L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition et M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de logement et d’habitation

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition et M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de logement et d’habitation

Version finale

Le jeudi 22 août 2019, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinq minutes)

M. Fontecilla : Bonjour, mesdames messieurs.

On a vu, le 1er juillet dernier, il y a eu une crise du logement. Il y a actuellement une pénurie de logements dans toutes les grandes villes, et moyennes et petites villes, du Québec. On calcule que, seulement à Montréal, 7 000 logements ont été retirés du marché locatif pour les donner à des plateformes d'hébergement touristique temporaire comme Airbnb. Il y en a d'autres aussi. Ça, pas plus tard que cette semaine, Airbnb a dû retirer des annonces des locataires qui font de la fraude. Et on a plusieurs exemples qui montrent que c'est une pratique qui commence à se généraliser dans ce domaine de l'hébergement temporaire pour les touristes. Airbnb se croit au-dessus des lois. On lui demande de se policer elle-même, mais c'est une multinationale qui a des ramifications partout à travers le monde, qui refuse de se policer. Et c'est aux pouvoirs publics d'intervenir pour éviter les abus de cette multinationale-là.

Aujourd'hui, pendant qu'on est en train d'étudier le projet de loi n° 16, qui réouvre la question de la Régie du logement, entre autres, et toute une série de modifications sur la question de l'habitation, j'ai profité pour introduire un amendement qui fait en sorte de remplir une brèche béante dans le Code civil du Québec qui permet à des propriétaires de modifier de façon abusive l'affectation pour transformer des logements qui ont une affectation résidentielle à une affectation commerciale afin de pouvoir évincer les locataires et les louer ensuite à des plateformes d'hébergement touristique temporaire comme Airbnb. Cette situation arrive à Montréal tout particulièrement, mais ça peut arriver dans toutes les villes du Québec qui reçoivent une importante affluence de touristes. Donc, c'est important de profiter de l'ouverture du Code civil pour remplir cette brèche-là.

Et donc, si la ministre refuse mon amendement, elle envoie un signal clair aux locataires du Québec qu'elle se place résolument du côté d'une multinationale comme Airbnb. Je lui demande d'accepter cet amendement afin d'empêcher que des locataires soient évincés pour offrir leur logement à des plateformes d'hébergement touristique comme Airbnb. Merci.

M. Nadeau-Dubois : On voulait également dire quelques mots sur la proposition ou, en tout cas, l'ouverture démontrée récemment par la vice-première ministre au sujet des congés parentaux pour les députés de l'Assemblée nationale du Québec.

Vous savez qu'il y a quelques mois à peine, dans les tout derniers jours de la précédente session parlementaire, il y a eu ici un débat sur les conditions de travail et les salaires des députés. Et, dans ce débat-là, Québec solidaire a systématiquement remis de l'avant une idée très simple, l'idée selon laquelle les députés ne pouvaient pas être juge et partie de leurs propres conditions de travail et de leur propre salaire. On croit donc que l'ouverture démontrée par la vice-première ministre milite en faveur de ce qu'on a toujours proposé à Québec solidaire, c'est-à-dire la mise sur pied d'un comité autonome indépendant pour fixer l'ensemble des conditions de travail et de rémunération des députés de l'Assemblée nationale.

Pour nous, la volonté, donc, affichée de la CAQ d'améliorer la conciliation travail-famille pour les députés, nous la saluons. C'est une bonne nouvelle et c'est une raison de plus de mettre en place rapidement, au sein du Bureau de l'Assemblée nationale, ce fameux comité indépendant pour fixer les conditions de travail et la rémunération des députés. Il faut, bref, que la conciliation travail-famille, notamment la question des congés parentaux, soit en haut de l'ordre du jour de ce comité indépendant. Et, pour nous, c'est donc une raison de plus de relancer le débat sur la manière dont on fixe les conditions de travail et de rémunération des députés. C'est une raison de plus qui milite en faveur de cette idée d'un comité indépendant qui, dès les prochaines semaines, doit être mis sur pied par le Bureau de l'Assemblée nationale pour qu'enfin on revoie de manière globale la rémunération puis les conditions de travail des députés, parce que, oui, il y a la question des congés parentaux, mais il y a aussi la question des allocations non imposables, il y a aussi la question des frais de déplacement. Toute la formule de rémunération des députés doit être revue. Elle doit être modernisée, notamment pour s'assurer d'une conciliation travail-famille qui soit digne du XXIe siècle. Voilà.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, dans l'absolu, est-ce qu'un ou une députée pourrait s'absenter, comme un travailleur régulier, pendant six mois à un an en cours de mandat? Tu sais, mais j'imagine, là, un an, c'est quand même le quart d'un mandat, là. C'est-u possible?

M. Nadeau-Dubois : Ça existe dans plusieurs autres Parlements. Ça existe notamment à la ville de Montréal. Est-ce qu'il faut prévoir un régime particulier pour les députés? Peut-être. Est-ce qu'il faut les inclure au régime universel pour tous les Québécois et les Québécoises? Peut-être aussi. Toutes ces questions-là, il faut les examiner. Mais les députés ne doivent pas être ceux qui donnent la réponse définitive. Ça ne doit pas être les députés qui fixent eux-mêmes leur salaire et leurs conditions de travail, et ça vaut aussi pour les congés parentaux. C'est sûr que, devant un éventuel comité qui traiterait ces questions-là, nous, on aurait des propositions à faire, notamment, et plusieurs propositions en matière de conciliation travail-famille. Mais, pour nous, dans le cas des congés parentaux, comme dans le cas du salaire il y a quelques mois, ce n'est pas aux députés à déterminer eux-mêmes leurs conditions de travail. Mais, oui, on a des idées puis, oui, on veut participer au débat.

Et vous posez d'excellentes questions. Les députés ont un rôle particulier. On ne peut pas les considérer comme des salariés comme les autres. En même temps, si on veut que des jeunes hommes et des jeunes femmes s'impliquent en politique, il faut parler de conciliation travail-famille.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais justement vous dites un comité indépendant, mais que vous aurez des choses à dire.

M. Nadeau-Dubois : Bien sûr, oui.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que vous êtes en faveur, vous, d'un congé parental pour les élus de l'Assemblée nationale?

M. Nadeau-Dubois : Absolument. Nous, on pense qu'il faut trouver une formule qui permette aux élus de passer du temps avec leurs enfants dans les premières semaines de vie, mais il faut que ça soit une formule qui soit à la fois équitable avec ce dont bénéficient les Québécois et les Québécoises qui ne sont pas députés à l'Assemblée nationale puis il faut que ça soit une formule adaptée au rôle de député. On a des idées. On veut contribuer à la discussion. Mais, en dernière instance, ça doit être un comité indépendant pour une raison très simple. On ne peut pas être juge et partie de nos conditions de travail. Et je pense que Mme Guilbault semblait le reconnaître elle-même. C'est malaisant d'être dans une situation où on revendique des choses pour nous-mêmes. Donc, on peut faire des représentations, avoir des idées, mais, à la fin, on veut un comité indépendant pour trancher cette question-là.

Mme Lajoie (Geneviève) : S'il n'y a pas de comité indépendant, donc...

M. Nadeau-Dubois : Je vous rappelle qu'il y a quand même eu une motion adoptée à la fin de la précédente session, une motion qui était un ordre de l'Assemblée et qui demandait au Bureau de l'Assemblée nationale de mettre sur pied un tel comité. Vous me direz que ce n'est pas la première fois que de telles motions sont adoptées. Vous auriez bien raison de me dire ça. On ne peut quand même pas s'empêcher d'y croire puis d'espérer que, cette fois-ci, on va aller de l'avant, qu'il va y avoir la mise sur pied d'un tel comité. Nous, on était contents. À Québec solidaire, c'est ce qu'on a obtenu dans le débat sur le projet de loi qui venait majorer le salaire des députés. On a réussi à obtenir ce compromis-là de la part des autres partis. On espère que ça va aller de l'avant. Puis, pour nous, la question des congés parentaux doit être au sommet de l'ordre du jour de ce comité-là.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pour la conciliation travail-famille, outre les congés parentaux, est-ce que vous avez d'autres idées?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a, par exemple, la question des déplacements. En ce moment, l'Assemblée nationale rembourse — je pense que c'est cinq ou... — en tout cas, quelques déplacements par année pour la famille d'un député. Donc, ma collègue, Émilise Lessard-Therrien, par exemple, qui est députée dans Rouyn-Noranda—Témiscamingue, après deux allers-retours de son conjoint et de leur fille, elle doit payer de sa poche les déplacements, qui sont des déplacements en avion dans son cas. Donc, c'est extrêmement coûteux, surtout avec les prix des billets d'avion au Québec.

Donc, la question de favoriser le déplacement des familles avec les députés, c'est aussi une question qu'on veut étudier. Est-ce qu'on veut penser, par exemple, à une forme de halte-garderie à l'Assemblée nationale du Québec pour les députés et les employés de l'Assemblée, pourquoi pas également les membres de la Tribune de la presse? Toutes ces choses-là, il faut en discuter. Nous, on a des idées. Andrés pourrait peut-être vous en parler. Il est lui-même père d'un jeune garçon. On a plein d'idées. Il faut mettre en place ce comité-là pour qu'on en parle, tout en se retirant à la fin, lors du moment de détermination des conditions de travail.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce que l'Assemblée nationale est encore administrée par des gens d'une autre génération pour qui, peut-être, ces enjeux de conciliation famille-travail, c'est moins important?

M. Nadeau-Dubois : Non. Ce qui a manqué dans les dernières années, c'est la volonté politique. Les partis politiques ont eu peur de s'attarder à la question de la rémunération et des conditions de travail des députés.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pourquoi?

M. Nadeau-Dubois : Parce que c'est dangereux politiquement, parce que les partis ont peur de se faire taxer de se donner des privilèges. Et c'est ironique qu'il y ait eu tout ce tabou et tout ce jeu de tourner autour du pot parce que la solution, on la connaît depuis les années 80, c'est la création d'un comité indépendant. Depuis les années 80, on a créé une série de commissions pour étudier les salaires des députés, et, à chaque fois, depuis les années 80, tous ces comités-là ont conclu la même chose. Il faut un processus indépendant et exécutoire pour fixer les conditions de travail des députés. Le dernier rapport, c'est le rapport L'Heureux-Dubé, en 2015, mais c'est le dernier d'une longue série de rapports depuis les années... En fait, le premier est dans les années 60. Je me corrige moi-même.

Donc, tout le monde connaît la solution, mais tout le monde a peur de l'appliquer, et c'est un manque de courage politique. Donc, ça n'a rien à voir avec les gens qui administrent l'Assemblée nationale. Les partis qui siègent à l'Assemblée depuis longtemps ont eu systématiquement peur de régler cette question-là. Et, nous, ça fait depuis maintenant 2015 qu'on le dit, la manière de sortir du cul-de-sac, la manière de sortir du malaise généralisé, c'est un comité indépendant.

Mme Plante (Caroline) : Qu'est-ce que vous pensez de la CECM qui va finalement respecter la loi n° 21?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on a toujours dit depuis le début qu'on souhaitait que les institutions de l'État appliquent la loi même si c'est une loi avec laquelle on est en désaccord sur à peu près toute la ligne. Ceci étant dit, j'ai envie de dire presque bonne chance parce que c'est une loi qui est contradictoire, qui va être inapplicable. Donc, je crois qu'on n'est pas sortis du bois quand va venir le temps d'appliquer cette loi-là.

Mme Plante (Caroline) : Et puis, dans un autre dossier, le dossier du remboursement des dépenses des New-Yorkais et des Ontariens, à partir du moment où le ministre s'excuse, reconnaît son erreur, est-ce qu'il doit donc maintenant rembourser?

M. Nadeau-Dubois : La question, c'est rembourser à qui et à partir de quel fonds. Moi, je pense que c'est des dépenses qui n'auraient pas dû être faites. Donc, oui, le remboursement est une bonne idée. Est-ce que ça doit venir de la caisse de la CAQ? Est-ce que ça doit venir d'ailleurs? Je ne pourrais pas vous dire. Mais c'est une dépense qui est venue vicier le processus d'une commission parlementaire, commission parlementaire qui est censée être autonome, administrer elle-même ses activités.

Bien sûr, on ne vit pas sur une autre planète. On sait qu'il y a des partis politiques qui sont représentés. On sait que les commissions où il y a une majorité de députés du gouvernement, il y a un lien avec le gouvernement. Mais de là à dire : Un ministère paie de sa poche des experts pour venir plaider en faveur de son projet, on ne peut pas ouvrir la porte à ça. Imaginez ce que ça peut donner si ça se généralise. Ça peut donner deux catégories d'intervenants en commission parlementaire : les gens invités par les oppositions, qui doivent payer ça sur leur bras, et les gens invités par le gouvernement, qui, eux, dorment au Hilton de l'autre bord de la rue. Je veux dire, c'est absolument impossible comme manière de fonctionner.

Et tant mieux que le ministre se soit fait taper sur les doigts par le président de l'Assemblée nationale. Nous, on attend avec impatience aussi la réponse de la Commissaire à l'éthique parce qu'on pense que c'est également en contradiction avec le code d'éthique et de déontologie des élus de l'Assemblée nationale, qui dit qu'on ne peut pas utiliser les sommes qui sont mises à notre disposition pour des fins partisanes.

M. Pilon-Larose (Hugo) : J'aimerais juste préciser votre réponse parce que je ne suis pas sûr si c'était de l'ironie ou non que vous faisiez. Mais suggérez-vous que le ministre rembourse à partir des fonds du parti politique de la CAQ?

M. Nadeau-Dubois : Disons que je pose la question. Je me demande... Parce qu'en effet c'est une dépense qui n'aurait pas dû être faite. La question du remboursement est pertinente. D'où l'argent pourrait-il venir? On ne peut quand même rembourser des fonds publics avec des fonds publics, là, ça sort d'une poche pour entrer dans l'autre. Mais qu'il trouve une manière de rembourser, puis, si c'est les fonds du parti qui s'est fait élire en proposant des maternelles quatre ans, bien, ça pourrait être une option.

Mme Lajoie (Geneviève) : M. Roberge a répondu ce matin, là, suite à cette histoire, là, de président de l'Assemblée nationale qui lui tape sur les doigts, en disant : Bien, écoutez, vous savez, de toute façon c'est bien, cette décision-là, parce qu'il y avait un flou. Ça fait qu'au moins... Est-ce que, selon vous, il y avait vraiment un flou dans les règles?

M. Nadeau-Dubois : Non, il n'y avait pas de flou. La pratique, elle est claire. Les commissions parlementaires doivent faire leur travail de manière indépendante du gouvernement. Il n'y a aucun flou là-dessus. Ça s'appelle la division des pouvoirs. Donc, il n'y a aucun flou. La vérité, c'est que M. Roberge, et ça, on le dit depuis longtemps, le ministre est tellement obsédé par son idée d'imposer les maternelles quatre ans à tout prix, coûte que coûte, qu'il est prêt à dépasser des frontières qui ne devraient pas être dépassées. Il veut tellement répandre la bonne nouvelle qu'il a enfreint une règle fondamentale de notre institution, qui est celle de la division des pouvoirs. C'est un ministre dont l'enthousiasme, là, commence à devenir un problème pour son projet des maternelles quatre ans.

Mme Plante (Caroline) : Pouvez-vous croire qu'il n'y a personne au ministère qui a levé la main pour dire : Écoutez, ça pourrait être problématique?

M. Nadeau-Dubois : C'est une excellente question. J'aurais aimé ça être là. Moi, ça ne fait pas très longtemps que je suis député, là, mais, quand j'ai vu ça, je me suis tout de suite dit : Bien, voyons, ça n'a pas de sens. Donc, j'ai de la misère à croire qu'il n'y a pas quelqu'un quelque part qui n'a pas levé un petit drapeau pour dire : M. le ministre, vous ne pouvez pas faire ça. Mais, bien sûr, je n'étais pas là, donc je ne peux pas présumer que c'est arrivé. Mais c'est tellement une erreur grossière et manifeste que j'ai de la misère à croire qu'il n'y a personne qui n'a rien vu passer. Et, si personne n'a rien vu passer, on se demande qui travaille dans les cabinets de la CAQ.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 20)

Participants


Document(s) associé(s)