(Onze heures vingt-cinq minutes)
M. Zanetti : Oui. Alors, on a
vu, comme tout le Québec, là, la nouvelle hier. C'est-à-dire que l'Organisation
des Nations unies émet des inquiétudes qui sont, à notre avis, justifiées par
rapport au projet de loi n° 21. C'est vraiment une espèce de signal
d'alarme, là, je pense, qui invite le gouvernement de la CAQ à sortir de sa
bulle provinciale, là, à regarder ce qui se passe ailleurs dans le monde puis à
remettre certaines choses en question, là, qui sont présentées, là, jusqu'ici comme
des a priori, là, quand M. le ministre dit que non, ce n'est pas vrai que ça
vise une religion en particulier, non, ce n'est pas vrai que ça vise plus les
femmes que les hommes parce que le texte est écrit comme ceci et comme cela. Je
pense que, là, là, la communauté internationale est en train de dire : Les
effets qu'aura cette loi-là, ils sont graves, peu importe comment elle est
écrite, et il faut vraiment se remettre en question par rapport à ça.
Je comprends que l'ONU, ce n'est pas à eux
à décider ce qui va se passer au Québec. Ils demandent une intervention du gouvernement
canadien. Ce n'est pas au gouvernement canadien à décider ce qui va se passer
au Québec. On ne veut pas que le gouvernement canadien intervienne là-dedans. C'est
à nous de prendre de bonnes décisions. C'est à nous de se réveiller. Et c'est
au gouvernement de la CAQ, en ce moment, là, de se remettre en question.
On entendait en plus M. Legault, là,
à Washington, donner une entrevue dans laquelle, vraiment, il banalisait l'importance
pour lui du projet de loi n° 21. Il dit : Ce n'est pas ça, le legs
que je veux amener en politique, je ne suis pas venu en politique pour
interdire les signes religieux. Bien, si c'est vrai, là, compte tenu des
divisions que ça crée au Québec, compte tenu des droits qui sont en péril, des
personnes visées par ce projet de loi là, qui se sentent aujourd'hui sur un
siège éjectable au Québec, là, compte tenu de ça, bien, peut-être qu'il
pourrait l'abandonner, là. Peut-être qu'il pourrait passer à des choses qui
sont importantes comme l'éducation, comme l'environnement, par exemple.
En ce moment, là, ce débat-là prend toute
la place. Beaucoup de gens aimeraient qu'on légifère et qu'on passe à autre
chose, mais ce n'est pas ça qui va arriver. Les groupes qui sont en faveur de
ce projet de loi là et qui veulent qu'il aille plus loin, ils vont continuer à
militer. Ils l'ont tous dit en audiences publiques. Ils ont dit : C'est une
excellente première étape, on va s'en servir pour aller plus loin. Et les
groupes qui sont contre vont continuer à s'y opposer, et il va y avoir des
contestations juridiques.
Il y a des constats qui sont faits par
l'ONU, qui ne sont, pour nous, pas nouveaux. On les a entendus en audiences
publiques. On est capables de faire ces constats-là par nous-mêmes. Quand ils
disent : Le fait que le signe religieux ne soit pas défini, ça pose
problème parce que ça peut mener à toutes sortes d'interprétations qui vont
être abusivement restrictives pour les droits et libertés de la personne, on
l'a entendu. On est d'accord avec ça.
Et il y a un paradoxe avec ce projet de loi
là parce que, d'une part, s'il définit les signes religieux, il prend une
décision qui est théologique et non pas politique. Tu ne peux pas faire une loi
sur la laïcité qui se base sur des arguments ou qui s'ingère dans un débat qui
est religieux, qu'est-ce qu'un signe religieux. Je veux dire, c'est un débat de
savoir si le hidjab est ou non un signe religieux. Mme Houda-Pepin est venue
nous dire que ça n'en était pas un en s'appuyant sur je ne sais plus quelle
école, l'interprétation coranique ou des... Je ne suis vraiment pas spécialiste
là-dedans. Je ne sais pas comment ça marche. Mais ce n'est certainement pas au
gouvernement du Québec de décider qu'est-ce qu'un signe religieux. Et par ailleurs,
s'il ne le fait pas, sa loi va être inapplicable ou encore va mener à des
décisions arbitraires qui vont créer des dérapages, nécessairement. Personne ne
va s'entendre sur c'est quoi, le signe religieux. L'ONU le pointe. En audiences
publiques, on s'en était rendu compte. Il y a là un gros problème.
Alors, ce qu'il faut faire en ce moment,
là, je pense, là, c'est se remettre en question. Il faut que les gens qui ont
écrit ce projet de loi là, que le gouvernement de la CAQ, bien, ils tiennent
compte de ce qui est en train de se passer. Il s'en va à l'international, il
s'en va à New York. Il veut vendre de l'hydroélectricité. Il veut donner du
Québec une bonne image. Bien là, qu'est-ce qu'il fait? Bien là, il se fait
questionner sur l'interdiction des signes religieux puis après ça il dit :
Venez au Québec parce que le monde, on ne les paie pas cher. Qu'est-ce que ça
envoie comme image du Québec, cette affaire-là? Qu'est-ce qu'il est en train de
nous... Comment il est en train de nous représenter à l'international?
Alors, ça, c'est les choses qui me
marquent par rapport à ce signal de l'ONU là. Et, c'est ça, il faut qu'on sorte
de notre petite bulle provinciale, là, le gouvernement de la CAQ, là, et puis
qu'on prenne acte de ce qui se passe et qu'on soit à la hauteur de ce qui est
en train de se passer dans le monde aussi.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Parmi
les pays membres du Conseil des droits de l'homme, il y a, entre autres, la
Chine. Est-ce que ce conseil-là...
M. Zanetti : La quoi?
M. Pilon-Larose (Hugo) : La
Chine. Est-ce que ce conseil de l'ONU fait bien de s'intéresser à ce qui se
passe au Québec, alors que, parmi ses propres pays membres, mettons qu'il y a
pire?
M. Zanetti : Le Québec n'est
clairement pas un cancre des droits de la personne et des droits humains au
monde, là. Ça, c'est bien évident. Puis il y a beaucoup de travail à faire
partout. Le Québec, tel qu'il est aujourd'hui, alors que le projet de loi n° 21 n'est pas passé, il est un modèle, je trouve. La
charte québécoise des droits et libertés fait partie de notre identité. Elle a
été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale en 1975. C'est quelque chose
qui reflète les valeurs québécoises. Et en ce moment on est en train de
régresser sur nos propres valeurs, et ça, bien, ça devrait nous préoccuper,
nous.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
dites qu'en ce moment le Québec est un modèle en droits humains, mais, vous
avez précisé, alors qu'on n'a pas encore adopté le projet de loi n° 21.
Quand on va l'adopter finalement, c'est quoi... Est-ce qu'on rejoint des pays
comme la Chine en termes de droits humains?
M. Zanetti : Évidemment, non.
Vous ne me ferez pas dire que, demain matin, on est comme tel, tel, tel pays
qui oppresse, tu sais, comme ça n'a pas de bon sens, sauf que, clairement, il y
aura un recul. Il y aura un recul sur la protection des droits de la personne.
Et ça, ça ne touche pas juste les minorités parce que les personnes, c'est tout
le monde, et c'est, pour nous, quelque chose qui est un recul. Et moi, je
préférerais que le Québec avance, là, et qu'il ne recule pas sur ce qu'il est,
sur ses propres valeurs, sur son identité propre.
Mme Lajoie (Geneviève) : Quelle
importance il faut accorder à l'ONU, à cette inquiétude de l'ONU? On sait qu'il
y a des pays comme la France, par exemple, qui vont beaucoup plus loin qu'ici,
là, c'est-à-dire qu'ils empêchent même les gens d'avoir le voile intégral sur
la place publique. Les jeunes étudiantes à l'école ne peuvent pas porter le
voile. Puis je ne pense pas que la France...
M. Zanetti : Il y a deux
aspects dans votre question. La première, c'est : Qui est l'ONU pour nous
dire ces affaires-là? Il faut voir que le rapport fait par l'ONU, il est fait
par trois experts de la question, qui analysent ces choses-là de façon
internationale. Ce n'est pas le gouvernement chinois qui nous a envoyé une
lettre, là. Alors, je pense que les experts de l'ONU, là, ils sont importants.
Il est important qu'il y ait des organisations internationales qui jettent un
regard objectif lorsque des pays comme ça légifèrent un peu en vase clos.
Et, par rapport à l'exemple de la France,
si la France était un exemple d'intégration et d'harmonie sociale, ça se
saurait. Mais il faut regarder, il faut juger une législation comme celle-là
pas à ses intentions, mais à ses conséquences. Et ce qu'on peut voir, c'est qu'en
France, en 2004, quand ils ont interdit le voile dans les écoles, ce n'est pas
une législation qui est pareille au p.l. n° 21. C'est
différent, mais il y a des analogies qu'on peut faire quand même. Il y a des
parallèles qu'on peut faire. Et, 15 ans plus tard, une étude récente de
Stanford a montré c'est quoi, les effets sur les femmes musulmanes qui portent
le foulard, et les effets, bien, c'est qu'elles sont moins autonomes, elles
sont plus à la maison, elles travaillent moins, elles sont plus dépendantes de
leur mari et elles ont plus de méfiance envers les institutions scolaires.
Alors, est-ce que c'est ça qu'on veut au
Québec? Je ne pense pas. Moi, ce n'est pas ça que je veux. Je ne peux pas
croire que c'est ce que veut François Legault. Je ne peux pas croire que c'est
ce que veut Simon Jolin-Barrette.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Il y
a une vraie inquiétude au Québec, parmi une partie de la population, de gens
qui s'inquiètent de différentes choses, notamment un recul de la laïcité, avec
parfois des immigrants qui affichent plus visiblement leur foi par des signes
religieux. Qu'est-ce que vous proposez pour apaiser cette inquiétude, qui est
réelle, si on n'adoptait pas le projet de loi n° 21?
M. Zanetti : Je pense que
cette inquiétude-là vient du fait qu'il y a beaucoup de personnes, des
chroniqueurs, entre autres, là, qui ont été alarmistes sur cet enjeu-là. Il y a
beaucoup aussi… Puis là je ne parle pas de vous, là, les médias traditionnels,
mais, tu sais, des sites de fausses nouvelles, là, faites de façon... pas par
des journalistes, mais par des gens mal intentionnés qui veulent faire du clic,
là. Il y en a, puis il y en a en français. Ils ne sont pas nécessairement au
Québec, là, mais ça vient jusqu'ici. Et je pense que ça sème des inquiétudes
qui sont, par rapport à la législation québécoise, injustifiées. Tu sais, au
Québec, là, il y a des lois pour protéger l'égalité entre les femmes et les
hommes, et ça, ça ne disparaît pas. Au Québec, il y a des lois pour...
Une voix
: ...
M. Zanetti : Je m'excuse. Je
veux compléter ça, c'est important. Il y a des lois pour empêcher qu'un
enseignant fasse du prosélytisme ou ne soit pas neutre. Il y a des lois pour
protéger la laïcité en actes, la laïcité réelle, la laïcité, là, dans nos
gestes, pas sur les apparences, mais sur les gestes, et c'est ça qui est
important. Puis ce qu'on pourrait faire, et ce que je propose, pour en venir à
votre question, bien, c'est qu'on arrête de financer avec des fonds publics des
écoles privées confessionnelles, qui, elles, enseignent carrément la religion,
ce qui ne devrait pas être le rôle d'une école financée par le public. Puis, tu
sais, en ce moment, on pourrait questionner aussi le financement ou les
avantages fiscaux donnés aux organisations religieuses. Tu sais, il y a toutes
sortes de choses qu'on pourrait faire pour améliorer la laïcité de notre État,
qu'on ne fait pas pendant qu'on se concentre sur des questions d'apparence.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Quand vous parlez de chroniqueurs...
M. Zanetti : Oui, je ne veux
pas en nommer pour faire de guerre. Ils écrivent tous sur moi, puis on se
chicane, puis je ne veux pas nommer... Mais je pense que ça, c'est clair. Tout
le monde qui lit un peu toutes les chroniques, là, on voit qui qui est alarmiste,
qui qui ne l'est pas. Mais je ne veux pas me lancer là-dedans parce que…
Mme Porter (Isabelle) : Mais
en quoi le fait de cesser de financer des écoles privées religieuses va
vraiment apaiser la population si vous dites que la population est alarmée par
des chroniqueurs?
M. Zanetti : Bien, c'est un
ensemble de choses. Il n'y a pas un seul facteur, là, mais il y a beaucoup de
choses qui... Quand on va sur les réseaux sociaux, là, puis qu'on regarde ça,
puis si on prend tout pour du cash, ce qui circule là-dessus, bien, on est
alarmé, surtout, tu sais, quand on n'est pas en contact fréquent avec des gens
qui portent des signes religieux, quand on ne travaille pas avec des gens comme
ça.
Tu sais, c'est drôle, je recevais des
femmes musulmanes de Québec à mon bureau cette semaine parce qu'elles voulaient
me donner des… me faire part de ce qu'elles vivaient. Puis, c'est drôle, elles,
elles se font toujours dire, elles portent des signes religieux puis elles se
font dire : Tu sais, moi, je suis contre les femmes qui portent le
foulard, mais pas toi. Tu sais, toi, tu es spéciale, toi, tu es différente.
Mais oui, mais c'est parce qu'elles... C'est parce que toi, je te connais. Tu
sais, c'est un peu ça qui se passe. Quand on connaît les femmes qui portent le
foulard, là, et qui sont superintégrées à la société québécoise, et qui ont
étudié, et qui ont des postes importants, et qui rendent service, et qui font
tout ça, bien, on réalise que ce n'est pas l'image qu'on en dresse, ce n'est
pas l'image qu'est venue dire qu'avaient les... En commission parlementaire,
Djemila Benhabib, quand elle est venue dire que les femmes qui ne voulaient pas
enlever leur foulard, c'étaient des intégristes, ça, ce n'est pas vrai. Ça, ce
n'est pas vrai. Et tant que le monde va penser que ça, c'est vrai, bien, c'est
évident qu'ils vont avoir peur de ça. Tu sais, ça va les inquiéter.
Mais je pense qu'on doit avoir la
responsabilité, au gouvernement... Tous les législateurs, tous les partis
politiques, tout le monde, tous les médias, tout le monde, on a cette
responsabilité de dédramatiser ça puis de défaire ces clivages-là qui nous
amènent dans une direction qui n'est pas celle qu'on veut prendre, parce que le
p.l. n° 21, il a beau avoir beaucoup d'appuis, là...
Le sondage Léger qui est sorti puis qui a dit que, quand les gens savent que ça
va atteindre les droits et libertés de la personne, l'appui descend de
20 %, c'est significatif. Il y a une fausse représentation qui est faite,
pas par vous, là, mais par... Quand le gouvernement dit : C'est un projet
de loi qui est modéré, ce n'est pas vrai. Quand le gouvernement dit :
C'est un projet de loi qui ne vise pas plus que les femmes que les hommes, ce
n'est pas vrai. Quand le gouvernement dit que ça ne vise pas une religion plus
qu'une autre puis etc., je comprends, dans le texte, là, mais, dans les effets,
ce n'est pas vrai. Et je pense que c'est ce message-là qu'on doit amener.
Et moi, je l'ai dit précédemment, mais je
vais le dire encore. Si toutes les Québécoises et les Québécois avaient pu
avoir accès à ces audiences-là, publiques, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup
qui auraient changé d'idée parce qu'ils auraient fait : Aïe! ce n'est pas
ça que je pensais que c'était, le p.l. n° 21, et ce
n'est pas ça que je veux. Je ne veux pas qu'il y ait du monde exclu de nos
institutions, qui, après ça, se replient sur leur communauté parce que c'est la
seule place où ils se sentent bien. Ce n'est pas ça qu'on veut au Québec, je
pense. Il n'y a personne... Si quelqu'un veut ça au Québec, qu'il le dise, là,
mais je ne pense pas que ça existe.
Mme Lajoie (Geneviève) : Justement,
puisque, là, il y a une inquiétude de la part de l'ONU, est-ce que... Je vais
vous reposer la question. Je vous l'ai déjà posée, M. Zanetti. Est-ce que ça
mérite de l'obstruction parlementaire pour l'adoption de ce projet de loi là?
M. Zanetti : On ne fera pas
d'obstruction parlementaire. Nous autres, on s'est exclus, complètement exclus.
Nous autres, on va faire notre travail. On va dire ce qu'on a à dire. On va
proposer des amendements qui sont susceptibles de limiter les dégâts. Tu sais,
on ne votera pas pour ce projet de loi là. Mais nous, on voudrait que le gouvernement
recule, évidemment, qu'il se remette en question, qu'il voie un peu le signal
envoyé par l'ONU comme quelque chose de problématique et puis qu'il recule
là-dessus. Mais, si jamais il ne le faisait pas, bien, je voudrais au moins que
ces interdictions-là touchent le moins de personnes possible. Et notre
intervention va aller dans ce sens-là. Je pense que c'est notre devoir. Alors,
on va faire ça. Mais il n'est pas question pour nous de faire de l'obstruction
parlementaire. Je pense qu'il serait trop content qu'on fasse de l'obstruction
parlementaire.
Mme Porter (Isabelle) : Sur un
autre sujet, qu'est-ce que vous pensez de la présence des gens du pacte et de
nombreux environnementalistes qui s'annoncent au congrès de la CAQ en fin de
semaine?
M. Zanetti : Bien, moi, je...
Il y a urgence. Il y a urgence climatique. Nous, à Québec solidaire, on fait
pression au maximum sur le gouvernement avec notre Ultimatum 2020. On veut que
l'État du Québec respecte les cibles des experts internationaux du GIEC pour
les changements climatiques, et ça, c'est superimportant. Que des
environnementalistes, en ce moment, veuillent avoir une influence d'une façon
différente, je veux dire, moi, je comprends ça parfaitement. C'est l'urgence.
On n'est plus à se demander qui doit faire quoi. Oui, c'est bizarre que Dominic
Champagne prenne une carte de la CAQ, c'est spécial, tu sais, c'est contre-intuitif.
Mais je comprends qu'il prenne ces moyens-là. S'il estime que c'est la façon de
faire une pression maximum sur le gouvernement, eh bien, je peux souhaiter
qu'il soit entendu, là.
Mme Porter (Isabelle) : Vous
ne trouvez pas ça décevant qu'il y ait, je pense, même pas 300 000
personnes qui ont signé le pacte jusqu'à présent, malgré toute la publicité
dont ça a pu faire l'objet, étant donné l'importance que vous accordez à cet
enjeu-là?
M. Zanetti : Bien, moi, je
trouve que 300 000, c'est beaucoup, là. Ce n'est pas une pétition
exactement, mais des causes et des pétitions qui atteignent ce niveau d'appui
là, en mémoire, il ne m'en vient pas d'autres. Je pense que c'est énorme. Moi,
je trouve que c'est un signal fort. Et les grosses manifs, ces temps-ci, là,
elles ne sont pas pour l'interdiction des p.l. n° 21.
Regardez les manifs du p.l. n° 21, à quoi elles
ressemblent, là, puis regardez les manifs de l'environnement, les manifs des jeunes.
C'est là qu'il y a une urgence. C'est là qu'il y a une menace à la société
québécoise et au monde entier.
Le Modérateur
: Une
question en anglais.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. Can you start with your opening statements, your preoccupations
about the preoccupations of the United Nations?
M. Zanetti :
Yes. The UN is now raising a red flag, and the Government should take notice. It's
an invitation to think about it and to question ourselves as… Well, the Government
should question itself. What the UN is saying, most of their preoccupations, we
heard them already in the public consultations on Bill 21 and we share
those preoccupations, most of them. And, I think it's saying the message that,
you know, we should think outside of our little, like, province of Québec and
look at what's happening in the world right now. And, what the UN is saying
about… that there's no definition of religious symbols, it's a real
preoccupation because it could cause an interpretation of what is this
definition that could be really… that could endanger a lot of people, I mean,
for their human rights. And there's a paradox also because, if the Government
does give a definition of religious symbols, well, he's not acting as a secular
State. He's taking the decision on a religious matter, which is exactly what he
shouldn't be doing. So, there's this paradox. You define it, you don't define
it. Both ways, it's a catch-22.
Mme Fletcher (Raquel) : So, there's a fundamental problem in trying to create a legislation
or to try to legislate this issue. As I remember, you're not saying that… People
who say: We want a secular State, that's fine.
M. Zanetti :
Yes, of course.
Mme Fletcher
(Raquel) : But there's a fundamental problem
in how to legislate it.
M. Zanetti :
There's no problem to make a legislation on the secularity of the State. No
problem. We could go further than we go actually. But doing a bill on what
people wear is something completely different. So a secular State is one thing,
and then the interdiction of religious symbols is completely another thing. And
that's very difficult to apply because what is a religious symbol exactly?
Women wearing the hijab, some of them will think it's a religious symbol, some
others will say no, it's not. So, who is Simon Jolin-Barrette to decide of
those matters?
Mme Senay (Cathy) : The Human Rights Council sent a letter to the Canadian Government
in other circumstances, for example, for spring 2012, with student protests,
and the Canadian Government answered to the Human Rights Council's
preoccupations a year later. The Human Rights Council does have only limited
powers. So, what do you want from the Legault Government… with this letter, to
do?
M. Zanetti :
I want him to question himself. I want him to take a step back about Bill 21.
He was in New York…
Mme Senay (Cathy) : But they don't have to. They don't have to take a step back. They
don't have to question the… The Legault Government could totally ignore this
letter, and that's it.
M. Zanetti :
Of course, yes, but it's not about what he can do, it's about what he should do.
And what the Legault Government should do right now is to take a step back on
Bill 21 because it's not a good bill. He should listen to the UN not by saying:
Oh! we should do whatever the UN says we should do. No, but we have to think
about what other people are thinking about it, other people that are studying
those legislations around the world and are saying: There is a problem with
that one. There is a problem because it could go too far because there's no
definition of religious symbols.
Mme Senay (Cathy) : And you said — this is not the
first time you said it — that you wish people,
citizens would have listened to the consultations on Bill 21. Those in favor of
the bill would probably change their minds. So, basically, what does that mean?
Do you have the impression that the UN is helping people who have a doubt,
giving credibility, in a sense, of people who have a doubt on Bill 21? What's
the role of the UN, the Human Rights Council, those special «rapporteurs»,
those special advisors?
M. Zanetti :
The role of the UN in that situation is to raise a red flag by saying: OK, you
have your debate in Québec, that's fine, you do what you want, but after, you
know, we study what's happening all over the world and what we say is that what
you're doing right now, it could lead to dangerous limitations of rights or
abusive limitations of rights. So, the role of the UN is to make us think about
what we're doing right now, and I think that's what we should do.
Mme Senay (Cathy) : And what can be the consequences you see for the Legault Government
and the Canadian Government? Well, for the Legault Government, to ignore this
letter, what can be the consequences?
M. Zanetti :
It's hard to say. I wish the Government wouldn't always act calculating what
will happen bad to him if he does something else, but what will happen bad to
us. I mean, there's no consequence if he ignores what the UN is saying, but
there's a consequence for us, for the people, for the Québec society. There's a
consequence that is really bad if we go back on our rights, if we limit our own
«charte québécoise des droits et libertés». That is the problem. That is the
consequence we should fear.
Mme Senay (Cathy) : And, for the Canadian Government, do you have the impression that
that's another source of dissension between Québec and Ottawa?
M. Zanetti :
Of course, but I really wish the Canadian Government don't interfere in our
business. I think it will make things worse. I don't think that the Canadian
Government should tell Québec what to do. Québec should be an independent
country and take its own decisions. But we have to take the good decisions, and
that's what this Bill 21 is about.
Mme Senay (Cathy) : But the UN is talking directly to the Canadian Government, so…
M. Zanetti :
Yes. One day, they will speak directly to us.
Le Modérateur
:
Je vous remercie beaucoup.
Mme Senay (Cathy) : Non, non,
non! Je n'ai pas fini. Excusez-moi. Yes, but I just would like
to clarify this point. I mean, the UN has no choice but to speak directly to
the Canadian Government.
M. Zanetti :
Of course.
Mme Senay (Cathy) : The letter was sent to the ambassador in Geneva. So, what can be
the dynamic between Ottawa and Québec regarding this now?
M. Zanetti :
I think that, if Canada tries to force Québec into doing something in particular, it
will just help people who are pretending that this bill is an important thing
for our, like, power or sovereignty. I think it's not. And, if Canada interferes in that, he will just put oil on the fire, and it will
not be a good idea. So, I mean, the Canadian Government should never interfere in our business. One day, it will happen,
we'll make that happen. But, in the meantime, it's a debate we have in Québec. And we hope that we'll be able to
take the best decisions for everybody.
Mme Senay
(Cathy) : I have one last question regarding
the Government.
Le Modérateur
:
Je vous remercie beaucoup.
Mme Senay (Cathy) : Attends!
Excuse-moi. Je m'excuse, c'est important.
Le Modérateur
: On a un
engagement. On doit partir.
Mme Senay
(Cathy) : One last question regarding… The CAQ
is holding its general council this weekend on the environment. What do you
think about the fact that Dominic Champagne will be there, Karel Mayrand will
be there? I mean, is it sufficient to prove to the population that the CAQ is
taking this issue seriously?
M. Zanetti :
Of course not. I mean, we have to make our judgment based on what the CAQ will
do in fact, not who is at their congress. So, I mean, they could have, I don't
know, Hubert Reeves at their congress, it wouldn't change anything on what we
should think of what they will do, because I understand that those people want
to have infants, and I completely understand that, but, after that, what's
important to me is: Will CAQ invest in fossil energy or will they not? Will
they go in the good direction for real or will they just do marketing? So, for
us, it's not sufficient.
Mme Senay (Cathy) : So, it's about visibility, this weekend, image?
M. Zanetti : I think that the environmentalists that are there are really trying
to make a better situation
about what's… They are trying to make something good, and I completely respect
that. But, after that, we'll have to look at the consequences, and what the
real decision will be, and what actions will be taken for climate change. And
that's what we should focus on, I think.
It's OK? Merci. Au
revoir.
(Fin à 11 h 50)