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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances et Mme Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière de stratégie numérique

Version finale

Le mardi 3 septembre 2019, 13 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures cinq minutes)

M. Leitão : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là.

Écoutez, ma collègue et moi sommes ici pour exprimer notre énorme déception. On pensait qu'une semaine après le quasi-fiasco de la première session, aujourd'hui, on arriverait à quelque chose, et, étonnamment, le gouvernement a voté contre. C'est le gouvernement qui a voté contre la tenue d'un mandat d'initiative. Et tout cela a achoppé autour de la question de Revenu Québec, comme si Revenu Québec n'était pas d'actualité. C'est extrêmement important qu'on puisse aussi entendre Revenu Québec.

Nous sommes très déçus, mais nous ne lâchons pas le morceau. On va poursuivre d'autres alternatives pour pouvoir analyser cette question qui est fondamentale pour les Québécois.

Mme Rizqy : En fait, aujourd'hui, c'est simple, on s'est fait niaiser par le gouvernement. On s'est fait niaiser parce que, la semaine passée, là, on négociait des groupes. On était juste en train de choisir qui on veut entendre, quels sont les experts qu'on veut convoquer. Tantôt, Youri Chassin nous a tous jetés à terre quand il a dit : Non, non, on ne s'entend même pas sur le libellé principal. Est-ce qu'on regarde seulement le privé ou est-ce qu'on regarde aussi le public? Youri Chassin a décidé qu'on ne regardait que le privé puis qu'avant de s'occuper de nous autres on va juste regarder ce qui se passe ailleurs, mais on ne va pas vérifier ce qui se passe chez nous. Je ne sais pas où est-ce qu'ils ont pris leurs vacances cet été, mais, clairement, ce n'était pas au Québec parce qu'au Québec les gens parlaient, oui, de Desjardins, mais aussi parlaient de Revenu Québec. Revenu Québec, c'est un coffre-fort. Lorsqu'on a tous les employés qui sont peut-être exposés à un risque, ça devient que tous les Québécois sont exposés au même risque. Et aujourd'hui, clairement, Youri Chassin et le gouvernement n'ont pas saisi l'importance du dossier de la protection des données personnelles des Québécois.

Journaliste : M. Leitão, vous avez été ministre des Finances. Donc, à votre avis, quel intérêt le gouvernement a à essayer de protéger Revenu Québec d'un mandat d'initiative de cette nature-là?

M. Leitão : Très bonne question à leur poser. Moi, je ne vois absolument aucun intérêt. Au contraire, je pense que nous gagnons tous en améliorant la confiance du public dans les organismes publics et privés. Et, dans ce cas-ci, l'organisme public, Revenu Québec, est extrêmement important. Et donc, de sortir ce lapin du chapeau en gardant Revenu Québec de côté, ça nous a laissés comme... Pourquoi? Ça n'a pas de sens.

Journaliste : Peut-être une possibilité, c'est que l'aile gouvernementale semble craindre que les oppositions fassent de la politique notamment sur le dossier de l'infonuagique.

M. Leitão : Écoutez, nous, on a même suggéré de... Parce que, jusqu'à la toute dernière... jusqu'au vote final, on était en mode solution, trouver un compromis, qu'est-ce qu'on peut faire. On a même suggéré : Écoutez, si vous avez certaines réticences avec Revenu Québec, on va les convoquer à huis clos. Mais, même ça, ah, non, non...

Mme Rizqy : Dans le dossier de l'infonuagique, c'est un dossier qui est politique parce qu'effectivement on n'est pas d'accord à transférer les données personnelles des Québécois vers le pays de Donald Trump. Non, on n'est pas d'accord. Mais, d'autre part, Revenu Québec, c'est bien chez nous. Revenu Québec, c'est des milliers d'employés qui aujourd'hui sont potentiellement exposés à un risque important. La vérité, c'est la chose suivante, c'est qu'ils ne voulaient pas avoir les regards tournés vers eux. Ils ne voulaient pas se regarder le nombril.

Journaliste : Mme Rizqy, vous parlez de M. Chassin, mais la semaine dernière, mercredi, donc M. Legault a dit qu'il n'avait aucun intérêt, lui, à élargir le mandat. Alors, est-ce que vous pensez que déjà la directive avait été donnée?

Mme Rizqy : Clairement. Écoutez, on s'est vraiment fait niaiser aujourd'hui. On a pris une heure pour tourner en rond, alors que, clairement, Youri Chassin avait le mandat de s'assurer de saboter ce mandat.

Journaliste : Mais, d'autre part, est-ce que l'exécutif vient se mêler du processus législatif?

Mme Rizqy : Bien, d'autre part, on a un premier ministre qui ne croit pas aux travaux des parlementaires.

Journaliste : Donc, c'est du sabotage?

Mme Rizqy : Ah! clairement. Écoutez, on ne peut pas passer d'une liste de discussion avec un libellé très clair : institutions publiques et privées, voici les 22 groupes qu'on regarde. Maintenant, on essaie de trouver 11 groupes... Puis, soit dit en passant, 22 groupes, c'est 22 heures de travail, donc trois journées ici. On coupe à moitié. Finalement, on dit : Ah non! Finalement, c'est beaucoup plus fondamental. On ne veut même pas regarder les institutions publiques. Ça peut être tellement dangereux. Ça pourrait faire paniquer la population de savoir qu'est-ce qui se passe chez nous.

Journaliste : Mais M. Chassin a dit tout à l'heure qu'avec vos commentaires, votre attitude en commission parlementaire, ça lui donnait l'impression que vous vouliez, et je cite, là, donner des jabs au gouvernement, alors que c'est une commission non partisane.

M. Leitão : On dit en anglais : «If the shoe fits...» Il se sentait visé. Mais, non, nous, on a, comme je vous dis, essayé jusqu'à la dernière minute, à la tenue du vote, à trouver des compromis, à trouver un moyen de sortir de cette réunion avec un mandat d'initiative. Et quelle a été notre surprise, comme ma collègue vient de le dire, que ce n'était pas seulement une question de nombre de groupes, 11, 10, sept, neuf. Ce n'est pas ça. C'était même, fondamentalement, qu'ils ne voulaient pas que les organismes publics comme Revenu Québec et le Conseil du trésor, que ces organismes publics viennent s'expliquer en commission. Ils ne voulaient pas. Et ça, à mon avis, c'est extrêmement troublant. Pourquoi? Pourquoi est-ce qu'ils ne veulent pas? Ils disent : Ah non! Parce que, si on fait ça, on met la grosse lumière sur Revenu Québec. Moi, je dis : Au contraire, en essayant de soustraire Revenu Québec à cette consultation, c'est là que vous mettez la grosse lumière sur Revenu Québec. C'est donc contre-productif de leur part, absolument.

Journaliste : Le résultat, alors, c'est qu'il n'y a pas de commission?

M. Leitão : Le résultat maintenant, c'est qu'il y a eu un vote. Ils votaient non. La majorité gouvernementale a décidé qu'il n'y aura pas de mandat d'initiative.

Journaliste : Est-ce qu'il aurait été préférable d'accepter un mandat plus restreint, mais pour avoir justement... pour garantir qu'il y ait une commission?

Mme Rizqy : Bien, deux affaires. D'une part, lorsqu'on dit que Youri Chassin nous accuse des jabs qu'on pourrait potentiellement donner, ce n'est pas ça, l'objectif. Tous les partis d'opposition étaient d'accord pour faire la lumière sur ce qui est arrivé. Les Québécois sont véritablement inquiets. C'était le sujet de l'été. D'autre part, faire un mandat pour dire qu'on en a fait un, nous, ce n'est pas comme la CAQ, où est-ce qu'on peut juste cocher des promesses. On veut faire un travail de parlementaires avec, véritablement, des experts. Personne chez nous n'a l'expertise en matière de cybersécurité, ni moi, ni Carlos, ni aucun autre collègue autour des 125 députés. Il n'y a personne qui a cette expertise. C'est un travail sérieux et rigoureux qui doit être fait. Si Youri Chassin a peur des jabs de l'opposition, mais il devrait peut-être commencer à s'inquiéter, à la place des jabs, des cyberattaques parce que les Québécois, eux, sont véritablement inquiets.

Journaliste : Mais pourquoi inviter le Secrétariat du Conseil du trésor si l'intention n'était pas de piéger le gouvernement sur l'infonuagique?

M. Leitão : Non, non. On voulait que M. Boivin vienne, qui est le directeur principal de l'information, pour qu'il nous parle un petit peu des mesures qui sont prises présentement déjà au gouvernement et où le gouvernement va s'en aller en termes de protection des données personnelles que le gouvernement détient. Le gouvernement détient beaucoup de données personnelles. Et d'ailleurs le fait même que M. Boivin existe, donc cette fonction-là existe, ça démontre l'importance de cet enjeu.

Journaliste : Mais, de ce que vous savez, M. Leitão, vous avez été aux finances...

M. Leitão : C'est vrai.

Journaliste : ...est-ce qu'à votre avis la protection des renseignements des Québécois est optimale? Vous avez été, jusqu'à tout récemment, là, aux affaires. D'abord, est-ce que ça vous a inquiété à un moment donné, à savoir est-ce que nos données sont bien protégées? Et, à votre connaissance, est-ce que les données des Québécois sont à risque en ce moment?

M. Leitão : Il me semble que... Pour répondre à la deuxième question, on ne le sait pas. Et c'est pour ça qu'on voulait avoir ce mandat d'initiative, pour pouvoir explorer comme il faut cette question. Ce qui est arrivé cet été, c'était très surprenant et très dangereux parce que ce qui est arrivé cet été, tant du côté de Desjardins que du côté du Revenu Québec, c'étaient des fuites qui provenaient de l'interne, de l'intérieur. C'étaient des employés qui avaient été... on verra qu'est-ce que les enquêtes policières vont dire, mais des employés qui ont pris de l'information et qui l'ont distribué à l'externe. Le gouvernement et les institutions financières ont mis beaucoup d'emphase, beaucoup de travail, beaucoup de ressources pour se prévenir des attaques externes. Mais là on a un peu oublié les failles internes, et l'été nous démontre que ces failles-là sont aussi importantes.

Journaliste : Mais comment ça se fait qu'on ait oublié ça? Quand vous étiez aux affaires, ça devait vous préoccuper à tous les jours?

M. Leitão : Ça nous préoccupait, mais on pensait justement qu'on avait des mesures qui allaient nous protéger de ces choses-là.

Journaliste : ...que ce n'est pas le cas.

M. Leitão : Et là on se rend compte : Woups! non, il y a des failles encore. Donc, la première étape, c'est de parler aux personnes qui travaillent dans ces choses-là, qu'elles viennent nous expliquer qu'est-ce qui s'est passé et comment on peut prévenir ça.

Journaliste : Donc, les problèmes ne datent pas de récemment, là... des problèmes des administrations précédentes aussi, là.

Mme Rizqy : Si vous me permettez, restons factuels. Les fuites qui sont arrivées, on l'a su cet été, autant chez Desjardins que chez Revenu Québec. Revenu Québec, ça a commencé l'an dernier, puis, oui, il y a eu un début d'enquête qu'on ne sait toujours pas pourquoi n'a pas abouti. Nous, aujourd'hui, on ne veut pas se mettre des oeillères puis on ne veut pas commencer à dire c'est qui qui est problématique dans toute cette chaîne. On veut d'abord trouver des solutions. Mais, pour ce faire, il faut entendre des experts puis il faut aussi entendre justement Revenu Québec. Il n'y a pas si longtemps, on aurait entendu aujourd'hui quelqu'un déchirer sa chemise. Il s'appelle Éric Caire. Alors, le shérif de la CAQ a besoin de sortir de son placard.

Journaliste : M. Leitão, comptez-vous faire une nouvelle proposition de votre côté? Je sais que c'est initialement le Parti québécois qui assume quelque chose, mais allez-vous faire une nouvelle proposition?

M. Leitão : Tout à fait. On va en discuter avec nos collègues du bureau du leader parlementaire pour voir quelles sont nos options. Donc, une motion n'a pas été votée aujourd'hui, a été annulée. Alors, est-ce qu'on peut, nous, présenter une autre motion? On va voir. On sait aussi que Québec solidaire pense adresser la question dans une autre institution... une autre commission, pardon. Alors, on va voir qu'est-ce qu'on peut faire, mais, certainement, nous voulons continuer ce travail pour qu'on puisse avoir des réponses.

Mme Rizqy : En fait, on ne lâche pas le morceau. La CAQ s'est trompée. Ça fait que c'est clair, clair, clair qu'ils vont devoir nous donner des comptes puis vraiment s'expliquer de façon beaucoup plus élaborée pour avoir refusé aujourd'hui de faire preuve de transparence.

La Modératrice : Anglais?

Journaliste : In English.You said that it was the story of the summer for many, many Quebeckers, breaches of personal data. It doesn't look good that MNAs are not able to reach an agreement for public hearings to go to the bottom of this. How do you feel?

M. Leitão : Yes, it doesn't look good. I'd go beyond that. It's very, very serious. And it's not that we couldn't agree. It's that the Government side voted against a project that was on the table and that the other three opposition parties have been able to make that compromise. We had agreed on a shorter list. Now, we wanted to move forward, and the Government, at the last minute, in the commission, voted against that compromise. And the crux of the issue was the fact that the Government does not want the commission to invite Revenu Québec so that they can tell us what their procedures are to protect personal information. And we think that's absolutely essential that Revenu Québec is also part of the commission.

Journaliste : And what's your understanding of this refusal from the CAQ to not hear from Revenu Québec in this committee?

Mme Rizqy : It's a huge mistake. We're talking about millions of taxpayers. We're talking about thousands of workers at Revenu Québec. And they just decided that it's not a big deal. They said: Whoa! we don't want to have all the light, the spotlight on the Government. But Quebeckers are expecting answers. They are very worried. And I just found there's a huge disconnect between the Government and the population. There is no way they spent their summer in Québec because, if they did, they would understand that this is one of the number one issues of the Government that we all have. They should be concerned because we are concerned. When Quebeckers are worried, we should all be worried. And, clearly, they had, since last week, a mandate, clearly, from the Premier to make sure that this mandate, this committee would not proceed.

Journaliste : What are the options now?

Mme Rizqy : To fight.

Journaliste : Because you're not going to give up?

Mme Rizqy : No, we're not giving up because this is what we owe to the Quebeckers. We owe them answers. We owe them transparency.

M. Leitão : And we'll continue to push for an in-depth analysis of this issue. We'll see with our parliamentary experts if we can table another motion. We will see what our options are, maybe another commission other than the Public Finance Committee. But we'll see what we can do. But we certainly want to continue because we need answers.

Mme Rizqy : Thank you.

Journaliste : Merci beaucoup. Thanks.

M. Leitão : Merci. Thank you.

(Fin à 14 h 18)

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