(Douze heures six minutes)
Mme
St-Pierre
:
Alors, merci d'avoir été patients, de nous avoir attendus. On avait prévu le point
de presse à 11 h 30, puis ça fait déjà une demi-heure que vous nous
attendez. Merci beaucoup de votre patience.
Vous savez, vous avez vu la période des
questions, nous avions demandé, pendant la période des questions, à ce que la
ministre, Mme Guilbault, rencontre des personnes sinistrées qui viennent de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Alors, c'est ce qui a été fait. Donc, nous sortons
d'une rencontre avec la ministre. Nous sortons satisfaits de la rencontre. La
ministre s'est engagée à vraiment prendre en compte la situation de ces
sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac qui vivent une situation tout à fait
particulière.
Oui, ailleurs, il y a des situations
particulières, mais celle de Sainte-Marthe est tout à fait particulière. Vous
le savez, 6 000 personnes ont dû être évacuées en toute urgence.
C'étaient des gens qui vivaient dans des zones qui n'étaient pas supposées être
inondables, et la catastrophe est arrivée. Donc, ça met la situation de
façon... qui fait en sorte que la situation est plus particulière peut-être
qu'ailleurs. Et nous avons aussi invité ces personnes à venir ici, à
l'Assemblée nationale, pour être en mesure, être capables de rencontrer la
ministre.
On voit que, depuis le début de la crise,
le gouvernement a fait un travail qui est quand même... qui a été assez
proactif. Mais maintenant on arrive à l'étape où les camions satellites ont
quitté les régions, les émissions d'information en continu ne parlent presque
plus de la situation. Donc, ces gens-là sont aussi aux prises avec la suite des
choses, et la suite des choses, ça veut dire se reconstruire, se rebâtir, avoir
aussi des soucis financiers, de la détresse, de l'angoisse. Tout ça est en
train de s'installer auprès des sinistrés.
Donc, je vais laisser la parole à nos
invités. Nous avons deux personnes qui vont prendre la parole pour expliquer
leurs situations, dire que le programme qui a été mis en place, oui, peut-être
que le programme est meilleur que celui qu'il y avait auparavant, mais le
programme ne s'applique pas à leurs situations particulières. Et on a voulu
évidemment faire en sorte que la ministre puisse très bien comprendre et très
bien saisir la situation. Donc, je vais vous laisser la parole, puis on pourra
passer à la période de questions par la suite.
M. Sabourin (Myriam) :
Merci. Bonjour à tous. Alors, on est un groupe de six familles qui avons eu la
chance d'être soutenues par Mme St-Pierre pour faire valoir la situation exceptionnelle
qu'on vit à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
On a démarré une pétition en ligne sur le
site de l'Assemblée nationale. En quelques jours à peine, on a déjà plus de 1 600 signatures
de recueillies de la part de la population. On s'adresse au gouvernement, et c'est
le but de notre présence aujourd'hui, pour lui demander d'ajuster, en fait, son
programme à notre situation particulière.
On le sait, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, on
n'a pas vécu une inondation naturelle, c'est plutôt la résultante du bris d'une
digue qui était sous la responsabilité de la ville mais aussi du gouvernement.
Et aussi on a acheté des maisons qui étaient situées dans un secteur qui était
zoné non inondable depuis 40 ans. Alors, avec cette assurance-là qui nous
était offerte par la ville et le gouvernement, bien, malheureusement, il est
arrivé ce qui est arrivé.
Et donc on demande de ne pas être les
seuls, en tant que sinistrés, à porter toutes les conséquences de ce qu'on a
vécu, hein? Il y a eu tout le stress qu'on a vécu, la peur, le soir où on a
quitté, mais aujourd'hui, maintenant, ce qu'on vit, c'est plus les casse-têtes
financiers, la perte de valeur de nos maisons, la perte d'énormément de biens,
et le programme gouvernemental qui nous est offert présentement ne répond pas à
nos besoins.
Alors, on s'adresse au gouvernement, on
espère être entendus et obtenir une aide particulière, ajustée aux besoins de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, compte tenu du caractère exceptionnel de leur situation.
M. Hardy (Christian) :
Je voudrais d'abord remercier Mme Guilbault de nous avoir, à tout le
moins, reçus. On a quitté nos vies de sinistrés pour venir ici avec espoir d'avoir
une certaine considération, une certaine écoute. Mme Guilbault s'est
engagée à regarder ça, à réfléchir avec le groupe d'action, et déjà on
l'apprécie.
On souhaite vraiment par contre que ça se
traduise en gestes concrets. Il y a des milliers de vies présentement, à
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, qui sont en suspens, qui sont dans l'incertitude, qui
vivent un stress et qui sont, évidemment, anéanties face à la perte qu'ils ont
vécue.
On a parlé un peu du spectre qui plane un
peu au-dessus de la tête des sinistrés, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, sur le fait
qu'on changerait potentiellement le zonage, qui va alourdir de façon
considérable l'impact financier. Et évidemment, à titre de sinistrés, on ne
veut pas porter seuls cet impact-là, considérant qu'il y a eu plusieurs acteurs
qui ont joué une responsabilité dans le fil conducteur qui a mené à ces inondations-là
qui sont véritablement particulières parce qu'encore une fois c'est un bris de
digue qui s'est produit. Alors, voilà. C'est ce que j'avais à ajouter. Je vous
remercie.
La Modératrice
: On va
passer à la période de questions. Sur le sujet du jour seulement, s'il vous
plaît.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...Mme St-Pierre,
les sinistrés demandent donc un traitement spécial, que Québec regarde leur
situation. Au Parti libéral, qu'est-ce que vous proposez au gouvernement de
faire rapidement dans cette situation-là, concrètement?
Mme
St-Pierre
:
Bien, de peut-être réévaluer la question de la valeur des maisons. La valeur
des maisons est, sur une moyenne nationale, 200 000 $, et on
constate, et on considère que dans plusieurs régions, bien, les valeurs sont
supérieures. Donc, de revoir peut-être la possibilité de lever ce plafond-là à
200 000 $ et de faire en sorte que des gens qui veulent quitter, sans
être obligés d'avoir fait au préalable les rénovations jusqu'à
100 000 $, puissent le faire. Parce qu'après cette inondation-là il y
a aussi le choc post-traumatique. Il y a des familles ici, là, qui vont vous
dire que le sous-sol, c'est là que les enfants s'amusent, vivent, puis ils ont
encore les images dans la tête que le pire aurait pu arriver en plein milieu de
la nuit, puis ces petits poux-là, bien, vous ne les verriez pas aujourd'hui.
Donc, s'ils veulent rester là, ça se peut,
mais la plupart voudraient aller s'établir ailleurs, et on demande au
gouvernement de reconnaître la valeur de leurs maisons. On a des gens de classe
moyenne, ce ne sont pas des personnes riches. Et M. Legault a dit qu'il ne
voulait pas payer pour des riches, mais ce n'est pas des riches qui sont ici.
Et il y a des exemples ailleurs dans le monde. Au New Jersey — il y a
eu des reportages à CBC, Radio-Canada — on a donné la valeur des
maisons, et je pense que ça, c'est plus juste. Ces gens-là ont des hypothèques...
Vous voyez, c'est des jeunes couples, des jeunes familles. Ces gens-là ont des
hypothèques. D'avoir une compensation, ça ne compensera peut-être même pas
l'hypothèque, puis après ça tu vas t'acheter une autre maison qui coûte plus
cher parce que tu t'en vas dans une autre zone, une autre région, puis tu as
une autre hypothèque, puis c'est... C'est de préparer, de penser à leur avenir.
Et ils ne demandant pas la lune, là, ils
demandent... Regardez le programme, regardez. Il est perfectible, ce programme-là.
Puis je pense qu'on a senti une bonne volonté. La ministre a dit qu'il y avait
un Conseil des ministres... un comité ministériel, cet après-midi, qui
continuait à se réunir, qui se penche sur la question. Elle a même dit que le
premier thème, lorsqu'ils se réunissent, c'est Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Donc,
je pense qu'on sent qu'il y a une ouverture.
Alors nous, nous ne sommes pas là pour
blâmer, nous sommes là pour dire : Travaillons ensemble, trouvons des
solutions et respectons aussi le désir de ces gens qui ont à s'organiser, à se
réorganiser dans la vie, puis pensons aux enfants, puis disons qu'on va
investir dans leur avenir, là, de ces enfants-là aussi.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
si j'ai bien compris votre réponse, là, pour le nouveau plafond, vous demandez
un peu à Québec de faire comme au New Jersey, de donner la valeur de la
propriété.
Mme
St-Pierre
:
Bien, à le réévaluer, regarder la possibilité d'y aller avec la valeur des
maisons et aller voir aussi... On a vu le ministre Roberge qui est allé se
promener à New York. Bon, bien, peut-être qu'il pourra... qu'il y a des
ministres qui pourraient aller se promener au New Jersey, voir ce qui a été
fait ailleurs et comment on peut améliorer. Parce que, pour le moment, la
valeur qui est accordée n'est pas suffisante, et aussi c'est que, si des gens
veulent quitter, il y a un processus qui n'est pas applicable pour ces
familles-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Dernière question : Si j'ai bien compris, le CMM doit statuer d'ici le 20 juin
si Sainte-Marthe-sur-le-Lac est une zone inondable ou non. Votre position.
Mme
St-Pierre
:
Bien, ça, c'est un grand débat. Je pense que la position, c'est... Moi, je peux
très bien comprendre ce que la mairesse, Mme Paulus, dit. C'est-à-dire, elle,
elle vient de perdre le tiers de sa population, alors elle souhaiterait évidemment
qu'on puisse continuer à rebâtir ou à vivre dans cette région-là. Mais, en même
temps, il faut aussi penser à l'avenir et il faut vraiment qu'il y ait des
solutions qui se trouvent. Reconstruire la digue en déclarant que c'est une
zone non inondable, je pense qu'il n'y a personne qui va croire ça.
Reconstruire la digue en disant : Vous êtes en zone inondable, bien là, il
faudra par ailleurs que les personnes qui vont se construire là, qui voudront
s'établir là s'assument. Mais il faut être franc, il faut être clair, il faut
regarder la situation.
Puis ce n'est pas évident aussi de
déplacer... puis je comprends très bien la mairesse, ce n'est pas évident de
déplacer le tiers d'une population sur un territoire où tu n'as pas de place
pour les installer. Ça fait que ce n'est pas facile, ça, on le comprend très,
très bien, je peux comprendre les discussions. Mais là, là, on a des gens qui
ont une situation très claire, leur maison a été inondée, il y a des travaux à
faire, il y a un stress, puis certaines d'entre elles ou la plupart d'entre
elles ne veulent plus rester là et veulent qu'on les aide à aller s'aménager
ailleurs.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Dernière question, peut-être, pour les gens qui sont ici. Je ne sais pas si
certains d'entre vous étaient présents hier à l'assemblée qui a eu lieu. Non...
Oui?
Une voix
: Bien, en
fait, pas moi, mais les gens du groupe étaient présents. Alain...
M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui.
Est-ce que quelqu'un peut nous expliquer — je n'étais pas là — O.K.,
donc qu'est-ce qui s'est passé? Parce qu'on semble croire que le ton a monté, il
y a eu des tensions, la mairesse a même été insultée. C'était quoi, l'ambiance?
M. Jutras (Alain) : Bien, en
fait, c'est que le conseil de ville a décidé de faire l'agenda régulier d'entrée
de jeu alors qu'il y avait probablement au-dessus de 500 citoyens qui
arrivaient avec une liste de questions. Donc, la mairesse a voulu passer
l'ordre du jour, et c'est là que le ton a monté et qu'il y a eu une certaine
échauffourée. Mais par la suite l'ensemble des citoyens qui le souhaitaient ont
pu adresser leurs questions et ont eu certaines réponses, pas complètes, pas toujours
satisfaisantes, mais, tout de même, ça a été possible. C'est vraiment le début
de cette assemblée-là qui a été plus houleuse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Merci.
Mme Johnson (Maya) : Hello. Mme St-Pierre, you acknowledged earlier that the Government has taken, in your words, a
proactive approach to dealing with the flood situation, but still you felt it was necessary to be here today with these
flood victims and speak out about it. Why did you feel that was necessary?
Mme
St-Pierre
: Yes. It's because their situation is very peculiar. The value of
their house is not the value of what the government decided to give. The $200,000, it's not enough. And they have
mortgage, and they want to leave... some of them or most of them want to leave
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, and if they decide to leave and buy another house in
another place, the value is higher.
So what we want to see is
the Government look at the
situation. We had a meeting with the deputy minister, a few weeks ago, and I talked about the situation of those families
in Sainte-Marthe-sur-le-Lac, and the deputy minister told me loud and clear the program does not apply to their own
situation, their peculiar situation. So what we have here is a situation which
is very difficult.
And we saw... we had a meeting
with the Minister, she listened
to what they had to say and she said that they will have to look at the
situation. She did not take any commitment but she took the commitment to look
at the situation. So this is a good step. A very good step.
Mme Johnson (Maya) :O.K. So you feel
that there is some openness on the part of the Government to reconsider their situation?
Mme
St-Pierre
: Yes. This is the feeling that I have. But they have a committee
this afternoon and... Our suggestion is to look at the... the value of the
houses must be higher. For their situation and some... in other places, it's
not enough. $200,000, it's not enough. And in New Jersey they decided to give
the value of the houses, and I think this is a good solution because you have
places where $200,000 would be a good thing, but in many, many places this is
not the good value.
Mme Johnson (Maya) : And, just so our viewers understand, why is it that this situation
at Sainte-Marthe-sur-le-Lac is considered exceptional?
Mme
St-Pierre
: Because they were built in an area which is not supposed to be — how do you say that in English...
Mme Johnson (Maya) : A flood zone. It was not to be a flood zone. Right.
Mme
St-Pierre
: ... — a
flood zone. O.K. So they were
not supposed to be in the flood zone and they saw the situation... we saw what
happened to their area. So, when they bought the house it was written : You
are not in a flood zone. So they decided to buy this house
with what they had in front of them. But now they... We saw the situation, in
April, and there was a flood in... floods in their house, and they have a lot
of damages.
And there are also
psychological damages, you know, they live a situation where you see... If that
event would happen in the middle of the night, we wouldn't have had those
children in front of us today, you know? Because they live in the basement,
they sleep in the basement, they play in the basement, and this is their place.
And this is a very, very important post-traumatic shock that they have, at the
end of the month, at the end of April. Do you want to speak in English? Do you
want to say a few words in English?
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Yes.
Mme Johnson (Maya) : Thank you. Yes, can you just tell us a little bit about what the
experience has been like and how it's affected your sense of security in your
own home?
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Well, the main word I would use to describe it is really «stressful». It just...
it haunts us, it follows us everywhere, there's no escape from it because it's
our home. I know, the city assured us we weren't in a flood zone. They assured
us, and now, here we are, we're flooded. And we just feel completely betrayed.
We're suffering the consequences of something we weren't even aware about. Like,
my parents wouldn't have risked buying a house in a flood zone. I know nobody
here would have risked buying a house in a flood zone.
Mme Johnson (Maya) : ...had a chance earlier to meet with the Minister, I understand,
and what were your impressions after speaking to her? Did you think that she
was listening to you and your families?
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Yes. I feel incredibly thankful for her, for her openness. I'm really happy
that she invited us today.
Mme Johnson (Maya) : ...have your name, please?
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Mickaëlla.
Mme Johnson (Maya) : Mickaëlla. OK. I'll just get you to write and spell your first and
last name for me after. Thank you.
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Thanks.
Mme Fletcher (Raquel) : If you could just... actually just spell it into the microphone, so
that we have a record of it.
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Ok .M-i-c-k-a-and then the e with two dots-l-l-a.
Mme Fletcher (Raquel) : And your last name?
Mme Hardy (Mickaëlla) :
Hardy. H-a-r-d-y.
Mme Fletcher (Raquel) : And how old are you?
Mme Hardy (Mickaëlla) : I'm 14.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you very much. O.K. Merci.
(Fin à 12 h 24)