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Point de presse de M. Sylvain Roy, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’enseignement supérieur et M. Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’éducation supérieure

Version finale

Le jeudi 28 février 2019, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures six minutes)

La Modératrice : Merci d'être présents à ce point de presse concernant la déréglementation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers. Prendront la parole ce matin le porte-parole en matière d'éducation supérieure pour la troisième opposition, Gabriel Nadeau-Dubois ainsi que le porte-parole en matière d'éducation supérieure de la deuxième opposition, Sylvain Roy, la présidente de l'association générale des étudiants de l'UQTR, Mme Trottier-Lacombe ainsi que le président de l'Union étudiante du Québec, M. Guillaume Lecorps.

M. Nadeau-Dubois : Merci. Bonjour. Ce matin, je suis entouré de représentants et de représentantes d'associations étudiantes de partout au Québec qui représentent ensemble plus de 120 000 étudiants et étudiantes. On est ici pour demander au gouvernement de la Coalition avenir Québec de décréter un moratoire sur l'implantation de sa déréglementation des frais de scolarité pour les étudiants et les étudiantes de l'étranger.

C'est une déréglementation qui a été d'abord implantée par le Parti libéral il y a maintenant plusieurs années dans six programmes initialement, mais qui va s'étendre dès l'automne à l'ensemble des programmes du Québec. C'est une décision libérale, donc, qui suit la même logique que l'augmentation des frais de scolarité de 2012, celle du désinvestissement de l'État dans les universités du Québec.

Il faut rappeler déjà qu'il y a 30 000 étudiants et étudiantes de l'étranger sur le territoire québécois et que ces gens-là ensemble investissent près de 1 milliard de dollars par année dans l'économie du Québec. C'est des étudiants et des étudiantes qui paient déjà beaucoup plus cher que les étudiants et étudiantes du Québec : on parle de 15 000 $ à 17 000 $ par année selon les programmes.

Sauf qu'en permettant aux universités de faire exploser ces frais de scolarité là, le gouvernement va provoquer une vague sans précédent de compétition féroce entre les universités au Québec. Les étudiants, étudiantes de l'étranger vont devenir des vaches à lait, et les universités vont se lancer les unes contre les autres dans une féroce compétition pour attirer non pas les meilleurs étudiants mais les étudiants les plus riches. Et on sait déjà qui va gagner dans cette course effrénée : ce sont les universités anglophones, surtout McGill, en fait.

Les universités francophones, à Montréal et en région, vont écoper, surtout celles de région. Pourquoi? Parce que cette ruée vers l'or, elle est biaisée d'avance. La vérité, c'est qu'au niveau international les diplômes québécois en français sont déjà parmi les plus chers au monde, pendant que les diplômes dans les universités anglophones au Québec sont, eux, parmi les moins chers au monde dans le milieu anglophone. Donc, qui va remporter la mise si on déréglemente et on permet aux universités de charger ce qu'elles veulent? Qui va empocher le pactole? Bien, poser la question, c'est y répondre.

Je veux être clair. La déréglementation des frais de scolarité pour les étudiants de l'étranger, c'est un cadeau en or pour McGill, c'est une très mauvaise nouvelle pour les universités francophones, surtout celles de région. Pour un gouvernement qui se prétend nationaliste, c'est une contradiction flagrante. Et, au lieu, donc, de pallier au sous-financement chronique des universités au Québec, le ministre Roberge est en train de créer un système universitaire à deux vitesses au Québec. Et, au lieu de continuer de défendre une décision prise par les libéraux, il devrait l'annuler.

On est même en droit de se demander aujourd'hui si le gouvernement n'est pas en train de lancer un ballon d'essai pour une éventuelle modulation des frais de scolarité pour les étudiants et étudiantes du Québec. On sait d'ailleurs que c'est un des projets soutenus depuis longtemps par Youri Chassin, son adjoint parlementaire, sur le dossier de l'enseignement supérieur.

M. Roy : Merci, Gabriel. Écoutez, quel est l'enjeu ici, hein? C'est un enjeu extrêmement important pour la pérennité de la qualité de l'enseignement au niveau universitaire au Québec, quand on regarde le standard, le double standard qui pourrait arriver avec la déréglementation. C'est-à-dire que les universités des régions, comme Gabriel a dit, peuvent écoper parce que leur niveau d'attractivité pour les étudiants étrangers ne peut pas compétitionner les universités urbaines. Et la tentation, pour les universités francophones, de s'orienter vers une offre de programmes anglophones pour aller chercher une clientèle rentable va être prégnante pour aller chercher du financement.

Donc, première des choses, les universités des régions vont écoper parce que la clientèle mondiale anglophone, qui est extrêmement riche, va aller vers les régions urbaines. Deuxième chose, les programmes francophones, même au niveau des universités urbaines, peuvent écoper parce que la tentation va être grande d'orienter le budget de développement de programmes de qualité vers des programmes anglophones, pour satisfaire une clientèle qui est extrêmement riche.

Une idée, comme ça : si les universités veulent aller chercher du financement, pourquoi ne pas aller, je dirais, rechercher des brevets qu'elles ont développés et qu'elles laissent aller dans le privé? Donc, si les universités veulent avoir des sources de revenus, il faudrait peut-être réfléchir aussi à ne pas laisser aller des possibilités financières extraordinaires via les innovations technologiques ou de toutes sortes qui sont créées dans les universités avec l'argent de l'État, il faut le dire, mais qui, si souvent, vont être récupérées par le privé et vont assurer une profitabilité pour le privé.

Donc, nous, on demande un moratoire sur la déréglementation. On ne veut pas une université à deux vitesses, comme le système de santé, et on veut qu'il y ait une réflexion de faite sur le refinancement des universités. Parce que le réseau — prenons le réseau des universités du Québec — ça a été le fer de lance de la modernisation de la société québécoise. L'accès à l'éducation, c'est ça qui nous a sortis de la «grande noirceur». Et là on veut retourner où? Vers une gentrification de l'accès à l'éducation et une paupérisation des programmes des universités des régions et des programmes francophones versus les programmes anglophones? C'est inacceptable, et nous, on demande un moratoire sur la déréglementation. Merci.

Mme Trottier-Lacombe (Amélie) : Bonjour à tous. Mon nom est Amélie Trottier-Lacombe. Je suis la présidente de l'Association générale des étudiants de l'Université du Québec à Trois-Rivières. L'AGE UQTR représente près de 10 500 étudiants sur le campus de Trois-Rivières et est le plus grand rassemblement de jeunes de la Mauricie—Centre-du-Québec.

Aujourd'hui, nous venons à l'Assemblée nationale avec l'appui de 18 associations représentant un peu plus de 260 000 étudiants d'un peu partout au Québec afin d'interpeller le ministre, M. Jean-François Roberge, concernant la déréglementation des droits de scolarité des étudiants internationaux prévue pour l'automne 2019. Nous croyons que la position du ministre Roberge sur cette question est improvisée et ne tient pas compte des impacts à moyen et à long terme de cette mesure sur les universités francophones, et plus particulièrement sur celles des régions.

Pour vous citer un exemple, étant donné que la déréglementation favorisera à coup sûr les universités anglophones, est-ce que les administrations universitaires seront tentées d'ouvrir les programmes exclusivement en anglais afin de recruter plus d'étudiants internationaux? Ou encore est-ce que cette mesure fera en sorte que les universités seraient encore plus dépendantes des étudiants internationaux? Ne faudrait-il pas, pour le ministre Roberge, d'avoir le portrait global de la situation avant d'aller de l'avant? C'est pour ces raisons que nous demandons au ministre Roberge de prendre un certain recul, et qu'il prenne de la hauteur par rapport à ce sujet.

Si la CAQ se dit le parti des régions, son ministre, en l'occurrence, M. Roberge, doit, sans plus attendre, imposer un moratoire et commander une étude sur l'impact de la déréglementation pour les universités de région. Je vous remercie.

M. Lecorps (Guillaume) : Bonjour à toutes et à tous, Guillaume Lecorps, président de l'Union étudiante du Québec. Depuis l'annonce du gouvernement libéral, donc, l'ancien gouvernement, de la déréglementation des frais de scolarité des étudiantes et des étudiants internationaux, en mai 2018, le pouls qu'on récolte à l'échelle de la province, auprès de nos 88 000 membres et au sein des associations également avec lesquelles on travaille, il est clair... il y a des inquiétudes majeures, autant au niveau des institutions universitaires en région que réellement les étudiantes et les étudiants qui paieront les frais de cette augmentation drastique ou de la possibilité pour les universités, donc, de décréter un libre marché pour les frais de scolarité des étudiants internationaux.

L'Union étudiante du Québec, donc, on représente plusieurs étudiants et étudiantes de différentes institutions à travers la province, et c'est pour rapporter leur pouls qu'on est présents aujourd'hui, et pour rappeler, là, que cette mesure libérale là, qui sera mise en branle à l'automne mais qui commence déjà à engendrer une course vers l'effectif étudiant international, au moment où on se parle, de la part des universités, cette mesure-là, donc, elle est très néfaste pour nos universités et pour notre système, notamment en région, et on va faire, en fait, des étudiants internationaux des vaches à lait pour les universités, spécifiquement anglophones, spécifiquement en grands centres. Et ce qu'on voit, en fait, c'est le gouvernement libéral qui a concédé et qui a fait des beaux yeux à McGill, qui demandait la déréglementation depuis belle lurette.

On est présentement dans une situation où le gouvernement de la Coalition avenir Québec se refuse d'agir sur cette mesure-là et se refuse d'être réellement ce qu'il prétend, c'est-à-dire le parti des régions, et de mettre sur pied un moratoire pour justement qu'on s'assure d'enrayer les effets néfastes ou plutôt de les prévenir de cette déréglementation-là. Et il semble qu'il y a là un paradoxe qui est assez frappant et qui peut assez facilement être écarté avec un moratoire ou, comme le disait ma collègue de Trois-Rivières, une prise d'une certaine hauteur pour s'assurer de mettre en place des mesures optimales qui correspondent aux besoins des universités en région, mais également de la population étudiante de ces régions-là.

On est présentement dans une situation également où la Coalition avenir Québec, donc, a la chance de réparer des erreurs majeures qui ont été faites par le gouvernement libéral avant elle et d'enrayer les incitatifs qui vont être, dans quelques semaines, quelques mois, mises en place pour nos universités francophones de devenir bilingues. Donc, M. Dubois y faisait allusion tout à l'heure, on est dans une situation, mondialement parlant, où les diplômes francophones sont plus élevés que la moyenne, alors que les diplômes anglophones sont moins élevés, et donc, dans ce scénario-là, il est évident que des universités qui sont présentement francophones vont être tentées d'offrir des programmes notamment en anglais pour s'ouvrir à davantage de financement à même la poche des étudiantes et des étudiants internationaux qui, rappelons-le, à l'heure où on se parle, paient déjà de cinq à six fois plus cher que des étudiants québécois pour le même niveau d'éducation.

Donc, évidemment, de notre côté, c'est une situation qui est intenable, c'est une situation également qui nous semble intenable de la part du parti qui se dit le parti des régions, et c'est impératif de voir un moratoire être mis en place de façon très rapide sur la question de la déréglementation des frais de scolarité des étudiants internationaux. Merci.

La Modératrice : Merci, M. Lecorps. Merci, tout le monde, merci.

(Fin à 13 h 17)

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