectifs. Le premier, protéger les producteurs agricoles
contre les valeurs extrêmes des terres agricoles en plafonnant leur valeur
imposable.
Il prévient les augmentations extrêmes de
la valeur des terres, notamment en élargissant le bassin des comparables pour
les évaluateurs municipaux.
Troisièmement, il simplifie les modalités
d'accès au programme de crédit de taxes foncières agricoles et son
administration. Nous réduirons des deux tiers les communications et les
interventions annuelles entre le MAPAQ et nos producteurs agricoles. Où ça prenait,
cette année ou l'an passé, 275 000 transactions entre les producteurs
et les fonctionnaires du gouvernement, à partir de la réforme, ça va en prendre
75 000. Le fardeau réglementaire, quant à lui, des producteurs va diminuer
ici de 40 %, ce qui va permettre d'économiser annuellement quelque
400 000 $.
Quatrièmement, le projet de loi vient créer
une catégorie d'immeubles forestiers afin d'offrir aux municipalités la
possibilité d'appliquer un taux de taxation distinct pour les propriétaires de
boisés privés dans le but de favoriser l'aménagement de nos forêts. Cette
disposition répond à une demande de longue date des producteurs forestiers. Mon
collègue Pierre Dufour va vous en parler plus longuement dans quelques minutes.
Et finalement, dans la foulée de la
stratégie pour la transformation numérique de l'État, le projet de loi jette
également les bases d'un guichet unique de collecte de données entre le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et La Financière
agricole du Québec.
Parallèlement, nous allons prévoir des
aides financières transitoires afin de permettre aux municipalités d'adapter
leur système informatique et de compenser le manque à gagner pour celles qui
seront les plus affectées par l'application du programme du plafond des valeurs
imposables des terres agricoles.
Enfin, soucieux d'assurer le maintien d'un
dialogue constructif avec nos partenaires, nous mettrons en place un comité de
suivi pour le milieu municipal et le milieu agricole. Ce comité sera composé de
l'Union des producteurs agricoles, de la Fédération québécoise des
municipalités, de l'Union des municipalités du Québec, du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et du ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation. Il aura pour mandat d'échanger sur les impacts
de la réforme pour les entreprises agricoles et les municipalités, de
documenter d'éventuelles problématiques et, le cas échéant, d'identifier des
pistes de solution concertées et de faire rapport au gouvernement.
Alors, en conclusion, en simplifiant un
programme trop complexe et en réduisant les obstacles administratifs des
citoyens et des entreprises, ce projet de loi contribuera à rendre l'État
québécois plus efficace. Et pour les quelque 25 000 producteurs
agricoles qui bénéficient du Programme de crédit de taxes foncières agricoles
et les 29 000 producteurs forestiers enregistrés au ministère des
Forêts, de la Faune et des Parcs, la réforme proposée représente une grande
avancée.
Ceci étant dit, c'est certain que je
souhaite de tout coeur que mes collègues de l'Assemblée nationale mesurent
aussi les bénéfices que ce projet-là va apporter et que le projet de loi
franchisse rapidement et avec succès toutes les étapes jusqu'à son adoption. Je
vous en remercie puis je cède la parole à mon collègue Pierre Dufour.
La Modératrice
: Merci,
M. Lamontagne. Alors, nous allons poursuivre avec le ministre des Forêts,
de la Faune et des Parcs, M. Pierre Dufour.
M. Dufour : Oui. Merci,
André. M. Groleau, M. Gagnon. Je pense que c'est une très belle
annonce qu'on a aujourd'hui. Donc, bonjour à tous.
C'est un plaisir pour moi d'être ici pour
l'annonce de cette bonne nouvelle concernant le Programme de crédit de taxes
foncières agricoles, une bonne nouvelle pour les producteurs agricoles, mais
aussi pour nos producteurs forestiers privés. Mon collègue André parlait de
l'importance d'assurer la compétitivité de nos entreprises agricoles, et je
peux en dire autant pour nos producteurs forestiers.
En plus des avantages qu'il a déjà
mentionnés, ce projet de loi s'inscrit aussi dans notre objectif d'augmenter le
niveau d'activité en forêt privée afin d'accroître la contribution de celle-ci
à l'approvisionnement des usines de transformation du bois au Québec et la
richesse collective.
La forêt privée est un intervenant
important pour le gouvernement, principalement en raison de sa contribution à
l'approvisionnement des usines de transformation des bois du Québec.
Comme le disait André tantôt, 29 000,
comment dire, propriétaires privés... Cette mesure, donc, touche ces
29 000 producteurs là. Par contre, ce qu'il faut bien comprendre, il
y a 134 000 producteurs de forêts privées au Québec. Donc, par
rapport à cette situation-là, ça va donner, même, un levier pour les
municipalités d'être vraiment en lien avec ces producteurs-là pour vraiment
être incorporées dans cette dynamique-là.
Les forêts privées peuvent générer
davantage de richesse et d'emplois liés à la sylviculture, aux opérations de
récolte et à la transformation du bois, tout en maintenant des écosystèmes
forestiers sains et résilients. En créant la catégorie d'immeubles forestiers,
permettant un taux particulier de taxes foncières, nous mettons en place un
outil afin que les municipalités du Québec puissent offrir une aide
supplémentaire aux producteurs forestiers pour les inciter à aménager leurs
boisés et approvisionner leurs usines de transformation de bois, permettant
ainsi d'accroître la vitalité économique des régions éloignées, entre autres,
et même des régions de proximité des grands centres.
Cet outil s'ajoute à plusieurs mesures
existantes, par exemple le Programme d'aide à la mise en valeur des forêts
privées, doté d'un budget annuel de 28,5 millions, et le remboursement des
taxes foncières des produits forestiers reconnus, qui représentent un
investissement de l'État d'environ 15 millions annuellement.
Du point de vue du secteur forestier, ce
projet de loi va dans le sens de la vision du gouvernement qui est de mettre en
valeur l'immense potentiel économique et environnemental des forêts
québécoises. La forêt contribue à la création de richesse dans plusieurs
régions du Québec, tout en contribuant massivement à la réduction des gaz à
effet de serre. Il ne faut jamais oublier, 82 % des villes du Québec
évoluent grâce, économiquement, à la portion forestière.
Cette annonce démontre que nous
travaillons concrètement à améliorer l'environnement d'affaires des producteurs
agricoles et forestiers, ce qui est d'ailleurs un engagement formel de notre
gouvernement.
En terminant, tout ça n'aurait pu se
réaliser sans le travail de tous les partenaires engagés à simplifier la vie
des producteurs agricoles et forestiers, dont toute l'équipe de mon collègue
André Lamontagne, qui ont permis d'arriver à une juste mesure dans ce nouveau
dossier là, où est-ce qu'il y avait beaucoup de technicalités. Hein, André, je
pense qu'on peut en parler, on en a eu de toutes les sortes pour arriver avec
une finalité totale.
M. Gagnon, bien heureux de vous avoir avec
nous aussi, de mon côté. Je sais que vous avez fait, l'autre jour, un petit
point de presse rapide pour nous parler de la TBE. Et ça, il y aura quelque
chose qui s'en vient là-dessus, aussi, prochainement. Merci beaucoup à tous.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, M. Dufour. Alors, nous allons poursuivre avec le président général de
l'Union des producteurs agricoles, M. Marcel Groleau.
M. Groleau (Marcel) : Alors,
bonjour. Je suis très content d'être ici pour l'annonce du dépôt de ce projet
de loi là. Le dossier des taxes foncières agricoles au Québec a fait couler
beaucoup d'encre. Vous savez toutes les pressions que l'UPA a dû faire dans le
passé pour se faire entendre dans ce dossier-là.
Aujourd'hui, suite au dépôt de ce projet
de loi là, il y a les principaux éléments que l'UPA souhaitait voir modifiés
dans le programme le seront. Tout d'abord, plafonner la valeur imposable des
terres agricoles. Il y aura, dans le projet de loi, bien, une méthode pour ce
faire. M. Lamontagne en a brièvement parlé. Également, la levée du plafond
sur les dépenses annuelles, dans ce programme-là, c'était un des points
importants qu'on demandait. C'est également le cas. Et le troisième cas, c'était
sur, bon, le taux distinct pour le secteur agricole. À ce niveau-là, on a
encore du travail à faire, mais le principe est toujours dans la loi. Le
quatrième point, c'était sur les lots boisés, d'avoir une... de considérer ces
lots-là de façon distincte pour être capable de les protéger d'une inflation ou
d'une augmentation trop rapide de la valeur des taxes qu'ils doivent assumer.
On vient de franchir... Pour plusieurs
producteurs, aussi, je mentionnerais qu'il y a des éléments plus... des
détails, là. Par exemple, la simplification du programme va permettre à
400 producteurs... au-delà de 400 producteurs de plus d'avoir accès
au programme à partir de 2020. Donc, pour nous, c'est important, c'est des
producteurs qui étaient évincés du programme pour des questions techniques.
Alors, pour nous, ce projet de loi là est
bienvenu. Je crois que plusieurs producteurs vont être contents de savoir qu'on
a une entente, un nouveau projet de loi qui va régler la question de la
fiscalité foncière agricole.
C'est un enjeu qu'il va falloir par contre
continuer de suivre étroitement. Le comité qui est mis en place avec les fédérations
des unions municipales et l'UPA, le MAPAQ, le ministère des Affaires
municipales va nous permettre de suivre l'évolution. Ça fait longtemps qu'on
demandait une table de travail sur la fiscalité foncière agricole, alors cette
table-là pouvoir continuer de suivre l'évolution des coûts des taxes pour les
entreprises agricoles et faire des recommandations lorsque ce sera nécessaire. Alors,
tout ça, pour nous, c'est des bonnes nouvelles.
Puis, encore une fois, je remercie
M. Lamontagne mais surtout son équipe... également, je devrais dire,
également son équipe, parce qu'il y a eu une très bonne relation de travail
qu'on n'avait pas vue depuis longtemps, là, entre le MAPAQ, et l'UPA, et les
différents partenaires, dans ce dossier-là, pour en arriver au projet de loi
qui est déposé. Alors, merci beaucoup. Puis je suis sûr que les producteurs
vont apprécier. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Groleau. Alors, nous allons terminer, conclure avec le
président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec,
M. Pierre-Maurice Gagnon.
M. Gagnon (Pierre-Maurice) :
Oui. Bonjour, tout le monde. Il y en a plusieurs qui vont peut-être se demander
aujourd'hui pourquoi l'UPA est là et la fédération de producteurs de boisés
privés du Québec. On a toujours travaillé ensemble. La fédération de
producteurs de boisés privés du Québec est affiliée à l'UPA depuis toujours.
D'ailleurs, l'Union des producteurs agricoles avait contribué dans le temps,
regarde, quand on a mis en place les plans conjoints. Ça fait qu'on a toujours
travaillé ensemble et on est au même conseil général.
Moi, d'abord, je remercie M. Dufour. Je
vous remercie beaucoup parce que, regardez, dans ce dossier, ça n'a pas été
facile — vous, M. Lamontagne aussi. J'ai compris vite qu'il fallait
que les deux ministères se parlent ensemble.
Nous, la forêt privée, regardez, là, on
des gens qui... anciennement, on travaillait en forêt, puis c'était tout
l'hiver en forêt. Les plus vieux, ils ne voyaient pas de monde, ça fait que
c'étaient des gens durs. Pour vous dire qu'on est durs, ça fait depuis 40 ans
qu'au niveau fiscalité qu'on travaille là-dedans. Il y a plusieurs comités qui
ont été formés, pendant des dizaines d'années, pour avancer sur la fiscalité,
et c'est la première fois vraiment qu'on avance sur quelque chose de concret.
On a obtenu des choses avec le gouvernement précédent, ça ne me gêne pas de le
dire, je l'avoue, mais là on arrive sur quelque chose de concret.
De créer une catégorie d'immeubles pour
les propriétaires forestiers qui aménagent leurs forêts, voyez-vous, il y en a
134 000, mais il y en a — 28, 29 — 30 000 qui
sont plus intenses dans l'aménagement de la forêt. Quand on parle de
l'aménagement, ce n'est pas rien que de l'aménagement, c'est de la récolte et
tout ce qui s'ensuit. Mais c'est important pour nous, ça nous donne une porte
pour être capable de travailler avec le monde municipal. Le taux distinct, là,
quand on n'a pas ça au départ, on ne va nulle part. Avec ça, bien, on est
capables d'aller dans nos municipalités, revendiquer le taux distinct, mais un
plafond, ou revendiquer d'autre chose après ça.
Ça fait que pour ça, je vous remercie
beaucoup encore, M. Dufour, M. Lamontagne. C'est qu'à un moment donné on a
senti, voilà une dizaine de jours, qu'on l'échappait, mais il s'agit qu'on a
fait quelques téléphones, mais on a pu le rattraper. Parce qu'il était comme sorti
le soir, mais, le lendemain matin, on l'avait dedans, ça fait qu'on l'a
travaillé pendant la nuit. Merci encore.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, M. Gagnon. Alors, ça sera maintenant la période de questions. Merci
de vous nommer et de nommer le média que vous représentez.
M. Patelli (Yannick) : Oui. Bonjour.
La Vie agricole, Yannick Patelli. On ne voit pas les municipalités.
Est-ce qu'elles suivent le projet?
M. Lamontagne : Oui. Bien, tout
à fait, mais il faut s'entendre que l'engagement que notre gouvernement avait
pris, c'était envers les producteurs agricoles et puis envers les producteurs
privés forestiers. Il y a eu un travail tout le long, depuis des mois et des
mois, là, toutes les équipes, que ça soit avec le monde municipal, avec l'UPA, tout
le monde a travaillé ensemble au point de vue technique, et tout ça. Mais aujourd'hui,
l'annonce du projet de loi, là, bien, ça vise les gens avec qui on avait un engagement,
là, qu'on avait pris, là.
La Modératrice
:
Prochaine question.
M. Larin (Vincent) : Oui,
Vincent Larin, Agence QMI. Est-ce qu'on a chiffré combien d'argent ne pourra
pas être récupéré par ce plafonnement de la taxe foncière pour les terres
agricoles?
M. Lamontagne : Oui, c'est un
montant qui est évalué, là, entre 3 et 5 millions de dollars, puis, pour
les premières années, exemple, la première année, il y a... Au total, là, il y
a 500 quelques municipalités qui sont touchées, mais là-dessus il y en a 95 %,
là, que c'est moins de 1 % de leurs revenus qui sont concernés, puis il y
en a un petit groupe que c'est davantage. Alors, il y a vraiment tout un
programme de compensation transitoire, là, qui a été prévu puis qui va être mis
en place. Puis aussi, le comité de suivi va s'assurer, là, qu'on va prendre
soin de tout le monde à travers, là, l'implantation de cette réforme-là.
M. Larin (Vincent) : Deuxième
question. Vous parlez, je pense, de 25 000, à peu près, producteurs
agricoles qui sont concernés par cette mesure-là. Est-ce que ça concerne
seulement les gros producteurs ou les petits? Comment est-ce que la distinction
est faite?
M. Lamontagne : Non, ce sont
tous les entrepreneurs agricoles, là, qui se qualifient à titre d'entrepreneurs
agricoles au programme. Alors, il y en a des petits, des moyens, des gros, là. C'est
25 000. Puis, même avec cette réforme, M. Groleau a parlé qu'il y en a 400
qui auraient accès, là. Mais, dans nos chiffres à nous, on a près de 1 000 nouveaux
producteurs ou exploitants agricoles, là, qui vont maintenant avoir accès à ce
programme-là. Puis la majorité de ces nouveaux-là, là, ça va être justement des
encore plus petites exploitations agricoles, là, pour essayer d'aider tout le
monde.
M. Larin (Vincent) : Et
concernant, finalement, les échanges avec le gouvernement qui vont être coupés
du deux tiers, la bureaucratie dont vous parlez, comment on fait pour couper
comme ça d'un deux tiers la bureaucratie?
M. Lamontagne : C'est bon,
hein?
M. Larin (Vincent) : C'étaient
des communications qui étaient inutiles, là? Est-ce que vous avez des conseils
pour les autres ministères peut-être?
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
écoutez, il y a certainement d'autres ministères qui ont des programmes très
complexes, mais ce programme-là, honnêtement, les gens qui l'avaient créé
avaient été d'une créativité incroyable qui fait en sorte que le programme
comme tel... Avant, pour qu'un agriculteur sache exactement combien ça lui avait
coûté, là, puis de crédits, et tout ça, là, ça s'étalait sur trois ans. Ça
prenait trois années d'échange, et tout ça. À un moment donné, il y a une
facture qui est envoyée, un chèque, une autre facture. Alors là, ce qui va se
passer, le programme, on ramène tout ça sur un an. Alors, dès le début de
l'année, le producteur et le gouvernement vont savoir exactement les montants
qui vont être versés. Ça, ça a été obtenu en simplifiant de beaucoup, en
changeant les critères, et tout ça, là. On a tout mis ça ensemble. Puis c'était
un des objectifs du programme de simplifier énormément, là, parce que ça
n'avait pas beaucoup de bon sens, là.
M. Larin (Vincent) : Peut-être
une dernière question, peut-être pour M. Groleau, mais nous détailler un peu le
problème que ça représentait pour certains agriculteurs, la valeur extrême de
leurs terres. Je comprends que, pour certains petits joueurs, là, c'était
insoutenable, là, mais pouvez-vous...
M. Groleau (Marcel) : Bien,
en fait, les terres agricoles ont augmenté de 8 % par année depuis les 20 dernières
années. Alors, le poste de dépenses d'une entreprise agricole, par exemple,
céréalière, le plus important ou qui augmentait le plus, qui a augmenté le plus,
c'est ce poste-là. Alors, c'est sûr que la spéculation autour des villes
faisait augmenter... sur les terres agricoles, a fait augmenter la valeur des
terres.
La rareté des terres agricoles au Québec
aussi fait que les producteurs, lorsqu'il y a une terre à vendre, se
l'arrachent. Ça fait monter les prix. Et le fait aussi qu'on ne considère pas,
dans l'évaluation municipale, les transactions intragénérationnelles, qui
souvent échappent à l'évaluation fiscale, puisqu'elles se font par transfert
d'actions ou autres, donc, il n'y a pas une valeur associée nécessairement à la
terre. Alors, tout ça fait en sorte que le programme lui-même ou la façon
d'évaluer les terres est inflationniste et crée une inflation importante de nos
taxes et sur le programme.
Alors, lorsque je parlais, un peu plus tôt,
de plafonner la valeur imposable, ça sera important pour le futur que cette
valeur imposable là ne soit pas indexée trop rapidement si on veut vraiment
avoir un effet pour les producteurs dans le futur. Alors, c'est là-dessus qu'on
va continuer de travailler, là, principalement.
La Modératrice
: Merci.
Prochaine question.
Mme Gamache (Valérie) :
MM. Lamontagne et Groleau, j'aimerais vous entendre sur le fait que, bon, le
conflit commercial entre... une partie du conflit commercial entre la Chine et
le Canada semble se résorber, c'est-à-dire que les exportations sont de nouveau
permises. Les exportations de porc...
M. Lamontagne : Mais
est-ce qu'on peut s'en tenir, pour tout de suite... On répondra aux questions
d'un autre sujet après, si... Est-ce qu'il y a d'autres questions par rapport à
l'annonce?
Mme Gamache (Valérie) :
Bien, c'est parce que je pense que c'est la dernière question. C'est pour ça
que j'ai attendu.
M. Lamontagne : Est-ce
qu'il y a d'autres questions? M. Patelli, est-ce qu'il y a d'autres
questions? Ça vous va?
Mme Gamache (Valérie) : C'est
pour ça que j'avais attendu, M. Lamontagne.
M. Lamontagne : Bien, c'est
parfait, ma chère.
Mme Gamache (Valérie) :
Je suis d'une sagesse exemplaire. Mais votre réaction à la reprise des
exportations du porc et du boeuf vers la Chine, donc, qui a été annoncée
aujourd'hui.
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, si ça s'avère, je veux dire, on accueille ça. C'est certainement une
très bonne nouvelle. Mais, au moment où on se parle, là, au moment présent,
présentement, il y a un appel-conférence, là, entre Agriculture Canada, le
MAPAQ, les producteurs, les transformateurs. Alors, tous ces gens-là sont en
ligne présentement pour chercher à comprendre qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce
qui doit être annoncé, qu'est-ce qui doit être confirmé. Alors, vous
comprendrez, là, au moment où on se parle, on n'en sait pas tellement plus, là,
que ce que... C'est sur que, si ça s'avère que les marchés s'ouvrent et que
tout repart librement, bien, c'est certainement une très, très bonne nouvelle.
Mais attendons d'avoir le détail de tout ça avant de pouvoir dire que c'est
chose faite.
Mme Gamache (Valérie) :
Le gouvernement fédéral, lui, il disait à tout le moins accueillir
favorablement, là, les discussions qui se passent aujourd'hui. Est-ce que c'est
encourageant, M. Groleau, peut-être, pour les producteurs?
M. Groleau (Marcel) :
Oui, bien oui.
Mme Gamache (Valérie) :
Parce que les impacts durent depuis des semaines, là.
M. Groleau (Marcel) : En
fait, le secteur porcin, uniquement porcin, là, mais canadien, c'est
1 milliard de pertes qu'ils ont eues, en tout cas, qu'ils ont estimé
depuis le bannissement des importations par la Chine. Alors, c'est sûr que pour
eux, là, c'est une excellente nouvelle si ça se réalise.
Moi, j'ai eu une conversation avec le président
des producteurs de porcs, puis il me disait que la... c'est ça, ils n'ont pas
de détails présentement sur à partir de quand, sous quelles conditions ils
ont... Donc, ils étaient très prudents, là, pour l'instant, avant de se
réjouir, là. Mais il mentionnait également que, tant que le conflit entre la
Chine et les États-Unis ne sera pas réglé, le prix du porc, et nord-américain,
ici, et le Canada, va continuer de subir l'influence négative que ce conflit-là
a sur le marché américain.
Mme Gamache (Valérie) : Donc,
pour les producteurs québécois, ça ne règle pas tous les problèmes.
M. Groleau (Marcel) :
Bien, ça ne règle pas tout, mais, si on peut avoir accès à nouveau, le Canada,
à ce marché-là, c'est un net avantage par rapport aux Américains. Voilà.
La Modératrice
: Merci.
Des voix
: Merci.
(Fin à 15 h 54)