(Quinze heures trente-neuf minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour. Aujourd'hui,
on a déposé une motion pour déplorer la décision du gouvernement du Canada de
refuser l'accès à l'ex-président catalan Carles Puigdemont au Canada, le droit
d'entrée qui lui avait été accordé de façon électronique. On a révoqué cette
autorisation-là pour des raisons qui n'ont pas été expliquées. En fait, on ne
voit pas les motifs que pourrait invoquer le gouvernement pour empêcher la
libre circulation de l'ex-président catalan au Canada, et plus particulièrement
au Québec, pour une tournée de conférences qui était planifiée.
Pour nous, c'est une décision déplorable,
et on souhaitait avoir l'appui de l'ensemble des partis représentés à
l'Assemblée nationale et de l'ensemble des députés, donc, pour déplorer cette
décision, une décision qui a d'ailleurs été qualifiée de... ou qui semblait
difficilement défendable aux yeux du premier ministre. Alors, il aurait été
opportun, à notre point de vue, de le signifier publiquement aujourd'hui ensemble,
comme quoi c'est une certaine atteinte à la démocratie et au voeu de la
population catalane de pouvoir décider de leur avenir.
Donc, les élus qui ont procédé à la mise
en oeuvre d'une consultation populaire, d'un référendum n'ont pas commis de
crime. Au contraire, ils ont écouté leur population de la même façon que les
chefs du Parti québécois l'avaient fait en 1980 avec René Lévesque puis en 1995
avec Jacques Parizeau. Évidemment, on l'a mentionné dans plusieurs
commentaires, nos chefs politiques qui ont tenu une consultation référendaire
n'ont jamais connu ou n'ont jamais été accusés de quoi que ce soit d'autre que
donner la parole à leur peuple. C'est aussi ce que les élus catalans ont fait.
Et maintenant, si le gouvernement Trudeau refuse non seulement l'entrée au pays
du chef Puigdemont, mais également refuse de lui accorder le droit de faire une
tournée du Québec pour expliquer sa vision des choses, son approche, c'est
aussi une atteinte de la même façon à la liberté d'expression et de parole d'un
politicien qui avait été dûment élu et qui s'était engagé à consulter sa
population et qui a simplement répondu à ses engagements.
Maintenant, le procès des élus catalans, qui
a cours aujourd'hui, est vu par beaucoup de commentateurs et beaucoup d'hommes
et de femmes politiques à travers le monde comme un procès justement politique.
C'est aussi notre avis. Le gouvernement, aujourd'hui, le gouvernement du Québec
et les membres de l'Assemblée nationale n'avaient pas à se prononcer sur les
affaires intérieures de l'Espagne ou de la Catalogne, mais simplement
revendiquer de la part du gouvernement canadien qu'il respecte ses propres règles,
c'est-à-dire de permettre aux Européens qui n'ont rien à se reprocher de venir
au pays en toute liberté, donc, et pouvoir discuter avec les Canadiens et les Québécois.
Ce qu'on déplore aussi de la part du
fédéral, c'est qu'il ne donne aucune explication sur sa décision. On souhaite
donc que le gouvernement revienne sur cette décision. On aurait aimé le faire
ensemble, avec l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale, et ne pas le
faire pour nous, jusqu'à un certain point. C'est prendre parti, également, ça,
il ne faut pas l'oublier, c'est prendre parti pour l'Espagne et son approche
autoritaire, autoritariste par rapport aux velléités souverainistes d'une bonne
partie des Catalans. Et de ce point de vue là, en fait, on ne peut pas ne pas
comprendre que le gouvernement Legault, que les députés de l'Assemblée
nationale qui refusent de se prononcer donnent en quelque sorte leur
bénédiction à une décision inacceptable et honteuse de la part du gouvernement
fédéral.
Alors, c'est ce que l'on voulait faire aujourd'hui,
signifier notre appui, donc, aux élus catalans qui ne veulent rien de moins que
représenter leur population et leur permettre de se prononcer sur leur avenir.
Le droit à l'autodétermination des peuples est pourtant reconnu par le Canada
et par l'Assemblée nationale. De ne pas vouloir entendre le point de vue de
l'ex-leader de la Catalogne, pour nous, c'est une atteinte au droit démocratique
qui est reconnu à travers les pays occidentaux.
Et je terminerais en disant qu'il est
déplorable, d'une part, que le Canada et aussi que le gouvernement du Québec ne
souhaitent pas être à la hauteur des pays qui, en Europe, ont accueilli Carles
Puigdemont, qu'il soit question de la Belgique, ou de l'Allemagne, ou de la
Finlande, ou du Danemark, et j'en passe. Tous ces pays ont reconnu que Carles
Puigdemont n'avait commis aucun crime autre que celui de vouloir donner la
parole à ses citoyens à travers un exercice démocratique reconnu à travers
toutes les démocraties occidentales, c'est-à-dire le référendum. En quoi est-ce
que le Canada ne peut pas se mesurer à ces autres pays démocratiques de
l'Europe et accorder le même traitement à M. Puigdemont? C'est absolument
inacceptable et incompréhensible, et aujourd'hui on estime que l'Assemblée
nationale a manqué une bonne occasion de défendre la démocratie, la démocratie
à travers les gestes de certains élus qui se battent contre une approche extrêmement
désolante de la part du gouvernement de l'Espagne. Alors, voilà. Merci de votre
attention.
(Fin à 15 h 45)