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Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Le mercredi 27 février 2019, 15 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures deux minutes)

M. Gaudreault : Alors, bonjour à tous et à toutes. Je tenais absolument à réagir, aujourd'hui, à un premier ministre du Québec qui s'enfonce littéralement dans ses contradictions concernant l'histoire des trop-perçus d'Hydro-Québec. Écoutez, il y a une limite, là, à réagir en disant : Ah! On n'est pas prêts à regarder ça tout de suite, mais à s'enfoncer dans une série de contradictions.

Je veux juste vous rappeler que, pour 2018, les trop-perçus d'Hydro-Québec sont évalués à 180 millions. Selon la CAQ, elle-même, l'année passée, ils disaient que depuis 2008, c'était 1,5 milliard de trop-perçus. Cette année, les profits d'Hydro-Québec sont de l'ordre de 2 840 000 000 $. Et on a un premier ministre qui l'avait joué très théâtral, l'année passée, avec sa députée de Saint-Hyacinthe, Mme Soucy, en déposant une pétition de 48 000 noms, qu'ils ont recueillis en quelque chose comme deux mois, pour dire qu'Hydro-Québec doit rembourser les trop-perçus. Et là, aujourd'hui, maintenant qu'il est au gouvernement, alors c'est complètement deux versions contradictoires, on a un premier ministre qui ose dire, qui ose dire que la population est rendue ailleurs, que la population ne réclame pas le remboursement des trop-perçus.

Je voudrais juste dire à M. Legault, là, que sa pétition de l'année passée, en deux mois, avait récolté 48 000 noms, c'est important, mais la pétition de cette année de la Fédération canadienne des contribuables, depuis vendredi, alors on ne parle pas depuis plusieurs jours, là, depuis vendredi seulement, 24 000 noms ont été récoltés, 24 000 noms, la moitié de ce que M. Legault a récolté en quelque deux mois l'année passée. Et il ose nous dire aujourd'hui que, non, ça n'intéresse pas les gens, que, non, les gens ne veulent pas avoir le remboursement des trop-perçus. Alors, ce que M. Legault dit avant la campagne électorale et ce que M. Legault, premier ministre, fait après la campagne électorale, c'est deux poids, deux mesures. C'est contradictoire.

Et il ajoute, en plus de ce qu'il vient de dire, il ajoute l'élément suivant : C'est que, bien, écoutez, ce n'était pas dans notre campagne électorale. Mais c'est parce que la pétition qui a été déposée par sa députée de Saint-Hyacinthe, là, ce n'est pas en 1980, là, c'est l'année passée. Puis ils ont fait toute une campagne là-dessus, vous irez revoir la petite vidéo, là, que Mme Soucy avait tournée, ça ressemble à un court-métrage, là, vraiment très bien monté, et tout, pour mettre de la pression sur le ministre de l'époque, de l'Énergie, et aujourd'hui, bien, c'est complètement deux poids, deux mesures.

Alors, vous comprenez que c'est inacceptable. On comprend que le premier ministre, ça lui a pris seulement quelques mois pour devenir arrogant et se déconnecter des demandes de la population. Merci.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Gaudreault. Quand M. Legault dit : Les tarifs d'hydroélectricité n'excéderont pas l'inflation, c'est ça que les gens veulent, comment est-ce que vous interprétez cette déclaration-là?

M. Gaudreault : Bien, ça, c'est une chose en soi, puis Hydro-Québec peut faire des demandes, va faire ses demandes devant la Régie de l'énergie, et que ça n'excède pas l'inflation, c'est un élément, mais ça n'empêche pas le phénomène des trop-perçus. Le phénomène des trop-perçus, ça le dit, là, c'est les revenus trop perçus par rapport à ce qui a été fixé par la régie comme tarif, alors c'est de l'argent direct dans les poches des citoyens et des citoyennes. Et M. Legault a fait la campagne électorale, et pas juste la campagne électorale, depuis au moins 2014 que la seule phrase qu'il a dans la bouche, c'est de redonner de l'argent dans le portefeuille des familles québécoises. Là, il a une belle occasion de le faire, là, puis il passe complètement à côté. Alors, M. Legault a perdu toute crédibilité là-dessus.

Et maintenant, pour ce qui est des demandes de la régie, bien, on va laisser Hydro-Québec les faire, et évidemment il ne faut pas que ça excède le taux d'inflation.

Mme Plante (Caroline) : Puis est-ce qu'il a raison de dire, dans le fond, que les surplus...

M. Gaudreault : Les trop-perçus ou les surplus?

Mme Plante (Caroline) : Les trop-perçus, disons, vont bénéficier aux Québécois d'une façon ou d'une autre, directement ou indirectement, ils vont rembourser les Québécois d'une façon ou d'une autre?

M. Gaudreault : Bien, j'aimerais ça qu'il soit un petit peu plus précis pour nous dire comment. Est-ce que ça va être par d'autres avantages reliés aux actifs d'Hydro-Québec? Par exemple, je voyais — bon, en soi, on pourrait parler de ça éventuellement, là — l'entente qui a été signée avec le Maine, la semaine passée, pour l'exportation d'hydroélectricité. Ils ont convenu, avec le Maine, d'utiliser la ligne d'Hydro-Québec pour en profiter pour faire des larges bandes de fibre optique pour amener Internet haute vitesse un peu partout dans le Maine. On n'a pas ça au Québec.

Alors, si, au moins, il arrivait avec des propositions pour nous dire : Bien, on va utiliser les infrastructures d'Hydro-Québec pour, par exemple, installer la fibre optique partout dans les régions du Québec pour Internet haute vitesse... Non, il n'y a pas ça. Est-ce que ça pourrait être, par exemple, pour investir dans les régions pour développer une industrie de fine pointe, par exemple, dans l'éolien, dans le solaire? Non, il n'y a même pas ça. Il fait juste dire : Non, non, non, on verra éventuellement. Puis, en attendant, bien, non, je retourne ma veste puis je ne rembourse pas les trop-perçus. Alors, ça, c'est inacceptable.

Mme Plante (Caroline) : Le principe, dans le fond, c'est que les trop-perçus peuvent... il y a une partie qui est remboursée aux Québécois, mais l'autre partie, dans le fond, peut aider la société d'État à augmenter sa productivité puis augmenter son efficacité. Alors, ce serait une bonne chose à ce moment-là?

M. Gaudreault : Bien, dans la mesure où ça se traduit chez les citoyens. Mais la question est bien, bien précise, là, c'est que les trop-perçus, ça le dit, c'est trop perçu par rapport à l'autorisation qu'ils ont reçue de la régie, et ça, ça doit retourner directement dans les poches des citoyens.

Maintenant, si Hydro-Québec veut augmenter son efficacité, si Hydro-Québec veut travailler sur des chantiers, comme ceux que je vous ai nommés tout à l'heure, bien, qu'il nous le présente puis qu'il nous le fasse. Mais, à ce moment-ci, les trop-perçus de quelque 180 millions, il n'y a pas de retour possible là-dessus, il faut que ça retourne dans les poches des citoyens, des payeurs d'hydroélectricité qui sont, la plupart, des Québécois.

Puis, en plus, en plus, c'est beaucoup plus démocratique que ce qu'il prétend sur l'abolition de la taxe scolaire, parce que l'autre argument de M. Legault, c'est dire : On va en retourner de l'argent dans les poches des Québécois, on peut oublier les trop-perçus parce qu'on va réduire les taxes scolaires dans toutes les régions du Québec. Bien, j'ai des petites nouvelles pour M. Legault, parce que les taxes scolaires, ça s'adresse seulement aux propriétaires. Mais, chez Hydro-Québec, là, si vous êtes locataire, plusieurs loyers, sinon la très grande majorité des logements, les gens paient eux-mêmes leur électricité, ce qui n'est pas le cas avec les taxes scolaires. Alors, ça, ça sera une façon démocratique, une façon universelle de retourner de l'argent dans les poches des Québécois et c'est ce qu'on demande à M. Legault de faire.

Mme Plante (Caroline) : Tu sais, dans le fond, ce qu'il dit, c'est qu'on a des mesures, dont la taxe scolaire, la hausse des crédits d'impôt pour les familles, des mesures qui totalisent 1,5 milliard par année. Alors, il dit : Bon, bien, les Québécois vont déjà pouvoir bénéficier de ça.

M. Gaudreault : Donc, ça veut dire que sa ligne, c'est juste : on tire la ligne à 1,5 milliard par année. C'est assez. Ça veut dire que c'était juste du baratin, ce qu'il nous a dit l'année passée, parce que l'année passée, en même temps qu'il déposait sa pétition de 48 000 noms sur les trop-perçus d'Hydro-Québec, il avait commencé aussi à plaider sur les crédits d'impôt et sur la taxe scolaire.

Alors, pourquoi, sur la question d'Hydro-Québec, là, tout d'un coup, il change de sujet, puis il dit : Les Québécois ne sont pas là puis ne veulent pas le remboursement des trop-perçus? C'est ça qui est inacceptable. Et, vous savez, Hydro-Québec, là, moi, j'adore cette société d'État, mais il faut qu'on la surveille constamment, constamment. On dit souvent qu'Hydro-Québec c'est un État dans l'État. C'est très gros, il y a sa propre culture organisationnelle. Souvenez-vous de ce qu'on avait été obligés de faire en 2010 ou 2011. Ça avait pris un ordre de l'Assemblée nationale — c'est rare, un ordre de l'Assemblée nationale — pour qu'Hydro-Québec accepte de rendre publics aux parlementaires les contrats. C'était arrivé à coups de palettes à l'Assemblée nationale, je m'en souviens, là, c'était une pile de documents, mais on l'avait fait, parce qu'Hydro-Québec résistait. Hydro-Québec résistait, elle se protégeait. L'institution se protège elle-même. Donc, ça avait pris un ordre de l'Assemblée nationale, parce que le seul actionnaire d'Hydro-Québec, c'est l'État québécois. L'État québécois, c'est qui? C'est vous et moi, c'est tous les citoyens.

Donc, si M. Legault baisse les bras tout de suite face à cette grosse organisation, ça veut dire qu'il va baisser les bras face à Hydro-Québec pendant quatre ans. Alors, il a l'occasion de dire à Hydro-Québec : Tu as juste une chose à faire, mon homme, c'est de rembourser les trop-perçus aux consommateurs québécois. C'est juste ça qu'il a à faire. Ça fait que là, il est en train de nous faire la démonstration que ce n'est pas l'État québécois qui va envoyer ses consignes à Hydro-Québec; Hydro-Québec va fonctionner par elle-même, dans sa propre logique, puis ça, c'est inacceptable.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce qu'il évalue bien la grogne que ça peut susciter dans la population et le malaise... donc, on apprenait par le Journal de Québec aujourd'hui qu'il y aurait un certain malaise au sein de la députation caquiste sur ce sujet-là.

M. Gaudreault : Bien, il évalue très, très mal l'opinion publique, parce qu'en deux jours, 24 000 noms sur une signature, c'est quand même exceptionnel. C'est la moitié de ce que lui a récolté en quelque deux mois, là. Donc, déjà là, il y a un message.

Deuxièmement, moi, je comprends les députés de la Coalition avenir Québec qui font de la pression sur le gouvernement, sur son gouvernement, sur le gouvernement de leur même parti politique. Alors, il faut qu'ils continuent parce qu'à l'intérieur du caucus de la CAQ, là aussi, là, ça veut dire qu'il y a un bras de fer qui est enclenché, là. Parce qu'eux ils se le font dire dans les circonscriptions. Si, moi, je m'en fais parler à Jonquière, quand je sors dans un centre d'achat ou ailleurs, c'est la même chose avec les députés de la CAQ, là.

Donc, il faut que M. Legault soit à la fois à l'écoute de la population qui signe de façon massive une pétition en deux jours, mais il faut aussi qu'il soit à l'écoute de ses propres députés, qui sont le miroir ou le reflet, normalement, des citoyens et des citoyennes.

Mme Plante (Caroline) : Puis une dernière question. Vous l'avez évoqué, il ne s'est jamais engagé, pendant la campagne électorale, à rembourser les trop-perçus. Puis là, en scrum, tout à l'heure, là, il disait aux médias : Bien là, c'est à vous de rappeler ça aux gens puis de dire la vérité. Qu'est-ce que vous pensez de cette sortie-là sur le travail des médias?

M. Gaudreault : Bien, écoutez, là, je ne veux pas faire de comparaison boiteuse, mais il se rapproche un peu des «fake news» de M. Trump, là. Alors... C'est parce que la campagne électorale, oui, c'est un moment privilégié où les formations politiques présentent leurs engagements, présentent leur cadre financier, les chefs participent à des débats télévisés, mais il n'y a pas un mur de Chine entre la veille du déclenchement de la campagne puis le jour du déclenchement de la campagne. Je veux dire, là, on ne parle pas d'engagement de la CAQ en 2014, à la limite, on parle d'engagement de la CAQ, là, l'année passée. Puis on ne parle pas juste d'une intervention quelconque à l'Assemblée, on parle d'une opération médiatique qui a été montée, qui a été faite, où on voit la députée de Saint-Hyacinthe partir avec sa valise puis aller déposer ça au bureau du ministère de l'Énergie.

Alors, il y a un côté là-dedans de trompeur. On veut faire accroire à la population que ça va être un enjeu important, puis, dans quelques mois, il va y avoir des élections, votez pour moi, puis on va défendre ça. Puis, après ça, il vient nous dire : Ah, non, non! C'est vous autres, les journalistes, qui ne comprenez pas qu'il y a un mur de Chine entre la veille du déclenchement de la campagne puis le jour du déclenchement. Voyons donc!

Mme Plante (Caroline) : En fait, ce n'était pas un engagement.

M. Gaudreault : Mais oui, mais c'est... je veux dire, on a débattu là-dessus. On pourrait relever peut-être l'ensemble des débats lors de la campagne électorale, là, mais je vous répète qu'il a fait ça quelques semaines avant le déclenchement de la campagne. Merci.

(Fin à 15 h 15)

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