Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
miércoles 4 novembre 2020
-
Vol. 45 N° 82
Étude détaillée du projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et d’autres dispositions
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi
sur la conservation du patrimoine naturel et d'autres dispositions.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Bussière (Gatineau) sera remplacé par M. Provençal
(Beauce-Nord)...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 46, Loi
modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et d'autres
dispositions.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Bussière (Gatineau) sera remplacé par M. Provençal
(Beauce-Nord); M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), par Mme Tardif...
pardon, j'ai un blanc; et M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), par
M. Kelley (Jacques-Cartier).
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la secrétaire. Y a-t-il des votes par
procuration?
La Secrétaire
: Oui.
M. Campeau (Bourget) pourra voter pour M. Lamothe (Ungava).
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Hier, nous en étions toujours à l'article 32
du projet de loi, et plus particulièrement, les discussions portaient sur
l'article 41 proposé à l'article 32. Y a-t-il des interventions? Mme la députée
de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Je vais nous remettre sur la lancée qu'on avait hier, puisqu'on était dans une
discussion, je crois, fort intéressante. L'article mentionne le maintien, puis
je le salue, là, le maintien des aires protégées, les chiffres qu'on note, puis
on ne veut pas de réduction quel que soit le geste à poser, c'est-à-dire la
reconstruction d'une route, l'agrandissement, le prolongement ou, comme le
ministre le citait, l'implantation d'un réseau électrique ou d'un réseau
informatique, je vais le dire comme ça, dans une région éloignée, et l'espace
que ça pourrait prendre.
L'inquiétude que j'avais, et que j'ai
encore... j'ai essayé de trouver des solutions pour régler mon inquiétude, mais
j'ai eu des réponses qui faisaient que j'en avais plus... était si je ne peux
pas remplacer l'espace que j'aurai à occuper parce qu'il y a, dans cet espace,
une espèce qui fait en sorte qu'elle ne peut vivre que là. L'exemple que j'ai
pris hier était beaucoup trop gros, c'était le pont de la 25, puis
effectivement, c'était... c'est un endroit très stratégique. Et on a trouvé une
piste de solution, puisqu'on a fait une diversion pour les esturgeons qui
passaient là, qui faisait en sorte qu'on ne créait plus de problématique.
Par contre, puisqu'on les a nommées à
plusieurs reprises, les trois îles de Laval, sur une de ces trois îles, qui est
maintenant une des deux îles protégées, il y a du bouleau noir, si je me
souviens bien, qui fait en sorte que c'est un endroit très privilégié,
puisqu'on est la deuxième plus grande superficie au Canada à avoir cette
masse-là, si je ne me trompe pas. Ça se peut que j'exagère un peu, mais
peut-être que j'ai de l'orgueil lavallois qui ressort quand j'ai dit qu'on est
la deuxième plus grande place qui a ces bouleaux-là.
Ceci dit, on était dans une discussion,
Mme la Présidente, où j'essayais de voir, avec le ministre, la possibilité de pouvoir
mentionner à quelque part, puis j'ai demandé, là, à la fin complètement, si
c'était peut-être ailleurs dans le projet de loi, une phrase qui pourrait citer
le fait que, si je ne peux pas passer là parce que je ne peux pas remplacer
cette petite somme de territoire que je...
Mme
Charbonneau
:
...où j'essayais de voir avec le ministre la possibilité de pouvoir mentionner
à quelque part, puis j'ai demandé, là, à la fin complètement, si c'était peut-être
ailleurs dans le projet de loi, une phrase qui pourrait citer le fait que, si
je ne peux pas passer là parce que je ne peux pas remplacer cette petite somme
de territoire que je prendrais, est-ce que le ministre peut obliger une
déviation autre? Parce que je comprends son obligation de remplacement et je le
salue parce que je crois que c'est important de pouvoir maintenir les
pourcentages que nous avons. Mais si, à la vue et au savoir du territoire, le ministre
des Transports... le ministère des Transports fait signe au ministère de l'Environnement
disant : Bien, nous, pour passer une route, je dois passer par ce
chemin-là, et il y a une aire protégée, pouvez-vous vous... Bien, je le sais
que ça ne se dira pas comme ça, là, je simplifie le dialogue puis je m'excuse à
tous les fonctionnaires qui m'écoutent, mais je veux juste faire ça simple, là.
Pouvez-vous trouver un autre chemin parce que... ou trouver un autre endroit
pour remplacer le territoire parce que nous, on veut passer par là? Puis je ne
nommerai pas de route, Mme la Présidente, parce que vous savez que c'est un
sujet sensible, dans nos régions, les routes, ça fait que je ne dirai pas 30,
40, 19, là, je vais juste dire une route. À ce moment-là, le ministre aurait-il
l'autorité, l'obligation, la façon de faire qui fait qu'il pourrait dire à son collègue :
Eh bien, non, il va falloir que tu trouves une autre piste de solution parce
que je ne peux pas remplacer cet espace-là par un autre espace parce qu'il y a
espèce, parce qu'il y a un aspect de ce territoire-là qui est irremplaçable.
Et c'est très... puis je n'ai pas
d'exemple, je n'ai pas d'exemple. Je le sais que le ministre, hier, a
dit : Il n'y a pas de cas d'espèce non plus. Mais puisqu'une loi, c'est
fait pour plusieurs années et s'applique quelquefois en tranches annuelles
aussi, là, des fois, ça ne s'applique pas tout de suite, ça s'applique dans
cinq ans, dans 15 ans. Gouverner, c'est prévoir. Donc, j'essaie de voir si
on peut écrire le meilleur document.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à la collègue pour la question. On a eu l'occasion de
l'aborder rapidement en fin de séance hier. C'est bien de rappeler le caractère
exceptionnel, exceptionnel au point où, après un certain effort, on a pu trouver
un exemple, un cas qui serait directement lié à cette éventualité-là et un cas
qui pourrait s'en rapprocher, donc une communauté, effectivement, qui a été
branchée à l'hydroélectricité, donc il y avait un avantage environnemental qui
était indéniable et, ultimement, un cas qui pourrait s'apparenter, celui de
l'île Brion beaucoup plus récemment. En dehors de ces deux scénarios-là, après
réflexion, on a bien tenté, mais il n'y a pas d'exemple qui pourrait vous être
donné.
• (11 h 30) •
Ceci dit, la notion d'intérêt public qui
est au coeur de cet article-là, c'est une notion qui est validée par les
tribunaux, c'est une notion qui ne laisse pas place à des...
11 h 30 (version non révisée)
M. Charette : …après réflexion,
on a bien tenté, mais il n'y a pas d'exemple qui pourrait vous être donné. Ceci
dit, la notion d'intérêt public qui est au coeur de cet article-là, c'est une
notion qui est validée par les tribunaux, c'est une notion qui ne laisse pas place
à des décisions aléatoires ou à des décisions qui ne sont pas réfléchies. Donc,
pour invoquer l'intérêt public, il faudrait savoir le justifier. Et comme on le
mentionnait hier, cette information-là est contenue dans le décret qui serait
aussi passé au gouvernement, qui serait donc public systématiquement. Donc, il
y a beaucoup de protection. Un, ce n'est pas habituel, deux, il y a un concept
juridique qui est reconnu à travers ça, et trois, s'il y avait… si cette
éventualité-là devait se confirmer, il faudra la justifier à travers un décret,
notamment. Mais c'est tout le temps l'avantage versus l'inconvénient, en
quelque sorte.
Donc, nous, on y voit, à travers cet
article-là, une belle avancée. Comme je le mentionnais hier, cette
disposition-là existait déjà. Le seul véritable changement, c'est qu'on ajoute
des contraintes supplémentaires. Donc, il y a, oui, intérêt public, peut-être,
mais il y aura une obligation de compensation. Et par rapport au concept de
compensation, dans la LCPN, ce n'est pas écrit comme tel, mais si on regarde au
niveau de la LQE, par exemple, c'est le même principe qui doit s'appliquer. Le
premier choix est tout le temps d'éviter. Donc, on fait tout ce qui est en
notre pouvoir pour éviter une situation qui pourrait avoir un impact plus
important sur l'environnement, et si jamais cet évitement-là n'est pas
possible, c'est là où intervient les autres concepts de minimiser et de
compenser, ultimement.
Donc, c'est exactement la même logique qui
s'applique au cas présent, mais je ne peux pas m'empêcher de répéter que c'est
une avancée, et non pas un recul, là, par rapport à la législation actuelle.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Je ne suis pas… on vient de m'aviser qu'il fallait
que je m'ajuste avec le micro. Nouvelle salle, nouveau positionnement, c'est
vraiment fort amusant. Ceci dit, ça répond à ma question. Je crois que mon
collègue va compléter avec un complément, mais merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente, bonjour. Bonjour à toutes, bonjour à tous. Toujours dans la foulée
des questions de ma collègue des Mille-Îles, puisqu'on est en train de faire un
projet de loi, donc, que nous espérons ne pas avoir à rouvrir dans un bon bout
de temps, puisque ça nous permettrait en fait d'avoir un projet de loi qui nous
donne tout le cadre nécessaire, toute la latitude nécessaire pour pouvoir agir
dans le sens…
M. Benjamin : …dans la foulée
des questions de ma collègue des Mille-Îles, puisqu'on est en train de faire un
projet de loi, donc nous espérons ne pas avoir à rouvrir dans un bon bout de
temps… puisque ça nous permettrait en fait d'avoir un projet de loi qui nous
donne tout le cadre nécessaire, toute la latitude nécessaire pour pouvoir agir
dans le sens de la protection naturelle ici, au Québec.
Un autre scénario que je vous soumets, M.
le ministre, prenons le ferrovanadium, le ferrovanadium qui est une substance
qu'il y a quelques années n'avait pas beaucoup de valeur, mais que la tendance
nous dit que c'est peut-être une substance qui, au cours des prochaines années,
prendrait de la valeur. Il y a des claims qui sont fermés, donc il y a des
territoires sur lesquels on développera sûrement des aires protégées, donc
espérons-le. Et, dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passe, à ce moment-là?
Qu'est-ce qui se passerait dans ce scénario?
(Consultation)
M. Charette : …juste m'assurer
d'un détail. On est aujourd'hui mercredi, il y a quelques jours à peine, je
pense que c'était jeudi la semaine dernière, avec mes collègues, j'allais
prononcer leurs noms, ministre du MERN, des Ressources naturelles, il y avait
le ministre de l'Économie et la ministre des Relations internationales, on a
fait un dévoilement sur la stratégie au niveau des minéraux stratégiques. Parce
qu'effectivement, mine de rien, là, tous les appareils que l'on a aujourd'hui,
qui font notre quotidien, ont besoin de ces minéraux-là, minéraux qui se
retrouvent exploités actuellement en très, très grande partie sur le côté de la
Chine. Donc, sans rien enlever à la Chine, ce n'est pas bon d'avoir une
dépendance à l'égard d'un seul marché.
Et là on réalise, avec toute la
cartographie, toutes les études qui ont été faites, que le Québec est un
terreau très, très, très intéressant, et on a identifié la liste des différents
minéraux stratégiques qui ont un potentiel au Québec. Donc, le ministère des
Ressources naturelles, lorsque l'on travaille ensemble, puis on l'a dit encore
hier, lorsqu'on met chacun nos cartes sur la table, on y va avec chacun de nos
intérêts propres. Donc, pour le ministère des Ressources naturelles, cette
considération qui est bien à lui et qui est bien, bien légitime, il la porte.
Donc, lorsqu'on convient d'un territoire
d'aire protégée, les évaluations ont été faites dans une perspective MERN,
elles ont été faites dans une perspective, je nomme tout le temps les trois
plus communs, une perspective… une perspective, pardon, MFFP, une perspective
environnementale. Donc, il y a beaucoup de validations qui ont été faites avant
d'arrêter un territoire, et c'est une des raisons aussi pourquoi ça prend du
temps. Donc, le MERN, lorsqu'il nous dit : Ce territoire-là, ça fait
l'affaire de tous, c'est qu'il est confiant…
M. Charette : ...perspective
environnementale. Donc, il y a beaucoup de validations qui ont été faites avant
d'arrêter un territoire et c'est une des raisons aussi pourquoi ça prend du
temps. Donc, le MERN, lorsqu'il nous dit : Ce territoire-là, ça fait
l'affaire de tous, c'est qu'il est confiant d'avoir fait les évaluations nécessaires,
là, par rapport au potentiel qui pourrait se retrouver concerné.
Cependant, la notion, je ne peux pas le
nier, la notion d'intérêt public, elle continue de s'appliquer. Si, dans x
décennies, il y a une nouvelle matière, un nouveau minerai dont on ignore
l'existence et les propriétés et qu'on trouverait sur un territoire x,
l'intérêt public pourrait être invoqué si ça permet de maintenir nos hôpitaux
fonctionnels et autre. Et donc c'est tout le temps... la possibilité sera tout
le temps là, elle l'était, mais il faudra le justifier de façon très, très
sérieuse. Mais là, avec les connaissances que nous avons aujourd'hui, les
territoires qui sont déterminés, ils font l'unanimité, là, entre les
différentes parties prenantes.
M. Benjamin : Merci pour la
réponse. Je comprends, en fait, ce que vous nous dites par rapport à ce qui
adviendra. Mais en attendant... c'est-à-dire, par rapport aux aires protégées
actuellement — et c'est toujours dans la foulée de la question de ma
collègue de Mille-Îles — nous avons des aires protégées actuellement,
donc et dans le cas du ferrovanadium, par exemple, que je donne comme exemple,
il y a plusieurs «claims» pour lesquelles le gouvernement a repris les droits
ou les droits ont été rachetés, ou du moins, ces droits ont été cédés au
gouvernement. Advenant par exemple que dans une de ces anciennes mines, il y aurait
du ferrovanadium, à ce moment-là, comment on procède? Puisqu'on comprend que
jusqu'à présent... en fait, jusqu'à... vous l'avez évoqué et c'est vrai, la
Chine inonde le marché mondial. Mais cependant, je suis sur la même longueur
d'onde que vous à l'effet que... et s'il y a des ressources chez nous,
c'est-à-dire, qu'on puisse exploiter pour faire du développement économique,
pour mettre au service des Québécois, il faut le faire. Et maintenant, comment
procède-t-on à ce moment-là? Et dans le cas des minerais qui sont déjà fermés
depuis un bon bout de temps, comment on procède?
M. Charette : On revient à des
scénarios qui ne sont pas impossibles, mais qui demeurent très, très
hypothétiques. À partir du moment où le MERN a, avec les autres ministères
concernés, les autres partenaires concernés, consenti à protéger une partie du
territoire, c'est qu'il est confortable et que les évaluations ont été faites.
Mais, si les données devaient changer au fil des années pour nous exposer une
situation complètement imprévue, extraordinaire où, là, l'intérêt public devait
être évoqué, c'est là où il y aura une responsabilité de minimiser...
M. Charette : ...et que les évaluations
ont été faites. Mais, si les données devaient changer au fil des années pour nous
exposer une situation complètement imprévue, extraordinaire où, là, l'intérêt
public devait être évoqué, c'est là où il y aura une responsabilité de
minimiser, c'est-à-dire éviter, minimiser et compenser ultimement, c'est là où
le deuxième volet de l'article en question devient intéressant par rapport à ce
qui prévaut actuellement. Mais, encore une fois, sans dire que c'est
impossible, c'est une situation qui ne s'est pas vécue jusqu'à maintenant, et,
même si par exemple il y avait un potentiel, que ce soit à travers ce minerai
stratégique là ou un autre, ce sera de voir : est-ce que c'est la
superficie entière de l'aire protégée? Certainement pas. Est-ce que c'en est
une plus petite? Fort probablement, et ce serait d'y aller avec la même
séquence en question. Donc, c'est une hypothèse, oui, mais on n'a pas basé
l'interprétation de la loi jusqu'à maintenant, là, en fonction de cette hypothèse-là.
Mais elle est là, on ne peut pas la nier.
M. Benjamin : Et, par rapport
à la stratégie que vous avez évoquée et qui a été lancée... je crois que c'est
cette semaine, c'est en début de semaine...
M. Charette : ...
• (11 h 40) •
M. Benjamin : ... — d'accord.
Oui, j'ai lu en... je pense que j'ai lu peut-être lundi cette semaine — quel
rôle est appelé à jouer votre ministère dans cette stratégie-là, M. le ministre?
M. Charette : En fait, ce qui
est très, très innovant dans la stratégie, c'est qu'on implique dès le départ
le ministère de l'Environnement. Donc, plutôt que de faire de l'exploration
minière à tout vent, le ministère de l'Environnement est impliqué dès le
départ. Il y a d'ailleurs une spécialisation, là, qui va se développer au sein
du ministère de l'Environnement à ce niveau-là, et le rôle ultime, c'est celui
qui va s'assurer que tout ce qui est développé puisse ensuite s'insérer dans
une dynamique d'économie circulaire. Et là, je remonte un petit peu dans les
annonces ou à tout le moins les intentions du gouvernement qui ont été
confirmées, là, au cours des derniers mois, sinon de la dernière année.
Prenons par exemple la filière batterie
que l'on veut développer au Québec, qui offre un potentiel formidable.
Cependant, aujourd'hui, là, à l'heure où on se parle, on a, grosso modo,
90 000 véhicules électriques ou hybrides branchables au Québec. C'est très
bien, mais on vise davantage le million, et même davantage au cours de la
prochaine décennie. Donc, ça en fait, des batteries, ça, qui, en fin de vie
utile pour la première vocation, vont se retrouver dans l'environnement; quand
je dis «environnement», dans l'espace québécois. Donc, il faut concevoir dès
maintenant la procédure de récupération et de valorisation de ces
mécanismes-là. Donc, c'est là...
M. Charette : ...la première
vocation vont se retrouver dans l'environnement. Quand je dis environnement...
dans l'espace québécois. Donc, il faut concevoir dès maintenant la procédure de
récupération et de valorisation de ces mécanismes-là. Donc, c'est là aussi où
la stratégie qui a été annoncée sur les minéraux stratégiques implique le
ministère de l'Environnement, pour créer, oui, la filière batteries, mais
également la filière de récupération et de valorisation de ces batteries-là.
Donc, on anticipe de beaucoup.
Depuis... Au niveau des voitures
électriques, on double, au Québec, à chaque deux ans, grosso modo, c'est ce que
les chiffres nous disent. Et c'est un phénomène encore relativement récent,
donc le marché n'est pas encore inondé de ces batteries qui ne servent plus à
alimenter les voitures, mais on sait que ça va être exponentiel, et il faut
anticiper. Et là aussi, malheureusement, dans le monde, il y a peu de places où
on a anticipé cette nouvelle gestion à venir d'un équipement qui va se
retrouver en quantité importante. Donc, on veut prendre les devants, et ça va
devenir aussi un objet, là, de développement économique, mais fort rentable au
niveau environnemental.
M. Benjamin : Vous comprenez,
M. le ministre, qu'on est sur un projet de loi sur le patrimoine naturel, où il
est question beaucoup des aires protégées. Dans l'article que nous avons devant
nous, donc, ça dit, dans le deuxième paragraphe : «Le gouvernement doit,
si sa décision a pour effet de diminuer la superficie totale des aires protégées
au Québec, prendre toute mesure de conservation.» Donc, est-ce que je peux
comprendre, à la lumière de la dernière réponse que vous venez de nous donner,
donc, c'est un... ce segment-là du paragraphe, advenant, par exemple, pour tout
minerai, donc, qui serait développé... Si c'est l'intention du gouvernement, si
c'est l'intention du gouvernement, je précise, d'avoir des minerais et de
modifier des aires protégées, est-ce que c'est ce segment-là qui vise à
répondre à ça?
M. Charette : Absolument pas.
Comme je vous le mentionnais, précédemment, la notion d'intérêt public était
déjà partie prenante dans la loi actuelle, donc on n'ajoute pas un élément pour
s'adapter à une nouvelle situation, cette possibilité-là y était déjà. Ce qui
est nouveau, c'est l'obligation de compenser.
Et, non, ce ne sont pas... Tous ces
minéraux stratégiques là ne deviennent pas autant d'occasions de réouvrir les
aires protégées, bien au contraire. Et comme je le mentionnais, le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles a pour responsabilité de cartographier,
de connaître le territoire québécois. Donc, le MERN ne laisse pas un territoire
qui pourrait être ultimement profitable pour une exploitation minière ou pour
un potentiel hydroélectrique, par exemple. C'est pour ça que ce n'est pas... ça
ne se fait pas du jour au lendemain, tout ce travail préalable là prend...
M. Charette : ...un territoire
qui pourrait être ultimement profitable pour une exploitation minière ou pour
un potentiel hydroélectrique, par exemple. C'est pour ça que ce n'est pas... ça
ne se fait pas du jour au lendemain. Tout ce travail préalable là prend beaucoup
de temps du côté de l'environnement, prend beaucoup de temps du côté du MFFP,
prend beaucoup de temps du côté du MERN pour que chacun puisse s'occuper de sa
mission propre en quelque sorte. Et c'est après qu'on met tout ça en commun
pour arriver à des résultats, là, qui peuvent être très intéressants.
M. Benjamin : Un échange que
nous avions déjà eu... et je pense que c'est peut-être l'occasion de revenir à
cet échange-là parce que je pense qu'il est fondamental dans le cadre du projet
de loi que nous abordons et dans le sens aussi, dans le cadre aussi, si nous
voulons parler d'équité aussi, territoriale, par rapport aux différentes
questions des aires protégées, c'est les enjeux du nord et du sud. Vous avez
jugé bon, donc dans ce projet de loi là, de parler de superficie totale des
aires protégées au Québec. Et je soupçonne que c'est... le «au Québec» n'est
pas innocent, quand vous parlez de superficie totale, et est-ce que vous n'avez
pas cru... ne croyez-vous pas qu'il était peut-être plus judicieux, M. le
ministre, de parler des aires protégées et de la superficie des aires
protégées, mais de tenir compte justement des enjeux du nord et du sud qui ne
sont pas pareils en matière de superficie des aires à protéger?
M. Charette : En fait, c'est
le cas, et quand on précise «au Québec», c'est que, naturellement, l'engagement
du gouvernement du Québec s'arrête au territoire québécois. Donc, c'est ça, la
seule raison pour laquelle on a mentionné «superficie totale au Québec», mais
sinon le désir de représentativité des milieux nous occupe. On veut qu'il y ait
une valeur à ces territoires-là à protéger et c'est au coeur de la démarche du ministère
de l'Environnement. Mais, en même temps, lorsqu'on parle du nord et du sud, on
revient à un débat effectivement qu'on a déjà eu. On a deux... en fait, je dis
deux... minimalement deux réalités très, très différentes, c'est qu'au nord on
est en territoire public, donc on n'a pas à acheter de territoires parce que
c'est des terres du domaine de l'État, alors que dans le sud, il y a des
propriétaires et ces propriétaires-là ont des droits. On est dans une société
de droit. Donc, du jour au lendemain, on ne peut pas arriver et leur
dire : Vous allez céder votre propriété. C'est là où interviennent des organisations,
on les a souvent citées, Conservation de la nature Canada, Canards illimités et
d'autres, qui travaillent en terres privées à développer des partenariats pour
passer par des acquisitions, mais vous comprendrez que c'est des sommes qui
peuvent être colossales. On a parlé des dizaines de millions, là, qu'on a
accordés, là encore, dans le dernier budget, mais c'est plus dispendieux. Mais
on le fait...
M. Charette : ...en terres
privées à développer des partenariats pour passer par des acquisitions. Mais
vous comprendrez que c'est des sommes qui peuvent être colossales. On a parlé
des dizaines de millions, là, qu'on a accordés, là encore, dans le dernier budget,
mais c'est plus dispendieux. Mais on le fait. On le fait en partenariat, là,
avec différents groupes et fondations.
M. Benjamin : Bien, en
fait, c'est que l'article qu'on a devant nous nous dit qu'en cas de modification
de... c'est la formule de compensation qui s'applique. Mais je veux vous
ramener encore à l'idée qu'au sud cette formule-là demande qu'on y mette plus
de dents, plus de moyens. Est-ce que vous serez prêt à vous assurer... parce
que... La même formule appliquée partout sur le territoire québécois, donc, ça
fonctionnerait très bien au nord, mais la même formule dans le sud ne donnerait
pas beaucoup de résultats si on veut arriver à vraiment avoir une vision...
apporter une vision ambitieuse en matière d'aires protégées dans le sud.
M. Charette : Bien, en
fait, c'est... J'ai, je pense, répondu en partie. Le fait que ça appartienne à
des propriétaires privés, le sud, il y a une dynamique qui est différente. Et
c'est certain que, si on se dit, à l'échelle du Québec, que
16 000 kilomètres carrés, ça représente à 1 %, donc on parle de
dizaines et de dizaines de milliers de kilomètres carrés, on peut s'attendre à
ce que ce soit difficile, par exemple, dans le sud, de faire une aire protégée
de 25 000 kilomètres carrés, comme on peut l'envisager ailleurs au
Québec. Donc, dans le sud, ce sont de plus petits lotissements qui sont
protégés, qui nécessitent plus souvent qu'autrement des achats ou des cessions
de terrain, comme on l'a évoqué hier encore. Mais on ne peut pas avoir une aire
protégée de 25 000 kilomètres carrés dans le sud avec les critères
actuels, avec les catégories actuelles.
• (11 h 50) •
Mais n'oublions pas... pardon, que le
projet de loi vise aussi la création des aires protégées d'utilisation durable,
donc on va permettre à des gens d'habiter une aire protégée. Actuellement, on
n'habite pas une aire protégée, on la visite, on la parcourt. Mais là, au
niveau de l'utilisation durable, avec cette souplesse-là, ce sera nettement
plus facile d'aller chercher des superficies intéressantes dans le sud, et tout
ça en pleine, pleine conformité avec l'UICN, qui l'encourage, d'ailleurs.
Parce que, si on regarde ce qui se passe
dans bon nombre de juridictions, en Europe, notamment, j'ai en tête la France,
où il y a carrément des... je dis «villages», est-ce que c'est le découpage...
complet d'un village...
M. Charette : ...en pleine,
pleine conformité avec l'UICN, qui l'encourage, d'ailleurs. Parce que, si on
regarde ce qui se passe dans bon nombre de juridictions, en Europe, notamment,
j'ai en tête la France, où il y a carrément des... je dis villages, est-ce que
c'est le découpage complet d'un village, mais il y a des communautés, à tout le
moins, qui font partie d'aires protégées d'utilisation durable, et les mérites
sont reconnus par l'UICN. Mais c'est une catégorie différente que celle qui est
à notre disposition, actuellement.
Et là on parle beaucoup de l'après 2020.
Comme on disait, le... l'objectif de 2020, on veut le faire, là, essentiellement
avec les catégories actuelles, mais lorsqu'on aura à, par exemple, protéger,
d'une façon ou d'une autre, 10% supplémentaires du territoire québécois, bien,
le sud va nous être utile avec d'autres possibilités. Je parlais de l'aire
protégée d'utilisation durable, mais il y a le concept encore disponible, qui
n'a pas été retenu jusqu'à maintenant, de paysage humanisé. On parlait hier des
AMCE, également. Donc, il y a des possibilités intéressantes, là, qui s'offrent
à nous aussi à travers ce que permettra le projet de loi.
M. Benjamin : J'aimerais vous
entendre, M. le ministre, sur... au niveau du 41, sur l'article 41, où... la
SNAP vous recommande même de retirer l'article 41.
M. Charette : En fait, à ce
sujet-là, sans traduire ou révéler des conversations que nous avons avec les
différents groupes, je vous dirais que... Maintenant, les amendements sont
connus de tous, donc si vous le souhaitez, parlez aux gens de la SNAP et
autres, et déjà ils étaient très, très contents du projet de loi, mais je peux
vous dire que les amendements les mettent en confiance encore de façon plus
grande.
M. Benjamin : Parce que vous
comprenez, en fait, à la lumière des dernières questions que nous avions, que
nous posons depuis hier, et encore aujourd'hui, donc, on est en attente d'une
meilleure clarification. Et la SNAP nous dit clairement, dans le cas de ce projet
de loi : «À défaut de clarifier dans le projet de loi l'application de
l'article 41, la SNAP recommande que les articles 41 soient supprimés du p.l. n° 46.» Est-ce que... Quelle clarification que vous
pourriez apporter à ce moment-là?
M. Charette : C'est là où je
peux peut-être anticiper un petit peu ce qui s'en vient par la suite. Je
parlais de décret, je parlais de la procédure gouvernementale qui obligerait
une justification de ce changement-là. Mais je vous invite à regarder aussi
l'article suivant, où il y a une consultation qui devra se tenir. Donc, ce
n'est pas quelque chose qui se ferait de façon aléatoire et sans possibilité...
M. Charette : …une
justification de ce changement-là, mais je vous invite à regarder aussi l'article
suivant où il y a une consultation qui devra se tenir. Donc, ce n'est pas quelque
chose qui se ferait de façon aléatoire et sans possibilité d'interaction avec
des gens qui pourraient s'opposer ou autres. Il y a une consultation qui va se
tenir dans l'éventualité où on a à toucher à une partie d'une aire protégée.
Donc, tout le mécanisme de justification, tout le mécanisme de validation reste
entier.
Et vous parlez, avec insistance, de la
SNAP, avec raison, parce que c'est un partenaire important dans ce type de
dossier-là. Mais je dois vous faire l'analogie suivante, quand j'étais dans l'opposition,
c'était très, très facile d'avoir des groupes d'intérêts avec nous pour faire
une annonce conjointe, puis c'est normal parce que l'opposition veut mobiliser justement
ces groupes d'intérêts là. Je peux vous dire que c'est nettement, nettement
plus difficile de faire pareil lorsqu'on est au gouvernement, parce que les
groupes d'intérêts ont des intérêts qui sont bien arrêtés.
Et malgré cette difficulté-là, lorsqu'on a
déposé le projet de loi, on avait des groupes d'intérêts avec nous, et ça,
c'est avant même les amendements qui sont maintenant disponibles à tous. On
avait notamment la SNAP qui a fait la conférence de presse, ça semble une
époque révolue et lointaine, à l'époque, on pouvait se côtoyer, c'était avant
la pandémie. Mais on avait Alain Branchaud, pour ne pas le nommer, qui était à
nos côtés, on avait Conservation de la nature Canada, on avait ce cher
professeur qui nous a tous enthousiasmés par son dynamisme lors des consultations.
Donc, avant même que le projet de loi soit
amélioré, on le saluait et on ne fait que l'améliorer, depuis, tous ensemble.
M. Benjamin : Bien, je suis
content, M. le ministre, au moins, que vous ayez connu l'opposition, parce que,
vous savez, les oppositions ainsi que les groupes, vous devriez le savoir, ce
qu'ils cherchent, ces groupes-là de la société civile et les oppositions, c'est
d'aider le gouvernement, c'est d'accompagner le gouvernement à faire mieux,
donc avoir plus de vigueur, plus d'ambition, plus de clarté. Et dans le cas qui
nous concerne aujourd'hui, je m'aperçois qu'il y a beaucoup d'éléments pour
lesquels il y a des exigences de clarification. Et vous venez de me souligner,
M. le ministre, que, dans tous les cas de modification, il y aurait une
consultation.
M. Charette : C'est sur
l'article suivant, en fait, qu'on pourra aborder par la suite. Et, par moments,
lorsqu'on présente un souhait en consultation ou à travers des échanges, par
moments, on n'a pas la pleine mesure du souhait exprimé. Si on devait retirer
l'article…
M. Charette : ...qu'on pourra
aborder par la suite. Et, par moments, lorsqu'on présente un souhait en consultation
ou à travers des échanges, par moments, on n'a pas la pleine mesure du souhait
exprimé. Si on devait retirer l'article 41, ce serait extrêmement, extrêmement
dommageable par rapport au degré de protection que l'on veut assurer, c'est-à-dire
on pourrait agir seul, le gouvernement, sans toutes les mesures de
justification que j'évoquais, notamment la consultation, toute l'obligation...
On pourrait... sans l'article 41, là, en invoquant l'intérêt public, on
pourrait faire bien, bien plus que ce qu'on évoque comme potentiel très, très
hypothétique. Mais on n'aurait plus à compenser, on n'aurait plus la séquence,
là, d'éviter, minimiser, compenser, on n'aurait plus de consultation de façon systématique.
Donc, on se fragiliserait de façon importante, là, si on n'avait pas l'article 41
qui est actuellement à l'étude.
M. Benjamin : Un scénario que
je crois que personne ne souhaite, c'est celui de mettre fin à une désignation
d'aire protégée. Dans quel genre de situation que ça pourrait arriver, que vous
mettiez fin à... que vous résigniez une aire protégée?
M. Charette : Bien, c'est un
petit peu ce que l'on discute, là, depuis hier. Il n'y a pas de... même pas de
façon hypothétique de retirer une aire protégée complète. On a évoqué quelques
scénarios hypothétiques, mais là, celui-là, de façon hypothétique, je ne
pourrais pas dire : On a une aire protégée et on la retire dans son
entièreté.
Ce qui est possible et ce que j'ai
mentionné hier, on peut en changer le statut. Par exemple, on pourrait
transformer une aire protégée déjà convenue en une aire protégée d'initiative autochtone,
donc là on change le statut. Mais jamais on ne ferait en sorte qu'un territoire
soit complètement retiré. Lorsqu'une portion de territoire qui pourrait être
amputée, c'est là où interviennent toutes les mesures de précaution, là, qui
sont évoquées. Et tout ça doit naturellement être justifié par l'intérêt
public.
Le meilleur exemple et le seul qui s'est
vécu au cours des dernières années, c'est celui de brancher une communauté qui
était extrêmement, extrêmement polluante de par l'énergie qu'elle utilisait et
la convertir à l'hydroélectricité. Donc, même là, d'un point de vue... Il y a
non seulement intérêt public, mais il y a aussi un dessein environnemental, là,
qui est indéniable dans cette décision-là.
• (12 heures) •
Mais déjà je peux vous dire que tous les
efforts... parce qu'on parlait d'espèces, tout à l'heure, et tout ça, tous les
efforts ont été faits à partir du moment où on a tous convenu que c'était
primordial de le faire. Mais, que ce soit le choix du tracé ou autre, est venu
prendre en compte justement qu'elle était dans l'optique, là, éviter...
12 h (version non révisée)
M. Charette : ...tous les
efforts, parce qu'on parlait d'espèces, tout à l'heure, et tout ça, tous les
efforts ont été faits à partir du moment où on a tous convenu que c'était
primordial de le faire. Mais que ce soit le choix du tracé ou autre... est venu
prendre en compte justement quel était... dans l'optique, là, «éviter, minimiser,
compenser». Là, on est au niveau du minimiser, c'est-à-dire quel tracé, quel
trajet nous permettait de minimiser les impacts sur le lieu qui a été utilisé
pour faire passer cette infrastructure-là d'intérêt public.
M. Benjamin : Alors, vous nous
dites qu'il n'y a pas de scénario où on pourrait, à ce moment-là, mettre fin à
une désignation. Et ce que je vous ai entendu me donner comme exemple me porte
à penser qu'il s'agit davantage d'une modification d'une désignation que de
mettre fin à une désignation. Parce que, pour moi, mettre fin à une
désignation, c'est... Vous parlez surtout de modifier la désignation.
M. Charette : Sans jouer avec
les mots, parce qu'au niveau juridique il y a un impact, mais... si on change
de statut, on met fin au statut pour le remplacer par un autre. Donc, le choix
des mots est important. Je ne suis pas juriste, je m'en mords les doigts tous
les jours, spécifiquement depuis le début de la commission parlementaire, mais
il y a un choix des mots qui se justifie.
Et peut-être juste nous ramener aux
groupes qui ont parlé de ce volet-là au moment de la consultation. Moi, je me
regarde, là, à travers la documentation que j'ai sous les yeux, un des souhaits
de la SNAP, c'était beaucoup de clarifier quel serait le BAPE ou le commissaire
désigné, qu'est-ce qu'il aurait à prendre en compte, qu'est-ce qu'il aurait à
jouer comme rôle dans l'éventualité où ce scénario-là est présenté. Et c'est là
où l'article suivant amendé répond à cette demande ou à ce souhait de précision.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) :Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, par rapport à cet article-là, à l'article 41... il y a une
entente de délégation en vertu de l'article 12, qu'on a déjà traité.
M. Charette : ...
Mme Ghazal : Bien, c'est-à-dire
que... Est-ce que ça va se passer de la même façon? Il y a peut-être un autre
article dans le projet de loi qui fait une exception, que ce n'est pas
uniquement le gouvernement, de façon, pas arbitraire, là, mais seul, là, donc,
qu'il puisse compenser... diminuer et compenser une aire protégée, la protéger
différemment, etc., là, ce qui est écrit dans l'article 1. Est-ce que c'est la
même chose si, sur cette aire protégée, il y a une entente de délégation, comme
c'est écrit dans l'article 12 de la loi, et non pas du projet de loi...
Mme Ghazal : ...compenser,
diminuer et compenser une aire protégée, la protéger différemment, etc., là, ce
qui est écrit dans l'article 1. Est-ce que c'est la même chose si, sur cette aire
protégée, il y a une entente de délégation, comme c'est écrit dans l'article 12
de la loi, et non pas du projet de loi? Ce qu'on appelle... Bien, juste... (panne
de son) ...c'est à l'article 9 du projet de loi : «Le ministre peut, par
entente, déléguer à toute personne... à toute communauté autochtone tous ou
partie des pouvoirs que lui attribue la présente loi ou qu'il détient», etc.
Donc, s'il y a ça, cette entente-là existe avec une communauté autochtone, est-ce
que l'article 41 s'applique de la même façon?
M. Charette : ...pouvoirs, ça
ne change rien, là, s'il y a une entente de délégation.
Mme Ghazal : Donc, c'est la
même chose. Parce qu'il y a ITUM, un des groupes qui est venu en commission, et
eux, ce qu'ils disaient... bien, ont une inquiétude par rapport à l'article 41,
que ce soit fait de façon discrétionnaire... c'est un pouvoir discrétionnaire,
c'est ça, le mot que je cherchais... par le gouvernement, même s'il y a une
entente de délégation, et que ce soit fait uniquement par le gouvernement, sans
qu'eux aient leur mot à dire.
M. Charette : Bien, on peut
les rassurer simplement à ce niveau-là. S'il devait y avoir... Si on devait
évoquer l'intérêt public, étant donné que ce sont ceux et celles qui occupent
cette portion-là du territoire québécois, bien, ce serait dans leur intérêt à
eux. Donc, ça ne se ferait pas de façon aléatoire, ça ne se ferait pas sans
leur collaboration. Donc, c'est là où la notion d'intérêt public peut...
pourrait être invoquée. Mais encore une fois, comme je le mentionnais tout à
l'heure, juridiquement parlant, ce concept-là d'intérêt public, il est balisé.
Donc, on ne pourrait pas, par un...
Mme Ghazal : ...définition...
M. Charette : Bien, en fait,
c'est un concept qui a été testé par les tribunaux. Il y a eu différentes
causes où, lorsqu'il était évoqué, le concept était testé par les tribunaux. Donc,
oui, j'imagine qu'il y a une définition, mais il y a surtout l'épreuve des
tribunaux à ce niveau-là, qui sont venus baliser ce qui peut être considéré
comme étant un intérêt public ou pas.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est
possible juste de, peut-être, quelqu'un trouve...
M. Charette : ...une
définition? Oui, bien...
Mme Ghazal : ...une définition
juridique, là, pour... Si c'est possible de trouver ça, juste pour le... pour
notre intérêt, là, à tous ici, membres de la commission.
(Consultation)
M. Charette : Oui, bien, en
fait, mieux que ça. Si, avec consentement, on pouvait... Bien, en fait, c'est
difficile d'avoir une définition. À la limite, on la retrouverait dans un
dictionnaire, là, mais au niveau juridique, c'est peut-être davantage les
explications du juriste, là, qui pourraient être éclairantes, avec
consentement.
Mme Ghazal : Oui, s'il vous
plaît, parce que c'est un article qui inquiète beaucoup de groupes, même si
vous avez parlé avec eux. Donc, ce serait important d'avoir le portrait juste
et global.
M. Charette : Parfait...
M. Charette : …définition, à la
limite, on la retrouverait dans un dictionnaire, là, mais au niveau juridique,
c'est peut-être davantage les explications du juriste, là, qui pourraient être
éclairantes, avec consentement.
Mme Ghazal : Oui, s'il vous
plaît, parce que c'est un article qui inquiète beaucoup de groupes même si vous
avez parlé avec eux. Donc, ça serait important d'avoir le portrait juste et
global.
M. Charette : Parfait.
La Présidente (Mme
Grondin) : Alors, il y a consentement?
Mme Ghazal : Consentement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous invite à vous présenter, s'il vous
plaît.
M. Delisle (Antoine) :
Antoine Delisle, légiste. Bonjour à tous. C'est sûr que l'intérêt public,
c'est quelque chose qui est tracé large et qui est peu défini avec des balises
claires parce que c'est vraiment sa nature d'être un peu résiduaire puis de
permettre à pallier à des cas qui ne sont pas prévus.
Toutefois, on peut quand même le définir
par opposition à l'intérêt privé. Alors, quelque chose qui ne serait pas
d'intérêt public, c'est l'exemple d'une décision qui favoriserait un
particulier, qui favoriserait un intérêt économique d'un particulier, mais sans
retomber pour la communauté, pour la société de manière générale. Ce pourrait
être une décision qui serait faite pour des intérêts personnels, soit de
vengeance ou de représailles. Ça, ce sont bien sûr des cas qui ont déjà été…
bien, qui ont déjà été considérés comme n'étant pas, là, de l'intérêt public.
Mais donc, l'intérêt public, après ça, ça
reste quand même quelque chose qui est assez global, qui est présumé dans les
actes du gouvernement, et qui doit rester à son interprétation puisque c'est…
bien, ce sont les élus qui sont en mesure d'évaluer, là, ce qui est dans
l'intérêt public.
Mme Ghazal : Merci. Donc, de
ce que je comprends, c'est que ça ajoute encore plus au pouvoir discrétionnaire
de définir ce qu'est l'intérêt général par le gouvernement, et c'est correct
comme ça. Moi, je ne suis pas en train de dire : Ce n'est pas une bonne
chose. C'est correct que ce soit comme ça, ça a été expliqué.
Est-ce que, par exemple, comme on l'oppose
à l'intérêt privé, est-ce qu'on pourrait dire que si une communauté autochtone
s'oppose à ça, dire : Bien, ça, c'est de l'intérêt privé d'une communauté
et ce n'est pas l'intérêt public qui est défendu ici?
M. Charette : Juste pour
compléter ce que le collègue mentionnait, ça n'ajoute pas un caractère imprévisible,
étant donné qu'une décision qui est invoquée ou qui est implantée en invoquant
l'intérêt public, ça peut être contesté. Les tribunaux pourraient, eux,
dire : Oui, le gouvernement invoque ça, mais non, il n'y a pas d'intérêt
public. Donc, c'est balisé.
Mais pour répondre au deuxième volet de
votre intervention, étant donné… et on parlait tout à l'heure de désignation de
pouvoirs, en quelque sorte, au niveau de la gestion, à partir du moment où
cette délégation-là est confirmée, on ne pourrait pas… et je reprends tout le
temps l'exemple du branchement d'une communauté, c'est vraisemblablement,
logiquement, la communauté qui serait bénéficiaire de cette nouvelle source
d'énergie propre qui serait sur le territoire concerné. Donc, elle est
elle-même bénéficiaire de ce qui pourrait être considéré comme un intérêt
public, mais il n'y a pas d'opposition entre intérêt privé et public, surtout
qu'on est majoritairement, là, dans les cas de figure qu'on évoque, sur…
M. Charette : …qui serait sur
le territoire concerné. Donc, elle est elle-même bénéficiaire de ce qui
pourrait être considéré comme un intérêt public, mais il n'y a pas d'opposition
entre intérêts privés et publics, surtout qu'on est majoritairement, là, dans
les cas de figure qu'on évoque, sur le territoire de l'État, on est en terre
publique pour l'essentiel.
• (12 h 10) •
Mme Ghazal : Mais est-ce que
le consentement de cette communauté-là ou ces gens-là à qui le ministre… nous
indique que c'est le ministre qui a signé une entente de délégation avec ces
personnes-là ou ces communautés-là… est-ce que leur consentement est requis
pour que le projet… pour que l'article 41 soit appliqué?
M. Charette : Je ne veux juste
pas, au niveau juridique, là, vous induire en erreur. Je veux juste regarder un
petit peu ce qui pourrait se donner comme exemple. (Interruption) Pardon, un
peu plus, je faisais un petit dégât.
Bien, j'ai quelques cas où… C'est plus des
demandes de précision qui pourraient nous être partagées par ces
communautés-là, et c'est là où l'article suivant non seulement répond à ce que
demandaient certains groupes, mais, à travers le processus de consultation, va
venir établir les balises, donc… et ça pourrait être, par exemple, parce que là
on est dans l'avenir, hein, parce qu'il y a peu de cas d'espèce, on pourrait, par
exemple, dans le cas d'une entente de délégation, l'inscrire dans l'entente de
délégation que, si jamais il y a des changements, il faudrait qu'on ait des
balises pour rassurer la communauté.
Mais là on travaille beaucoup pour ce qui
s'en vient, donc on pourrait rassurer les groupes ou les communautés
concernées, là, de cette façon-là.
Mme Ghazal : Donc, si ce n'est
pas écrit dans l'entente de délégation, il y aurait possibilité que la décision
de diminuer la superficie d'une aire protégée… ailleurs et toutes les dispositions
qui sont inscrites dans l'article 41 soient faites sans obtenir le consentement
des communautés.
M. Charette : J'ai un petit
peu de difficultés à répondre à cette question-là, parce que c'est très, très hypothétique
et le pourquoi de cette volonté de changement…
La Présidente (Mme
Grondin) : On va suspendre quelques instants. Désolée.
(Suspension de la séance à 12 h 12)
(Reprise à 12 h 14)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Mme la
députée de Mercier, je vous invite à parler plus fort.
Mme Ghazal : Oui. Très
bien, je vais parler fort. Donc, en fait, je vais répéter ma question, parce
que le ministre disait qu'il avait de la difficulté à y répondre vraiment ou à
trouver des cas précis.
Ma question, c'est : Est-ce que les
dispositions qui sont écrites à l'article 41 à l'effet que le gouvernement
soit le seul qui puisse attribuer à une aire protégée un autre statut ou
diminuer sa superficie et la compenser, etc., est-ce que c'est possible que ces
dispositions-là soient faites sans qu'il y ait le consentement d'une communauté
autochtone, même s'il y a un pouvoir de délégation et que, par exemple, dans
l'entente de délégation, selon l'article 12 de la loi, bien, il n'y ait
pas... ça n'ait pas été mentionné que leur consentement est requis?
M. Charette : En fait, je
vais juste reprendre quelques étapes...
Mme Ghazal : ...qu'il y ait le
consentement d'une communauté autochtone, même s'il y a un pouvoir de
délégation et que, par exemple dans l'entente de délégation, selon l'article 12
de la loi, bien, il n'y ait pas... ça n'ait pas été mentionné que leur
consentement est requis?
M. Charette : En fait — je
vais juste reprendre quelques étapes au préalable — qui a l'autorité
de décréter une aire protégée? C'est uniquement le gouvernement. Mais le
gouvernement a des partenaires, naturellement, et ces partenaires-là peuvent
être, dans le cas de l'exemple de la collègue, une communauté autochtone.
Cependant, ça demeure difficile pour moi de répondre à la question, parce qu'à
travers la question, ce n'est pas précisé quel serait l'intérêt public. Si
j'avais, par exemple, un exemple précis qui... et quel serait l'intérêt public
évoqué, là, ce serait plus facile d'y répondre. Mais, de façon... comme ça,
c'est très, très hypothétique. Et, chose certaine, dans tous les cas, non
seulement on le prévoit à l'article suivant, mais il y a aussi une obligation
constitutionnelle de consulter, c'est déjà dans... Au niveau autochtone, il y a
déjà cette obligation-là de consulter. Donc, ça ne pourrait pas se faire sans
mettre à profit la communauté qui serait interpellée. Donc, non seulement
l'article 42 répond à la préoccupation exprimée en consultation, mais,
nonobstant le 42, lorsqu'il est question des communautés autochtones, il y a
une obligation constitutionnelle qui est reconnue de devoir négocier.
La Présidente (Mme
Grondin) :Maintenant, je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprise à 12 h 20)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprenons les travaux. Donc, nous sommes toujours au commentaire
sur l'article 41.
Mme Ghazal : Donc, je vais
continuer, en parlant fort. Juste pour être sûre... O.K., bon, c'est allumé.
En fait, le ministre dit que, constitutionnellement,
c'est important qu'il y ait une consultation. Mais moi, ce que je parle... ce
dont je parle, ce n'est pas de la consultation, mais du consentement avant que
le changement soit fait. Parce que, là, le changement, c'est uniquement le gouvernement
qui le décide pour l'intérêt public. Mais ma question, c'est : Est-ce que...
Je vais la répéter, puis la réponse peut être non, parce que, tout à l'heure,
quand je lui ai posé la question, j'ai vu des membres de l'équipe du ministre
dire non, donc je veux juste... ça peut être ça, la réponse. S'il est possible
qu'il n'y ait pas de consentement, de ne pas demander le consentement de la communauté
et d'appliquer les dispositions de l'article 41 quand même. Si c'est possible.
M. Charette : C'est la même question,
mais elle demeure tout aussi difficile à répondre, ne sachant pas quel pourrait
être l'intérêt public évoqué. Si c'est quelque chose.
Mme Ghazal : ...
M. Charette : Allons-y.
Mme Ghazal : Est-ce que... la
conciliation avec les peuples autochtones, est-ce que ça pourrait bénéficier à
l'intérêt public?
M. Charette : Oui, mais là, au
contraire, ce serait d'en développer une nouvelle, ce ne serait pas d'en
enlever, des aires protégées. Et les exercices que l'on fait actuellement pour
convenir de nouveaux territoires, on le fait dans cette perspective-là. Donc, dans
le fond, c'est l'argument contraire...
M. Charette : ...oui, mais là,
au contraire, ce serait dans d'en développer une nouvelle, ce ne serait pas d'en
enlever, des aires protégées. Et les exercices que l'on fait actuellement pour
convenir de nouveaux territoires, on le fait dans cette perspective-là. Donc,
c'est... dans le fond, c'est l'argument contraire qui est comme utilisé, là,
par la collègue.
Mme Ghazal : Parce qu'il y a
quelque chose d'intéressant qui est évoqué dans le mémoire de... Ce qu'ils
disent, c'est que ce n'est pas vraiment toujours possible de décider, par
exemple, de retirer et de compenser ailleurs. Parce que, nous, on ne regarde
que la valeur ou l'apport biologique ou biodiversité de la nature, mais eux,
ils ont aussi, des fois, par exemple, par rapport à leur territoire, une
importance culturelle et même sacrée pour leur territoire, pour les aires
protégées, et ça rentre dans leur définition des communautés autochtones, cet
aspect-là, donc, de dire : Bien, on va le réduire pour raison x, y, z. Il
n'y en a pas eu tant que ça, de raisons qui ont été évoquées, mais ce qu'on est
en train de faire, c'est pour le futur. Donc, on ne peut pas dire : Bien,
si ce n'est jamais arrivé ou très peu, ça n'arrivera pas. Ça peut se produire
dans le futur pour toutes sortes de raisons qui pourraient être légitimes et
acceptables de la part du gouvernement, qui va devoir justifier, mais, pour eux,
bien, ils disent que, de commencer à dire : Bien, on va compenser
ailleurs, soyez rassurés, ça ne répondrait pas à leurs préoccupations ou leur
intérêt à eux ou intérêt public de leur communauté. Donc, c'est là que ça
prendrait le consentement et il pourrait y avoir un conflit. Ce n'est pas parce
que cette situation-là s'est produite qu'elle ne pourrait pas ne pas survenir
dans le futur et c'est pour ça que je pose ces questions-là. Comment est-ce
qu'ils peuvent être rassurés par rapport à ça?
M. Charette : Les questions
sont très, très légitimes et j'espère apporter les réponses les plus précises
possible. Mais ces notions-là d'attachement au territoire, dans certains cas
pour des raisons religieuses, dans certains cas pour... Lorsqu'on établit des
aires protégées, ce sont des éléments qui sont discutés avec les communautés
autochtones. Donc, ça fait partie du processus même de la création de l'aire
protégée. Et, comme je vous dis, défaire une aire protégée, il n'y a pas de cas
d'espèce. Et la crainte serait sans doute justifiée si c'était pour permettre
de — et comme je le mentionnais tout à l'heure — faire en
sorte qu'une aire protégée qui est reconnue du jour au lendemain ne le serait
plus. Dans le cas de l'article 41 du 42 qu'on va voir par la suite, ce
serait juste s'il y a une portion de ce territoire-là qui peut être utilisé ou
qui doit être utilisé pour un intérêt public, mais avec tout le concept
d'éviter à minimiser, à compenser qu'on retrouve dans la LQE. Donc, on ne
défera pas ce qui a été fait avec les communautés autochtones. Puis moi, je
regarde, là, au niveau des consultations, il y a quelques groupes uniquement
qui ont évoqué...
M. Charette : …mais avec tout
le concept d'éviter à minimiser, compenser qu'on retrouve dans la LQE. Donc, on
ne défera pas ce qui a été fait avec les communautés autochtones.
Puis moi, je regarde, là, au niveau des
consultations, il y a quelques groupes uniquement qui ont évoqué 41, 42, là,
j'ai le résumé ici. Si on parle de M. Adrien Paquet, c'était — pour
la nation naskapie — c'était beaucoup le souhait de voir le concept
de consultations précisées. Donc, l'article 42, nous y viendrons. Encore,
M. Paquet, dans un autre échange, c'était de préciser les balises, et pour
le reste, c'était de préciser quels étaient… le délai pour la compensation.
Donc ce n'était pas une remise en question de l'article comme tel, mais bien
des demandes de précisions. Et c'est là où on a pu ajouter le détail, là, dans
42, notamment.
Mme Ghazal : Mais là, il faut
faire attention parce qu'il y a beaucoup de groupes qui nous ont
dit — autochtones, pas autochtones — qui nous ont
dit : On a été invités à la très dernière minute, désolé, on n'a pas eu le
temps de faire le mémoire tel quel. Ça fait qu'on ne peut pas dire que les
consultations particulières pour le projet de loi n° 46 font office de
consultations larges et complètes. Donc, il va falloir qu'il y en ait d'autres
après. Le ministre lui-même il l'a dit, puis pour les règlements, il va y en
avoir en bonne et due forme, mais on ne peut pas juste se fier sur une
personne.
Moi, je suis en train de vous amener un
élément qui était mentionné dans le mémoire d'un groupe, puis… mais c'est des
éléments larges, qui ne sont pas… c'est sûr que les groupes, souvent, ils vont
dire : Bien, le gouvernement veut aller là, on va voir comment est-ce
qu'on peut ménager. Nous, on préfèrerait que ça soit mieux, ça, c'est notre
monde idéal, mais on va essayer de voir comment est-ce qu'on peut aménager les
articles pour que ça soit moins pire pour nous vu que le… c'est comme une
option qui ne répond pas totalement à leurs demandes, mais ils essaient de
faire, disons, de trouver des voies de passage avec leurs préoccupations.
Donc, moi, ce que je me dis, c'est
qu'étant donné que le cas que ça va arriver, qu'il va y avoir une aire protégée
qui va être réduite s'il y a un pouvoir de légation ou peu importe, le risque
qu'il n'y ait pas de consentement est si peu présent qu'il faudrait peut-être
le préciser dans l'article puis dire qu'il faudrait qu'il y ait consentement
obligatoirement. Parce que jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu la réponse. Il
peut ne pas y avoir consentement, même si les cas de figure, le ministre ne les
voit pas parce que c'est… il ne voit pas que ça pourrait arriver, donc à la
limite, on peut dire que… mais ça peut arriver quand même. En théorie, ça
pourrait arriver qu'il n'y ait pas de consentement de l'application des
dispositions de l'article 41.
M. Charette : …pas moduler un
projet de loi en fonction d'un scénario très, très hypothétique ou d'une
théorie qu'on n'arrive pas à verbaliser ou à démontrer à travers un exemple
précis. Moi, je ne peux pas répondre parce que je ne sais pas quel serait
l'intérêt public en…
Mme Ghazal : ...application des
dispositions de l'article 41.
M. Charette : ...pas moduler
un projet de loi en fonction d'un scénario très, très hypothétique ou d'une
théorie qu'on n'arrive pas à verbaliser ou à démontrer à travers un exemple
précis. Moi, je ne peux pas répondre parce que je ne sais pas quel serait l'intérêt
public en cause. S'il y avait une catastrophe x, l'intérêt public pourrait
justifier une intervention dans bien des cas. Mais moi, je vous rappelle l'obligation
constitutionnelle de consulter, je vous rappelle l'article 42 qui va suivre, je
vous rappelle qu'on bâtit ces aires protégées là avec les partenaires. Donc,
c'est des gens qui sont présents à toutes les étapes, donc je ne vois pas de circonstance
où le travail qui a été fait en groupe serait défait par un seul intervenant, c'est-à-dire
le gouvernement du Québec.
Mme Ghazal : Mais, vous savez,
c'est déjà arrivé, dans le passé qu'il y ait eu des... peut-être pas des aires
protégées qui existaient déjà qui ont été retirées... ou que, par exemple,
d'autres intérêts plus économiques, miniers, etc., et des mesures de protection
du caribou, qu'elles aient été retirées. Et les Premières Nations, je veux
dire, elles ont vécu avec ça, puis les communautés autres aussi, qui tiennent à
leurs milieux. Ça fait que ça, c'est déjà arrivé, dans le passé, ce n'est pas
comme si je sors ça de nulle part. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas un cas en
ce moment... on peut faire une recherche rapide, une revue de presse, puis on
peut voir ces exemples-là, ça ne sort pas de nulle part. Donc, comme ça
arriverait...
M. Charette : Cependant, ces exemples-là
sont dans un contexte très différent du projet de loi que l'on étudie, présentement.
Et je vous rappelle un détail important, c'est que tout ça est déjà possible
sans obligation, sans contrepartie. Là, on ajoute des contreparties de consultation,
de... donc, ce n'est pas... Sans cet article-là, quand on demande de le
retirer, par exemple, on retiendrait un scénario bien, bien pire que ce que
vient baliser le projet de loi.
Mme Ghazal : Bien, l'argument
de dire que, dans le passé, c'était vraiment... ça existait déjà, là, on fait
juste l'améliorer un peu en ajoutant une coche, ça ne veut pas dire que c'est
parfait. Ce n'est pas vraiment un argument qui dit : Oui, c'est une bonne
chose, une bonne étape dans le futur parce qu'avant... pour l'avenir, parce
qu'avant c'était encore plus arbitraire, peut-être, et plus discrétionnaire.
Ici, on vient ajouter des obligations au gouvernement, tant mieux, c'est un pas
dans la bonne direction, mais ce n'est pas un argument pour dire : Bien,
on ne peut pas aller encore plus loin, on est allés... on ne peut pas encore
augmenter. Ce n'est pas vraiment un argument qui va dire : O.K., il y a eu
une amélioration, parfait, on arrête ça là puis on attend d'autres années, là.
• (12 h 30) •
M. Charette : C'est une
perception qui est tout à fait légitime. Mais moi, je regarde la base sur
laquelle on était, moi, je regarde la réaction des groupes par rapport aux amendements
qui ont été proposés, réactions très, très positives. Je me dis : On ne
s'en va pas vers un moindre mal, on s'en va avec un projet de loi qui était déjà
très, très bon...
12 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...moi, je
regarde la base sur laquelle on était, je regarde la réaction des groupes par
rapport aux amendements qui ont été proposés, réaction très, très positive. Je
me dis : On ne s'en va pas vers un moindre mal, on s'en va avec un projet
de loi qui était déjà très, très bon et qui va être encore nettement meilleur.
Donc, ce n'est pas une petite avancée, là. Ce projet de loi, aujourd'hui
bonifié à travers notre travail, c'est un pas... pas de souris, c'est un pas de
géant dans notre démarche de conservation du patrimoine naturel.
Mme Ghazal : Bravo pour le ministre,
pour son projet de loi. Je vois qu'il est fier, et c'est une bonne chose, puis
c'est bien qu'il ait eu des félicitations des groupes. Moi, je vais avoir
besoin d'un...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...Mme la députée.
Mme Ghazal : Oui, bien, moi,
il faut juste que je le rédige, mais je pourrais laisser mes collègues intervenir,
je vais déposer un amendement... dans le sens — vous ne serez pas surpris de
l'amendement — dans le sens d'obtenir le consentement
Je pourrais laisser mes collègues
intervenir, je vais déposer un amendement... dans le sens que vous ne serez pas
surprise, l'amendement, dans le sens d'obtenir le consentement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous déposez un amendement?
Mme Ghazal : Oui, mais je ne
peux pas le déposer tout de suite. Je vais laisser mes collègues parler, je
fais juste l'annoncer
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. J'ai tout d'abord M. le député des Îles-de-la-Madeleine, ensuite, M.
le député de Viau.
M. Arseneau : Oui, merci, Mme
la Présidente. On parle beaucoup du fait qu'on est dans l'hypothèse, de cas
fictifs. On ne peut pas imaginer.
Moi, j'aimerais soumettre au ministre un
cas concret, une demande qui remonte à 2017, de la part de la communauté des Îles-de-la-Madeleine,
des chasseurs de phoques, de groupes écologistes, de citoyens. Il y a 1 600
citoyens qui ont signé la pétition demandant la modification des limites de la
réserve écologique de l'Île-Brion. Je percevais, avec le projet de loi et les
articles qui sont devant nous, la possibilité pour le ministre d'user de son
pouvoir et, selon l'intérêt public, de changer les limites d'une partie de
l'île pour permettre potentiellement de désigner la zone littorale comme étant
une aire protégée d'utilisation durable, qui pourrait permettre, par exemple,
la chasse au phoque.
C'est une espèce de phoque qui est là, qui
est sédentaire, donc le phoque gris et juste pour les fins d'information, ceux
qui ne connaissent pas le dossier de façon intime, c'est une colonie de phoques
qui a proliféré de façon presque exponentielle. Bien, on comptait quelques centaines
de mammifères; maintenant, on parle d'environ 10 000 individus et depuis
1988, que la désignation de l'aire protégée a été décrétée, bien on a vu
finalement que les phoques ont profité de ce statut pour s'en faire un refuge,
ce qui n'était aucunement l'objectif de la mise en place de cette réserve
écologique.
Alors, il s'est tenu des consultations du
Bureau d'audiences publiques où, dans les conclusions, on a dit : Bien, on
pourrait procéder à une chasse scientifique pour vérifier si, effectivement...
et continuer aussi les recherches, n'est-ce pas, hein, pour... et cumuler des
données pour savoir si la prolifération...
M. Arseneau : ... Alors, il
s'est tenu des consultations du Bureau d'audiences publiques où, dans les
conclusions, on a dit : Bien, on pourrait procéder à une chasse
scientifique pour vérifier si, effectivement... et continuer aussi les
recherches, n'est-ce pas, hein, pour... et cumuler des données pour savoir si la
prolifération du phoque peut en venir à nuire à l'écosystème de la réserve. Et
la faille dans ce raisonnement-là, à mon point de vue, c'est que le phoque peut
ne pas nuire à l'écosystème de la réserve, mais peut nuire à l'écosystème du
reste du territoire de l'archipel. Et, selon plusieurs, les chasseurs
notamment, les pêcheurs notamment et plusieurs écologistes également, les élus
locaux... s'entendent sur l'idée que l'idée n'est pas de mesurer l'effet de la
prolifération du phoque sur la réserve, mais sur l'ensemble de l'écosystème,
réserve et hors réserve.
Ma question : Est-ce que ce dont ont
parle aujourd'hui, cette nouvelle façon de faire permettrait effectivement au
ministre d'agir rapidement dans le sens de la demande qui est formulée par la
communauté locale, qui y voit un intérêt public et, évidemment, économique?
M. Charette : En fait, très
bonne question du collègue. D'ailleurs, bien heureux qu'il soit avec nous, et
le hasard a voulu que j'aie donné spécifiquement cet exemple-là hier lorsqu'on
a commencé à aborder l'article 41. Il n'y a pas de grand cas d'espèce pour
évoquer justement un changement de statut et autre. Je disais qu'on... En fait,
j'ai donné deux exemples : un véritable où une communauté isolée s'est vu
proposer d'être branchée à l'hydroélectricité plutôt qu'au mazout... Donc, oui,
on a eu à jouer un petit peu dans une aire protégée, mais le bénéfice
environnemental était nettement supérieur à l'inconvénient, qui a pu être
minimisé, sinon compensé. L'autre exemple que je donnais, c'était justement
celui de l'île Brion, mais je disais que c'est un exemple à moitié, en ce sens
qu'on a amorcé cette démarche-là, mais elle n'est pas complétée. Il y a deux
semaines à peine, on a confirmé justement cette chasse scientifique. On s'est adjoint
un professeur de l'Université Laval qui est spécialiste en la matière, qui va
nous aider à mesurer les impacts, parce que, vous avez tout à fait raison,
cette présence-là, cette démographie galopante de ce cheptel-là vient
vraisemblablement nuire à la protection que l'on voulait assurer à cette île.
Donc, ce qui a été annoncé il y a deux semaines, c'était le début d'une chasse
scientifique pour la saison 2021. Mais, pour ce qui est de la compensation du
changement de statut, c'est une étape subséquente. Mais on est dans cette
dynamique-là, et ce que je réitérais hier, ce serait sur une petite... pour ne
pas que les gens soient apeurés, là, pour celles et ceux qui ne connaissent pas
le dossier, on parle d'une petite, petite portion de l'île. Donc, on est en...
M. Charette : ...c'est une
étape subséquente, mais on est dans cette dynamique-là. Et ce que je réitérais
hier, ce serait sur une petite... pour ne pas que les gens soient apeurés, là,
pour celles et ceux qui ne connaissent pas le dossier, on parle d'une petite,
petite portion de l'île, donc on est en catégorie I actuellement, ce qui
est le degré de protection le plus élevé, et on pense changer une petite,
petite portion vers une catégorie qui permettrait... officialiserait un type de
chasse en particulier. Donc, oui, l'exemple se prête très, très bien à ce que
permet l'article 41.
En fait, c'était déjà possible, c'est ce
que j'ai mentionné à plusieurs reprises, sauf que la loi actuelle ne prévoyait
pas de compensation, ne prévoyait pas de mesure d'atténuation, et c'est là où
on a introduit ces précautions supplémentaires, là, avec l'article 41 et
42.
M. Arseneau : Merci. Mais, en
fait, ma question était à savoir si l'article de loi, si on devait adopter le
projet de loi tel qu'il est proposé avec les amendements, s'il rendrait la
modification des limites ou la nouvelle désignation d'une partie des limites
actuelles plus facile à réaliser.
M. Charette : C'est possible
de différentes façons. Dans tous les cas, oui, le projet de loi viendrait
aider. On a introduit, par exemple, la catégorie des aires protégées
d'utilisation durable. Il faudrait voir si on pourrait l'intégrer dans cette
dynamique-là. Sinon, c'est de voir est-ce qu'à travers une catégorie existante
un certain type de chasse est permis. Donc, oui, il y a des avancées, là, qui
deviennent possibles.
M. Arseneau : En fait, moi, ce
que je comprends de la loi actuelle et de la désignation de la réserve dont on
parle, c'est qu'il est possible d'y pratiquer des activités scientifiques de
recherche et aussi des activités pédagogiques. Et ce que je comprenais de
l'annonce du ministre il y a deux semaines, c'est que c'était sous cet angle-là
que nous allions procéder sans modifier les limites ou la désignation de
quelque façon que ce soit, qu'on allait tout simplement permettre la tenue
d'activités scientifiques qui comportent le prélèvement d'un certain nombre de
bêtes. Est-ce que j'ai mal compris?
M. Charette : On est à l'étape
préalable. On est à l'étape où c'est des visées uniquement scientifiques. Mais
si éventuellement on veut le permettre dans un cadre encadré, on s'entend, mais
différent, c'est là où il y aurait des modifications qui seraient nécessaires.
Mais actuellement, effectivement, en catégorie I, on peut faire des
activités scientifiques et on est dans cette perspective-là pour l'étape
actuelle.
Mais j'anticipais un petit peu l'avenir
étant donné, là, les demandes qui proviennent du milieu. Lorsqu'on sera rendus
là, c'est là où il y aura des...
M. Charette : ...qui
seraient nécessaires. Mais actuellement, effectivement, en catégorie un, on
peut faire les activités scientifiques et on est dans cette perspective-là pour
l'étape actuelle. Mais j'anticipais un petit peu l'avenir, étant donné, là, les
demandes qui proviennent du milieu. Lorsqu'on sera rendu là, c'est là où il y
aura des interventions, là, de cette nature à faire.
• (12 h 40) •
M. Arseneau : D'accord.
Donc, ça m'amène à une seconde question. Une fois que la loi a été sanctionnée,
si on a... C'est la question de la transition, en fait, que je veux poser.
Est-ce que vous envisagez, donc, une fois la loi sanctionnée, qu'on puisse,
justement, s'en servir pour, disons, accélérer une procédure qui aurait déjà
été entamée sous l'angle de la loi précédente ou si on doit aller jusqu'au bout
d'un processus qui aurait été amorcé avec l'ancienne loi?
M. Charette : En fait,
c'est... Un n'exclut pas l'autre. Mais, comme on l'a mentionné à quelques
reprises, le projet de loi n° 46 vise d'abord et avant tout l'après 2020.
Donc, on a des objectifs très précis en matière de protection du territoire,
qui vont se faire, selon toute vraisemblance, avec les critères actuels. Donc,
le but n'est pas tant d'aller modifier... de modifier les travaux actuels mais
de dire : En fonction de ce que L'UICN va nous demander pour
l'horizon 2030, on sera prêt à y réagir.
Ce que je mentionnais aussi, on va, à
travers autant les paysages humanisés et l'aire protégée d'utilisation durable,
avoir de meilleurs outils pour protéger du territoire dans le sud, et c'est là
où on pourra gagner aussi en superficie protégée, mais en diversité des particularités,
là... au niveau de la biodiversité québécoise.
M. Arseneau : D'accord.
Alors, juste en terminant, j'apprécie la réponse du ministre et je veux juste
mentionner que l'intervention que je viens de faire ne vise d'aucune façon à
limiter l'étendue des aires que nous voulons tous protéger mais bien réaliser
qu'en désignant certains territoires, et, dans un cas très, très spécifique, il
faut aussi avoir une vision plus large sur les impacts que ça peut avoir de
façon plus générale sur les écosystèmes qui bordent la désignation en question.
Et là on a un phénomène qui est tout à fait particulier, mais l'avantage de la
loi et de certaines de ses dispositions, c'est qu'on peut continuer de
protéger, mais... protéger les aires, mais avec des statuts différents qui
permettent, justement, une certaine flexibilité, je pense, que l'on souhaite
tous à travers ce nouveau cadre législatif.
Alors, c'est... Je voulais juste préciser
que l'idée, ce n'est pas de restreindre, mais peut-être faire différemment et
mieux.
M. Charette : Tout à
fait. Et tout ça en respectant les règles...
M. Arseneau : …mais avec des
statuts différents qui permettent justement une certaine flexibilité, je pense
que l'on souhaite tous, à travers ce nouveau cadre législatif. Alors, c'est… je
voulais juste préciser que l'idée, ce n'est pas de restreindre mais peut-être faire
différemment et mieux.
M. Charette : Tout à fait, et
tout ça en respectant les règles de l'UICN. On l'a entendu souvent, il y a le
GIEC qui est au climat et il y a l'UICN qui est à la biodiversité, et c'est
pour ça qu'on précise dans le projet de loi que tout, tout, tout devra se faire
en conformité avec les règles de l'UICN pour ce qui est de protéger du
territoire. Mais, oui, on s'ouvre à des possibilités qui sont reconnues à
l'international, qui sont exploitées dans certaines juridictions et qui nous
sont fermées, là, actuellement, comme possibilités.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, avec votre consentement ou le consentement des collègues, on
était encore en train d'échanger avec le légiste, donc j'aurais une question
toujours sur cette notion d'intérêt public qu'il nous a présentée tout à
l'heure, là, en fait, la définition ou l'ébauche d'une définition. Ma question,
en fait, je voulais lui poser : Est-ce que… à la lumière de ce que vous
nous avez expliqué que ça peut être l'intérêt public, de sa définition, est-ce
que les intérêts publics peuvent s'opposer?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…besoin d'un consentement, si vous voulez dévier votre question…
M. Benjamin : Bien, on était
encore en train d'échanger avec lui, donc…
M. Charette : Consentement
pour ma part, il n'y a pas… est-ce que ça vous va? Oui? Il n'y a pas de
problème.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y.
M. Benjamin : Merci.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
en fait, c'est sûr que l'intérêt public, ça… parmi l'intérêt public doit être
considéré un ensemble d'intérêts, il y a différentes communautés, il peut y
avoir des intérêts économiques, il peut y avoir des intérêts environnementaux
qui doivent être considérés, mais le tout, après, quand on dit que c'est dans
l'intérêt public, c'est une notion plutôt globale, là, c'est une fois qu'on a
pondéré les différents intérêts qui vont le composer, on juge que c'est
justement dans l'intérêt public, là, de manière générale.
M. Benjamin : Par exemple, je
ne sais pas, une localité… en fait, l'exemple… on peut partir de l'exemple même
que le ministre nous donne… nous a donné à plusieurs reprises, donc de ce
village, cette localité qui veut avoir accès à l'électricité, mais qu'il y ait
par exemple… et là le tracé de la route pour développer le projet
d'électricité, etc., fait en sorte qu'il y a des groupes de la région qui s'y
opposent en invoquant l'intérêt général, c'est-à-dire la protection de
l'environnement, par exemple. Est-ce qu'en invoquant l'intérêt public… Donc, à
ce moment-là, je comprends qu'il y a un arbitrage, ce sera au ministre de faire
cet arbitrage par rapport à ce qui est de l'intérêt public et ce qui ne l'est
pas.
M. Delisle (Antoine) : ...en
fait, c'est qu'il y a... de la manière que je le dirais, c'est qu'il y a
plusieurs interprétations de ce qui est l'intérêt public, c'est le cumul des
visions, des intérêts de certaines communautés…
M. Benjamin : ...il y a un
arbitrage, ce sera au ministre de faire cet arbitrage par rapport à ce qui est
de l'intérêt public et ce qui ne l'est pas.
M. Delisle (Antoine) : En
fait, c'est qu'il y a... de la manière que je le dirais, c'est qu'il y a
plusieurs interprétations de ce qui est l'intérêt public. C'est le cumul des
visions, des intérêts de certaines communautés et tout qui vont constituer ce
qu'est l'intérêt public. Après ça, l'interprétation de quelle est l'orientation
globale à prendre, c'est effectivement... ce ne sera pas le ministre dans ce
cas-ci, ça sera le gouvernement, mais c'est là où repose l'interprétation des
élus pour ce volet-là. Mais c'est sûr qu'on ne peut jamais parler d'intérêt
public comme étant quelque chose d'unanime, on aura toujours certains intérêts
qui pourraient être incompatibles avec la décision. Ce serait trop lourd
justement de s'attendre à ce qu'il n'y ait qu'une vision de l'intérêt public et
que tout le monde s'entende. Donc, c'est plutôt, je dirais, différentes
interprétations qu'on a de l'intérêt public, mais il n'y a encore qu'un seul
intérêt public.
M. Benjamin : Et finalement
c'est le gouvernement qui décidera, qui fera l'arbitrage de ce qui est
l'intérêt public ou ce qui l'est moins.
M. Delisle (Antoine) : Dans
sa décision, oui. C'est sûr qu'après ça, ça peut toujours être contesté devant
les tribunaux si on juge que ça ne l'était pas, et là il y aura un débat qui
pourrait se faire. Mais la décision est... c'est le gouvernement qui prend la
décision.
M. Benjamin : Parfait, merci.
Une autre question, M. le ministre. Donc, dans l'article que nous avons devant
nous, deuxième paragraphe, donc, quand on dit : «En vertu de... compenser cette
diminution, notamment par la désignation comme aire protégée, en vertu de la
présente loi ou d'une autre loi...», à quelle loi... l'autre loi, à quelle loi
fait-on allusion ici?
M. Charette : ...je pense,
c'est l'exemple que je donnais au niveau de la Loi sur les parcs notamment.
Donc, il y a d'autres lois qui peuvent être évoquées, là, dans ce contexte-là.
M. Benjamin : ...en vertu de
la Loi sur les parcs, on peut compenser... en vertu de... on pourrait compenser
en vertu de la Loi sur les parcs, c'est ça?
M. Charette : Effectivement.
M. Benjamin : O.K.
M. Charette : Et même... et là
on rentre dans un autre type de débat, mais lorsqu'il est question de
minimiser, compenser, au niveau des espèces menacées aussi, il y a d'autres
lois qui interviennent qui ne relèvent pas du MELCC, mais du MFFP, la Loi sur
les espèces menacées vulnérables, là, notamment. Donc là aussi, on ne peut pas
agir sur le territoire de n'importe quelle façon, il y a des façons d'agir qui
sont balisées, là, par ces lois-là.
M. Benjamin : Toujours dans
cette même phrase : «...d'un autre territoire présentant des
caractéristiques biophysiques...». Qu'est-ce qu'on entend par «caractéristiques
biophysiques»?
M. Charette : Bien, la
question d'équivalence, de valeur équivalente. Donc, les propriétés du lot qui
serait modifié au niveau de sa superficie, au niveau de son statut, il a
certaines caractéristiques, donc on voudra retrouver des...
M. Charette : ...d'équivalence,
de valeur équivalente. Donc, les propriétés du lot qui serait modifié au niveau
de sa superficie, au niveau de son statut, il a certaines caractéristiques,
donc on voudra retrouver des caractéristiques semblables sur le lot qui
servirait de compensation.
M. Benjamin : Vous avez évoqué
tout à l'heure, dans la précédente question, donc, des espèces, par exemple,
des espèces rares ou des espèces menacées, par exemple. Les espèces qui sont
sur ce territoire-là ne font pas partie, dans cette définition-là, des
caractéristiques biophysiques que vous évoquez.
M. Charette : Tout ce qui est
biodiversité, tout ce qui est là, il y a la loi du MELCC, il peut y avoir la
loi que j'évoquais, là, la Loi sur les espèces menacées vulnérables. Donc, il y
a plusieurs lois, là, qui viennent baliser, là, les interventions qui seraient
possibles.
M. Benjamin : Donc, cette
compensation dont on parle, donc, ce n'est pas seulement au niveau du lot, donc
c'est aussi...
M. Charette : ...sur la... Ce
qu'on y retrouve, on doit pouvoir trouver une certaine forme d'équivalence sur
le lot qui serait utilisé en compensation.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Mercier, vous m'avez signalé, fait signe que votre
amendement est maintenant disponible sur Greffier. On va...
Mme Ghazal : En fait, pas
qu'il est disponible sur Greffier, simplement que je l'ai envoyé à la
secrétaire, mais je ne sais pas s'il est sur Greffier, je n'ai pas eu de...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. Pas encore.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants, le temps de pouvoir prendre
connaissance de l'amendement.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 12 h 54)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mercier, veuillez, s'il vous plaît, lire votre amendement et
le commenter.
Mme Ghazal : Donc, l'article
41 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, tel qu'introduit à
l'article 32 du projet de loi, est amendé par l'insertion après, «Le
gouvernement expose, dans sa décision, les motifs justifiant celle-ci », de
«Pour les communautés autochtones bénéficiant d'une entente de délégation en
vertu de l'article 2, le gouvernement ne peut pas modifier, diminuer, délimiter
ou mettre fin à la désignation d'une aire protégée.» Donc…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…vous avez dit l'article 2, mais c'est l'article 12.
Mme Ghazal : Oui, exact, l'article
12, désolée, et c'est ce qui était écrit aussi dans l'amendement qui est sur
Greffier. Donc, en fait, là, j'inviterais le ministre à ne pas faire de commentaire
sur l'aspect juridique, comment c'est écrit, on sait que, des fois, quand on
écrit des amendements et qu'il est d'accord avec le principe, son équipe
travaille fort pour l'accepter. Ici, l'idée, c'est vraiment, vu que, de toute
façon, le ministre ne voit pas la possibilité ou le risque que, peut-être un
jour, il y ait… qu'on diminue une aire protégée, tout en la compensant ailleurs
ou qu'on délimite son territoire, ou qu'on mette fin à sa désignation, sans que
les communautés autochtones soient d'accord, ou peut-être qu'il y a une possibilité,
dans l'article 12, s'il y a une entente de délégation, que soit inscrit dedans
que ce genre de décision là ne puisse pas être prise par le gouvernement même
si l'intérêt public le justifie.
Comme ça risque d'arriver très peu souvent
ou presque jamais, pourquoi ne pas l'inscrire pour vraiment s'assurer qu'elles
puissent avoir leur mot à dire et que ces décisions-là ne soient pas prises de
façon discrétionnaire par le gouvernement, même si c'est fait dans l'intérêt
public. Voilà.
M. Charette : Merci à la
collègue pour l'amendement proposé, mais, malheureusement, ce n'est pas une question
de formulation, il y a des aspects juridiques, là, qui sont mis en cause par
l'idée même de l'amendement donc qui serait tout simplement illégal. Comme je
le mentionnais, au Québec, ce n'est que le gouvernement qui peut désigner une aire
protégée, et on ne pourrait pas, à travers une entente de délégation, modifier
le pouvoir du gouvernement du Québec.
Donc, il y a un concept juridique, ici,
là, qui intervient. On est réellement en présence d'une loi et d'un concept qui
dit : Le gouvernement ne peut pas… son pouvoir ne peut pas être subordonné
par une entente de délégation, parce que c'est lui, ultimement, qui désigne
qu'est-ce qu'une aire protégée et quel est le territoire. Mais je comprends
tous, tous, tous les questionnements de la collègue…
M. Charette : ...qui dit :
Le gouvernement ne peut pas se... Son pouvoir ne peut pas être subordonné par
une entente de délégation parce que c'est lui ultimement qui désigne qu'est-ce
qu'une aire protégée et quel est le territoire.
Mais je comprends tous, tous, tous les
questionnements de la collègue. C'est là où j'essaie de la rassurer au mieux en
disant que l'aire protégée, elle est déterminée, elle est bâtie avec les
communautés. Dans le cas des autochtones, on prend en compte aussi... oui, il y
a la valeur naturelle, mais, dans nos échanges, on prend en compte d'autres
aspects davantage culturels. Donc, ce travail-là étant fait ensemble, on ne
voit pas comment on le déferait seul.
Donc, il n'y a pas cette intention cachée
là derrière l'article 41. Au contraire, on veut ajouter des contraintes
supplémentaires au gouvernement pour que cette décision-là, qui n'a jamais été
prise à la légère parce qu'elle n'a, à toutes fins pratiques, jamais été prise,
donc non seulement on ne veut pas qu'elle soit prise à la légère, mais on va
imposer des conditions si jamais, de façon exceptionnelle, on devait arriver à
ce type de changement là.
Mais je rappellerais aussi que
l'article 41, c'est aussi pour un changement de statut. Donc, ce n'est pas
uniquement diminuer une aire protégée, ce n'est pas uniquement... Dans certains
cas, si on veut en faire une aire protégée d'initiative autochtone, on change
de statut. Mais malgré tout ça, l'article 42 de consultation et tout ça va
s'appliquer.
Donc, c'est un travail... En fait, la
désignation des aires protégées — puis je peux vous en dire quelque
chose, depuis quelques mois, là, on est intensivement
là-dessus — c'est un travail de partenariat. Donc, on ne pourrait pas
partir seul avec le ballon dans un sens comme dans l'autre. C'est-à-dire créer
une aire protégée ou en modifier un statut, je ne pourrais pas partir seul avec
le ballon, c'est réellement un travail, là, qui se fait avec plusieurs,
notamment les communautés autochtones.
Mme Ghazal : Moi, dans mon amendement,
ce que j'amène, c'est un principe par rapport au fait qu'il faut traiter de
nation à nation avec les autochtones et non pas de façon paternaliste comme ça
a toujours été fait. Donc, est-ce que... ce principe-là qui fait que ça ne peut
pas être accepté? Parce que le ministre a dit tantôt que, dans l'entente de
délégation, on peut mettre la condition de consentement des communautés
autochtones. Est-ce que maintenant il dit que non, finalement, légalement c'est
impossible.
M. Charette : ...jamais dit
qu'on pouvait, dans l'entente de délégation, imposer une clause de
consentement. Ce que je mentionnais, c'est qu'on pourrait mettre les balises
pour justement discuter de ces questions-là. Mais le droit de veto... En fait,
non, le droit de veto, ce n'est pas la bonne expression. Ah!
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici. Et la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h (version non révisée)
M. Charette : ...en fait, non,
le droit de veto, ce n'est pas la bonne expression.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici. Et la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 heures.)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 4)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. La Commission des transports et de
l'environnement reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel et autres dispositions. Lors de la
suspension de nos travaux, nous étions rendus à l'étude de l'amendement à
l'article 41, présenté par la députée de Mercier. Y a-t-il des commentaires à
l'amendement à l'article 41 déposé par la députée de Mercier? M. le ministre.
M. Charette : ...en partie
exprimé, mais je serais mal à l'aise que l'on vote sans la présence de la
collègue, bien qu'en toute honnêteté ce n'est pas un amendement que l'on peut
accepter, mais par respect pour elle. Si elle ne revient pas, on pourrait tout
simplement suspendre et passer à l'autre article par la suite. C'est uniquement
par respect, là, pour la collègue.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, il y a un consentement pour suspendre l'article 41 ainsi que l'amendement
proposé? Alors, l'article 42, M. le ministre.
M. Charette : J'y arrive.
Donc, le 42 :
«Les articles 29 et... » On pourrait quand
même lui faire la blague, quand elle arrive, que l'amendement a été refusé.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Charette : Juste entre
nous, on pourrait lui faire la blague, pour ensuite lui dire que, bien non,
qu'on l'a attendue.
Des voix
: ...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Charette : C'est de
l'humour. Donc, c'est une preuve de respect et...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Charette : Donc, à
42 :
«Les articles 29 à 39 s'appliquent en
faisant les adaptations nécessaires à toute décision du gouvernement visée à
l'article 41.»
Commentaire. Une décision prise en vertu
de l'article 41 devra notamment être précédée d'une période d'information
publique et d'une consultation publique si une personne en fait la demande.
C'est un petit peu ce qu'on mentionnait précédemment, ce matin. Donc, la
démarche elle-même...
M. Charette : …41.
Commentaire : Une décision prise en
vertu de l'article 41 devra notamment être précédée d'une période
d'information publique et d'une consultation publique si une personne en fait
la demande.
C'est un petit peu ce qu'on mentionnait
précédemment ce matin, donc la démarche elle-même, mais il y a, par la suite,
une consultation qui va avoir lieu, là, de façon systématique.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Mercier, nous avons suspendu l'article 41
momentanément. Nous avons… nous sommes… nous avons suspendu, donc nous sommes à
l'article 41. Nous allons… si vous voulez bien procéder pour
l'article 42, puis nous reviendrons.
Mme Ghazal : Très bien. Bien
merci, merci beaucoup aux membres de la commission d'avoir suspendu l'article
le temps que j'arrive, c'est très gentil. Est-ce que j'en comprends que le
ministre va voter pour?
M. Charette : En fait, j'ai
déjà indiqué que, malheureusement, on va voter contre, mais j'ai commencé… en
fait, je suis celui qui a proposé de suspendre en respect pour l'amendement qui
était étudié, mais je proposais aux collègues de faire une petite blague et de
vous annoncer à votre arrivée que l'amendement avait été battu sans autre
débat, mais non. Ça a été suspendu et on pourra y revenir dans quelques
instants.
Mme Ghazal : …on y revient.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, est-ce qu'il y a… là, on va faire l'article 42, c'est ça? Si vous
voulez bien.
Mme Ghazal : Donc, on finit
l'article 42? O.K.
M. Charette : En fait, qui a
déjà largement été…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il a été lu…
M. Charette : …lu, oui,
effectivement, mais même dans les explications, ce matin, on disait que
l'article qui allait suivre était aussi une conséquence, là, de la volonté du gouvernement
non seulement d'ajouter une mesure de protection supplémentaire en exigeant la
compensation, mais aussi d'insister sur le fait que dans tous les cas, si la
demande est formulée, il devra y avoir une consultation publique, une séance
d'information publique pour être bien certain que les enjeux sont bien compris,
là, de toutes les parties intéressées.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Autres commentaires relativement à l'article 42? Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Je veux juste m'assurer, c'est un ou l'autre ou un et l'autre? C'est-à-dire une
consultation publique si elle est demandée et une présentation ou c'est…
M. Charette : En fait, on
parle d'une période d'information publique et d'une consultation publique.
Donc, ce n'est pas…
Mme
Charbonneau
:
Donc, c'est le «et» et non le «ou».
M. Charette : Tout à fait,
tout à fait.
Mme
Charbonneau
:
Parfait, merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article 42? Oui, Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, moi j'en
ai. Dans l'article 42, ce qui est mentionné, c'est que les
articles 29 à 39 s'appliquent pour… à toute décision du gouvernement visée
à l'article 41. Et donc, ça, ça peut être… ça veut dire que si on regarde
ces articles-là, ça peut être un BAPE, ça peut être une commission qui est
nommée par le ministre pour faire une consultation, comme ça peut être la
consultation, je pense, des municipalités dans un article, etc. C'est ça, en
gros, ce que… Oui.
M. Charette : Ça couvre
effectivement les articles qui avaient été débattus hier. On parlait d'un BAPE
ou sinon d'un commissaire externe qui allait s'inspirer, là…
Mme Ghazal : ...faire une consultation,
comme ça peut être la consultation, je pense, des municipalités dans un article,
etc. C'est ça, en gros, ce que... Oui.
M. Charette : Ça couvre effectivement
les articles qui avaient été débattus hier. On parlait d'un BAPE ou, sinon,
d'un commissaire externe qui allait s'inspirer, là, de la procédure du BAPE. Effectivement,
tous les éléments discutés hier à travers les articles 29 à 39
s'appliquent dans le cas présent.
• (15 h 10) •
Mme Ghazal : Parce que...
Puis ça, par exemple, s'il y a une... C'est les mêmes articles et la même façon
de consulter, que ce soit une diminution d'une aire protégée qui est compensée,
ou que ce soit d'un changement de catégorie, ou que ce soit même du retrait
d'une aire protégée, tout ça, ces articles-là s'appliquent. Mais, par exemple,
le fait de retirer une aire protégée, c'est quand même pire que de la diminuer,
de la compenser, c'est pire que changer de catégorie.
Est-ce que le mode de consultation ou ces
articles-là s'appliquent différemment? Est-ce qu'il y a un article un peu plus
tard dans le projet de loi qui en parle ou non?
M. Charette : ...la
procédure, elle est déjà très bien définie. C'est une procédure qui est bien
encadrée aussi. Quand qu'on parle d'un BAPE, quand qu'on parle d'un commissaire
extérieur qui va s'inspirer de la procédure du BAPE, c'est quand même bien,
bien balisé.
Donc, non, on ne prend pas à la légère
l'instauration d'une nouvelle aire protégée et on ne prend pas à la légère
l'éventualité, là, de devoir en modifier le tracé, par exemple. Donc, dans les
deux cas, c'est très bien encadré.
Mme Ghazal : Et il y a
une possibilité de retirer une aire protégée.
M. Charette : En fait, là,
on l'a largement discuté ce matin, le retrait complet, ce n'est pas quelque
chose qui est envisageable. On parle davantage d'un changement de statut ou,
sinon, d'une portion pour fins d'intérêt public de l'aire protégée. Mais je ne
vois pas la possibilité, là, de complètement retirer des cartes une aire
protégée.
Mme Ghazal : ...parce que je
pose la question, je sais que le ministre y a répondu, mais est-ce que c'est
possible que quelqu'un, un oeil d'un juriste plus futé que moi qui le lise puis
qui dise : Ah! il y a une ouverture pour retirer totalement? Parce que
c'est ce qui a été compris par les groupes. Ce matin, vous aviez eu une discussion
avec le député de Viau, qui vous disait : Bien, la SNAP vous dit :
Vous devriez le retirer, si vous ne faites pas les amendements qu'ils vous
proposent, pour circonscrire ce côté totalement... je dis toujours
«arbitraire», mais ce n'est pas arbitraire... qui est une décision uniquement
discrétionnaire, totalement discrétionnaire du gouvernement. Donc, pour la
circonscrire, c'est là qu'eux, ce groupe-là, amènent cet amendement-là pour
circonscrire ce côté... des décisions du gouvernement. Donc...
Mme Ghazal : ...qui est une
décision uniquement discrétionnaire, totalement discrétionnaire du gouvernement.
Donc, pour la circonscrire, c'est là qu'eux, ce groupe-là, amènent cet amendement-là
pour circonscrire ce côté des décisions du gouvernement, donc. Puis eux, ce
qu'ils comprennent, c'est que... S'il y a une possibilité qu'il y ait un retrait.
Parce que je n'ai jamais eu la réponse : Non, ce n'est pas possible. Tout
ce que j'entends, c'est : Non, nous ne l'avons pas fait, pourquoi est-ce
qu'on le ferait dans le futur? Notre objectif, c'est d'atteindre des objectifs
internationaux, auxquels on va souscrire. Mais je n'ai jamais entendu un «non»
formel.
C'est impossible de retirer une aire
protégée parce que le caractère permanent des aires protégées est un élément
qui a été amené par beaucoup de groupes et qui est fondamental. Et c'est ça, l'inquiétude,
et qui fait que je pose autant de questions, puis que je veux m'assurer que,
pas l'opinion du ministre, puis pas ce que le ministre a l'intention de faire
dans le futur... Légalement, est-ce que c'est impossible que le gouvernement
retire une aire protégée... je vais faire comme quand on fait au salon bleu...
oui ou non?
M. Charette : Deux éléments
là-dessus. Comme je le mentionnais, ce serait pire de retirer... et là on est
rendus à 42, là, mais je comprends que les deux sont liés ensemble... ce serait
pire de retirer 41 et, on le devine, 42, conséquemment, que de s'en tenir à ce
qui est déjà applicable dans la loi. Parce que là, on ajoute des conditions, on
ajoute une démarche, ce qui n'est pas le cas actuellement, alors que la
possibilité est déjà présente.
Pour le fait de comment interpréter le
projet de loi, nos échanges font foi aussi. Si, éventuellement, vous
dites : Un juriste plus futé devait constater une faille... Il n'y en a
pas, hein, à notre sens. Puis il y a des juristes très, très bien... avec une
bonne expertise qui nous accompagnent. On ne perçoit pas de faille à ce niveau-là.
Mais l'échange que nous avons actuellement pourrait être interprété pour
interpréter le sens de la loi. Donc, il n'y a aucun scénario où on enlèverait
une aire protégée dans son intégralité, et même un petit, petit, petit
pourcentage.
Comme je l'ai souvent répété, il y a très
peu de cas d'espèce. Ce matin, on parlait de l'île Brion, et c'est
vraisemblablement justifié, scientifiquement parlant. Mais là on parle de 3 %.
On a... Je regardais, là, les... ce que ça peut représenter comme superficie. C'est
l'équivalent de 3 % de l'aire protégée dont le statut changerait, encore
une fois, pour mieux protéger l'environnement, pas pour saccager ou pour
compromettre l'environnement, mais pour mieux le protéger.
Donc, je ne vois pas de scénario possible
où ce serait un retrait complet. Et, si certains doutent, et qu'ils devaient
contester la loi, bien, ils pourront se référer à l'échange qu'on a
présentement, là. Il n'y a pas de faille ou de point de faiblesse, là, à ce
niveau-là.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est
possible d'avoir la réponse d'un...
M. Charette : …ce serait un
retrait complet, et si certains doutent et qu'ils devaient contester la loi,
bien, ils pourront se référer à l'échange qu'on a présentement, là. Il n'y a
pas de faille ou de point de faiblesse, là, à ce niveau-là.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est
possible d'avoir la réponse d'un juriste, par exemple, qui dit… pour cet
article-là, parce qu'il y a peut-être d'autres… je ne veux pas qu'ils aillent
peut-être dans d'autres articles du projet de loi, que là, oui, il y a un
retrait, juste cet article-là, mais là c'est 41 ou, en tout cas, 42… c'est les
consultations, là, c'est quand même… les deux sont liés… de dire que non, la
réponse, c'est non, il n'y aura pas de retrait s'il n'y a pas de compensation
ou s'il n'y a pas… ou il y aura une modification. Si c'est possible d'avoir une
réponse aussi claire…
M. Charette : Il n'y a aucun
problème à donner le consentement, mais lorsque vient le temps d'interpréter un
projet de loi, c'est les échanges entre les législateurs, c'est-à-dire nous,
qui sont pris en compte et non pas le commentaire juridique d'un… je ne
voudrais pas compromettre le rôle de chacun, là. Mais je n'ai aucun problème à
ce qu'on complète ma réponse, là, si c'est le souhait des collègues.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a un consentement pour entendre M. le légiste? Allez-y.
M. Delisle (Antoine) :
Bonjour. En fait, c'est… je pense que, d'emblée, ce que je signalerais, c'est
qu'usuellement quand on donne un pouvoir à soit le gouvernement ou un ministre,
d'emblée, ça accorde également le pouvoir qui en fait partie de modifier cette
décision ou de l'abroger. C'est un peu le même principe qu'ici avec les
députés, on modifie la loi, comme on pourrait ici l'abroger, on pourrait
l'adopter. C'est juridiquement toujours implicite, quand on donne un pouvoir,
que les autres décisions, soit de modifier ou d'abroger, en découlent. Là, ici,
il y a une balise, effectivement, qui est insérée qui va venir guider ça, mais
effectivement c'est quelque chose qui découle. Si on dit qu'on a un pouvoir de
prendre une décision, on la modifie, on peut l'abroger, on peut la bonifier, ça
en fait partie.
Mme Ghazal : Merci. Dans le
sens qu'on peut la modifier… on peut modifier la loi dans une commission, ce
n'est pas que le gouvernement peut la modifier? C'est ce que je comprends.
M. Delisle (Antoine) : Oui,
bien, c'est ça. Quand le Parlement a le pouvoir pour adopter une loi, il peut
la modifier, l'abroger, c'est le même principe pour les pouvoirs qui
appartiennent au gouvernement. On peut modifier la décision du gouvernement…
bien, le gouvernement peut modifier sa décision et l'abroger aussi.
Mme Ghazal : O.K. Merci. Donc,
oui, on peut. Parce qu'en fait, moi, je veux savoir ça parce que j'aurais aussi
un autre amendement qui est copié-collé, je n'ai aucune imagination, de celui
du mémoire de la SNAP par rapport au fait de… très bien, vous voulez modifier,
vous voulez réduire, compenser, etc. C'est tellement important qu'il faut le
circonscrire, et là, bien, il faudrait au moins qu'il y ait des consultations
si… dépendamment du type de modification ou de réduction qui est fait.
M. Charette : …là, on est à
cheval entre deux articles, mais le 42 parle de ces consultations-là et de ces…
Mme Ghazal : ... C'est tellement
important qu'il faut le circonscrire, et là, bien, il faudrait au moins qu'il y
ait des consultations si... dépendamment du type de modification ou de
réduction qui est fait.
M. Charette : C'est là où, là,
on est à cheval entre deux articles, mais le 42 parle de ces consultations-là
et de ces séances d'information. Donc, l'amendement, vous le feriez au 42 ou
au... Donc, ce serait un nouvel amendement, là, pour le 42?
Mme Ghazal : Oui. Oui.
M. Charette : C'est à votre
discrétion.
Mme Ghazal : C'est des articles
que je trouve tellement importants pour ce qu'on est en train de faire pour le
futur que...
M. Charette : C'est dans votre
droit le plus strict.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, est-ce que votre amendement est prêt?
Mme Ghazal : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants pour que vous puissiez le verser
au Greffier.
(Suspension de la séance à 15 h 19)
(Reprise à 15 h 20)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mercier, veuillez s'il vous plaît lire votre amendement à l'article
42.
Mme Ghazal : Très bien. Merci,
Mme la Présidente :
L'article 42 de la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel, tel qu'introduit à l'article 32 du projet de loi, est
remplacé par ce qui suit :
«Les articles 29 à 39 s'appliquent à toute
décision du gouvernement visée à l'article 41, en faisant les adaptations nécessaires,
notamment :
«si la décision du gouvernement a pour
effet de diminuer la superficie d'une aire protégée de plus de 10 %, le
ministre doit préalablement confier au Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement ou à toute personne qu'il désigne comme commissaire à cette fin
le mandat de tenir une consultation publique sous l'une des formes prévues à
l'article 33...
Mme Ghazal : ...gouvernement a
pour effet de diminuer la superficie d'une aire protégée de plus de 10 %,
le ministre doit préalablement confier au Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement ou à toute personne qu'il désigne comme commissaire à cette
fin, le mandat de tenir une consultation publique sous l'une des formes prévues
à l'article 33;
«2° Si la décision du gouvernement a pour
effet de substituer le statut d'une aire protégée par une autre mesure de
conservation, le ministre doit préalablement confier au Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement ou à toute personne qu'il désigne comme
commissaire à cette fin, le mandat de tenir une consultation publique sous
l'une des formes prévues à l'article 33;
«3 °Si la décision du gouvernement a pour
effet de mettre fin à la désignation d'une aire protégée, le ministre doit
préalablement confier au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement le
mandat de tenir une audience publique.»
Donc, c'est vraiment de remplacer le type
de consultation qui est marqué à l'article 42, qui dit que tous ces
articles-là, 29 à 39, s'appliquent à ce qui se passe à 41. Et l'argumentaire
est vraiment dans le mémoire, puis je l'ai déjà exposé quand même suffisamment,
c'est le fait de s'assurer qu'il y a un aspect permanent des aires protégées.
Et, si le gouvernement veut aller de l'avant et quand même faire des modifications,
bien, au moins, qu'il consulte.
Puis à la fin, de toute façon, même si...
par exemple, pour le dernier point, c'est s'il y a un retrait. Le ministre nous
a dit : Il n'y en a pas, mais c'est quand même possible. Donc, s'il y a un
retrait, bien que ça soit uniquement le Bureau d'audiences publiques. Vous vous
rappellerez que moi, j'avais déjà présenté un amendement à un autre article où
je disais... bien, c'était l'article 33, je pense, où je disais qu'il
fallait que ça soit uniquement le Bureau d'audiences publiques et non pas les
commissaires qui sont nommés par le ministre. Mais ici, comme ça n'avait pas
été accepté, au moins, s'il y a une perte du territoire ou si on modifie...
substitution d'une aire protégée par une autre, on modifie la catégorie, bien,
très bien, ça peut être par un commissaire nommé par le ministre et un Bureau
d'audiences publiques.
Et aussi, pour revenir, moi... je veux
dire, on est tout le monde, là, il n'y a pas de secret ici, en consultations
avec les groupes puis le ministre, comme je le disais, il peut être fier de son
projet de loi puis l'objectif, c'est d'atteindre les objectifs... les cibles,
pardon. Mais ces articles-là sont quand même problématiques, ils ouvrent la
porte à ce qu'il y ait des modifications sans suffisamment de consultations et
à ce pouvoir discrétionnaire. Mais ils dotent quand même le gouvernement d'une
flexibilité pour... une flexibilité pour, par exemple, faire ces
modifications-là en... au moins en consultant. Puis ça, cet aspect-là, bien, ça
a été discuté avec la SNAP même après les amendements, après que les
amendements aient été soumis vu que cet article-là n'avait pas été modifié.
Voilà.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci également à la collègue. D'emblée, on ne pourra pas accepter
l'amendement, mais je veux rassurer la collègue par contre, elle dit en
beaucoup, beaucoup, beaucoup de mots ce qu'on dit à l'article 42. C'est
essentiellement ce...
Mme Ghazal : …que cet
article-là n'avait pas été modifié. Voilà.
M. Charette : Merci, Mme
la Présidente. Merci également à la collègue. D'emblée, on ne pourra pas
accepter l'amendement, mais je veux rassurer la collègue, par contre. Elle dit,
en beaucoup, beaucoup, beaucoup de mots, ce qu'on dit à l'article 42. C'est
essentiellement ce que dit l'article 42 tel que nous le proposons. Cependant,
l'interprétation, telle qu'elle la formule, suscite plus de questionnements que
de réponses.
Nous, ce que l'on dit, à partir du moment
où il y a un changement à une aire protégée, de statut ou encore de
délimitation, il y aura séance d'information publique et consultation publique.
On ne nomme pas spécifiquement le BAPE, pour toutes les raisons expliquées
hier. Ce serait une erreur de se priver d'une possibilité qui pourrait mettre
en valeur, par exemple, des intervenants autochtones. C'est l'exemple que je
donnais hier qui continue de s'appliquer ici. Ce commissaire extérieur ou ce
groupe de commissaires extérieurs, s'ils étaient aussi issus d'une communauté autochtone
visée, ça viendrait ajouter à la démarche qui est faite.
Mais les trois éléments ou les trois
scénarios qu'elle évoque, ils sont déjà inclus dans le 42 tel qu'on le propose.
La collègue fait mention à au plus... c'est-à-dire, s'il y a une modification
sur plus de 10 %. Nous, ça peut être 1 %, ça peut être 2 %.
Donc, le 10 % est même plus permissif que l'interprétation qu'on doit
faire du 42. Pour ce qui est du deuxième, en changeant le statut, c'est la même
chose, le 42 s'applique. Et, pour ce qui est du troisième, c'est-à-dire mettre
fin à une désignation, encore là, il faut faire attention aux mots, et
l'échange avec le député de Viau ce matin le reflétait bien, à partir du moment
où on change de catégorie, par exemple, on met fin à un statut, mais on met fin
à un statut en le remplaçant par un autre. Donc, ce n'est pas une disparition
d'aire protégée, parce que n'oublions pas que le 41 vise à maintenir le même
pourcentage de protection.
Donc, dans les faits, moi, mon souhait, ce
n'est que de rassurer la collègue, les quelques groupes qui pouvaient se
montrer inquiets, mais les trois points proposés par la collègue sont
intégralement couverts par le 42, à l'exception peut-être qu'on ne précise pas
que ça doit forcément être le BAPE, mais bien une formule de consultation,
comme on l'a bien décrite hier.
Mme Ghazal : ...l'idée
ici aussi, c'est de s'assurer qu'on respecte les critères, là, de reconnaissance
à l'international. En fait, dans 42, oui, c'est écrit en peu de mots, mais, par
exemple, dans le commentaire, ce que ça dit, c'est : Si une personne en
fait la demande. Ici, c'est que ça le rend systématique, obligatoire. Parce que
l'idée, c'est de dire : S'il y a une... oublions retrait, là, je comprends
que c'est retrait et remplacement, là, que ce soit une...
Mme Ghazal : ...dans 42, oui,
c'est écrit en peu de mots, mais, par exemple dans le commentaire, ce que ça
dit, c'est : si une personne en fait la demande. Ici, c'est que ça le rend
systématique et obligatoire. Parce que l'idée, c'est de dire : S'il y a
une... Oublions «retrait», là, je comprends que c'est «retrait et
remplacement», là. Que ce soit une réduction d'une aire protégée — même
si on compense ailleurs, on la réduit quand même — et aussi de
changer de catégorie ou de la substituer à une autre mesure de conservation, il
est possible que ça, en ce moment... tel que l'article est rédigé, il est
possible que ça soit le cas sans qu'il y ait une consultation publique,
admettons que personne ne le demande.
M. Charette : Ce débat-là, on
l'a fait hier aussi. La procédure de consultation, elle s'enclenche à moins que
la demande ait été jugée frivole. Ça, c'est ce qu'on se disait hier. Donc,
imaginons le scénario suivant : qu'on a un gouvernement qui veut — et
on parle aussi de façon très hypothétique — veut mettre à mal le
réseau des aires protégées, voudrait en sacrifier une, par exemple, ce ne sera
pas jugé frivole que de faire une consultation. Donc, la consultation, dès
qu'il y a un impact, elle va avoir lieu. Donc, ce n'est pas hypothétique qu'il
y ait une consultation. Dès que ce sera non frivole, c'est-à-dire si vraiment
on veut mettre à mal une aire protégée, il n'y a personne, il n'y a pas
personne qui va juger que c'est frivole, la consultation et la séance
d'information, la période d'information publique vont avoir lieu. Et, quand on
dit «période d'information publique», on revient aux obligations du
gouvernement à démontrer pourquoi il y a un intérêt public à ce niveau-là, pourquoi
on doit faire ça et non pas autre chose, et cette séance d'information publique
là va avoir eu lieu après qu'on ait examiné toutes les possibilités,
c'est-à-dire : Est-ce qu'on peut éviter? Si on ne peut pas éviter, est-ce
qu'on peut minimiser? Puis, si on ne peut pas minimiser, comment on va
compenser?
Donc, moi... en fait, il y a tout le temps
la théorie, mais en pratique il n'y a aucune façon qu'un changement majeur se
fasse sans qu'il y ait de consultation, parce que des groupes de citoyens, des groupes
de... des organisations x vont demander à ce qu'il y ait cette consultation-là.
Mme Ghazal : L'objectif de cet
amendement-là, c'est de circonscrire le pouvoir du gouvernement et du ministre.
C'est ça, l'objectif ici. Mais c'est possible de dire : Bien non! Notre
pouvoir les circonscrit avec la façon que c'est mentionné. Mais c'est un peu ça,
l'objectif.
Puis j'avais une question, là : La
période — peut-être que ça a été répondu avant — la période
d'information publique se passe comment?
• (15 h 30) •
M. Charette : La période
d'information publique, c'est de mettre sur la table les enjeux de la
modification proposée, et n'oublions pas une chose, c'est : s'il n'y a pas
de demande pour cette période d'information ou pour cette consultation...
15 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...la période d'information
publique, c'était de mettre sur la table les enjeux de la modification
proposée. Et n'oublions pas une chose, c'est, s'il n'y a pas de demande pour
cette période d'information ou pour cette consultation publique là, c'est que
la population, de façon unanime, va avoir jugé que c'était nécessaire, comme modification.
Donc, je comprends le souhait de baliser, mais c'est très bien encadré. En
fait, il ne faut pas lire l'article par ce qu'il est, uniquement, il faut aussi
considérer ce qui a déjà été adopté, précédemment, par rapport aux procédures
d'information, consultation, et tout ça. Donc, c'est une suite qui prend en
compte... et ça le dit bien, là, à travers les articles 29 à 39.
Mme Ghazal : Donc, si quelqu'un
demande... à moins que ce soit frivole, si quelqu'un demande une consultation
publique, elle a lieu, c'est systématique.
M. Charette : Oui, c'est ce
qu'on disait hier. Une autre alternative, si c'est vraiment... Et là avec un
changement majeur, on s'entend que ce n'est pas le scénario qui se produirait.
Mais on a aussi évoqué, hier, si, vraiment, c'est une question très, très
pointue, qui touche une personne ou deux, là, on va développer un cadre pour
répondre à cet individu-là, ou à cette personne, ou à cet élément très, très
ciblé. Mais sinon, c'est forcément une consultation publique.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, donc, à première vue, donc, je trouve l'amendement de la
collègue de Mercier très utile, qu'on puisse l'amener ici pour faire un débat.
Une première question que je voudrais
poser au ministre, Mme la Présidente, c'est sur, donc... Actuellement, est-ce
qu'au niveau de votre ministère... est-ce qu'il y a déjà eu, au cours des
dernières années, des demandes de... des diminutions de superficie d'aires
protégées?
M. Charette : Des demandes?
M. Benjamin : Non pas des
demandes, mais plutôt des diminutions de superficie d'aires protégées?
(Consultation)
M. Charette : Le seul cas
d'espèce, c'est celui d'hier, là, que j'exposais, c'est-à-dire alimenter en
hydroélectricité une communauté isolée qui était avec des énergies fossiles,
là, pour leur production d'énergie.
M. Benjamin : Et dans ce
cas-là, dans ce dossier-là en particulier, on parle de quel pourcentage de
superficie qui a été...
M. Charette : On pourra y
répondre...
M. Benjamin : Oui, et quel
était... qu'est-ce qu'on a fait comme démarches? Est-ce qu'il y a eu un BAPE,
est-ce qu'il y a eu une consultation ciblée? Est-ce qu'il y a eu... Qu'est-ce
qu'il y a eu comme mécanismes de...
M. Charette : On pourra vous
revenir en poursuivant les échanges.
M. Benjamin : D'accord. Parce
que je pense que ce que vous amenez comme argumentaire, je l'entends, par
rapport à l'amendement. Vous dites que c'est déjà prévu. Mais je pense que...
moi, je trouve... les deux premières vertus que je trouve à cet
amendement-là...
M. Charette : ...et en
poursuivant les échanges.
M. Benjamin : Parce que je
pense que ce vous amenez comme argumentaire, j'entends, par la voix de l'amendement,
vous dites que c'est déjà prévu, mais je pense que... moi, je trouve... les
deux premières vertus que je trouve à cet amendement-là, la première, c'était particulièrement
dans le paragraphe 3, quand on parle de «mettre fin à la désignation d'une aire
protégée». Je sais bien que vous m'avez expliqué et... qu'est-ce qu'on
entendait par mettre fin. Vous, vous avez le pouvoir de désignation, le gouvernement
a le pouvoir de désignation d'une aire protégée et le gouvernement a aussi le
pouvoir de mettre fin à la désignation d'une aire protégée aussi.
Et comment... Et s'il advenait... Je
comprends que c'est le pire qu'il puisse arriver, personne ne le souhaite, évidemment,
qu'on puisse arriver à mettre fin à une aire protégée, à une désignation d'aire
protégée au sens où je l'entends. Et comment on appellerait ça, à ce moment-là?
C'est-à-dire qu'une aire protégée n'ait plus le statut? Comment on appellerait
ça?
M. Charette : En fait, on peut
envisager un changement de statut. L'exemple que je donnais, c'est d'en faire, par
exemple, une aire protégée d'initiative autochtone. Donc, on change de statut,
on ne réduit pas sa superficie, mais il n'y a pas de scénario même envisagé, et
même pensable, où on a un territoire qui est protégé et, du jour au lendemain,
on ne fait pas juste changer de statut ou de catégorie. On enlève toute la
protection. Je n'ai pas d'exemples, malheureusement, qui peuvent être cités parce
que ça n'existe pas et ce n'est pas non plus dans les intentions.
Et si on reprend l'amendement de la collègue,
c'est là où je disais que le 42, tel que nous, on le libelle, offre vraisemblablement
encore une meilleure protection, parce que dans le premier paragraphe, on
dit : Lorsque c'est plus que 10 %, nous, ça pourrait être 1 %
puis la procédure de consultation serait initiée. Et dès qu'on change le
statut, la procédure est initiée et dès qu'on met fin... encore là, comme je
disais à la collègue, mettre fin à la désignation, ça ne serait peut-être pas
la bonne expression, mais si... et je comprends très bien, là, ce qui est
entendu, si on cessait toute forme de protection, là aussi, il y aurait cette
consultation.
Donc, les trois scénarios qui sont
expliqués dans le détail sont inclus, sont compris dans une forme allégée du
42. Dès qu'il y aura un impact majeur aux yeux d'un citoyen ou d'une
organisation, et que la séance d'information publique ait lieu, elle va se
tenir en autant, naturellement, que ça ne soit pas frivole. Et là aussi, le
caractère frivole avait été bien défini hier.
M. Benjamin : …au niveau des
fins de désignation de changement de statut, comme vous l'appelez, M. le ministre,
est-ce que...
M. Charette : …elle va se tenir
en autant, naturellement, que ça ne soit pas frivole. Et là aussi, le caractère
frivole avait été bien défini hier.
M. Benjamin : …au niveau des
fins de désignation de changement de statut, comme vous l'appelez, M. le
ministre, est-ce que vous prévoyez, est-ce que vous pensez qu'il va y avoir
beaucoup de mise à fin de désignation d'aires protégées, donc, de changement de
statut?
M. Charette : Non, ce n'est
pas… Comme je vous disais, cette possibilité-là existait déjà. On a ajouté des
conditions supplémentaires, mais par le passé, alors que c'était possible, ça
ne s'est pas produit. Donc, ce n'est pas davantage dans nos… je dis «dans nos»,
mais ce n'est pas… c'est, je veux dire, c'est conseillé par les parties
prenantes, c'est conseillé par les ministères.
Et moi, bien que j'aie à travailler avec
des ministères qui ont une vision… pas une vision, un mandat autre que le mien,
je n'entends pas de ministères dire : Il faut enlever une protection
complète à un territoire qui a le statut d'aire protégée, ce n'est pas un
scénario qui est même pensable.
M. Benjamin : À ce moment-là,
il me semble que le seul élément, en tout respect, donc, pour la collègue, que
je vois contraignant véritablement, c'est le paragraphe 3, que je trouve
véritablement contraignant. Et j'essaie de comprendre qu'est-ce qui explique,
de votre part, cette réticence, cette résistance à vouloir accepter que, par
exemple, quand viendra le temps… parce que c'est quand même un geste fort que
le gouvernement sera appelé à poser quand viendra le temps de changer de
désignation de statut pour une aire protégée. C'est un geste important, c'est
un geste, même, qui peut être grave.
Donc, pourquoi est-ce que vous refusez, à
ce moment-là, que soit préalablement confié au BAPE, à ce moment-là, le mandat
de tenir une audience publique?
M. Charette : La consultation
publique, elle va de soi. Elle va de soi, sauf que je ne referai pas cet après-midi
le débat entre un BAPE spécifiquement et des commissaires externes, c'est un
débat qu'on a fait hier. Donc, c'est la seule petite modification, peut-être, ou
la seule petite différence avec le 42 actuel, c'est-à-dire, il n'y a pas de
référence spécifique au BAPE. Mais tout ce que dit le 3, à l'exception du BAPE parce
qu'on offre une autre alternative, aussi, c'est intégralement ce qui va se
produire.
Donc, il n'y a pas de réticence, il n'y a
pas de malaise, il n'y a pas de gêne, c'est déjà couvert par le 42.
M. Benjamin : Bien, je
comprends, en fait. Le coeur de mon propos, M. le ministre, c'est sur le geste
politique que votre gouvernement pourrait poser quand viendra le temps de
mettre fin à la désignation d'une aire protégée, qui n'est pas un geste comme
celui, par exemple, de diminuer une superficie, qui n'est pas un geste comme
celui de substituer le statut d'une aire protégée.
Donc, c'est un geste qui peut, qui
pourrait, en tout cas, avoir d'importantes retombées, si retombées il y a, ou
de graves…
M. Benjamin : … un geste comme
celui, par exemple, de diminuer une superficie, qui n'est pas un geste comme
celui de substituer le statut d'une aire protégée.
Donc, c'est un geste qui peut, qui
pourrait, en tout cas, avoir d'importantes retombées, si retombées il y a, ou
de graves conséquences, M. le ministre. Donc, à ce moment-là, moi, je pense que
je serais… tendance à croire qu'à ce moment-là, c'est un geste tellement
important qui nécessite que ce soit au BAPE, qui soit l'instance toute dédiée
pour se pencher en termes d'audiences publiques pour cet exercice.
• (15 h 40) •
M. Charette : …le débat hier.
C'est un article qui avait été adopté. La procédure, oui, le BAPE, hein, on l'a
dit, c'est le cas. C'est le BAPE de facto jusqu'à maintenant, mais on s'offre
une possibilité avec des partenariats différents. J'ai évoqué un exemple qui,
moi, me tient à coeur et que je souhaite voir se réaliser éventuellement, c'est-à-dire
confier ce mandat-là à un commissaire ou des commissaires autochtones, par
exemple. Donc, formulé de cette façon-là, ce serait impossible et moi, je ne
voudrais pas me priver de cette possibilité-là.
Mais pour ce qui est de la finalité, qu'il
y ait une consultation publique, c'est intégralement repris dans le 42.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que… pardon. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'amendement
proposé par Mme la députée de Mercier? Alors, s'il n'y a pas d'autre
commentaire, nous allons procéder à l'appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui.
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
:
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire
:
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin : …
La Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire
: M. Campeau
(Bourget) pour M. Lamothe (Ungava)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
: M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Pour.
La Secrétaire
: M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Abstention.
La Secrétaire
: Et Mme St-Pierre
(Acadie)?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Maintenant, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires relativement à l'article 42? Donc, s'il n'y a pas
d'autre commentaire relativement à l'article 42, nous allons revenir…
Une voix
: …
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Voulez-vous préciser?
Mme Ghazal : Oui, bien, en
fait, c'est parce que… répondre à si vous aviez d'autres commentaires. Oui, moi
j'aurais fait comme ce qu'aurait demandé SNAP, de le retirer, mais je pense
qu'on n'a pas le droit de retirer totalement un article, à moins que je ne me
trompe.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous voulez retirer votre amendement?
Mme Ghazal : Non. Est-ce que
c'est possible de, par exemple, de faire un amendement qui dit : Je retire
l'article?
Une voix
: …
Mme Ghazal : Exact. Comme
c'est impossible, je ne le ferai pas parce que je ne peux pas, alors que
c'était la recommandation de la SNAP pour… parce que c'est… comme le disait mon
collègue le député de Viau, c'est un geste grave, fort…
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...vous voulez retirer votre amendement?
Mme Ghazal : Non. Est-ce
que c'est possible de... par exemple, de faire un amendement qui dit : Je
retire l'article?
Une voix
: ...
Mme Ghazal : Exact. Comme
c'est impossible, je ne le ferai pas parce que je ne peux pas, alors que
c'était la recommandation de la SNAP pour... parce que c'est... comme le disait
mon collègue le député de Viau, c'est un geste grave, fort, important de faire
ce retrait-là. Maintenant, on n'a pas d'exemple, mais peut-être qu'un jour, il
va y en avoir, malheureusement. Et il faut que dans la loi ça protège contre ce
pouvoir-là. Mais voilà. Je voulais juste faire un commentaire.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Bon. Alors, j'avais demandé s'il y avait
d'autres commentaires à l'article 42.
Mme Ghazal : C'est ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : J'avais un silence terrible.
Mme Ghazal : Oui, je
sais...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Et là vous me dites que...
Mme Ghazal : Après dîner,
ça prend du temps.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Donc, je passe à l'article 41.
Mme Ghazal : Oui, c'est
ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Dans mon livre à moi, l'article 42 était
réglé, mais, bon, je vous ai laissé un petit peu de...
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...une petite place. Alors, on va...
retourner... on va revenir à l'article 41. Et vous avez, Mme la députée de
Mercier, déposé un amendement relativement à l'article 41.
Mme Ghazal : Oui.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce que vous voulez commenter?
Mme Ghazal : Bien, juste
pour conclure... bien, conclure, je ne sais pas, ça dépend des discussions avec
le ministre. Ici, l'objectif, c'est vraiment de s'assurer de ne pas contourner
les communautés autochtones, qui ont même... à qui le ministre aurait donné un
pouvoir de délégation.
Et l'idée et le principe derrière cet amendement-là,
comme tous les amendements que je ferais en lien avec la question des communautés
autochtones, qui n'ont pas été consultées, je le répète, ce n'est pas... C'est
elles qui l'ont dit. Il y a eu des lettres aussi qui ont été envoyées au ministre.
Et le principe ici que j'essaie de
défendre avec cet amendement-là, c'est de... qu'il y ait des négociations et
des discussions entre le gouvernement et ces communautés-là, de nation à
nation, que le mot «nation à nation», cette expression-là ne soit pas juste quelque
chose de beau à dire dans les discours, mais que ça soit réellement appliqué
dans les projets de loi.
Et beaucoup de groupes l'ont dit. Moi
aussi, je le réitère. Ce projet de loi, aussi fier peut être le ministre, c'est
aussi une occasion pour entamer ce processus de réconciliation, qui en a bien
besoin, avec les communautés autochtones. C'est une opportunité à saisir, et
c'est ce que les amendements que j'amène, et cet amendement-là que j'apporte,
amènent dans ce processus de réconciliation si le gouvernement veut vraiment
traiter de nation à nation avec ces communautés, qui connaissent leur territoire,
qui y tiennent pour toutes sortes de raisons, pour l'environnement mais aussi
pour d'autres valeurs culturelles et sacrées qui leur appartiennent et que nous
devons respecter, pas uniquement dans les paroles, mais dans les gestes, et
d'avoir ce dialogue avec ces communautés-là de nation à nation, véritablement.
Et il faut commencer quelque part, et voilà une occasion que j'offre au ministre,
où commencer.
M. Charette : En fait, on
va commencer bien avant avec les articles que l'on a suspendus. Mais vous allez
me permettre, Mme la Présidente, de corriger un élément. C'est faux de dire qu'il
n'y a pas de négociation avec les autochtones. Il y en a sur une base
régulière. D'ailleurs, au cours des dernières semaines, parce qu'on est dans le
dernier droit avant la fin de l'année 2020, on pourrait presque dire qu'il
y a des négociations à tous les jours avec différentes...
M. Charette : ...corriger un
élément. C'est faux de dire qu'il n'y a pas eu de négociation avec les autochtones.
Il y en a sur une base régulière. D'ailleurs, au cours des dernières semaines, parce
qu'on est dans le dernier droit avant la fin de l'année 2020, on pourrait
presque dire qu'il y a des négociations à tous les jours avec différentes communautés.
Donc, c'est, malheureusement ou heureusement, faux de dire qu'il y a eu absence
de collaboration ou de consultation avec les communautés autochtones.
Mais pour ce qui est de l'amendement
lui-même, en 41, ce que je disais ce matin, seul le gouvernement du Québec est
habilité à confirmer une aire protégée. Et conséquemment, si on voulait
déléguer ce pouvoir-là, on viendrait déléguer un pouvoir inaliénable du
gouvernement. Donc, ça ne se fait pas. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas
cette discussion, qu'il n'y a pas cette collaboration, qu'il n'y a pas ces
propositions des communautés autochtones. On parle même, et on le confirmera
sans doute, d'aires protégées d'initiative autochtone.
Donc... je comprends les préoccupations de
la collègue, mais ça ne pourrait pas s'exprimer à travers l'article 41, et ça
ne pourrait pas s'exprimer tel que libellé. Moi, je rassure la collègue. On a
l'article 9. Elle a pu voir un peu de quoi il en retourne. On aura l'occasion
d'en discuter, très certainement, largement à ce moment-là. On a, à travers ce
projet de loi là, la possibilité... et, je dirais, son application, au projet
de loi, c'est une chose, mais, à travers l'application du projet de loi, de
favoriser des rapprochements très intéressants avec les communautés
autochtones. Moi, je parle au ministre responsable du dossier autochtone de ces
enjeux-là, j'ai même eu encore tout à l'heure un échange avec lui sur la
question. Donc, ça offre de belles possibilités de rapprochements, et c'est
dans cette perspective-là qu'on travaille.
Mme Ghazal : ...contente
d'entendre le ministre dire ça, qu'il y a un rapprochement puis une
collaboration. Peut-être aussi, ce que je l'invite à faire, étant donné que les
articles... l'article 2, on va le traiter à la fin, peut-être, si c'est
possible, de continuer cette consultation-là par rapport aux libellés des
articles et... des articles... des amendements, je veux dire, du gouvernement,
et de voir est-ce que ça satisfait, est-ce qu'il y a des éléments peut-être à
préciser, à modifier. C'est quelque chose que j'ai fait et je l'invite aussi à
faire.
M. Charette : En fait, c'est
fait de façon quasi quotidienne. Et ce que je disais et ce que je peux répéter
déjà maintenant, le nom d'une catégorie, c'est une chose, ce qui sera d'autant
plus intéressant, c'est son application. Donc, oui, on aura arrêté un nom, mais
j'y vois une superbe occasion, dans la réglementation qui va en découler, donc
lorsque viendra le temps de donner du corps à ce nom-là, d'autres superbes...
M. Charette : ... ce qui sera
d'autant plus intéressant, c'est son application. Donc, oui, on aura arrêté un
nom mais j'y vois une superbe occasion dans la réglementation qui va en
découler, donc lorsque viendra le temps de donner du corps à ce nom-là,
d'autres superbes occasions de communication, d'échange, de collaboration avec
les différentes communautés autochtones, parce qu'à partir du moment où il y a
un règlement, il y a d'abord projet de règlement, qui est aussi public, qui
lance un processus de consultation. Donc, il va y avoir quelque chose de bien
formel et de bien encadré, mais bien avant ça, pour la rédaction même du
règlement, il y a un travail de collaboration qui va se faire mutuellement
entre les différentes communautés autochtones et le gouvernement du Québec.
Mme Ghazal : Peut-être... Peut-être
juste préciser aussi un élément, c'est qu'il y a eu un bris de confiance aussi
avec les communautés autochtones, donc... puis il y a comme un travail encore supplémentaire
à faire pour s'assurer que l'avenir ne soit pas à l'image du passé. Que ce soit
par rapport aux aires protégées ou autres, c'est cette confiance-là qui est
brisée et qu'il faut aller chercher, donc ça demande un travail supplémentaire.
Et même si le ministre a souvent l'impression que : Mais non, on va tout
faire dans les règles de l'art, personne ne sera mis de côté, il y a quand même
quelque chose ou un... à rattraper à cause de toutes les années passées. Puis,
souvent, c'est ce qu'on a vu aussi dans les présentations des différents
groupes qui disent : Bien, on a vu comment ça se passait, c'est déjà
arrivé, par exemple, qu'il y ait perte ou que nos territoires ne soient pas
respectés à cause d'autres prérogatives économiques ou autres. Et c'est ce bris
de confiance qui va prendre du temps à être rétabli.
• (15 h 50) •
M. Charette : ...attention aux
concepts. La collègue parle en quelque sorte des revendications territoriales.
Là, on n'est pas dans le concept des revendications territoriales, et ce n'est
pas un projet de loi qui va non plus... il faut être bien, bien précis, ce n'est
pas un projet de loi qui vise à régler ces questions-là. Ça va se décider,
justement, avec des négociations et pas à travers notre commission. Donc, oui,
au fil des années, il y a eu des ententes de signées dans certains cas, dans
d'autres cas, des discussions qui se poursuivent. Mais on ne fait pas, dans ces
cas-là, référence aux aires protégées. C'est là où les concepts doivent être
bien départagés.
Mais la collègue a tout à fait raison, le
gouvernement le répète, et peu importe le gouvernement, il y a des siècles
d'histoire souvent basés sur l'incompréhension, souvent basés sur des formes
d'injustice. Donc, oui, il y a des corrections à apporter dans nos relations
avec les peuples autochtones et il faut y consacrer beaucoup d'énergie. Mais ce
n'est pas un projet de loi qui va pouvoir régler la question, là, des
revendications territoriales...
M. Charette : …souvent basée
sur des formes d'injustice. Donc, oui, il y a des corrections à apporter dans
nos relations avec les peuples autochtones, et il faut y consacrer beaucoup
d'énergie, mais ce n'est pas un projet de loi qui va pouvoir régler la question
des revendications territoriales.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres… M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Oui, Mme la
Présidente. J'ai une question pour la députée de Mercier, et c'est juste
continuant encore… le lien entre l'article 12…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…ça devrait s'adresser au ministre…
M. Kelley
: Au
ministre, O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…mais vous avez le droit…
M. Kelley
: On a une proposition
à faire, un autre amendement à la députée de Mercier, qu'on veut proposer qui, peut-être,
va régler la question et ajouter cet élément qui est important qu'on se rende
en consultation.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Attendez un petit peu, là. Vous avez un sous-amendement à l'amendement?
M. Kelley
: Oui, c'est
ça.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
O.K. Donc, est-ce qu'il est prêt, votre sous-amendement?
M. Kelley
: Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants pour que le sous-amendement soit
acheminé au Greffier.
(Suspension de la séance à 15 h 52)
(Reprise à 15 h 55)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous reprenons nos travaux. M. le député de Jacques-Cartier, veuillez lire
votre sous-amendement, s'il vous plaît.
M. Kelley
: Oui, alors,
le sous-amendement à l'article 32, 41 : L'amendement à
l'article 41 de la loi, tel qu'introduit par l'article 32 du projet
de loi est modifié par le remplacement des mots «ne peut pas modifier,
diminuer, délimiter ou mettre fin à la désignation d'une aire protégée» par les
mots «doit entreprendre toutes les démarches nécessaires pour conclure un
accord afin de modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la désignation
d'une aire protégée. En cas d'échec des démarches entreprises, le gouvernement
doit rendre publique une démonstration des efforts entrepris pour arriver à une
entente avant de modifier, diminuer, délimiter ou… fin à la désignation d'une
aire protégée.»
Alors, l'article 41 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel, tel qu'introduit à l'article 32 du
projet de loi, est amendé par l'insertion après «Le gouvernement expose, dans
sa décision, les motifs justifiant celle-ci.» de «Pour les communautés
autochtones bénéficiant d'une entente de délégation en vertu de l'article 12,
le gouvernement doit entreprendre toutes les démarches nécessaires pour
conclure à un accord afin de modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la
désignation d'une aire protégée. En cas d'échec des démarches entreprises, le
gouvernement doit rendre publique une démonstration des efforts entrepris pour
arriver à une entente avant de modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la
désignation d'une aire protégée.»
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais prendre quelques… je vais suspendre quelques instants, parce que j'ai
besoin de discuter avec Mme la secrétaire.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 16 heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. M. le député de Jacques-Cartier, vous
avez lu votre sous-amendement. Pour être bien clair, ici, à l'amendement de Mme
la députée de Mercier, c'est écrit en en-tête «sous-amendement», donc c'est un
amendement et non pas un sous-amendement. Vous, vous avez un amendement. Vous,
vous avez un sous-amendement. Alors, M. le député de Jacques-Cartier,
commentaires à votre sous-amendement.
M. Kelley
: Oui. Bien,
première chose, j'appuie les démarches de ma collègue la députée de Mercier
pour rendre peut-être un petit plus transparent le processus de consultation
autour des aires protégées. Alors, la raison pourquoi on a essayé de peut-être
mieux encadrer ça, c'est si légalement la décision finale reste avec le
ministre, peut-être au minimum on peut mettre, dans le projet de loi, des mots qui
sont plus clairs pour dire qu'il y a certaines... qui doivent être prises avec
des communautés autochtones pour respecter la relation nation à nation et tous
les éléments qui ont été mis dans l'article 12. Alors, c'est juste une
brève explication, mais peut-être c'est une autre façon qu'on peut travailler
ensemble pour mettre un élément... encore de mieux protéger les droits des
peuples autochtones du Québec.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de... Voulez-vous commenter?
M. Charette : Peut-être un
commentaire. Je comprends tout à fait l'esprit souhaité. Je demeure convaincu
que les amendements que l'on proposait respectent...
16 h (version non révisée)
M. Kelley
: ...des
peuples autochtones du Québec.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député... Voulez-vous commenter?
M. Charette : Peut-être un
commentaire. Je comprends tout à fait l'esprit souhaité. Je demeure convaincu
que les amendements que l'on proposait respectent l'essentiel de cet esprit-là.
Ce que je vais suggérer... Honnêtement, il y a des enjeux légaux, il y a des
enjeux de formulation qui posent problème. Ce qu'on pourrait fait, c'est
suspendre carrément le 41, vous revenir avec une formulation qui, je l'espère,
saura satisfaire tout le monde. Mais dans tous les cas, on fera une référence
plus directe à la relation avec les autochtones.
Mais je vous donne un exemple, simple
exemple, par rapport au libellé actuel. Quand on lit «en cas d'échec des
démarches entreprises», c'est que... c'est avec qui? C'est-à-dire qu'en ce
sens, au sein même d'une communauté autochtone, il y a différentes réalités, il
y a différents points de vue. Qui déterminerait qu'il y a échec, versus succès,
dans la négociation? Parce qu'on l'a vu, dans certains dossiers, oui, il y a
des élus, il y a des chefs traditionnels aussi, dans certains cas, ce ne sont
pas les mêmes positions. Donc, ce serait difficile de déterminer s'il y a eu
entente et si cette entente-là convient à tout le monde. Parce qu'elle pourrait
intervenir avec des représentants élus, mais là on aurait des chefs
traditionnels qui diraient : Ah non, non, nous, ça ne nous engage pas.
Donc, au niveau de la formulation, il y a des problèmes d'application. Au
niveau juridique, il y a aussi des problèmes d'application.
Mais on va quand même essayer de vous
revenir avec un libellé qui traduise encore mieux, au niveau autochtone, ce que
le projet de loi prévoit déjà. Donc, on pourrait tout simplement suspendre, et
vos amendements respectifs, et l'article 41 aussi, pour vous revenir le plus
rapidement possible avec une formulation, là, qui pourrait être débattue à ce
moment-là.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a... M. le député de Viau.
M. Benjamin : Est-ce que je
peux intervenir avant d'accepter la suspension, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, allez-y.
M. Benjamin : D'accord. Donc,
dans un premier temps, je veux remercier le collègue de Jacques-Cartier, donc,
pour son amendement. C'est un amendement qui va dans le sens de ce que nous
avons entendu, M. le ministre, vous, et moi, et tous les élus de l'Assemblée
nationale au cours des dernières semaines, même des derniers mois. Donc, c'est
vrai que vous disiez tout à l'heure que nous sommes sur un projet de loi où on
aborde les questions de terres... des aires protégées. Cependant, je m'en
voudrais de ne pas vous rappeler aussi, du même coup, que nos relations avec
les communautés autochtones, nos relations avec les Premières Nations, ce sont
des relations... Vous avez parlé d'incompréhension, moi, je vais parler
d'injustice, et ça, dans plusieurs secteurs de notre vie collective, que ce
soit...
M. Benjamin : ...nos relations
avec les communautés autochtones, nos relations avec les Premières Nations, ce
sont des relations... Vous avez parlé d'incompréhension, moi, je vais parler
d'injustice, et ça, dans plusieurs secteurs de notre vie collective, que ce
soit en matière de santé, en matière de justice, en matière de sécurité
publique. Et dans le cas qui nous concerne, aujourd'hui, et je l'avais souligné
d'ailleurs lors de mon intervention sur le principe de ce projet de loi, nous
avons une opportunité, nous avons une occasion de... vous en premier, puisque
vous êtes le ministre, nous avons cette opportunité-là de marquer le temps de
manière différente, d'inscrire des relations différenciées, donc, par rapport
aux Premières Nations, par rapport aux communautés autochtones.
Mais je comprends très bien, et d'ailleurs
je vais être d'accord avec vous pour qu'on puisse suspendre, mais il me semble
que lors de nos discussions, nous avions retenu «communautés autochtones» parce
que nous n'avions pas voulu aller dans d'autres appellations. Je ne sais pas si
vous vous souvenez, lors des discussions que nous avions eues, on s'était dit,
bien, le concept «communauté autochtone», c'est ce concept-là qui convient le
mieux à ce projet de loi là. Donc, je vous demanderais, à ce moment-là, dans la
proposition que vous allez nous faire, de tenir ça en délibéré de... cette discussion-là
que nous avions eue par rapport au concept de communauté autochtone qui est le
concept, jusqu'à présent, par lequel nous nous adressons dans nos relations
avec les Premières Nations autour de ce projet de loi là.
Et pour terminer, je veux aussi, donc,
rappeler aussi que le principe qui est derrière, et je soupçonne... et le
collègue de Jacques-Cartier me corrigera, donc, qui est derrière ce
sous-amendement là, c'est de pouvoir justement à la fois répondre à ce que vous
aviez comme souci, comme gouvernement, et aussi à ce qu'a amené notre collègue
de Mercier, donc, dans le débat, donc. Et je crois que... et j'espère, à ce
moment-là, dans la proposition que vous allez nous faire, nous allons pouvoir
trouver une voie de passage qui nous permettrait d'inscrire, justement, par
rapport aux enjeux, aux enjeux qui concernent justement... Quand vient le temps
pour nous de parler de diminution, de modification ou de changement de statut,
de clairement, puisqu'après tout le législateur ne parle pas pour ne rien dire,
qu'on puisse aborder dans cet article-là, à travers le sous-amendement, donc,
les Premières Nations.
M. Charette : Deux petits
éléments, Mme la Présidente. Dans mon intervention précédente, j'avais
clairement mentionné aussi «injustice». J'ai parlé, et d'incompréhension, et
d'injustice, donc je comprends qu'il y a des ponts à rétablir par rapport aux
communautés autochtones.
Moi, ce que je dis, c'est que la dernière
phrase, elle est difficile à interpréter, et dans cette dernière phrase, on ne
retrouve pas d'allusion à «les communautés autochtones». Donc, comment
déterminer qu'une négociation a réussi versus échoué...
M. Charette : …aux communautés
autochtones. Moi, ce que je dis, c'est que la dernière phrase, elle est
difficile à interpréter, et, dans cette dernière phrase, on ne retrouve pas
d'allusion à... les communautés autochtones. Donc, comment déterminer qu'une
négociation a réussi versus échoué? Et ce n'est pas parce qu'on aurait, par
exemple, une entente avec des chefs élus que toute la communauté serait
d'accord. Donc, c'est difficile à qualifier qu'est-ce qu'une négociation
réussie ou non avec le libellé qui est proposé actuellement.
Mais, ceci dit, un autre élément, il faut
savoir, et je l'avais dit dans le cadre d'un autre projet de loi, on a un
mandat bien précis, étudier un projet de loi, mais le gouvernement est en train
de travailler une politique de consultation avec les autochtones, donc, qui va
transcender l'ensemble des ministères. Donc, le… oui, on veut faire des pas de
rapprochement à travers le projet de loi, je pense que la volonté est
clairement exprimée, mais ce n'est pas un projet de loi qui va rétablir
l'ensemble des relations et des ponts.
Donc, la politique nationale de
consultation, elle est en développement, et aussi dans… quand je dis qu'il y a
des impacts au niveau juridique, il y a des négociations actuellement par
rapport à des territoires qui sont convoités par différentes communautés, et
d'aucune façon le projet de loi ne réglera cette question-là. Ce n'est pas de
notre ressort, c'est des discussions qui ont lieu avec les bonnes instances.
Nous ne sommes pas cette bonne instance pour régler des différends
territoriaux, mais, malgré tout, ceci dit, on a une belle occasion à travers le
projet de loi de créer des alliances qui sont intéressantes aussi pour
l'ensemble des parties, notamment, naturellement, les communautés autochtones.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 41 et les
propositions d'amendement?
Mme Ghazal : Je veux juste,
moi aussi, faire un commentaire avant d'accepter qu'on suspende.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y, de façon succincte.
Mme Ghazal : C'est quand même
important étant donné que le gouvernement va lire… va réécrire, de ce que je
comprends, cet amendement-là ou va, en tout cas, changer l'article. Donc, ça va
être important qu'il écoute notre avis, si… et qu'il en tienne compte. Donc,
moi, je veux tout d'abord saluer l'effort de mon collègue de Jacques-Cartier
d'avoir voulu peut-être trouver un terrain d'entente entre mon amendement qui
va certainement beaucoup plus loin que ce sous-amendement-là. Parce que
l'esprit de mon amendement, c'est qu'on ne peut pas modifier un territoire appartenant
à dans communautés autochtones de quelque façon que ce soit sans qu'ils ne le
consentent. Évidemment, ça va demander que le gouvernement fasse des efforts…
négocier, etc., mais à la fin, il faut qu'il y ait consentement de la part des
communautés.
Ici, de ce que je comprends, c'est que le
gouvernement va faire cet effort-là. De toute façon, le ministre nous avait
assuré qu'il allait être fait de toute façon. Là, dans la loi, ce serait écrit,
mais à la fin, il y a une…
Mme Ghazal : …fasse des
efforts, négocier, etc., mais à la fin, il faut qu'il y a consentement de la
part des communautés. Ici, de ce que je comprends, c'est que le gouvernement va
faire cet effort-là, de toute façon, le ministre nous avait assuré qu'il allait
être fait, de toute façon. Là, dans la loi, ce serait écrit, mais à la fin, il
y a une possibilité qu'il n'y ait pas d'accord et le territoire va quand même
être modifié, diminué, etc., sans ce consentement-là final des communautés autochtones.
Donc, ce ne sera pas la même finalité. Mais si le gouvernement veut écrire un
autre amendement qui va peut-être engager un peu plus le gouvernement, dans cet
esprit d'essayer de trouver un terrain d'entente, très bien, moi, je suis d'accord
avec ça.
• (16 h 10) •
Il y a un élément, par exemple, dans le sous-amendement
qui m'inquiète. Et, si le gouvernement veut aller dans le même sens, donc je
tiens à le mentionner, c'est qu'à la fin on va faire la démonstration. Donc,
qui fait la démonstration? C'est le gouvernement qui doit le faire et, souvent,
ce qu'il va avoir, c'est une justification : Ah! J'ai échoué, regardez ce
que j'ai fait, ce n'est pas de ma faute. C'est une façon un peu de pointer le
doigt sur qui est la cause de cet échec-là. Et là, moi, j'aurais un malaise avec
ça, c'est le malaise que j'aurais à exprimer, si on avait continué à travailler
sur ce sous-amendement-là, mais je suis certaine que le ministre et le gouvernement
vont en tenir compte. Merci.
M. Charette : Un petit commentaire
juste pour bien modérer les attentes juste dans l'affirmation de la collègue.
La collègue a mentionné, on ne pourrait pas changer un territoire qui
appartient aux autochtones, et c'est là où il faut modérer les attentes, parce
qu'on ne réglera pas de revendication territoriale à travers le projet de loi.
Donc, c'est là où le choix des mots, les concepts juridiques peuvent avoir une
importance. Ce n'est pas notre mandat, mais heureusement d'autres s'en
occupent, de négocier ces questions-là. Et ce n'est pas des négociations qui
sont éternellement vaines, au contraire, il y a de grandes alliances qui ont
été convenues, mais ce n'est pas à travers la commission ici que ça va se discuter.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, alors, est-ce que vous souhaitez une suspension des travaux pendant que
les légistes et juristes vont écrire l'article?
M. Charette : Ça va nécessiter
probablement plus de temps, on pourrait tout simplement suspendre cet
article-là et poursuivre si les collègues sont d'accord.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article et les propositions
d'amendement et de sous-amendement? Il y a un consentement. Donc, nous allons
procéder à l'article 43, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Charette : Parfait. Et
article pour lequel il n'y a pas d'amendement. Donc, l'article 43 proposé
prévoit un pouvoir réglementaire au gouvernement. Un tel pouvoir était déjà
prévu à l'ancien article… en fait, je lis le commentaire, désolé, j'ai devancé
un petit peu… mais ça s'applique pareil, c'est quand même… au moins, c'était
sur le bon article.
Donc : «Le gouvernement peut, par
règlement, déterminer :
«1° outre les cas prévus par la présente
loi, que la réalisation d'une activité est interdite…
M. Charette : ...désolé, j'ai
devancé un petit peu le... mais ça s'applique pareil. C'est quand même... Au
moins c'était sur le bon article.
Donc : «Le gouvernement peut, par
règlement, déterminer:
1° outre les cas prévus par la présente
loi, que la réalisation d'une activité est interdite dans le territoire d'une
aire protégée;
2° qu'une activité peut, malgré qu'elle
soit interdite en application des articles 48, 50 ou 53, être réalisée
avec l'autorisation du ministre;
3° que la réalisation d'une activité qui
n'est pas interdite par la loi ou par un règlement pris en vertu du paragraphe 1°,
est subordonnée à l'obtention d'une autorisation du ministère.
Et, enfin, le gouvernement prend en
considération les caractéristiques fondamentales de chacun des statuts de
protection d'aires protégées et s'assure que les activités qui pourront être
réalisées dans une aire protégée sont compatibles avec les objectifs de
conservation qui lui sont applicables.»
Le commentaire cette fois-ci, le bon
moment de le lire : L'article 43 proposé prévoit un pouvoir réglementaire
au gouvernement. Un tel pouvoir était déjà prévu à l'ancien article 46 de
la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Il était toutefois partagé
avec le pouvoir du ministre de prévoir certaines choses dans le plan de
conservation, ce qui amenait énormément de confusion dans le rôle exercé par
chacun et dans le régime d'activités applicable sur le territoire d'une aire
protégée.
Peut-être une petite information
complémentaire, là, que je pourrais partager. Actuellement, les aires protégées
sont constituées à titre provisoire et d'autres le sont de façon permanente.
Dans tous les cas, le régime d'activités appplicable est prévu par la loi par règlement
et, selon le cas, par un plan de conservation — on en a discuté, là,
dans les dernières journées — et publié à la Gazette officielle. Les
réserves écologiques sont répertoriées dans une liste apparaissant sur le site
Internet du ministère. Bref, voilà pour un petit complément d'information.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, écoutez, l'une des premières questions qui me saute tout de
suite aux yeux, à la lumière de la lecture de ce texte, est le deuxième
paragraphe, que l'activité peut, malgré qu'elle soit interdite en application,
être réalisée avec l'autorisation du ministre. J'aimerais savoir dans quel cas
une activité à ce moment-là pourrait être acceptée dans une aire protégée, une
activité interdite, il va sans dire, oui.
M. Charette : En fait, on a eu
des cas de figure semblables, là, dans des articles précédents. Si, par
exemple, il y a à entretenir un chemin sur l'aire protégée, techniquement il
n'y a pas ce type d'activités qui sont permises. Je pense qu'on s'était amusés
avec les mots... C'était quoi, le petit débat? L'exemple dans le parc, là, vous
m'invitiez presque à passer une soirée avec des amis dans un parc, une activité
versus... je ne me souviens plus quel était le...
M. Charette : ...il n'y a pas
ce type d'activités qui sont permises. Je pense qu'on s'était amusés avec les
mots... C'était quoi, le petit débat? L'exemple dans le parc, là, vous
m'invitiez presque à passer une soirée avec des amis dans un parc, c'est faire
une activité versus... Je ne me souviens plus quel était le petit débat.
J'accepte l'invitation, mais lorsque le Dr Arruda nous le permettra. Mais
sinon, c'est ça.
Donc, il y a des activités qui ne sont pas
techniquement permises mais qui deviennent nécessaires dans certains cas, notamment
la réparation d'un chemin. Donc, il y aurait une autorisation spécifiquement
pour réaliser cette activité-là, et l'autorisation serait applicable le temps
où le travail s'effectue, là. Donc, ce n'est pas une ouverture à tout rompre par
rapport à une activité interdite.
M. Benjamin : Est-ce qu'il y
a, à ce moment-là, des lignes directrices, une procédure, une façon de faire,
des balises qui accompagnement, à ce moment-là, le ministre dans sa décision en
ce qui concerne... quand viendra le temps ou quand vient le temps pour lui
d'autoriser une activité interdite dans une aire protégée?
M. Charette : Oui. Bien, si on
se réfère au deuxième alinéa, en quelque sorte, de ce même article, c'est
mentionné que ça doit se faire en prenant en considération les caractéristiques
de chacun des statuts. Donc, c'est largement, largement encadré, là, comme
activité.
M. Benjamin : Bien, en fait,
je pense que... en fait, c'est un cadre, quand même, c'est un cadre, c'est très
large. Il y a... Je ne vois aucune contrainte... enfin, il n'y a pas de grande
contrainte au fait que... quand on voit... quand on parle de «qui pourront être
réalisées dans une aire protégée», donc il faut que ce soit compatible avec les
objectifs de conservation qui lui sont applicables.
En fait, ce que j'aimerais savoir, ce
serait vraiment qu'est-ce que... comment on peut s'assurer, M. le ministre,
qu'en autorisant une activité interdite — O.K., et je pèse sur le mot
«interdite» — qu'en autorisant une activité interdite que... Comment
on peut s'assurer, en dehors de lignes très contraignantes, d'un cadre très
contraignant, qu'il n'y aura pas répercussion négative, donc, sur ces aires
protégées? D'aucune façon, je précise.
M. Charette : En fait, on
avait eu, avec des articles semblables, dans une section précédente, à voir ce
genre réflexion là. À partir du moment où l'activité interdite est nécessaire
pour le bien même de l'aire protégée, c'est encadré, je veux dire, il va y
avoir un mandat donné, il va y avoir une obligation de résultat, il va y
avoir...
M. Charette : ...précédente
d'avoir ce genre de réflexion là. À partir du moment où l'activité interdite
est nécessaire pour le bien même de l'aire protégée, c'est encadré, je veux
dire, il va y avoir un mandat donné, il va y avoir une obligation de résultat,
il va y avoir, naturellement, un suivi. Mais ce n'est pas indéfini, comme autorisation,
et ça ne vise pas... à travers «activité interdite», il ne faut pas voir, par
exemple, des interventions lourdes dans l'aire protégée. C'est réellement,
comme je le mentionnais... l'exemple plus simple, là, il y a un chemin à
réparer, donc on va se limiter à cette intervention-là.
M. Benjamin : ...en fait, en termes
d'activités interdites, je ne serai pas de mauvaise foi, M. le ministre, pour
vous demander : Pouvez-vous nous faire une liste de toutes les activités
qui peuvent être interdites? Je sais bien que vous ne pouvez pas faire cette
liste-là d'activités. Donc, on se doit, vous et moi, d'aller avec notre
imagination par rapport aux activités interdites. Et d'où l'importance justement
de s'assurer que quand viendra le temps pour vous de prendre cette décision-là,
c'est-à-dire d'autoriser une activité interdite, de s'assurer que vous disposez
de tout l'attirail nécessaire en termes réglementaires, en termes de balises,
en termes de guides ou de lignes directrices pour vous empêcher, à ce moment-là,
d'aller à l'encontre des objectifs que vous poursuivez.
M. Charette : Il faut prendre
en considération qu'à ce moment-ci on serait déjà sur le territoire d'une aire
protégée confirmée. Donc, c'est un territoire qui a son plan de conservation,
donc ça doit être en respect avec le plan de conservation, c'est bien certain.
Et la vie nous demande par moment d'être
patient, mais si on regarde, mais si on regarde l'article 44, on y vient sans
doute dans quelques instants, il y a des règles qui sont définies. On aura même
des articles, des listes, de précisions aux articles 48, 50, 53. Donc, non seulement
c'est balisé, on a un plan de conservation, étant donné qu'on a une aire
protégée qui est déjà reconnue. Mais en plus de tout ça, à travers des articles
à venir, on va venir préciser d'autres balises encore.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. À titre de précision, là, le ministre nous disait, information
complémentaire, à la fin de son intervention... pour nous dire qu'il y a des
aires confirmées et des aires provisoires. J'aimerais ça vous entendre, pour ma
propre connaissance... l'aire provisoire, elle est provisoire parce qu'elle est
en attente de devenir permanente? Parce qu'il y a une étude? Son titre, aspect
provisoire revient à quel titre?
M. Charette : Déjà, rappeler
que c'est un statut qui sera aboli si le projet de loi est adopté, le statut
provisoire...
Mme
Charbonneau
:
...il est provisoire, parce qu'il est en attente d'être permanent, parce qu'il
y a une étude. Son titre, «aspect provisoire» revient à quel titre?
M. Charette : Bien, je dois
rappeler que c'est un statut qui sera aboli si le projet de loi est adopté, le
statut provisoire, pour en faire une aire protégée permanente plus rapidement,
là. Je le disais, je n'impute pas de mauvaises intentions au gouvernement
précédent, mais dans les dernières semaines, on a... les derniers mois, c'est
plutôt en début d'année ou en fin de l'année dernière, je ne me souviens plus.
On a officialisé des aires protégées dont les statuts ont été initiés, là, en
2004 et 2005. Donc, c'est très, très, très long. Donc, le statut provisoire éventuellement,
dans certains articles, là, on va voir, serait annulé.
Donc, c'est difficile de s'y référer, étant
donné qu'on veut échapper à ce type de protection
Mme
Charbonneau
:
Oui, je comprends l'aspect où on veut avoir un titre clair. Je comprends cet
aspect-là, puis j'en conviens avec vous. Quelques fois, la patience est de mise
et, de ce fait, peut-être que le mot «provisoire», c'était pour mettre un temps
d'attente pour explorer, bien rechercher puis analyser le terrain. On se le
disait dans les dernières rencontres qu'on a eues que quelques fois, ce n'est
pas évident de savoir ce qui vit puis ce qui se loge dans un territoire. De ce
fait, on fait des recherches ou on demande aux gens qui nous interpellent de
nous donner une recherche qu'ils ont fait, mais si mon terrain n'est pas...
Si le territoire n'est pas confirmé,
est-ce qu'il y aura un statut où là, il y sera... je ne peux pas dire «en
attente de», mais avant que le gouvernement précise qu'un territoire, ou une
superficie de territoire, est reconnu comme protégé, j'imagine qu'il y a soit
des études, soit des rencontres, soit des gestes posés par le ministère pour
vous assurer que le geste que vous allez poser... parce qu'il y a des
conséquences, hein? Le coup que c'est provisoire, vous lui disiez, dépendamment
de son statut : Je ne peux pas faire de travaux, je ne peux pas aller
dessus, certains sont exploratoires. Alors, si je ne suis pas provisoire, puis
je peux confirmer, mais dans la zone grise, là, où je suis en attente d'une
réponse du ministère pour savoir si le territoire l'est ou ne l'est pas.
M. Charette : Très, très bon questionnement,
pour lequel on devait avoir une réponse. On élimine «statut temporaire» pour
aller plus rapidement. Effectivement, il y a quand même une période de
battement, où les gens discutent de la possibilité de faire de ce territoire-là,
une aire protégée
. C'est un article qu'on a suspendu, mais
pour lequel on reviendra naturellement. Il va y avoir, dans cet intervalle-là,
une suspension de droits. Donc, on va geler, en quelque sorte, le territoire,
le temps d'en définir les modalités d'acceptation, et autres, pour éviter que
le temps de la négociation soit un temps ou d'autres intérêts viendraient...
interférer, pardon, au projet d'en faire une aire protégée.
Donc, ça, c'est un article...
M. Charette : ...le territoire,
le temps d'en définir les modalités d'acceptation, et autres, pour éviter que
le temps de la négociation soit un temps ou d'autres intérêts viendraient...
interférer, pardon, au projet d'en faire une aire protégée.
Donc, ça, c'est un article qu'on a
suspendu, l'article 9. Donc, on aura l'occasion, là, naturellement, d'y
revenir. Mais la préoccupation, là, elle est très, très, très légitime, et il
fallait trouver une réponse à cet entre-deux-là.
Mme
Charbonneau
:
Merci. Mon autre question... J'ai comme trois questions. Ma deuxième question,
ce serait : Si je suis dans une aire protégée...
Puis vous avez répondu à ma collègue qu'il
n'y aurait pas de nouveau titre pour les communautés, mais je sais que dans le projet
de loi ici il y a comme une reconnaissance des communautés des Premières
Nations et autochtones, là, pour certains aspects des aires protégées, là. J'ai
vu passer quelques articles, qui sont plus loin, là, ou ils sont plus à 2. On a
tellement suspendu puis revenu que des fois je me mélange dans les articles.
Mais, advenant le cas qu'il y a une reconnaissance
d'un territoire protégé puis que, dans celui-ci, il y a — puis vous
allez me voir, là, je reviens souvent sur ce sujet-là, mais j'aimerais ça que
ça soit réglé à tout jamais — il y a une possibilité d'aller à la
chasse, comment... est-ce que les gens demandent une permission spécifique?
Prenons l'île d'Anticosti, là, qui est une
aire protégée mais qui, en même temps, autorise une chasse très prescrite, là.
Ça prend des permis, les gens sont choisis, il y a des critères très précis. À
partir du moment où je n'ai plus de provisoire, j'ai confirmé que mon territoire
est bien retenu comme une aire protégée, comment fonctionne la permission? Pas
pour aller faire des travaux, parce que j'ai compris la réponse que vous avez
faite à mon collègue pour des chemins, puis vous auriez pu prendre l'exemple
des pylônes puis l'entretien de certaines choses. Mais, quand c'est pour un
support ou quand c'est pour d'autres aspects... Puis je vous ouvre la porte sur
votre prochain sujet que vous aurez bientôt à discuter avec le ministre des
Transports, c'est-à-dire l'accès avec des... pas des voitures, mais des VTT...
j'essaie de trouver le titre exact... véhicules...
M. Charette : Véhicules
hors route.
Mme
Charbonneau
:
...véhicules hors route, merci, qui sera discuté prochainement et qui va probablement
avoir des chemins qui vont passer sur des endroits qui sont peut-être reconnus
comme protégés.
M. Charette : En fait,
c'est déjà prévu, et tout dépend de la nature ou du type d'aire protégée. On le
sait, avant de discuter de ce projet de loi là, on avait cinq catégories. Mais
la chasse, la pêche, le trappage est permis dans un certain nombre de catégories
déjà, trois, quatre, cinq... j'ai peut-être un petit complément d'information
ici. Parfait.
Donc, la chasse, elle est permise dans
toutes les aires protégées à part les réserves écologiques. Et il y a des
modalités aussi pour la pêche, le... bon, le trappage étant une forme de
chasse, naturellement. Donc, c'est déjà...
M. Charette : ...peut-être un
petit complément d'information ici. Parfait. Donc, la chasse, elle est permise
dans toutes les aires protégées à part les réserves écologiques. Et il y a des
modalités aussi pour la pêche... bon, le trappage étant une forme de chasse naturellement,
donc c'est déjà permis. Donc, qu'est-ce qu'il faut, c'est naturellement être
conforme à la législation avec les permis nécessaires, permis de port d'armes
et autres dans certains cas, mais c'est déjà permis. Ce n'est pas... Quand on
fait référence aux activités, ce n'est pas des activités de cette nature-là.
Donc, les catégories actuelles offrent une belle marge de manoeuvre, là, à ce
type d'activité.
Mme
Charbonneau
:
Pour aider les gens à s'y retrouver à l'intérieur de la possibilité de poser
des gestes. J'ai perdu ma troisième question. Je vais la chercher puis je vais
probablement vous revenir plus loin, mais j'étais concentrée sur ma chasse. Donc,
je n'aurai plus de question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 43? Mme la députée de
Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Moi, c'est dans le commentaire disant que ce pouvoir-là du
ministre, qui est quand même immense, là, d'autoriser une activité interdite
était partagé avec le pouvoir du ministre de prévoir certaines choses dans le
plan de conservation, ce qui amenait de la confusion. Juste, peut-être,
expliquer un peu mieux, puis quelle confusion il y a eu dans le passé.
M. Charette : Vu que c'est des
interprétations de règlement, avec consentement, on pourrait s'en référer au
juriste, là. L'explication sera plus précise.
Mme Ghazal : Consentement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
ça me fait plaisir de répondre, mais je ne suis pas tout à fait certain de
saisir précisément votre question. Est-ce que vous pourriez la reformuler?
Mme Ghazal : Oui, c'est dans
le commentaire. En fait, j'essaie de comprendre dans le commentaire de
l'article 43 de l'article 32 qui mentionne que ce pouvoir-là existait
déjà, et c'est vraiment la phrase qui dit : Il était toutefois partagé
avec le pouvoir du ministre de prévoir certaines choses dans le plan de
conservation — Qu'est-ce que ça veut dire? — ce qui amenait
énormément de confusion dans le rôle exercé par chacun et dans le régime
d'activités applicable sur le territoire d'une aire protégée.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
c'est la rédaction qui était dans la... actuelle, là, à son article 46. On
parle d'activités qui peuvent être interdites dans le plan de conservation et
d'activités qui pouvaient être interdites par règlement. C'est une dualité qui
portait beaucoup de confusion, donc, ici, on a est venu clarifier que c'est
vraiment juste le pouvoir réglementaire, que le plan de conservation, il ne
comporte plus, là, de régime d'activités. C'est une clarification qui est ici,
mais qui est généralement dans les articles qui vont suivre, là. On ne fait
plus jamais référence à un régime d'activités dans le plan de conservation,
pour éviter de se demander un peu c'est où... quelles activités sont
interdites, ou permises, ou soumises à une autorisation.
Mme Ghazal : Donc, il y avait
le plan de conservation, qui existe toujours, ça, le plan de conservation, donc
qui interdisait des activités, et il y avait le règlement. Là, ici, on dit que
c'est uniquement par règlement.
• (16 h 30) •
M. Delisle (Antoine) : Bien,
ce qui arrivait, dans la pratique, souvent, c'est qu'une partie du plan de
conservation avait une valeur réglementaire. Il n'y avait pas de règlement
distinct...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Ghazal : Donc, il y avait
le plan de conservation — qui existe toujours, ça, le plan de
conservation? — donc qui interdisait des activités, et il y avait le règlement.
Là, ici, on dit que c'est uniquement par règlement.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
ce qui arrivait dans la pratique, souvent, c'est qu'une partie du plan de
conservation avait une valeur réglementaire. Il n'y avait pas de règlement
distinct, mais on parlait quand même d'une habilitation à un règlement qui
n'existait pas réellement distinctement du plan de conservation, d'où la
confusion, je dirais.
Mme Ghazal : Bien, je... parce
que vous avez dit que c'est dans l'article... oui, c'est ça, l'ancien article
46, que je regarde, de l'actuelle loi, mais, dans l'article 46 actuel, ça ne
parle pas de ça, ça dit «dans une réserve...», à moins que je sois dans la
mauvaise place, «dans une réserve aquatique et une réserve de biodiversité sont
interdites les activités suivantes...», on nomme les activités, puis après ça,
«sont permises toutes les autres activités, sous réserve de conditions de réalisation
contenues dans le plan de conservation.» Donc, ça s'applique uniquement aux
réserves aquatiques et réserves de biodiversité.
M. Delisle (Antoine) : Oui,
mais là je donnais l'exemple de l'article 46, mais bien sûr à 47 vous allez
trouver aussi d'autres interdictions qui se retrouvaient pour les réserves
aquatiques, ou 48 s'appliquera pour les réserves écologiques.
Mme Ghazal : O.K. Bien, parce
que même... Vous, vous l'avez mentionné, l'article 46...
M. Delisle (Antoine) : Oui,
c'est un...
Mme Ghazal : ...mais il était
aussi mentionné dans le commentaire. Mais, en réalité, ce pouvoir-là existe à l'article
46 et autres, dépendamment des catégories?
M. Delisle (Antoine) : Oui.
Mme Ghazal : C'est ce que je
comprends. Ça n'a pas été nommé parce qu'on voulait donner un seul exemple. Ce
n'était pas clair que c'est un seul exemple, on dirait que c'était uniquement
là, que c'est... C'est comme si on voulait uniquement corriger cette
confusion-là pour les réserves aquatiques et les réserves de biodiversité.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
c'est... ce sera...
Mme Ghazal : C'est peut-être
le cas.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
c'est que celui-là, c'est qu'on fait référence à 46, mais c'est sûr qu'il y a
aussi 33 qui s'appliquait pour les projetées, qu'il avait... qu'il représentait
plus largement, parce que là on remplace les deux... bien, les deux
désignations par une seule.
Mme Ghazal : O.K., les deux
désignations. Lesquelles?
M. Delisle (Antoine) :
Projetées et permanentes.
Mme Ghazal : O.K., O.K. O.K.
Donc, ce pouvoir-là existait, et là on vient juste lui préciser comment il va
être exercé : c'est par règlement. Et c'est pour toutes les catégories,
même les APUD et tout ça, ou ça, ça va venir dans d'autres articles? Là, je
parle au ministre.
M. Charette : Je ne suis pas
certain de saisir.
Mme Ghazal : Bien, c'est-à-dire
que cette idée de dire qu'une activité peut être interdite par règlement... En
fait, non, ce n'est pas ça. Elle va être interdite... Elle va être interdite
par autorisation du ministre? Ça veut dire qu'elle ne sera plus interdite. Le
ministre peut autoriser qu'une activité ait lieu même si elle est interdite par
règlement.
M. Charette : Même si elle est
interdite, pour des raisons particulières, là, comme on le mentionnait
précédemment. Mais oui, ça va s'appliquer à l'ensemble des catégories et
également aux aires protégées d'initiative autochtone.
Mme
Ghazal : Donc, quand on va être arrivés à l'article...
Mme Ghazal : …le ministre peut
autoriser qu'une activité ait lieu même si elle interdite par règlement.
M. Charette : Même si elle est
interdite pour des raisons particulières, là, comme on le mentionnait
précédemment. Mais oui, ça va s'appliquer à l'ensemble des catégories, et
également aux aires protégées d'initiatives autochtones.
Mme Ghazal : Donc, quand on va
être arrivés à l'article des APUD, qui va dire… ou d'autres articles qui
disent : Voici ce qui est interdit dans la loi, mais par règlement, on
peut venir contourner ça.
M. Charette : Mais ce n'est
pas… je n'aime pas le mot «contourner», c'est…
Mme Ghazal : Annuler?
M. Charette : …c'est dans le
cadre d'une action très, très spécifique, ce n'est pas dans le but de faire ce
qui n'est pas permis de faire, là. C'est réellement si une intervention ou une
activité — là, je dirais une intervention — qui doit avoir
lieu dans un but précis, mais qui autrement, serait interdite, il faut
l'autoriser. C'est dans ce cadre-là, mais on ne contourne rien, on ne veut pas
jouer avec la réglementation.
Et ce que le collègue juriste mentionnait,
c'est que dorénavant, ça va être précisé à un seul endroit ce qui est possible
ou pas, plutôt que de l'avoir à deux endroits possibles avec des
interprétations ou une certaine confusion au niveau de l'application.
Mme Ghazal : Puis le ministre,
il va accorder ça… c'est uniquement le ministre de l'Environnement? Il ne peut
pas y avoir un autre ministre, comme de la Faune et des Parcs?
M. Charette : Quand c'est une
aire protégée, c'est le ministère de l'Environnement.
Mme Ghazal : Comme, par exemple,
la motoneige dans des parcs nationaux, ce n'est pas des aires protégées.
M. Charette : C'est un parc
national, c'est…
Mme Ghazal : C'est ça. Donc,
là, c'est Faunes et Parcs. Et lui, il peut le permettre comment, par règlement?
Juste pour comparer les deux façons de permettre des activités interdites. Ah!
mais peut-être…
M. Charette : Le MFFP? Ça, je
ne pourrais pas… je ne voudrais pas m'aventurer, là, je ne suis pas familier
avec l'ensemble de leurs procédures.
Mme Ghazal : Parce que, dans
le fond, des fois, on peut interdire des activités pas à cause de la nature du
parc, là, ou pour une raison x ou y ou z. Je ne sais pas si quelqu'un peut
quand même nous en parler pour les parcs. Je sais que, là, on a l'air de
s'éloigner, mais pas du tout. C'est parce qu'on entend souvent : Ah! tout
d'un coup, on permet quelque chose, on permet une activité. C'est encore pire
dans une aire protégée. Peut-être de comprendre le mécanisme, comment il se
fait dans d'autres secteurs qui ne sont pas des aires protégées, mais où il y a
quand même une biodiversité à protéger.
M. Charette : On s'éloigne, je
ne serai pas en mesure de trouver réponse à ce niveau-là. C'est vraiment du
ressort du MFFP, ce n'est pas une réglementation qui serait applicable dans
notre carré de sable à nous, donc ça serait difficile pour moi de faire un
parallèle ou de tenter d'expliquer cette possibilité-là au MFFP, je ne connais
pas.
Mme Ghazal : Donc, les
juristes qui ont rédigé ça, ils ne se sont pas fiés sur de quelle… pardon,
c'est parce que ça fait comme un écho. Donc, ils ne se sont pas inspirés, si on
veut, de comment on permet des activités interdites dans d'autres ministères ou
dans d'autres lois?
M. Charette : En fait, on est
dans un contexte réellement différent…
Mme Ghazal : ...de quelle...
(Interruption) Pardon, parce que ça fait
comme un écho. Donc, ils ne se sont pas inspirés, si on veut, de comment on
permet des activités interdites dans d'autres ministères ou dans d'autres lois?
M. Charette : En fait, on est
dans un contexte réellement différent, d'aires protégées déjà confirmées, donc
tout est déjà balisé. Les parallèles avec d'autres réalités d'autres ministères
peuvent être difficiles à établir, là. Je serais bien mal à l'aise de devoir tenter...
Mme Ghazal : Pourquoi? C'est
le même gouvernement.
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, on a chacun nos responsabilités. Moi, je ne peux pas répondre de
la réglementation du MFFP, je ne la maîtrise pas. Et même au niveau du MELCC,
elle est à ce point complexe que j'ai besoin d'à peu près 15 personnes pour
avoir l'air minimalement intelligent. Donc, je ne me risquerai pas pour
répondre au nom du MFFP.
Mme Ghazal : Donc, il faut que
je fasse mes recherches.
M. Charette : Oui. Mais
attention, l'expression, ces temps-ci, peut avoir...
Mme Ghazal : ...est galvaudée,
hein?
M. Charette : ...peut avoir
des connotations un petit peu hasardeuses.
Mme Ghazal : O.K., je n'ai pas
d'autre question pour le moment.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions relativement à l'article 43? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à l'article 44. M. le
ministre.
M. Charette : Avec plaisir, en
vous confirmant qu'il n'y aurait pas non plus d'amendement. Donc :
«44. Les articles 21 à 24 s'appliquent, en
faisant les adaptations nécessaires, à l'autorisation du ministre visée aux
paragraphes 2° et 3° du premier alinéa de l'article 43.»
Le commentaire sera pertinent parce que ça
peut sembler confondant, sinon. Donc, c'est un article qui... juste lire la
bonne chose, donc, qui rend applicables les articles 21 à 24 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel à une autorisation rendue par le ministre
sur le territoire d'une aire protégée. Rappelons que ces articles prévoient le
cadre d'analyse applicable, le pouvoir du ministre de demander des renseignements
et des documents, le pouvoir du ministre d'imposer des conditions de refuser
une autorisation ainsi que le pouvoir du ministre de modifier, de suspendre ou
de révoquer une autorisation qu'il a émise.
Et peut-être un commentaire
supplémentaire. Tout à l'heure, lorsque je disais que c'est balisé et encadré,
avec reddition de comptes, et autres, ce n'est pas parce qu'une autorisation,
même temporaire, a été délivrée qu'elle ne peut pas être retirée. Si jamais il
y a non-conformité avec ce qui était convenu, ça peut effectivement être
révoqué.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Ici, M. le ministre, la consultation publique, elle est déjà prévue
à l'article 32, il me semble.
M. Charette : En fait, on fait
référence aux consultations publiques à quelques endroits. Ça dépend toujours
du contexte. Là, vous me dites : Quelle est le... Ou peut-être préciser,
là...
M. Benjamin : ...ici, M. le
ministre, la consultation publique, elle est déjà prévue à l'article 32,
il me semble.
M. Charette : En fait, on fait
référence aux consultations publiques à quelques endroits, ça dépend toujours
du contexte. Et là vous me dites : Quel est le... ou peut-être préciser,
là, l'objet de la question.
M. Benjamin : En fait, je me
demandais pourquoi est-ce que c'est nécessaire pour que vous repreniez ici cet
article-là à ce moment-là.
• (16 h 40) •
M. Charette : Qu'on reprenne
le 44 tout simplement?
M. Benjamin : Oui.
M. Charette : Bien, ça
touche... Je veux juste être sûr... Peut-être, là aussi, c'est une question
de...
(Consultation)
M. Charette : Voilà. C'est
juste pour préciser le cadre d'application. Si jamais il y a une autorisation
qui devait être donnée, on en reprécise le cadre ici, à travers
l'article 44.
M. Benjamin : O.K., merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires relativement à l'article 44? Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : ...ce n'est comme
pas facile à suivre. Parce que, là, je suis en train de regarder les
articles 21 à 24 et qu'est-ce qu'ils disent et je ne sais pas si le ministre...
en résumé de qu'est-ce qu'il dit. C'est parce que je lis en même temps juste
pour ne pas perdre mon tour de parole. S'il les connaît, parce qu'il connaît
tout par coeur, là, évidemment, le projet de loi... Donc, le ministre peut
exiger d'un demandeur tout renseignement ou document qu'il estime à l'examen de
la demande ou qu'il estime nécessaire pour en sortir... délivrance de
l'autorisation. Là, je lis très vite. Les gens qui prennent en note... Je lis
dans ma tête, en fait. En fait... Ça fait que, ça, c'est des... Les
articles 21 à 24, c'est toute la section sur des demandes d'autorisation.
M. Charette : Je vais le
simplifier. Tout à l'heure, tout juste avant, on a eu le 43 qui précise, là,
qu'il peut y avoir une autorisation particulière, là, pour une activité qui
était même considérée illégale. On a précisé tout le contexte, là, dans lequel
ça s'opère. Donc, ayant ça en tête, l'article 44 nous dit que les articles 21
à 24 s'appliquent dans le cadre d'application du 43. Donc, c'est la ceinture,
les bretelles et tout le kit, là, pour dire que c'est bien balisé.
Mme Ghazal : Donc, quand on
fait des demandes d'autorisation et de décision... Bien, pourquoi vous dites
que c'est la ceinture et la bretelle?
M. Charette : Bien, pour dire
que c'est bien encadré. De 21 à 24, par exemple, ça va concerner les motifs à
considérer dans l'autorisation, la possibilité de demander des renseignements,
la possibilité d'imposer des conditions, et donc c'est là qu'on retrouve les
différentes règles qui vont...
M. Charette : ...encadrer. De
21 à 24, par exemple, ça va concerner les motifs à considérer dans l'autorisation,
la possibilité de demander des renseignements, la possibilité d'imposer des
conditions. Donc, c'est là qu'on retrouve les différentes règles qui vont
encadrer le pouvoir d'autorisation du ministre.
Mme Ghazal : Donc, par exemple,
je regarde 22.1, le ministre peut refuser de délivrer une autorisation pour un
projet. Là, c'est une intervention, et non une activité. Je ne sais pas si ça a
rapport ici, là. Donc, une autorisation dans un milieu... dans les milieux
désignés sur le plan, j'imagine, dans une aire protégée. Et donc, bien, il peut
refuser de la délivrer s'il pense telle, telle, telle chose. Comment est-ce que
l'article 43 peut venir s'appliquer à ce que je viens de lire à l'article 22.1?
M. Charette : En fait,
c'est... le reste s'applique au 43, c'est... les articles en question — je
retourne à la bonne page — ce sont les articles 21 à 24, qui
s'appliquent au 43. Donc, le 43, je me répète peut-être un peu, là, mais s'il
devait y avoir une autorisation, cette autorisation-là, elle est extrêmement
balisée à travers les articles 21 à 24, et c'est balisé au point où une autorisation
qui a été émise peut être révoquée si on ne respecte pas les différentes
conditions, c'est-à-dire s'il y avait engagement pour fournir des documents,
des renseignements. Si ces éléments-là ne sont pas fournis, si le travail n'est
pas effectué comme il devait l'être, c'est là où l'autorisation pourrait être
retirée.
Mme Ghazal : O.K. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article 44? S'il n'y a pas d'autre commentaire,
nous allons procéder à l'article 45, M. le ministre.
M. Charette : Merci. Et je
pense, je veux juste m'en assurer... oui, on aurait un amendement pour le 45.
Donc :
«45. Malgré les dispositions de la
présente...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...je vais faire juste une petite remarque. Si vous avez fait des copies papier
de la première liste d'amendements, il faut maintenant vous référer à celui-ci,
parce qu'il a été modifié avant d'être déposé officiellement, enfin, avant
d'être présenté officiellement par M. le ministre. Alors, voilà, allez-y.
M. Charette : Donc :
«45. Malgré les dispositions de la
présente sous-section, aucune autorisation n'est requise pour réaliser une
activité visant à réparer un dommage causé par un sinistre au sens de la Loi
sur la sécurité civile ou à prévenir un dommage que pourrait causer un sinistre
appréhendé. Le ministre doit, dans les meilleurs délais, être informé de la réalisation
d'une telle activité.»
Commentaire. Ce nouvel article permet
d'accélérer les interventions nécessaires et urgentes suivant un sinistre.
Je lirais, maintenant, si vous me le
permettez, l'amendement, Mme la Présidente...
M. Charette : ...le ministre
doit, dans les meilleurs délais, être informé de la réalisation d'une telle
activité.»
Commentaires : Ce nouvel article
permet d'accélérer les interventions nécessaires et urgentes, suivant un
sinistre. Je lirais maintenant, si vous me le permettez, l'amendement, Mme la
Présidente. Donc, Loi modifiant la Loi sur le patrimoine naturel, donc article
32, articles 42... 45, c'est-à-dire Loi sur la conservation du patrimoine
naturel, remplacer l'article 45 de la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel proposé par l'article 32 du projet de loi par le suivant :
«Le ministre peut, si l'intérêt public le
justifie, exempter une activité de l'application d'un règlement pris en vertu
du paragraphe 2°, 3° du premier alinéa de l'article 43 aux
conditions qu'il détermine.»
C'est un amendement qui
a le même objet que celui qui modifiait les articles 13.2 et 13.3, proposé par l'article
12 du projet de loi, qu'on a déjà vu. Donc, c'est : Réparer ou prévenir
des dommages causés par un sinistre fait partie de l'intérêt public et cette modification
permet au ministre d'avoir un droit de regard sur ces activités avant qu'elles
ne soient réalisées. On avait discuté de ces éléments-là, effectivement, à l'article
12.
J'avais donné l'exemple, par exemple, d'un
feu de forêt qui commanderait une action rapide, un feu de forêt dans une aire
protégée. Donc, un sinistre important, mais malgré tout, ce qu'on vient dire,
c'est qu'il y a un droit de regard sur la nature des activités qui peuvent être
faites avant qu'elles ne soient réalisées. Mais ça accélère quand même la
démarche, pour être bien certain de limiter les dégâts.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Donc, est-ce qu'il y a des commentaires relativement
à l'amendement à l'article 45? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente.
M. le ministre, donc avec l'amendement que
vous apportez ici, in ne mentionne plus un sinistre au sens de la Loi sur la
sécurité civile.
M. Charette : ...par contre, l'article
12 précédemment. 17909 M. Benjamin : Mais quand
vous dites qu'on...
M. Charette : ...en 12, si on
se rappelle, on avait aussi retiré la référence spécifique auquel le collègue
fait mention. Donc, on vient ajuster les deux, mais dans une même perspective.
Oui, il peut y avoir une urgence, avoir un sinistre à réparer mais le ministre
doit, tout de même, avoir un droit de regard sur l'intervention qui sera
réalisée pour diminuer les impacts du sinistre. Donc, on comprend que ça doit
se faire rapidement, mais le ministre de l'Environnement doit être...
M. Charette : …il peut y avoir
un sinistre à réparer, mais le ministre doit, tout de même, avoir un droit de
regard sur l'intervention qui sera réalisée pour diminuer les impacts du
sinistre. Donc, on comprend que ça doit se faire rapidement, mais le ministre
de l'Environnement doit être dans la procédure et avec un droit de regard.
M. Benjamin : En fait, ma
première question, M. le ministre, c'est surtout sur le fait que… c'est sur le
sens de «sinistre», parce que la Loi sur la sécurité civile précise ce qu'est
un sinistre, et là, en choisissant d'enlever au sens de la Loi sur la sécurité
civile, est-ce qu'il y a une autre portée qui peut être donnée au mot
«sinistre» à ce moment-là?
M. Charette : C'est la raison
pour laquelle on a retiré cette appellation-là qui pourrait être interprétée de
différentes façons. Donc, on parle d'intérêt public, l'intérêt public inclut…
ou fait référence à ce scénario-là de sinistre.
M. Benjamin : Plus j'entends
intérêt public, plus je trouve que c'est un concept qui… presque tout y est, on
met tout dedans, bien, presque tout y est en matière d'intérêt public.
M. Charette : Malheureusement,
ce n'est pas si simple, comme on le mentionnait, c'est balisé par les
tribunaux, ce n'est pas un concept qui peut être utilisé pour fins
d'échappatoire ou quoi que ce soit. Alors, c'est quand il y a une situation
particulière qui le commande, dans le cas présent, et là on fait référence… là,
réellement, il faut y aller avec les articles, on pourrait retourner en 13.2 et
en 13.3, mais c'est un concept qui est bien défini.
M. Benjamin : Ici, dans
l'amendement que vous nous présentez, vous dites : «Le ministre peut, si
l'intérêt le justifie, exempter une activité», mais j'imagine qu'on est quand
même tenu de vous en informer.
• (16 h 50) •
M. Charette : Oui, et c'est ce
qu'on comprend, là, à travers le commentaire que je vous lisais un petit peu
plus tôt, mais c'est, encore une fois, conforme à ce qu'on avait adopté en 13.2
et en 13.3.
M. Benjamin : Et, advenant, par
exemple, qu'il y ait une exemption d'une activité, donc vous êtes informé,
est-ce que vous informez le public de cette exemption aussi?
M. Charette : En fait, on
parle d'activités souvent qui doivent se réaliser en urgence, donc il y a un
droit de regard qui revient au ministre de l'Environnement. Est-ce qu'il y a
une obligation? En cas d'urgence, là, non, il n'y a pas d'obligation d'en
informer systématiquement le public.
M. Benjamin : On comprend ici
donc, vous agissez au nom de l'intérêt public, M. le ministre, c'est ça, c'est l'amendement
qu'on a devant nous. Donc, l'intérêt public le justifie, vous exemptez une activité
de l'application d'un règlement. Il me semblait que ce serait comme ça… ça va
de soi…
M. Benjamin : ...on comprend,
ici donc, vous agissez au nom de l'intérêt public, M. le ministre, c'est ça?
C'est l'amendement qu'on a devant nous. Donc, l'intérêt public le justifie,
vous exemptez une activité de l'application d'un règlement, il me semblait que
ce serait comme, ça allait... ça va de soi qu'il faut trouver une façon
d'informer le public puisque là, vous agissez en son nom, au nom de son
intérêt, non?
M. Charette : En fait, je
dirais, ça dépend de la nature de l'urgence, ça dépend de la nature de
l'intervention. Ça peut être une intervention mineure, donc ce n'est pas
certainement nécessaire d'en faire un plan de communication à chacune des fois.
Mais on s'entend que si c'est quelque chose qui est majeur, il y aura des
communications. Si c'est un feu de forêt important, on peut comprendre que le
feu lui-même sera médiatisé. On peut comprendre que les mesures prises par les
différents ministères, dont le ministère de l'Environnement, seront aussi
diffusées. Mais ce serait difficile d'inclure une mention pour systématiser...
de rendre systématique un plan de communication si l'activité qui justifiait
cette intervention-là est très minime.
M. Benjamin : Toujours sur l'amendement,
M. le ministre, donc, quand on parle d'un règlement pris en vertu des paragraphes
2°, 3° on fait allusion à quoi exactement, au premier alinéa de
l'article 43? Qu'est-ce que vous voulez dire par rapport à ça?
M. Charette : Bien, c'est là
où on fait référence, là, aux articles 13.2 et 13.3 proposés à l'article 12
du présent projet de loi. Et grosso modo, c'est en quelque sorte le pouvoir
d'assujettir des activités à l'obligation d'être autorisé par règlement. On en
revient à l'explication que je donnais, il y a une urgence, oui, mais il y a
quand même une autorisation qui doit être donnée, là. C'est ce qu'on discutait
à ces articles-là.
M. Benjamin : Dans la première
phase de l'amendement : «Le ministre peut, si l'intérêt public le
justifie...», est-ce que le l'intérêt public pourrait ne pas le justifier?
M. Charette : Bien, en fait,
si ce n'est pas justifié, on ne le fera pas. Si ce n'est pas nécessaire, on ne
le fera pas comme intervention.
M. Benjamin : En fait, je
comprends qu'il peut y avoir de l'intérêt public, mais que l'intérêt public ne
le justifie pas. Donc, est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Charette : En fait, si
jamais il n'y avait pas d'intérêt... si l'intérêt public... je reprends peut-être
une étape ou deux auparavant, s'il y a une situation x, mais que l'intérêt
public ne justifie pas une intervention y, il n'y aura pas cette...
M. Charette : ...il n'y avait
pas d'intérêt... si l'intérêt public... Je reprends peut-être une étape ou deux
auparavant. S'il y a une situation x, mais que l'intérêt public ne justifie pas
une intervention y, il n'y aura pas cette intervention y là, et on n'aurait
pas, par le fait même, à informer le ministre et avoir son droit de regard pour
la réalisation de l'intervention, il n'y aurait pas d'intervention, tout
simplement.
M. Benjamin : Et en dehors de
l'intérêt public, à ce moment-là, en dehors de l'intérêt public, vous ne
pourrez pas exempter l'activité de l'application d'un règlement. C'est ce que
je comprends aussi?
M. Charette : En fait, là, on
s'éloignerait carrément de l'article ici. Là, on est réellement... Si on se
réfère à ce qui a déjà été discuté en 13.2 et 13.3, on a remplacé le mot
«sinistre» par «intérêt public» parce que c'était plus adapté. Donc, il ne faut
pas perdre... en 45, il ne faut pas perdre de vue ce contexte-là. Sinon, toutes
les formules de dérogation, on les a largement discutées, là, dans les articles
précédents.
M. Benjamin : En fait, je ne
pense pas m'éloigner, M. le ministre, parce que l'amendement que j'ai devant
moi, je le lis : «Le ministre peut, si l'intérêt public le justifie,
exempter une activité de l'application d'un règlement...», etc., ça se
poursuit. Donc... Alors donc, ce que je peux lire ici aussi, donc, si l'intérêt
public ne le justifie pas, donc vous ne pouvez pas exempter une activité.
M. Charette : En fait,
c'est... J'essaie de bien, autant que possible, saisir votre question. Mais,
s'il n'y a pas d'autre situation qui permettrait d'exempter une personne de
l'obligation d'obtenir cette... il n'y aurait pas d'autre situation, là, qui
permettrait d'exempter une personne de l'obligation d'obtenir une autorisation
prévue, là, dans le règlement.
M. Benjamin : O.K. Donc, c'est
seulement l'intérêt public qui peut justifier l'exemption d'une activité de
l'application?
M. Charette : En vertu de
l'article que l'on étudie présentement.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'amendement à l'article 45? S'il n'y
a pas d'autre commentaire à l'amendement à l'article 45, nous allons faire
l'appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui. M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire
: M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire
: Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Pour.
La Secrétaire
: M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid
: Pour.
La Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
: Vote
par procuration : M. Campeau (Bourget) pour M. Lamothe (Ungava)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire
: M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La
Secrétaire
: M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley
:
Abstention.
La
Secrétaire
: Mme Ghazal (Mercier)?
Mme
Ghazal : Abstention.
La
Secrétaire
: Et Mme St-Pierre (Acadie)?
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Abstention. L'amendement est adopté...
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
: Vote
par procuration, M. Campeau (Bourget) pour M. Lamothe (Ungava)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire
: M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
:
Absention.
La Secrétaire
: Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire
: Et Mme St-Pierre
(Acadie)?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Abstention. L'amendement est adopté. Donc, nous allons revenir à l'article 45
tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article 45 tel
qu'amendé?
Donc, s'il n'y a pas de commentaire, nous
allons procéder à... l'article, dis-je, 46. M. le ministre.
M. Charette : Avec également
un amendement. Donc, merci, Mme la Présidente : « 46. Le statut
d'aire protégée d'utilisation durable vise la protection de la diversité
biologique et des valeurs culturelles qui lui sont associées ainsi que l'utilisation
durable de ses ressources.»
Commentaire : Cet article introduit
un nouveau statut d'aire protégée qui correspondra, selon le régime d'activité adopté
pour ce statut à la catégorie six des lignes directives de l'Union internationale
pour la conservation de la nature.
Vous me permettez de lire l'amendement qui
en découlerait, donc le 46, article 32. Article 46 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel. Donc : remplacer l'article 46 de
la Loi sur la conservation du patrimoine naturel proposé par l'article 32
du projet de loi par le suivant :
«Le statut d'aire protégée d'utilisation
durable vise la protection des écosystèmes et des habitats et celle des valeurs
culturelles qui leur sont associées. Une aire protégée d'utilisation durable se
caractérise par la présence de conditions naturelles sur la plus grande partie
de son territoire et par une utilisation durable des ressources naturelles. Son
territoire est mis en valeur au bénéfice des communautés locales et autochtones
concernées. Sa gestion est exemplaire, et la participation des communautés y
est favorisée.»
Donc, on avait déjà le concept d'aire
protégée d'utilisation durable dans le projet de loi. On a toujours à travers
cet article cette même référence, mais en y ajoutant par contre certaines... en
définissant en partie le concept. Et on rappelle, naturellement,
l'article 2, qu'on aura à étudier. On rappelle également le préambule qui
précise que tout ceci, évidemment, là, devra se faire selon les lignes directrices
de l'UICN.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a des commentaires relativement
à l'amendement à l'article 46? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Donc, sur le statut d'aire protégée d'utilisation durable, au
niveau des... quand on parle des... J'aimerais peut-être entendre le ministre
sur le concept ici des valeurs culturelles.
• (17 heures) •
M. Charette : ...j'essaie
toujours, là, d'y aller...
17 h (version non révisée)
M. Benjamin : ...Merci, Mme la
Présidente. Donc, sur le statut d'aire protégée d'utilisation durable, au
niveau des... quand on parle des... J'aimerais peut-être entendre le ministre
sur le concept ici des valeurs culturelles.
M. Charette : J'essaie toujours,
là, d'y aller d'un certain... avec certains exemples. On évoquait, dans une
conversation avec la députée de Mercier, pour une communauté autochtone, ce qui
donne de la valeur à un territoire, c'est naturellement sa faune, sa flore, sa
biodiversité, mais ça peut être aussi des référents culturels, religieux, ça
peut aussi être des éléments d'intérêt. Donc, c'est sans doute la meilleure
façon, là, de décrire cette possibilité-là.
M. Benjamin : Donc, quand on
parle... Parce que j'avais l'impression et peut-être que... surtout quand vient
le temps de parler des aires protégées de conservation autochtone, on abordait beaucoup
l'aspect culturel, le respect des traditions, des us et coutumes, des valeurs.
Donc, est-ce qu'il y a une grande différence au niveau de l'interprétation que
vous faites des valeurs culturelles ici dans le statut d'aire protégée
d'utilisation durable à celles des aires protégées de conservation autochtone?
M. Charette : En fait, ce que
je mentionnais déjà, c'est que, lorsqu'on abordera la question des aires
protégées d'initiative autochtone, ça ne devient pas une septième catégorie, on
sera toujours avec les six catégories, incluant celle d'utilisation... des
aires protégées d'utilisation durable, mais il faudra préciser, dans notre
fameux registre, cette aire protégée d'initiative autochtone va correspondre
aux principes de telle ou telle catégorie.
M. Benjamin : Un concept, à
chaque fois que je le vois, donc... et c'est la deuxième fois, en fait, que je
vais vous poser la question, M. le ministre, et ça se retrouve dans votre
amendement : «Son territoire est mis en valeur». Qu'est-ce que vous en...
Dites-nous ce que vous entendez par «mis en valeur». Parce que ce dont je
m'aperçois, c'est que, quand on parle de mise en valeur, d'un ministère à un
autre, la notion de mise en valeur est différente. Donc, j'aimerais savoir,
vous, comme ministre de l'Environnement, et je précise, comme ministre de
l'Environnement, ce que vous entendez par la mise en valeur du territoire.
M. Charette : En fait,
effectivement, on avait eu l'occasion d'échanger sur cet enjeu-là. Mise en
valeur, ça peut prendre différentes formes, ça peut être à travers une certaine
pédagogie sur les richesses que contient... que peut contenir un territoire x.
Ça peut être de développer, selon la catégorie, c'est bien certain... Je
donnais l'exemple, si je me souviens bien, de l'île d'Anticosti. Malgré un
territoire qui sera vraisemblablement entièrement protégé, certaines
activités...
M. Charette : …qui peut
contenir un territoire x, ça peut être de développer selon la catégorie, c'est
bien certain. Je donnais l'exemple, si je me souviens bien, de l'île d'Anticosti.
Malgré un territoire qui sera, vraisemblablement, entièrement protégé,
certaines activités seront permises et la communauté locale — parce
qu'on implique beaucoup, beaucoup, beaucoup les communautés locales dans le
concept d'aire protégée d'utilisation durable — veulent développer,
notamment, un circuit… le maire, je le disais, là, et c'est son
expression : Faire une forme de chemin ou un chemin de Compostelle à
travers l'île. Donc, c'est une forme de mise en valeur de ce territoire-là.
M. Benjamin : Quand on dit,
dans l'amendement, M. le ministre, qu'«une aire protégée d'utilisation durable
se caractérise par la présence de conditions naturelles sur la plus grande
partie de son territoire», qu'est-ce qu'on veut dire, à ce moment-là?
M. Charette : J'ai manqué,
malheureusement, une partie de votre question.
M. Benjamin : Oui. Alors, on
dit, dans l'amendement : «Une aire protégée d'utilisation durable se
caractérise par la présence de conditions naturelles sur la plus grande partie
de son territoire…» Parce que, moi, j'avais l'impression qu'une aire protégée
d'utilisation durable, c'est des conditions naturelles sur l'ensemble de son
territoire.
M. Charette : Et c'est là où
on dit : On est dans l'après 2020 parce que ça rouvre des possibilités
qui, actuellement, ne sont pas reconnues. Donc, si sur une aire protégée d'utilisation
durable, on a une caractéristique x, mais doit être sur 50 % plus un du
territoire, là, et plus, bien évidemment, pour pouvoir considérer cette aire
protégée là. Il doit y avoir, en plus de l'implication de la communauté, en
plus de tout ce qu'on peut évoquer, il doit y avoir, quand même, un élément,
là, qui fait sa caractéristique, qui fait sa richesse, à cette aire protégée
là.
M. Benjamin : Et cette
caractéristique à laquelle vous faites allusion, à ce moment-là, ne serait pas
une condition naturelle?
M. Charette : En fait, oui, ce
sont des éléments naturels, mais j'essaie de voir si des exemples précis…
(Consultation)
M. Charette : Parfait. Bien,
en fait, on revient souvent… parce que le cas de figure est intéressant, l'île
d'Anticosti, par exemple. On a, sur ce territoire-là, des particularités qui
couvrent la majorité de l'île, donc ça permettrait… et il n'est pas
dit — ceci dit, c'est une réflexion qui se poursuit — il
n'est pas dit qu'île d'Anticosti serait forcément classé dans la
catégorie 6, mais c'est un exemple qui se prête bien, là, à la question du
collègue.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Ça, c'est un autre article très, très important parce qu'il
introduit une nouvelle aire protégée. Et je me rappelle un des, en fait, des
éléments qui avait été mentionné par plusieurs, c'est qu'il y avait beaucoup de
flous dans…
M. Benjamin : …Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Ça, c'est un autre article très, très important parce qu'il
introduit une nouvelle aire protégée. Et je me rappelle un des, en fait, un des
éléments qui avait été mentionné par plusieurs, c'est qu'il y avait beaucoup de
flou dans ce concept-là, tel que c'était écrit dans l'article d'origine. Je
vois que le ministre a voulu préciser en apportant un amendement, où il précise
un peu plus c'est quoi, une aire protégée d'utilisation durable, mais ça reste quand
même flou.
Et là je me réfère à la lettre que le gouvernement
a reçue de l'UICN, puisque c'est toutes les modifications, et le ministre le
répète à plusieurs reprises, sont basées dans le respect, dans le respect des
normes de l'UICN. Et dans un paragraphe quand même important de la lettre de
l'UICN, ils parlent de cet article-là, l'article 46 où is disent :
Toutefois, ledit article, l'article 46 ne précise pas les activités qui
seraient interdites, contrairement aux articles 48 à 53, ça, c'est les articles
qui concernent les activités interdites pour réserve de biodiversité, réserve
écologique et réserve marine protégée.
Et donc c'est une catégorie qui existe,
là, la catégorie VI, les APUD, mais c'est important de dire qu'est-ce qui est
interdit, par exemple, les activités industrielles, forestières, etc,, qu'il
n'y en ait aucune. Pourquoi est-ce que vous avez fait le choix de ne pas suivre
les indications de l'UICN?
M. Charette : En fait… et je
sais qu'il n'y a pas de mauvaise intention, mais il faut faire attention aux
affirmations, ce n'est pas l'UICN qui dit ça, c'est un membre de l'UICN. Donc,
ce n'est pas l'UICN qui dit au Québec, c'est une personne. Parce que l'UICN,
c'est une multitude d'expertsc, c'est… donc ce n'est pas l'UICN qui dit que ça
manque de précision.
Mme Ghazal : Juste pour le
préciser, la lettre, c'est de Dre Kathy MacKinnon, président — bien
là, présidente peut-être — Commission mondiale des aires protégées et
qui est membre, si je comprends bien, de l'UICN.
M. Charette : Effectivement,
et je n'enlève strictement rien aux qualités de la personne en question, bien
au contraire, mais ce n'est pas l'UICN, c'est un membre de l'UICN qui nous fait
ce commentaire-là, et c'est de plein droit. Ce que nous disons : On ne
peut pas commencer une ventilation des possibilités, parce qu'on est dans un
cadre de négociation actuellement, à l'échelle internationale, pour déterminer
ces lignes directrices là.
Ce que l'on dit, par contre, dans le
préambule, ce que l'on dit dans l'article 2, c'est que ça devra respecter ces
lignes directrices là. Donc, on ne peut pas énumérer ce qui n'est pas déjà
convenu. Cependant, on dit d'avance ce qui sera possible de faire, ça devra
être en conformité avec…
M. Charette : …ce que l'on dit,
par contre, en préambule, ce que l'on dit dans l'article 2, c'est que ça
devra respecter ces lignes directrices là. Donc, on ne peut pas énumérer ce qui
n'est pas déjà convenu. Cependant, on dit d'avance : Ce qui sera possible
de faire, ça devra être en conformité avec ce que conviendra, justement, l'UICN
à travers les négociations qui sont en cours actuellement.
Et, pour rassurer la collègue, là, on
introduit une nouvelle catégorie, mais il y a naturellement un règlement qui va
en découler, et c'est dans le règlement que l'on pourra préciser, en vertu de
ce que l'UICN aura dicté comme directrices… directives, c'est-à-dire, ce qui
est permis et ce qui ne l'est pas. Et pour y parvenir, nous, à partir du moment
où la catégorie est créée, ça va impliquer un groupe de travail, là, qui sera
formé, piloté par le ministère de l'Environnement pour déjà tracer les lignes
de ce règlement-là, et on va attendre, pour les officialiser, que les lignes
directrices de l'UICN soient déterminées.
• (17 h 10) •
Mme Ghazal : Mais il existe
déjà une définition de l'UICN de ce qu'est une aire protégée d'utilisation
durable, la catégorie six.
M. Charette : En fait, si on
regarde l'amendement que l'on protège… que l'on protège... que l'on introduit,
on vient en résumer le concept un petit peu, mais on ne veut pas aller plus
loin dans la définition du concept pour ne pas être inclusif ou exclusif, tout
dépendant de ce que l'UICN va donner comme ligne directrice. Mais par rapport
au projet de loi initial où on ne faisait qu'introduire la catégorie, là, on
vient définir en partie, sommairement, et c'est très, très volontaire, pour ne
pas qu'un texte de loi soit ultimement contraire à ce que pourraient être les
lignes directrices de l'UICN.
Mme Ghazal : Et donc… mais les
activités interdites dans une APUD sont connues, pas d'activités industrielles,
pas d'activités forestières, pourquoi ne pas l'avoir spécifié pour l'APUD, mais
l'avoir fait pour les autres? On va le voir dans les autres articles.
M. Charette : En fait, on est
dans deux scénarios différents. On dans le cas d'une négociation qui est en
cours actuellement à l'échelle internationale. Nous, lorsque nous avons déposé
le projet de loi, c'était en novembre dernier, ça fait presque un an jour pour
jour, je ne me souviens… 14 novembre, si c'est ma mémoire est exacte, on aurait
pu penser qu'un an plus tard ces lignes directrices là auraient été adoptées.
Il y avait une COP en Chine qui était prévue au départ en printemps dernier.
Ensuite, ça avait été reporté avec un petit peu d'espoir, compte tenu de la
pandémie, en septembre. Ça a été aussi reporté, mais cette fois-ci carrément à
l'année prochaine. Donc, au moment du dépôt du projet de loi, on aurait pu se
dire : À l'intérieur d'une année, ces paramètres-là seront précisés, mais
ce n'est toujours pas le cas. Donc, on y va avec deux références…
M. Charette : ...pandémie. En
septembre, ça a été aussi reporté, mais cette fois-ci carrément à l'année
prochaine. Donc, au moment du dépôt du projet de loi, on aurait pu se
dire : À l'intérieur d'une année, ces paramètres-là seront précisés, mais
ce n'est toujours pas le cas. Donc, on y va avec deux références précises, le
préambule et l'article 2. Donc, on ne pourra pas, dans cette APUD-là,
permettre quelque chose qui n'est pas conforme aux lignes directrices, là, de
l'UICN.
Mme Ghazal : C'est quoi, le
préambule? Quel préambule?
M. Charette : Le préambule du projet
de loi qu'on a...
Mme Ghazal : Les considérants?
Non? Oui?
M. Charette : Oui, bien, au
niveau des considérants. Donc, on fait référence à l'UICN. L'article 2, on
l'a lui-même suspendu. Donc, aura l'occasion d'y revenir. Mais c'est réitéré de
façon très, très explicite qu'il faudra que ce soit conforme aux lignes
directrices, là, de l'UICN.
Mme Ghazal : Oui, mais dans
l'article 2, là, je sais, on est dans cet article-là, mais c'est important
pour la discussion, dans l'article 2, il n'y aura pas de définition de
c'est quoi une APUD parce qu'on attend que...
M. Charette : En fait, on va
réitérer que le projet de loi doit s'appliquer à... les catégories doivent
s'appliquer en respect avec les lignes directrices de l'UICN.
Mme Ghazal : Et pourquoi on a
décidé de le faire pour réserve de biodiversité? C'est parce que c'est déjà
spécifié?
M. Charette : De faire quoi?
Mme Ghazal : Par exemple, à
l'article 48, pour une réserve de biodiversité, on énumère les activités
interdites...
Des voix
: ...
Mme Ghazal : Exact. On énumère
les activités interdites à 48. On le dit aussi pour l'article 50.
M. Charette : Oui, en fait,
c'est la même réponse. Dans ce contexte-là, le cadre est déjà existant, alors
que pour l'aire protégée d'utilisation durable, le cadre reste à définir.
Mais...
Mme Ghazal : Mais on s'entend
que... Je veux dire, à la fin, ils ne vont pas dire : Bien oui, faites de
la foresterie dans une APUD, faites des activités industrielles. C'est tellement
gros que c'est impossible que ce soit ça, la fin des négociations.
M. Charette : Mais à ce
sujet-là, je vous dirais, ça dépend. Et même, on l'a entendu, là, de certains
groupes environnementaux, ça dépend de quel type de foresterie, ça dépend de...
Donc, on ne peut pas se risquer. Et c'est toujours le même principe, on a
rarement l'occasion d'intervenir dans une loi. Donc, si on devait y aller d'une
description qui, malheureusement, n'est pas conforme aux lignes directrices de
l'UICN, ce serait drôlement plus compliqué ou, à tout le moins, ce serait... ça
prendrait du temps avant d'avoir une occasion de déposer un nouveau projet de
loi pour modifier ça.
Donc, ce que l'on dit, on introduit la
catégorie. On aura un règlement qui sera en tout point conforme avec les règles
de l'UICN. Donc, dans le fond, on veut la même chose, sauf qu'on ne peut pas, à
ce moment-ci, y aller d'une énumération, compte tenu, là, que le cadre n'est
pas existant.
Mme Ghazal : Mais si je lis
l'amendement, j'ai vu la volonté de préciser un peu, mais ça reste quand même
très flou. Parce que la définition existe...
M. Charette : ...l'UICN. Donc, dans
le fond, on veut la même chose, sauf qu'on ne peut pas, à ce moment-ci, y aller
d'une énumération, compte tenu, là, que le cadre n'est pas existant.
Mme Ghazal : Mais si je lis l'amendement,
j'ai vu la volonté de préciser un peu, mais ça reste quand même très flou.
Parce que la définition existe, moi, je ne pense pas qu'ils vont renier la
définition de ce qu'est une aire protégée d'utilisation durable. Je veux juste
la lire, pour qu'on le sache, on aurait pu préciser un peu plus. Donc :
«Le statut aire protégée d'utilisation durable vise la protection de la
diversité biologique et des valeurs culturelles qui lui sont associées ainsi
que l'utilisation durable de ces ressources. Les aires protégées d'utilisation
durable préservent des écosystèmes et des habitats ainsi que les valeurs
culturelles et les systèmes de gestion des ressources naturelles traditionnelles
qui y sont associés. Elles sont généralement vastes, et la plus grande partie
de leur superficie présente des conditions naturelles. Une certaine proportion
y est soumise à une gestion durable des ressources et une utilisation modérée
des ressources naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation
de la nature. Il est considéré comme l'un des objectifs principaux de l'aire.»
Donc là, je vois qu'il y a des éléments
qui ont été repris, par exemple, protection des valeurs culturelles, des écosystèmes,
des habitats. J'essaie de voir c'est quoi, les autres éléments qui ont été
retenus de cette définition-là, mais activité industrielle, on ne l'enlève pas,
parce que ce qu'il est important de mentionner, quand on dit une utilisation
modérée... c'est ça, une utilisation modérée des ressources naturelles, non
industrielle et compatible avec la conservation de la nature. On aurait pu
juste écrire ça.
M. Charette : En fait, on
comprend que c'est une longue définition qu'on ne pourrait pas introduire dans
un projet de loi, mais cet aspect-là, moi, je le retrouve. Quand on parle de
mise en valeur du territoire et de sa gestion exemplaire... je lis ce que la
collègue lisait en disant une exploitation modérée, ou je ne me souviens plus
quel était le terme exact.
Mme Ghazal : Une utilisation
modérée.
M. Charette : Mais quand je
lis mise en valeur du territoire par notamment sa gestion exemplaire, bien, il
faut que ce soient des activités modérées, là. Mais je ne pourrais pas
reprendre une longue définition dans un article, là de projet de loi.
Mme Ghazal : Non, bien, moi,
je ne dis pas qu'il faut prendre textuellement, mais mentionner, par exemple,
qu'on ne peut pas... il ne peut pas y avoir d'activité industrielle. Je veux
dire, c'est tellement de base, que je ne peux même pas croire qu'on se pose
encore la question puis qu'on attend les négociations. Parce que l'idée,
c'est... Puis je suis certaine que le ministre, ce n'est pas son intention, de
dire : Oui, oui, oui, il va y avoir des activités industrielles, il n'y a
aucun problème. Mais pourquoi ne pas l'écrire? C'est tellement entendu que,
dans une aire protégée, il ne faut pas qu'il y en ait. Mais comme quand on dit
utilisation durable, le mot «utilisation durable» pourrait laisser croire qu'on
peut utiliser les ressources d'une certaine façon...
Mme Ghazal : ...il n'y a aucun
problème. Mais pourquoi ne pas l'écrire? C'est tellement entendu que dans une
aire protégée, il ne faut pas qu'il y en ait. Mais comme quand on dit
utilisation durable, le mot «utilisation durable» pourrait laisser croire qu'on
peut utiliser les ressources d'une certaine façon. Comment? Mais dans la
définition, ils disent : De façon modérée, peut-être l'écrire le
mentionner. C'était un petit pour ça que certains groupes étaient tellement
inquiets de ce flou-là, qu'ils ont dit : Si vous voulez qu'il y ait une
utilisation peut-être un peu plus intensive, ou par exemple, pour reconnaître
les bonnes pratiques de l'industrie forestière pour utiliser de façon durable
notre forêt, bien, créez une autre catégorie, mais de grâce, ne mettez pas ça
dans... ne considérez pas que c'est compatible avec une aire protégée. C'est
ça, l'inquiétude, et là, ça n'y répond pas, l'article, ni l'amendement.
M. Charette : ...question de
perception. Pour notre part, avec les discussions qui ont cours, on a l'intime
conviction que ça y répond. Mais à partir du moment où on emploie des mots plus
précis, «industriel» par exemple, qu'est-ce qui... au niveau de la foresterie,
qu'est-ce qui est une utilisation durable de la forêt versus une foresterie
industrielle, c'est là où le terme pourrait porter à confusion. Donc, on y va
de façon plus générale, on parle de mise en valeur du territoire à travers une
gestion exemplaire. Donc, l'activité modérée dans la définition de la collègue,
moi, je la retrouve à travers la gestion exemplaire, là, de ce territoire-là.
Mais en plus de tout ça, pour ne pas
s'empêcher ou pour s'assurer de respecter un cadre qui est en définition actuellement,
à deux endroits très, très spécifiques dans le projet de loi, on dit :
Dans tout, tout, tous les cas, ça devra respecter les lignes directrices de
l'UICN. Donc, moi, en termes de garantie, c'est difficile... Parce que je
pourrais ajouter un mot, «industriel», et enlever les garanties au niveau de
l'UICN qu'on retrouve dans le projet de loi et je me dirais : Je suis
moins bien outillé, là. J'aime mieux dire que la loi qui sera... le projet de
loi, s'il est adopté, devra être interprété en vertu des lignes directrices de
l'UICN que de dire : J'interdis tel type d'activité sans définir ce qu'est
ce type d'activités là, comment ça pourrait être interprété cette activité-là.
Donc, on serait moins bien protégé.
• (17 h 20) •
Et là, c'est clair, il va y avoir un cadre
international. On dit tout le temps : L'UICN — hein, on l'a
entendu de plusieurs groupes — c'est l'équivalent pour la
biodiversité du GIEC pour le climat. Donc, on va avoir un cadre qui sera
solide. Et nous, on dit : Notre réglementation sera conforme à ce
cadre-là.
Mme Ghazal : Mais si, par
exemple, étant donné qu'il y a eu l'ajout dans les considérant et dans les
définitions, le fait qu'on reste dans le cadre de l'UICN, pourquoi est-ce qu'on
n'aurait pas modifié des autres articles en disant : Pour réserve de
biodiversité, et les autres, je ne vais dire qu'est-ce qui est interdit...
M. Charette : ...notre réglementation
sera conforme à ce cadre-là.
Mme Ghazal : Mais si, par
exemple, étant donné qu'il y a eu l'ajout dans les considérants et dans les
définitions, le fait qu'on reste dans le cadre de l'UICN, pourquoi est-ce qu'on
n'aurait pas modifié des autres articles en disant : Pour réserve de biodiversité,
et les autres, je ne vais dire qu'est-ce qui est interdit, puisque c'est défini
dans le cadre.
M. Charette : Bien, comme je
le mentionnais, tout à l'heure, là, on est en présence d'une option dont le
cadre n'est pas défini, alors que les autres options, le cadre est déjà défini.
Donc, c'est facile de se référer à un cadre avec une certaine énumération, mais
là ça devient hasardeux de le faire, étant donné qu'on n'en est pas rendus à
cette étape-là.
Mais moi, je regarde un petit peu l'état
des discussions à l'international, très confiant qu'à l'intérieur d'une année
ce sera précisé. Donc, pour nous, avec le comité... le groupe de travail,
c'est-à-dire, qui sera mis en place pour définir le règlement, très confiant
qu'on pourra intervenir rapidement, là, une fois toutes ces modalités-là
connues.
Mme Ghazal : Donc, quand les
modalités vont être connues, il va sûrement, systématiquement, certainement y
avoir un règlement pour définir les APUD, ou c'est une possibilité?
M. Charette : Tout à fait. Ah
non, c'est une certitude. Et d'ailleurs, au dépôt du règlement, il y aura une
consultation publique aussi. Donc, celles et ceux qui auraient peut-être des
réserves, qui souhaiteraient des précisions supplémentaires à travers la
consultation auront la possibilité d'intervenir à ce moment-là. Donc, ce n'est
pas un règlement qui est exécutoire à sa présentation, en fait, c'est un projet
de règlement qui va faire l'objet d'une consultation, et cette consultation-là
va forcément... En fait, moi, je n'ai pas vu de règlement qui, après une
consultation, a été adopté textuellement, tel qu'ils avaient été rédigés. La
consultation sert à ça, pour le bonifier, en quelque sorte. Donc, sûr, sûr,
sûr, c'est une étape incontournable.
Et je vous dirais, j'anticipe un petit
peu, là, mais lorsqu'on parlera des aires protégées d'initiative autochtone,
c'est la même chose, on va créer une catégorie, mais c'est à travers la
réglementation que les modalités seront déterminées. Et cette
réglementation-là, naturellement, va être travaillée de concert avec les
communautés autochtones.
Mme Ghazal : Ça veut dire quoi
«sa gestion est exemplaire»?
M. Charette : Bien, à partir
du moment où on parle de développement durable, à partir du moment... Moi,
je... Ça veut dire on ne pourrait pas faire... On disait il y a une
caractéristique qui se retrouve sur 50 % plus un du territoire, ça peut
être 60 %, ça peut être 70 %, ça peut être davantage, mais
minimalement 50 % plus un. Donc, un, il faut que cette proportion-là soit
maintenue, il faut que cette caractéristique-là soit préservée. C'est la raison
pour quoi on crée une aire protégée. Donc, pour moi, une gestion responsable,
c'est tenir compte, justement, là, des caractéristiques de l'aire protégée que
l'on souhaite protéger.
Mme Ghazal : Donc, par
exemple, la foresterie faite selon une norme durable, là, qu'on voit, FSC ou
des choses comme ça, c'est correct dans une...
M. Charette : …donc, pour moi,
une gestion responsable, c'est tenir compte, justement, là, des
caractéristiques de l'aire protégée que l'on souhaite protéger.
Mme Ghazal : Donc, par exemple,
la foresterie faite selon une norme durable, là, qu'on voit, FSC ou des choses
comme ça, c'est correct dans une APUD? Ça ne serait même pas… est-ce que c'est
ça que ça veut dire, exemplaire?
M. Charette : Je ne présume de
rien à ce moment-ci, là, à ce niveau-là.
Mme Ghazal : Mais la personne
qui est membre de l'UICN a dit : Mais ces aires ne permettent pas une
exploitation industrielle des ressources naturelles, même si elles font l'objet
d'une certification industrielle, par exemple, des programmes de certification
forestière.
Donc, elle, elle dit ça, et donc, ça se
peut qu'après les négociations, ça ne soit plus ça.
M. Charette : En fait, je…
d'abord, Mme la Présidente, vous allez me permettre de féliciter la collègue,
qui parle maintenant d'un membre de l'UICN et non pas de l'UICN, donc on voit
que c'est un travail pédagogique que l'on complète ensemble.
Mme Ghazal : Que je fais
aussi.
M. Charette : Tout à fait,
j'ai bien dit «que l'on complète ensemble». Mais il n'y aura pas d'activités,
vraisemblablement, lourdes dans une APUD, dans une aire protégée d'utilisation
durable. Cependant, je ne peux pas le décrire et je ne peux pas…
Mme Ghazal : Mais est-ce que
vous pouvez le dire : Il n'y en aura pas?
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
d'activités lourdes, c'est clair. Sinon, ce n'est pas une activité… ce n'est
pas une aire protégée. Cependant, le terme «industrielles», c'est beaucoup plus
difficile à qualifier. C'est pour ça que je serais…
Mme Ghazal : Certification
forestière, est-ce que vous pouvez le dire : Non, ce n'est pas… de la
gestion de la forêt avec une certification ne pourra pas avoir lieu dans une
aire protégée d'utilisation durable? Si le ministre le dit maintenant et le
spécifie, je vais être beaucoup plus rassurée.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
moi, ce que je dis maintenant, et il n'y a pas meilleure façon de rassurer la
collègue, nos critères seront conformes aux lignes directrices de l'UICN. C'est
la…
Mme Ghazal : Vous voyez, je
suis un peu inquiète parce qu'il ne veut pas le dire, donc il y a une… c'est…
d'où le flou. Il y a eu beaucoup, beaucoup de groupes qui ont parlé de cette
APUD, qu'ils étaient inquiets. Vraiment, un large consensus. Puis j'essaie de
voir aussi d'autres que la SNAP… il y en a eu énormément qui disent : Si
vous voulez qu'il continue à avoir des activités industrielles aussi
exemplaires, etc., bien, créez une nouvelle catégorie, mais ne dites pas que
c'est une aire protégée.
M. Charette : Bien, en fait,
nous, on ne dira pas que c'est une aire protégée si ça ne répond pas aux
critères de l'UICN. Ce ne sera pas… il pourra y avoir des mesures de protection
sans que ce soit une aire protégée reconnue comme telle.
Mme Ghazal : Puis je comprends
que… mais le cadre des autres des réserves biologiques ou dans les autres
articles des réserves de biodiversité, c'est déjà écrit, donc, on le mentionne
ou on spécifie un peu plus, on spécifie notamment les activités interdites,
mais, en même temps, c'est le traitement différencié des deux… des deux, ou des
trois, ou des quatre, là, des différentes aires protégées qui est dérangeant
dans la loi.
M. Charette : Bien, en fait,
ce n'est pas dérangeant en ce sens qu'on est tout simplement…
Mme Ghazal : ...c'est déjà
écrit, donc on le mentionne ou on spécifie un peu plus, on spécifie notamment
les activités interdites, mais, en même temps, c'est le traitement différencié
des deux... des deux, ou des trois, ou des quatre, là, des différentes aires
protégées qui est dérangeant dans la loi.
M. Charette : Bien, en fait,
ce n'est pas dérangeant en ce sens qu'on est tout simplement à deux étapes
différentes. Mais un autre élément que je peux répéter, qui semblait avoir
rassuré en partie la collègue, c'est qu'il va y avoir un règlement, c'est le règlement
qui va préciser ces modalités-là. Et le règlement, avant d'être adopté, va
faire l'objet d'une consultation. Donc, non seulement on a la référence aux
lignes directrices de l'UICN, mais on a aussi la garantie qu'un projet de règlement
sera présenté en respect avec ces lignes-là et que ce projet de règlement là ne
sera pas adopté de façon unilatérale, il va d'abord y avoir une consultation
pour s'assurer que ça rejoigne les parties intéressées.
Mme Ghazal : Est-ce qu'il y a
aussi des règlements pour réserves de biodiversité? Pour les autres catégories,
est-ce qu'il y a des règlements pour ça?
M. Charette : Ce n'est pas une
catégorie de l'UICN, les réserves de biodiversité, c'est des principes, mais ce
n'est pas une catégorie comme telle, là. Nous, on a nos cinq catégories, on
aurait une sixième. Donc, c'est des mesures de protection sans que ce soit une
catégorie, là, comme telle.
Mme Ghazal : Mais les réserves
écologiques, réserves de biodiversité, ça, ça rentre dans quelle catégorie?
Réserves naturelles intégrales? Non. Peut-être. Oui, réserves écologiques. J'ai
vu ça sur le site.
M. Charette : On me dit, là,
aux catégories II et III. Et les réserves écologiques comme telles, I. Et
si jamais, encore une fois, là, pour des précisions très, très pointues, on a, je
pense, le spécialiste au Québec de ces enjeux-là compte tenu de son rôle.
Mme Ghazal : Mais il n'y a pas
de règlement, c'est ça que je veux savoir. Il y en a?
M. Charette : Il va y en avoir
un également pour le...
Mme Ghazal : Il va y en avoir
un. Donc, il va y en avoir un, mais on trouvait que c'était quand même bien de
mettre l'interdiction dans le projet de loi.
(Consultation)
M. Charette : À la limite...
Mme Ghazal : Oui. Oui, c'est
bon.
M. Charette : C'est peut-être
préférable plutôt que de jouer aux intermédiaires, là, vous allez avoir la
réponse. Et ce n'est pas moi, c'est le collègue de Jonquière qui l'a affectueusement
appelé l'ours. Donc, on ne parle pas de l'homme qui a vu l'ours et qui a vu...
on a l'ours lui-même, donc la meilleure personne pour nous répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, ça me prend un consentement. Je pense que c'est fait. Donc, monsieur,
prenez la parole, mais vous devrez décliner quand même votre nom et votre
titre.
M. Martin-Malus
(Jacob) : Bien sûr. Merci, Mme la Présidente. Jacob
Martin-Malus, sous-ministre adjoint au ministère de l'Environnement. En fait,
on fait quand même une modification dans la structure des règlements. C'est
que, présentement, à chaque fois qu'il avait, à titre d'exemple, une réserve de
biodiversité, elle était accompagnée d'un règlement qui était applicable uniquement
à cette réserve de biodiversité là, spécifiquement, donc il y avait une
multiplication des règlements.
• (17 h 30) •
Et donc la restructuration, en fait, ce
n'est pas qu'il va y avoir un règlement, c'est qu'en fait on va faire un règlement
qui va établir le régime d'activité pour les réserves de biodiversité, et ça va
s'appliquer à l'ensemble des réserves...
17 h 30 (version non révisée)
M. Martin-Malus
(Jacob) : …qui était applicable uniquement à cette réserve de
biodiversité là, spécifiquement. Donc, il y avait une multiplication des
règlements. Et donc la restructuration, en fait, ce n'est pas qu'il va y avoir
un règlement, c'est qu'en fait on va faire un règlement qui va établir le
régime d'activités pour les réserves de biodiversité, et ça va s'appliquer à
l'ensemble des réserves de biodiversité, selon le même cadre réglementaire, au
lieu d'avoir… donc il va y avoir un règlement. On vient aussi travailler sur l'aspect
de la simplification réglementaire pour les citoyens et les entreprises. Donc,
on cherche à contribuer à plusieurs aspects de la réglementation.
Mme Ghazal : …vous
dites : Réserve de biodiversité, mais c'est la même chose aussi pour
réserve écologique?
M. Martin-Malus
(Jacob) : Je pense que oui. Je pourrais peut-être me référer au
légiste pour être certain. Je ne voudrais pas vous induire en erreur,
Mme la députée. On me confirme que oui.
Mme Ghazal : O.K., puis il y
avait une autre… voyons, réserve écologique, puis il y avait autre chose aussi.
Je l'avais… réserve écologique et…
M. Martin-Malus
(Jacob) : Réserve aquatique, peut-être,
Mme la députée, peut-être la réserve aquatique?
Mme Ghazal : Oui, exact.
M. Martin-Malus
(Jacob) : Oui, c'est le même principe, donc, mais maintenant
tout ça va être regroupé dans les réserves de biodiversité, et, comme je vous
disais, avec un régime d'activités à l'intérieur d'un seul règlement applicable
à l'ensemble des réserves de biodiversité. Donc, on simplifie aussi.
Mme Ghazal : Et pourquoi, dans
le projet de loi n° 46, on a décidé de… vu qu'il y a tous ces détails-là,
et cette spécification du régime d'activités va être spécifiée dans les
règlements qui vont être refondus ou un règlement qui va parler du régime
d'activités des différentes réserves ou aire protégée. Pourquoi est-ce que dans
les articles du projet de loi on a quand même spécifié ce qui était interdit?
Pourquoi on a dit : Bien, ça sera fait comme les APUD, ou ce n'est pas
encore spécifié par l'UICN. Ça sera fait par règlement, on n'ira pas dans le
détail de la loi.
M. Martin-Malus
(Jacob) :Je vous dirais que ce qui
différencie le niveau de détail dans le projet de loi, entre les réserves de
biodiversité et les autres types d'aire protégée versus, à titre d'exemple,
l'aire protégée d'utilisation durable, c'est son niveau de développement. Donc,
le concept de la biodiversité a fait ses preuves, a eu l'usage du temps. Donc,
on a établi un modus operandi qui est assez rodé, je m'excuse de l'expression,
donc on est habitués de travailler avec ce concept-là.
L'aire protégée d'utilisation durable est
un concept en développement. Donc, comme disait M. le ministre, on va se
référer évidemment aux lignes directrices de l'UICN, mais il y a aussi tout le
cadre mondial qui est développement, qui est en négociation, et c'est seulement
dans un an qu'on peut penser que les négociations du nouveau cadre mondial vont
se conclure, probablement à l'automne 2021. Et donc il y a des éléments
qu'on cherche à aller chercher dans ces nouveaux concepts. Donc, tout le monde,
dans le nouveau cadre mondial, sait qu'ils doivent développer de nouveaux
concepts pour être capables de poursuivre le développement du réseau des aires
protégées sur la planète, ce n'est pas juste au Québec, évidemment. Et ça,
c'est un cadre qui est en développement. Donc, on se permet, comme disait M. le
ministre, de profiter de l'occasion pour placer le projet de loi dans un
calendrier relativement à court terme...
M. Martin-Malus
(Jacob) : ...développer des nouveaux concepts pour être
capables de poursuivre le développement du réseau des aires protégées sur la
planète, ce n'est pas juste au Québec, évidemment. Et ça, c'est un cadre qui
est en développement. Donc, on se permet, comme disait M. le ministre, de
profiter de l'occasion pour placer le projet de loi dans un calendrier
relativement à court terme, tout en se donnant la souplesse de basculer dans
des règlements des aspects qui sont en négociation actuellement et qu'on va
pouvoir venir baliser à l'intérieur d'un règlement qui, par ailleurs, permet
aussi plus de souplesse.
Donc, on est dans des nouvelles
définitions, des nouveaux concepts. Donc, l'ensemble de la communauté
internationale teste des nouvelles pratiques, et c'est, par définition,
beaucoup plus simple de faire ces amendements-là avec le temps dans un
règlement que dans une loi, qui est beaucoup plus pérenne dans le temps.
Mme Ghazal : Et donc je
ne sais pas si vous êtes au courant d'ailleurs dans le monde ou au Canada si...
parce que tout le monde est un peu dans le même bateau, là, d'atteindre ces
cibles-là, si, par exemple, dans les lois, ce concept-là, il est tellement
nouveau qu'il n'y a personne... on va être les premiers à l'introduire dans une
loi, ou ça existe ailleurs puis on est plus spécifique, par exemple, au Canada.
Je ne sais pas si vous avez regardé ça en travaillant sur le projet de loi.
M. Martin-Malus
(Jacob) : C'est des choses qu'on a... sur lesquelles, je
dirais, qu'on travaille actuellement. Donc, ce serait difficile pour nous de
vous donner des exemples très, très, très précis aujourd'hui au moment où on se
parle. Et les négociations sont en cours. Donc, c'est certain qu'on a des
représentants du Québec qui suivent les négociations, donc le Québec est un
acteur extrêmement important, on n'est pas signataire de la convention, c'est
les parties. Donc, le Canada... on accompagne la délégation canadienne dans les
travaux, donc on a des représentants qui suivent ces négociations-là et on est
en contact... pas quotidien, mais certainement hebdomadaire pour, justement,
obtenir le maximum d'information. Donc, ça, c'est des choses qui sont en
mouvance. Vous amener un cadre précis à ce stade-ci, des exemples précis, ce
serait hasardeux, Mme la députée, là.
Mme Ghazal : O.K. Très
bien, merci. Je vais revenir au ministre. Parce que... Dans le fond, je posais
la question d'ailleurs parce que je me dis : Peut-être qu'il y en a qui
sont allés un peu plus précisément en disant «aucune activité industrielle».
M. Charette : Bon. En
fait, si on voulait définir avec précision une aire protégée, je me mets dans
la peau de ces intervenants, là, que la collègue évoque, moi, je le ferais à
travers une catégorie qui existe déjà. Mais là on parle d'une nouvelle
catégorie, donc c'est là où... Par exemple, des activités industrielles, on
sait déjà qu'il n'y en a pas dans un, deux, trois, quatre, cinq. On se doute
qu'il n'y en aura pas dans la six en vertu des discussions qui ont cours
actuellement, mais, pour en être très, très certain, on se dit, ce sera
conforme, là, au cadre international, là, qui sera conclu.
Mme Ghazal : Dans le
fond, le gouvernement ne veut pas fermer la porte à n'importe quelle activité,
au cas où ça serait permis dans le cadre international. C'est un petit peu ça.
M. Charette : Bien, on
veut avoir la bonne application pour la bonne aire protégée. Mais la collègue a
tout à fait raison, il peut y avoir des...
M. Charette : ...au cadre
international, là, qui sera conclu.
Mme Ghazal : Dans le fond, le gouvernement
ne veut pas fermer la porte à n'importe quelle activité au cas où ça serait
permis dans le cadre international. C'est un petit peu ça.
M. Charette : On veut avoir la
bonne application pour la bonne aire protégée. Mais la collègue a tout à fait
raison, il peut y avoir des mesures de protection mises en place sur un
territoire qui n'est pas forcément une aire protégée. Donc, éventuellement,
mais là, on n'en est pas là, puis ça ne serait même pas nécessaire de passer
par une loi si on n'en fait pas une aire... une catégorie d'aire protégée, on
pourrait très bien dire : Sur un territoire, oui, on permet telle, telle
activité, mais il y a des mesures de protection qui sont mises en place, par
exemple, pour protéger ses milieux humides, son milieu hydrique et tout ça. Ça
ne prendrait pas la forme d'une aire protégée comme telle, mais il y aurait des
mesures de protection. Ça, c'est tout à fait possible et ça ne nécessite pas la
création d'une catégorie, et ça ne nécessite pas des articles spécifiques dans
le projet de loi. On a déjà la possibilité d'instaurer des mesures de
protection.
Mme Ghazal : Ça serait quoi
les mesures de protection qui existent, mais qui ne sont pas dans la loi? Un
exemple.
M. Charette : En fait, même ce
matin, ce matin ou cet après-midi, là, j'évoquais une loi, d'ailleurs, je
m'étais trompé sur le ministère titulaire, au niveau de la protection des
espèces menacées en vertu de la Loi des parcs qui n'est pas chez nous, mais on
en parlait tout à l'heure. Donc, il y a d'autres outils à notre disposition qui
permettent d'introduire des mesures de protection sans que ça passe par une
aire protégée en tant que telle.
La protection des milieux humides et
hydriques, on a adopté une loi à ce niveau-là. On protège des milieux sans en
faire une aire protégée comme telle. Donc, c'est une série d'exemples, là, qui
peuvent permettre d'illustrer, là, ces possibilités-là.
Mme Ghazal : Les parcs, ça a
déjà été sous le ministère… le MDDEP. Moi, quand j'ai étudié, c'était comme ça
qu'on l'appelait, et ça a déjà été sous le ministère de l'Environnement.
Malheureusement…
M. Charette : Tout à fait,
effectivement. Et petite anecdote… et peut-être, la collègue l'a remarqué — parce
que, moi, je lance l'invitation aux collègues des autres formations politiques,
mais j'ai eu le grand plaisir de recevoir au bureau du ministère la collègue de
Mercier — peut-être l'a-t-elle remarqué, mais par souci d'économie, peut-être,
la pancarte n'a pas été changée…
Mme Ghazal : Non, je n'ai pas
remarqué, mais c'est bien…
M. Charette : …donc il y a
encore l'ancienne appellation. Donc, oui, bien, au gré des gouvernements, il y
a des responsabilités qui… les mandats restent les mêmes, on s'entend, mais il
y a des responsabilités qui, tantôt, sont attribuées à un ministère, tantôt à
un autre. Donc, c'est au gré des gouvernements. Donc, pour ne pas qu'il y ait
de jaloux, mes trois collègues de l'opposition officielle sont aussi invités,
naturellement, au cabinet.
Mme Ghazal : Moi, j'ai quand
même une inquiétude qu'on ne marque pas des interdictions parce que… pour ne
pas qu'on se retrouve, même après le règlement, tout ce qui va être fait,
quelques années ou quelques mois plus tard… bien, plus quelques années,
avec : Bon, le ministre a permis dans une aire protégée telle activité.
C'est un peu ça aussi, le travail que je veux faire de…
Mme Ghazal : ...on ne
marque pas des interdictions parce que... pour ne pas qu'on se retrouve, même
après le règlement, tout ce qui va être fait, quelques années ou quelques mois
plus tard... bien, plus quelques années, avec : Bon, le ministre a permis
dans une aire protégée, telle activité. C'est un peu ça aussi, le travail que
je veux faire de prévoyance.
M. Charette : Tout à fait,
mais on serait contraire à la loi, et même pas au règlement uniquement, on
serait contraire à la loi si ça ne respectait pas les lignes directrices de...
• (17 h 40) •
Mme Ghazal : Mais ça
pourrait être exemplaire, là. Le ministre dit : Bien, ça dit la définition
qui est dans l'article, c'est exemplaire pour telle, telle raison, c'est...
M. Charette : Oui. En
fait, c'est la définition...
Mme Ghazal : ...ça permet
la participation... Il y a toujours une façon de le justifier quand c'est flou.
Il n'y a rien de plus facile que ça.
M. Charette : En fait,
c'est une définition qui est sommaire, mais qui n'enlève rien à
l'article 2 et au préambule du projet de loi. Et le préambule, on
disait : C'est une lunette qui doit servir pour interpréter l'ensemble du
projet de loi. Et l'article 2 sera encore plus spécifique à ce niveau-là.
Donc, ce ne serait pas une aire protégée si on introduisait une activité qui
est contraire. Ça pourrait être autre chose, mais ce ne serait pas la catégorie
six, là, qui serait sollicitée, à ce moment-là.
Mme Ghazal : Mais les
principes, probablement, ils sont... ils restent quand même... de l'UICN...
larges. Il y a probablement des fois matière à interprétation. Et...
M. Charette :
Actuellement, le cadre n'étant pas arrêté, c'est... Mais moi... La collègue a
lu une définition longue. Moi, j'en ai lu une plus courte qui reprenait
l'esprit, mais c'est l'esprit de la catégorie. Le reste viendra dans le
règlement.
Mme Ghazal : Le reste,
c'est des diables. Le diable est dans les détails. C'est des détails. Le diable
est dans les détails.
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, il y a... C'est le propre d'une loi ou d'un projet de loi qu'on
introduit. Il y a une réglementation qui s'ensuit. Et la réglementation ne
laissera pas de flou. La réglementation va préciser ce qu'il est possible ou
pas de faire sur ce territoire-là.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires
relativement à l'amendement de l'article 46? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Donc, j'aimerais savoir, est-ce que le ministre peut nous dire, actuellement,
l'UICN, est-ce que l'UICN recommande à ses membres et à ses États membres,
donc, s'il y en a... oui, il y en a plusieurs, de... dans leur projet de loi,
de spécifier des activités industrielles qui sont interdites, oui ou non?
M. Charette : ...en fait,
on est encore à négocier un cadre. Tu sais, quand qu'on dit... puis là je le
répète, l'UICN est à la biodiversité ce que le GIEC est au climat. Donc, l'UICN
est à faire un petit peu ce que le GIEC a fait il y a deux ans avec des lignes,
des lignes directrices. Donc, on n'en est pas là. Mais, oui, très, très...
M. Charette : …l'UICN est à la
biodiversité ce que le GIEC est au climat. Donc, l'UICN est à faire un petit
peu ce que le GIEC a fait il y a deux ans avec des lignes directrices. Donc, on
n'en est pas là, mais oui, très, très confiant qu'à l'intérieur de la prochaine
année, on aura un cadre convenu à l'international, là, qui sera nettement plus
précis, mais on connaît déjà les grandes lignes.
M. Benjamin : Ce que j'ai
entendu, M. le ministre, vous nous dites que, pour vous, c'est important, donc
vous êtes en attente de ces grandes lignes de l'UICN pour… au niveau des
normes, donc, des aires protégées d'utilisation durable, c'est bien ça?
M. Charette : Au niveau… bien,
en fait, moi, je fais référence aux lignes directrices. C'est le vocabulaire
que l'on retient, là, pour l'UICN. Donc, oui, il y aura ces lignes directrices
qui vont alimenter… qui vont déterminer ce qui sera inclus dans notre
réglementation.
M. Benjamin : Donc, ce qui
viendra de l'UICN, c'est les normes, donc, qui balisent, qui encadrent la
dénomination d'aires protégées d'utilisation durable, c'est bien ça?
M. Charette : Oui ou je vais
le dire différemment, j'aurais peut-être dû le faire plus tôt, d'ailleurs. On a
un objectif de 17 % pour 2020 et on veut que ce 17 % là ait de la
valeur, et non pas comme certains pays, je ne les nommerai pas, mais qui disent
qu'ils sont à 50 % de leur territoire protégé alors qu'on sait fort bien
que les mesures de protection derrière ça n'ont pratiquement pas de valeur.
Donc nous, non seulement on veut notre
17 %, mais on veut qu'il soit reconnu. Donc, pour qu'il soit reconnu, il
faut qu'il soit conforme aux lignes directrices, et on veut faire la même chose
pour l'après 2020. Parce que, là, on est à 17 %, mais ce qui se négocie,
ce qui se discute impliquerait vraisemblablement 30 % de protection du
territoire en 2030. Donc, un bond assez substantiel de 13 %, mais avec des
modalités différentes, pas aussi strictes que les catégories qui sont déjà
reconnues. Quand on parle, par exemple, de paysages humanisés ou lorsqu'on
parle de communautés à l'intérieur de l'aire protégée, on ne pourrait pas le
faire, ça, aujourd'hui.
Mais pour atteindre ce 30 % là, il
faut avoir cette possibilité-là. Et notre 30 % qu'on voudra, si c'est ce
qui est convenu à l'international en 2030, c'est un petit peu comme notre
17 % aujourd'hui, on veut qu'il ait une valeur, on veut qu'il soit
comptabilisé dans les chiffres qu'on va mettre sur la table. Donc, on n'a aucune,
aucune raison de mettre en place une aire protégée qui ne nous permettrait pas
de comptabiliser l'effort qui est fait.
Moi, en 2030, je doute fort que je sois
encore… parmi vous, certainement, mais je ne vais… peut-être pas comme…
Des voix
: …
M. Charette : Non, mais il y a
le poids de l'âge, il y a les années, mais… Donc, parmi vous, oui, mais dans
les mêmes…
M. Charette : ...permettrait
pas de comptabiliser l'effort qui est fait. Moi, en 2030, je doute fort que je
sois encore... Parmi vous, certainement. Je ne vais peut-être pas, comme... Ah!
bien, il y a le poids de l'âge, il y a les années, mais... Donc, parmi vous,
oui, mais dans les mêmes fonctions, j'en doute beaucoup, parce que j'imagine
que vous allez batailler fort entre-temps pour changer de sièges pour être au
pouvoir en 2030. Donc, il y a plein de scénarios qui s'ouvrent à nous. Mais
tout ça pour dire qu'en 2030, peu importe qui sera le gouvernement, peu importe
sa couleur, il va souhaiter que l'effort qui est fait lui permette... les
efforts lui permettent de faire reconnaître ses cibles. Donc, moi, si je
faisais les fameux 13 % dans une APUD dont les critères ne sont pas
reconnus à l'international, bien, je ne pourrai pas dire qu'on est à 30 %
à ce moment-là. Ça fait que vous comprenez qu'on ne pourra pas permettre
n'importe quoi, parce qu'on voudra à la fin que cet effort-là soit reconnu
comme on veut, et on travaille fort actuellement pour que le 17 % soit
reconnu en bonne et due forme.
M. Benjamin : N'attendons pas
2030, M. le ministre, donc, surtout pas 2030. Donc, il faut faire des choses
bien avant.
M. Charette : Tout à fait,
tout à fait.
M. Benjamin : Maintenant, si,
au niveau des normes, donc, on attend l'UICN pour nous donner les grandes lignes...
Maintenant, quand on parle de gestion exemplaire, qui va juger de l'exemplarité
de notre gestion?
M. Charette : Bien, en fait,
l'exemplarité sera jugée par le règlement qui va permettre telle ou telle
activité, le règlement qui interdirait une activité, et, si cette activité
devait être proposée par une partie tierce, bien, ce ne serait pas du
développement exemplaire et ce ne serait pas permis sur le territoire de l'aire
protégée en question.
M. Benjamin : M. le ministre,
on jase, vous et moi.
M. Charette : Oui, on jase. Ça
fait quelques heures, là, qu'on jase.
M. Benjamin : Bon. J'aimerais
savoir, pour vous, comme ministre de l'Environnement... Spontanément,
j'aimerais que vous y alliez spontanément.
M. Charette : Avec mon coeur.
M. Benjamin : Ah oui, avec
votre coeur.
M. Charette : C'est bon.
M. Benjamin : Y a-t-il une activité
que vous pensez tout de suite, vous dites : Non, ce n'est pas possible, je
ne conçois pas cette activité-là dans une aire protégée d'utilisation durable?
M. Charette : Avec mon coeur.
Mais oui. Bien, c'est-à-dire, il ne pourrait pas y avoir... Ça, on l'a
mentionné. Je veux dire, on n'exploitera pas une mine dans une aire protégée;
on n'exploitera pas de façon intensive la foresterie dans une aire protégée. Ça,
c'est déjà des acquis. Mais je ne veux pas, à travers le projet de loi, me
risquer à commencer des énumérations tant que le cadre mondial n'est pas
déterminé. Mais on sait déjà que l'aire...
M. Charette : ...dans une aire
protégée. Ça, c'est déjà des acquis. Mais je ne veux pas, à travers le projet
de loi, me risquer à commencer des énumérations tant que le cadre mondial n'est
pas déterminé. Mais on sait déjà que l'aire protégée APUD au Québec telle
qu'elle va s'appliquer, elle va rencontrer tous, tous, tous les critères
internationaux pour être comptabilisée. Donc, ça, mon coeur est très, très
content quand je constate cette certitude-là.
M. Benjamin : Les normes de
l'UICN, je suis d'accord, je suis d'accord. Mais qu'en est-il des
particularités québécoises? Qu'en est-il de nos particularités, des
particularités de nos territoires? Qu'en est-il de notre volonté, nous, comme
nation, à vouloir faire plus, faire mieux, à aller au-delà des normes? Où est-ce
que vous en êtes là-dessus?
M. Charette : Je pense qu'on a
un régime de protection générale qui fait l'envie de plusieurs. On a des
catégories actuellement qui sont excessivement strictes. On aurait pu
comptabiliser du territoire avec des catégories très strictes... moins
strictes, c'est-à-dire, donc déjà je pense qu'on est exemplaires.
Moi, je regarde ce qui est en catégorie
très stricte actuellement, on ne l'a pas mis en VI dans une aire protégée
d'utilisation durable, on l'a mis dans une catégorie encore plus stricte, donc je
pense qu'on a déjà un comportement exemplaire. Et c'est sans doute une des
raisons... c'est sans doute la raison pour laquelle le Québec, même s'il est
déclaré lié parce qu'il n'est pas partie prenante de l'entente, il est déclaré
lié, donc même si ce n'est pas l'interlocuteur d'une partie prenante de
l'entente, l'expertise québécoise, elle est très, très sollicitée. Monsieur,
qui nous fait l'honneur de sa présence aujourd'hui, a des responsabilités qui
sont reconnues à l'international. Son expertise, l'expertise du ministère est
sollicitée par d'autres. Donc, on n'est pas seulement passifs dans ces
négociations-là, on joue un rôle, là, qui est très proactif.
• (17 h 50) •
M. Benjamin : J'écoutais tout
à l'heure le sous-ministre adjoint nous dire qu'il y aura... en fait, il y aura
un projet de loi de règlement, donc, qui couvrira à la fois les enjeux pour les
réserves aquatiques et les réserves de biodiversité. C'est bien ça?
M. Charette : Oui. En fait, la
réglementation, dans tous les cas, va, comme je le mentionnais, aussi faire
l'objet d'une consultation avant d'être mise en place. Mais oui, c'est une
nouvelle réglementation qui va être proposée.
M. Benjamin : Donc, je vois le
sous-ministre opiner du bonnet. Donc, vous confirmez, donc c'est un projet de
règlement?...
M. Charette : ...va, comme je
le mentionnais, aussi faire l'objet d'une consultation avant d'être mis en
place. Mais, oui, c'est une nouvelle réglementation qui va être proposée.
M. Benjamin : Donc, je vois M.
le ministre opiner du bonnet, donc vous confirmez, donc, c'est un projet de règlement?
M. Charette : Exactement.
M. Benjamin : Donc, les
réserves aquatiques n'existeront plus à ce moment-là.
M. Charette : Ce sera dans les
réserves de biodiversité.
M. Benjamin : Les réserves de
biodiversité. Maintenant donc, les réserves... donc, ce sont les réserves de
biodiversité qui seraient appelées éventuellement à être désignées comme des
aires APUD, c'est ça... comme des APUD, c'est bien ça? Non, pas nécessairement?
M. Charette : Non, ce n'est
pas la même chose.
M. Benjamin : Pas la même,
non. Donc, c'est quoi la différence à ce moment-là?
M. Charette : Entre quoi et
quoi?
M. Benjamin : Entre... Est-ce
qu'il une grande différence entre les réserves de biodiversité et réserves
aquatiques?
M. Charette : En fait, il n'y
aura plus... avec le projet de loi, il n'y aura plus de réserve aquatique.
M. Benjamin : Ah! d'accord.
M. Charette : Cette
dénomination-là...
M. Benjamin : Donc, sous le
vocable de réserve de biodiversité, à la fois...
M. Charette : Ça va englober.
M. Benjamin : Tout.
M. Charette : Effectivement.
M. Benjamin : O.K. parfait.
Pourquoi un règlement et pas la loi?
M. Charette : En fait, c'est
la façon de faire pour être sûr de tout le temps pouvoir s'adapter à ce qui est
attendu. On modifie un règlement par une procédure qui est établie, mais qui
est plus simple d'application que changer une loi. On le voit, là, avec le
projet de loi n° 46, on modifie des trucs qui étaient dans la loi depuis,
dans certains cas, 2002. Donc, les occasions d'intervenir dans une loi sont
beaucoup plus rares. Et sans résumer ou sans reprendre toute la dynamique
parlementaire, on le sait, moi, honnêtement, là, on a beaucoup de plaisir à
travailler ensemble, on pourrait, jusqu'à la fin du mandat, améliorer des
projets de loi, mais c'est une commission qui est partagée par les transports.
Donc là, j'ai mon ami aux Transports qui me dit : Ben, là, ça fait
longtemps que tu monopolises la commission, donc j'en ai besoin pour le fameux
projet de loi sur les véhicules hors route. Donc, non seulement on joue
rarement dans une loi, mais, deux, puis ce n'est pas un blâme, là, c'est la
procédure qui veut ça, il y a une certaine congestion à un moment donné dans...
Si moi, j'avais la certitude que j'avais une commission qui roulerait à
100 % uniquement en environnement, bien là, on se dirait : «Let's
have some fun», puis on miserait peut-être plus sur les projets de loi que les
règlements, mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
M. Benjamin : Je comprends,
donc, au niveau de toutes les modalités, donc, reliées à notre travail
parlementaire, à l'organisation de nos travaux parlementaires, mais moi, je
reviens à l'importance de ces orientations qu'on est en train de se donner dans
ce projet de loi, M. le ministre. Et, pour moi, ce sont des orientations très,
très importantes, donc, pour l'avenir. Moi, je crois que... je pense, même, que
c'aurait été extraordinaire qu'on puisse...
M. Benjamin : ...de ces orientations
qu'on est en train de se donner dans ce projet de loi, M. le ministre. Et, pour
moi, ce sont des orientations très, très importantes, donc, pour l'avenir. Moi,
je crois que... je pense, même, que ç'aurait été extraordinaire qu'on puisse
légiférer là-dessus, et non pas réglementer.
M. Charette : Si je comprends
bien, on jase, là, hein, c'est ce qu'on fait présentement?
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Charette : Parce que j'ai
cru entendre une question semblable, déjà, auparavant. Mais...
M. Benjamin : Ah non, c'est la
première fois que je vous pose cette question-là. C'est la première fois que je
mets en phase règlement et projet de loi.
M. Charette : Mais le sens de
la question est le même. Moi, je ne peux pas, dans une loi, inscrire des
modalités qui, à l'heure où on se parle, sont à déterminer. C'est tout
simplement inconcevable. Et ultimement l'UICNva se donner des lignes
directrices qui vont peut-être, dans le temps, évoluer aussi. Donc, si on les
met dans la loi plutôt que dans la réglementation, on ne serait plus en phase
avec l'UICN. C'est là où les règlements sont des outils tout à fait valables.
Encore une fois, pour rassurer le collègue,
il n'y a aucun, aucun règlement qui est mis en place sans qu'il y ait eu une
consultation. On repart la procédure, là, on en a eu quelques-uns, là, au
niveau de l'environnement, ces derniers mois, mais il y a un projet de
règlement qui est publié., les consultations sont enclenchées, toutes les
parties intéressées sont interpellées, toutes les parties intéressées peuvent
participer. Moi, j'aime beaucoup travailler, là... c'est le terme qu'on a
retenu, là, qui est employé par d'autres aussi, c'est bien sûr, des tables de
cocréation. Donc, on réunit les parties intéressées et on détermine. Et on le
fait avant même la publication du projet de règlement, parce qu'on veut que,
dans cette première mouture, déjà, il y ait quelque chose de crédible. Donc,
non seulement il y a une consultation avant, mais il y a une consultation une
fois que le projet de règlement est officiellement rendu public.
M. Benjamin : On parle de
consultations publiques et audiences publiques, à ce moment-là?
M. Charette : Tout à fait.
Bien, c'est-à-dire, toute personne... lorsqu'il y a un projet de règlement,
c'est annoncé, donc toute personne intéressée est invitée à collaborer. Mais ce
n'est pas... je veux dire, ce n'est pas télédiffusé ou autre, là, mais, je veux
dire, c'est des... toute personne intéressée peut produire. Un peu comme un
projet de loi, il y a... ça prend la forme de mémoires, ça prend la forme de
rencontres. Donc, un peu comme on étudie un projet de loi, on étudie un projet
de règlement.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Je vais parler vite, Mme la Présidente, je viens de voir l'heure. Alors, je ne
vais pas dire : On jase, là, là, mais je vais dire : Je vais parler
vite.
J'ai deux inquiétudes, la première vient
au fait qu'on va enlever des spécificités à certains territoires puis on les
mettre tous dans une même catégorie. Je veux juste être sûre que c'est ce que
j'ai compris. Tantôt, là...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…Mme la députée des Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Je vais parler vite, Mme la Présidente, je viens de voir l'heure. Alors, je ne
vais pas dire : On jase, là, là, mais je vais dire : Je vais parler
vite.
J'ai deux inquiétudes, la première revient
au fait qu'on va enlever des spécificités à certains territoires puis on les
mettre toutes dans une même catégorie. Je veux juste être sûre que c'est ce que
j'ai compris. Tantôt, là, on a parlé de prendre deux formes de catégories puis
de les mettre dans la réglementation sous une même bannière.
Ma deuxième question, c'est… et je
comprends le principe de retirer de la loi pour le mettre en réglementation,
mais je veux… je n'ai pas le choix que de dire au ministre : Ce qui
m'inquiète, c'est justement le fait qu'il y a une certaine intimité dans le
principe de la réglementation qui fait que, malheureusement, le débat ne se
fait pas de la même façon. Donc, je vous entends dans la facilité, parce
qu'effectivement la façon de poser les gestes est fort intéressante, mais je
reste inquiète un peu sur la facilité de poser les choses puis l'aspect, je ne veux
pas dire non-transparent, mais je vais dire moins communicatif qu'un règlement,
que, quand j'ouvre un projet de loi pour dire : Voici comment je décline
les choses puis voici comment on va reconnaître.
Donc, je comprends, mais, en même temps,
je garde mon inquiétude. Il n'y a rien que vous allez me dire, là, parce que
vous allez garder le principe du règlement. Je veux revenir au principe de la
spécificité, je ne sais pas si on le temps de le faire, mais j'avais une
certaine… un questionnement par rapport…
M. Charette : Très, très
rapidement, pour le règlement, le règlement ne peut pas aller à l'encontre de
la loi qui précise que les lignes directrices de l'UICN doivent être
appliquées. Donc, dans le projet de loi, il n'y aura plus de réserves aquatiques.
Donc, ça, on confirme ça. Mais la définition de la réserve de biodiversité de
l'article 47, on va y venir, précise qu'elle s'applique maintenant
également aux milieux aquatiques, sauf qu'il y a une distinction, la réserve
aquatique est remplacée par… la partie en eau douce par la réserve de
biodiversité et par la réserve marine qui, elle, est en eau salée. Donc, on ne
vient pas tout amalgamer dans un seul bloc. On va le voir un petit peu plus
loin, là, avec l'article 47, mais c'est bien défini, là, on ne vient pas
tout amalgamer ensemble.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires relativement à l'amendement à
l'article 46? Non? S'il n'y a pas d'autre commentaire, on a le temps de
faire l'appel nominal.
La Secrétaire
:
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire
:
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
: Vote
par procuration : M. Campeau (Bourget) pour M. Lamothe (Ungava)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire
:
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire
: Mme
Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau
:
Abstention.
La Secrétaire
:
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Abstention.
La Secrétaire
:
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire
: Et
Mme St-Pierre (Acadie)?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 46 est adopté.
Et la commission suspend ses travaux
jusqu'au mardi 10 novembre 2020.
(Suspension de la séance à 18 heures)
18 h (version non révisée)
La Secrétaire
: ...Mme
Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire
: Et Mme
St-Pierre (Acadie)?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 46 est adopté.
Et la commission suspend ses travaux
jusqu'au mardi 10 novembre 2020.
(Fin de la séance à 18 heures)