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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement

Version finale

Le jeudi 31 octobre 2019, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures vingt-six minutes)

Mme Ghazal : Alors, bonjour, tout le monde. Donc, aujourd'hui, face à l'urgence climatique, au lieu de nous présenter un plan d'action sérieux qui va nous permettre de réduire nos gaz à effet de serre puis d'atteindre nos objectifs, le ministre dépose un projet de loi qui, dans le fond, fait du rebrassage de structures, et ça ne répond pas tout à fait, peut-être, à l'urgence climatique. Donc, il y a deux éléments importants qui sont dans le projet de loi, l'abolition de Transition énergétique Québec et aussi l'abolition du Conseil de gestion du Fonds vert.

Pour ce qui est de Transition énergétique Québec, TEQ, moi, au Québec, je n'ai pas entendu personne critiquer le travail de Transition énergétique Québec. Au contraire, par exemple, à Québec solidaire, dans notre plan de transition, on demandait de leur donner plus de pouvoirs au lieu d'être uniquement des exécutants de ce que, par exemple, le ministère leur disait. Là, ce qu'on est en train de faire en l'abolissant puis en mettant toute cette expertise-là sur la transition à l'intérieur du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, c'est exactement un retour en arrière qu'on fait là et non pas une avancée puisque la transition avant était sous le giron du ministère de l'Environnement, et ça ne donnait pas de résultat, et c'est une des raisons pour lesquelles on a mis en place, en 2016, Transition énergétique Québec.

 Et ce qui est important de comprendre, c'est pourquoi est-ce qu'on l'a mis sous le ministère de l'Environnement, alors qu'on le sait, que la transition, c'est transversal. Ça touche plusieurs ministères, notamment les Transports, quand on sait que plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues au transport. Pourquoi ce n'est pas dans le ministère, par exemple, de l'Économie, le ministère de l'Environnement, etc.? C'est transversal. Et franchement, moi, il y a une question aussi qui me préoccupe. Est-ce que le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien, est-ce que lui, il a la crédibilité pour s'occuper de la transition énergétique? Laissez-moi en douter.

Pour ce qui est de la réforme du Fonds vert, oui, tout le monde s'entendait au Québec qu'il fallait faire une réforme pour le Fonds vert. Là, maintenant, ce que le ministre fait, ce que le gouvernement fait, c'est qu'il abolit le conseil de gestion qui s'assurait que l'argent allait au bon endroit. Il va falloir que le ministre travaille très, très fort pour nous convaincre que ça va être mieux géré, cet argent-là, par le ministère. Est-ce que c'est une bonne idée? Parce que le point le plus important pour le Fonds vert, c'est que ça soit géré de façon transparente, qu'il y ait une gouvernance saine et qu'il n'y ait pas d'ingérence politique parce que le Fonds vert, on se rappelle, c'est près de 2 milliards de dollars. C'est extrêmement important. Et, si c'est le ministère de l'Environnement qui s'en occupe, moi, ce qui m'inquiète, c'est qu'au Conseil des ministres il va y avoir pas mal de gens qui vont vouloir aller piger dans cet argent-là et que ça soit celui, autour du Conseil des ministres, qui crie le plus fort qui va pouvoir aller se mettre la main dans le pot puis aller chercher l'argent.

Donc, c'est pour ça, il y a toutes ces inquiétudes-là. Mais ce qui va être très, très important, c'est qu'on entende extrêmement rapidement des organismes auxquels le projet de loi aussi donne plus de pouvoirs, notamment le Commissaire au développement durable. J'aimerais aussi entendre la direction de Transition énergétique Québec et aussi le comité consultatif sur les changements climatiques qui a été mis sur pied. Je tiens quand même, à la fin, à saluer la mise sur pied de ce comité consultatif où il y a des scientifiques parce qu'il va émettre des avis publics, et donc il va pouvoir faire peut-être des critiques, et, au moins, ça sera rendu public, et on pourra dire notre mot là-dessus. Alors, voilà.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Olivier Bossé, journal Le Soleil.

Mme Ghazal : Oui, bonjour.

M. Bossé (Olivier) : Ce n'est pas vous nécessairement, mais ça fait longtemps qu'on se plaint : Le ministre de l'Environnement n'a pas de pouvoir, pas de pouvoir. Là, il en a, il va en avoir. Ce n'est pas positif, vous pensez?

Mme Ghazal : Bien, c'est ça, c'est que l'argent ne va pas... c'est-à-dire qu'il va être géré... Au lieu d'être géré par un conseil de gestion indépendant, transparent, neutre, eh bien, ça va être le politique qui va le gérer. Moi, c'est ce que j'entends. Je n'entends pas uniquement que c'est le ministère de l'Environnement. Le ministre, je veux dire, il a un boss, et c'est le premier ministre, et il a des collègues, et c'est les ministres des autres ministères. Et donc qui, après ça... Comment est-ce que le ministre va... C'est lui qui va faire l'arbitrage? Qu'est-ce qui va faire qu'il va donner l'argent plus à un ou à l'autre?

Quand on sait que, par exemple, la question du transport est extrêmement importante parce que c'est là qu'on a la plus grande émission de gaz à effet de serre, eh bien, est-ce qu'il va en donner plus pour tous les projets de transport ou, par exemple, à une énergie, qui n'est pas une énergie de transition, qui est le gaz naturel pour des projets, par exemple, de gaz naturel? Comment cet objectif-là de réduire les gaz à effet de serre va être fait? Moi, ce que je vois, c'est que ça va être le politique qui va mettre les mains dedans, et ça, c'est très, très, très inquiétant. La question d'enlever la transparence et la neutralité, c'est extrêmement inquiétant.

M. Bossé (Olivier) : Il parlait de mettre plus d'argent dans l'adaptation aux changements climatiques au lieu de la réduction.

Mme Ghazal : O.K. Ça veut dire que, là, ce que je comprends, c'est que le ministre est en train de remettre en question les objectifs de réduction de gaz à effet de serre auxquels s'est engagé le Québec. Moi, ce que je l'entends dire jusqu'à maintenant, c'est qu'on maintient l'objectif qui est de réduire de 37,5 % d'ici 2030. Et donc ça, il le maintient. Donc, est-ce qu'il est en train de reculer puis dire : Bien, on va plus... Ce n'est pas grave si on n'atteint pas notre objectif? C'est pour ça qu'on a lancé l'Ultimatum 2020, à Québec solidaire, pour que... D'ici le 1er octobre 2020, on s'attend à ce que le gouvernement soumette un plan qui va nous permettre d'atteindre les objectifs auxquels le gouvernement souscrit. Donc, est-ce que c'est juste des paroles en l'air ou on veut vraiment les atteindre?

Maintenant, oui, bien sûr, il faut... on n'aura pas le choix que de s'occuper aussi puis d'investir dans l'adaptation des changements climatiques. Ça, c'est sûr et certain, c'est clair, il y a beaucoup d'argent qui doit être investi là-dedans. Mais il ne faut pas non plus laisser tomber les objectifs du gouvernement auxquels le Québec s'est engagé sur le plan international.

Mme Fletcher (Raquel) :Can I just ask you to repeat what your main concern is in English?

Mme Ghazal : Yes, OK. So today we have an emergency, a climate emergency, and the Government, the Minister of Environment, instead of presenting us a plan, a serious action plan to reduce our greenhouse gas emissions, he submitted a bill and, in this bill, he just changed the structure. So he made two main changes. The first one is to abolish Transition énergétique Québec, TEQ, and the other one is to abolish Conseil de gestion du Fonds vert.

So, for Transition énergétique Québec, nobody in Québec said that they are doing a bad job and it's not sufficient. They exist since 2016. This is a step back from the Government because, in the past, the transition was a responsibility of the Ministry of Energy and Natural Resources and there was no result of that. So I'm not sure it's a good idea to put that transition inside of the Ministry of Energy. Why didn't they decide to put it inside the Ministry of Transportation or the Economy? It was very important to have an independent agency who will be responsible of the transition.

The second big change that is submitted here in this bill is «le Fonds vert», so the Green Fund. Yes, everybody in Québec agrees that a reform was important on this Green Fund. But the Minister of Environment should convince us that it's a good thing that this Green Fund will be managed by his Ministry because it's very, very important that this fund will be managed in a transparent way and that the «politique» will not put its hands on this fund because it's important that the money will go to the transition, really, and to permit us to reach the goals of greenhouse emissions reductions.

So I'm very, very... I can't wait to hear the specialists during the consultations that will be made on this bill, for example, Commissaire du développement durable, also the direction of TEQ and also the consultative committee on climate change.

Mme Fletcher (Raquel) : So, when you say that, you know, it's going to be a political decision now because the Minister… I mean, I guess he has a committee to consult, but he's going to be in charge. What is your concern? That he's going to give money to his own pet projects?

Mme Ghazal : Well, because how is he going to make this decision? Because, like, the Ministry has his boss, the Prime Minister, and he has colleagues around the table. So how is he going to do, like, «arbitrage»? He's going to say: OK, the money should go to this project or this project? The most important thing is that this investment goes to the transition to be sure that we are going to reach the goals. So it's important that the politicians don't put their hands in it. The Green Fund is $2 billion. It's a lot of money. So that's why the transparency and the way to manage that good governance, to manage this project, should be improved, not put, as in the past, in the hands of the Ministry. I'm not saying he's not going to do the good thing or the right thing. It's how the decisions will be made. It's important that the politicians will not take the decisions. These decisions should be made in an independent and transparent way, and this is... we should be... He should convince us, you know? I just received it, so we should read and understand what are the implications, but I am aware of that.

Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.

M. Bossé (Olivier) : Vous avez l'air à remettre en doute la crédibilité de M. Julien.

Mme Ghazal : Bien, écoutez, là, M. Julien, il est en charge du projet de loi sur les tarifs d'Hydro-Québec. Il y a des experts aussi qui nous ont dit que ce projet de loi, le n° 34, sur les tarifs d'Hydro-Québec est en train d'aller à l'encontre de la transition énergétique. Donc, moi, j'ai hâte... On est maintenant à l'étape étude détaillée, et il y a beaucoup, beaucoup d'éléments que... Tout le monde est contre ce projet de loi là, sauf le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles. Donc, je suis inquiète. Comment est-ce que ça va avancer? Il nous dit tout le temps, il nous le répète, comme son gouvernement, que le gaz naturel est une énergie de transition, alors qu'on sait très bien que le gaz naturel... en tout cas, tout le monde est d'accord que c'est une énergie fossile. Et les scientifiques nous disent qu'il faut que ça reste dans le sol, il ne faut pas l'exploiter ni le transporter. Donc, c'est pour ça que moi, je suis inquiète.

Et, en plus, vous savez, c'est Einstein qui disait que la folie, c'est de faire toujours la même chose en s'attendant à des résultats différents. La transition, c'était sous le giron du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles avant. Et, après ça, on a mis en place un autre organisme, l'Office de l'efficacité énergétique, qui était sur le bord même de soumettre un rapport, je pense, à la Régie de l'énergie. On n'a pas eu le résultat de ça pour savoir si ça fonctionne. Et là il y a eu Transition énergétique Québec. Et honnêtement, au Québec, là, je n'ai pas... S'il y a une seule chose qui a été bien faite par le gouvernement précédent, ça a été la mise en place, en 2016, de Transition énergétique Québec. Et, même au contraire, nous, dans notre plan de transition qu'on a soumis lors de la campagne électorale, on disait que Transition énergétique Québec, c'est par là que la transition doit passer. Il faut leur donner plus de pouvoirs de décider où investir et non pas : Voici les programmes puis appliquez les programmes a, b, c. Eux, c'est des experts qui pouvaient même l'amener plus loin. Ça, ça aurait été un changement intelligent au lieu de dire : Bien, on va faire comme c'était dans le temps, ça va être le ministre Jonatan Julien qui nous dit que le gaz naturel, c'est une énergie de transition et qu'il va s'en occuper. C'est inquiétant.

M. Bossé (Olivier) : Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 38)

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