(Onze heures trente-huit minutes)
M. Arseneau : Oui, bien,
bonjour. En fait, on a présenté une motion aujourd'hui en solidarité avec le
peuple du Venezuela. Vous savez que sévit là-bas une crise politique importante,
une crise humanitaire également. Les droits de la personne sont bafoués par le
régime Maduro. Il y a également une crise humanitaire, les gens traversent la
frontière pour fuir le régime et l'oppression. Ce qu'on souhaite, évidemment,
c'est que la démocratie soit rétablie, et la piste de solution, à l'heure
actuelle, qui est la plus réaliste pour l'ensemble des intervenants au dossier,
semble être la position que l'on a déposée aujourd'hui, à savoir de reconnaître
le président de l'Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaidó comme le
président intérimaire, avec le mandat de mener une nouvelle élection démocratique
au Venezuela.
C'est donc l'essentiel de la motion que
l'on a présentée aujourd'hui avec l'appui de la Coalition avenir Québec et du Parti
libéral. Malheureusement, cette motion n'a pas pu être adoptée devant l'absence
du consentement de la troisième opposition. Nous maintenons que c'est une
position qui est en solidarité avec le peuple du Venezuela, et je pense qu'il
est tout à fait opportun que l'Assemblée nationale du Québec, au nom des Québécois,
exprime leur solidarité avec le peuple du Venezuela.
M. Cormier (François) : M.
Arseneau, en quoi faut-il s'ingérer dans les affaires intérieures d'un pays,
d'une nation?
M. Arseneau : Bien, en fait,
je pense qu'on peut se prononcer au nom des Québécois sur un dossier qui fait
la manchette tous les jours et qui va certainement toucher les Québécois. On
voit que cette situation-là, sur le plan humanitaire en particulier — mais
c'est dû à des raisons politiques — va toucher les Québécois, à
l'évidence. Donc, parler au nom des Québécois pour le rétablissement de la démocratie,
je pense que ce n'est pas de l'ingérence politique, en fait, c'est une
solidarité qu'on exprime envers le peuple. On n'est pas les seuls à le faire,
la majorité des démocraties occidentales l'ont fait également dans le même
sens. C'est d'accentuer la pression pour qu'un régime autoritaire soit renversé
par une procédure démocratique, tel qu'on le conçoit.
M. Cormier (François) : Vous
avez peut-être entendu les propos de M. Nadeau-Dubois, ou on vous les
rapportés, M. Nadeau-Dubois fait valoir notamment des arguments de l'ONU en
disant qu'une ingérence étrangère a été dénoncée par l'ONU et qu'il ne faut pas
s'ingérer dans les affaires intérieures d'une nation. Vous seriez probablement
parmi les premiers à dénoncer qu'on s'ingère dans les affaires intérieures du Québec.
M. Arseneau : Bien, vous savez
que les démocraties occidentales... il y a une quarantaine de pays, en fait, à
travers le monde, qui se sont prononcés sur la question. Est-ce qu'il s'agit de
l'ingérence, de souhaiter des élections démocratiques, qu'on mette fin au
bâillonnement des médias, qu'on rétablisse, donc, la liberté de la presse et
qu'on tienne des élections libres et démocratiques? Moi, je pense que ce n'est
pas de l'ingérence, c'est une responsabilité que beaucoup de pays prennent, et,
en tant qu'Assemblée nationale, que l'on prenne également cette responsabilité-là,
comme formation politique aussi qui défend, oui, l'autodétermination des
peuples, et qui souhaite un jour parler dans le concert des nations, je pense
que c'est tout à fait responsable. Il ne s'agit pas de dire aux citoyens du
pays quoi faire, il s'agit d'exprimer une opinion en faveur de l'opinion... ou,
en fait, d'un règlement démocratique de la situation en faveur de la population
du Venezuela.
M. Cormier (François) : En
terminant, M. Nadeau-Dubois fait valoir que vous vous hissez aux côtés de M.
Trudeau, mais surtout de M. Trump, dans cette affaire-là, et qu'il vous
reconnaît bien là-dedans, le Parti québécois. Comment vous réagissez quand vous
l'entendez dire ça?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
nous, on a pris une position en toute autonomie, et c'est une position qui est
reconnue également par une quarantaine de pays à travers le monde. On pourrait
aussi, en utilisant le même argument, dire que Québec solidaire se range du
côté de la Russie, de la Chine, de la Corée du Nord, de la Turquie, et ainsi de
suite, mais on n'entrera pas dans ce débat-là. Nous, on est pour se prononcer
sur les questions internationales dans toutes situations. On l'a fait dans le
cas de la Catalogne, on le fait aussi dans le cas du Venezuela et on le fera
lorsqu'on le juge opportun d'appuyer les peuples qui souhaitent leur liberté et
une démocratie saine dans leur pays.
M. Cormier (François) : Merci
beaucoup.
M. Arseneau : Merci.
(Fin à 11 h 43)