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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition, et Mme Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue

Version finale

Le mardi 7 mai 2019, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Très content d'être avec vous ce matin. Dans les derniers jours, dans les dernières semaines, en fait, le Québec a été touché par une crise des inondations d'une ampleur historique. Nous avons tous été impressionnés par la générosité des citoyens, par le travail efficace des services d'urgence et par la résilience des milliers de sinistrés. Au moment où on se parle, ils sont encore plus de 10 000, d'ailleurs, à ne pas pouvoir regagner leurs domiciles. Montréal vient de prolonger l'état d'urgence, et la classe politique, gouvernement et opposition, doit démontrer qu'elle est capable de travailler ensemble pour trouver des solutions.

On sait qu'il y a beaucoup de choses dans l'actualité, depuis les derniers jours, mais, si on est devant vous ce matin, c'est parce qu'on est convaincus d'une chose, cette crise-là ne doit pas tomber dans l'oubli.

En 2017, tous les médias, tous les politiciens avaient couvert la crise des inondations pendant des jours. Ça avait fait la manchette pendant plusieurs, plusieurs jours, tout le monde avait promis de ne pas lâcher le dossier, tout le monde avait promis de demander des comptes. Et pourtant, quand l'eau s'est retirée, bien, l'attention médiatique s'est retirée avec, la volonté politique aussi, et, pendant deux ans, rien n'a été fait. Et c'est ce qui nous a amené, en 2019, à une nouvelle crise des inondations. À Québec solidaire, on refuse de lâcher le morceau et c'est pour ça qu'on est devant vous ce matin.

On salue, je veux le réitérer, on salue la création par le premier ministre d'un comité interministériel. Sauf que les ministres et les fonctionnaires n'ont pas le monopole de la vérité, aussi bien intentionnés soient-ils. Les citoyens veulent voir leurs élus prendre part à ce débat de société, un débat de société qui est urgent et qui doit être mené en toute transparence. Il faut que tous les partis politiques puissent contribuer à la réflexion. C'est la seule façon de se sortir de la mentalité «Band-Aid» qui, on l'a bien vu ce printemps, ne tient plus à l'air des bouleversements climatiques.

C'est pour ça que, tel qu'on l'avait annoncé la semaine dernière, j'ai fait parvenir ce matin une demande de débat d'urgence au président de l'Assemblée nationale, et nous attendons sa réponse. On attend également l'invitation des membres de la Commission de l'aménagement du territoire quant au mandat d'initiative qu'Émilise Lessard-Therrien a demandé la semaine dernière, un mandat qui, je vous le rappelle, demande une commission parlementaire pour étudier les moyens à prendre pour prévenir les inondations dans un contexte d'adaptation aux changements climatiques.

Quand François Legault dit qu'il faut agir rapidement, il a raison. Mais il y a une différence entre agir vite et foncer dans le tas sans prendre le temps d'entendre les autres partis politiques. Un débat d'urgence de quelques heures pourrait permettre à tous les partis politiques de mettre de l'avant leurs pistes de solution non pas pour faire de la partisanerie, mais, au contraire, pour travailler ensemble à la recherche de solutions.

C'est pour ça qu'on est devant vous ce matin. C'est pour ça qu'Émilise va vous présenter l'initiative que nous mettons de l'avant. Ce sont des pistes de réflexion que l'on lance pour, on l'espère, inspirer le gouvernement, et c'est ce qu'on compte lui présenter lors du débat d'urgence de cet après-midi, s'il a lieu. Émilise.

Mme Lessard-Therrien : Bon matin. Donc, comme vous savez, la semaine dernière, j'ai demandé la tenue d'un débat d'urgence pour prévenir les inondations dans un contexte de changements climatiques. En attendant, on n'est pas restés les bras croisés à savoir si le mandat allait être accepté ou pas. On a travaillé sur un nouveau pacte social avec les riverains, la nature et les municipalités, qu'on a appelé le Pacte rivière.

Quand j'ai entendu François Legault parler de cartographier les zones inondables, je me suis dit : O.K., c'est un excellent début, mais après? Cartographier sans réaménager ensuite, c'est comme poser un diagnostic sans écrire de prescription.

La raison pour laquelle il y a autant de monde les deux pieds dans l'eau, c'est qu'on a construit, construit, construit jusqu'à piler sur l'espace vital de nos cours d'eau. Non seulement il faut arrêter de faire ça, mais il faut relocaliser solidairement les citoyens qui résident actuellement en zones inondables. Ils n'ont pas à payer le prix de décennies de mauvaises décisions d'aménagement, et le gouvernement doit considérer une modulation régionale de l'indemnisation pour la relocalisation.

Est-ce que ça veut dire que nos berges vont devenir des villes fantômes? Non. C'est une occasion de créer des parcs riverains inondables, publics et accessibles à tout le monde. Cette façon-là d'aménager notre territoire, c'est ce qu'ils appellent le «room for water» aux Pays-Bas, et on s'en inspire directement. En cohabitant avec nos cours d'eau, au lieu de les coloniser, on leur redonne un espace de liberté tout en profitant tous et toutes de leurs berges.

Voilà à quoi ressemble le «room for water». Ce n'est pas notre illustration, c'est une illustration du projet Waterfront à Toronto. Vous en conviendrez, c'est pas mal plus enthousiasmant que les paysages de dévastation qu'on voit en ce moment à la télévision.

Le deuxième volet du Pacte rivière concerne notre rapport avec la nature. La digue la plus efficace et la moins chère contre les inondations, c'est nos milieux humides. Au Québec, on s'est dotés d'une loi avant-gardiste sur la protection des milieux humides et une politique de protection des rives, mais, sur les terrains, ses modalités sont encore mal connues, et son application varie d'une municipalité à l'autre. C'est particulièrement préoccupant quand on regarde ce qui s'est passé dans les dernières semaines. Plein de petites infractions à la loi, qu'est-ce que ça donne au final? Une catastrophe.

Ensuite, la CAQ ne doit pas manquer une autre cible environnementale, l'atteinte de 20 % d'aires naturelles protégées sur le territoire québécois. On se rappelle qu'on est seulement à un petit peu plus de 10 % actuellement. Ajouter des aires naturelles protégées dans le sud du Québec, c'est contribuer à l'aménagement durable des territoires et aux fonctions de rétention des eaux.

Finalement, le troisième volet du Pacte rivière, c'est un nouveau partenariat avec le palier municipal. On a beaucoup entendu les gens blâmer les municipalités dans le développement en zones inondables, mais ce n'est pas étonnant quand on sait que notre système de fiscalité municipale les encourage à faire ça. L'impôt foncier, c'est 70 % des revenus des villes. Il faut inverser la tendance. Ça commence par le transfert d'un point de pourcentage de la TVQ aux villes, comme l'a promis la CAQ. Ensuite, il faut poser les bases d'un chantier qui va réformer la fiscalité municipale de fond en comble pour marier revenus avec développement responsable. Les municipalités doivent également mettre les citoyens à contribution, notamment les organismes de bassin versant et les groupes écologistes, qui sont les mieux placés pour faire part des réalités locales. Finalement, une fois qu'on aura financé la révision de la cartographie des zones inondables, il va falloir équiper les municipalités pour les interpréter sur une base permanente.

Voilà le Pacte rivière qu'on propose à la CAQ, un nouveau pacte social entre les riverains, la nature et les municipalités pour une réponse durable et structurante aux inondations. Merci.

M. Nadeau-Dubois : Peut-être, juste avant de prendre les questions, vous indiquer que... Vous allez, je suis sûr, remarquer que le plan qu'on présente ce matin n'est pas chiffré, et la raison en est simple. On a consulté, dans les derniers jours, plusieurs experts, notamment les organismes de bassin versant, pour obtenir des chiffres, notamment le chiffre le plus important pour le Pacte rivière, c'est-à-dire obtenir la superficie de berges qui ont été urbanisées en zones inondables dans les dernières années. Malheureusement, ces données-là, le gouvernement les a mais refuse de les rendre publiques. C'est ce qui a rendu difficile pour nous le fait de chiffrer notre proposition.

Et je me permets d'ajouter que ça milite en faveur de la commission parlementaire qu'a demandée Émilise parce que voilà justement pourquoi cette réflexion-là ne peut pas se faire seulement dans les bureaux du gouvernement et des fonctionnaires. Il faut une réflexion publique, il faut un débat de société où les experts pourront, en public, de manière transparente, donner leurs analyses, donner leurs chiffres et où on pourra réfléchir ensemble à comment réaménager les berges au Québec.

Voilà. On prend vos questions.

M. Cormier (François) : Bonjour. François Cormier, TVA. Le premier ministre expliquait la semaine dernière que la moyenne des maisons se paient 200 000 $, au Québec, et qu'il ne pouvait pas demander à des gens qui ont une maison, en moyenne, de 200 000 $ de payer 400 000 $... de rembourser 400 000 $ à des gens qui ont visiblement beaucoup plus d'argent. Qu'est-ce que vous voulez dire par «une modulation régionale»?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, on est très conscients que la relocalisation de ces maisons-là doit se faire dans un ensemble. Si on a juste une maison qui déménage, mais qu'il en reste quatre autour, bien, on passe à côté de notre objectif de prévenir les inondations. Donc, on est très conscients que c'est «touchy» comme situation. C'est pour ça que nous, on est ouverts à une modulation régionale en fonction des régions parce qu'on sait que le prix... l'évaluation moyenne des maisons varie beaucoup d'une région à l'autre. Donc, pour s'assurer d'une relocalisation solidaire, c'est de se donner toutes les marges de manoeuvre pour faire accepter cette proposition-là au public. Donc, nous, on est ouverts à une modulation régionale en ce sens.

M. Cormier (François) : Vous reprochez à M. Legault de vouloir aller vite, mais, et le gouvernement du Québec, et le gouvernement du Canada disent : Il faut absolument agir avant le printemps 2020 pour partir des constructions qui vont être faites avant le printemps 2020, c'est dans quelques semaines. Comment est-ce qu'on peut reprocher à des paliers de gouvernement d'aller rapidement?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, il faut savoir que l'aménagement du territoire comme ça, c'est une vision qui doit être concertée. Puis ce qu'une municipalité va décider de faire sur son territoire peut avoir des incidences sur ce qui va se passer en amont et en aval, donc c'est pour ça qu'il faut se donner quand même le temps d'avoir cette réflexion-là qui va être concertée, qui va impliquer différents milieux.

Je pense aussi aux organismes de bassin versant, qui ont la spécialité du territoire en fonction des bassins versants, donc d'où l'eau part et vers où elle s'écoule. Et c'est important, justement, d'avoir cette vision concertée là pour avoir une solution qui va être durable à long terme, mais qu'on ne pellette pas le problème dans la cour du voisin, si une municipalité décide d'agir d'une certaine façon, mais qu'il y ait des conséquences néfastes soit en amont ou en aval.

M. Cormier (François) : Je m'en permets une petite dernière...

M. Nadeau-Dubois : Je me permets peut-être juste d'ajouter qu'on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps. Il y a des réparations, il y a des travaux urgents à faire, et ça, le gouvernement a bien raison d'agir rapidement, et on n'est pas là pour le leur reprocher, ce matin.

Ceci étant dit, ces travaux urgents là, c'est la pointe de l'iceberg seulement. On le voit, là, puis on ne le voit pas juste au Québec, on le voit partout, il faut revoir notre manière d'aménager le territoire, surtout autour des cours d'eau, et ça, c'est un grand chantier. Parlez-en aux municipalités qui développent depuis des années sur un modèle qui n'est pas viable.

Et ça, ça prend un débat de société parce qu'on ne le fera pas contre les municipalités, on ne le fera pas contre les familles qui habitent sur le bord de l'eau, il va falloir le faire tout le monde ensemble, et ça, ça prend un débat public, un débat politique. Ce n'est pas juste une affaire d'experts, c'est une affaire de société puis de comment on habite notre territoire. D'où le débat d'urgence et d'où la commission parlementaire pour faire cette réflexion-là pendant qu'on commence déjà les réparations urgentes.

M. Cormier (François) : Je m'en permets une petite dernière, juste pour le plaisir, parce que vous avez reproché à la volonté politique de ne plus être là, après 2017, et à l'attention médiatique d'être baissée. Moi, je me souviens de nos nombreux reportages pour talonner M. Coiteux sur la question après 2017. Vous, où étiez-vous, après 2017, sur cet enjeu-là? Et pourquoi ne pas l'avoir ramené de l'avant, vous, au lieu de nous reprocher, nous, de ne pas avoir été là?

M. Nadeau-Dubois : Ah! bien, je dirais que c'est une prise de conscience collective, hein? Le monde politique et le monde médiatique dansent ensemble, et souvent les politiciens sont très présents, quand on leur pose beaucoup de questions, et, quand il y a moins de questions, bien, leur volonté politique, elle peut s'étioler. Et c'est ça qui s'est passé. Puis ce n'est pas la responsabilité de personne en particulier, c'est la démonstration que, quand on a des chantiers de société à faire, bien, il y a une responsabilité de la classe politique d'avoir du leadership.

Moi, je pense à mon collègue Amir Khadir, par exemple, qui avait fait une proposition constructive, à l'époque, de mettre sur pied un programme national d'assurance inondations. Ça, ça avait été un geste qu'avait fait Québec solidaire pour tenter de relancer le débat, pour tenter d'amener des solutions constructives. Ça n'avait pas été écouté, et on s'est retrouvés, deux ans plus tard, exactement au même point.

Et c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui, vous l'avez bien vu, pas pour lancer la pierre à personne, pas pour dire que le gouvernement Legault a mal géré la crise, vous ne nous avez pas entendus dire ça. On est ici pour donner des solutions et pour montrer que, quand on demande un débat d'urgence, quand on demande une commission parlementaire, ce n'est pas pour flasher, c'est parce qu'il y a des grandes réflexions en matière d'aménagement du territoire. Il faut les avoir et il faut un forum pour que tous les partis participent.

La volonté politique, ce n'est pas seulement les ministres et les fonctionnaires, c'est l'ensemble de la classe politique qui doit se mobiliser puis envoyer le signal qu'on ne rejouera pas dans le film de 2017 puis que cette fois-ci, là, on va continuer à en parler. Et nous, on est là ce matin, même si on sait qu'il y a beaucoup d'autres enjeux dans l'actualité, parce qu'on ne veut pas lâcher le morceau puis on veut continuer, que cet enjeu-là fasse jaser au Québec.

M. Poinlane (Pascal) : Pascal Poinlane, de Radio-Canada. Il y a beaucoup de municipalités qui ont leurs centres-villes en zone inondable mais qui sont entourées de terres agricoles. C'est le cas à Sainte-Marie, où il ne reste pas de terrain vacant, et le maire essaie de faire dézoner des terres agricoles pour bâtir des nouvelles maisons, déménager les gens. À vos yeux, avec votre Pacte des rivières, est-ce qu'il faut céder des terres agricoles pour faire un développement urbain et sortir des maisons, sortir des entreprises des zones inondables?

Mme Lessard-Therrien : C'est une excellente question, puis je pense que c'est une excellente question qui va pouvoir se poser aussi à travers le mandat d'initiative, où on va pouvoir avoir un ensemble d'experts autour de la même table pour, justement, documenter ce genre de question là. Parce qu'effectivement est-ce qu'on va mettre en péril... «en péril», c'est peut-être un gros mot, mais faire attention avec nos territoires agricoles versus le développement immobilier? La question se pose définitivement, et je pense que c'est une belle question à avoir, à traiter autour d'un mandat d'initiative, entre autres.

M. Poinlane (Pascal) : Donc, vous n'y avez pas pensé quand vous avez fait votre Pacte des rivières ou...

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, d'abord, la cartographie des zones inondables va être importante. Puis, en même temps, comment on va décider d'aménager notre territoire en amont de ces endroits-là, où les zones inondables peuvent se retrouver dans des centres urbains, bien, peut-être que la donne va changer, si, en amont, on décide de donner la liberté naturelle que la rivière a besoin pour déborder.

Donc, je dirais qu'à ce stade-ci la question est peut-être un peu embêtante à répondre parce que cette réflexion-là va peut-être faire en sorte que ça va changer sur le terrain, au jour d'aujourd'hui, comment ça se passe.

M. Poinlane (Pascal) : Plusieurs petites villes aussi, dans des régions rurales... Ce n'est pas pour rien que le centre-ville est bâti proche de la rivière, c'est pour des raisons historiques. Souvent, il fallait se bâtir proche du cours d'eau, c'était la voie de navigation, bon, c'est là où on va chercher de l'eau. Alors, qu'est-ce que vous allez faire... Qu'est-ce que vous proposez, dans le cas de petites municipalités où tout le centre-ville, donc toute la raison d'être du village ou de la ville, n'existerait plus si on déménage le centre-ville, qui est carrément en zone inondable? C'est le cas de Beauceville et de bien des municipalités, où l'église, la caserne des pompiers, tout est en zone inondable, là, dans certaines municipalités.

Mme Lessard-Therrien : Encore là, c'est une excellente question. Dans le cas des inondations, il y a la quantité d'eau qui va jouer, mais il y a aussi la vitesse à laquelle l'eau va arriver dans les ruisseaux, dans les rivières, qui va faire en sorte de gonfler artificiellement, on s'entend... momentanément peut-être, c'est le mot le plus juste, le niveau de l'eau. Donc, si on met toutes les précautions en amont, pour faire des bassins de rétention, pour revitaliser les berges aussi, qui va faire en sorte qu'il va freiner le ruissellement des eaux dans les cours d'eau, toutes ces mesures-là combinées ensemble, on le souhaite, et c'est ce que les experts pourront nous confirmer, vont faire en sorte de freiner l'arrivée de ces gros débits d'eau là qui inondent parfois les centres-villes et les municipalités.

Une voix : Merci.

M. Nadeau-Dubois : J'ajoute un petit élément. Les questions que vous posez, là, le fait que vous nous posiez ces questions-là, en soi, c'est d'excellents arguments en faveur d'une commission parlementaire parce que ça montre que la question de l'aménagement du territoire, oui, c'est les bassins versants, c'est les régimes hydriques, mais c'est aussi le patrimoine bâti, c'est aussi la vie communautaire des villes et des villages du Québec, et tout ça est pris ensemble. C'est aussi les terres agricoles.  Et tout ça, ce n'est pas des enjeux qu'on peut couper comme un saucisson. C'est des enjeux qui sont pris ensemble.

Et on ne peut pas aborder des enjeux de cette complexité-là dans un groupe d'action interministériel pendant un an. Il faut un vaste débat public sur la question pour inclure le milieu de l'agriculture, inclure le milieu de la préservation du patrimoine, inclure les lieux communautaires, inclure des municipalités. Et, pendant qu'on fait ce grand travail de réflexion, il faut faire les réparations urgentes. Il faut faire les deux en même temps. Mais vos questions, vous voyez, on ne les a pas toutes, les réponses. C'est pour ça qu'il faut une commission parlementaire.

Une voix : Merci.

Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour. Patricia Cloutier, journal Le Soleil. La CAQ s'est engagée à réformer la loi ou le règlement sur les milieux humides parce que, bon, ça ne correspond pas... les compensations, là, ce n'est pas variable entre régions. Vous-même dans votre région, en Abitibi, il y a des gens qui militent pour que les compensations ne soient pas les mêmes. C'est quoi, votre position là-dessus? Est-ce qu'on devrait ne pas y toucher pour éviter de détruire d'autres milieux humides et avoir des inondations?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, nous, on parle d'une application intelligente de la loi. Je vous donne un exemple très concret. Dans la loi, il y a le principe d'aucune perte nette. Quand on pense à une région comme la mienne, l'Abitibi-Témiscamingue, où on a des territoires qui sont jusqu'à 60 % en milieu humide, avec le principe d'aucune perte nette, si on perd un milieu humide pour en recréer un artificiel, bien, le meilleur besoin pour l'environnement, ce n'est peut-être pas d'avoir ce milieu artificiel là, mais c'est peut-être plus d'aller reboiser des berges dans les milieux agricoles, qui fait en sorte qu'on a beaucoup d'érosion, que tous les nutriments s'en vont dans les ruisseaux. Donc, c'est de se garder une espèce de souplesse pour agir là où ça va être le meilleur pour l'environnement. Donc, nous, on parle d'une application intelligente de cette loi-là.

Mme Cloutier (Patricia) : Et, dans certaines régions, si je vous comprends bien, votre raisonnement, c'est qu'il faudrait peut-être même éviter d'en détruire, des milieux humides, dans des régions où est-ce qu'il y a des problèmes d'inondation, là.

Mme Lessard-Therrien : Absolument. Et il y a toujours une question... Je veux dire, l'hectare restant d'un milieu humide sur l'île de Montréal, par exemple, vaut beaucoup plus cher que les 100 hectares de milieu humide qu'on peut avoir du côté de l'Abitibi. Bien sûr que, dans certaines régions du Québec, les milieux humides ont tellement été atteints, et c'est la zone tampon parfois qui... bien, généralement, qui permet d'absorber les coups d'eau, les surplus d'eau. Donc, clairement, ces milieux humides là jouent un rôle essentiel, et il faut les préserver, absolument.

Mme Cloutier (Patricia) : Merci.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet?

M. Croteau (Martin) : ...sur un autre. Bonjour. Selon la Gazette, les résidents qui ont été inondés à Sainte-Marthe-sur-le-Lac pourront reconstruire leurs maisons, lesquelles sont protégées artificiellement par une digue. Qu'est-ce que vous pensez de ça à la lumière du Pacte rivière que vous proposez ce matin?

Mme Lessard-Therrien : Bien, justement, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut réaménager à l'extérieur des zones inondables parce que ce qui est arrivé là, en 2019, pourrait se répéter dans quelques années. Nous, ce qu'on veut, c'est un développement qui va durer dans le temps, donc, pour que les générations futures puissent arrêter d'avoir ces inondations-là.

On l'a vu aussi en 2011, à Saint-Jean-sur-Richelieu, où il y a plusieurs maisons qui ont été inondées. 40 % de ces maisons-là ont été réinondées... pas réinondées, mais, je veux dire, reconstruites dans les zones inondables. À un moment donné, il faut être conséquent, il faut apprendre de nos erreurs et ne pas reconstruire là où il y a eu... quand c'est en zone inondable. Ça, c'est clair.

M. Croteau (Martin) : Donc, pour être très précis, le gouvernement devrait empêcher Sainte-Marthe-sur-le-Lac d'autoriser la reconstruction de ces maisons?

Mme Lessard-Therrien : Bien, c'est un exemple précis de relocalisation solidaire, comme on le présente, qui devrait être effective. Et, je veux dire, oui, il faudrait relocaliser ces gens-là, pour répondre clairement.

M. Croteau (Martin) : O.K. Carrément. J'ai une question sur un autre sujet, si vous permettez.

M. Nadeau-Dubois : Bien sûr.

M. Croteau (Martin) : Il y a eu une controverse récemment au sujet du monastère de Berthierville. On apprend ce matin que le promoteur souhaite que Québec rachète le monastère, en se disant victime d'une expropriation déguisée. Quelle suite des choses attendez-vous du gouvernement dans ce dossier?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on se tourne vers la ministre. C'est à elle de détailler son plan. Elle a parlé, à un certain moment, de subventions. Est-ce que le gouvernement est prêt à racheter ou non? C'est des questions qui doivent se poser à la ministre. Et toute cette situation-là, je dirais, démontre qu'il faut cesser de gérer ça à la pièce. Parce que c'est ça, le problème avec le monastère de Berthierville. Il y a eu une controverse médiatique qui heureusement, heureusement a forcé la ministre à agir. Mais, on ne peut pas gérer le patrimoine bâti comme ça au Québec.

C'est une des raisons qui va dans le sens d'une des propositions de Québec solidaire qui est de mettre en place une commission permanente du patrimoine bâti pour traiter ces enjeux-là de manière globale. Parce que, là, on le voit, la ministre a fait la bonne chose en intervenant, et là, ça crée une situation problématique avec le promoteur. Ça montre que ce n'est pas comme ça qu'on peut gérer le patrimoine au Québec.

M. Croteau (Martin) : Merci.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 52)