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Point de presse de Mme Catherine Dorion, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de culture, de communications et de langue française

Version finale

Le mercredi 20 mars 2019, 11 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-cinq minutes)

Mme Dorion : Bonjour, merci d'être là. Vous avez peut-être entendu, je viens de poser une question à la ministre concernant la protection du patrimoine sur l'île d'Orléans. En fait, les citoyens, depuis plusieurs mois, font état d'un état de... de leur état d'exaspération avancé face à toutes sortes de complications pour obtenir des permis pour avoir le droit de faire des rénovations, des choses qui n'ont même pas rapport avec le plan de conservation du patrimoine. Donc, ils ont fait faire une pétition. Ils ont eu 1 200 noms. Ils ont envoyé trois lettres à la ministre. Il y a eu un article dans le journal. Ils se sont bien mobilisés. Alors, aujourd'hui, ils sont ici pour nous parler de ces excès, de ces absurdités dans le traitement du patrimoine à l'île d'Orléans. Et vous avez peut-être vu que j'ai mis la ministre en contradiction avec l'idée de troisième lien qui menace de passer directement sur l'île d'Orléans. Donc, les citoyens sont là pour vous en parler.

Une voix : Merci, Mme Dorion. J'ai la chance effectivement de vivre à l'île d'Orléans. Dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, qui est conçu et qui est réalisé par le ministère de la Culture, on peut lire que «le site patrimonial de l'île d'Orléans est un territoire à caractère rural couvrant la totalité de cette île [...]. [...] Maisons anciennes, dépendances agricoles, résidences de villégiature, [...]noyaux villageois, anses, milieux humides côtiers, bois et escarpements animent ce paysage. [...]Ce territoire déclaré site patrimonial [en 1970] compte [six villages], quelque 3 600 bâtiments, parmi lesquels 19 sont classés immeubles patrimoniaux.»

Qu'est-ce que ça veut dire, ça, exactement, pour nous qui y vivons? Bien, ça veut dire accepter de faire avec le plan de conservation qui existerait justement pour protéger ce caractère patrimonial. Par exemple, je dois peindre ma maison en blanc. Je dois demander un permis, je dois faire approuver tous mes plans et matériaux. La demande de permis, elle peut ressembler aux 12 travaux d'Astérix, via trois paliers gouvernementaux dont fait partie le ministère de la Culture et des Communications. Le processus est long, il est compliqué. Les réponses peuvent être frustrantes et extrêmement chères.

Alors, pourquoi, dites-moi, la ministre, qui a une responsabilité dans l'application de ces règles, reste-t-elle silencieuse devant la possibilité que l'on passe le troisième lien sur l'île, avec ses tonnes de béton, ses bretelles d'accès, son autoroute à quatre voies, ses poids lourds, son bruit, sa pollution? Excusez-moi, mais, moi, il y a quelque chose là-dedans que je ne comprends pas de la vision de la CAQ. Est-ce qu'ils vont le peindre en blanc?

L'île d'Orléans, elle appartient à tous les Québécois, elle est unique, elle est précieuse, elle est magnifique, elle est irremplaçable. On devrait plutôt penser à lui créer un statut de trésor national qui la protégerait enfin de tous ces projets insensés qui n'ont pas leur place.

Moi, j'espère sincèrement que la ministre de la Culture va jouer son rôle de protectrice du plus grand site patrimonial du Québec et se dresser haut et fort contre le projet de troisième lien.

M. Caron (Dany) : Bonjour. Mon nom est Dany Caron. Je suis résident de Saint-François-de-l'Île-d'Orléans depuis une douzaine d'années. J'ai acheté une maison centenaire qu'on réside, moi et ma famille. Depuis quelques années, notre toiture est due pour être remplacée, une toiture de bardeau d'asphalte. Nous avons fait des démarches, auprès du Bureau du patrimoine, pour pouvoir remplacer ça par un bardeau d'asphalte, un meilleur cachet ornemental. Et puis, jusqu'à présent, on a essuyé des refus sans nécessairement beaucoup d'explications autres que notre maison devait retourner comme elle était anciennement, non pas comme elle est actuellement, mais vraiment comme elle était anciennement, qui était de la tôle traditionnelle canadienne. Surprenamment, en fait, nos voisins et d'anciens natifs de l'île d'Orléans qui ont habité la maison, il y a de cela même 50, 60 ans, nous confirment qu'il n'y a jamais eu de tôle traditionnelle sur cette maison-là, ce qui amène quand même une certaine incohérence, là, dans le message qui est annoncé.

Et puis il faut quand même constater aussi que c'est un écart monétaire assez important entre bardeaux d'asphalte, 15 000 $, versus toiture de tôle de 70 000 $. Et puis il ne semble pas y avoir d'ouverture actuellement au niveau du bureau du patrimoine pour faire accepter notre demande de toiture, ce qui engendre, avec le délai, une dégradation quand même assez avancée. Pas plus tard qu'en fin de semaine, avec les grands vents, il a fallu qu'on ramasse des morceaux sur le terrain.

En fait, on arrive à un constat où on se pose la question : Comment on peut régler ça, à court terme, pour, en fait, s'assurer que le patrimoine actuel résiste aux intempéries, et jusqu'à ce que le dossier se règle à plus moyen terme? Ça fait que, voilà, je vais laisser la place à mon collègue.

M. Leclerc (Dominic) : Bonjour. Moi, c'est Dominic Leclerc, habitant de l'île d'Orléans depuis maintenant quatre ans. C'est la cinquième année cette année. Je vais vous faire part de notre projet. Nous, on avait un projet. Dans le fond, on a acheté une maison qui est classée historique. La maison a 125 ans, donc, pour ceux qui connaissent un peu les maisons assez vieilles, c'est des maisons qui ont été construites petites et avec des petites fenestrations, donc pas beaucoup de luminosité.

Ça fait que nous, on avait comme projet, dans le fond, de rajouter une véranda pour ajouter un peu de luminosité, un peu d'espace habitable dans la maison. Ça fait que ça a quand même bien commencé. On a eu une rencontre avec les gens du ministère, sauf qu'on s'est rapidement rendu compte que les démarches allaient être vraiment difficiles et surtout que, contrairement à ce qu'ils nous disaient, dans le plan de conservation, il n'y a aucune marge de manoeuvre. C'est vraiment... Le plan est appliqué à la lettre, sans aucune possibilité de négociation. Donc, après un an complet de démarches et de... si on peut appeler ça des négociations, finalement, après quatre fois qu'on a dû faire changer les plans par les architectes, au point où est-ce que lui-même, l'architecte, il a fini par nous dire : Dites au monde du ministère qu'il nous envoient les plans parce que là, on est tannés de faire des changements. Ça fait que finalement, on arrive avec un résultat qui... une fois qu'on demande les soumissions aux soumissionnaires, on arrive avec un projet d'une petite véranda qui vaut plus que la moitié de la valeur de la maison. C'est au-dessus de 100 000 $ juste pour une coquille pas terminée, aucun aménagement de fait. Donc, on a dû abandonner le projet, c'est complètement hors de notre moyen. Ça fait que ce qu'on trouve vraiment déplorable, c'est qu'on se fait dire qu'il n'y a pas d'argent, que l'argent est donné jusqu'en 2020.

Donc, nous, en achetant à l'île d'Orléans, on avait des projets. On a une grange ancestrale bicentenaire sur notre terrain, on voudrait la garder en vie. On voudrait faire en sorte qu'elle puisse tenir encore 100 ans, mais, encore une fois, c'est des travaux qui coûtent extrêmement chers. On a fait encore une soumission. C'est 90 000 $ pour tenir la grange debout, et on se fait dire qu'il n'y a pas d'argent pour pouvoir nous aider. Donc, justement, aujourd'hui en m'en venant à l'île, en m'en venant à Québec, il y a une autre grange qui a tombé. Si vous allez à St-François, vous allez en voir, sur le chemin en montant, au moins... je peux dire qu'il y a quatre granges qui sont tombées dans la dernière année. Je ne sais pas, mais, moi, ce que je sens, c'est que... le ministère, avec sa politique, fait exactement...ce qui est en train d'arriver dans la réalité, c'est exactement le contraire de ce qu'il veut faire. On est en train de perdre, tu sais, les granges, perdre le patrimoine juste parce qu'il y a... dans le fond, il n'y a pas d'argent, il n'y a pas une volonté de pouvoir mettre un petit peu d'assouplissement puis de vouloir écouter les personnes avec leurs réalités financières. Nous, en tout cas, sérieusement, dans les dernières semaines, ma conjointe et moi, on a parlé sérieusement de peut-être quitter l'île parce que, dans le fond, on voit que la liste des avantages comparativement aux inconvénients, elle commence à diminuer, puis, bon, on essaie de trouver des solutions parce qu'on l'aime, l'île, et on voudrait rester en place, mais on ne sait pas si, à long terme, ça va pouvoir être vivable. Merci.

Une voix : Est-ce qu'il y a des questions?

M. Dion (Mathieu) : Je suis juste curieux de vous entendre sur la réponse. Vous avez posé la question en Chambre tantôt, comment...qu'est-ce que vous avez interprété de sa réponse, là, qu'est-ce que...

Mme Dorion : Bien, j'ai interprété de sa réponse qu'elle ne savait pas quoi répondre parce que la ministre de la Culture n'a... je n'ai pas l'impression qu'à l'intérieur du gouvernement, la ministre pourrait dire quoi que ce soit au ministre des Transports s'il décide de faire passer un troisième lien sur l'île d'Orléans. Mais on a beaucoup parlé du troisième lien à l'est. On prend les citoyens de l'île d'Orléans en otage en ce moment. Leur pont est dû, ils ont absolument besoin d'un nouveau pont rapidement, puis on leur a dit : On va repousser ça à 2027, quand on saura ce qu'on va faire avec le troisième lien. C'est une façon... c'est un peu comme prendre les citoyens de la ville de Québec en otage avec le réseau de transport structurant. Ce n'est pas comme ça qu'un gouvernement devrait fonctionner, ce n'est pas en imposant des choses de force aux citoyens qu'un gouvernement devrait travailler.

M. Dion (Mathieu) : Mais par rapport à l'excès de zèle, par rapport aux citoyens, est-ce qu'on vous rassure, au ministère, qu'il va y avoir de l'évolution, qu'on vous entend?

Mme Dorion : Bien, je pense qu'Esther pourra peut-être en dire un peu plus long sur les réponses qu'il y a eu, sinon, ce n'est pas... mais ce que je sais, c'est que, dans la réponse de la ministre, elle disait : On est en discussion, on est en discussion. Bien, c'est là qu'on va voir si elle est capable de vraiment améliorer des petits dossiers au moins, parce que c'est vraiment des irritants majeurs, là, qui rendent le monde fou, là. On peut déjà ... on sait tous ce que c'est que d'être pris dans des paperasses puis des allers-retours bureaucratiques sur des années pour des changements, des fois, qui sont mineurs. Les gens tombent en bas de leur chaise à réaliser qu'ils ne peuvent rien faire, puis ce n'est même pas... souvent, ces décisions-là ne sont même pas liées à la conservation du patrimoine. C'est comme... il y a une espèce d'excès de zèle ou de trip de pouvoir un peu intense que personne ne comprend, puis qu'il a fallu... qui a poussé les citoyens à mettre, tu sais, à se concerter pour mettre énormément d'énergie pour régler un problème qui, somme toute, est assez... serait assez facile à régler par la ministre. Donc, on va voir, dans les prochaines semaines, si elle a un quelconque pouvoir, finalement, si elle est capable de faire les choses.

(Fin à 11 h 45)

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