(Neuf heures vingt-neuf minutes)
M. Fortin :
Bien, bonjour. Je suis ici avec des gens de la Mauricie, des gens qui ont
oeuvré dans le milieu de la santé, qui ont oeuvré à Cloutier-du-Rivage, qui
continuent, de façon bénévole, de donner du temps pour Cloutier-du-Rivage et
surtout pour les résidents du Cap-de-la-Madeleine, des gens qui comprennent
l'urgence ou l'importance de l'urgence, l'importance des services qui sont
donnés, au Cap-de-la-Madeleine, à la population locale, qui parfois n'a pas
l'opportunité, l'occasion de se faire soigner, de se faire traiter ailleurs
qu'à Cloutier-du-Rivage.
Et on est venus ici aujourd'hui avec eux
pour présenter la pétition qui a été signée par environ 7 000 personnes
de la Mauricie qui tiennent à leur urgence, qui tiennent aux services qui sont
donnés sur place, alors, des gens qui ont fait signer cette pétition-là très
rapidement pour pouvoir la présenter ici parce que l'urgence doit fermer au
cours des prochains jours. Alors, il fallait bouger rapidement. Je vous en
félicite d'ailleurs, parce que faire signer 7 000 personnes, ce n'est
pas facile dans un si court délai, mais ça exprime aussi toute la volonté de la
population, toute la volonté des gens du Cap-de-la-Madeleine de maintenir les
services qui leur sont donnés.
L'idée n'a jamais été de dire que les
nouveaux services qui pourraient être ajoutés, ceux de nutritionnistes ou
autres, ce n'est pas une bonne chose, l'idée c'est de dire qu'il y a des
services, en ce moment, qui sont en voie d'être perdus par l'action du CIUSSS,
par l'action du gouvernement pour les gens du bas du Cap-de-la-Madeleine, et
c'est pour ça qu'on va présenter avec fierté la pétition qui a été signée par
7 000 personnes en Mauricie.
So, today, we are here to
denounce the Government's plans to cut services to the Mauricie, to cut
services to the people of the Cap-de-la-Madeleine by closing their emergency
room, an emergency room that has been established for years and years, that
provides good services, good local health care, the way we should want it everywhere
across the province.
And the people to my
right got 7,000 people to sign a petition, 7,000 people, in a very
short time, to sign a petition to maintain those services and we will be proud
to present that petition here, in Québec city this morning. Mme Lanneville.
Mme Lanneville
(Andrée) : Oui. Je viens présenter une pétition parce que je viens au
nom de mes patients, que je viens au nom des concitoyens du comté de Champlain.
Je viens les représenter, je viens porter leur voix, parce qu'ils ne sont pas
d'accord avec la perte de ce service-là.
Trois-Rivières, c'est la première ville au
Canada qui a plus de personnes âgées que de jeunes. Alors, ces services-là sont
très importants pour eux. Déjà, l'urgence de Trois-Rivières est une urgence
problématique où est-ce que ça déborde souvent. Alors, une clinique, oui, je
n'ai rien contre, mais qu'elle s'ajoute aux services qu'on offre déjà, parce
qu'un corps étranger dans l'oeil, un traitement d'inhalothérapie, faire des
analyses de laboratoire ou des rayons X qu'on a les résultats en dedans
d'une heure, ça se fait dans une urgence, pas dans une clinique. On ne peut pas
traiter quelqu'un qui arrive avec une douleur thoracique, puis dire : Je
vais vous envoyer en ambulance au CHRTR parce qu'ici on ne le traite pas. Ça
n'a pas de bon sens, cette histoire-là.
Il faut absolument qu'on garde ce
service-là. C'est primordial. Là, en plus, la région du bas du
Cap-de-la-Madeleine, c'est des gens qui sont défavorisés, non seulement âgés,
mais défavorisés. Il va falloir qu'on pense à ça. La population est
vieillissante, ils ont besoin de plus de services, ils sont plus malades.
Puis tous les services qu'ils disent qu'il
va y avoir dans la clinique, on les avait déjà. Ce n'est pas un plus, c'est un
moins. C'est très important que le gouvernement écoute aujourd'hui ce que la
pétition veut dire, puis ce que les gens demandent.
M. Fortin :
Le temps presse pour que le gouvernement agisse. Le gouvernement doit agir
rapidement et doit changer son fusil d'épaule. Et on veut aussi... et on doit
le faire, on doit dénoncer toute l'improvisation du gouvernement dans ce
dossier-là. Le CHRTR n'est pas prêt à accueillir tous ces patients-là.
L'urgence, au CHRTR, elle déborde déjà.
Dans ce dossier-là, là, il y a eu des
représailles face aux médecins, face aux infirmières, face aux préposés qui
oeuvrent dans le réseau de la santé et qui, eux, faisaient des représentations
uniquement pour leurs patients, qui pensaient au mieux de leurs patients, et
ils se sont faire dire par le CIUSSS de cesser toutes ces activités-là.
Honnêtement, ce n'est pas ce qu'on veut d'un réseau de la santé à l'écoute de
ses professionnels, à l'écoute de ses patients, à l'écoute de leurs besoins.
Et finalement on n'est pas prêt à passer
au nouveau modèle de clinique. Le CIUSSS avait pris l'engagement, l'engagement
formel que toutes les ressources humaines nécessaires seraient embauchées d'ici
la fin de la semaine. On apprend maintenant qu'il y a uniquement deux des cinq
IPS, des cinq infirmières praticiennes spécialisées qui sont prêtes à prendre
le relais. On n'est simplement pas prêt à faire ces changements-là, tout de
suite. Le CIUSSS doit revoir sa position pour que ces services-là soient
maintenus à court terme, mais à long terme également pour les gens du bas du
Cap-de-la-Madeleine.
Mme Lanneville (Andrée) :
Oui, absolument, puis il y a une pénurie d'infirmières praticiennes. Je n'ai
rien contre, moi, je suis infirmière. Je le sais, comment c'est important, puis
je le sais, toute la latitude qu'on peut avoir. Nous autres, on avait des
protocoles préautorisés où est-ce que, quand on recevait les gens, on pouvait
faire des analyses de laboratoire, des radiographies. Quand ils arrivaient
devant le médecin, on avait déjà les résultats, on les sortait du lot quand on
voyait que leurs cas étaient plus graves que qu'est-ce qu'ils pensaient. Les
gens arrivent, souvent : Ah! je me sens faible, je suis fatigué de ce
temps-là, mais leur saturation en oxygène n'est pas normale, on est obligés de
les coucher. On fait des analyses, on trouve d'autres choses.
Ce n'est pas vrai que les gens sont au
diagnostic et qu'ils arrivent en sachant qu'est-ce qu'ils ont. Ça, ça ne
fonctionne pas. Puis les infirmières praticiennes, ça fait juste commencer, là.
Il y a une pénurie, il n'y en a pas suffisamment. Là, il en manque trois pour
combler les postes qui sont pour la nouvelle clinique puis ils nous ont dit
cette semaine qu'il y en aurait une nouvelle cohorte qui sortirait en 2021. Ce
n'est pas demain, ça, 2021, qu'il va y avoir des nouvelles infirmières pour
faire fonctionner cette clinique-là.
Ça fait que c'est approximatif, c'est... il
n'y a rien de coulé dans le ciment. À tous les jours, ils changent leur
discours. Ça va être ouvert de telle heure à telle heure, mais ils ne pourront
pas garder les plages ouvertes au maximum puisqu'il n'y a pas assez de personnel
pour la faire fonctionner. Puis d'aller chercher des infirmières praticiennes
dans des bureaux de GMF présentement, puis de les faire travailler en temps
supplémentaire, ils vont les épuiser. Puis pendant qu'ils vont être à Cloutier,
ils ne pourront pas recevoir leurs patients ordinaires dans leurs cliniques,
dans leurs GMF.
Ça fait que c'est quatre trente-sous pour
un dollar, là, on fait juste jouer à la chaise musicale, mais il n'y a pas plus
de services là. Il y a une coupure réelle. Les infirmières praticiennes sont
capables de voir moins de patients qu'un médecin. On passe — on peut
parler de 420 patients qu'on voit présentement... en fait, qu'on voyait au
mois de juillet, avant qu'ils nous ferment le soir — à 170. C'est
drastique, c'est dramatique. C'est une grande perte pour la population du
Cap-de-la-Madeleine.
M. Fortin :
Je vous remercie. Je vous remercie beaucoup, Mme Lanneville et j'espère
que les gens ont bien compris toute l'importance de cette urgence-là. Je pense
que vous le savez déjà, mais j'espère qu'aujourd'hui, à travers le dépôt de la
pétition, on va pouvoir convaincre les députés de la région, les députés de la Coalition
avenir Québec, d'entendre ce que leur population demande, d'entendre les
besoins, mais surtout de faire pression sur la ministre de la Santé, sur le
CIUSSS, pour que l'aveuglement volontaire cesse et pour qu'on puisse rétablir
ces services-là dès maintenant. Je vous remercie.
(Fin à 9 h 36)