(Dix-sept heures trois minutes)
Mme Blais (Prévost) :
Comme vous le savez, le premier ministre a offert ses plus sincères sympathies
sur son compte Twitter. Il est présentement en France. Alors, au nom du gouvernement
du Québec, de mes collègues députés et ministres, je tiens à offrir à toute la
famille de M. Gilles Duceppe, à Monique, à Louise, aux enfants nos plus
sincères condoléances pour cette... C'est une triste histoire. Une personne qui
décède comme ça à 93 ans dans le froid, on ne veut pas que ça nous arrive,
on ne veut pas que ça n'arrive à personne.
Mme Rowley Hotte habitait dans une
résidence privée autonome où il y a présentement 660 personnes dans trois
bâtiments, il y a 440 logements. De ce nombre, il y a 69 personnes
qui reçoivent, actuellement, du soutien à domicile de la part du CIUSSS de l'Est-de-Montréal.
Dès aujourd'hui, le CIUSSS est entré en communication avec les 69 personnes
qui reçoivent du soutien pour obtenir de l'aide psychologique, de
l'accompagnement, etc.
Écoutez, vous le savez maintenant, il y a
eu une alarme qui a été déclenchée à 4 h 15 le matin dans les trois
bâtiments, une alarme de feu, et Mme Rowley Hotte a entendu l'alarme mais
n'a pas entendu que les gens ne devaient pas évacuer à l'extérieur, qu'ils
étaient rassemblés dans des points. Elle a donc quitté par l'arrière, puis on
connaît la triste fin de l'histoire.
En tant que ministre responsable des
Aînés, je suis extrêmement préoccupée, bouleversée quand ça arrive, des cas de
cette façon. Alors, j'ai communiqué avec le sous-ministre. S'il faut revoir la
certification pour aller plus loin, nous allons le faire. Pour l'instant, il y
a eu des enquêteurs du SPVM qui ont constaté qu'il n'y avait pas eu d'acte
criminel, et le coroner fait une enquête. Je dois attendre que le coroner ait
fait toute la lumière sur ces circonstances, mais jamais, jamais, jamais je ne
vais baisser les bras concernant la sécurité de nos aînés.
M. Dion (Mathieu) : À
première vue, est-ce que sa mort était évitable?
Mme Blais (Prévost) :
Écoutez, vous me posez une question très vaste. Une mort, c'est toujours une
mort de trop, vous le savez, et perdre sa mère, c'est quelque chose
d'infiniment triste. On devient orphelin quand on perd ses parents. Et Mme Rowley
Hotte semblait bien aller, aimer son logement. Je ne peux pas vous le dire, mais
personne ne veut mourir dans le froid quand on sait qu'il y a eu une tempête de
neige, une grande tempête de neige au Québec, et c'est terrible.
M. Laforest (Alain) :
C'est déjà arrivé en 2018, un cas similaire, à La Pocatière, où quelqu'un souffrant
d'Alzheimer est sorti comme ça, décédé d'hypothermie. Là, on se retrouve dans
une situation qui n'est pas similaire mais qui s'apparente. Est-ce qu'on doit
redonner un tour de roue au niveau de la prévention et de la surveillance pour
les aînés, peu importent les résidences pour personnes âgées?
Mme Blais (Prévost) : On
ne surveillera jamais assez nos personnes âgées. Mais je peux vous dire que
cette résidence a réobtenu sa certification en avril 2018, qu'elle s'est
conformée aux 28 normes pour obtenir la certification et aussi qu'il y a
six personnes pour surveiller la nuit, comparativement à ce qu'on demande pour
la certification, soit deux personnes. Mais, s'il faut faire un tour de vis, M. Laforest,
on va faire un tour de vis supplémentaire.
M. Bellerose (Patrick) :
La résidence avait-u perdu sa certification par le passé? Vous avez dit...
Mme Blais (Prévost) :
Non, non, ce n'est pas ça. C'est parce qu'on les inspecte couramment.
M. Bellerose (Patrick) :
O.K. D'accord.
Mme Blais (Prévost) :
Alors, à un moment donné, oui, elle a resoumis... Il y a eu une visite, puis
après ça elle a obtenu une fois de plus sa certification.
M. Bellerose (Patrick) :
Vous avez dit : On va faire des vérifications, et là on pourrait voir si
la résidence pourrait perdre sa certification ou si on pourrait lui retirer?
Mme Blais (Prévost) :
Non, non, pas du tout, elle a une certification, ce n'est pas ça. Ce que je
dis, c'est que, s'il faut aller plus loin au niveau de la sécurité de nos
aînés, nous irons plus loin. Mais actuellement il faut être extrêmement
prudents parce qu'il y a une enquête du coroner, que la famille de M. Gilles
Duceppe ne s'est pas prononcée. Et, par respect pour la famille, il faut leur
laisser le temps de pouvoir respirer, faire leur deuil. Et puis il faut attendre
le rapport du coroner.
M. Bellerose (Patrick) :
Pour vous, il est évident qu'il y a eu un manquement dans le protocole ce
soir-là, cette journée-là?
Mme Blais (Prévost) :
Pardon?
M. Bellerose (Patrick) :
Pour vous, est-ce qu'il est évident qu'il y a eu un manquement dans le suivi du
protocole ce soir-là?
Mme Blais (Prévost) :
Écoutez, ce n'est pas moi qui vais répondre à cette question-là, c'est le
coroner. C'est à lui de faire toute la lumière. Déjà, les enquêteurs du SPVM se
sont rendus sur place. Il n'y a pas eu d'acte criminel, ça, c'est la première
des choses. Il y a aussi les pompiers qui... Il y a un plan d'évacuation, hein,
qui est très important, et le plan d'évacuation et de sécurité est différent
d'une municipalité à une autre municipalité. Donc, il faut laisser ces instances-là
faire leur travail.
Ce que je vous dis aujourd'hui, c'est que
j'offre mes plus sincères condoléances à la famille et que, s'il faut resserrer
la sécurité de nos aînés, je ne vais pas hésiter à travailler, entre autres
avec M. Yves Desjardins, qui est le président du réseau des résidences privées
du Québec, qui connaît très bien les résidences, les certifications. Mais
jusqu'à présent, là, sur 660 personnes qui résident dans le Lux
Gouverneur, il y en a seulement 69 qui sont accompagnées par le CIUSSS de l'Est-de-Montréal,
comme d'autres personnes le seraient dans leur logement ou dans leur résidence,
donc ce sont des personnes autonomes.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, à votre connaissance, s'agit-il d'un acte unique, isolé ou il y a
d'autres personnes, selon votre connaissance, celle de votre ministère, qui se
sont retrouvées bloquées derrière une porte verrouillée puis qui sont mortes de
froid?
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
ce que je vous dis, là, je ne peux pas aller plus loin, c'est que je vais
laisser le coroner faire son travail, et par la suite nous serons en mesure de
poser des gestes raisonnés et raisonnables.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais ça ne semble pas...
Journaliste
: Mais la
SQI a publié...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Un instant! Ça ne semble pas... Mon collègue Alain Laforest disait qu'un cas
semblable s'est produit, pas identique mais semblable. Il semble y avoir aussi
d'autres cas en 2016, notamment.
Mme Blais (Prévost) : C'est
toujours regrettable quand il y a un cas comme ça...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Il y a eu déjà des rapports de coroner. Il n'y a pas des actions que vous
pouvez prendre dès maintenant, ordonner aux centres de revoir leurs procédures
de verrouillage des portes, notamment par période de grand froid, s'assurer que
toutes les personnes, après une alerte d'incendie, soient comptées, comme ça se
fait dans des écoles primaires et secondaires?
Mme Blais (Prévost) : Je
ne le sais pas si on a fait le décompte des personnes. Il y a un plan
d'évacuation, mais est-ce que, par la suite, on s'est assuré que toutes les
personnes qui étaient dans les trois bâtiments étaient retournées dans leur
logement? C'est un bon point que vous amenez là. Peut-être qu'il faudrait,
justement, y aller de cette façon-là. On le fait peut-être, là, actuellement,
dans certaines résidences, mais il est trop tôt en ce moment pour parler des
changements qu'on doit apporter. C'est l'heure du recueillement, c'est l'heure
des condoléances puis c'est aussi l'heure de dire que, s'il faut aller plus
loin au niveau de la certification, qui est déjà très, très, très stricte, nous
allons le faire.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Sur un autre sujet, la SQI a publié aujourd'hui trois appels d'offres pour la
construction de ce que, on comprend, seront les premières maisons des aînés à
Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière, l'ouverture prévue, si on comprend bien, en
2021. Est-ce que c'est bien le cas? Les premières maisons des aînés qui ont été
promises en campagne électorale, la première devrait ouvrir, donc, seulement en
2021?
Mme Blais (Prévost) :
Non. Tout ce que je peux vous dire, c'est que dorénavant, au gouvernement, à
toutes les fois qu'il y aura une résidence de type CHSLD, ce sera une maison
pour aînés sur le concept et sur la philosophie des maisons des aînés. Et nous
allons vous présenter ce concept et cette philosophie bientôt.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais la SQI vous a damné le pion aujourd'hui, là, en annonçant ses appels
d'offres...
Mme Blais (Prévost) :
Bien non, pas du tout, pas du tout, pas du tout.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que c'est votre intention de complètement...
Mme Blais (Prévost) : Je
ne suis pas en compétition.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
... — O.K. — de démolir le CHSLD actuel à Sainte-Élisabeth,
là, qui est un couvent qui a été bâti au XIXe siècle?
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
si ce couvent-là fait partie du patrimoine, vous savez qu'il y a une ministre
de la Culture qui est responsable du patrimoine, qui s'appelle Nathalie Roy, on
pourra discuter avec elle par rapport à qu'est-ce qu'on peut faire avec ce
bâtiment.
M. Laforest (Alain) : Mais
un bâtiment patrimonial, ce n'est pas...
Mme Blais (Prévost) :
Oui, mais, pour l'instant, aujourd'hui, là... Écoutez, je tiens à vous dire une
chose, là. Aujourd'hui, on n'est pas là pour parler de bâtiments, on est là
pour offrir nos condoléances. Ça fait que je pense qu'il faut s'en tenir là.
M. Laforest (Alain) :
Mais est-ce que, les maisons des aînés, ça serait arrivé, une chose comme ça?
C'est quand même lié, là, madame.
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
là, aujourd'hui, je pense que j'ai dit ce que j'avais à dire. Je suis partie de
Montréal rapidement parce que je trouvais que c'était important, au nom du gouvernement,
d'offrir mes plus sincères condoléances à la famille de M. Gilles Duceppe.
Vous savez, Jean Duceppe fut un acteur
extraordinaire qui a fondé un théâtre. Mme Rowley Hotte a eu sept enfants.
Louise a été la directrice du théâtre, Monique est metteure en scène. Il me
semble que ce sont des gens qui ont bâti l'histoire du Québec, et on a un
devoir aujourd'hui d'être respectueux à leur égard, et c'est pour ça que je
fais un point de presse, pas pour autre chose.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions en anglais.
Mme Fletcher (Raquel) :Yes. You said that there is some information missing. You don't know
if they counted people afterwards, when they came back into the building. There
are a number of details that you don't know yet. When will you know and when
will you be able to decide, as a Government, to make changes?
Mme Blais (Prévost) : We are waiting for… The coroner will do his report, and after his
report we will be able to know what we have to change, if we have to change
something. You know, maybe… We
don't know, so we have to wait. And today we have to be very respectful because
the family of Gilles Duceppe is living a very sad moment, and I came today to
say my sympathy. You know,
Mr. François Legault is in Paris, he put on Twitter his sympathy. He is very sad about the situation. And, if I'm here,
it's to say that I am with the family, and we want to be very respectful about
this situation. It's a very sad… It's a tragedy.
Mme Fletcher (Raquel) : So, even though… passed away in the cold weather, the Government
doesn't know if it should change any of the...
Mme Blais (Prévost) : What I said previously in French, if we have
to be more strict with the certification, we will do it. But I'm not going to
say it today. I'm not going to do it today. I'm going to wait for the report of
the coroner. It's totally normal to wait. That's his job and he's going to
check about everything. And after that we will be able to take the good
solution about this situation and other situations that we don't want to have
in the future.
Mme Johnson (Maya) : I think there is some confusion about what kind of a place this
was. Earlier, there were some reports referring to it as a nursing home...
Mme Blais (Prévost) : No, it's not. Autonomous.
Mme Johnson (Maya) :O.K. So let's
clarify that because there were some reports suggesting it was a nursing home,
earlier. It's a private residence. You say that the people living there are
autonomous, but you also say that 69% of the seniors living in that residence
are receiving aid or help from the CIUSSS. Why would that be if they're
autonomous?
Mme Blais (Prévost) : Well, the «maintien à domicile» is for everyone who is living in
their home. So, an apartment is a home, so, if they need to have some support,
ergotherapy, or physiotherapy, or some help, they receive that help. There are
660 people who are living in these three buildings, Le Lux Gouverneur, 660
persons, only 69 are receiving help from the CIUSSS de l'Est-de-Montréal.
So, clearly, it's people, you know, who are aging, but they are autonomous.
Mme Senay (Cathy) : In Québec, Mrs. Blais, there is no obligation of a protocol
put in place after an incident like this to count people : they were 73 to
go outside, they are 73 that came back. So, there is no obligation, in Québec,
to have a protocol like this to count people?
Mme Blais (Prévost) : Well, that's what we will evaluate. That's what we will see after
the coroner will deposit his report. If we have to do that, I don't know. This
must exist for other residences, but this residence is autonomous. When I leave
my home to go in vacation, I don't say necessarily to people that I'm going on
vacation. So, maybe some people... There are 660 people who are living in this
residence.
So, what I'm telling you
today is, if we have to change something in the future to make sure people are
living in more security, we will do it. I will do everything that we have to do
to make sure that people who are aging are living in security.
Mme Senay (Cathy) : Is it shocking for you?
Mme Blais (Prévost) :
Of course, it is shocking for me to see that somebody at the age of 93 years old died, you know, when it's cold like it was yesterday.
Of course, I'm shocked, I'm sad. I'm not shocked, I'm very, very, very sad.
M. Bellerose
(Patrick) : Est-ce que je peux demander une précision en français, si
ça ne vous dérange pas? Vous dites : Ce n'est pas du tout une résidence
pour personnes âgées?
Mme Blais (Prévost) :
C'est une personne...
M. Bellerose (Patrick) :
Non, ce n'est pas une résidence pour personnes âgées? Parce que vous avez dit :
On pourrait revoir la certification. Donc, je veux savoir la certification de
quoi, si ce n'est pas une résidence pour personnes âgées.
Mme Blais (Prévost) :
C'est une résidence pour personnes âgées autonomes. Il y a des résidences pour
personnes âgées autonomes, il y a des ressources intermédiaires pour personnes
en perte d'autonomie modérée puis il y a des CHSLD. Donc, ça dépend de ta perte
d'autonomie. Puis il y a beaucoup de résidences privées pour personnes
autonomes.
Le Modérateur
:
Dernière question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais ceux qui bénéficient de l'aide du public, là, pour l'aide au maintien à
domicile, ce n'est pas des personnes en perte d'autonomie ou pas
nécessairement?
Mme Blais (Prévost) :
Bien, ça peut être pour maintenir l'autonomie des gens. Ce n'est pas seulement
pour les personnes en totale perte d'autonomie — quand les personnes
sont en totale perte d'autonomie, habituellement ils ne sont plus à la maison — mais
c'est pour maintenir l'autonomie des gens. Tout le monde nous dit : Nous,
on veut vivre chez nous le plus longtemps possible. Alors, maintenir les gens
dans leur environnement, c'est ce que les gens souhaitent et c'est ce qu'un gouvernement
doit faire, accompagner les gens à vivre là où ils souhaitent vivre, dans leur
ville, dans leur village, dans leur communauté.
Mme Fletcher
(Raquel) : But, just to clarify, it could be
that the lady should not have been living alone, right? Is that what you're saying?
It should have been that maybe she had more… was in a nursing home or that she
had more support?
Mme Blais (Prévost) : I don't understand your question.
Mme Fletcher (Raquel) : Is it that this lady, madame…
Mme Blais (Prévost) : I don't know her story.
Mme Fletcher (Raquel) : …should have been not living autonomously?
Mme Blais (Prévost) : I don't know her story. I don't know her story. And by respect for
the family… Mr. Gilles Duceppe
didn't even express himself at this moment. By respect, I think I have to let him talk and to let the family, you
know, take the time to live the… — comment on
dit ça, mouring, the mouring? — ...
Des voix
:
Mourning.
Mme Blais
(Prévost) : ...the mourning.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
Mme Blais (Prévost) : Merci.
(Fin à 17 h 21)