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Point de presse de Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Le mercredi 1 mai 2019, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures)

Mme Guay (Monique) : Alors, bonjour, mesdames messieurs. Je suis Monique Guay, directrice des communications de la ministre de la Santé et des Services sociaux. Alors, bienvenue à ce point de presse conjoint auquel participe la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, le président du Collège des médecins du Québec, Dr Mauril Gaudreault, ainsi que le président de l'Ordre des infirmiers et infirmières du Québec, M. Luc Mathieu. Alors, dans l'ordre, vous entendrez d'abord Dr Gaudreault, suivi par M. Mathieu, puis par la ministre. La période de questions suivant les allocutions sera animée par M. Alexandre Lahaie. Alors, sans plus tarder, je cède la parole à Dr Mauril Gaudreault.

M. Gaudreault (Mauril) : Merci. Bonjour à tous et toutes. Je suis... c'est un honneur pour moi d'être ici ce matin et un plaisir également.

Les infirmières praticiennes spécialisées sont de nouvelles actrices importantes dans le réseau de la santé au Québec. Leur déploiement se fait graduellement depuis plus de 10 ans à l'intérieur d'un cadre législatif qui est celui de la Loi médicale et de ses règlements, puisque leur rôle se situait jusqu'à maintenant entre celui du médecin et de l'infirmière traditionnelle. Il est intéressant d'observer que, parallèlement au modèle développé au Québec, les autres provinces canadiennes ont aussi développé un modèle analogue. Toutefois, contrairement au Québec, ce modèle a été implanté indépendamment des collèges des médecins par les ordres professionnels des infirmières et infirmiers au moyen d'une législation qui leur est propre.

À ces réunions des 22 février et 26 avril derniers, le conseil d'administration du collègue, que j'ai le plaisir de diriger, a discuté à nouveau des règlements encadrant l'exercice des IPS, comme il l'a fait souvent depuis 10 ans. Après l'expérience acquise au cours de ces dernières années, avec les commentaires reçus des médecins partenaires des IPS, avec les commentaires reçus des IPS elles-mêmes, avec la levée de l'obligation que le médecin confirme le diagnostic posé par l'IPS dans les 30 jours suivants, et aussi avec tout le suivi effectué par les ordres au cours de la dernière décennie, le conseil d'administration a fait le constat que nous étions arrivés à la limite des possibilités que la Loi médicale peut offrir comme véhicule législatif pour l'encadrement de l'exercice d'une professionnelle relevant d'un autre ordre professionnel.

Voilà pourquoi, tout en réaffirmant la volonté du collège de collaborer avec tous les professionnels de la santé pour le bien du patient, c'est ce qui nous anime tous et toutes le plus, le collège recommande au gouvernement du Québec que les IPS soient autorisées à exercer des activités médicales à la hauteur de leurs compétences et de leurs connaissances, en vertu d'une loi et de règlements, qu'elles ne soient plus assujetties à la loi médicale.

Puisque tous les ordres professionnels partagent la même mission de protection du public, c'est à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, et non au Collège des médecins du Québec, d'assurer la compétence de ses membres et de protéger le public comme il le fait déjà.

Vous savez, l'évolution des pratiques professionnelles s'est toujours faite par étapes. En ce qui concerne les IPS, le conseil d'administration du collège considère que nous devons en franchir une nouvelle et que cette étape doit être assumée par le gouvernement, bien sûr, par l'Office des professions et également par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Par ailleurs, nous sommes confiants et persuadés que l'éventuel nouveau cadre législatif prévoira des mécanismes d'examen de certification de fin de formation, d'inspection professionnelle et de maintien des compétences analogues à ceux exigés des médecins pour des activités similaires. Il est raisonnable de croire que la population s'attend à la même rigueur.

Pour la suite des choses, le législateur et les responsables du système professionnel pourront compter sur la collaboration entière du collège. Ce sera un nouveau cadre législatif à définir, le rôle, les activités médicales, les responsabilités et les obligations des infirmières praticiennes spécialisées. Comme je l'ai dit souvent, particulièrement au cours des six derniers mois, le Collège des médecins n'a pas le monopole de la protection du public. Il doit partager cette mission avec tous les autres professionnels.

Sachez que le collège demeure toujours soucieux de la qualité offerte par ses membres, en collaboration avec les IPS et les autres professionnels de la santé. Je vous rappelle que le code de déontologie des médecins prévoit, à son article 112.1, que le médecin doit collaborer avec les autres professionnels de la santé et les autres personnes habilitées dans la prestation des soins de santé à un patient.

Et, je termine là-dessus, le collège offre toute sa collaboration à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour la mise en place de la pratique réussie des IPS, toutes spécialités confondues. Le collège a pleinement confiance en la garantie et l'imputabilité propres au système professionnel du Québec et mettra l'accent sur l'intensification de la collaboration interprofessionnelle pour améliorer la sécurité, et la qualité et l'accès des soins aux patients du Québec. Merci beaucoup.

M. Mathieu (Luc) : Alors, bonjour. Alors, mesdames messieurs. C'est un grand jour pour la profession infirmière, et surtout pour la population du Québec. Les infirmières praticiennes spécialisées peuvent célébrer la reconnaissance de leur expertise. Pour la population québécoise, c'est une solution infirmière leur offrant un accès amélioré aux soins de santé. Les patients pourront ainsi rencontrer rapidement le bon professionnel au bon moment.

Il m'importe avant tout de saluer la décision du Collège des médecins du Québec, qui reconnaît aujourd'hui que les infirmières praticiennes spécialisées ont les compétences requises, selon leur spécialité respective, pour établir des diagnostics et déterminer le plan de traitement requis. Nous sommes dans la continuité de l'ouverture démontrée à l'égard du diagnostic en février dernier par le collège. Les IPS sont des professionnelles en pratique avancée qui détiennent une maîtrise en sciences infirmières et un diplôme de deuxième cycle qui comprend notamment 950 heures de stage. Par ce geste, le Collège des médecins démontre toute la confiance qu'il leur porte. La décision d'aujourd'hui signifie que les conditions et modalités seraient entièrement définies par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Même si les dispositifs législatifs et réglementaires sont modifiés, les IPS continueront de travailler en collaboration avec leurs collègues médecins et les autres professionnels de la santé. Pour l'OIIQ, le travail en collaboration est fondamental pour assurer aux patients une offre de soins globale et concertée. Il ne peut en être autrement. En 2019, une pratique solo n'est pas une bonne pratique. Plus de responsabilités, plus d'autonomie ne veulent pas dire travailler sans les autres. Nous de ceux qui croient avec conviction à la collaboration interprofessionnelle. Disons que cette décision du Collège des médecins contribuera sans aucun doute à l'amélioration de la collaboration professionnelle en reconnaissant la contribution de chacun. Sur le plan législatif et réglementaire, cela implique que nous aurons à travailler dès demain afin de concrétiser cette décision par la mise en oeuvre des mécanismes législatifs et réglementaires requis.

Nous avons l'intention de proposer une offre de services qui s'inscrit dans la continuité des discussions que nous avons eues avec le Collège des médecins au cours des derniers mois et des dernières semaines. L'OIIQ considérera l'ensemble des préoccupations reçues jusqu'à maintenant, et n'a pas l'intention de travailler seul. Notre objectif est de permettre aux IPS d'exercer au maximum de leurs compétences. Aussi, nous mettrons en œuvre tous les mécanismes de protection du public qui nous sont conférés par la loi pour s'assurer de la compétence et de l'intégrité des IPS.

Je le rappelle, en terminant, que nous sommes devant une ouverture sans précédent du Collège des médecins, qui permettra d'augmenter l'accès aux soins et services pour la population québécoise. C'est ça, la bonne nouvelle. Les IPS sont des professionnelles compétentes ayant le souci d'assurer des soins sécuritaires et en collaboration avec les médecins et les autres professionnels de la santé. Merci.

Mme McCann : Alors, Dr Gaudreault, M. Mathieu, bonjour à vous tous et toutes. C'est un jour très important pour les Québécoises et les Québécois. Un jour qui marque une véritable révolution dans l'accès aux soins et aux services. Un jour qui nous permet de faire un pas de géant pour la réalisation de nos objectifs communs, parce qu'il est bel et bien question d'objectifs communs aujourd'hui. En effet, depuis le début de mon mandat et dans la foulée de nombreuses rencontres que j'ai eues avec les différents acteurs de notre réseau, j'ai constaté que nous avions tous à cœur de mettre toutes nos forces et nos compétences à profit pour le mieux-être de notre population. Dr Gaudreault, M. Mathieu, c'est un réel plaisir de partager cette tribune avec vous aujourd'hui pour cette annonce que je qualifierais d'historique.

J'ai toujours eu confiance que nous allions réaliser nos nombreux engagements et j'ai fait le pari d'y parvenir en travaillant de concert avec l'ensemble de nos partenaires. Notre conviction est que, pour offrir un meilleur accès aux services, il faut, entre autres, décloisonner la pratique médicale en donnant plus de marge de manoeuvre aux différents professionnels engagés dans le parcours de services. À cet égard, nous croyons que la consolidation du rôle des infirmières praticiennes spécialisées est un élément essentiel. Il était grand temps de reconnaître à juste titre leur apport précieux et de permettre aux IPS de toutes les classes de spécialité de mettre de l'avant leurs compétences, notamment au regard de la pose du diagnostic. Nous avions déjà exprimé nos intentions à cet égard cet hiver.

Pour aller de l'avant, le Collège des médecins du Québec recommande au gouvernement d'utiliser les outils législatifs à sa disposition pour préciser les rôles et les responsabilités des IPS et leurs conditions d'exercice, en collaboration avec l'Office des professions et l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Également, il est proposé de transférer de la Loi médicale vers la Loi sur les infirmières et infirmiers l'encadrement de leurs rôles, leurs responsabilités et leurs conditions de reconnaissance. La proposition du Collège des médecins du Québec permettra à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec d'apporter les précisions nécessaires aux rôles et responsabilités des IPS ainsi que leurs conditions d'exercice.

Pour le public, les exigences requises envers les IPS par leur ordre professionnel en matière d'examens, de certification, d'inspection  professionnelle et de maintien des compétences seront toujours très élevées. Pour la population, les changements à venir grâce à cette entente permettront d'avoir plus d'accès aux services des IPS. Je précise au passage que, jusqu'à la réalisation des travaux visant les modifications législatives et réglementaires, l'encadrement de la pratique des IPS demeure sous l'égide de la réglementation actuelle.

Je tiens à remercier les différents partenaires, en particulier le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, pour leur étroite collaboration. Pour la suite des choses, nous poursuivrons également notre travail avec l'Office des professions du Québec et l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. Nous allons travailler tous ensemble afin de mettre les grandes compétences des IPS à contribution et faire en sorte que leur apport à notre réseau s'ajuste de manière concrète à la réalité des besoins de la population.

Je suis évidemment très fière de ce pas important dans la bonne direction, la direction de l'interdisciplinarité et de la collaboration interprofessionnelle. Je suis persuadée qu'il s'agit là de la clé qui va nous permettre de relever la plupart des défis auxquels nous faisons face. Merci.

Le Modérateur : Alors, merci, tout le monde. On va passer à une période de questions. Je vais vous demander de vous limiter à une question et une sous-question, puis il y aura des disponibilités après, pour ceux qui le souhaitent, pour des entrevues individuelles. Après la période de questions, petit photo op. Tommy Chouinard.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. Bonjour, Mme McCann. Concrètement, là, est-ce qu'on doit comprendre que vous allez déposer une loi pour sortir les IPS du joug des médecins puis les rendre pleinement autonomes et redevables aux règles de l'ordre des infirmières? Est-ce que c'est ça, l'idée?

Mme McCann : Ce qu'il faut comprendre, aujourd'hui, c'est que le Collège des médecins du Québec remet la responsabilité à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Il faut saluer la grande ouverture du Collège des médecins. Donc, la responsabilité va revenir à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, il y aura des mesures transitoires et il y aura tout un processus qui va être fait avec l'Office des professions et avec l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, donc ça va se déployer graduellement. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que, dorénavant, et en transition également, la responsabilité va revenir à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec de bâtir le cadre, les conditions d'exercice, de voir à ces conditions d'exercice des IPS au Québec.

M. Chouinard (Tommy) : Et il y aura une loi en ce sens.

Mme McCann : Il va y avoir une loi, oui, effectivement, il y aura des règlements également, mais également une loi.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que cette entente-là signifie que ce sera la fin, là, des forfaits pour la supervision des IPS, forfaits versés aux médecins, évidemment?

Mme McCann : À ce moment-ci, évidemment, nous, on veut se concentrer sur la bonne nouvelle d'aujourd'hui, hein, qui est très importante, mais je peux vous dire qu'il y aura des ajustements, sûrement. Là, je ne peux pas vous donner de spécifiques là-dessus, je pense qu'il y a des discussions à y avoir. Mais ce que je veux vous dire aussi, c'est que cette bonne nouvelle, c'est aussi une bonne nouvelle pour les médecins de famille, qu'ils vont avoir davantage de support, qu'ils vont avoir davantage de... évidemment, l'occasion, là, de partager la tâche, hein, au niveau de la première ligne, là, aussi des services spécialisés.

M. Chouinard (Tommy) : Mais en quoi exactement, là? Ça a été dit beaucoup dans les discours, mais j'aimerais savoir, là, concrètement, quand on dit qu'il va y avoir plus d'accès, là, qu'est-ce que ça permet, cette entente-là qui fait que l'accès est meilleur?

Mme McCann : Oui. Les IPS vont pouvoir diagnostiquer les problèmes de santé courants, des maladies chroniques également. Elles étaient limitées à six maladies chroniques. Là, ça va s'ouvrir sur l'ensemble des maladies chroniques, sur l'ensemble des problèmes de santé courants. En première ligne, ça va avoir un impact important. Elles n'auront pas à se référer systématiquement au médecin de famille, et le médecin de famille aussi, ça prend beaucoup de temps. Alors, ça, ça va cesser. Donc, il va y avoir une collaboration. Elles vont continuer de se référer aux médecins de famille pour des problématiques plus complexes, par exemple, un travail multidisciplinaire ensemble. Mais tous ces...

M. Chouinard (Tommy) : On élargit le champ de pratique.

Mme McCann : On élargit complètement le champ de pratique, en lien avec la formation évidemment qu'elles ont, première ligne, et même au niveau des services spécialisés.

Le Modérateur : Patrick.

M. Bellerose (Patrick) : Mme McCann, juste pour continuer un peu dans la même veine, est-ce qu'on comprend qu'une IPS pourrait éventuellement diagnostiquer tous les problèmes de santé qui sont couverts par un médecin de famille?

Mme McCann : Elles vont pouvoir diagnostiquer l'ensemble des problèmes de santé courants, hein, tout ce qu'on appelle des problématiques mineures, justement...

M. Bellerose (Patrick) : Mais, par rapport à un médecin de famille, ça va être quoi, la différence?

Mme McCann : Bien, le médecin... Pour des problématiques plus complexes, par exemple, des multipathologies, par exemple, des problématiques au niveau du cancer, ça va être référé au médecin de famille, bien entendu. Alors, tout ça va être précisé, évidemment, dans les processus qu'on va faire, là, dans le futur. Mais, à ce moment-ci, comme point de référence, je pense qu'on peut dire que c'est l'ensemble des problèmes de santé courants que l'infirmière va pouvoir diagnostiquer et... faire un plan de traitement.

M. Bellerose (Patrick) : On sait qu'en Ontario c'est déjà le cas, les IPS peuvent diagnostiquer plusieurs types de problèmes de santé. Il y a aussi des cliniques autonomes d'IPS. Est-ce qu'on se dirige vers ça au Québec?

Mme McCann : Non, on ne se dirige pas vers des cliniques solos d'infirmières praticiennes spécialisées. Pour nous, le modèle québécois, c'est un modèle de pratique multidisciplinaire, collaboration interprofessionnelle, et ce modèle-là va se poursuivre. Donc, nous sommes tous d'accord, sur la même page, que les infirmières praticiennes spécialisées vont continuer de travailler en collaboration avec les médecins de famille dans une équipe multidisciplinaire.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, dans un GMF, si je comprends bien.

Mme McCann : GMF, CLSC aussi, et on en a, évidemment, comme vous savez, dans les hôpitaux, hein, des infirmières praticiennes spécialisées.

M. Bellerose (Patrick) : Pourquoi ne pas l'offrir... Pourquoi ne pas laisser les IPS avoir des cliniques autonomes?

Mme McCann : Bien, je pense que c'est beaucoup plus porteur, dans un modèle québécois, d'avoir une pratique multidisciplinaire. Parce que, quand on est en équipe et qu'on voit à une population — d'ailleurs, nous, nous prônons une approche populationnelle, par territoire — c'est beaucoup plus porteur d'avoir une équipe professionnelle qui travaille ensemble. On a eu...

M. Bellerose (Patrick) : Une question pour M. Gaudreault.

Mme McCann : Excusez-moi. On a eu le modèle des médecins solos, et on veut vraiment s'éloigner de ça. Donc, on ne va pas recréer un modèle solo pour les IPS.

M. Bellerose (Patrick) : Une question, M. Gaudreault, si vous permettez.

M. Gaudreault (Mauril) :Oui.

M. Bellerose (Patrick) : En février dernier, en entrevue avec Radio-Canada, vous disiez : Poser un diagnostic, c'est compliqué, c'est difficile, il faut garder ça pour les médecins, on fait ça pour protéger les patients. Qu'est-ce qui a changé depuis deux, trois mois?

M. Gaudreault (Mauril) : Ce n'est pas ce qui a changé depuis deux mois, c'est qu'est-ce qui a changé depuis plusieurs mois, suite à des échanges, des discussions, des réflexions du collège et de ses comités par rapport à, je dirais, cette nouvelle profession qu'est celle de l'infirmière praticienne spécialisée. Et ce qui a changé pour nous, c'est que c'est... la loi médicale permet à des professionnels, des non-professionnels, de faire certains actes précis. Dans le cas de l'infirmière praticienne spécialisée, c'est une profession, c'est une professionnelle qui peut poser plusieurs actes médicaux et qui fait partie d'un autre ordre professionnel. Donc, pour nous, il est devenu évident qu'avec la loi médicale actuelle ce n'est pas la bonne chose à faire, ce n'est pas la bonne chose à faire que ça soit sous le sceau, je dirais, de la loi médicale et qu'il y ait une loi différente. Je pense que la définition des rôles — c'est ça que nous avons dit, c'est ça que nous dirons — doit se faire à la hauteur des connaissances et des compétences de l'infirmière praticienne spécialisée et sera à discuter entre nous, je veux dire, au niveau des divers ordres. Et là, là-dessus, le Collège des médecins se montre tout à fait disponible puis volontaire pour collaborer avec les nouveaux acteurs — bien, en fait, les acteurs actuels plus identifiés que sont le gouvernement, l'Office des professions et l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, pour mieux cerner cela.

M. Bellerose (Patrick) : C'est la réflexion du collège qui a évolué, tout simplement.

M. Gaudreault (Mauril) : Oui, sur plusieurs mois, pas juste depuis que je suis président, depuis six mois, là, tu sais, depuis plusieurs mois. Même, j'étais membre du conseil d'administration depuis 10 ans, et ça se discute depuis longtemps. Et je pense que je suis bien honoré et fier, en même temps, et c'est un privilège pour moi que ça se produise maintenant, cette ouverture-là, mais sachez qu'elle fait le consensus au niveau de la communauté médicale.

Le Modérateur : Mathieu.

M. Dion (Mathieu) : Bonjour, Mme McCann. On en comprend, donc, que les infirmières praticiennes n'auront plus systématiquement à se rapporter à un médecin, sauf dans le cas... là où ce sera multidiagnostique, là, si je comprends bien. Alors, je vais vous poser la question inversement : Quelles seraient les limites, quelles seront les limites à l'indépendance des IPS?

Mme McCann : En fait, c'est leur champ de compétence. Elles sont formées, hein, pour vraiment travailler dans certains domaines, et c'est vraiment le cadre qui va être utilisé. Donc, pour les problèmes de santé courants, par exemple, une IPS en première ligne peut poser des... pourra poser des diagnostics pour l'ensemble des problèmes de santé courants, pour l'ensemble des maladies chroniques. Mais là, quand on arrive à des multipathologies, quand on arrive à des problématiques en cancer, elle va se référer au médecin.

M. Dion (Mathieu) : Des problèmes de santé courants, juste pour les gens à la maison, pouvez-vous nous donner des exemples de ça, de ce que les IPS pourront faire à terme, là, de ce que ça va changer dans le quotidien, dans le fond?

Mme McCann : Oui. Par exemple, bon, on a une otite, une infection, on s'est blessé, l'infirmière praticienne est très en mesure, là, de faire tout le traitement et de poser le diagnostic.

M. Dion (Mathieu) : Question sur l'échéancier que vous vous donnez. Ce serait quand qu'on pourrait voir les mesures concrètes être mises en place et voir les mesures concrètes avoir un impact sur le public?

Mme McCann : Bien, nous, évidemment, j'en parlais d'ailleurs à M. Mathieu il y a quelques minutes, on est intéressés à ce que ça se fasse le plus rapidement possible parce qu'on sait, là, qu'on a des gens qui attendent sur un guichet d'accès et qui voudraient avoir accès à une équipe, là. Alors, évidemment il faut faire ça dans les règles de l'art. Je pense que M. Mathieu va avoir un petit peu de pression, d'ailleurs, là-dessus, mais il y a l'Office des professions aussi qui doit, évidemment, faire les étapes. Alors, nous, ce qu'on va faire, on va s'assurer de supporter tout le monde là-dedans puis de faire en sorte que les étapes se fassent le plus rapidement possible.

M. Dion (Mathieu) : Rapidement, ça veut dire moins d'un an? Quelques mois? Un mandat de quatre ans?

Mme McCann : Ah! c'est sûr que ça va être... Moi, je pense qu'on peut penser que ça va être à l'intérieur d'un an. On a des règlements à modifier, on a un projet de loi à déposer, une loi à adopter. Je pense qu'on peut dire, de façon prudente, là, que ça va être à l'intérieur d'un an, mais on aimerait ça qu'à l'intérieur d'un an, ça soit vraiment le plus rapidement possible.

M. Dion (Mathieu) : Projet de loi à l'automne?

Mme McCann : On va vouloir déposer un projet de loi à l'automne, certainement.

Le Modérateur : Isabelle.

Mme Porter (Isabelle) : Oui, bonjour. Je voudrais savoir, pour les médecins, qu'est-ce que ça va avoir comme conséquences, le temps que ça va libérer, en quoi est-ce que ça va être bénéfique. Pouvez-vous élaborer là-dessus? Au quotidien, là, qu'est-ce que ça change pour eux?

M. Gaudreault (Mauril) : Bien, au quotidien, maintenant, ça ne change rien, hein? Ça, c'est clair et, à la suite du dépôt du projet de loi, de la définition du rôle, comme je l'ai dit, à la hauteur des compétences et des connaissances, ça va dépendre de ce qui va être défini comme rôle, compétences et possibilités d'exercice de la part de l'infirmière praticienne spécialisée. Mais j'insiste à nouveau, Mme McCann l'a dit, ce qui est extraordinaire, à mon avis, pour les patients du Québec, puis ce qui va être extraordinaire, pour nous tous et toutes qui serons un jour des patients, quand on ne l'est pas maintenant, c'est ce partenariat entre le médecin et l'infirmière praticienne spécialisée pour diverses pathologies. On parle des conditions courantes, cela sera à définir, la notion de conditions courantes, et je pense que, là, il va y avoir un certain élargissement de ce qu'elles peuvent faire maintenant. Mais, tout cela, bien, il faut appuyer beaucoup sur le partenariat entre le médecin et l'infirmière praticienne spécialisée à tous niveaux. On a tendance à parler souvent de la première ligne, mais là c'est à tous niveaux.

Mme Porter (Isabelle) : Mais j'essaie de comprendre. Les médecins, d'une certaine manière, cèdent quelque chose. Qu'est-ce qu'ils gagnent en échange?

M. Gaudreault (Mauril) : Bien, moi, je ne vois pas ça dans le sens que la profession médicale cède quelque chose. Je vois ça dans le sens d'améliorer un panier de soins et services aux patients du Québec.

Mme Porter (Isabelle) : Je m'excuse, j'insiste, là, mais, dans son quotidien, le médecin qui va pouvoir travailler avec une IPS qui désormais va pouvoir traiter beaucoup plus de problèmes de santé simples, lui, il...

M. Gaudreault (Mauril) : Bien, ça va dépendre du modèle, mais si le modèle est optimal, je pense que ça va permettre de libérer le médecin pour traiter des cas qui sont plus à la hauteur de ses compétences à lui.

Mme Porter (Isabelle) : Merci.

Le Modérateur : Mme Richer.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui, bonjour. Pour Mme la ministre, s'il vous plaît. Juste une précision. Si une IPS peut poser un diagnostic, est-ce que j'ai raison de penser aussi qu'elle pourra prescrire des médicaments, faire un plan de traitement, et tout ça, sans devoir avoir l'approbation d'un médecin?

Mme McCann : Oui, absolument, oui, oui.

Mme Richer (Jocelyne) : C'est ça. Maintenant, on va les trouver où, les IPS? Est-ce que c'est surtout dans les GMF ou cliniques médicales? Est-ce qu'elles pourraient être à l'urgence? Est-ce que ça va changer quelque chose dans leurs lieux de pratique, si je peux dire?

Mme McCann : Oui, on en a environ... Non, ça ne changera pas leurs lieux de pratique. Excusez-moi, là, je répondais à votre première question. Non, en fait, il y en a plusieurs, il y en a à peu près 600 actuellement, hein, des infirmières praticiennes spécialisées à travers le Québec, et elles sont dans les CLSC, les GMF, elles sont en milieu hospitalier, à l'urgence, dans les différents départements. Il y en a une majorité en première ligne. Donc, les lieux de pratique ne vont pas changer, mais on va en avoir davantage, comme, par exemple... et elles vont déployer davantage, comme on le dit, leurs compétences.

Ça va aider beaucoup au niveau de l'offre de services, notamment en première ligne, mais aussi en deuxième ligne. Et on compte là-dessus, parce qu'actuellement, là, on a 500 000 personnes qui attendent sur un guichet d'accès pour avoir des services en première ligne, et on a à certains endroits, au Québec, où il y a des découvertures médicales, là, parce qu'évidemment il faut qu'on travaille tous ensemble, là, pour régler ces problèmes-là, et je pense que les IPS, graduellement, au fur et à mesure qu'elles vont se déployer, vont continuer de nous aider dans l'offre de services en première ligne, toujours en  partenariat avec les médecins de famille, et ça va dégager aussi les médecins de famille, hein?

Alors, comme le disent Dr Gaudreault et M. Mathieu, actuellement, là, c'est la même réglementation qui existe, on va continuer jusqu'à ce qu'on fasse les modifications. Mais, à terme, on va avoir une offre de services qui va être augmentée en première ligne et en deuxième ligne au Québec.

Mme Richer (Jocelyne) : Maintenant, en termes de ressources, vous dites qu'il y en a actuellement 600 au Québec?

Mme McCann : Oui.

Mme Richer (Jocelyne) : Si je me souviens bien, l'objectif de l'ex-ministre Barrette, c'était 2 000 dans les prochaines années.

Mme McCann : Oui, oui.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce qu'il y a quelque chose qui change avec les nouvelles règles? Est-ce que vous voulez augmenter ce nombre-là, en former davantage? Et, si oui, avec quelle échéance?

Mme McCann : Nous avons toujours l'objectif de 2 000 IPS pour 2023‑2024, oui.

Mme Richer (Jocelyne) : Ça, ça ne change pas.

Mme McCann : Ça va continuer.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais le fait qu'elles soient plus... qu'elles aient plus de pouvoirs, vous ne voulez pas comme en former davantage, non?

Mme McCann : Écoutez, ce n'est pas exclu. Le plan actuellement, là, c'est d'aller vers 2 000 pour 2023‑2024. Mais on va voir, là, dans la prochaine année, est-ce qu'il y en a davantage, là, qui pourraient être formées. C'est à regarder, mais pour le moment, notre objectif, c'est toujours de 2 000 en 2023‑2024.

Le Modérateur : Raquel, anglais.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Mme McCann, you say that is a revolution. For our audience in English, can you explain again what you mean when you say that this decision here is a revolution?

Mme McCann : Well, I think there are two levels. The first one is that the Collège des médecins, because of the opening, gives the responsibility to l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. That's the first one, in terms of looking after all the conditions, the environment for the IPS, the nurse practitioners.

The second one is that the opportunity that we have, because of this, to increase our services for the population of Quebec, because there will be... the nurse practitioners will be able to do more, to do much more and also the physicians, in the first line especially, but also in the second line in the hospitals, will be able to do more also, because there will be less administrative... For instance, acts that they have to do between each other.

So this is a revolution in the sense that we are together in a collaboration between professions, between doctors, physicians and nurses to really help the population to have an increase in services for Québec. So, for me, this is a very big step towards a reform that we're doing for the increase of access to services. That's why we're here, that's why we're working, and this is the first very important step to open up an increase of services for the population of Québec.

Mme Fletcher (Raquel) : This has been an ongoing debate and the last Government was really opposed to giving this type of independence to nurse practitioners. They liked the model where the nurse practitioners were kind of «sous la tutelle des médecins», under the supervision of doctors. How did you, as the Health Minister, convince or bring all of these partners on board to see your vision?

Mme McCann : Well, I've said, since the beginning that I'm Minister, that discussion and collaboration is the way to go, and this is a proof today. We discussed together with the Collège des médecins, with the order, and the College with the order also had a lot of discussions, and I think that's the way to go. And people recognize that the nurse practitioners in Québec are the most trained, you know, they have the highest training in Canada. And people recognize also that the population is expecting more services, they're waiting. So, everybody is working for the good of the population of Québec, the two orders, the «collège», «l'ordre», everybody, we're working for the good of Québec, the population, that's the goal.

Mme Fletcher (Raquel) : Dr. Gaudreault, do you speak English?

M. Gaudreault (Mauril) : No. Not sufficiently.

Mme Fletcher (Raquel) : No? O.K. Est-ce que je peux vous poser une question en français? J'aimerais juste vous entendre sur la même question. Je ne sais pas si vous avez compris, mais il y avait effectivement une réflexion au collège, puis comment vous avez pris cette décision de... Est-ce que la ministre vous a convaincu? Est-ce que c'est à cause d'elle et à cause de sa façon de travailler que, finalement, vous avez pris une décision qui est d'accord avec elle?

M. Gaudreault (Mauril) : Nous avons pris une décision pour le bien-être des patients. Ce qui nous a convaincus, c'est le bien-être des patients. Bien sûr, on a pris une décision en écoutant la société québécoise, dont la ministre McCann fait partie, mais on a pris une décision vraiment, vraiment dans le sens de faire ça pour le bien des patients, et c'est toujours cela qui nous a guidés par rapport aux patients, comment on peut s'organiser. Et nous avons bien sûr réalisé que ça prenait une nouvelle loi pour faire en sorte que les infirmières puissent pratiquer des actes à la hauteur de leurs connaissances et de leurs compétences.

Mme Fletcher (Raquel) : Mais qu'est-ce que ça va changer pour les patients? Vous dites que c'est pour le bien-être des patients; comment?

M. Gaudreault (Mauril) : Bien, ça va dépendre de la définition du rôle qu'on va leur donner au cours de la prochaine année dans cette nouvelle loi là, mais je pense que ça va améliorer très certainement l'accessibilité aux soins pour les patients. Ça, j'en suis convaincu.

Mme Fletcher (Raquel) : Et, monsieur, est-ce que vous parlez anglais un peu?

M. Mathieu (Luc) : Un peu.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. I'd just like to pose the same question to you. Why are you here today? Why is this announcement important for your order? What does this mean for the people that you represent?

M. Mathieu (Luc) : Yes, for the nurse practitioners and for the population, as Dr. Gaudreault said, it's good news because it will open the access... we will have more access for the patients. So that's the main point and it happens today because, for many years, many months, many weeks, the two orders worked together to arrive at this announcement and the minister McCann was a good help to challenge us and to arrive at this decision.

Mme Fletcher (Raquel) : How much credit do you give the minister for being able to collaborate and agree, the three parties?

M. Mathieu (Luc) : How...

Mme Fletcher (Raquel) : How much credit do you give her?

M. Mathieu (Luc) : She's the Minister of Health and Social Services in Québec, so she has the credit, a good credit. As she said earlier, she's... the way she works, as I see, and since she's Minister of Health, it's by discussion and collaboration, and I think it's the way to go, and that's... To see what's happening today, it's very good news for everyone, mainly for the population of Québec.

Mme Fletcher (Raquel) : Merci beaucoup.

M. Mathieu (Luc) : Thank you.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

(Fin à 9 h 35)

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