(Seize heures quarante-sept minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour. Alors, je souhaitais, bien sûr, réagir au jugement qui a été rendu aujourd'hui
par la juge Baudoin, de la Cour supérieure du Québec, en lien avec la question
de l'aide médicale à mourir.
Dans un premier temps, je veux d'abord
remercier du fond du coeur, exprimer toute ma gratitude à l'égard de M. Jean
Truchon et de Mme Nicole Gladu, qui, par leur persévérance, par leur
courage, par la force qu'ils ont démontrée, font aujourd'hui avancer à leur
tour la société québécoise et, bien sûr, le Canada en entier. Je veux les
remercier parce que ce qu'ils ont fait n'était pas simple : deux personnes
gravement malades, dont les capacités physiques sont grandement réduites, qui
ont décidé de prendre cette cause-là et d'aller devant les tribunaux. Je veux
donc les remercier.
Et, évidemment, s'ils ont fait ça, c'est d'abord
et avant tout, malheureusement, parce que le gouvernement fédéral n'a pas agi
lorsqu'il y a eu le jugement de la Cour suprême, qui, donc, lui donnait la voie
à suivre pour modifier le Code criminel, et qu'il ne s'est pas conformé, donc,
à ce que la Cour suprême préconisait. C'est ce qui a forcé le recours qu'on a
vu aujourd'hui.
Ce que je veux dire aujourd'hui, c'est de
rappeler à quel point le Québec a été à l'avant-garde, à quel point le Québec a
été un précurseur, à quel point, à cause de cet avant-gardisme-là, le Québec a
permis à toute la société, aux gens, aux citoyens, aux parlementaires, dont plusieurs,
à l'origine, si on se reporte en 2012, quand j'ai déposé la loi québécoise,
étaient réfractaires à ces avancées-là... à quel point le Québec a permis de
faire avancer les choses. Et aujourd'hui c'est un nouveau jalon, par rapport à
ces avancées, qui est franchi.
Je pense que, du fait de ce caractère
précurseur de la loi québécoise, on a pu faire évoluer les mentalités. On a pu
faire évoluer la société. Et les gens ont vu à quel point il y avait des
bienfaits de pouvoir permettre l'aide médicale à mourir en respectant les gens,
en respectant la volonté des gens. Alors, aujourd'hui, il faut s'en rappeler,
puis d'ailleurs la juge le mentionne dans son jugement, à quel point le Québec
a été un précurseur dans le domaine.
Comme je le demande depuis un moment, j'espère
que le Québec va vraiment continuer à être ce précurseur et à saisir
l'opportunité qui est devant lui aujourd'hui pour améliorer les choses, pour
être au diapason des besoins des personnes comme M. Truchon et Mme Gladu, qui
sont gravement malades et très souffrantes et qui souhaitent pouvoir,
qu'importe l'expectative de leur vie, avoir accès à l'aide médicale à mourir et
mourir dans la dignité selon leur volonté.
Alors, aujourd'hui, je tends la main à la ministre
de la Santé pour qu'on travaille ensemble, pour qu'on franchisse ces prochaines
étapes, pour que le Québec continue à être un leader, au nom du respect de la
dignité des personnes qui sont malades et souffrantes, pour qu'on réponde à
cette volonté aussi, de plus en plus affirmée de la part de la société
québécoise, que l'on puisse aller un peu plus loin dans le domaine de l'aide
médicale à mourir. On a tous les outils. On a toute la connaissance. On a toute
la sensibilité pour agir. Et j'espère qu'on va se montrer à la hauteur et qu'on
va agir rapidement.
Pour l'enjeu qui est devant nous aujourd'hui,
qui a été porté par Mme Gladu et M. Truchon, mais aussi pour toute la
question des directives médicales anticipées pour les personnes qui sont
atteintes de maladies dégénératives du cerveau comme la maladie d'Alzheimer,
c'est une question de compassion, c'est une question de respect et c'est une
question de dignité.
Merci.
M. Larin (Vincent) : Mme Hivon,
advenant le cas où, effectivement, le gouvernement se montrerait ouvert à
élargir la loi permettant l'accès à l'aide médicale à mourir, quelle forme ça
pourrait prendre, selon vous-même, qui avez mené...
Mme
Hivon
: Oui.
En fait, c'est assez simple, c'est de faire en sorte que tous les critères sont
là, mais que le critère qui est dans la loi fédérale, qui parle de mort
raisonnablement prévisible, ne soit plus là, et donc qu'il n'y ait plus de
référence à la mort raisonnablement prévisible ou à l'idée spécifique de la fin
de vie, pour faire en sorte que des personnes qui répondent à l'ensemble des
critères, mais qui peuvent en avoir encore pour un bon moment à vivre, puissent
faire une demande pour recevoir l'aide médicale à mourir.
Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 52)