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Point de presse de Mme Paule Robitaille, porte-parole de l’opposition officielle en matière de relations internationales et de francophonie

Version finale

Le mercredi 6 février 2019, 11 h 46

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-cinq minutes)

Mme Robitaille : Bonjour, tout le monde. On a entendu des propos inquiétants de la nouvelle ministre de la Condition féminine hier. Alors qu'elle avait l'occasion de clarifier ses propos ce matin, elle est allée encore plus loin. Elle vient de dire que tous les signes religieux sont un symbole d'oppression, incluant le hidjab et la kippa. Elle a dit que ça ne correspondait pas à ses valeurs religieuses. On voit toute l'incohérence de la CAQ, qui dit vouloir parler de laïcité, mais on voit une ministre aussi qui parle de ses valeurs religieuses.

Nous, au Parti libéral, on croit aux libertés individuelles. On croit que c'est une valeur fondamentale non négociable. On ne porte pas de jugement. C'est dommage d'entendre des propos qui divisent, de la part de la nouvelle ministre de la Condition féminine, en plus. Alors, je l'invite à venir faire un tour dans mon comté de Bourassa-Sauvé pour lui présenter des femmes épanouies, libres, qui portent aussi le hidjab, qui sont médecins, qui sont pharmaciennes, qui sont enseignantes, et ça me fait vraiment plaisir parce que je pense que c'est une question d'incompréhension. Je pense que les gens ne réalisent pas que, pour certains, la façon de vivre sa religion, ça passe par porter un signe religieux : un hidjab, une kippa, un voile, un turban pour un sikh.

Donc, je pense que c'est important que les gens le comprennent dans la société dans laquelle on vit maintenant. Moi, dans mon comté, je pense qu'un quart des gens dans mon comté, dans Montréal-Nord, sont musulmans. Et, dans Montréal-Nord, on vit ensemble, on se côtoie, on travaille ensemble et puis on apprend à se connaître. On ne porte pas de jugement et ça fonctionne très bien. Donc, ça serait heureux que Mme Charest vienne faire un tour, puis tout le monde qui le désire, même vous, là, tout le monde. Je vous invite. On a tous avantage à découvrir Montréal-Nord parce qu'il y a toutes sortes de belles choses à Montréal-Nord.

Alors, bien, c'est ça, si vous avez des questions, je vous écoute.

M. Duval (Alexandre) : Jusqu'à quel point pensez-vous que les propos de Mme Charest nuisent aux femmes en général maintenant qu'elle est ministre responsable de la Condition féminine?

Mme Robitaille : Bien, justement, parce qu'elle est ministre de la Condition féminine, on s'attendrait à ce qu'elle rallie... bon, en tout cas, elle ne porte pas de jugement sur des femmes qui décident de vivre leur religion d'une certaine façon. Je pense que c'est ce qu'on s'attend d'une ministre de la Condition féminine : quelqu'un qui écoute, quelqu'un qui comprend, quelqu'un qui ne porte pas de jugement sur ces femmes-là, sur quoi que ce soit, sur la façon de vivre sa féminité.

M. Duval (Alexandre) : À votre avis, est-ce qu'il y a des signes religieux, certains signes religieux, qui peuvent représenter une forme d'oppression? Vous les avez tous nommés, mais pas la burqa. Vous n'avez pas parlé non plus du tchador, ceux qui couvrent le visage. Est-ce qu'il y en a, certains signes qui, oui, peuvent représenter, comme le dit Mme Charest, une forme d'oppression?

Mme Robitaille : Bien, l'oppression, c'est quand on est obligés de porter, quand on nous oblige à porter un signe religieux. Mais, du moment où la personne décide qu'elle, c'est ça qu'elle veut porter, un voile ou quoi que ce soit, une kippa, bien, à partir de ce moment-là, moi, je ne porte pas de jugement, là, c'est de ses affaires.

M. Croteau (Martin) : Bien, c'est ça qu'elle dit, la ministre. Elle dit : Moi, ce contre quoi je m'insurge, c'est des signes religieux qui sont imposés, et, selon elle, c'est ça qui est un symbole d'oppression.

Mme Robitaille : Oui. Bien, elle porte un jugement de valeur. Pour elle, le symbole de la kippa, c'est oppressif. Bien, moi, je trouve ça troublant. Je trouve que c'est un manque de compréhension.

M. Croteau (Martin) : Croyez-vous qu'elle est qualifiée pour le poste qu'elle occupe actuellement?

Mme Robitaille : Moi, je pense qu'il y a des propos maladroits. Et puis moi, je l'invite vraiment, puisqu'elle est ministre de la Condition féminine, de venir rencontrer des femmes, de mieux comprendre la situation de ces femmes-là, mieux comprendre le contexte, mieux comprendre c'est quoi, pour ces femmes-là, l'islam, la religion musulmane, peut-être même venir dans Mont-Royal—Outremont rencontrer des juifs hassidim aussi, et puis rencontrer les femmes et puis les hommes qui vivent dans cette communauté-là, même chose du côté des sikhs, aller dans un temple sikh rencontrer des gens qui vivent autrement leur religion qu'elle.

Mme Porter (Isabelle) : Est-ce que c'est souhaitable, à votre avis, que la ministre de la Condition féminine émette des opinions personnelles?

Mme Robitaille : Bien, moi, je ne suis pas ministre, là, mais ce que je m'attends d'une ministre, c'est qu'elle soit un peu au-dessus de la mêlée, et, dans ce sens-là, elle doit être prudente. Elle doit être aussi à l'écoute des gens qu'elle représente. La condition féminine, ça... Madame représente des femmes. Elle doit faire très attention. Elle doit être aguerrie. Elle doit avoir l'oreille aussi. Elle doit vraiment essayer de comprendre ces femmes-là qui viennent de partout, qui ont des croyances différentes qu'elle.

Mme Senay (Cathy) : In English, if you don't mind?

Mme Robitaille : Yes?

Mme Senay (Cathy) : Mrs. Charest said yesterday that wearing a hijab, for women, was the symbol of oppression. Today, she says: Well, wearing a hijab, for women, is a sign of oppression, the ones that wear it and it's not a choice, it's an obligation. So, she added the question of choice, the notion of choice. What do you think?

Mme Robitaille : Well, I think that's where the problem is. I think she has to understand that some women or some men decide to wear a hijab or a kippah because they want to wear it, because it's part of their way of believing, the way that they want to live their religion. I think that she has to understand that and she shouldn't have a judgment over the way they express their religion.

Mme Senay (Cathy) : Because she made that nuance just this morning. But the problem for you is that she had her own personal view on this?

Mme Robitaille : I think she has to be careful because she is a minister, so she represents these women. She represents women at large, and she has to be understanding, and she has to go a little bit further than her own way of seeing the world. That's why I'm inviting her in Montréal North. I would be so happy to have her over, and I will introduce her to great women that are doctors, that are teachers that decided to wear a hijab because they want to wear a hijab, and they're not oppressed, and they're very smart, and they're really understanding of others. And I think it will be very good for her to come and meet them.

Mme Senay (Cathy) : She spoke too fast yesterday, with ignorance?

Mme Robitaille : I think maybe she's new and maybe she didn't… Yes, maybe she went a little bit too fast.

Mme Senay (Cathy) : And does that show the incoherence, like everything that doesn't work with the CAQ's will to table this bill on secularism?

Mme Robitaille : Well, I want to believe that she doesn't understand and that, with a little bit of effort, she could come and meet women that are different than her and understand a little bit better . And it's very, very important because they will present a bill on «laïcité», you know, and they have to be aware of what's going on for real, you know, on the ground. And it's, yes, very important, and she should be careful, and she should have the judgment to keep her own values for herself and to be a little bit more understanding of others.

Mme Senay (Cathy) : And not just speak to party faithful.

Mme Robitaille : No, no. It's very important, as a minister, not to talk only to party faithful, to be above the fray — I don't know how to say it in English exactly — and to be prudent. Thank you.

M. Duval (Alexandre) : Une petite question, peut-être, rapide sur les Jeux de la Francophonie?

Mme Robitaille : Oui?

M. Duval (Alexandre) : Dans quelle mesure la réponse de la ministre Girault vous a laissée perplexe? Parce qu'en fait il n'y a pas d'engagement ferme, là, à ce moment-ci.

Mme Robitaille : Bien non. Mais moi, je suis très déçue parce que M. Legault parle de la fierté d'être Québécois. M. Legault nous dit qu'on est un grand peuple, et reprend les paroles de René Lévesque, et, en même temps, il va en France, il parle de deals. Et là on a une belle occasion de montrer qu'on est les leaders pour ce qui est de la francophonie au Canada et on a un rôle particulier parce qu'on est un État à part entière, là, dans l'Organisation internationale de la Francophonie.

Alors, oui, je suis déçue parce que moi, j'aurais aimé qu'on prenne le lead là-dedans. J'aurais aimé qu'on soit dynamiques, le gouvernement du Québec. Puis moi, ce que j'entends ce matin, c'est quelqu'un qui est un peu ambivalent. Bon, on négocie, mais ce n'est pas un leadership, ce n'est pas très dynamique. Quand il y a de la volonté, on peut faire beaucoup, puis, quand on a un esprit de... Quand on veut vraiment aller vers quelque chose, on peut rallier les gens autour de nous.

Et là, maintenant, c'est la ville de Sherbrooke qui semble porter ça. Je trouve qu'elle aurait besoin d'appui, la ville de Sherbrooke. Elle aurait besoin d'une espèce de... Québec aurait... Mais en tout cas moi, j'aurais aimé que Québec montre un certain dynamisme là-dedans, un certain leadership, puis je ne le vois pas.

M. Duval (Alexandre) : Ce qui a été dit, c'est que le Nouveau-Brunswick aurait eu cinq ans pour organiser les jeux, alors que, là, on va avoir, vraisemblablement, à peu près deux ans et demi si on les accueille. Dans quelle mesure cette fenêtre de temps là, vous considérez que ça peut effectivement être un problème pour l'organisation?

Mme Robitaille : Bien, moi, ce que j'entends, c'est que la Côte d'Ivoire, qui ont reçu les jeux la dernière fois, la Côte d'Ivoire, qui est beaucoup moins riche que le Canada, là, a été capable d'organiser les jeux en un an et demi, hein? Abidjan a pu organiser des jeux en un an et demi. Mais nous, au Canada, au Québec, est-ce qu'on ne pourrait pas, nous aussi... En ce moment, ce n'est pas les Jeux olympiques, là, et il y a... Ce que je comprends, c'est qu'à Sherbrooke il y a des infrastructures qui sont là depuis les Jeux du Canada, en 2013, et il y a une mise à niveau qui pourrait être faite. Donc, ce n'est pas comme à Moncton, où là on partait de zéro. Donc, il y a quand même une base. Il y a deux universités à Sherbrooke aussi. En tout cas, si Sherbrooke veut, le Québec devrait donner un coup de pouce. Ottawa aussi devrait embarquer. Donc, c'est mon opinion.

M. Duval (Alexandre) : Merci beaucoup.

Mme Robitaille : Merci.

(Fin à 11 h 57)

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