(Quinze heures onze minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour. Hier, au lendemain de la fin des consultations sur le projet de loi
concernant les maternelles quatre ans, on a demandé formellement au gouvernement
de faire pause sur la suite de l'adoption du projet de loi, de prendre un pas
de côté, de faire un pas de côté pour se donner le temps d'absorber tous les
commentaires, toutes les propositions, tous les points de vue, toutes les
études qui ont été soumises au ministre de l'Éducation dans le cadre de ces
consultations-là, et de pouvoir, donc, revenir avec une vision beaucoup plus
approfondie, avec un enlignement beaucoup plus sérieux, beaucoup plus solide
pour le développement de nos tout-petits et leur réussite éducative, et
évidemment, comme on le demande depuis des mois, avec un plan clair, un plan
défini qui va enfin montrer que le gouvernement sait où il s'en va en matière
de petite enfance et qu'il sait comment il va arrimer l'ensemble des morceaux
du casse-tête qu'il veut assembler parce qu'à ce jour, comme on l'a dit à
plusieurs reprises, c'est toujours dans l'improvisation, on n'a aucune idée
d'où le gouvernement s'en va.
Eh bien, on a appris ce matin que, contre
toute attente, le gouvernement continuait à foncer tête baissée alors qu'il
nous a annoncé que, dès cet après-midi, il va poursuivre l'étude au parlement,
donc au salon bleu, du projet de loi sur les maternelles quatre ans. Donc, on a
été extrêmement surpris, extrêmement déçus aussi de cette attitude-là, de cette
décision du gouvernement de ne même pas prendre un petit moment, de foncer à
peine 36 heures après la fin des consultations, alors que, de l'aveu même
du ministre, il n'y a aucune urgence pour adopter ce projet de loi là. Effectivement,
il n'y a absolument aucune urgence parce que, pour ce qu'il veut implanter, les
250 classes pour l'année prochaine, ça ne prend aucune modification législative,
puisque le gouvernement va continuer à les implanter en milieu défavorisé, ce
qui est déjà prévu. Donc, manque d'ouverture par rapport à tout ce qui a été
dit en consultation, manque, je dirais, de bonne planification.
Pourquoi faire ça dans l'urgence, alors
qu'on pourrait se donner le temps de bien faire les choses, encore une fois? Et
surtout, comment faire fi de toutes les questions qui se posent? Vous avez vu
hier en Chambre à quel point il y a eu un barrage de questions sur le projet
des maternelles quatre ans, et les questions de l'opposition ne sont que le
reflet des questions de tous les groupes, des parents, des experts qui sont
venus, des gens, des partenaires. Autant les commissions scolaires, les
enseignants, les fédérations d'enseignants que les centres de la petite enfance,
tous les partenaires qui devraient être mis dans le coup pour le projet se
posent d'énormes questions, font des recommandations, demandent aussi un temps
d'arrêt, demandent de voir le plan, demandent, comme l'AQCPE et plusieurs
partenaires, une politique pour savoir quel va être ce développement-là,
qu'elle est la vision du gouvernement.
Alors, pour un gouvernement qui avait dit
qu'il serait à l'écoute et qu'il ne verserait pas dans l'arrogance, eh bien,
force est de constater que c'est raté. C'est raté parce qu'à tous points de vue
les questions qui se posent sont légitimes. Il y a eu une trentaine de groupes
qui sont venus se faire entendre, et le ministre n'a même pas l'ouverture et le
respect de se donner du temps pour absorber ce qu'ils lui ont dit. Et on peut
témoigner que c'étaient des commentaires très profonds, avec évidemment un
éclairage très poussé sur le sujet de la petite enfance, autant sur les aspects
scientifiques de ce qui est le mieux pour le développement des tout-petits, et
autant aussi sur l'aspect de la faisabilité, parce que les partenaires sont
venus dire qu'autant en termes de ressources humaines que de ressource
matérielles, que de locaux, c'était impossible à livrer dans l'état actuel des
choses.
Alors, on voulait aujourd'hui évidemment
marquer cette surprise, cette déception-là, cette incompréhension-là face à ce gouvernement-là,
qui continue à foncer tête baissée dans ce projet qui reçoit beaucoup, beaucoup
plus de questions que d'adhésion, à l'heure actuelle. Surtout qu'il n'y a
aucune urgence, surtout que le Parlement, en cette fin de session intensive,
est embourbé et est engorgé avec différentes priorités du gouvernement. Donc, c'est
inexplicable, cette attitude-là, ça ressemble pratiquement à de la provocation,
et le gouvernement, le ministre de l'Éducation doit s'expliquer à ce sujet-là.
Et on lui redemande, on lui redemande,
même si la poursuite des travaux doit se faire cet après-midi, on lui redemande
de faire pause, de prendre un pas de côté, et donc de se donner du temps. Les
prochains mois sont là, il a le loisir de se saisir de ces prochains mois là
pour refaire ses devoirs, pour arriver vraiment avec une vision intégrée des
choses pour nos tout-petits et avec enfin un plan de match détaillé, pas
improvisé, pas avec des chiffres qui vont continuer à changer à toutes les
semaines, mais avec quelque chose de clair et avec une direction précise.
Merci.
(Fin à 15 h 17)