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Point de presse de Mme Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation supérieure

Version finale

Le mardi 28 mai 2019, 12 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-six minutes)

M. Bousquet (Richard) : Bonjour. Donc, je voudrais d'abord remercier Marwah Rizqy et Gabriel Nadeau-Dubois de nous accueillir pour cette conférence de presse.

Je suis vice-président de la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec, qui est affiliée à la CSN, et je représente la majorité des syndicats de chargés de cours des universités québécoises. Et aujourd'hui, c'est des représentants, entre autres, de six syndicats de chargés de cours qui sont ici en appui aux tuteurs et tutrices de la TÉLUQ. Il y a derrière moi effectivement des représentants des chargés de cours de l'Université de Montréal, de l'ETS, de l'Université Laval, de l'Université du Québec en Outaouais, à Rimouski et de l'UQAM.

On est inquiets pour l'avenir de la TÉLUQ parce que la TÉLUQ actuellement est dans un processus de restructuration de son modèle d'affaires. On parle d'ailleurs de modèle d'affaires, de rentabilité financière, et on parle beaucoup moins d'enseignement, de services publics et de l'avenir des citoyens qui fréquentent la TÉLUQ. Ça, c'est autre chose.

Donc, on est inquiets pour l'avenir de la TÉLUQ parce que son modèle d'affaires, sa restructuration de son modèle d'affaires est basée, dans le fond, sur une diminution de la qualité de l'encadrement des étudiants et du remplacement des tuteurs et tutrices qui sont des enseignants d'expérience par des nouveaux enseignants contractuels encore plus précaires.

La TÉLUQ est dans une situation financière assez précaire parce que, dans le fond, cette restructuration-là, au lieu de remonter la TÉLUQ vers le haut, a de l'air à plutôt à la descendre vers le bas.

Donc, on est inquiets aussi parce que la TÉLUQ, c'est la porte d'entrée... pour une population, c'est la porte d'entrée pour l'enseignement supérieur pour une population marginalisée qui, souvent... Bon, on pourrait prendre l'exemple d'une mère de famille monoparentale qui a deux enfants à la maison, et qui veut faire un retour sur le marché du travail, et qui prend quelques cours pour essayer de s'en sortir. Donc, c'est une population qui, sans la TÉLUQ, ne pourrait pas retourner sur les bancs des universités.

Donc, les chargés aussi sont ici parce qu'ils sont inquiets. Parce que la dégradation des conditions de travail des tuteurs et tutrices de la TELUQ pourrait aussi avoir des répercussions sur leurs propres conditions de travail, dans le développement de la formation à distance dans leurs universités respectives.

Donc, c'est un peu pour l'ensemble de ces raisons-là qu'on appuie les tuteurs et tutrices. Et je cède la parole à Nancy, qui va vous donner plus de détails sur la situation des tuteurs et tutrices.

Mme Turgeon (Nancy) : Bonjour. Je suis Nancy Turgeon, je représente quelque 200 tuteurs et tutrices, donc, des enseignants d'expérience qui font le suivi individualisé des étudiants à distance de la TELUQ, et ce, depuis 1972.

La TELUQ procède présentement à une réorganisation qui menace à la fois nos emplois et qui menace également la qualité du service aux étudiants. C'est pourquoi on a dû déclencher la grève générale illimitée il y a quatre mois déjà.

Vous les voyez derrière moi, les enseignants qui sont mis à pied actuellement, ce sont des gens très expérimentés, d'une moyenne de 50 ans. C'est des gens qui ont une expertise unique en formation à distance en plus d'être des enseignants très qualifiés. La grande majorité ont, évidemment, des maîtrises et doctorats dans le domaine des cours qu'ils encadrent. Malgré tout ça, la TELUQ remplace ces enseignants par de nouveaux enseignants dans le cadre d'une réorganisation qui lui permet de faire des économies sur le dos des étudiants. La TELUQ peut ainsi demander aux personnes nouvellement embauchées de donner moins de services, moins de disponibilité aux étudiants.

Et pourtant, comme on le soulignait, la population étudiante de la TELUQ, la majorité, c'est des gens de première génération universitaire, des gens à temps partiel, qui concilient travail-famille-études, donc des gens qui ont vraiment bien besoin de notre accompagnement personnalisé, ce qu'on a perfectionné dans un modèle au cours des 45 dernières années. On est donc ici pour dénoncer une réorganisation qui met de côté les besoins de nos étudiants et on est ici pour faire part de nos craintes pour l'avenir de notre université. Merci.

Mme Rizqy : Moi-même, avant de faire le saut en politique, j'étais professeure à l'université, et le modèle de la TELUQ faisait déjà bien des envies parce que c'est un modèle qui existe depuis plus de 45 ans, qui fonctionne, qui aide justement des jeunes qui n'ont pas, par exemple, de diplôme universitaire et que leurs parents non plus n'en ont pas, donc de première génération universitaire, à avoir accès à un diplôme de cycle supérieur, des parents qui travaillent à temps plein, qui ne peuvent pas aller à l'école et qui doivent suivre leurs cours à temps partiel, en ligne. C'est des formations importantes qui sont données.

Et ce sont les tuteurs et tutrices qui sont derrière nous. Et c'est important que vous les voyiez parce que ces gens-là assurent le suivi, le succès de l'apprentissage de tous ces étudiants. Et ce sont des heures qui sont investies, et ces tuteurs et tutrices ne peuvent pas être remplacés par des auxiliaires à l'enseignement. On parle ici de 14 ans, en moyenne, d'expérience à titre de tuteur et tutrice. Il y a une madame ici qui a 38 ans d'expérience. Alors, lorsqu'on a des personnes qui ont à coeur nos universités, c'est important de préserver le modèle de la TELUQ, qui a fait ses preuves.

Ça fait plus de 45 ans qu'il existe, et c'est important qu'aujourd'hui nous, on les appuie dans leur démarche parce que ça fait 17 semaines que la grève perdure. Il y a de l'inquiétude dans le réseau de l'éducation. Au-delà des tuteurs et tutrices, même nos étudiants nous écrivent parce qu'ils veulent justement savoir qu'est-ce qui se passe. Et ça serait important aujourd'hui que le gouvernement prenne conscience de la réalité à la TELUQ.

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas nouveau qu'il y a des inquiétudes sur le modèle de la TELUQ et sur ce qui est en train d'arriver à la TELUQ. Je vous rappelle qu'il y a à peu près un an j'étais ici même, avec la présidente du syndicat des tuteurs et des tutrices de la TELUQ, pour sonner l'alarme quant à des cas inquiétants de sous-traitance au sein de la TELUQ. Je vous rappelle, il y avait une entreprise privée à but lucratif qui s'était vu confier des mandats non seulement d'encadrement, mais littéralement d'enseignement au sein d'une université publique. Suite à l'intervention de Québec solidaire et du syndicat des tuteurs et des tutrices, il y avait eu des enquêtes de démarrées, disons, pour faire la lumière sur cette situation-là. Depuis, le directeur général de la TELUQ a été relevé de ses fonctions, mais, malgré tout, on est de retour, un an plus tard, ici, à l'Assemblée nationale, avec des inquiétudes très similaires.

La TELUQ est en train de se transformer, le modèle est en train d'être revu, et nous sommes très inquiets que ce renouvellement-là ne se fera pas au profit des étudiants et des étudiantes, mais bien à leur détriment. C'est très inquiétant pour l'avenir de la TELUQ. Pourquoi? Parce que la TELUQ est un maillon très important du réseau universitaire québécois. C'est la TELUQ qui permet à des gens qui autrement n'auraient pas accès à l'éducation postsecondaire, hein... Plus de la moitié des gens inscrits à la TELUQ ont des enfants; plus de la moitié... en fait, plus de 80 % des gens inscrits à la TELUQ sont à temps partiel. Alors, c'est un modèle qui permet l'accès à l'éducation supérieure à des gens qui, sinon, n'auraient pas accès à l'éducation supérieure. Alors, de voir un modèle comme celui-là être menacé — il y a même toutes sortes de rumeurs qui courent sur, à très court terme, le maintien des activités de la TELUQ — voir toutes ces rumeurs-là, c'est très inquiétant.

Et ce qu'on demande aujourd'hui au ministre de l'Éducation, c'est d'annoncer ses intentions quant à l'avenir de la TELUQ et quant au modèle de la TELUQ. Est-ce qu'il y croit toujours? Fait-il partie des gens qui souhaitent que la TELUQ continue d'exister dans sa formule actuelle, c'est-à-dire une formule où il y a un fort encadrement des étudiants et des étudiantes par des tuteurs et des tutrices? Il faut des réponses à ces questions-là parce que les inquiétudes sont nombreuses. Et je répète : elles ne datent pas d'hier. Ce n'est pas la première fois qu'on parle de cette situation-là à l'Assemblée nationale.

Et je ne peux pas m'empêcher de souligner, on en discutait tout à l'heure, que les fameuses enquêtes qui ont été déclenchées, il y a près d'un an, n'ont pas toujours eu... en fait, n'ont toujours pas eu d'aboutissement public. On ne sait toujours pas où en sont ces enquêtes-là. Et c'est inquiétant parce que les questions qui se posaient il y a un an se posent malheureusement encore aujourd'hui.

La Modératrice : On va passer à la période de questions.

Mme Cloutier (Patricia) : Oui, bonjour. Patricia Cloutier, journaliste pour Le Soleil. Ce que je veux savoir, pour Mme Rizqy et M. Gabriel Nadeau-Dubois, c'est : Est-ce que vous demandez au ministre de s'interposer dans le conflit de travail, dans le sens où de prendre position soit pour un ou pour l'autre ou d'essayer de régler les choses?

Mme Rizqy : Si vous le permettez, ce matin, on s'est entretenu. Évidemment, j'ai demandé au syndicat qu'est-ce que... c'est quoi, leurs demandes. Évidemment, ils ne veulent pas s'interposer dans le conflit, mais ils interpellent le ministre pour qu'il prenne conscience qu'il y a un problème de gouvernance.

Et aussi, M. Nadeau-Dubois l'a mentionné, le précédent gouvernement, bien, il a déclenché trois enquêtes. Par la suite, il y a eu les élections. Le ministre Roberge n'est pas uniquement le ministre de l'Éducation, il est aussi le ministre de l'Enseignement supérieur. Il doit se rappeler que son rôle, c'est de veiller au grain. En ce moment, les trois enquêtes, on demande aussi où en sont-elles rendues.

M. Nadeau-Dubois : Bon, voilà. Exactement, Marwah a dit l'essentiel. On ne demande pas aujourd'hui au ministre de l'Éducation d'aller écrire la convention collective des tuteurs et des tutrices de la TELUQ, là, soyons bien clairs. Mais ce qu'on lui demande, c'est de s'impliquer quant à l'avenir de la TELUQ et quant à son modèle. Parce que, justement, ce n'est pas qu'un conflit de travail. C'est un débat sur l'avenir d'une institution publique, d'une université publique. Et, à titre de ministre de l'Enseignement supérieur, M. Roberge doit prendre la parole et nous dire quelle est sa vision pour l'avenir de la TELUQ parce que c'est sur ça que pèse beaucoup d'inquiétude en ce moment.

Mme Cloutier (Patricia) : Avez-vous l'impression que ça prend trop de temps avant qu'on ait des réponses, là? Il est là depuis le mois d'octobre, là. Comment vous qualifieriez son silence, si on veut, là, sur cette question-là.

M. Nadeau-Dubois : C'est trop long. Trop long. C'est trop long. C'est un conflit qui dure depuis quatre mois maintenant. Mais les inquiétudes sur le modèle et sur la gouvernance de la TELUQ datent de bien avant, même, l'élection de M. Roberge. Alors, on s'attend à avoir l'heure juste parce qu'en ce moment... Ce n'est pas pour rien qu'il y a des syndicats de chargés de cours ici, aujourd'hui, qui proviennent de d'autres universités. Il y a une inquiétude qui se répand, à travers le milieu universitaire, sur l'avenir de ce modèle fondamental qui est celui de la TELUQ.

Mme Cloutier (Patricia) : Selon vous, par rapport au modèle, on parle d'études à distance, aujourd'hui, toutes les universités en font, des études à distance, ils ont ouvert des cours, ça fait que ça vient comme en pétition avec les cours de la TELUQ. Qu'est-ce que vous pensez qu'on devrait... Qu'est-ce qu'on devrait faire à ce niveau-là ? C'est quoi, votre vision à vous?

Mme Rizqy : Je suis moi-même professeure et j'ai lancé, avec mon ancien département, des programmes à distance, mais ce n'est pas comparable avec qu'est-ce qui se fait avec la TELUQ. Il faut savoir, il y a des programmes synchrones et asynchrones. Pour ceux qui nous écoutent, là, c'est des étudiants, là, qui peuvent avoir toute la vidéo au complet, seule, et d'autres que le professeur est en arrière.

Il y a un modèle qui a été créé par la TELUQ, qui existe depuis plus de 45 ans, qui est vraiment, là, un joyau pour le Québec en matière d'éducation. On l'a tous dit, ça permet justement à des gens, là, qui n'ont jamais fréquenté le réseau universitaire de pouvoir y avoir accès. Les autres universités ne sont peut-être pas toutes au même niveau. Il y a d'autres programmes qui sont vraiment bien avancés.

Mais ça ne veut pas dire qu'on doit aujourd'hui démanteler ce qui se fait à la TELUQ. La TELUQ fonctionne. Et, au contraire, on peut aller encore plus loin, on a l'expertise, de toute évidence, avec des tuteurs et tutrices qui s'assurent que les étudiants ont le suivi adéquat. Parce que la formation à distance, ce qu'il faut savoir, c'est plus difficile de faire une formation à distance que de le faire en présentiel, en classe. Et c'est pour ça que ça prend un accompagnement pour s'assurer que les étudiants seront en mesure de graduer en bout de ligne.

Une voix : Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.

(Fin à 12 h 58)

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