(Treize heures trente-cinq minutes)
La Modératrice
: Donc,
bonjour à tous. On serait prêts à commencer le point de presse. D'abord,
bienvenue puis merci d'être là aujourd'hui pour le point de presse qui porte
sur le projet de loi que Mme Laforest a déposé aujourd'hui, le projet de loi
n° 16.
Donc, la façon dont ça va se dérouler, il
va d'abord y avoir Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation
et la ministre responsable également de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean
qui va faire son allocution. Par la suite, vous allez être libres de poser une
question, sous-question, puis on vous demande de vous nommer évidemment au
micro avec le nom de votre média. Donc, quand vous êtes prête, c'est à vous.
Mme Laforest : Alors,
aujourd'hui, je dépose le projet de loi n° 16, la loi visant
principalement l'encadrement des inspections en bâtiment et de la copropriété
divise, le remplacement de la dénomination de la Régie du logement et
l'amélioration de ses règles de fonctionnement et modifiant la Loi sur la Régie
du logement, la Loi également sur la Société d'habitation et plusieurs
dispositions législatives concernant le domaine municipal.
Alors, les mesures de ce
projet touchent en bonne partie le domaine de l'habitation et plusieurs mesures
prioritaires dans le domaine municipal. Pour permettre l'élaboration des
mesures concernant la copropriété, des discussions ont eu lieu avec des
ordres professionnels et les principales organisations concernées par la
copropriété.
En somme, il en ressort que des actions
précises et rapides devaient être posées dans ce dossier. C'est ce que nous
faisons aujourd'hui en déposant ce projet de loi. Depuis 2013, des réflexions
et des travaux se font au sujet de la copropriété divise. Vous savez, le parc
immobilier du Québec est vieillissant. Cette constatation s'applique aux
copropriétés, qui représentent 12 % des habitations sur tout le
territoire, soit 329 000, concrètement. Des copropriétés divises auront
même bientôt 50 ans. Cela entraîne désormais des travaux d'entretien, de
rénovation et de mise aux normes parfois importants, ce qui constitue un enjeu
majeur pour les copropriétaires. D'ailleurs, un sondage à ce sujet a été
diffusé en 2015. Il est intéressant de mentionner que 41 % des 850 administrateurs
de copropriétés y ont répondu, et ils ont affirmé que les sommes disponibles
dans leur fonds de prévoyance étaient insuffisantes au moment de réaliser des
travaux majeurs.
En ce sens, notre projet de loi comprend
des mesures qui permettraient de préserver les copropriétés de façon durable.
Elles obligeraient, entre autres, les administrateurs de copropriétés à faire
effectuer une étude afin d'évaluer la somme nécessaire à investir dans leur
fonds de prévoyance. L'étude de ce fonds de prévoyance sera constituée à l'aide
d'un carnet d'entretien qui dressera un portrait à ce jour des besoins en
immeuble. Nous souhaitons ainsi éviter que les copropriétaires aient à
débourser des cotisations spéciales qui, vous le savez, sont de plus en plus
courantes et peuvent avoir un effet considérable sur leur budget.
Des dispositions visent également à
améliorer le fonctionnement de l'administration des copropriétés et à mieux
protéger les acheteurs d'unités de copropriété neuves ou existantes. Dans cet
ordre d'idées, au moment de l'achat d'une copropriété divise, l'acheteur aura
tous les documents en main, tels que les plans, les devis et les états
financiers, pour prendre une décision éclairée.
Un autre volet du projet de loi prévoit
des mesures pour permettre à la Régie du bâtiment d'encadrer la profession d'inspecteur
en bâtiment. Au Québec, rappelons que la formation n'est pas obligatoire,
qu'aucun permis n'est requis et qu'il n'est pas rare qu'un inspecteur ne soit
pas assuré. Afin de mieux protéger les acheteurs, il est donc primordial de
garantir la compétence et la standardisation des pratiques. Les inspecteurs en
bâtiment devraient également détenir une couverture d'assurance.
En d'autres termes, nous agissons
maintenant afin de protéger les Québécois et les Québécoises pour qui l'achat
d'une propriété représente l'un des plus gros investissements de leur vie. Par
ailleurs, des dispositions du projet de loi ont pour but d'assurer un meilleur
accès aux services de la Régie du logement tant pour les locataires que pour
les locateurs. Elles visent aussi à diminuer le délai de traitement des
demandes.
Conformément à la mesure annoncée au
budget 2019‑2020, 30 nouveaux préposés aux renseignements et du personnel
de soutien et d'encadrement seront embauchés. D'ailleurs, cette mesure
permettra de maintenir et d'améliorer l'offre de services en région. Neuf
nouveaux régisseurs seront également embauchés afin que plus de causes soient
entendues. De plus, nous proposons d'élargir la compétence des greffiers
spéciaux afin de réduire les délais qui s'allongent bien souvent pour
différentes raisons.
Ce que nous proposons aujourd'hui, c'est
la plus grande réforme de la Régie du logement depuis sa création en 1980. Il
est prévu que le nom de la Régie du logement soit remplacé par celui de
Tribunal administratif du logement. Cette nouvelle désignation serait plus
conforme à la fonction qu'elle exerce réellement en tant que tribunal
spécialisé dont le mandat principal est d'arbitrer les litiges entre locataires
et locateurs.
Finalement, en matière municipale, des
dispositions sont également proposées sur différents sujets comme les finances
et la fiscalité. Certaines accorderaient plus de pouvoirs aux municipalités
afin que ces dernières puissent mieux répondre aux besoins de leurs citoyennes
et leurs citoyens. Elles permettraient, entre autres, que les municipalités
puissent soutenir financièrement des propriétaires de résidences privées pour
aînés. Il est important de favoriser des initiatives du milieu visant à faire
en sorte que les aînés aient accès à une bonne qualité de vie, et ce, dans leur
propre communauté. Des dispositions élargiraient également le choix des
organismes avec lesquels une municipalité peut conclure une entente pour
procéder à la réalisation de travaux communs.
En conclusion, le projet de loi témoigne
encore une fois de la volonté de notre gouvernement de s'adapter concrètement
aux réalités de l'ensemble des collectivités du Québec, et ce, dans l'intérêt
premier des Québécois et des Québécoises. Merci à vous tous.
La Modératrice
: Merci,
Mme Laforest. Donc, on va maintenant passer à la période de questions. Donc,
quand vous êtes prêts, vous vous nommez puis vous posez la question.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour. Charles Lecavalier du Journal de Québec.
Est-ce que vous avez une idée de l'impact
économique que votre loi va avoir sur les propriétaires de condos?
Mme Laforest : Sur les
propriétaires de condos présentement?
M. Lecavalier (Charles) :
Oui.
Mme Laforest : Avec ce projet
de loi là, on dit que ça va augmenter les frais environ à 5,50 $ par mois.
Alors, on ne parle pas vraiment d'impact économique parce qu'on parle beaucoup
plus d'investissement. Vous comprendrez que le parc immobilier datant de 50
ans, il fallait vraiment contribuer à aider, justement, et légiférer, faire une
belle réglementation pour qu'on puisse aider pour garder notre parc immobilier
de condos en bon état.
M. Lecavalier (Charles) : Je
comprends que le 5,50 $ par mois, c'est comme une moyenne de tous les
propriétaires de condos, mais la facture va être plus salée pour les gens qui
ont des condos dans un immeuble qui a été construit dans les années 80, 90 que
pour ceux qui ont des immeubles neufs?
Mme Laforest : Oui, c'est sûr,
là. C'est sûr qu'il va y avoir un rattrapage à faire, mais il faut comprendre
que, pour quelqu'un qui achète une copropriété et même pour la personne qui la
vend, c'est difficile de vendre une copropriété quand la copropriété n'a pas
subi de rénovations, n'a pas eu de fonds de prévoyance, n'a pas eu de carnet
d'entretien.
Alors, qu'est-ce qu'on vient faire maintenant?
On demande à toutes les copropriétés divises de monter un carnet d'entretien et
d'avoir un fonds de prévoyance.
M. Lecavalier (Charles) : Et,
si je peux me permettre juste une dernière petite question, comme ministre des
Affaires municipales, est-ce que vous pourriez mettre en tutelle une municipalité
qui ne veut pas faire appliquer une loi, par exemple la Loi sur la laïcité?
Mme Laforest : Non, la Loi sur
la laïcité, vous comprendrez que c'est mon collègue Simon Jolin-Barrette qui
s'occupe de cette loi-là. C'est complètement un autre dossier aujourd'hui. Aujourd'hui,
j'annonce un beau projet de loi sur la copropriété, et l'habitation, et les
affaires municipales.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, vous ne pourriez pas utiliser la tutelle comme un outil, là...
Mme Laforest : Aujourd'hui, je
suis là pour parler de mon projet de loi. Je suis très heureuse de vous
l'annoncer. Ça fait d'ailleurs depuis 2013, comme je disais, qu'il y a des
gens, qu'il y a des ministres qui ont travaillé sur ce projet de loi là. Alors,
je suis très heureuse aujourd'hui de le déposer. Oui, on touche aussi aux
Affaires municipales, mais vous comprendrez que maintenant l'Habitation est
reliée aux Affaires municipales. Je suis ministre de l'Habitation et des
Affaires municipales, alors ce projet de loi là nous permettait d'insérer des
nouvelles réglementations pour le ministère. C'est bon?
Mme Porter (Isabelle) : Oui,
bonjour. Isabelle Porter du Devoir. Je voudrais savoir quel impact
espérez-vous avoir sur les délais à la Régie du logement avec ces
changements-là.
Mme Laforest : Les impacts
qu'on veut avoir... qu'on va avoir, hein, avec ce projet de loi là, vous
comprendrez qu'on a évalué qu'on pourrait passer de 16 à deux mois d'attente,
parce qu'il y a des causes qui ne sont pas entendues présentement. Alors, on
augmente de neuf régisseurs. On a un montant de 24 millions, avec le
nouveau budget, pour la Régie du logement spécifiquement.
Alors, qu'est-ce qu'on veut, justement,
c'est réduire les délais. Vous comprendrez que, pour les propriétaires autant
que les locataires, ce projet de loi là était vraiment attendu, parce que les
délais, depuis que je suis en poste, les délais au niveau de la Régie du
logement, c'est incroyable comment c'est trop long. Alors là, en donnant plus
de pouvoirs aux greffiers, il va y avoir des causes qui vont être entendues
dans toutes les régions au Québec. Il va y avoir des régisseurs qui vont se
déplacer à temps partiel dans les régions. Les greffiers vont avoir la
possibilité d'entendre plus de causes pour plus de raisons comme les
non-paiements de loyer, les loyers insalubres. Alors, maintenant, ça va être
vraiment plus rapide.
Mme Porter (Isabelle) : Donc,
je comprends qu'à vos yeux ça règle le problème pour de bon.
Mme Laforest : Il y a
toujours, toujours amélioration dans un projet de loi, mais aujourd'hui je suis
très heureuse, hein, parce que, quand on dit que c'est commencé depuis 2013, il
y a eu des travaux qui ont été faits par d'autres ministres, puis je les salue
énormément, dans ce projet de loi là. Mais maintenant, avec les Affaires
municipales, on devait agir rapidement, puis je peux vous dire sincèrement qu'à
toutes les semaines, à toutes les semaines, au ministère, on avait des
revendications de... par exemple de la CORPIQ, de la RCLALQ. Alors, vraiment,
les gens voulaient qu'on augmente les délais... qu'on raccourcisse les délais
au niveau de la Régie du logement. C'est ce qu'on fait aujourd'hui.
Mme Porter (Isabelle) : Une
précision. Bon, vous avez retenu beaucoup de choses qui étaient dans le projet
de loi qui avait été présenté par Mme Thériault l'année dernière, mais qui
était mort au feuilleton. Par contre, vous n'avez pas retenu la suggestion de
créer des sections spéciales, notamment pour les personnes âgées qui vivent en
résidence. Pourquoi vous n'avez pas retenu cet aspect-là?
Mme Laforest : Bien, on a vraiment
un bel aspect pour les personnes âgées qui y résident, en résidence. Je ne sais
pas si vous l'avez bien lu, mais maintenant on offre à la municipalité de
prendre en charge une résidence de personnes âgées qui est dans son territoire.
Parce que maintenant, avec ce projet de loi là, comme je le dis, il y a plusieurs
résidences de personnes âgées... vous l'avez entendu sûrement avec ma collègue
Marguerite Blais, qui est ministre des Aînés, il y a énormément de fermetures,
hein, de résidences de personnes âgées.
Alors, qu'est-ce qu'on vient dire avec ce
projet de loi là, c'est : les municipalités qui veulent garder ouvertes
leurs résidences de personnes âgées, dans les plus petites municipalités, de
6 500 habitants et moins, vont pouvoir prendre en charge ces
résidences-là et maintenant s'occuper de garder les aînés dans leur
municipalité. Alors, c'est vraiment une belle modification qu'on apporte
justement grâce aux Affaires municipales et l'Habitation.
Mme Porter (Isabelle) : Mais
pouvez-vous préciser comment ça va fonctionner? Parce que, bon, prendre en
charge une résidence, ça implique des fonds. Est-ce que ça s'accompagne de
budgets du gouvernement pour soutenir les municipalités qui feraient ça
éventuellement?
Mme Laforest : En fait, les
municipalités ont déjà la possibilité, hein? Il y a un montant de
250 000 $ pour une municipalité qui veut aider un commerce. Ça, c'est
déjà dans la loi. Maintenant, ce n'était pas relié aux résidences de personnes
âgées.
Qu'est-ce qu'on fait maintenant? On relie
la possibilité que la municipalité puisse aider une résidence de personnes
âgées publique ou privée, parce que les plus petites résidences de personnes
âgées, souvent, elles sont privées. Alors, maintenant, on vient soutenir... puis
je crois vraiment aujourd'hui, là, je suis très heureuse, que les personnes
âgées vont être très heureuses, elles vont rester dans leur municipalité, dans
leur petit village aussi, hein? Ça fait qu'on ne déménage aucune personne âgée
maintenant.
Maintenant, c'est sûr que je dis aux
municipalités : Si vous voulez garder cette résidence-là ouverte dans
votre municipalité, maintenant, vous avez l'occasion de le faire.
Mme Porter (Isabelle) : Donc,
on parle de résidences privées, essentiellement?
Mme Laforest : Oui.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour. Hugo Pilon-Larose de LaPresse.
Êtes-vous inquiète lorsque vous voyez le
taux d'inoccupation des logements locatifs à Montréal, qui aujourd'hui avoisine
1,9 %? C'est très bas, on se rapproche du taux qui était en vigueur lors
de la crise du logement au début des années 2000. Qu'est-ce qu'on peut faire
pour aider des gens qui sont présentement en train de chercher un logement?
Mme Laforest : Écoutez, je ne
sais pas si vous l'avez vu, dans le budget qu'on a déposé récemment, il y a une
partie... il y a 269 millions qui ont été accordés, qui ont été octroyés
pour les logements abordables, pour les AccèsLogis, pour tout le Québec.
Alors, maintenant, avec ce montant-là, on
va justement débloquer le «backlog» qu'il y avait dans les années passées, qui
n'avait pas été livré. Nous, qu'est-ce qu'on va faire, on va livrer les
logements abordables avec le programme AccèsLogis. Puis d'ailleurs Montréal ont
leur programme, vous le savez, en habitation. Alors, même Montréal ont eu un
montant de 72 millions pour justement pouvoir débloquer des nouveaux
logements sociaux avec le programme AccèsLogis.
Alors, sincèrement, moi, je suis très
heureuse, parce qu'honnêtement, l'habitation maintenant au Québec, là, on va
aider tous les gens de ce monde, puis avec les programmes AccèsLogis, on va
débloquer, on va accélérer avec la Régie du logement, on va débloquer la liste
d'attente, on va l'accélérer, puis le programme AccèsLogis, bien oui, on va
créer des nouveaux appartements abordables pour les Québécois.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Parce
que, si j'ai bien compris, ce que j'ai lu dans les journaux ce matin, il y a
notamment le FRAPRU qui disait, puis je crois que vous l'avez mentionné,
c'était un «backlog», là, c'est des choses qui avaient été promises dans
d'anciens budgets, mais qui n'avaient pas encore été mises en vigueur, mais il
n'y a pas d'argent neuf, là qui a été mis dans votre budget. C'est ça?
Mme Laforest : Oui, il y a de
l'argent neuf, ça, c'est certain. Il faut premièrement considérer que nous, le «backlog»
qui n'a pas été livré, on va le livrer. Ça, c'est vraiment une promesse que je
fais et je me suis très bien entendue avec le ministre des Finances, Eric
Girard, qui nous a octroyé les montants, et il y a un autre 44 millions
qui est en surplus, environ 44 millions, pour des nouvelles habitations.
Alors, moi, je suis très, très heureuse de
voir que maintenant au Québec les habitations qui ont besoin... les
municipalités qui ont besoin de débloquer et de construire des logements
abordables au Québec, on va vraiment pouvoir les supporter, livrer la
marchandise maintenant, puis c'est merveilleux. Comme je dis, je suis avec les
gens de la Société d'habitation du Québec qui ont à cœur... et quand le budget
a été déposé, je n'ai eu que des félicitations de la part de la Société
d'habitation pour dire : enfin, on va livrer qu'est-ce qu'on voulait
livrer dans le passé.
Alors, ce n'est que du positif pour le
domaine de l'habitation. C'est bon?
La Modératrice
: Merci.
Mme Laforest : Merci à vous.
(Fin à 13 h 50)