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Point de presse de M. Pierre Arcand, chef de l’opposition officielle, et Mme Hélène David, porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité

Version finale

Le vendredi 1 février 2019, 12 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures vingt-trois minutes)

M. Arcand : Merci infiniment. Évidemment, notre caucus se poursuit aujourd'hui et va se terminer en fin de journée. Nous avons eu, depuis hier, des discussions extrêmement intéressantes avec les collègues. Vous avez devant vous un chef et une équipe, également, motivés pour la rentrée parlementaire. Il y a eu des rencontres avec les gens de notre formation politique, de notre parti, et il est clair que, pour nous, la récréation a sonné pour le gouvernement. M. Legault et son équipe doivent commencer à poser des gestes concrets, pas juste déposer des projets de loi.

Je vous rappelle que la Coalition avenir Québec dispose d'un surplus de 4 milliards de dollars, et on se demande ce qu'ils attendent pour agir. Comment se fait-il que, pour les soins à domicile, ils ne soient pas capables, par exemple, de débloquer rapidement les 200 millions de dollars additionnels qu'ils ont promis en campagne électorale? Il semble y avoir dans ce gouvernement une lenteur pour passer à l'action, comme si on devait attendre le dépôt du budget à la fin du mois de mars. Ils jouissent pourtant d'une situation économique extraordinaire. Je me pose donc de sérieuses questions. Mon équipe est prête à pousser le gouvernement à l'action et à soulever, bien sûr, ses incohérences.

Il n'y a pas juste à l'Assemblée nationale également que l'équipe libérale sera présente, mais également dans toutes les régions du Québec. Pour notre parti, c'est également une priorité. Les députés libéraux vont aller partout au Québec à la rencontre des citoyens pour bien comprendre leurs préoccupations et ainsi jouer pleinement le rôle d'opposition officielle.

Nous allons défendre les citoyens de toutes les régions du Québec et, en fait, nous sommes certains, et les citoyens de toutes les régions du Québec doivent être certains, que, par ces tournées, par cette approche que nous aurons, nous allons poser les questions parce que nous croyons que le gouvernement, de la façon dont il gère actuellement, pourrait se retrouver... il pourrait se retrouver dans les régions un déclin des économies régionales.

La période de questions, c'est donc une période de questions dans laquelle nous allons poser ces questions non seulement pour le citoyen de Montréal, mais également pour le citoyen ou la citoyenne de Sept-Îles, du Lac-Saint-Jean ou encore de la région de Sherbrooke. L'économie sera omniprésente dans nos interventions. Nous croyons que notre formation politique a une expérience en cette matière et est à juste titre reconnue comme le parti de l'économie.

Le premier ministre aime prononcer le mot «économie», mais jusqu'à présent il n'a pas posé les gestes très importants en la matière. On n'a qu'à citer, par exemple, le cas de sa visite à Davos, où il a tenté de faire passer de vieilles nouvelles pour des exclusivités. C'est donc important de souligner, encore une fois, qu'il doit avoir cette préoccupation.

Concernant, par exemple, le manque de main-d'oeuvre dans les régions, je vous rappelle que j'avais lancé, à la fin novembre, une question au premier ministre, je lui avais demandé de tenir un forum sur la question de pénurie de main-d'oeuvre. Il n'a pas donné suite à cette proposition. Pourtant, les milieux n'ont pas le choix maintenant de s'organiser.

Le maire Labeaume, par exemple, et les gens d'affaires de Québec tiennent un forum sur ce sujet, qui aura lieu le 28 février prochain, et nous allons certainement nous y intéresser de près parce que, si le gouvernement ne trouve pas de solution, bien, au moins, les gens de la société civile vont être en mesure de pouvoir poser des diagnostics. Et, encore une fois, je peux vous affirmer que nous ferons également des propositions en ce sens au gouvernement.

Alors, à défaut d'avoir un gouvernement qui s'en préoccupe, les gens d'affaires se mobilisent. Pendant plus de quatre ans, le premier ministre nous a attaqués, nous a critiqués. J'imagine qu'il avait des solutions à proposer. Force est d'avouer qu'il n'y en a pas. Le caucus libéral sera en mode solution. Nous aurons des propositions à lui soumettre. Nous avons l'intention d'être une opposition qui va travailler pour que la population du Québec soit gagnante.

Maintenant, on sait que, pour l'instant, les énergies du gouvernement de M. Legault sont concentrées sur un projet de loi sur les signes religieux. Lorsqu'il y a eu le caucus présessionnel de leur formation politique, on a vu que c'est le sujet qui a retenu l'attention. En fait, je n'ai pas entendu de proposition sur l'économie. Ce que j'ai entendu, c'est que, dans ce débat sur la laïcité, la position de la CAQ laisse place à beaucoup d'improvisation actuellement. Concernant la position, par exemple, sur les droits acquis, il va falloir attendre le dépôt du projet de loi pour espérer y voir clair.

Mais, à la lumière des informations qui circulent dans les médias concernant les intentions du gouvernement en matière de laïcité, nous avons abordé la question au caucus hier. Je tiens d'ailleurs à saluer le travail qui a été effectué par Mme Hélène David en la matière. Elle a mené des consultations auprès de différents groupes. Elle a soumis les propos recueillis à ses collègues. Nous avons consulté des militants, des experts, toutes sortes de personnalités et nous avons donc mené une réflexion en profondeur. Ça nous a permis d'arriver à un consensus sur la question au sein de notre formation politique.

Le Parti libéral du Québec, c'est le parti des libertés individuelles. La liberté de religion est enchâssée dans la Charte des droits et libertés de la personne, et jamais nous n'allons endosser la position de la CAQ, qui souhaite interdire le port des signes religieux chez les employés en position d'autorité.

Nous nous questionnons également sur la manière dont le gouvernement va réussir à faire appliquer cette interdiction. Y aura-t-il deux poids, deux mesures entre les écoles publiques, les écoles privées, entre les employés fédéraux et les employés de l'État québécois, entre les juges provinciaux et les juges fédéraux? Bref, le gouvernement devra préciser ses intentions et surtout, surtout, expliquer la manière dont ce sera appliqué. M. Legault est en droite ligne pour créer au Québec, actuellement, de nombreuses divisions.

Et j'invite, donc, Mme David à vous adresser quelques mots pour vous expliquer plus en détail notre position.

Mme David : Merci beaucoup. Merci, Pierre. Alors, tel qu'il vous l'a dit, on a eu des discussions très intéressantes, des discussions importantes, des discussions constructives à la lumière des informations que nous avons de la CAQ pour son futur — je dis bien toujours futur — projet de loi. Et la question... les questions que ça pose ont été étudiées, je peux vous le dire, avec le plus grand sérieux, la plus grande profondeur.

Moi-même, j'ai revu, avec des collègues, d'ailleurs, qui ont vraiment voulu très aimablement m'accompagner, apporter leur soutien, l'ensemble du dossier, j'ai fait de très nombreuses rencontres, j'ai rencontré, oui, les commissions politiques des communautés culturelles de notre parti, c'était important, elles représentent l'ensemble des régions, elles représentent l'ensemble des communautés culturelles, et le consensus est très clair. Le consensus qui ressort de nos discussions, c'est qu'on va respecter les principes qui sont au centre de notre histoire. Les principes, comme l'a dit M. Arcand, c'est notre position sur les signes religieux, qui, donc, vous ne serez pas surpris, demeure la même.

Nous sommes, nous avons toujours été le parti qui a à coeur les libertés individuelles, et jamais nous n'endosserons de gestes qui empêcheraient des citoyens d'occuper un emploi sur la base de leurs orientations religieuses, l'emploi pour lequel ils ont été formés et ont investi toute leur passion.

Cela dit, le gouvernement de la CAQ aura, dans les prochaines semaines, à expliquer les différentes incohérences de sa position. Nous en avons d'ailleurs découvert une nouvelle, cette semaine — tous les jours amènent son lot de paradoxes et d'incohérences — alors que le premier ministre a affirmé que l'interdiction de signes religieux s'appliquerait pour les enseignants des établissements publics, mais pas des écoles privées. Deux poids, deux mesures, deux sortes d'enseignants.

François Legault et Simon Jolin-Barrette doivent prendre conscience qu'ils s'apprêtent à renier les droits les plus fondamentaux des Québécois. Ils doivent faire preuve de rigueur, de sensibilité et de cohérence. Merci.

La Modératrice : Donc, merci beaucoup. On va passer... Oh! M. Chouinard, je vous sens impatient de poser une question, donc on va commencer avec vous.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. Bonjour. M. Arcand, d'abord dites-moi, très clairement, donc, l'option d'adopter la recommandation Bouchard-Taylor, donc, seulement les agents coercitifs... les agents dotés d'un pouvoir de coercition, donc l'interdiction des signes religieux dans leur cas, ça, c'est clairement écarté par le caucus?

M. Arcand : Oui, exactement.

M. Chouinard (Tommy) : C'est ça, le consensus?

M. Arcand : Oui, oui.

M. Chouinard (Tommy) : Et de maintenir la position visage découvert, là, pour résumer.

M. Arcand : Exactement.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Hier, vous nous disiez : Attendez-vous surtout pas à ce qu'il y ait une position formelle, à la fin de notre caucus, sur cette question, on va trancher seulement au moment du dépôt du projet de loi. Qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui, finalement, à nous présenter une position formelle?

M. Arcand : Bien, c'est-à-dire que, premièrement, quand on a eu des discussions sur ces questions-là, d'abord, la discussion s'est faite de façon très sereine. D'abord, jeudi soir, hier soir, la position nous a paru assez limpide et assez claire, de la part de l'ensemble des députés. Et en plus nous étions, à ce moment-là, dans la fameuse discussion, la fameuse déclaration de M. Legault sur l'islamophobie, et ainsi de suite. Alors, je pense qu'on a jugé bon aujourd'hui de dire : Écoutez, voici un parti politique ici, au Québec, qui est un parti politique qui croit aux libertés fondamentales, libertés individuelles, ça fait partie des valeurs du parti libéral. Il pourrait attendre le dépôt du projet de loi, mais je pense que maintenant, de la façon dont M. Jolin-Barrette s'est exprimé, les propos du premier ministre, on pense qu'on peut faire connaître notre position de façon très claire.

M. Chouinard (Tommy) : Donc, les propos du premier ministre vous poussent à présenter une position rapidement. Est-ce que je dois comprendre que c'est les arguments qui...

M. Arcand : Bien, ce n'est pas tellement la position du premier ministre, c'est surtout la discussion qu'on a eue, au sein des députés, qui était passablement limpide là-dessus.

M. Chouinard (Tommy) : Et tout le monde s'est rallié.

M. Arcand : Tout le monde s'est rallié.

Le Modérateur : Merci. Donc, on va passer au micro de droite. Catherine.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour. Catherine Lévesque, HuffPost Québec. Bonjour, M. Arcand, Mme David. Vous avez dit que le caucus libéral sera en mode solution. Doit-on comprendre que vous allez être une opposition plus collaborative plutôt que combative?

M. Arcand : C'est-à-dire qu'on a les deux. Je pense que, quand on est dans un parti de l'opposition, il faut faire les deux. Il faut être à la fois réaliste, on comprend très bien que la population a élu le gouvernement de la Coalition avenir Québec, et nous n'allons pas nous opposer pour le plaisir de nous opposer. Nous allons nous opposer lorsqu'on voit qu'il y a vraiment des enjeux majeurs, lorsque le gouvernement, à notre avis, erre dans certains dossiers. Et nous allons apporter, nous, avec l'expérience qu'il y a à travers... avec les députés que nous avons ici, nous avons des députés d'expérience, beaucoup d'anciens ministres, je pense qu'on est en mesure d'apporter des solutions très importantes à l'ensemble du Québec.

Mme David : Si je peux rajouter deux exemples qui récemment ont fait l'objet d'actualités, le tribunal spécialisé en violences à caractère sexuel, je pense qu'on en a fait la démonstration, et je suis la première heureuse de tout ça, qu'on peut travailler ensemble, qu'on peut travailler à construire une nouvelle approche. Et avec les forces de chacune des quatre députées qui sont présentes dans les quatre partis, je pense qu'on donne là aussi aux concitoyens et concitoyennes du Québec la preuve qu'on peut tous et toutes travailler ensemble. Et c'est à notre grand plaisir, mais, je pense, aussi au plus grand soulagement, et plaisir, et surprise, même, des Québécois et des Québécoises.

Mme Lévesque (Catherine) : Absolument. Je veux revenir aussi sur cette fameuse lettre qui n'en était pas une, si je comprends bien, parce que plusieurs collègues, dont moi, n'étions pas là hier, j'aimerais savoir qu'est-ce qui a dérangé particulièrement le caucus. Est-ce que c'est le fait que ce soit une nouvelle députée qui ait amené ce sujet-là? Ou c'est cette proposition d'excuse, tout simplement? Puis est-ce que vous craignez que ça dissuade peut-être certaines personnes de faire des propositions du genre pour renouveler le parti?

M. Arcand : Bien, je pense que l'élément, dans ça... je pense qu'on a un peu exagéré l'importance. Les gens ont le droit de s'exprimer, d'exprimer des positions. Les militants le font. Moi, j'essaie d'avoir un parti politique qui est le plus ouvert possible, dans lequel les gens s'expriment. Alors, il y a des gens qui ont des opinions qui ne sont pas nécessairement, finalement, partagées par l'ensemble, mais c'est correct. On a eu des discussions, et je peux vous dire que... c'est parfait. Puis il y aura d'autres débats à l'interne, ne vous inquiétez pas. On a souvent reproché à notre formation politique de ne pas avoir suffisamment de débats à l'interne, alors là, maintenant qu'on en a sur certaines questions, bien, j'espère qu'on ne se le fera pas reprocher.

La Modératrice : Merci. Donc, M. Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : M. Arcand, Mme David. Est-ce que vous allez permettre le vote libre sur le projet de loi sur la laïcité? Est-ce que les députés du Parti libéral vont être libres de voter selon leur conscience ou encore est-ce que vous allez imposer la ligne de parti?

M. Arcand : Bien, en général, c'est la ligne de parti qui doit prévaloir. Je ne vois pas, dans ce cas-là... On ne parle pas d'un cas... qui n'est pas comparable, par exemple, à l'aide médicale à mourir, dans lequel on avait eu ça. Mais normalement, c'est la ligne de parti qui doit prévaloir.

M. Lacroix (Louis) : Et, si je comprends bien, pour vous, la meilleure solution, c'est encore la loi n° 62, là? Pour vous, c'est encore ça ou si vous pensez que la loi n° 62 aurait dû être faite autrement, à la lumière de vos réflexions?

M. Arcand : Hélène, peut-être?

Mme David : Bien, écoutez, la loi n° 62, d'abord, il y a des choses qu'on... On ne sait pas complètement ce qui va arriver avec les articles qui sont encore sous procédure judiciaire. Alors, pour l'instant, il y a eu le guide qui a été déposé au mois de juin, le guide pour aider sur les accommodements, entre autres, là, les demandes d'accommodement. Et pour le reste, bien, attendons de voir le destin juridique des articles qui sont soumis. Alors, on ne peut pas tellement aller plus loin que ça pour l'instant, mais c'est clair que ce projet de loi là instituait l'obligation de recevoir et de donner des services à visage découvert, pour les trois raisons que vous connaissez.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous continuez à être derrière cette loi-là...

Mme David : Ça continue, certainement que ça continue...

M. Lacroix (Louis) : Vous ne la désavouez pas, autrement dit, cette loi-là?

Mme David : Non. Non, ce n'est pas désavouer, c'est juste qu'il y a un autre projet de loi, là, qui arrive, avec un autre gouvernement, sur lequel nous aurons forcément à nous pencher et sur lequel, pour ce qu'on en sait pour l'instant, ça fluctue un petit peu, des fois, au gré des journées. C'est plus compliqué que ça en a l'air, je crois que le gouvernement se rend compte de ça, et c'est un dossier tellement important qu'il fallait s'y pencher très sérieusement, rapidement.

M. Arcand : Moi, il y a deux choses que j'aimerais peut-être ajouter à ça. La première, c'est que je ne crois pas que cette loi-là, en tout cas jusqu'ici, ait provoqué de chaos social comme tel, dans un premier temps...

M. Lacroix (Louis) : Elle a été suspendue, il faut dire, là.

M. Arcand : Oui, je comprends, mais en tout cas il n'y a pas d'enjeu depuis quelque temps. Puis, deuxièmement, Mme David nous le faisait encore remarquer au caucus, parce qu'elle a pris le temps de lire tout ce qui se faisait en la matière, et, encore une fois, on oublie que, même dans le rapport Bouchard-Taylor, dans les différents rapports qui ont suivi, on constate qu'il n'y a pas d'urgence à légiférer sur cette question, il n'y avait pas d'urgence comme telle, et donc que le problème n'est pas urgent. Alors qu'on vient de légiférer, au Québec, sur une loi qui sera sûrement testée par les tribunaux, on se pose encore une fois la question : Où est l'urgence? Nous croyons qu'il y a des problèmes pas mal plus urgents que ça au Québec.

M. Lacroix (Louis) : Et juste une dernière question. Qu'est-ce que vous pensez du fait que le Parti québécois propose à la CAQ de faire une alliance avec eux sur cette question-là? Qu'est-ce que vous pensez de ça?

M. Arcand : À chaque parti ses valeurs. Nous, nos valeurs, ce sont des valeurs de liberté. Le Parti libéral a toujours été le parti des libertés, et on va se comporter de cette façon-là, et quelle que soit la religion. Il n'y a pas juste la religion musulmane dont on parle. Que ce soit pour la religion juive, pour les catholiques, pour les protestants, pour toutes les religions, je pense que... et pour les emplois des gens, nous avons jugé qu'il était fondamental d'avoir la liberté.

La Modératrice : Merci. Donc, Mme Martin.

Mme Martin (Andrée) : Oui. Andrée Martin, de TVA. Ce matin, M. Arcand, vous disiez, bon, que vous n'étiez pas nécessairement en faveur d'une journée contre l'islamophobie. Mais, dites-moi, quel est votre point de vue? Êtes-vous encore en accord avec une commission sur le racisme systémique?

M. Arcand : Ce n'est pas à l'ordre du jour.

Mme Martin (Andrée) : Pouvez-vous développer?

M. Arcand : Ce n'est pas pour moi un élément qui est à l'ordre du jour, actuellement.

Mme Martin (Andrée) : Mais vous avez déjà été en faveur d'une telle commission?

M. Arcand : Bien, il y a eu des discussions sous l'ancien gouvernement, à l'époque, puis finalement on a décidé de ne pas en faire.

Mme Martin (Andrée) : Merci.

La Modératrice : Merci. Donc, on passe à M. Lavallée.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour. Concernant, donc, ce projet de loi à venir sur la laïcité, je comprends que vous n'allez pas l'appuyer, c'est très clair. Est-ce qu'on doit comprendre que vous allez aussi sortir l'artillerie lourde pour le combattre, un peu comme ce qu'avait fait à l'époque le Parti libéral dans l'opposition face à la charte des valeurs du gouvernement Marois? M. Couillard avait déclaré : Il va falloir me passer sur le corps, on va faire de l'obstruction. Bon. Est-ce que vous êtes dans ce genre de stratégie?

M. Arcand : Il y aura des discussions avec M. Proulx, qui est notre leader parlementaire. On n'a pas élaboré, actuellement, une stratégie particulière, mais il est clair qu'on fera valoir notre point de vue, certainement, et on verra comment aussi le gouvernement va se comporter.

M. Lavallée (Hugo) : En ce qui concerne la proposition de présenter des excuses aux Québécois, Mme Rizqy, hier, a admis publiquement avoir été à l'origine de cette idée-là, et elle nous a présenté la chose en nous disant : Bien, moi, je suis une femme qui réfléchit, qui fait preuve d'initiative, qui présente des idées. Vous-même, vous dites vouloir être à la tête d'un parti libéral ouvert. Comment se fait-il, alors, que la simple émission d'une idée ait suscité une enquête interne, comme vous l'avez dit hier, un caucus spécial en début de semaine? Est-ce que ce n'est pas un peu beaucoup pour ce que Mme Rizqy nous dit être une simple proposition?

M. Arcand : Oui, en effet, c'était beaucoup, puis, encore une fois, le tout est rentré dans l'ordre très rapidement. Parce qu'encore une fois les députés ont le droit d'exprimer leurs positions. Évidemment, les positions qui sont exprimées doivent être toujours discutées au caucus, mais on va continuer à aller dans cette direction-là, et moi, j'invite les députés à exprimer clairement leurs positions à l'intérieur du caucus, et, par la suite, on se rallie aux positions qui sont là.

M. Lavallée (Hugo) : Mais là où je voulais en venir, c'est : Pourquoi un tel tollé, si c'est une simple...

M. Arcand : Bien, écoutez, ça a fait beaucoup jaser, et je ne sais pas pourquoi exactement, mais il y a eu des discussions. Alors, moi, j'ai jugé bon, comme chef de parti... Parce que, vous savez, notre rôle, toujours... les députés sont à plusieurs endroits, à un moment donné; nous n'étions pas au parlement à ce moment-là. J'ai jugé bon de réunir, de faire un appel téléphonique aux députés, une conférence téléphonique, de les réunir pour leur dire : Voici ma position. Parce qu'entre vous et moi, c'est une position nuancée qu'on doit avoir dans ça. La question était : Est-ce qu'on doit présenter des excuses? La réponse, c'est non. Est-ce qu'on doit dire qu'on a été parfaits? Je pense que la réponse est claire que ce n'est pas ça.

M. Lavallée (Hugo) : Dernière question. Vous dites vouloir aller à la rencontre des gens en région, reconnecter avec les gens des régions. Pourtant, contrairement aux autres partis, vous avez choisi de faire votre caucus ici, sans quitter l'Assemblée nationale, alors qu'il est de coutume d'aller en région. La CAQ le fait, le Parti québécois aussi. Pourquoi ne pas vouloir quitter...

M. Arcand : Bien, d'abord, premièrement, vous savez qu'on aura, éventuellement, un conseil général de notre formation politique qui va se faire probablement, si ma mémoire est bonne, à Drummondville, donc c'est pas mal en région. On a également des réunions de présidents d'associations de comté qui vont se faire à Trois-Rivières, il y aura certainement d'autres caucus qui doivent se faire. Pour plusieurs, c'était pratique d'être ici, à Québec, mais on n'exclut pas, évidemment, d'aller bien sûr dans toutes les régions du Québec.

M. Lavallée (Hugo) : Merci.

La Modératrice : Merci. Donc, Mme Cloutier.

Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour. J'aimerais savoir, tout à l'heure, le cabinet du premier ministre François Legault a nuancé ses propos de la veille sur l'islamophobie en disant que, bon, c'est qu'il n'y avait pas de courant islamophobe au Québec. Est-ce que, selon vous, c'est suffisant?

M. Arcand : Écoutez, je pense qu'il reconnaît, hein, qu'il s'est trompé, il a corrigé le tir de cette façon-là. Alors, moi, je ne veux pas en faire une lutte à finir. Moi, je lui ai demandé de s'excuser; je trouve que c'est passablement ça, là, c'est pas mal une excuse. Alors, il a corrigé le tir, et moi, je suis satisfait de ça.

Mme Cloutier (Patricia) : Merci.

La Modératrice : Merci. M. Gagnon.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour à vous deux. Vous dites, donc : Essentiellement, notre position reste la même. Mais, juste pour que ce soit clair, donc, ça veut dire non à Bouchard-Taylor, et vous restez, donc, sur le visage découvert dans les services publics. C'est ça?

Mme David : Exactement, parce que c'est une atteinte assez frontale aux droits et libertés. Et, quand on regarde, d'ailleurs, les courts sondages, ça aussi, ça a été un peu compliqué. Ils ont appelé différents ministères, et les réponses, c'étaient : On n'a même pas de cas, on n'a même pas de cas à vous proposer, dans les cas des juges, ça a été clair, la juge en chef s'est exprimée, et dans les cas des policiers. Et donc, il reste les enseignants, les enseignantes, devrait-on dire, beaucoup. Alors, c'est une atteinte directe à un droit et une liberté qui est la liberté de religion.

Et pourquoi celle-là plus que plein d'autres libertés? On a gagné tellement de beaux combats, depuis des décennies, sur les libertés, les libertés d'orientation sexuelle, les libertés de genre, les libertés de race, les libertés de sexe, l'accès à l'égalité hommes-femmes. Alors, tout à coup, on cible cette religion, on cible la religion comme une des libertés fondamentales et puis on s'attaque directement à cette liberté-là. Ça cause un très, très, très sérieux problème, sans compter que ça va être infiniment triste pour la division que ça va encore une fois provoquer au Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Arcand, j'aimerais revenir sur la question de l'islamophobie. Bien, d'abord, M. Legault, là, ne s'est toujours pas rétracté, là. Au mieux, son entourage a apporté une nuance en disant que ce qu'il voulait dire, c'est qu'il n'y a pas de courant islamophobe au Québec. Mais, bon, comme il ne se rétracte pas publiquement sur ce qu'il a dit hier, est-ce que vous estimez que ses propos sont de nature à attiser l'intolérance au Québec?

M. Arcand : Bien, écoutez, il est clair qu'actuellement, quand je regarde tout ce qui a été dit au cours des dernières semaines, en particulier... Puis, je ne sais pas, j'écoutais, hier encore, l'histoire, là, de cet employé qui a été congédié par le ministre ou... enfin, c'est un peu nébuleux, cette histoire-là. Je ne sais pas dans quelle direction ce gouvernement doit aller, mais c'est un gouvernement qui est pour le moins bizarre, qui semble porter, je dirais, d'une façon générale, sur un manque de tolérance. Alors, il va falloir qu'il soit prudent. On ne gère pas le Québec comme une entreprise. Un gouvernement, ce n'est pas une entreprise, on ne le fait pas de la même façon et on doit être très prudent. Et nous, comme formation politique, on pense qu'on ne doit pas jouer sur les questions fondamentales de liberté de la façon dont le gouvernement semble avoir comme approche.

M. Gagnon (Marc-André) : C'est une belle longue réponse, mais vous ne répondez pas à la question directement. Est-ce que les propos de M. Legault sont de nature à attiser l'intolérance?

M. Arcand : Écoutez, je n'ai pas les termes qui seraient employés, mais c'est sûr que c'est des propos qui créent des divisions.

La Modératrice : Merci. Donc, on passe à la période de questions en anglais. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Yes. Mr. Arcand, you said earlier, in French, that you interpreted what M. Legault said in his statement as an apology, but his staff actually made it clear that it was not an apology. I was specifically told this is not an apology, it is a clarification of the comments, there's no apology, there's no retraction. What do you make of that?

M. Arcand : Yes. Well, I think he has his own pride. As far as I'm concerned, I consider that quite an apology and I think the perception out there is that he made an apology.

Mme Johnson (Maya) : So, you feel that his clarification is an acknowledgement that what he said was wrong?

M. Arcand : Exactly.

Mme Johnson (Maya) : So, what happened yesterday? Is that what pushed your caucus to come to the conclusion... to come to a consensus on the religious symbols issue?

M. Arcand : Well, I think that, yesterday, what happened is that there were statements made by Mr. Legault, and also the fact that our caucus had a very lengthy discussion, a discussion that was quite fruitful for us. And, since our position was very clear, we thought that it would be... You know, I knew that the journalists were going to ask us questions about it. At first, we said : Well, we are going to wait until the law is being tabled. But, since our position was very clear on this particular issue, we decided that it's much better to say it right now.

Mme Johnson (Maya) : So, there's two very different positions, here, philosophically. What you're saying is that the bill that the CAQ is planning to table will create divisions in Québec society. What we keep hearing from the CAQ, from Simon Jolin-Barrette, throughout the caucus in Gatineau, is that what they're proposing will actually finally bring an end to the debate because there will be clear rules in place that will satisfy Quebeckers who are looking for «encadrement», if you will. So, why do you say that it won't end the debate and that it will create division?

M. Arcand : Well, I don't think it will end the debate, and maybe Mme David, who has studied most of those cases, can also give a good answer on that... Because I personally feel it won't end the debate.

Mme David : Yes. That kind of debate is a very important one in a society because both people on either sides are so convinced in their position, and we have to listen to both, you know, parties, and say : OK, you're so strongly against or you're so strongly for; is there the perfect answer? There's no perfect answer. And it's a never-ending thinking about this question of immigration.

Because it's about that, we could say, about inclusion. It's a question of society, and questions of society are never-ending questions. And I hope so because nothing will stop the fact that people will think about what do we do to live together. And we think, at the Liberal Party, that the way to have this attack on civil religious rights is not the right way to be inclusive. The right way to be inclusive is to talk to each other, to have this discussion about what it is about, immigration, about the new societies all over the world, not only in Québec. So, we need that kind of discussion, very human discussion, normal discussion.

People can be scared, people can be very inclusive, others say : No, I don't recognize my Québec. But my Québec is perhaps different from the Québec of Pierre Arcand and from your Québec. We have to have this very global discussion. It's not about attacking the religious questions with, you know, a teacher : No, you cannot teach if you have this kind of religious sign; yes, you can if you don't have. Or you will be in an office, you studied four years in university to become a secretary, to become... What it's about? It's not inclusive at all, and it's not about talking to each other. We need a more humanistic approach, and that's the approach I really feel that is very important for our society. But we will have this discussion for the decades because we have that for many, many decades ago.

Mme Johnson (Maya) : Just one final question on a different topic. What do you make of the fact that the CAQ has decided to keep the original location proposed by the former Liberal Government for the Vaudreuil-Soulanges Hospital?

M. Arcand : Well, it's interesting to see that, finally, some of the decisions we have made were the right ones. I realize that, in the case of Vaudreuil-Soulanges, I think that the CAQ realized that, you know, it was not a decision by the Liberal Government based on nothing. There was a large consensus inside the region to make sure that that was the proper place to do it. I mean, the Chamber of commerce, the mayors, everybody has been consulted before we decided to do that. And I think la CAQ, out of the blue, decided that : No, maybe it's going to be elsewhere, finally, to realize very quickly that they will have to do it, and they will have to do it where we have decided that it was the best place to do it.

Mme Johnson (Maya) : So, you consider that another example of improvisation?

M. Arcand : Well, I think that, in terms of management... I think that they need to address some of these lacks — if you understand.

Mme Johnson (Maya) : OK. Merci.

La Modératrice : Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Just one quick clarification. Would you accept the grandfather clause? Because that was the debate, at the CAQ caucus, to let people, who are already working wearing religious signs, continue working? If they weren't going to lose their jobs, would that be something that you would accept?

Mme David : As I said, it's the right way to discuss about that issue, because, first, we don't have the law. They still don't know what to do themselves, within the CAQ, about this issue. Simon Jolin-Barrette said he would like this grandfather — could we say grandmother issue?, I don't know, it's... anyway — clause. And the caucus is really, you know... I think there's a fracture, or they don't agree with each other.

But we're not there because we don't want teachers to have this limitation : You won't teach if you want to wear your hijab, or your cross, or your kippah. We don't want this discussion because it's so sad and against every liberties of religion. So, we don't want to discuss about is there, you know, a clause of... to keep their job. We don't want them to don't have anymore the type of employment they used to have and they'd studied for, you know?

Do we have enough in the Québec system now? Do you really think there's enough and plenty of teachers in the Québec schools now? No. They are craving for new teachers, they're craving for new students everywhere in Québec. I saw an article, few days ago, in the «réseau Université du Québec», they are missing so many students, in the education programs, and we are saying : No, you won't teach anymore, you'll go in an office and you cannot see any child in front of you with your hijab because you could influence them. That's what we are saying, now, with this proposition, and I think it's the complete opposite of our position, that is we need more teachers, we need the kids to be exposed to every kind of people, people who can be from every cultural community, every color, every gender identity — but, you know, gender identity, it's not supposed to be visible, it depends. But will we'll stop kids to see all diversities on Earth? Come on! It's not the way to raise our kids in Québec.

M. Arcand : And, at a time where Québec is doing so well, right now, in the Canadian Federation, I don't think it's the time to really start a witch hunt the way it seems that it's going right now.

Mme Fletcher (Raquel) : On Wednesday, Mr. Legault's response to that was that he feels like this bill that they're going to table is a great comprise because, if they don't do anything, if there is no rules, if there is no framework, then, that allows a place for racists and extremists to then push to have religious signs banned everywhere in Québec. So, he says he's trying to kind of find a happy medium to keep racists at bay. Does he have an argument there?

M. Arcand : Well, no, I don't think so. I think this great compromise, as you say, continues to deny rights to a lot of people.

Mme David : And this is supposed to be about «coercitive» authority or about authority at all? Can you explain me what is authority? I used to be a psychologist for so many years and to teach what it's about, inside the head. Authority is not only outside, it's much more inside, the way you think about everything and the way you were raised, the social construct you have. But it's not... we cannot see that, but we all have memory of different teachers who had their own authority. It's not because they had a hijab on, or a kippah, or a cross, it's because they had their own ideas about what it is to teach a child, to have the discipline in the class. What it is really about, authority? What does that mean? I would like to have a very simple question. There is no easy simple question about... what it is about, authority. You have so many textbooks in universities about what is the parental authority, what is the beginning of that, what's the end of that, what does a child need. Come on! It's a very difficult question and a very simple answer.

Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Arcand : Thank you. Merci.

(Fin à 13 heures)

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