Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jueves 22 octobre 2020
-
Vol. 45 N° 76
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de l’environnement en matière de consigne et de collecte sélective
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, est-ce que vous nous entendez bien, M. Bisson?
M. Bisson (Normand) : Oui, je
vous entends bien.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. Donc, vous êtes conscient que vous allez être uniquement en forme
audio et que la vidéo ne sera pas possible.
M. Bisson (Normand) : Oui, malheureusement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, malheureusement, on aurait bien aimé vous voir. Alors, comme le test de
voix est fait, on va reprendre dans quelques instants.
Alors, bonjour à vous tous et à vous
toutes. Je vous dis : À l'ordre, s'il vous plaît! Aayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la
Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace Mme Charbonneau
(Mille-Îles)…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...réunis afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 65, Loi
modifiant principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de
consigne et de collecte.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente : M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace Mme Charbonneau
(Mille-Îles) et Mme Perry Mélançon (Gaspé) remplace M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Cet avant-midi, nous entendrons l'organisme Boissons gazeuses Environnement et
la coopérative Les Valoristes. Alors, M. Bisson, vous êtes avec nous,
présentement, je vous cède la parole, vous avez 10 minutes.
M. Bisson (Normand) : Merci, Mme
la Présidente. Vraiment désolé à tous les membres de la commission, il y a eu
un petit problème technique, on n'aura malheureusement pas la chance de se
parler en se regardant à la caméra. Donc, mon est Normand Bisson, je suis
président de Boissons gazeuses Environnement, BGE. Et, au nom de BGE... je vous
remercie de nous permettre d'exprimer notre opinion du rôle de BGE dans la
gestion du système de consigne actuel au Québec.
BGE est un organisme sans but lucratif
dont les objectifs principaux sont de contribuer à la protection de
l'environnement en favorisant la récupération et le recyclage des contenants de
boissons gazeuses à remplissage unique. On agit comme administrateur du système
de consigne. Les activités de DGE sont régies depuis 1999 par l'Entente portant
sur la consignation, la récupération et le recyclage des contenants à
remplissage unique de boissons gazeuses qui est intervenue entre BGE, le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, RECYC-QUÉBEC,
l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec, ainsi que les
adhérents récupérateurs et non récupérateurs qui font partie de l'entente.
Plusieurs intervenants, dont des
embouteilleurs de boissons gazeuses, participent dans le processus de
récupération des contenants consignés. Le rôle de BGE consiste à administrer le
système de consigne et maximiser son efficacité. Plus précisément, BGE s'assure
du bon fonctionnement du système et du respect de leur obligation réglementaire
par les adhérents à l'attente, les détaillants et les conditionneurs
accrédités. BGE gère les flux financiers du système et s'assure de la probité
des données de vente et de récupération, s'assure que 100 % des contenants
qui sont retournés pour la consigne sont acheminés pour recyclage, détecte les
fraudes potentielles, dont les mouvements transfrontaliers, s'assure d'une
couverture entière du territoire en soutenant les retours de contenants consignés
en régions éloignées. Comme, par exemple, on a des ententes de transport
terrestre qui proviennent de la Baie-James. On a des ententes de transport
maritime qui viennent du Nunavik. On a aussi des ententes pour rapporter les
contenants des Îles-de-la-Madeleine, et tout ça se fait par transport maritime.
Donc, on s'assure d'une couverture complète de la province. DGE répond
évidemment aussi aux plaintes des citoyens lorsqu'il y en a. On répond aussi à
leurs questions relatives au système. Et BGE met en place... en oeuvre...
M. Bisson (Normand) : …des Îles-de-la-Madeleine,
et tout ça se fait par transport maritime. Donc, on s'assure d'une couverture
complète de la province. BGE répond évidemment aussi aux plaintes des citoyens
lorsqu'il y en a, on répond aussi à leurs questions relatives au système. Et
BGE met en place un programme d'installation d'infrastructures de récupération
dans les lieux publics et des activités d'information, sensibilisation et
éducation, regroupés sous le programme Consignaction.
Donc, les installations d'infrastructures,
c'est beaucoup des installations de bac de récupération pour les contenants
consignés. Dans les restaurants, vous les voyez souvent les boîtes blanche et
verte, dans les campings, des écoles, vraiment partout où il y a un besoin d'infrastructures
pour récupérer les contenants à l'extérieur du foyer. Nos programmes de sensibilisation,
ça inclut, entre autres, une tournée des écoles, on visite 100 écoles primaires
par année. On fait de la sensibilisation aussi via l'affichage dans des cégeps,
sur les campus universitaires. On est présents sur les médias sociaux, on fait vraiment
un effort multimédia.
• (11 h 40) •
En 2019, 2,15 milliards de contenants
consignés de boissons gazeuses et de bière à remplissage unique ont été vendus
au Québec. Sur ces 2,15 milliards de contenants, 1,5 milliard a été
retourné pour la consigne. Ces chiffres excluent les bouteilles de bière en
verre. Il importe ici de préciser des nuances lorsque nous parlons de «taux de
récupération». L'entente portant sur la consigne sur les boissons gazeuses
fournit des définitions que je résume de la façon suivante.
Tout d'abord, il y a le taux de consignes
remboursées, ça, c'est le pourcentage des contenants vendus qui sont retournés
pour le remboursement de la consigne. En 2019, ce taux-là pour les contenants
qui portent une consigne à 0,05 $, c'est 68,5 %. Et il y a aussi le taux
de récupération des contenants consignés, c'est le taux de consignes
remboursées, mais auquel on ajoute aussi les contenants qui sont mis à la
collecte sélective sans être retournés pour la consigne. En 2019, le taux était
de 74 %. Donc, on peut noter, entre autres choses, qu'à 74 %, le
système de consigne actuel atteint déjà presque l'objectif de 75 %, le
premier objectif pour 2025.
Les définitions de consignes remboursées
et de taux de récupération sont essentielles, parce qu'il y a souvent des
comparaisons inexactes qui sont faites entre les taux de consignes remboursées
présentés sur le site de RECYC-QUÉBEC et les taux officiels d'autres
juridictions qui répondent à la définition de taux de récupération.
Finalement, je vous mentionne également
que dans le système de consigne québécois, 100 % des contenants qui sont
retournés pour la consigne sont recyclés. Il n'y a aucune perte de contenant,
communément appelée «yield loss», contrairement à ce qui se produit dans
certaines juridictions. La notion est importante puisque le projet de loi
prévoit des objectifs afférents au taux de recyclage des contenants consignés.
Donc, c'est important de bien connaître les trois…
M. Bisson (Normand) : …soit
aucune perte de contenants, communément appelé «yield loss», contrairement à ce
qui se produit dans certaines juridictions. La notion est importante puisque le
projet de loi prévoit des objectifs afférents au taux de recyclage des
contenants consignés. Donc, c'est important de bien connaître les trois
notions… les trois définitions de taux. De par son rôle et sa structure de
gouvernance, BGE gère une forme système de responsabilité des producteurs, une
REP et supporte pleinement l'intention de donner la gestion du système
modernisé de consigne à un organisme de gestion désigné, un OGD, qui relèvera
de l'industrie. La performance du système actuel de consigne démontre la valeur
de la REP. Notre expérience nous enseigne que pour que le système de REP fonctionne
bien, une ligne claire doit être tracée entre la gestion du système par les OGD
et les représentations individuelles de ces mondes. Il est également important
de s'assurer que les distributeurs des contenants de chaque type de matière
trouvent leur juste part des coûts en invitant un interfinancement entre les
matières.
Le système de consigne actuel est un
système performant mais dont la porte d'entrée passe par les surfaces de
magasins. Les enjeux potentiels reliés à cette situation ont été mis en
évidence au printemps avec la pandémie. Malgré leur bonne volonté, les
détaillants doivent parfois faire des choix, et leur rôle premier est souvent
la vente de denrées alimentaires. Si le nouveau système repose sur un retour
chez les détaillants, il serait important de tenir compte de cet aspect.
L'efficacité du système modernisé de
consigne dépendra aussi largement du nombre de points de retour et de leur
emplacement. Les citoyens sont habitués à un réseau de plusieurs milliers de
points de retour qui ne nécessite pas de déplacement spécifique en voiture ou
en transport en commun. Ils retournent leurs contenants lorsqu'ils effectuent
leurs emplettes. Une réduction du nombre de points de retour pourrait avoir un
impact négatif sur le taux de récupération. La cartographie des points de
retour est donc primordiale, et, en ce sens, la proposition d'une participation
optionnelle des détaillants qui reste à définir n'est pas optimale.
Avec l'élargissement de la consigne, il
sera requis d'intégrer des transporteurs régionaux au modèle logistique. Les
récupérateurs actuels ne disposent pas des ressources nécessaires pour ajouter
de nouveaux volumes de contenants dans leur opération de camionnage, et donc
l'utilisation de transporteurs régionaux sera nécessaire et permettra également
d'optimiser la logistique en centralisant les activités de répartition et en
établissant des fréquences de collectes selon les volumes retournés.
Le futur gestionnaire du système devra
établir des normes de service et mettre en place les outils de mesure et de
contrôle requis. Une technologie permettant le transfert des données requises
pour optimiser le transport devra aussi être déployée.
Il est présentement projeté que la
consigne sera imposée sur les contenants…
M. Bisson (Normand) : ...et
mette en place les outils de mesure et de contrôle requis. Une technologie
permettant le transfert des données requises pour optimiser le transport devra
aussi être déployée.
Il est présentement projeté que la
consigne sera imposée sur les contenants de deux litres et moins. Cette
position reflète l'intention de viser des contenants de plus petits formats
prêts à boire. Il faut cependant noter que cette proposition exclue de la
consigne future des contenants de 2,2 litres, 2,25 et 2,5 qui sont
présentement sous consigne.
Afin de réduire des mouvements
transfrontaliers de contenants, que ce soit à la distribution par des
grossistes ou au retour par les citoyens habitant les zones limitrophes, il est
avantageux d'harmoniser les taux de consigne avec les provinces voisines
lorsque c'est possible de le faire. Présentement, les contenants de la LCBO en
Ontario portent une consigne de 0,20 $. Au Nouveau-Brunswick, la consigne
est de 0,20 $ aussi pour les contenants de plus de 500 ml. Comme le transport
de verre n'est pas pratique, les risques sont relativement réduits, mais quand
même, l'harmonisation des taux de consigne est un facteur à considérer, surtout
pour les contenants faciles à transporter.
Les compensations possibles entre les systèmes
de consigne et de collecte sélective ont été mentionnées. Si une compensation
intersystème est établie, elle devrait reposer sur les coûts réels plutôt que
sur une valeur arbitraire comme la consigne et devrait être facturée aux
entreprises qui ont mis en marché des produits.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Bisson.
M. Bisson (Normand) : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que vous en avec encore pour très longtemps parce que vous avez dépassé
votre 10 minutes, là.
M. Bisson (Normand) : J'ai à
peine une minute. Ah! une seule petite minute et j'ai terminé...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre accepte d'emprunter sur son temps. Allez-y, continuez.
M. Bisson (Normand) : Merci,
M. le ministre. La modernisation de la consigne offre une opportunité en or au
Québec de développer un système à l'avant-garde qui deviendra le modèle à
suivre. Beaucoup de moyens technologiques n'existaient pas lorsque d'autres
juridictions ont développé leur modèle élargi de consigne. Elles sont
maintenant en mode d'automatisation graduelle, mais elles doivent cependant
évoluer à l'intérieur de contraintes avec lesquelles nous n'aurons pas à
composer. Il est ainsi important de tenir compte des enseignements des modèles
élargis existant tout en gardant en tête que nous pouvons aller plus loin.
Certains membres du consortium sur la modernisation ont mentionné les délais
serrés qui leur sont imposés. N'étant pas impliqué directement dans leurs travaux,
DGE ne peut pas évaluer cette hypothèse. Cependant, nous... qu'il est
primordial de prendre le temps nécessaire pour faire les bons choix, car ils
vont influencer la performance du système de consigne et la qualité de notre
environnement pour de nombreuses années. Merci beaucoup, M. le Président, et M.
le ministre, pour le temps supplémentaire qui m'a été donné.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. Bisson. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Monsieur, merci de votre temps ce matin. C'est d'autant plus
intéressant de vous entendre que vous êtes le premier OGD, en quelque sorte,
que nous entendons dans le cadre des travaux...
M. Bisson (Normand) : …Mme la
Présidente et M. le ministre, pour le temps supplémentaire qui m'a été donné.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. Bisson. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Monsieur, merci de votre temps ce matin. C'est d'autant plus intéressant
de vous entendre que vous êtes le premier OGD, en quelque sorte, que nous
entendons dans le cadre des travaux de cette commission et le seul aussi
véritable. Peut-être, nous rappeler un petit peu les débuts de la consigne des
contenants que vous avez à superviser, comment ça s'est fait, ce partenariat,
notamment avec les entreprises pour lesquelles vous récupérez les produits,
comment le mécanisme s'est établi avec RECYC-QUÉBEC et dans quel délai tout ça
s'est fait.
Et pourquoi je vous pose la question, on
a, oui, une consigne élargie que l'on étudie présentement. Certains acteurs se
sont montrés réticents, peu se sont montrés réticents, mais certains ont
démontré, avec véhémence, leur réticence en prétextant que c'était quasiment
mission impossible. Donc, vous qui êtes passés par là, peut-être nous résumer
un petit peu l'historique de cette démarche-là.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Donc, au début des années 80, les embouteilleurs de boissons gazeuses ont
décidé d'arrêter de mettre en marché des contenants à remplissage multiple et
aller plutôt vers des contenants à remplissage unique. Et, à ce moment-là, le gouvernement
avait la crainte que ça allait générer des déchets sauvages. Donc, il y a une
réglementation qui a été mise en place pour qu'il y ait une consigne et forcer
le retour des contenants chez les détaillants. Donc, finalement, maintenir un
retour chez le détaillant qui existait avec les remplissages multiples, mais
qui n'allaient peut-être pas nécessairement exister avec les contenants à
remplissage unique.
• (11 h 50) •
Au fil des années… Donc, RECYC-QUÉBEC a
été créé pour gérer le système et, au fil des années, les embouteilleurs, étant
donné que ça représentait quand même beaucoup de contenants en circulation, ils
ont voulu reprendre le contrôle du système, parce qu'on leur demandait quand
même de rencontrer certaines obligations en termes de taux de récupération,
puis ils considéraient que ça allait être plus facile de pouvoir les atteindre
en gérant le système par l'industrie elle-même.
La même chose ne s'est pas produite du côté
des brasseurs, parce qu'à ce moment-là presque tous les contenants étaient des
CRM, alors ils ont adapté la gestion pour le côté de la bière à RECYC-QUÉBEC.
Depuis le temps, évidemment, comme vous savez, le nombre de séries de bière a
grandement augmenté, mais sauf que ce n'était pas la situation à ce moment-là.
Alors, une entente a été conclue et BGE a commencé à gérer le système pour
l'industrie. On a développé 30 % des processus d'affaires, et tout. Puis,
à ce moment-là, on avait développé un programme de subvention pour
l'acquisition de récupératrices en magasin, parce qu'il avait été déterminé que
faire de la manipulation d'une quantité de contenants qui devenait importante
d'une façon manuelle était vraiment trop lourde pour les détaillants. Alors, on
a…
M. Bisson (Normand) : …un
programme de subvention pour l'acquisition de récupératrices en magasin, parce
qu'il avait été déterminé que faire la manipulation d'une quantité de
contenants qui devenait importante d'une façon manuelle était vraiment trop
lourde pour les détaillants. Alors, on a subventionné l'acquisition de
récupératrices au début des années 2000 et on a maintenu le système
jusqu'à présent.
Le système, initialement, il était basé
sur la récupération par les récupérateurs… par les embouteilleurs parce qu'ils
avaient des réseaux de camionnage avec lesquels ils faisaient la récupération à
la livraison. Maintenant, c'est beaucoup moins le cas, la plupart de la
récupération se fait avec des routes de transport uniques. Donc, du côté des
embouteilleurs, ce n'est plus fait à la livraison.
M. Charette : En fait, vous
avez anticipé la deuxième et la troisième question que je pouvais avoir. Vous
avez parlé de modernisation de l'équipement, donc un système qui a été instauré
dans votre cas au début des années 80, on a introduit, vers les
années 2000, ce que l'on peut appeler communément les gobeuses. Donc, au
départ, c'était essentiellement de la manipulation manuelle. Est-ce exact de
dire qu'aujourd'hui l'essentiel de ces millions de contenants que vous gérez se
fait de façon automatisée à travers ces machines-là?
M. Bisson (Normand) : Oui,
tout à fait. Présentement, environ 70 % des contenants qui sont récupérés,
sont récupérés à travers les récupératrices automatisées, environ 30 %
sont récupérés ronds. Le 70 %, c'est récupéré à travers environ
2 500 récupératrices automatisées qui sont installées dans environ…
entre, mettons, autour de 1 200, ça varie toujours, évidemment, là, mais
peut-être entre 1 200 et 1 500 magasins et grandes surfaces qui
ont des récupératrices. Les contenants qui sont récupérés manuellement,
présentement, c'est ceux qui passent par les dépanneurs, puis beaucoup parce
que le volume ne justifie pas l'installation présentement de machines
automatisées.
M. Charette : Ça, c'est un
élément important. S'il y a une manipulation manuelle, c'est redondant, là…
mais s'il y a cette manipulation par les employés des différents détaillants,
ce n'est pas que la technologie n'existe pas, c'est que le volume n'est pas
suffisant pour permettre, justement, l'acquisition… ou rentabiliser
l'acquisition d'équipements plus avancés, là, technologiquement parlant.
M. Bisson (Normand) : Oui,
c'est le cas présentement. Ça va évidemment changer avec l'élargissement de la
consigne.
M. Charette : Parfait. Et vous
avez aussi abordé la question du transport, ça aussi, les opposants aiment
rappeler qu'établir une consigne élargie c'est mettre plus de camions sur les
routes, donc augmenter les GES, faire en sorte que l'on vienne contrecarrer les
bénéfices environnementaux de la réforme. Vous, essentiellement, il y a une
logistique qui s'est établie avec les années, j'imagine un petit peu comme la…
M. Charette : ...établir une
consigne élargie, c'est mettre plus de camions sur les routes, donc augmenter
les GES, faire en sorte que l'on vienne contrecarrer les bénéfices environnementaux
de la réforme, où essentiellement il y a une logistique qui s'est établie avec
les années, j'imagine, un petit peu comme la bière, c'est un système qui est excessivement
bien rodé. Vos camions... bien, c'est-à-dire, le camion de l'entreprise qui vient
livrer ses produits est-il le même camion qui ramène un certain nombre de
contenants vides?
M. Bisson (Normand) : Pour les
70 % de contenants qui sont récupérés, écrasés dans les magasins, la
réponse, c'est non. Ça prend une route de transport distincte. Pour les 30
autres pour cent, ça dépend. Parfois, la logistique permet de récupérer à la
livraison, souvent aussi c'est récupéré avec un transport unique. Donc, c'est
sûr que la récupération à la livraison, ce n'est pas quelque chose qui est
possible quand on a un très gros volume de contenants à récupérer.
M. Charette : Parfait. Et
autrement, avec les années, vous avez modernisé vos façons de faire. Quelle est
la prochaine étape, si je me permets ou si j'ose, quelle serait la prochaine
étape pour vous? Comment pensez-vous vous améliorer encore davantage, ou vous
pensez-vous en mesure d'améliorer encore vos pratiques?
M. Bisson (Normand) : Oui. Présentement,
un des projets sur lesquels on est en train de travailler... C'est vrai qu'il y
a un nouveau système qui s'en vient, bientôt, mais on a encore quand même deux
ans avant que ça arrive, alors ça vaut la peine de faire quand même certains
tests pour optimiser, entre autres, le transport. Alors, ce qu'on est en train
de regarder, dans une région donnée, c'est d'avoir un transporteur régional qui
récupérerait pour l'ensemble des récupérateurs. Et ça, ça aurait l'avantage de
permettre d'optimiser les routes de transport. Tu sais, présentement, les
récupérateurs, évidemment qu'il y a un équilibre qui se fait par soi-même, au
fil du temps, mais comme c'est deux compagnies différentes qui vont récupérer
selon leurs calendriers, bien, évidemment, ça peut se produire, des fois où deux
camions se suivent pour aller au même... chez le même détaillant en même temps,
et tout. Puis comme vous devinez, quand ça se produit, ce n'est vraiment pas
optimal. Donc, on va travailler, pour les deux années qui viennent, à essayer
d'optimiser à certains endroits pour... éventuellement, même, ça deviendra une information
utile à transférer aux gestionnaires du futur système.
M. Charette : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Bisson. Il y avait un humoriste qui disait :
Quelle est la voie, sur la route, qui est la plus lente? C'est celle dans
laquelle je suis. Moi, mon expédiant, c'est avec les gobeuses. Quelle gobeuse
va faire défaut? C'est... si je suis devant, elle devrait faire défaut. Mais je
suis content de vous parler quand même.
Vous parlez d'un taux de retour total de
74 %. Est-ce que je me trompe...
M. Campeau : ...laquelle je
suis, mais mon expérience, c'est avec les gobeuses. Quelle gobeuse va faire
défaut? C'est, si je suis devant, elle devrait faire défaut. Mais je suis
content de vous parler quand même.
Vous parlez d'un taux de retour total de
74 %. Est-ce que je me trompe? C'est bien ça?
M. Bisson (Normand) : Non,
c'est bien ça. Puis ça, c'est pour les contenants qui portent une consigne de
0,05 $. Puis là je n'entre pas dans ces chiffres-là le taux pour les
bouteilles de bière en verre.
M. Campeau : Ce qui veut que,
même avec un système bien rodé, on est à 75 %. On peut dire : Bien,
on a déjà atteint presque le 75, c'est bon. Mais, en même temps, ça veut dire
qu'avec des nouveaux contenants qui vont arriver rejoindre 75, c'est tout un
défi. Est-ce que vous voyez ça comme ça aussi ou vous pensez que ça va bien
aller?
M. Bisson (Normand) : Je pense
qu'il y a un défi important au niveau logistique. Je pense que c'est important
d'être capable d'offrir des solutions qui vont être simples et qui ne
nécessiteront pas beaucoup de déplacement aux citoyens.
Je pense que les contenants qui ne sont
présentement pas sous consigne, il y a probablement un plus grand pourcentage
de ces contenants-là qui sont consommés à l'extérieur du domicile comme les bouteilles
d'eau, souvent des boîtes de jus dans les écoles. Donc, il y a aussi l'aspect
hors foyer qui va devenir très important.
Présentement notre 74 % de taux de
récupération, il est basé sur le fait qu'on a à peu près, là... là, je vous
donne des chiffres ronds, à peu près autour de 90 % de récupération à
domicile puis dans les 50 % pour ce qui est consommé à l'extérieur du
domicile. Alors, c'est sûr que tout l'aspect hors foyer va être très important
pour être capable de maintenir et améliorer les taux de récupération.
M. Campeau : Je comprends. Une
autre chose qui me dérange, moi, c'est quand vous parlez des contenants de deux
litres. Est-ce qu'il y a un danger que certaines personnes aient la joyeuse
mauvaise idée d'aller à 2,1 litres pour s'exclure de la réglementation?
M. Bisson (Normand) : O.K. Je
pense que les entreprises internationales comme Coca-Cola, Pepsi, les grands
brasseurs, tout ça, je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui ait intérêt. Tu
sais, c'est quand même un marché qui est mondial, alors je pense que non.
Sauf que, bon, je me pose un petit peu la
question en fait puis je vous envoie la question. En fait, je voulais juste
vous informer de ce fait-là. Parce que, quand même, il reste que, bien, si par
exemple il y a un contenant de deux litres dont le compétiteur est à 2,25,
est-ce qu'un pourrait considérer que c'est un désavantage compétitif par
rapport à l'autre ou... tu sais. Puis est-ce qu'on va créer de la confusion au
niveau des citoyens? Pourquoi celui-là, je le rapporte? Pourquoi lui, je ne le
rapporte pas? Donc, je fais juste vous mentionnez. Tu sais, je ne vous dis pas
que c'est obligation de ne pas maintenir cette limite-là. Mais sauf qu'elle
apporte quand même certains enjeux potentiels.
Présentement, au niveau du système de
consigne, vu qu'il n'y a pas beaucoup de contenants de jus et d'autres types de
produits, il n'y en a pas beaucoup, mais je ne connais pas le volume pour des
produits qui ne sont pas présentement sous consigne.
• (12 heures) •
M. Campeau : Je pense qu'il
n'y a pas beaucoup de questions dans ce que je vais vous dire...
12 h (version non révisée)
M. Bisson (Normand) : ...sauf
qu'elle apporte quand même certains enjeux potentiels. Présentement, au niveau
du système de consigne, vu qu'il n'y a pas beaucoup de contenants de jus et
d'autres types de produits, il n'y en a pas beaucoup, mais je ne connais pas le
volume pour les produits qui ne sont pas présentement sous consigne.
M. Campeau : Bien, je pense
qu'il n'y a pas beaucoup de questions dans ce que je vais vous dire, mais plus
un commentaire, mais il y a peut-être un risque, si jamais on allait vers... Et
j'ai déjà vu au Pérou, là, je pense que c'est la «chicha», qu'on appelle, il y
a un contenant de trois litres qui était très populaire. Si jamais les colas
évoluaient vers du trois litres, vu que c'est pétillant, est-ce que ça va
rester pétillant? Ce n'est peut-être pas pareil. Puis il y a peut-être un
danger d'exclure un marché qui n'est pas encore développé, qui pourrait à ce
moment-là être exclu juste parce qu'on a marqué en quelque part «deux litres».
Ça, j'ai une petite inquiétude par rapport à ça.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Vous avez... C'est sûr. C'est pour ça que je l'ai mentionné. Tu sais, je ne
suis pas en train de dire qu'il faut nécessairement questionner le deux litres,
mais je pense que ça vaut la peine au moins de s'arrêter à une analyse rapide
pour s'assurer qu'on n'est pas en train de mettre un critère qui éventuellement
va nous créer des zones grises ou des complications plus tard. Je le dis
seulement dans le sens où il faudrait vraiment regarder si ça serait une idée
de l'augmenter ou non en fonction des derniers qu'on a aujourd'hui.
M. Campeau : Une autre
question : Ce taux-là de 74 %, est-ce qu'on devrait être fiers de ça?
Est-ce qu'on... Bien, je suis sûr qu'on veut tous améliorer. Mais, si on se
compare à d'autres qui ont des systèmes de récupération et de consigne, etc.,
est-ce qu'on est bons, est-ce qu'on on est moins bons? Est-ce que vous avez des
données là-dessus?
M. Bisson (Normand) : Oui. En
fait, si par exemple on regarde les taux de récupération dans le reste du
Canada, notre taux de récupération est, je vous dirais, un peu inférieur à la
moyenne canadienne, mais pas tant que ça, puis il faut aussi tenir compte que
le président de BGE, il a le défaut d'être CA, alors le chiffre de 74 %,
il est extrêmement précis. On déduit, quand on fait nos extrapolations, les
taux d'humidité dans les cannettes retournées, on fait des calculs basés sur
les bouchons manquants, le poids des étiquettes autour d'une bouteille de
plastique et tout. On va vraiment très loin dans notre analyse. Bien, c'est sûr
que, si on fait une extrapolation basée sur un contenant en incluant son
liquide, son étiquette, son bouchon, bien, à ce moment-là, on va avoir un taux
un petit peu plus élevé. Alors, ce que je vous dirais, c'est que notre taux est
déjà bon, puis peut-être qu'une partie de la réponse de pourquoi on est un peu
inférieurs à la moyenne, c'est peut-être parce qu'on calcule de façon plus
précise parfois que certaines juridictions.
M. Campeau : Ça veut dire que
le dernier 26 %, peut-être, c'est idéal, là. Les derniers «pour-cent» vont
être assez difficiles à aller chercher. Et, comme vous l'avez mentionné, il
faut regarder le a, «consommation en dehors des foyers», à ce moment-là. Ça,
c'est plus dur à aller chercher.
M. Bisson (Normand) : ... Vous
savez que vous avez parfaitement raison, le hors foyers est vraiment important,
puis il y a beaucoup qui peut être fait au niveau hors foyers, pui je pense
qu'avec un...
M. Campeau : ...aller chercher,
et comme vous l'avez mentionné, il faut regarder le hors... consommation en
dehors des foyers à ce moment-là. Puis ça, c'est plus dur à aller chercher.
M. Bisson (Normand) : Vous
savez, vous avez parfaitement raison, le hors foyer est vraiment important,
puis il y a beaucoup qui peut être fait au niveau hors foyer. Puis je pense
qu'avec un élargissement de système ça rend encore plus attrayant pour les
opérateurs de sites hors foyer de mettre en place un système. Donc, je pense
que, comme je vous disais tout à l'heure, il va y avoir un pourcentage plus
grand de contenants hors foyer, ça va attirer le tout un peu vers le bas, mais
un élargissement va aussi inciter certaines personnes qui ne le font peut-être
pas aujourd'hui à mettre en place une activité pour récupérer ces contenants-là
sur leur site.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Vous avez évoqué le chiffre de
2 500 de machines que vous avez qui sont déployées actuellement, et alors
ma question... un des enjeux qu'on a, c'est de s'assurer, évidemment, qu'il y
ait une véritable... dans le cadre de cet élargissement, une véritable... un
vrai dessert de l'ensemble des régions de tous les milieux. Et parlez-nous de
votre expérience actuellement par rapidement aux 2 500 machines que
vous avez de déployées.
M. Bisson (Normand) : Bon, tout
à l'heure, il y a un commentaire qui a été fait concernant le fait que les
machines arrêtent tout le temps quand certaines se présentent devant. Peut-être
que ça peut être une question de malchance. Ce que je voudrais vous dire par
rapport à ça, c'est que les machines se sont grandement améliorées au niveau
technologique au fil des années, les machines sont maintenant assez efficaces,
elles brisent extrêmement rarement. Ce qui peut peut-être plus se produire,
c'est si, par exemple, une machine est pleine puis qu'il faut changer un sac,
là, ça peut peut-être expliquer pourquoi certaines personnes doivent attendre
devant la machine, mais au niveau technologique, c'est vraiment très bien.
Les ratios de compaction sont quand même
intéressants, on parle d'un ratio de compaction facilement d'un pour trois,
parfois un pour quatre, donc, ça, c'est toutes des routes de camion de moins et
c'est beaucoup moins d'opérations aussi chez les conditionneurs à cavité. Donc,
les machines ont vraiment une utilité très grande dans le système.
M. Benjamin : Merci. Merci
pour votre réponse. Donc, est-ce donc... est qu'avec les
2 500 machines que vous avez, vous arrivez à assurer une très bonne
couverture, une excellente couverture de l'ensemble du territoire québécois?
M. Bisson (Normand) : On
couvre ce qui est nécessaire d'être couvert présentement en fonction des
volumes actuels, puis s'il y a un élargissement de systèmes, il va vraiment
falloir investir pour automatiser plus d'opérations que c'est le cas présentement.
Comme je vous disais dans ma présentation,
il y a beaucoup de juridictions qui sont très manuelles. Encore aujourd'hui,
ils ont des réseaux de dépôt, mais qui sont manuels puis ils sont en train
d'essayer de faire des ajustements. Mais c'est quand même vraiment très long
partir...
M. Bisson (Normand) :
...automatiser plus d'opérations que c'est le cas présentement.
Comme je vous disais dans ma présentation,
il y a beaucoup de juridictions qui sont très manuelles. Encore aujourd'hui,
ils ont des réseaux de dépôt, mais qui est manuel et ils sont en train
d'essayer de faire des ajustements, mais c'est quand même très long, partir
d'un réseau déjà existant et fonctionnel puis l'amener ailleurs, alors que
nous, là, on a vraiment la chance de, avec le consortium... puis je quand je
dis «nous», je pense beaucoup au consortium sur la modernisation, c'est eux qui
doivent travailler là-dessus, de déterminer quelles vont être les meilleures
pratiques puis les meilleures technologies à mettre en place, autant au niveau
de kiosques potentiels, de dépôts, de machines chez les détaillants puis, évidemment,
les réponses vont varier d'une région à l'autre.
M. Benjamin : Certains intervenants
avant vous nous ont souligné l'importance... qu'une des conditions gagnantes, en
tout cas, pour cet élargissement, ce projet d'élargissement, ça va être le
consommateur, éviter les questions d'incohérence, d'incohésion. Et qu'est-ce
que vous voyez... et comment vous voyez ça, par rapport à la perspective du consommateur?
M. Bisson (Normand) : Je... Ce
que je peux constater, quand je vais visiter mes pairs dans les autres
provinces, c'est qu'il y a une attitude qui existe dans d'autres provinces, qui
n'existe pas au Québec. Comme, par exemple, nous, on est habitués d'aller
devant une machine; si ça prend un peu de temps, on devient impatient
rapidement puis on retourne des contenants où on fait nos emplettes, donc pas
de dépôt.
Il y a beaucoup de provinces où il faut
faire la file avant d'arriver au dépôt, parce que le dépôt est manuel et il
faut rouler plusieurs kilomètres avant d'arriver au dépôt le plus proche. Je
pense que ça, ça serait un frein important pour les consommateurs, donc ça
serait très important d'essayer de maintenir le meilleur service, le plus
simple possible, rapide, propre aussi, parce que dans certaines provinces, on
rapporte les contenants à des dépôts manuels, bien on met les contenants qui
sont relativement propres ou non sur des comptoirs de «stainless steel», qui
sont manipulés manuellement par l'employé du centre de dépôt et tout. Ce n'est
vraiment pas quelque chose auquel on est habitués au Québec.
Donc, vraiment il va falloir travailler
fort pour garder un degré de satisfaction de la clientèle très élevé pour avoir
leur engagement.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Merci, merci d'être là.
Quelques questions. Le matériel que vous
utilisez... que vous récupérerez le plus, est-ce que c'est l'aluminium ou le
plastique?
M. Bisson (Normand) : C'est
l'aluminium, de beaucoup.
M. Leitão : C'est ça.
M. Bisson (Normand) : Environ
85 % de la mise en marché présentement, c'est de l'aluminium. Donc, c'est
vraiment, ce qui est de loin le plus important, qui est également le plus
facile à compresser et qui est le plus facile à vendre...
M. Bisson (Normand) : …c'est
l'aluminium, il y en a beaucoup, environ 85 % de la mise en marché
présentement, c'est de l'aluminium. Donc, c'est vraiment, ce qui est de loin le
plus important, qui est également le plus facile à compresser et qui est le
plus facile à vendre, qui est le meilleur vendeur sur les marchés secondaires.
M. Leitão : C'est ça, c'était
ça, mon point. Évidemment, l'aluminium, c'est un matériel qui est extrêmement
facile à recycler et dont nous avons déjà, au Québec, une industrie assez importante.
Et quand on parle d'économie circulaire, je pense que l'aluminium, c'est un
très bel exemple.
• (12 h 10) •
Maintenant, avec l'élargissement de la
consigne, on va trouver toutes sortes d'autres produits, du carton, plastique,
etc. Bon. Ce n'est pas ça maintenant votre… ce n'est pas ça que vous faites maintenant,
mais quelle est votre opinion? Comment vous pensez qu'on pourrait optimiser
aussi la récupération et, par la suite, le recyclage de ces autres contenants?
Parce que c'est là où, moi, personnellement, j'ai quelques questions, comment
est-ce qu'on pourrait s'organiser pour avoir un certain succès avec le
plastique et les cartons et les autres matériaux?
M. Bisson (Normand) : Oui,
c'est une très bonne question, parce que ça, c'est vraiment un des points sur
lesquels on est les plus fiers, de vraiment avoir 100 % de recyclage,
c'est… tout ce qui est retourné pour la consigne est recyclé. Puis vous avez
raison qu'il faut vraiment être à l'affût puis travailler sur le développement
de marchés secondaires pour s'assurer que le fameux 100 % recyclé qu'on
met dans nos publicités généralement, avec consignation, va demeurer.
Pour les contenants de PET présentement,
il y a des recycleurs de PET, au Québec, qui importent la matière de
l'extérieur. Donc, je sais qu'une partie de la réponse va être simplement de
pouvoir combler des besoins des industries actuelles. Par contre, vous avez
raison qu'entre autres le verre, des multicouches, bon, d'autres matières, il
va falloir travailler à essayer de trouver des débouchés. Puis justement, cette
semaine, j'étais en discussion avec RECYC-QUÉBEC, parce qu'on est en train de
regarder pour accréditer une compagnie qui va faire le traitement de verre,
dont il a été mentionné il y a quelques jours à la commission.
Alors, ce que je peux vous dire, c'est que
RECYC-QUÉBEC déjà, aujourd'hui, travaille vraiment très fort à essayer de
trouver des débouchés, et l'industrie va évidemment poursuivre en ce sens-là
dès qu'on va reprendre la gestion du système. Mais oui, je pense que c'est
vraiment de s'allier avec des transformateurs locaux pour essayer de traiter
les autres matières. Mais j'ai quand même bon espoir que ça peut être fait
puisqu'on réussit déjà à bien le faire pour les matières sous consigne, parce
que la consigne permet un tri à la source qui est essentiellement parfait, donc
c'est beaucoup plus facile de gérer ces matières-là…
M. Bisson (Normand) :
...transformateurs locaux pour essayer de traiter les autres matières. Mais
j'ai quand même bon espoir que ça peut être fait puisqu'on réussit déjà à bien
le faire pour les matières sous consigne, parce que la consigne permet un tri à
la source qui est essentiellement parfait, donc c'est beaucoup plus facile de
gérer ces matières-là. Elles sont très en demande.
M. Leitão : Merci. Une chose
qui... Je vous demande votre opinion, là, ça n'engage pas votre organisation,
mais basée sur votre expérience. On voit que dans l'industrie de
l'embouteillage, donc, depuis quelques années, il y a une tendance vers une
plus grande utilisation d'aluminium pour toutes les raisons qu'on vient de
mentionner. Donc, cette tendance existe déjà. Est-ce que l'État pourrait mettre
en mesure... des mesures qui pourraient accélérer cette tendance-là? Donc,
l'industrie semble vouloir y aller, est-ce qu'on pourrait faire en sorte que ça
aille encore plus vite et qu'on utilise l'aluminium pour d'autres types de
produits qui sont maintenant embouteillés dans du carton ou du plastique?
M. Bisson (Normand) : Bien,
comme vous le dites, il y a déjà un mouvement qui se fait un peu dans ce
sens-là. Je ne suis pas persuadé que le gouvernement devrait essayer d'imposer
une réglementation à ce niveau-là. Je pense que de toute façon, par défaut,
dans un système élargi qui rencontre un taux de récupération de 75 % ou
plus, il risque fort d'y avoir des frais environnementaux qui vont devoir être
appliqués, puis ces frais-là vont évidemment être impactés par le degré de
recyclabilité des contenants. Alors, je pense que de toute façon, déjà, à la
base, les embouteilleurs ont avantage à mettre en marché des produits qui sont
le plus facilement recyclables puis pour lesquels il y a un meilleur marché.
Donc, je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire d'aller au niveau de la
réglementation. Mais, comme vous l'avez dit en préambule, je vous donne mon
opinion personnelle seulement ici.
M. Leitão : ...question
rapide. Vous êtes le premier qui mentionne la question... mouvement
transfrontalier, en ce qui concerne surtout nos voisins de l'Ontario et du
Nouveau-Brunswick. Est-ce que c'est un phénomène vraiment important? Est-ce
qu'on va porter nos cannettes et nos bouteilles au Nouveau-Brunswick? C'est la
première fois franchement que j'entends ça, est-ce que c'est quelque chose de
très répandu ou c'est juste un risque que vous soulevez?
M. Bisson (Normand) : C'est
quelque chose qui est... Bien, vous voyez, nous, ici, présentement, au Québec,
on a un avantage, comme on a une consigne partielle, les contenants consignés
portent la mention Consignée Québec. Alors, ça facilite vraiment beaucoup le
travail d'inspection et d'audit, et donc on est capables d'identifier les
volumes transfrontaliers. Par exemple, on peut avoir des grossistes, qui vont
aller s'approvisionner à Hawkesbury, qui vont vouloir ramener des contenants
non consignés pour les vendre ici, parce que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici.
M. Bisson (Normand) : O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
La question était certainement pertinente, mais malheureusement, vous avez...
le temps qui est imparti pour votre groupe, M. le député de Robert-Baldwin.
Alors...
M. Bisson (Normand) : ...par
exemple, on peut avoir des grossistes qui vont aller s'approvisionner à Hawkesbury
qui vont vouloir amener des contenants non consignés pour les vendre ici, parce
que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici. La question était certainement pertinente,
mais malheureusement, vous avez... le temps qui est imparti pour votre groupe, M.
le député de Robert-Baldwin. Alors, je passe la parole à la députée du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Bonjour,
monsieur... j'oublie votre nom...
Une voix
: Bisson.
Mme Ghazal : M. Bisson, oui,
bonjour. Donc, moi, j'ai 2 min 45 s, je vais aller vite. Vous
avez parlé des machines, que vous en avez 2 500. Est-ce que vous allez
participer au processus d'achat de nouvelles machines, puisqu'il va falloir en
déployer dans les centres de dépôt, et tout ça? Est-ce que vous faites partie
de ces choix-là? Est-ce que vous allez faire partie des gens qui vont aller en appels
d'offres, là, consortium, et tout ça?
M. Bisson (Normand) : Présentement,
le consortium, bon, étant donné qu'on valide à une responsabilité élargie de
producteurs, les industries ont demandé de former eux-mêmes un consortium pour
déterminer eux-mêmes le modèle, et dans leurs études, ça va inclure, entre
autres, la question de la technologie. BGE n'est pas impliqué dans le comité du
consortium. On fait, avec RECYC-QUÉBEC, partie d'un comité externe, mais nous,
on ne travaille pas sur le développement des projets du consortium à ce
stade-ci. On fait juste recevoir les rapports d'avancement.
Mme Ghazal : Dans le fond,
vous avez dit qu'il y avait 2 500 machines qui sont déployées, que vous
gérez ça. Donc, il va y en avoir... il va falloir en ajouter d'autres. Vous
avez l'expertise, vous connaissez ces machines-là. Et quelqu'un qui avait
évoqué la compagnie Tomra... Ça fait que je voulais juste vous entendre
là-dessus, dans le fond, par rapport à ça, par rapport à votre expertise. Mais
vous dites que vous ne serez pas vraiment impliqués dans le processus, si je
comprends bien?
M. Bisson (Normand) :
Exactement, pas au niveau du processus de choix, et tout ça. Mais sauf
qu'évidemment les membres du consortium nous consultent quand même pour nous
demander notre opinion sur certaines choses. Mais on n'est pas impliqués
directement dans ce travail-là. Mais on est toujours intéressés à donner notre
expertise quand c'est demandé et on le fait régulièrement. Malheureusement, on
n'a pas beaucoup de temps, mais j'aimerais beaucoup vous parler de la qualité
des machines qui existent présentement, le fournisseur Tomra, et aussi d'autres
machines potentielles ailleurs dans le monde. On manque un peu de temps,
malheureusement, je pense.
Mme Ghazal : Mais... Puis,
dans le fond, il y a juste une phrase que je ne comprenais pas dans votre
mémoire. Vous disiez : «Elles doivent, les machines, cependant évoluer à
l'intérieur de contraintes nous n'aurons pas à composer. Il est ainsi important
de tenir compte des enseignements de modèles élargis existants, tout en gardant
en tête que nous pouvons aller plus loin.» Et je n'ai pas vraiment compris de
quoi vous parlez exactement... mémoire.
M. Bisson (Normand) : O.K. Ce
que je voulais dire par là, c'est que dans les autres juridictions canadiennes,
entre autres, tous les réseaux ont été développés sur un principe de dépôt
manuel, et, maintenant, tranquillement, ils sont en train de changer ça. Ils
essaient d'automatiser certaines parties de leurs systèmes, entre autres, tous
les systèmes ou les équipements de «back-office»...
M. Bisson (Normand) : ...les
autres juridictions canadiennes, entre autres. Tous les réseaux ont été
développés sur un principe de dépôt manuel, et, maintenant, tranquillement, ils
sont en train de changer ça. Ils essaient d'automatiser certaines parties de
leurs systèmes, entre autres, tous les systèmes ou les équipements de «back
office», et tout. Mais avant d'être capable d'en venir à mettre en place des
machines qui vont traiter carrément la reprise du contenant, ça demande un
changement vraiment très important, alors que nous, on a la chance, dès le
départ, entre autres, de considérer des kiosques automatisés où la personne
irait, déposerait tous ses contenants...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous couper ici encore.
Mme Ghazal : C'est bon.
C'était clair. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'était clair? Bon. Alors, Mme la députée du troisième groupe d'opposition, Mme
la députée... Gaspé, pardon.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. Brisson. En fait, vous avez eu l'air de ne pas
être nécessairement en faveur du retour optionnel, là, chez les détaillants ou,
du moins, leur participation. Je voulais savoir si... Pour vous, bon, ce n'est
peut-être pas quelque chose qui vous touche, personnellement, mais on a quand
même entendu certains groupes, là, à la défense du maintien, tu sais, du
système pour les CRM, donc les contenants réutilisables multiples... à
réutilisations multiples. Alors, je voulais savoir, est-ce que ça faisait
partie de vos observations? Est-ce qu'on devrait traiter ces deux types de
contenants là de façon distincte? J'aurais aimé avoir votre opinion là-dessus.
M. Bisson (Normand) : Oui. Je
suis content que vous me donniez l'occasion de donner mon point de vue
là-dessus. Je pense effectivement que les brasseurs présentement ont un réseau
de récupération à la livraison qui est quand même bien structuré pour la
question des bouteilles de verre de bière. C'est d'ailleurs pour ça qu'on ne
met pas ces chiffres-là dans nos taux de récupération, habituellement, parce
que c'est tellement distinct, au niveau logistique, que ça viendrait un petit
peu fausser, je trouve, les résultats. Donc, oui, je pense qu'il y a un intérêt
à évaluer la possibilité que les bouteilles de bière en verre demeurent dans
les magasins.
Mon point, par rapport à la participation
optionnelle, c'est que comme, par exemple, en Colombie-Britannique, les
magasins... des contenants alcoolisés doivent être retournés chez les magasins
qui vendent des contenants alcoolisés, les magasins réguliers récupèrent
seulement ce qu'ils vendent. Alors, ça fait que, si on a un contenant alcoolisé
et non alcoolisé, il faut faire deux détours, ce qui fait que tout le monde
décide, à la place, d'aller dans les dépôts. Puis même si on parle d'un système
hybride, en réalité, il y a juste 6 % des contenants, en
Colombie-Britannique, qui passent par les détaillants, parce que ce n'est pas
pratique.
• (12 h 20) •
Mme Perry Mélançon : Merci
pour la réponse. Rapidement, vous avez mentionné plusieurs éléments, taux de
récupération qui sont essentiels, harmoniser les taux de consigne, etc., nombre
de points de retour qui doit être fixé. Est-ce que vous pensez que ça doit être
vraiment fixé dans un cadre légal, ou dans un règlement, c'est un peu... à quel
endroit vous voulez que ça se retrouve? Qu'on soit plus strict dans le projet
de loi?
M. Bisson (Normand) : Vous
voulez dire au niveau des taux de récupération? Bien, en fait, ce que je
dirais...
Mme Perry Mélançon : Bien, de
plusieurs éléments, oui, que vous avez mentionnés.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Tout ce que je voudrais, c'est que quand on établit des objectifs... qu'on les
établisse en fonction des bonnes définitions, puis je voulais être sûr que
c'était bien compris, la distinction entre taux de récupération, et tout ça.
Mais...
Mme Perry Mélançon : …bien, de
plusieurs éléments… oui, vous avez mentionné…
M. Bisson (Normand) : Oui.
Tout ce que je voudrais, c'est que quand on établit des objectifs… qu'on les
établisse en fonction des bonnes définitions, puis je voulais être sûr que
c'était bien compris, la distinction entre taux de récupération, et tout ça, mais
si c'est au niveau de la loi ou du règlement, ça, je pense que ça reste à être
défini, là, je suis… Il y a des avantages à aller des deux côtés.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup, M. Bisson, d'avoir participé aux travaux de notre
commission. Alors, je vous souhaite un beau week-end. Et nous allons faire
notre courte pause pour maintenant entendre la coop Les Valoristes.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise à 12 h 26)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Nous allons reprendre nos travaux pour entendre maintenant les
représentants de la coop Les Valoristes. Donc, comme vous savez, vous avez
10 minutes pour faire votre présentation. Je vous inviterais à décliner
vos noms et vos titres, et vous avez la parole.
M. Bourrely (Frédéric) :
Écoute, Marica, je te laisse décliner ton nom et ton titre et je ferai la
présentation peut-être.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, mon nom, c'est Marica Vazquez Tagliero. Je suis coordonnatrice, et
cofondatrice, et vice-présidente de la coopérative de solidarité Les
Valoristes.
M. Bourrely (Frédéric) : Mon
nom à moi, c'est Frédéric Bourrely, je suis consultant et j'accompagne
stratégiquement la coopérative dans son changement d'échelle et l'implantation
de ses dépôts permanents à Montréal.
Si vous voulez, donc, bien, dans les
10 minutes qui viennent, on va reprendre un petit peu le contenu du
mémoire qui a été transmis. J'espère que vous avez eu suffisamment de temps
malgré les travaux de la commission pour en prendre connaissance.
Notre mémoire se structure en trois axes.
Le premier, c'était de rappeler notre soutien à l'élargissement de la consigne
et à la création d'un réseau de dépôt. On rappelait, dans le mémoire, les cinq
grands avantages que nous voyons à une consigne renforcée et élargie. La
deuxième partie de notre mémoire, on précisait la spécificité des dépôts à
vocation sociale comme celui des Valoristes en centre-ville de Montréal. Et,
dans la troisième partie du mémoire, on propose des solutions pour intégrer ces
dépôts à vocation sociale dans le projet... donc, dans le futur système de
gestion de la consigne...
M. Bourrely (Frédéric) : …la
deuxième partie de notre mémoire, on précisait la spécificité des dépôts à
vocation sociale comme celui des Valoristes dans le centre-ville de Montréal.
Et dans la troisième partie du mémoire, on propose des solutions pour intégrer
ces dépôts à vocation sociale dans le projet… donc dans le futur système de
gestion de la consigne et notamment quelques balises pour obtenir un bon équilibre
entre une certaine diversité dans cet écosystème de récupération, une vocation
sociale et, en même temps, une certaine standardisation, une efficacité.
Je vais reprendre juste, sans les
détailler, les cinq avantages d'une consigne élargie. Le premier qu'on voyait,
ça concerne… puis, encore une fois, vous comprendrez, pour tout notre
témoignage, que l'expérience des Valoristes est une expérience centrée sur le
mode de vie en centre-ville, la consommation hors foyer et puis le travail très
spécifique qui est réalisé par Les Valoristes, donc ces personnes qui ramassent
des contenants consignés, qui les collectent sur les espaces publics principalement
et qui assurent une efficacité, une performance du système de collecte en
générant un revenu à partir de la consigne.
Donc, les cinq avantages que nous voyons
dans une consigne élargie, c'est donc de réduire les effets néfastes de la
consommation hors foyer, notamment les déchets sauvages en centre-ville. C'est
d'agir comme un catalyseur de recyclage pour les grands événements et les
institutions, donc institutions, commerces, industries qu'on nommera ICI dans
le reste du document. Simplifier le système de consigne qui, aujourd'hui, est
beaucoup trop complexe. L'élargissement permettra donc de faciliter le reste de
simplifier les processus. Le quatrième avantage que nous voyons, c'est la
réduction à la source qui est le premier objectif de la hiérarchie
environnementale des 3RVÉ. Et le cinquième avantage sur lequel nous insisterons
plus aujourd'hui, qui est de renforcer les impacts sociaux positifs de la
consigne.
En deuxième partie de notre présentation,
on voulait insister sur la spécificité et l'aspect différenciation de dépôt tel
que celui de la coopérative des Valoristes opère, depuis huit ans maintenant à
Montréal, de manière saisonnière. C'est un dépôt qui a la particularité
d'offrir un accueil humain et chaleureux à des personnes pour qui la consigne
est un mode de vie, est une source de revenus, et qui sont souvent,
malheureusement, mal accueillies dans les systèmes traditionnels de
récupération type gobeuse, type machine chez les détaillants.
• (12 h 30) •
Notre système offre des perspectives de
réinsertion sociale à des personnes exclues du marché du travail. Et tous nos
calculs, toutes nos projections montrent qu'opérer à l'année sur un volume de
contenants quatre à cinq fois supérieur que celui que nous récupérons
aujourd'hui permettrait de créer des postes permanents en réinsertion sociale.
La Coopérative Les Valoristes, pour ceux qui la connaissent, ont un engagement
environnemental très fort, c'est dire que toutes ses activités de collecte de
récupération, de tri, ce sont…
12 h 30 (version non révisée)
M. Bourrely (Frédéric) :
…quatre à cinq fois supérieur que celui que nous récupérons aujourd'hui
permettrait de créer des postes permanents en réinsertion sociale.
La coopérative des Valoristes, pour ceux
qui la connaissent, a un engagement environnemental très fort, c'est-à-dire que
toutes ses activités de collecte, de récupération, de tri se sont aussi
toujours accompagnées d'éducation, de sensibilisation du public,
sensibilisation des Valoristes, des détaillants. La coopérative a toujours agi
comme un renfort au système officiel de récupération de consigne, notamment en
partenariat avec les détaillants qui, au centre-ville de Montréal, n'ont pas
toujours l'espace pour gérer la matière qui leur revient.
C'est une coopérative aussi qui mise sur
l'innovation, sur l'efficacité. Nous allons ouvrir cet hiver, c'est… je pense
que c'est bientôt officiel, un point de dépôt au centre-ville de Montréal que
nous souhaitons équiper de machines automatisées. Et, dans nos perspectives,
donc, quand le dépôt des Valoristes sera intégré dans le système officiel de
consigne, nous souhaitons miser sur les volumes, l'efficacité et la
mécanisation.
En troisième point, je voulais vous présenter
l'arrimage que nous avons imaginé pour les dépôts d'économie sociale, notamment
celui des Valoristes, dans le futur système de consigne. D'abord, nous pensons
qu'il est important d'intégrer les critères environnementaux, sociaux dans le
choix des opérateurs de dépôts pour le prochain système. Nous pensons que le
système de retour chez les détaillants et de dépôt officiel serait
potentiellement enrichi et complété avec des dépôts à vocation sociale,
notamment pour les enjeux spécifiques des centres-villes. Nous demandons au
gouvernement de s'assurer qu'un certain nombre des dépôts en milieux
environnement dense, inclut une mission sociale de dialogue et d'intégration
comme nous le faisons depuis huit ans.
Nous comprenons le défi de mise en place
d'un système standardisé. Nous comprenons que ça ne peut pas être un système où
chaque intervenant à vocation sociale ou à vocation environnementale peut
participer ou peut prétendre participer au système de consigne. Nous proposons
trois balises. La première de ces balises est d'intégrer au futur système des
organismes dont la mission principale est le retour de la consigne, de
peut-être éventuellement limiter ces interventions dans les centres-villes qui
ont des spécificités en termes événementiels, ICI, et puis enjeux de
consommation hors foyer, et puis de privilégier les organismes d'économie
sociale, notamment ceux qui ont un impact très fort sur le milieu en termes de
lutte à la pauvreté et d'accès à un revenu décent.
Le… peut-être, en conclusion, on voulait
rappeler à quel point on est... on suit de près, comme vous l'avez répété,
l'évolution de la consigne. Depuis huit ans, on l'a défendue, on a défendu
notamment sa valeur environnementale, mais aussi son impact social…
M. Bourrely (Frédéric) : peut-être,
en conclusion, on voulait rappeler à quel point on est... on suit de près,
comme vous l'avez répété, l'évolution de la consigne depuis huit ans. On l'a
défendue, on a défendu notamment sa valeur environnementale, mais aussi son
impact social. L'augmentation de la valeur de la consigne est quelque chose qui
nous tient à coeur, l'augmentation de son volume. Par contre, on pense que
c'est un système qui bénéficierait de la présence officielle et reconnue
d'acteurs d'économie sociale qui ont cette double vocation environnementale et
sociale au coeur de leur mission, et puis qui ont démontré, je pense, au cours
des huit dernières années, leur résilience, leur engagement et puis leur
volonté de coopérer pour évoluer et changer d'échelle. Voilà.
Donc, après, on est ouverts à toutes les questions.
On est conscients qu'on est dans une phase très préliminaire de ce grand
mouvement. Par contre, voilà, on pense que l'intégration au plus tôt de l'économie
sociale, et la reconnaissance du travail des Valoristes, et la spécificité des
centres-villes seraient un facteur-clé de succès. Voilà, je pense qu'on a
atteint les 10 minutes.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la Présidente.
À vous deux, madame, monsieur... un plaisir de vous entendre ce matin. J'ai eu
l'occasion, là, de me pencher sur l'exemple drôlement intéressant des
Valoristes à quelques reprises. Bravo pour le travail qui est fait!
Peut-être, vous mentionnez... vous avez
dit, en conclusion, qu'on est au premier balbutiement d'une étape qui va
s'échelonner sur quelques années. C'est bien de le rappeler, mais peut-être
vous mentionner aussi que nous avons constitué des comités de travail, et un
s'est vu confier la tâche d'aborder la question, justement, là, du volet
sociétal, du volet accompagnement au milieu communautaire. Donc, effectivement,
ça fait partie de nos préoccupations.
Sinon, peut-être nous donner l'exemple
d'une situation idéale pour vous. Je sais que vous êtes en milieu très
urbanisé, effectivement, vous avez des espaces qui vous sont accessibles. Mais
qui assure la permanence, en quelque sorte, de cet espace-là? Comment les
personnes qui viennent déposer des contenants sont accompagnées? Est-ce que
vous disposez d'équipements technologiques, ou ce ne sont que des ballots ou
des sacs de contenants qui vous sont remis? Peut-être juste pour que celles et
ceux qui nous écoutent puissent mieux comprendre la situation dans laquelle
vous vivez et ce que vous souhaiteriez, éventuellement, comme évolution dans
vos opérations.
M. Bourrely (Frédéric) : Tout
à fait. Merci beaucoup pour... cette opportunité. Marica, est-ce que... tu
voudras... Je vais peut-être commencer par un portrait global et puis je te
laisserai compléter, je... Comment tu le sens?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Oui.
M. Bourrely (Frédéric) : Donc,
la coopérative des Valoristes, donc, c'est... est constituée avec, donc, des
salariés, et puis rémunère aussi, donc, ses trieurs avec...
M. Bourrely (Frédéric) : ...merci
beaucoup pour nous laisser cette opportunité. Marica, est-ce que tu voudras...
je peux peut-être commencer par un portrait global et puis je te laisserai
compléter. Comment tu le sens?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Oui.
M. Bourrely (Frédéric) : Donc,
la coopérative des Valoristes, donc, c'est... est constituée avec, donc, des
salariés et puis rémunère aussi, donc, ses trieurs avec des systèmes de per
diem. Donc, aujourd'hui, c'est une entreprise qui opère, donc, depuis huit ans
au centre-ville de Montréal de manière saisonnière, donc, sous le pont
Jacques-Cartier. C'est un espace extérieur qui est très adapté à la
récupération des gros volumes, donc des volumes qui sont des... qui viennent
d'événements publics, des volumes qui viennent de tour à bureau et des volumes
qui sont importés par les membres de la coopérative qui sont Les Valoristes.
Donc, ils arrivent au dépôt avec des grands sacs, souvent de contenants
écrasés, qui sont des sacs souvent prétriés.
Pour vous donner un ordre de grandeur,
cette année, c'est 2,4 millions de contenants qui ont été récupérés par le
dépôt des Valoristes. C'est 5 000 dépôts environ qui ont été réalisés cet
été.
Là, on est dans une phase de changement
d'échelle, c'est-à-dire qu'à partir du mois de novembre, si tout va bien, Les
Valoristes vont pouvoir opérer à l'année dans un local fermé au centre-ville de
Montréal, donc, qui leur permettra d'accueillir tous les... enfin, peut-être
quatre jours ou cinq jours semaine, on est en train de vérifier, donc les
volumes qui seront apportés encore une fois par Les Valoristes, les organisateurs
d'événements, les tours à condos ou les ICI.
C'est un dépôt qui sera ouvert aux
citoyens, mais on est conscients que... Dans notre système idéal ou dans ce
qu'on imagine pour le retour de la consigne, nous, on travaille beaucoup avec
les détaillants qui ont une offre, en effet, mécanisée et puis de proximité qui
est très, très adaptée à la consommation régulière des citoyens et qui permet
un retour facile des contenants. Par contre, en effet, dès qu'on arrive à des
volumes plus importants, notamment les personnes qui arrivent avec trois,
quatre sacs ou avec un camion qui revient d'un événement comme Juste pour rire,
il faut bien accueillir ces volumes-là dans un espace différent du hall d'un
détaillant. Et en même temps, il y a un certain intérêt, parce que nos
Valoristes sont à pied, à vélo, à ce que cet espace, donc, de nature plus
industriel, de nature plus commercial de traitement de gros volumes soit en
centre-ville, soit accessible.
Aujourd'hui, de par la complexité du
système de consigne, le tri se fait manuellement dans des piscines, c'est-à-dire,
dans des... c'est un tri visuel et ce ne sont quasiment que les Valoristes qui
sont capables de le faire parce que sur un sac qui vient de... il y a
énormément de contamination, il y a énormément de contenants non consignés, et
donc il faut être capables de reconnaître très, très rapidement quel contenant
est consigné ou pas consigné. Et cette expertise-là a été développé au plus au
point par les Valoristes.
Dans un futur système simplifié, élargi,
on envisage que notre dépôt au centre-ville de Montréal soit équipé de gobeuses
traditionnelles comme chez les détaillants pour le citoyen qui viendrait avec
des petits volumes, soit équipé d'un espace de tri... en fait, il faut
absolument enlever manuellement certains contaminants avant d'arriver vers une
mécanisation plus forte, et une première étape de mécanisation pourrait être
faite dans l'entrepôt du centre-ville des Valoristes. Un...
M. Bourrely (Frédéric) :
...viendrait avec des petits volumes, soit équipé d'un espace de tri... en
fait, il faut absolument enlever manuellement certains contaminants avant
d'arriver vers une mécanisation plus forte. Et une première étape de
mécanisation pourrait être faite dans l'entrepôt du centre-ville des
Valoristes. Un partenariat pourrait être fait avec l'organisme de gestion aussi
pour que, suite à une première collecte et un premier tri, les contenants
soient acheminés vers un entrepôt plus centralisé. Il s'agit bien d'un dépôt
spécifique et d'un dépôt taillé pour une dizaine de millions de contenants qui
viennent par un chemin particulier, donc qui est très complémentaire aux
détaillants du centre-ville et complémentaire peut-être à des grands dépôts
régionaux mécanisés.
• (12 h 40) •
M. Charette : Votre mission
sociale en est une notamment d'accompagnement de vos membres notamment, mais
elle permet aussi... j'imagine, le citoyen qui désire aider vient vous porter
des contenants sans forcément récupérer le montant de sa consigne. Donc, ça
vous fait des revenus de cette façon-là, oui.
M. Bourrely (Frédéric) : Tout
à fait. Il y a l'activité sociale des Valoristes financée, en très petite
partie mais tout de même, par les contenants qui sont proposés, offerts par les
citoyens ou même les entreprises qui décident... ou les festivals qui ne
récupèrent pas leur consigne. C'est une source de financement. Il y a des
financements traditionnels du communautaire, donc, par la ville ou par la
Caisse d'économie solidaire Desjardins, des partenaires de longue date qui
financent le volet social des Valoristes et qui permettent, en effet, d'avoir
une intervention humaine, c'est-à-dire que...
Avant tout, il y a un contact humain
quand... Bien, Marica connaît très, très bien les valoristes de Montréal, ce
sont des personnes qui parfois vivent légèrement en marge de la société ou qui
bénéficient de ce revenu parce qu'ils n'ont pas forcément accès à d'autres
réseaux plus structurés. Et donc c'est un premier contact qui est fait avec ces
personnes-là, et il y a une forme d'intervention psychosociale. Au-delà de la
chaleur et de l'accueil, il y a une intervention psychosociale structurée qui
est faite par des financements complémentaires. C'est-à-dire que, dans notre
vision, le dépôt des Valoristes est un dépôt professionnel qui mérite
rémunération pour le tri qu'il fait. Mais sur... Il y a d'autres voies de
financement qui nous permettent de compléter cette activité de tri avec une
activité psychosociale.
M. Charette : Merci beaucoup.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, si je pourrais ajouter... Je pourrais ajouter quelque chose. Notre
mission sociale, elle est établie. On a décidé de faire cette structure, une
coopérative, une entreprise d'économie sociale pour pouvoir justement intégrer
les valoristes et d'autres citoyens dans la composition de notre entreprise.
Parce que c'est un sujet qui intéresse tout le monde, pas juste aux valoristes,
mais la gestion des matières résiduelles intéresse tout le monde, intéresse
aussi aux citoyens.
Notre mission sociale est aussi basée dans
un besoin, un besoin. Quand on a commencé ce projet-là, on connaissait déjà le
terrain, on travaillait déjà avec des valoristes et on comprenait les besoins
de la part des valoristes, mais aussi de la part des détaillants, mais des
valoristes du centre-ville de Montréal, justement au centre-ville de Montréal.
Ça fait qu'eux...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...besoin. Quand on a commencé ce projet-là, on connaissait déjà le terrain, on
travaillait déjà avec les valoristes et on comprenait les besoins de la part
des valoristes, mais aussi de la part des détaillants, mais des valoristes du
centre-ville de Montréal, justement au centre-ville de Montréal. Ça fait
qu'eux, avec les événements, la quantité de gens qui viennent travailler, c'est
un demi-million de personnes qui rentrent puis qui sortent du centre-ville, la
collecte hors foyer, ils avaient des événements, ce n'est pas juste dans les
événements, c'est la... Ça fait qu'il y en avait maintenant une opportunité
pour ces gens-là de ramasser des énormes quantités de contenants. Ça fait
qu'eux, pour les détaillants, ça a été un petit peu plus dur parce que ces
gens-là venaient avec justement d'énormes quantités de contenants. Ça fait
que... C'est ça qu'on veut, là. On veut que ces contenants, ils retournent au
système de la consigne. C'est ça, le but.
Mais qu'est-ce qui m'inquiète, et c'est
pour ça qu'on a ouvert cette coopérative, une entreprise participative aussi,
c'est d'apporter des solutions, apporter des solutions pour les valoristes,
pour les détaillants du centre-ville. On parle toujours du centre-ville de
Montréal, je ne parle pas d'ailleurs, je ne connais pas ou ne connais peu. Ça
fait que notre mission sociale était basée surtout à donner des services à ces
gens et les intégrer dans l'entreprise parce qu'ils sont des experts de terrain
puis je connais très bien le travail. Et voilà! C'était une mission sociale qui
est... a aussi, comme n'importe quelle entreprise d'économie sociale, des
objectifs économiques financiers. Merci.
M. Charette : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir de vous retrouver. La
dernière fois c'était au bureau de comté et ça avait été fort intéressant. Vous
savez déjà que je suis très sympathique à votre cause, c'est fait avec beaucoup
de coeur et beaucoup de sincérité de façon très évidente, mais vous faites
aussi quelque chose d'extrêmement utile pour la société parce que vous créez
une habitude de travail envers... pour des gens qui parfois n'en ont pas et ça
leur donne une certaine dignité aussi avec les revenus qu'ils peuvent obtenir
eux autres même. Ça aussi, c'est extrêmement intéressant.
Une chose que j'ai toujours trouvé
malheureuse, c'est l'opération saisonnière. Vous venez de dire que vous allez
pouvoir maintenant la rendre à cinq jours semaine. Est-ce qu'il y a un objectif
de le rendre à sept jours semaine? Parce que si on augmente le nombre de
contenants, peut-être que vous allez en recevoir beaucoup plus et j'imagine que
ça devrait aider beaucoup, parce qu'on ne veut pas avoir d'accumulation qui va
se faire pendant les deux jours où ça n'opère pas. Est-ce que vous avez des
idées en ce sens-là pour le futur?
M. Bourrely (Frédéric) : Bien
sûr, on...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Mais... absolument, absolument.
M. Bourrely (Frédéric) : Tu
veux que j'y aille, Marica?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Je te laisse commenter?
M. Bourrely (Frédéric) :
Vas-y.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
D'accord. Oui, absolument. Alors, c'est sûr que, quand on a commencé le projet,
il fallait tester...
M. Bourrely (Frédéric) : ... bien
sûr, on...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Mais... absolument, absolument.
M. Bourrely (Frédéric) : Tu
veux que j'y aille, Marica?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Je te laisse commencer.
M. Bourrely (Frédéric) :
Vas-y.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
D'accord. Oui, absolument. Alors, c'est sûr que, comme on a commencé le projet,
il faudrait tester qu'est-ce qu'on faisait, est-ce que ça a bien marché. Puis
on a vu que ça a marché. On a eu toutes sortes de moments, pendant ces
années-là, mais aujourd'hui, on a surtout beaucoup de connaissances du terrain
et des besoins du système des Valoristes et des Valoristes.
Nous... Qu'est-ce que les gens me disent,
qu'est-ce que les Valoristes m'ont déjà dit, par exemple, dans le parc La
Fontaine, c'est : S'il vous plaît, ouvrez le dépôt après que le parc est
fermé, je vous donnerai une partie de mes consignes. J'ai juste besoin d'une
place pour rapporter ces contenants-là. Et ce n'est pas juste moi. Les gens
vont être contents de vous donner une partie de la consigne pour qu'on puisse
aller chercher d'autres contenants et se libérer de ces contenants-là, parce
que, pour eux, c'est une difficulté.
Ça fait que toutes ces choses-là sont
prises sérieusement en considération par nous. Moi, la façon que je le vois,
là, à partir de notre expérience, c'est que, pendant l'été, ce dépôt va être
ouvert tous les jours de la semaine, un petit peu un petit peu comme un
écocentre. Ça va être ouvert tous les jours de la semaine. Les horaires, il
faut qu'on décide qu'est-ce... qui... quoi... quels sont les meilleurs horaires.
Peut-être avoir des dépôts mobiles qui se déplacent pour justement aller
chercher des contenants, de certains types d'opération des parcs, etc. Il y a
toutes ces choses-là qu'on a beaucoup de connaissances. Puis c'est une question
de... Et comme la moitié des contenants vont être plus... 50 % des
contenants vont être consignés, il va y avoir en masse de contenants.
Ça fait que oui, ça, c'est sept
jours/semaine, horaire à définir. On a besoin de voir ça avec nos membres.
Est-ce que ça pourrait être 24 heures? On ne sait pas, ça pourrait. Et l'hiver,
comme il y a moins de consommation en foyer, et les choses sont un peu plus à
l'intérieur, on vise peut-être réduire les horaires de fonctionnement à...
encore une fois, comme un écocentre. Ça fait que, nous, on va se baser dans les
besoins des terrains, qui est... on a déjà une bonne connaissance.
M. Campeau : O.K. Bien, les
gens qui sont venus faire une présentation... Le mémoire du précédent, par M.
Bisson, de Boissons gazeuses Environnement, parlait du problème de récupération
du... qu'on appelle les ICI, donc les commerces et industries. Alors, c'est une
chose où vous aidez déjà, où vous pourriez même en faire plus si vous aviez
plus de moyens, j'imagine, parce que c'est une façon d'aller chercher pas mal
de contenants, avec un minimum d'efforts. Mais l'idée, c'est de se rendre là.
Là, actuellement, vous êtes à vélo.
M. Bourrely (Frédéric) :
Non...
M. Campeau : J'ai mal compris
ce bout-là?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...
M. Bourrely (Frédéric) : Bien,
il faut peut-être préciser, en effet, vous avez raison, ce sont les Valoristes
qu'on accueille qui sont souvent à pied, à vélo...
M. Campeau : ...c'est une
façon d'aller chercher pas mal de contenants, avec un minimum d'efforts. Mais
l'idée, c'est de se rendre. Là, actuellement, vous êtes à vélo.
M. Bourrely (Frédéric) :
Non...
M. Campeau : J'ai mal compris
ce bout-là?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...
M. Bourrely (Frédéric) : Bien,
il faut peut-être préciser, en effet, vous avez raison, ce sont les valoristes
qu'on accueille qui sont souvent à pied, à vélo. Par contre, la coopérative
utilise des camions pendant l'été pour collecter les événements et les ICI.
Vous avez parfaitement raison sur les deux sujets que vous avez apportés,
l'ouverture trois, quatre, cinq jours semaine en été n'est pas assez. Il y a de
l'accumulation de contenants, et avec l'élargissement de la consigne, avec
l'élargissement de notre clientèle, comme disait Marica, on va devoir répondre
au besoin et on voit arriver le moment où on sera ouverts sept jours semaines.
Les ICI sont une clientèle complexe, parce qu'en n'étant ouvert que l'été, il
est difficile de pérenniser un service. Avec le projet pilote d'ouverture en
hiver qui débute bientôt, et donc notre capacité, on l'espère, en 2021‑2022,
d'opérer à l'année longue, on est sûrs de fidéliser une clientèle ICI, c'est-à-dire
de pouvoir réaliser des collectes avec un camion Valoristes dans les tours à
condos et les ICI du centre-ville.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, nous, si je peux ajouter, on a quelques... On n'a jamais investi plus de
temps que ça, justement à cause de qu'est-ce que Frédéric vient de dire, qu'on
n'a pas une place toute l'année. Mais on a réussi dernièrement à avoir une
entente avec le complexe Desjardins pour pouvoir continuer, de façon annuelle,
depuis peut-être deux ans, la collecte des ICI. Mais on ne peut pas la
développer, hein, on s'entend que, oui, le complexe Desjardins, fabuleux
partenaire à nous, nous prête des espaces en bas pour notre collecte ICI, mais
on ne peut pas la développer. Et ça, c'est quelque chose que... c'est très
important pour nous, de développer ces contenants, parce que, justement,
l'hiver, la consommation intérieure... et on sait, il y a une grande partie des
contenants qui sont consommés à l'intérieur, les gens ne sont plus à
l'extérieur, ils sont à l'intérieur, la consommation est encore là. Ça.
• (12 h 50) •
L'autre chose. C'est que nous, on est
vraiment... on croit vraiment qu'on peut changer les comportements des
entreprises, spécialement avec une consigne élargie, parce que ça devient
beaucoup plus facile de savoir que tous les contenants sont consignés, mais
qu'on peut changer les comportements de certaines entreprises à mettre de côté
ces contenants-là pour des causes comme la nôtre. Et ça, je pense...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici parce que c'est au tour, maintenant, de
l'opposition officielle de vous poser des questions. M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci d'être là. Et je vous invite à continuer là où vous
étiez. Continuez votre pensée, s'il vous plaît.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Merci beaucoup. Ça fait que c'est ça, nous, on pense que nous et peut-être
d'autres entreprises d'économie sociale vont pouvoir...
M. Leitão : …merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci d'être là, et je vous invite à continuer, là où vous
étiez, continuer votre pensée, s'il vous plaît.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Merci beaucoup. Ça fait que c'est ça, nous, on pense, nous, et peut-être
d'autres entreprises d'économie sociale vont pouvoir encourager davantage à
cause justement de leur mission sociale, à cause que chaque contenant, ce n'est
pas juste bon pour l'environnement, mais c'est bon pour nourrir la mission
sociale de ces entreprises-là. On pense que, nous, on peut aller chercher
davantage des entreprises qui participent au système de la consigne, des façons
encore plus organisées, comme on l'a fait déjà dans le passé avec certains de
nos partenaires, et que ça, ça va être bon.
Et c'est l'intérêt de l'entreprise, pas
juste pour une question d'environnement ou responsabilité sociale, mais c'est
aussi une question de coût, les contenants… les déchets leur coûtent, les poids
des déchets leur coûtent, le recyclage leur coûte, et peut-être, avec la
consigne… elle s'est autofinancée, une consigne élargie, une consigne avec le
montant le plus élevé… comme vous planifiez de faire, peut-être, elle pourrait
s'autofinancer.
Ça fait que ce serait aussi une question
économique qui pourrait, spécialement pour les événements aussi que pour les
ICI, davantage accroître la participation de ces établissements dans le nouveau
système et avec des entreprises d'économie sociale surtout.
M. Leitão : Très bien. Merci beaucoup.
Ce n'était pas là où je voulais aller. On va élargir la consigne. Par exemple,
il va avoir… la SAQ nous a dit hier 200 millions de bouteilles, 200 millions
de bouteilles, c'est, je ne sais pas, moi, 0,10 $ la bouteille, c'est
20 millions de dollars, 25. Donc, on multiplie par quatre, c'est encore
plus, je ne sais pas, moi, juste à Montréal, sur l'île de Montréal, on parle
probablement de 10 à 15 millions de dollars qui vont arriver dans ce
marché-là.
Avez-vous pensé peut-être à former un
partenariat avec la SAQ? J'ai posé la question hier à Mme Dagenais, la
présidente de la SAQ, il me semble que la société d'État pourrait être prête à
créer une espèce de dépôt spécial réservé pour vous, par exemple, proche de
l'entrepôt, où vous pourriez amener des grandes quantités de bouteilles avec
vos camions. Et ça pourrait générer beaucoup de revenus, parce qu'en effet, en
effet, moi, je pense que vos objectifs de développer l'économie sociale et de
réinsertion sociale sont non seulement louables, mais elle a un potentiel vraiment
important. Alors, ce partenariat avec la SAQ, vous pensez que c'est quelque
chose qui peut se faire?
M. Bourrely (Frédéric) : Oui,
oui, tout à fait. Ça a été évoqué au sein de la coopérative et puis on a, dans
nos réseaux, les personnes aux responsabilités sociales de la SAQ…
M. Leitão : ...mais elle a un
potentiel vraiment important. Alors, ce partenariat avec la SAQ, vous pensez
que c'est quelque chose qui peut se faire?
M. Bourrely (Frédéric) : Oui,
oui, tout à fait. Ça a été évoqué au sein de la coopérative et puis on a dans
nos réseaux les personnes aux responsabilités sociales de la SAQ qu'on comptait
approcher dès qu'on a la confirmation de notre espace cet hiver, c'est-à-dire
dans les prochaines heures. Donc, oui, oui, c'est... on pense que la SAQ est un
partenaire institutionnel majeur, à la fois par le volume, par les
préoccupations qu'elle gère, comme vous l'avez dit, par sa présence à Montréal,
avec ses enjeux d'espace et puis son investissement, son implication sociale et
environnementale. On pense que c'est un partenaire majeur. Et puis, merci de
nous le rappeler, je pense qu'on va faire les démarches très, très rapidement.
M. Leitão : Très bien. Et
l'autre... Et je pense que vous avez aussi mentionné ça en passant, mais je
pense qu'il y a là aussi quelque chose de très intéressant, c'est dans le...
donc, la consommation dans les foyers, donc, résidentiels. Bon, encore une
fois, sur l'île de Montréal, il y a quand même une grande densité
populationnelle, notamment avec tous les condos qui sont de plus en plus
fréquents. Ce qu'on voit, je pense que je l'ai déjà mentionné ici, ce qu'on
voit à New York, par exemple, et je ne vais pas comparer New York à Montréal,
mais on voit des choses assez intéressantes qui se font entre des organismes
semblables aux vôtres et certains condominiums où vous allez directement chez
les condos et vous récupérez le produit, parce que certaines personnes ne sont peut-être
pas intéressées à retourner leurs bouteilles et leurs contenants, et vous, vous
pouvez le faire. Alors, ça aussi, je pense, c'est là une avenue intéressante de
revenus additionnels pour vous. Et surtout, bon, je reviens sur votre mission
de faciliter la réinsertion sociale, je trouve que c'est là quelque chose de
très intéressant.
Maintenant, dans vos recommandations,
enfin, vos suggestions, vous revenez sur l'arrimage des dépôts à vocation
sociale dans le système à venir. Donc, vous voulez quand même un certain nombre
de balises pour ces dépôts qui vont probablement se multiplier. Pourriez-vous
nous... juste nous éclaircir un peu plus là-dessus?
M. Bourrely (Frédéric) : Oui.
La question des balises nous paraissait essentielle parce que c'est aussi pour
clarifier notre position aujourd'hui. On est très, très conscients que cet
élargissement de la consigne va nécessiter un certain niveau de standardisation
du système, d'intégration du système, de rationalisation, de mécanisation. Et
on n'est pas contre ça, au contraire, on pense qu'émergeront sans doute des
réseaux de collecte et de tri plus centralisés. On pense qu'en marge de ça, il
existe aujourd'hui une variété d'organismes communautaires qui collectent des
contenants consignés pour se financer. La coopérative des Valoristes n'est pas
de ceux-là...
M. Bourrely (Frédéric) : …au
contraire, on pense qu'émergeront sans doute des réseaux de collecte et de tri
plus centralisés. On pense qu'en marge de ça il existe aujourd'hui une variété
d'organismes communautaires qui collectent des contenants consignés pour se
financer. La coopérative des Valoristes, ce n'est pas de cela… c'est-à-dire on
accepte quand on nous fait des dons, évidemment, mais ce n'est vraiment pas la
source de revenus principale pour nous. Nous, c'est une coopérative qui a une
vocation de tri professionnel et qui souhaite s'insérer dans le système de
dépôt. On parle beaucoup des millions de dollars de la consigne, et nous, comme
tous les autres acteurs, on va les rendre, c'est-à-dire qu'on va redonner aux
citoyens, aux Valoristes, aux entreprises, la plupart du temps, les contenants
qu'ils vont nous apporter. Et, par contre, on souhaite que notre dépôt soit
financé par une prime de manutention comme… qui sera à déterminer par
l'organisme de gestion, et, en effet, s'adressant à des clientèles
particulières du centre-ville de Montréal. Donc, on voulait, dans notre
mémoire, faire la distinction entre les entreprises d'économie sociale comme
Les Valoristes qui vont s'intégrer dans le système professionnel et commercial,
finalement, de la consigne, et avoir des rémunérations pour leur travail, tout
en ayant une vocation sociale, tout en ayant un impact social, tout en ayant
des mandats d'éducation à l'environnement, et de les distinguer peut-être de
l'activité à but non lucratif, que nous soutenons aussi, mais dont nous sommes
conscients qu'elle ne pourra pas s'intégrer de la même manière dans le futur
projet.
M. Leitão : Très bien. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. J'ai tendance à croire
qu'en lisant votre mémoire et aussi en prenant connaissance de vos différentes
activités, que vous joignez l'utile à l'utile, et pour cela je vous remercie.
Je vais un peu prêcher pour ma paroisse,
je suis député de la circonscription de Viau et je regarde l'excellent travail
que vous faites dans le centre-ville de Montréal, donc. Or, les enjeux, les
clientèles auxquelles vous vous adressez, je les retrouve de plus en plus un
peu partout sur le territoire montréalais. Quelle est votre vision pour
d'autres quartiers, d'autres arrondissements de Montréal?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, il faut comprendre qu'il y en a un spectrum de gens qui font cette
activité-là, c'est pour ça que vous le voyez aussi, c'est… il y a gens…. partie
qui font ça… (Panne de son) …il y en a des gens qui ramassent pour des causes,
il y a tout un spectrum de gens qui le font, et il y a des gens qui le font
pour une petite période, peut-être vous le voyez plus que jamais, peut-être à
cause justement de qu'est-ce qui est arrivé avec la COVID, dernièrement,
malheureusement. Moi, j'ai… deux clients… une qui est venue et passé deux
semaines… il est arrivé puis il avait les cheveux coupés, et puis il a
dit : Marica, vous n'irez plus me voir parce que j'ai finalement retrouvé
mon travail de concierge, ça fait que je n'ai plus besoin de ramasser des
canettes.
Ça fait que... pour d'autres
arrondissements…
13 h (version non révisée)
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...il est arrivé, puis il avait les cheveux coupés, et puis il a dit :
Marica, vous n'irez plus me voir parce que j'ai finalement retrouvé mon travail
de concierge, ça fait que je n'ai plus besoin de ramasser des canettes.
Ça fait que... pour d'autres
arrondissements de Montréal, ce n'est pas trop différent de qu'est-ce qu'on
fait présentement. C'est sûr que Montréal, c'est une ville des événements
communautaires, etc. Les valoristes aussi se nourrissent beaucoup des journées
de collecte sélective. D'ailleurs, beaucoup de gens mettent leurs contenants à
part dans les journées de la collecte sélective justement pour remercier la
madame qui va passer les ramasser. Ça fait que... Et des entreprises, il existe
dans tous les coins de Montréal. C'est sûr qu'il y a une accumulation au
centre-ville, mais il y en a partout.
Ça fait que moi, la façon que... je le
vois très semblable à qu'est-ce qu'on fait. C'est sûr que chaque arrondissement
a des spécificités, c'est sûr et certain. Ça fait que c'est à ces centres-là à
faire une connaissance, comme nous on a fait du centre-ville de Montréal depuis
des années, avec la clientèle et des groupes communautaires qui travaillent
dans ces arrondissements-là.
Parce qu'il faut comprendre aussi que,
comme entreprise d'économie sociale, on est très impliqués dans notre milieu.
Ça fait qu'on travaille avec d'autres groupes communautaires, pas juste dans notre
dépôt et notre bulle. On est en train de travailler avec d'autres groupes
communautaires pour justement pouvoir offrir des services complémentaires à des
valoristes qui en ont besoin ou d'autres personnes.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici, dans votre bel élan. Et nous allons aller au
deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, merci
beaucoup. J'ai 2 min 45 s, donc ça va être rapide. Merci
énormément pour votre présentation.
Tous les membres de la commission sont
tout à fait d'accord avec la mission de votre organisme. Et je suis certaine
que tout le monde est d'accord que... comme vous, que partout au Québec, dans
les centres urbains, quand il va y avoir des centres de dépôt, qu'il y en ait
qui ait des volets d'économie sociale.
Comment est-ce que... dans le projet de
loi, dans les règlements, est-ce que le gouvernement peut vous aider à ce que
vous fassiez partie prenante de cette modernisation de la consigne puis ne
mette pas des bâtons dans les roues? Par exemple, je pense à la compensation.
Vous, vous recevez moins de compensation pour le même travail que les
détaillants qui, eux, ne veulent pas les avoir, ils nous l'ont dit l'autre
jour. Comment est-ce que vous pouvez faire partie prenante? Qu'est-ce qui doit
être mis dans la loi? Puis peut-être aussi nous raconter une mésaventure que
vous avez eue.
Vous avez l'impression qu'on mettait des
bâtons dans les roues dans des initiatives à cause de la COVID où vous avez
fait une entente avec un détaillant et qu'on vous a dit : Non, c'est
impossible, vous ne pouvez pas le faire. Peut-être nous parler de ça parce que
les gens ne sont pas au courant.
M. Bourrely (Frédéric) : On
est conscients que la consigne, c'est un enjeu complexe avec beaucoup de
parties prenantes. On est conscients aussi que pendant...
Mme Ghazal : ...dans des initiatives
à cause de la COVID, vous avez fait une entente avec un détaillant et qu'on
vous a dit : Non, c'est impossible, vous ne pouvez pas le faire. Peut-être
nous parler de ça, parce que les gens ne sont pas au courant.
M. Bourrely (Frédéric) :
Certes, on est conscients que la consigne, c'est un enjeu complexe avec beaucoup
de parties prenantes. On est conscients aussi que, pendant très, très longtemps,
Les Valoristes ont agi un petit peu à la marge de ce système-là, puisque,
n'étant pas détaillants, donc il n'y avait pas de rémunération officielle pour
le travail des Valoristes, qui s'est donc fait par des systèmes de subventions,
de dons. On a en effet tenté ces dernières années une forme... On a reçu une
forme de soutien de RECYC-QUÉBEC avec une... qu'on pense... — c'est
avec la ville de Montréal — pour avoir une sorte de rémunération
pilote, un petit peu, des Valoristes.
Aujourd'hui, on souhaite une intégration
pleine et entière d'un dépôt à vocation sociale au centre-ville de Montréal
comme celui des Valoristes. Pour ça, on est assez conscients que le projet de
loi en cours est un projet de loi de responsabilisation de l'industrie et puis
de... avec une gouvernance collective avec un organisme de gestion désigné.
Nous, on souhaiterait... Et c'est là où votre expertise en termes de politiques
et puis administration publique va jouer, c'est comment faire en sorte que ce
projet de loi participe de... permette à ce type de dépôts d'exister, d'opérer
officiellement, d'être rémunérés pour leur travail et permette même de
développer ce type de dépôts là sans tout à fait réaliser d'ingérence dans le
futur système qui sera mis en place, au moins définir des critères, des
objectifs, sensibiliser le futur organisme de gestion pour permettre à ces dépôts-là
d'exister. Pendant ce temps, c'est ça, l'enjeu pour nous, très clairement,
c'est... On peut encore continuer de fonctionner quelques années sur des
subventions et des dons. La réalité, c'est que, pour monter à cinq, 10,
15 millions de contenants par an, il faut une rémunération officielle.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici, c'est terminé pour cette portion. Alors, nous
allons aller maintenant du côté du troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour à vous deux, merci pour cette éclairante présentation. En fait, de ce
que je comprends, c'est que, si on veut pouvoir, là, clarifier le mandat des
entreprises, ou plutôt des organismes d'économie sociale comme le vôtre, et que
ce ne soient pas seulement de courtes périodes ou, en tout cas, que chacun, là,
a sa façon de fonctionner, il faut absolument qu'on ait une rémunération juste,
bon, pour le type d'activités, là, que vous avez. Alors, je pense que c'est
bien compris, et je vous appuie donc dans vos demandes, en ce sens-là.
J'irais sur la... Parce qu'on sait qu'un
des gros défis, là, de ce projet de loi là, c'est un peu l'adhésion des
consommateurs, des citoyens à participer davantage et à s'assurer de bien
mettre les choses aux bons endroits, d'aller dans les points de dépôt et tout
ça. Est-ce que votre organisme fait de la sensibilisation, de l'information ou
est-ce qu'il pourrait jouer un rôle dans l'information qu'on donne aux citoyens
pour qu'on s'assure que ce soit un succès?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Voilà. D'ailleurs, il faut comprendre que dans nos dépôts, depuis le début,
on...
Mme Perry Mélançon : ...fait de
la sensibilisation, de l'information ou est-ce qu'il pourrait jouer un rôle
dans l'information qu'on donne aux citoyens pour qu'on s'assure que ce soit un
succès?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Voilà. D'ailleurs, il faut comprendre que dans nos dépôts, depuis le début, on
reçoit des valoristes... genre de personnes qui veulent récupérer leurs
contenants aussi, soit que le contenant soit à eux ou soit à d'autres personnes
ou des contenants qui sont des entreprises. On a beaucoup d'entreprises cette
année qui sont venues récupérer leurs contenants. Alors, nous, on pense qu'on
peut ajouter au message écologique que ces contenants-là ont déjà, un
message... ajouter... Pour faire croître la participation, on peut dire : O.K.,
ce contenant va aider l'environnement, mais il peut aussi aider une personne,
il peut aussi aider un groupe. Ça fait que si vous ne voulez pas le retourner
vous-même, si vous ne voulez pas le mettre dans le bon système, donnez-y à quelqu'un
qui le veut, parce que ça, c'est de l'argent. Peut-être vous ne voyez pas...
c'est de l'argent, mais on ne le voit pas des fois et, bon, les valoristes ont
pris... les valoristes et les autres personnes qui ramassent ont pris... ont vu
l'opportunité économique et tant mieux, tu sais. Mais nous, on veut beaucoup
jouer dans cette... dans l'image qui est en arrière des contenants. Et je pense
que... Ça fait que ça, ce n'est pas juste important pour la consigne, c'est
aussi important pour d'autres centres de tri, pour que le monde sache qu'il y a
des gens en arrière de ça, tu sais...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
La tâche est très ingrate. Je pense qu'on vous aurait écouté pendant encore plusieurs
heures, mais voilà, les règles sont ce qu'elles sont. Donc, je vous remercie beaucoup
tous les deux pour cette participation à notre commission parlementaire, et,
pour ma part, je vais ajourner les travaux jusqu'à 15 heures. Merci et
bonne fin de journée.
M. Bourrely (Frédéric) : Merci
beaucoup, bon congé à vous. Bonne journée.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Bonne journée.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux et nos invités sont l'organisme Réseau
Environnement, Mme Christiane Pelchat, présidente-directrice générale; M.
Charles Leclerc, coordonnateur du réseau air-changements climatiques, et
énergie, et réseau environnement. Je pense que... Je ne sais pas si j'ai bien
décliné votre titre, mais bienvenue.
Alors, vous connaissez la procédure :
vous avez 10 minutes pour faire votre présentation, ensuite ce sera un échange
avec le ministre et les députés. Allez-y.
Mme Pelchat (Christiane) : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, bonjour. M. le ministre, mesdames messieurs les
députés, j'aimerais vous remercier de nous avoir permis d'être devant vous aujourd'hui.
Réseau Environnement est très heureux de participer à cette consultation.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas
Réseau Environnement, je rappelle que Réseau est un organisme sans but lucratif
qui existe depuis près de 60 ans et qui fonctionne avec des membres experts et
expertes dans le milieu de l'environnement. Donc, ce sont ces personnes qui se
réunissent dans cinq secteurs différents, et qui prennent des positions, et qui
alimentent la réflexion des politiques publiques, et des lois... des projets de
loi comme aujourd'hui, des règlements, et qui seront dans l'espace public
depuis 60 ans.
Donc, j'aimerais rapidement rappeler que
Réseau Environnement a choisi... a changé sa mission depuis février dernier et
on a choisi une nouvelle mission, qui est d'être le catalyseur de l'économie
verte. Et c'est important pour nous de rappeler la définition de l'économie
verte, celle qui est donnée par l'Institut de la statistique du Québec et, bien
sûr, celle qui est donnée par l'ONU.
Alors, l'économie verte est une approche
pour mettre en oeuvre le développement durable, selon l'Institut de la
statistique. C'est une économie qui entraîne une amélioration du bien-être
humain et de l'équité sociale, tout en réduisant, de manière significative, les
risques environnementaux et la pénurie de ressources. C'est donc une économie
qui se veut sobre en carbone, bien sûr, et ce qui est intéressant, c'est que
c'est une économie qui met au centre aussi le développement de l'individu et la
justice sociale.
Alors donc, c'est avec ce cadre d'analyse,
si on veut, que nous abordons toute l'étude.... toutes les études de projets de
loi ou de règlements qui sont devant nous. Dans notre mémoire, comme vous
l'avez peut-être vu déjà, nous soulevons cinq enjeux particuliers, dont je vais
vous parler tout à l'heure, mais...
Mme Pelchat (Christiane) :
...de règlements qui sont devant nous.
Dans notre mémoire, comme vous l'avez peut-être
vu, déjà, nous soulevons cinq enjeux particuliers, dont je vais vous parler tout
à l'heure, mais de manière générale, Réseau Environnement salue la volonté du gouvernement
d'appliquer le principe de responsabilité élargie des producteurs pour
moderniser et gérer la gestion des matières résiduelles.
On est très heureux, chez Réseau
Environnement, il y a longtemps qu'on favorise la REP, communément appelée, et
je pense que le gouvernement, mais particulièrement le ministre Charette, fait
preuve de courage. Ce n'est pas quelque chose qui est très populaire, surtout
chez certaines entreprises, mais c'est ce qu'on appelle un courage
environnemental, et nous sommes très heureux de cette décision. Le gouvernement
se donne enfin les pouvoirs nécessaires pour réglementer et mettre en oeuvre
les principes de la modernisation de la consigne et de la cueillette sélective.
Ce n'est pas à vous que je vais dire qu'on a connu des crises qui se sont
passées, depuis les 10 dernières années, avec nos matières résiduelles, et je
pense qu'il est temps qu'on... il est grand temps que le gouvernement agisse de
cette façon-là.
Nous déplorons cependant une chose, c'est
qu'il n'y a pas, dans le projet de loi, d'obligation de traçabilité des
matières résiduelles, et nous sommes convaincus que pour vraiment faire... être
à la hauteur de la REP et de l'économie circulaire, bien sûr, ce serait utile
d'avoir la traçabilité des matières. Et comme l'avait... le prévoyait la politique
québécoise de gestion des déchets que vous avez rendue publique au début de
l'année... donc, à ce moment-là, on prévoyait une action spécifique pour rendre
obligatoire la traçabilité des matières. Et en lisant le mémoire de RECYC-QUÉBEC,
qui a présenté... qui était, je pense, c'est mardi ou mercredi... qui disait
qu'«obliger la traçabilité complète des matières qui transitent par les systèmes,
de la mise en marché au recyclage, pour permettre une reddition de comptes
transparente»...
Ça fait partie des enjeux de gouvernance,
ce qu'on soulève aussi dans notre mémoire. Un des plus gros problèmes, et ce
n'est pas nécessairement avec un article de loi que l'on va régler ça... mais
une des conditions pour avoir une économie circulaire qui fonctionne, c'est certainement
l'accès aux données. Et l'accès aux données pour toutes les actrices et les
acteurs de cette chaîne de valeurs. Alors, l'accès aux données, c'est une
condition sine qua non, encore une fois, pour une économie verte. Et la
traçabilité est un outil de traçage, excusez-moi le jeu de mots...
Mme Pelchat (Christiane) :
…toutes les actrices et les acteurs de cette chaîne de valeur. Alors, l'accès
aux données, c'est une condition sine qua non, encore une fois, pour une économie
verte et la traçabilité est un outil de traçage — excusez-moi le jeu
de mots — de traçage de données, donc d'avoir accès à ces données.
On voit en ce moment, puis c'est ça, la
beauté d'avoir une REP, le ministre va pouvoir regrouper, en un seul endroit,
toutes les sources et toutes les données probablement, en tout cas, en matière
de gestion des matières résiduelles. Ce sera probablement plus facile d'avoir
accès aux données, que ce soit les données de réemploi, les données de
recyclage, les données de réduction. Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'il y a des
débouchés? Où vos nos matières qui sont récupérées, etc? Je pense que ça va
faciliter parce que nos membres nous ont dit que c'était une des plus grandes
difficultés qu'ils avaient, c'était d'avoir accès aux données.
Et, bien sûr, hein, on a des données qui
sont chez RECYC-QUÉBEC. On a des données qui sont chez EEQ. On a des données
qui sont au MELCC. Il y a des données qui sont chez les municipalités, des
régies intermunicipales, les MRC, etc. Donc, il est très difficile d'avoir un
portrait fiable des données, en fait, juste d'avoir les données, c'est
difficile, alors encore plus difficile d'avoir un portrait fiable. On souligne
aussi, les membres ont souligné qu'ils aimeraient avoir… que les données soient
ventilées par filière, donc par récupération, réemploi, recyclage pour mieux
mesurer la performance du système. De plus, on devrait aussi voir de quel
type de recyclage il s'agit, par exemple, est-ce qu'on parle d'un recyclage à
valeur ajoutée, ce qui est dit «upcycling» dans le jargon ou bien du recyclage
de type «downcycling»? Les membres ont souligné cette nécessité. Les membres
soulignent aussi qu'on aimerait avoir accès, par type de filière de données
aussi, les données relativement aux coûts de gestion du système, alors que ce
soit l'organisme désigné, quel qu'il soit, on aimerait pouvoir avoir accès à
ces données-là aussi.
Un autre enjeu qui est souligné dans le
mémoire que nos membres nous ont demandé… sur lequel les membres nous demandent
d'attirer votre attention, c'est le réemploi. Afin de favoriser l'implantation d'économie
circulaire, le système devrait prioriser le réemploi des produits. C'est d'ailleurs…
en fait, il y a déjà une hiérarchisation dans les 3RV-E, et on sait que le
réemploi vient en deuxième. Donc, c'est déjà… on prévoit déjà hiérarchiser le
réemploi plutôt même que le recyclage et, bien sûr, l'élimination. Donc, les
membres ont peur que la REP…
Mme Pelchat (Christiane) :
...dans les 3RV-E, et on sait que le réemploi vient en deuxième. Donc, c'est
déjà... on prévoit déjà hiérarchiser le réemploi plutôt même que le recyclage
et, bien sûr, l'élimination.
Donc, les membres ont peur que la REP
élimine la possibilité d'avoir des initiatives individuelles, ce qu'on appelle
la RIP aussi, et que ça élimine peut-être même des systèmes qui sont déjà
existants et qui sont très performants, on a juste à penser au remplissage de
bouteilles de bière qui se fait régulièrement. Donc, c'est quelque chose qui
est mentionné. Et aussi que le nouveau système devrait encourager l'innovation,
l'innovation à Montréal, à Québec, mais aussi en région. On a plusieurs membres
qui, malgré l'absence de débouché, par exemple pour le verre, ont réussi à
trouver avec... en fait, c'est vraiment une synergie locale, à trouver des
débouchés intéressants, et je pense à la régie intermunicipale de la Gaspésie,
à Nathalie Drapeau, qui, avec le verre, fait des choses très, très
intéressantes avec les constructeurs de routes. Alors, ce genre de RIP, les
membres aimeraient bien, si c'est possible, que ça reste. Bon, je comprends que
c'est peut-être plus difficile, mais l'innovation locale ne devrait pas être complètement
éliminée. Autre élément...
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici. Et peut-être qu'on pourrait poursuivre les
échanges. La parole est au ministre pour 20 minutes. Oui? Oui, M. le
ministre? Ah! M. le ministre me dit que vous pouvez poursuivre votre
présentation encore quelques minutes si vous voulez.
Mme Pelchat (Christiane) : O.K.
En fait, j'ai deux points à souligner encore. C'est la consigne différenciée.
Le projet de loi introduit le concept de consigne différenciée. Pour nos
membres, ce n'est pas une bonne idée parce que cela pourrait avoir une
influence négative sur la récupération et le retour des contenants consignés
par la population du fait que, si on a une consigne de 0,10 $, par
exemple, et qu'on retourne seulement 0,07 $ pour... quand on remet nos
contenants, ça pourrait décourager les gens à faire de la récupération alors
qu'on sait que la consigne vise aussi une plus grande récupération. Alors, on
a... on demande au gouvernement si les montants de gestion des consignes non
ramenées, par exemple, ne suffisent pas, bien, on préférerait qu'il y ait un
écofrais qui soit adopté.
En terminant rapidement, les enjeux
municipaux. Plusieurs membres municipaux qui nous ont dit qu'ils avaient peur
pour les actifs dans lesquels ils ont investi puisqu'ils étaient en charge
d'une partie de la collecte. Et donc on demande de les aider à protéger les
actifs...
Mme Pelchat (Christiane) :
...rapidement les enjeux municipaux, plusieurs membres municipaux qui nous ont
dit qu'ils avaient peur pour les actifs dans lesquels ils ont investi
puisqu'ils étaient en charge d'une partie de la collecte. Et donc on demande de
les aider à protéger les actifs municipaux et protéger aussi les régies
intermunicipales, protéger, donc, les actifs aussi des régies intermunicipales.
On dit aussi qu'il faudrait étendre la collecte sélective à tous les emballages
imprimés et contenants. Ça, ça vient de nos membres municipaux.
Et donc voilà. Je vais m'arrêter là, Mme
la Présidente. S'il y a des questions par rapport au mémoire ou... il me fera
plaisir d'y répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je suis certaine qu'il y a des questions. Alors, M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Mme Pelchat, toujours un plaisir de vous retrouver.
Généralement, on est sur une même tribune ou à tout le moins en personne pour
échanger. Là, on doit se limiter à certaines réalités. Donc, un plaisir malgré
tout, un plaisir.
Peut-être juste commencer avec certains
des éléments que vous avez mentionnés. D'abord, merci. Réseau Environnement est
effectivement un interlocuteur incontournable, là, pour ce qui est de tout ce
qui touche environnement, économie environnementale au Québec. Donc votre écho
est très, très important.
Je reprends quelques éléments, là, que
vous avez mentionnés à travers votre mémoire, notamment l'absence de traçabilité.
Ça, je vous entends très, très bien. Et ce que j'ai eu l'occasion de répéter à
quelques reprises depuis le début des consultations, c'est que c'est un projet
de loi habilitant qui va permettre au gouvernement de modifier certaines de ses
lois, de mettre en place certains principes. Mais le fin détail ou
l'application, elle sera, elle, déterminée par règlement. Et déjà vous
confirmer qu'on a différents groupes de travail qui sont à l'oeuvre, et la question
de la traçabilité est sujette à ces discussions-là. Donc, dans notre esprit, il
est effectivement nécessaire pour une reddition de comptes qui soit valable,
mais ce n'est pas dans le projet loi, là, que ces éléments-là sont discutés compte
tenu que la réflexion se poursuit.
Vous avez fait référence notamment,
indirectement, dans les faits, à la consigne sur la bière en parlant de
contenants réutilisables de façon multiple, les fameux CRM. Là aussi, on a
reçu, dans les derniers jours, autant l'association des brasseurs indépendants,
les microbrasseries, que les plus grands brasseurs. Eux tiennent, à juste
titre, à leur consigne qui est implantée depuis quelques décennies et qui
fonctionne bien. Ça, on a tenté de les rassurer, parce que ce qui fonctionne
bien, on ne le change pas, en ce sens que ces consignes sont maintenues avec
l'obligation pour les mêmes détaillants de récupérer ce qu'ils récupèrent déjà.
Donc...
M. Charette : ...quelques
décennies et qui fonctionne bien. Ça, on a tenté de les rassurer. Ce qui
fonctionne bien, on ne le change pas, en ce sens que ces consignes sont
maintenues avec l'obligation pour les mêmes détaillants de récupérer ce qu'ils
récupèrent déjà. Donc, c'était une inquiétude, là, que vous avez indirectement
abordée qu'on peut immédiatement rassurer en quelque sorte, là, donc... Parce
qu'il y a toute une industrie, il y a toute une logistique derrière ces
éléments-là, qui fonctionne bien.
Et vous avez soulevé la notion
d'innovation pour l'identification de débouchés, c'est au coeur de la démarche.
On y répond ou on va faciliter cette innovation-là avec une meilleure
traçabilité, vous l'avez mentionné, mais une consigne de quelques milliards de
contenants par année, parce que ce sera le cas, on parle d'environ
4 milliards de contenants par année. Si on n'avait pas de débouchés pour
toute cette matière-là, bien, l'exercice serait vain en quelque sorte. Au
contraire, ce serait beaucoup, beaucoup d'efforts pour une absence de
résultats. On se fait confirmer de façon unanime au niveau de l'aluminium,
aucune inquiétude, l'aluminium est une matière qui se recycle à l'infini.
Au niveau du plastique, si on arrive avec
une pureté sans contamination... on a les débouchés pour le plastique, c'est la
même chose pour les papiers. Au départ, certains nous trouvaient ambitieux pour
ce qui est du multicouche, parce qu'on intègre le multicouche aussi dans le projet
de loi. Or, encore ce matin, le hasard fait bien les choses, un article dans La
Presse où il est question de l'entreprise Fibres Sustana, sur le côté de
Lévis, qui revalorise le multicouche et qui actuellement doit s'approvisionner,
par exemple, au Nouveau-Brunswick ou dans d'autres provinces où ces contenants-là
sont déjà consignés, donc là où on a des gisements suffisants. Donc, les
débouchés, dans les faits, ce n'est plus un sujet d'inquiétude, au contraire,
on a beaucoup de conditionneurs qui sont à la recherche, qui sont en manque de
matière, qui sont obligés de l'importer. Mais vous avez tout à fait raison de
le mentionner, ce serait tout à fait vain pour nous de mettre en place, là, des
conditions sans avoir de possibilités de valorisation par la suite.
Vous avez parlé des actifs municipaux,
c'est un autre point qui est excessivement important. On a eu le plaisir de
recevoir autant la FQM que l'UMQ, là, depuis le début de la semaine. Les deux
associations municipales appuient le projet de loi, et même, lorsqu'on a fait
l'annonce de la réforme... en fait, l'annonce s'est faite en deux temps,
janvier et début février, les associations municipales étaient à nos côtés.
Elles misent beaucoup sur cette réforme au niveau de la modernisation de la
collecte sélective. Parce qu'effectivement, à travers des régies municipales, à
travers différents types de contrats, les municipalités sont en lien avec les
centres de tri. Dans bien des cas...
M. Charette : ...association municipale
était à nos côtés. Elle mise beaucoup sur cette réforme au niveau de la modernisation
de la collecte sélective. Parce qu'effectivement, à travers des régies
municipales, à travers différents types de contrats, les municipalités sont en
lien avec les centres de tri. Et dans bien des cas, elles ont investi dans ces
centres de tri là, donc elles souhaitent que ces investissements-là soient mis
à profit, en quelque sorte. Donc, l'UMQ, FQM nous accompagnent à ce niveau.
Elles ont un enjeu au niveau de la durée des contrats pour certains de leurs
fournisseurs, au niveau de la collecte notamment. Ça, c'est un enjeu qui est
réel, qui est évalué de notre côté.
Cependant, au niveau des actifs, on n'a
pas à s'inquiéter. On veut mettre l'emphase sur l'innovation, sur la qualité.
Cependant, il y aura peut-être des conditions d'imposées. Je veux dire par là,
pour qu'un centre de tri puisse continuer d'opérer ou, à tout le moins,
recevoir des subventions, par exemple, on devra s'assurer d'un respect d'un
certain standard de qualité. Étant donné qu'on veut revendre, qu'on veut
valoriser, on va miser sur les centres intéressés à continuer à se développer.
Bref, j'essayais de couvrir les différents
éléments, là, que vous avez mentionnés à travers votre mémoire. Merci pour
votre apport. Et vos membres, de façon générale, comment voient-ils... C'est
une grosse réforme, à deux volets, collecte sélective et consigne, mais comment
reçoivent-ils ces opportunités-là qui s'offrent à eux et à elles?
Mme Pelchat (Christiane) : Je
vais vous dire, vous vous souvenez, lorsque la commission parlementaire avait
tenu son mandat d'initiative...
M. Charette : Sur le verre,
oui.
• (15 h 20) •
Mme Pelchat (Christiane) :
...oui, pour le verre, là, plusieurs membres étaient sceptiques sur la consigne
parce que... à cause de l'absence de débouchés, et donc... Mais là ce que vous
annoncez, c'est une... j'ai envie de vous dire, une véritable révolution. On ne
parle plus juste de la consigne. On parle d'un nouveau système, avec REP, et
ça, chez Réseau, il y a longtemps qu'on favorise ce système de la REP. Alors,
la responsabilité de l'entreprise qui met sur le marché un emballage, un
contenant, du papier, etc., pour nous, c'est vraiment... je ne dirais pas...
dans le temps, on disait au ministère de l'Environnement... on parlait du
pollueur payeur, là, mais c'est vraiment la meilleure façon de s'occuper de la
gestion des matières résiduelles. À ce moment-là, la consigne devient un outil
intéressant aussi, le recyclage, le réemploi, bien sûr. Et donc pour nos
membres, c'est certain que c'est une bonne nouvelle, cette REP.
M. Charette : Je suis content
de l'entendre, parce qu'effectivement c'est un projet à deux volets, et les
deux étaient intrinsèquement liés. On aurait pu difficilement faire...
Mme Pelchat (Christiane) : …le
recyclage, le réemploi, bien sûr. Et donc, pour nos membres, c'est certain que
c'est une bonne nouvelle, cette REP.
M. Charette : Je suis content
de l'entendre, parce qu'effectivement c'est un projet à deux volets, et les
deux étaient intrinsèquement liés, on aurait pu difficilement faire la consigne
sans faire la modernisation de la collecte sélective. Et la modernisation de la
collecte sélective à elle seule aurait eu ses limites aussi, d'où
l'intégration.
Bref, on compose avec une enveloppe de
temps qui est limité. J'ai mon collègue qui souhaiterait également vous
adresser la parole. Donc, encore une fois, à vous et à vos membres, merci de
votre collaboration, et au plaisir de vous retrouver.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Pelchat, toujours un plaisir de vous rencontrer. Je
suis content de voir votre support très clair envers la REP. Le rôle du Réseau
Environnement, c'est bien sûr d'aider ses membres, de maximiser l'impact que
vous pouvez avoir sur vos membres, et, dans ce cas-ci, bien, comment voyez-vous
précisément votre rôle pour vos membres et pour maximiser le taux de recyclage?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, d'abord, l'annonce du ministre sur les multicouches, c'est une excellente
nouvelle, parce que ça, c'est un réel problème, alors je tiens à le souligner,
et la traçabilité aussi des matières, dont parle M. le ministre, est aussi une
excellente nouvelle pour nous.
Alors, les membres chez nous, ils sont
pour la plupart très intéressés par l'innovation technologique, et, bien sûr,
ce qu'on souhaiterait, c'est qu'il y ait des investissements très importants
dans les innovations technologiques reliées au recyclage et, comme le dit le
ministre, reliées à des débouchés québécois. Il y a certains membres qui
s'inquiétaient — hier soir, j'ai eu des discussions — qui
disaient : Oui, mais si on récupère, par exemple, toutes nos matières,
puis qu'on les envoie aux États-Unis — on parlait du verre — pour
faire de la laine minérale, ça serait dommage que ce ne soit pas transformé
ici. Alors, bien sûr, il va falloir investir dans les débouchés, et ça, je
pense que c'est une bonne nouvelle pour nos membres, je peux vous dire ça.
Le Réseau Environnement, on est prêts… et
comme je le disais, si les données sont accessibles, on est prêts à être un
acteur, une actrice — hein, je vais parler au féminin — de
cette grande révolution qu'est la REP et d'encourager les gens à y participer
de plus en plus.
Mais, vraiment, l'accès aux données ventilées
par filière est aussi une condition du succès de la responsabilité. Et ça, les
membres nous l'ont répété plusieurs fois, qu'on s'adresse à EEQ, à
RECYC-QUÉBEC, au ministère, des fois, ça peut prendre deux ans à avoir des
données. Et, par exemple, en ce moment, les REP qui sont…
Mme Pelchat (Christiane) :
...aussi une condition du succès de la responsabilité. Et ça, les membres nous
l'ont répété plusieurs fois, qu'on s'adresse à EEQ, à RECYC-QUÉBEC, au ministère,
des fois, ça peut prendre deux ans avoir des données. Et, par exemple, en ce
moment, les REP qui sont sur pied, on ne peut pas avoir les données. Et,
Mme Gagné, la présidente de RECYC-QUÉBEC, elle disait : Oui, mais
c'est parce que moi-même, je ne les ai pas. Alors, elle ne peut pas les inventer,
bien sûr. Donc, ça, c'est quelque chose qui faudrait vraiment qui soit
resserré.
M. Campeau : Je vous comprends
très bien au sujet des données ventilées, mais plus on ventile, plus c'est
compliqué, alors il faut peut-être trouver un optimum là-dedans. Mais, ma
compréhension c'est que meilleures sont les données, meilleure est la
prévisibilité de ce qu'on va avoir comme matériel disponible. Et ça donne le
goût à des investisseurs de créer, à ce moment-là, une entreprise. Ça va
générer des investissements. C'est dans ce sens-là que vous les voyez?
Mme Pelchat (Christiane) :
Oui, absolument. Vous avez tout à fait raison. Plus les acteurs de la chaîne de
valeur auront accès aux données, plus ils auront envie ou, en tout cas, des
données pour justifier des investissements et justifier la collaboration envers
ce nouveau système, ce qui est fondamental tant qu'à moi.
M. Campeau : J'aimerais vous
poser des questions sur le... vous avez insisté sur le réemploie.
Mme Pelchat (Christiane) : Oui.
M. Campeau : Et, on ne peut
pas être contre la vertu, là, c'est bien sûr, mais là, ce n'est sûrement pas le
carton de lait dont vous parliez, là. C'est... Parlez-vous des bouteilles de
bière à ce moment-là ou vous parlez de plus que ça?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, en fait, on parle de tout ce qui peut être réemployé — excusez-moi
le néologisme — mais c'est tout ce qui peut être réemployé, donc les
contenants aussi de verre qui pourraient être réemployés. Parce que dans les
3RV, les principes des 3RV, le principal, hein, on dit, c'est la réduction. On
souhaite le plus possible de réduire la mise en marché des contenants et des
matières qui seront éventuellement à éliminer. Mais, le deuxième, c'est de la
réutilisation, et en ce moment, on le fait seulement avec, comme disait le
ministre, la consigne sur les bouteilles de bière, on le fait avec un autre
produit si je ne me trompe pas, mais on ne le fait pas suffisamment avec ce qui
pourrait être réemployé. Je n'ai pas en tête toute la liste des choses qui
pourraient être réemployées, mais il y a beaucoup plus de choses qui pourraient
l'être qu'ils ne le sont maintenant.
M. Campeau : C'est sûrement
une bonne idée de regarder ça. Par contre, quand on a parlé avec la
présidente... la P.D.G. de la SAQ, elle nous disait que pour les bouteilles de
vin, c'est compliqué et un peu utopique peut-être selon elle. Peut-être que ça
changera avec le temps. Est-ce que vous avez une opinion différente ou...
là-dessus?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, écoutez, on ne s'est pas penchés nécessairement sur les bouteilles de
vin, particulièrement sur les bouteilles de vin, mais, en fait, c'est parce que
ce marché-là est très internationalisé, puis c'est sûr que ce serait,
effectivement, peut-être difficile. Mais il y a d'autres contenants qui
pourraient être réutilisés...
Mme Pelchat (Christiane) :
...on ne s'est pas penchés particulièrement sur les bouteilles de vin, particulièrement
sur les bouteilles de vin, mais, en fait, c'est parce que ce marché-là est très
internationalisé, puis c'est sûr que ce serait, effectivement, peut-être
difficile. Mais il y a d'autres contenants qui pourraient être réutilisés, et
ça vaut la peine d'être regardé.
M. Campeau : Vous n'en avez
pas vraiment parlé après-midi...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici, M. le député de Bourget.
M. Campeau : Ah! Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député... Ah! M. le député de Viau. Voilà.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Donc, je salue Mme Pelchat. Donc, Mme Pelchat, Mme la
Présidente, si vous permettez, je tiens à saluer le travail qu'elle fait au
sein de Réseau Environnement, mais aussi, vous savez, on parle beaucoup de
réfugiés climatiques, et je vais saluer le travail qu'elle fait aussi sur la
scène internationale, puisqu'il y a des liens, notamment à travers tout le
travail que vous faites au sein de la Fondation Serge-Marcil. Donc, je tiens à
saluer ce travail-là. Merci beaucoup pour votre mémoire, que j'ai lu avec
beaucoup d'intérêt.
Une première question. Le Réseau
Environnement a développé une expertise à travers Traces Québec, au cours des
dernières années, sur les questions de sols contaminés. Est-ce que... Qu'en
est-il? Est-ce que cette expertise-là, c'est une expertise... Quel est l'état
de la situation par rapport à l'enjeu qui nous concerne, dans le cadre de ce
projet de loi, sur les questions de traçabilité?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ça fait plus que deux ans, presque trois ans, maintenant, que Réseau
Environnement opère Traces Québec pour les sols contaminés, comme vous l'avez
bien mentionné, et nous continuons toujours à le faire ces mois-ci,
là — jusqu'à tant que ça commence à geler. L'excavation est moins facile
quand les sols sont gelés — et ça fonctionne très bien
Ce que je peux vous dire, c'est que la
traçabilité des sols contaminés telle qu'on la fait, et qui sera entreprise par
le MELCC par la suite, nous permet d'éviter des quantités incommensurables de
sols contaminés déversés de manière illégale et de manière sauvage. Et c'est ce
qu'on pense qui pourrait arriver si on introduisait la traçabilité pour les
matières résiduelles. Alors, je pense... et je lisais rapidement ce matin, le
mémoire du CRE, du regroupement des CRE qui disait que cette... si on avait
effectivement la traçabilité des matières, probablement que ça éviterait les
déversements sauvages de matière. Et un des plus gros producteurs de matières
résiduelles, c'est les grosses compagnies de boisson, Coca-Cola et Pepsi, etc.,
et c'est souvent ces contenants-là qu'on retrouve sur le bord de la route.
• (15 h 30) •
Alors, nous, on pense que, si, rapidement,
le gouvernement imposait la traçabilité sur les matières résiduelles, bien,
dans un premier temps, on saurait où sont les gisements, hein, les gisements de
matière que l'on peut...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Pelchat (Christiane) :
...et c'est souvent ces contenants-là qu'on retrouve sur le bord de la route.
Alors, nous, on pense que, si, rapidement,
le gouvernement imposait la traçabilité sur les matières résiduelles, bien,
dans un premier temps, on saurait où sont les gisements, hein, les gisements de
matière que l'on peut recycler et éventuellement transformer plutôt que de les
mettre à l'élimination. Et on pense que ça favoriserait leur utilisation et,
bien sûr, ça contribue à protéger l'environnement.
M. Benjamin : Un autre aspect
que je dois souligner aussi dans votre mémoire, et, jusqu'à présent, vous
êtes... Réseau Environnement est l'un des rares groupes à aborder cette question-là,
c'est les enjeux nordiques, notamment en parlant de la question de la situation
des communautés des Premières Nations. Et ça, je tiens à le saluer. Et
j'aimerais vous entendre sur ces enjeux-là. Comment s'assurer d'éviter des
disparités au moment... quand viendra le temps de déployer, donc,
l'élargissement de la consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Dans tous nos colloques, notamment sur les sols contaminés, on travaille... il
y a les gens de la société Kativik, par exemple, qui viennent... qui
participent. Mais ce qu'on voit des présentations d'entreprises, par exemple
comme Hydro-Québec, qui travaillent dans le milieu nordique, c'est combien le développement
durable est différent du Sud, un, et, deux, combien on n'est pas... nos méthodes
ne sont pas adaptées à ces réalités.
Bon, là, le pergélisol fond un peu plus vite,
là, mais, par exemple, l'enfouissement, ce n'est pas quelque chose qui est
possible dans les milieux nordiques, parce que justement, les sols sont gelés.
Mais c'est vraiment de s'assurer qu'on prenne en compte la spécificité des
communautés nordiques et qu'on travaille avec elles pour les communautés... les
peuples des Premières Nations, qu'on travaille avec elles pour développer la
solution et je pense que c'est ça que nos membres ont souhaité souligner,
d'autant que ça coûte plus cher, le développement durable dans les communautés
nordiques, inévitable, coûte plus cher à cause de la distance des grands
centres, bien sûr, mais aussi à cause des conditions, qui sont beaucoup plus
rudes.
M. Benjamin : Rapidement, une
dernière question, parce que mon collègue de Robert-Baldwin a aussi quelques
questions, je crois. C'est sur la question de la consigne.
Mme Pelchat (Christiane) :
Oui.
M. Benjamin : Il y a des
groupes avant nous, et un groupe avant vous, qui nous a dit que ce ne serait
peut-être pas une mauvaise idée de parler d'uniformisation de la consigne,
notamment avec d'autres provinces. Et vous, dans votre mémoire, vous avez
évoqué, évidemment, des enjeux par rapport à des écofrais qu'on pourrait
éventuellement refiler aux consommateurs. Comment vous voyez cet aspect
d'uniformisation de la consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, bon, moi, je pense que travailler avec les autres sociétés autour de nous,
ce n'est jamais mauvais. Ça...
M. Benjamin : ...vous, dans
votre mémoire, vous avez évoqué évidemment des enjeux par rapport à des
écofrais qu'on pourrait éventuellement refiler aux consommateurs. Comment vous
voyez cet aspect d'uniformisation de la consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, bon, moi, je pense que travailler avec les autres sociétés autour de
nous, ce n'est jamais mauvais. Ça pourrait être une idée quand même. Mais les
écofrais et la consigne sont deux choses différentes. Ce qu'on disait, c'est
que pour nous, la consigne, c'est un incitatif aux consommatrices et aux
consommateurs de rapporter le bien consigné, tandis que l'écofrais, c'est un
frais qui devrait être chargé en plus de la consigne, et non pas l'inclure dans
ce qu'on appelle la consigne différenciée. Alors, c'est un peu ça qu'on disait.
Donc, il ne faut pas avoir peur d'avoir des écofrais. Les gens, la population
doivent se rendre compte que ça coûte... il y a un coût à la protection de
l'environnement, et c'est... il y a un coût à récupérer nos déchets et à les
traiter.
M. Benjamin : Merci beaucoup,
Mme Pelchat.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci, merci en pile.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien, merci
beaucoup. Combien de temps je...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
4 min 30 s.
M. Leitão : Ah! mon collègue
est très généreux, merci. Bonjour, Mme Pelchat, merci. Mais mon généreux
collègue m'a volé ma question, mais ça va, ce n'est pas grave, on va quand même
demeurer amis. Mais ça me fait plaisir d'entendre ce discours parce qu'en effet
je pense que... je parle toujours de votre troisième enjeu, donc la consigne
différenciée, et surtout de bien délimiter la différence entre consigne et
écofrais, parce que ce sont deux instruments différents. Les deux ont leur
place, et on ne devrait pas les mélanger.
Bon, maintenant, vous avez mentionné, et
vous n'êtes pas la première, et avec raison, que le projet de loi, la grande
innovation, enfin, le grand principe nouveau, c'est la REP, la responsabilité
élargie des producteurs, ce qui est tout simplement un nouveau terme pour un
concept qui existe depuis longtemps, le pollueur payeur. Mais ma question... Et
je suis entièrement d'accord, mais ma question, et ça m'a été soulevé par
certains groupes, certaines personnes... Étant donné que le Québec, c'est quand
même une petite économie très ouverte, nous avons beaucoup d'importations, nous
importons beaucoup de choses, et c'est pas mal difficile d'élargir cette
responsabilité quand les producteurs sont ailleurs, alors est-ce que vos
membres... Bon, d'abord, qu'est-ce que vous pensez de ça? Et est-ce que vos
membres ont discuté des moyens qui pourraient peut-être, pas protéger, mais
pourraient peut-être aider les producteurs québécois à ne pas être désavantagés
vis-à-vis leurs concurrents internationaux pour la vente dans le marché local?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ce n'est pas une question qu'on a étudiée à fond, mais ce que je peux
vous dire, c'est que déjà, avec...
M. Leitão : ...aider les
producteurs québécois à ne pas être désavantagés vis-à-vis leurs concurrents
internationaux pour leurs ventes dans le marché local?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ce n'est pas une question qu'on a étudiée à fond, mais ce que je peux
vous dire, c'est que déjà, avec EEQ, par exemple, les entreprises d'ici
contribuent déjà à payer une partie du système, et c'est les mêmes entreprises
qui vont avoir la responsabilité élargie. Mais, bien sûr, on a aussi une responsabilité
quand on choisit nos importations et essayer d'avoir des importateurs qui sont un
peu plus responsables aussi. Mais déjà, les entreprises qui mettent sur le
marché québécois des emballages, des contenants, etc., sont déjà membres du système.
Alors, je ne pense pas que ça fera une grande différence. Et, quand même, vous
savez, on s'aperçoit que l'achat local prend de plus en plus d'importance avec
la COVID, et je ne pense pas que ça diminue, au contraire, et je pense qu'on a
là une occasion d'encourager non seulement les produits locaux, mais les
produits qui sont aussi plus durables et qui contribuent moins à polluer et à
émettre des gaz à effet de serre. Comme vous le savez, M. le député, la gestion
des déchets, des matières résiduelles contribue pour à peu près 5 % de nos
émissions de GES. Alors, c'est en soi une grande nouvelle qu'on puisse
moderniser le système.
M. Leitão : Oui, oui. Oui.
Merci, oui. Un moyen qui a été suggéré et qu'on trouve maintenant de plus en
plus dans la littérature et dans certains organismes internationaux, c'est
d'adapter les règles de commerce international pour permettre l'imposition de
tarifs à l'importation, de tarifs écologiques pour essayer de justement avoir
un peu de «level-playing field» un peu plus égal. Est-ce que... Encore là,
est-ce que c'est quelque chose que vous avez pensé à ça ou...
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, écoutez, moi, je...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...réponse à votre question.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, moi, je pense que les ententes de libre-échange... je pense...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Désolée, vous avez terminé votre portion, M. le député.
M. Leitão : Bon, très bien.
Bien, pensez-y.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, je pense que les ententes de libre-échange nous l'interdisent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est moi, la méchante ici, là, aujourd'hui. Alors, je vais être obligée de
passer, là, la parole au deuxième groupe d'opposition. Vous avez, Mme la
députée de Mercier, 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Si j'avais plus de temps, je vous aurais laissé continuer pour
répondre à mon collègue, mais j'ai très peu de temps. Juste pour corriger un
truc que vous avez dit au début, vous avez dit que le ministre a fait preuve de
courage environnemental parce qu'il est allé vers une réforme qui n'est pas
populaire, en tout cas, pour ce qui est de la consigne, c'est très, très, très
populaire, tous les sondages le montraient. Il a fait preuve de courage environnemental
parce qu'il s'est tenu debout face aux lobbyistes, et j'espère qu'il va avoir
le même courage pour son plan d'économie verte, savoir...
Mme Ghazal : ...de courage
environnemental parce qu'il est allé vers une réforme qui n'est pas populaire.
En tout cas, pour ce qui est de la consigne, c'est très, très, très populaire.
Tous les sondages le montraient. Il a fait preuve de courage environnemental
parce qu'il s'est tenu debout face aux lobbyistes, et j'espère qu'il va avoir
le même courage pour son plan d'économie verte. C'est à voir.
Par rapport à la traçabilité, tout à fait
d'accord avec vous. Et moi, j'aimerais savoir si vous avez eu la réflexion par
rapport aux REP, si vos membres seraient ouverts à ce qu'il y ait des objectifs
serrés et sévères par rapport à l'écoconception. C'est-à-dire qu'il faut
avoir... On est bons en récupération, maintenant, il y a des taux de recyclage,
mais aussi de l'écoconception pour réduire des matières non recyclables, le
plastique. Je comprends qu'il y ait un encouragement par le fait qu'ils paient,
mais qu'ils aient des objectifs à atteindre aussi. Est-ce qu'ils seraient
ouverts à ça?
• (15 h 40) •
Mme Pelchat (Christiane) : Moi,
je pense que oui, je pense que oui, que les membres d'un réseau sont très
avant-gardistes et qu'ils seraient tout à fait ouverts à ça, absolument.
Mme Ghazal : Puis donc d'avoir
des objectifs, pas seulement des incitatifs ou, par exemple…
Mme Pelchat (Christiane) :
Des objectifs.
Mme Ghazal : …s'ils n'y
atteignent pas qu'il y ait… parce que, par exemple, une des choses qui, moi,
m'inquiète, c'est qu'on peut dire qu'il y a une REP, puis c'est ce que vos
membres appellent, mais ils peuvent, par exemple, dire : Bien, on paie la
pénalité, mais on continue à produire des matières difficilement recyclables.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, c'est ça qu'il ne faut pas. Alors, il faut absolument, puis vous avez
raison, c'est une bonne idée, avec les objectifs. Et j'ajoute que, si le gouvernement
lui-même adoptait une réglementation pour obliger tous les acheteurs du gouvernement
à avoir des produits recyclés dans les produits des achats gouvernementaux, déjà,
ça pourrait encourager, et peut-être que ça aiderait à avoir des objectifs dont
vous parlez, ça aiderait à faire passer ce système-là aussi, mais je pense que
nos membres seraient d'accord.
Mme Ghazal : O.K. Donc, très
bien. Ça fait qu'on va pouvoir voir ça aussi dans la réglementation. Puis ce
que vous dites, c'est que c'est important aussi que le gouvernement soit un
modèle dans cette question-là…
Mme Pelchat (Christiane) : Absolument.
Mme Ghazal : …dans ses achats,
puis… Très bien. Parfait. Je n'avais pas d'autre question.
Mme Pelchat (Christiane) : D'accord.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons aller du côté du troisième groupe d'opposition. Mme la députée
de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour. Heureuse que vous soyez parmi nous aujourd'hui. Je voulais justement
parler, bon, on avait dans la liste des groupes qu'on souhaitait entendre, on
avait mentionné effectivement la régie intermunicipale de la gestion des
matières résiduelles de la Gaspésie, alors vous semblez connaître bien, disons,
la réalité, la façon qu'ils coordonnent et gèrent, et tout ça. Alors, je
voudrais vous entendre, est-ce que… de quelle façon on peut les garder comme
partenaires clés pour cette réforme dans la gestion avec le type de gouvernance
qu'on souhaite implanter également, quelle serait votre vision par rapport à
ça?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, en fait, qu'il faut, malgré la centralisation dans un OGD, là, un
organisme désigné. Il faut laisser la place à des organisations locales comme
cette régie qui est une, quant à moi, des plus performantes au Québec, parce
que c'est une femme qui la gère, peut-être, excusez-moi, c'est un petit
commentaire d'une ancienne vie, mais…
Mme Pelchat (Christiane) :
...désigné. Il faut laisser la place aux organisations locales, comme cette
régie, qui est une, quant à moi, des plus performantes au Québec. Parce que
c'est une femme qui la gère, peut-être. Excusez-moi, c'est un petit commentaire
d'une ancienne vie. Mais c'est une des plus performantes, et il ne faudrait
pas... puis c'est ça que plusieurs de nos membres nous ont dit, il ne faut pas
éteindre les initiatives de ces joueurs-là, qui ont changé, je vous dirais, beaucoup
de choses dans leurs régions, et qui sont inspirants pour les autres régions.
Donc, écoutez, je comprends qu'une REP, ça
engendre la création d'un organisme, puis c'est bon aussi qu'il y ait un organisme,
parce que ça va rassembler tout le monde autour de cette réalité-là, mais... Et
je pense que le ministre est assez sensible aux régions pour savoir qu'il y a,
dans des régions, des organismes comme la régie qui sont très performants et
qui ne doivent pas être empêchés de continuer.
Mme Perry Mélançon : Et il
faut dire effectivement que la régie a piloté justement l'implantation du
compostage à Gaspé, dernièrement, et ça a été un succès, et donc ont fait leurs
preuves, je dirais, là, pour être capables de piloter des nouvelles réformes.
Mme Pelchat (Christiane) :
Absolument.
Mme Perry Mélançon : Alors,
j'entends le message et je partage votre souhait, là, que ce soit bien pris en
considération, là, par le ministre. Alors, je pense qu'on doit avoir beaucoup
pris de temps, Mme la Présidente, est-ce qu'on est encore...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...il vous reste 20 secondes... en conclusion, oui.
Mme Perry Mélançon :
15 secondes. Bien, je vous remercie d'avoir parlé au nom de la régie
intermunicipale qui est dans mon comté, plusieurs MRC qui sont présentes dans
le comté de Gaspé, alors...
Mme Pelchat (Christiane) : On
a hâte d'aller les visiter.
Mme Perry Mélançon : Bien,
vous viendrez me voir, également.
Mme Pelchat (Christiane) :
D'accord.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup pour cette participation à notre commission parlementaire.
Je vous souhaite une belle fin de journée, et nous allons prendre une courte
pause pour accueillir le prochain groupe. Bonne journée.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 46)
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Donc, nous reprenons nos travaux et nous allons cette
fois entendre le Conseil de la transformation alimentaire du Québec. Alors, je
vous souhaite la bienvenue, et vous connaissez la procédure, 10 minutes
pour votre présentation, ensuite vous aurez un échange avec les députés et le
ministre. Alors, voilà, la parole est à vous.
Mme Van Campenhout (Annick) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mmes et MM. distingués membres de la commission, je
m'appelle Annick Van Campenhout. J'occupe la fonction de vice-présidente
Progrès alimentaire et Développement durable au CTAQ. Je suis accompagnée
aujourd'hui par Mme Louise Fecteau, présidente de Gaïa Environnement, notre
conseillère dans la gestion des matières résiduelles.
À tous merci de nous permettre de vous
présenter nos préoccupations en lien avec ce projet de loi n° 65. Le CTAQ
est le principal regroupement d'entreprises oeuvrant dans le secteur de la
transformation alimentaire. Avec plus de 550 membres représentants aussi
l'intérêt de 13 associations affiliées, nous regroupons 80 % du
volume annuel d'affaires d'une industrie de 30 milliards de dollars.
Dans le dossier qui nous occupe
aujourd'hui, nous représentons entre autres les négociants embouteilleurs de
vin, les microdistilleries, les petits embouteilleurs d'eau, les fabricants de
kombucha, de boisson végétale, par exemple, autant d'entreprises québécoises,
des PME pour la grande majorité, concernées par ces chantiers environnementaux
majeurs.
Nous sommes la voix d'entreprises d'ici
qui sont parmi les nouveaux joueurs concernées dans le système élargi de
consigne qui implique 2 milliards de contenants supplémentaires. Rappelons
que ces 2 milliards de…
Mme Van Campenhout (Annick) :
...concernés par ces chantiers environnementaux majeurs.
Nous sommes la voix d'entreprises d'ici
qui sont parmi les nouveaux joueurs concernés dans le système élargi de
consigne qui implique 2 milliards de contenants supplémentaires. Rappelons
que ces 2 milliards de contenants sont déjà assujettis et concernés par le
système de collecte sélective. Les entreprises sont contributrices financièrement
au système via Éco Entreprises Québec .
Il a été énoncé plusieurs fois devant vous
que la modernisation de la collecte sélective était attendue et espérée. Je
peux vous le confirmer. Une nouvelle ère pour une gestion innovante des
matières est soutenue par nos membres, soyez-en convaincus. Néanmoins, ce qui
est proposé ne représente... représente pour nos entreprises rien de moins
qu'un chèque en blanc dans l'état actuel des choses, et je précise «dans l'état
actuel des choses».
Je vais partir d'une analogie propre à
notre secteur d'activité. Pour réussir un gâteau quatre-quarts, il nous faut
quatre ingrédients, et qu'un seul manque, le gâteau ne peut réussir. De notre
perspective, je vais vous parler de deux ingrédients manquants pour un gâteau
réussi : des analyses d'impact rigoureuses et détaillées et une véritable
REP.
Quand je parle aux entreprises de cette
réforme, la première question que j'ai, c'est : Annick, combien ça va
coûter? Ou encore : Est-on certain d'avoir envisagé toutes les
alternatives possibles? Est-ce la meilleure solution? Les gens d'affaires ne
peuvent se satisfaire de probabilités, de flou artistique, de peut-être ou de
on va voir. Quand une entreprise fait ses prévisions budgétaires, elle a besoin
de savoir, de connaître ses marges de manoeuvre. Une entreprise a besoin de
prévisibilité pour investir et son banquier aussi.
• (15 h 50) •
À l'heure où le gouvernement actuel
souhaite l'autonomie alimentaire, prône l'achat local et veut soutenir la
compétitivité des entreprises d'ici pour qu'elles demeurent concurrentielles,
nous comprenons mal comment un projet aussi important n'a pas bénéficié en
amont d'une attention minutieuse pour effectuer toutes les analyses d'impact
pour obtenir des données probantes. La première étant évidemment une
analyse d'impacts financiers. Que dois-je répondre aux entreprises? Que cette
réforme ne leur coûtera rien. Par le simple fait d'annoncer qu'un frais internalisé,
un écofrais sera assumé par les entreprises, c'est admettre que cela va coûter
quelque chose. La question qu'il faut se poser, c'est : À qui?
À la pièce, on pourrait dire : Deux
ou trois sous, c'est facile à absorber pour les entreprises. Eh bien, je vous
confirme que non, ce n'est pas facile et cela diminue d'autant sa capacité à
investir. Les marges bénéficiaires...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...la question qu'il faut se poser, c'est : À qui? À la pièce, on pourrait
dire : Deux ou trois sous, c'est facile à absorber pour les entreprises.
Eh bien, je vous confirme que non, ce n'est pas facile et cela diminue d'autant
sa capacité à investir. Les marges bénéficiaires de notre industrie sont en
dessous de 5 %, aucune improvisation n'est possible pour nous.
Il est utopique de penser qu'il n'y aura
pas de répercussions sur le prix des produits parce que la majorité des PME que
nous représentons n'ont pas les moyens d'absorber ces coûts. Ce sont des coûts
supplémentaires. Cette réforme fragilise le pouvoir d'achat des consommateurs.
Nous croyons aussi au principe de
transparence. Il nous apparaît nécessaire que le consommateur puisse connaître
la part des coffrets sur le prix des produits. Le dissimuler tiendrait de la
fourberie de notre part.
La deuxième analyse serait évidemment une
analyse d'impact socioenvironmentale. Quelles sont les conditions gagnantes
pour optimiser les comportements adéquats des consommateurs dans toutes les
régions? Comment sommes-nous outillés pour mettre en place un système dont on
n'a pas analysé les retombées environnementales détaillées? Quand une
entreprise fait un plan d'affaires, elle doit s'assurer d'avoir fait ses
analyses avant d'aller voir son banquier. Dans ce cas-ci, je vous rappelle que
les banquiers, les bailleurs de fonds seront les entreprises elles-mêmes. Ce
sont les entreprises qui auront le fardeau de la facture et l'odieux si le
système ne fonctionne pas.
Alors, comment peut-on faire le choix des
moyens sans un minimum de données de base? Il faut dissiper les inquiétudes
légitimes des entreprises. Ce projet de modernisation est sur les planches à
dessin depuis des années. Comment se fait-il qu'encore aujourd'hui le
gouvernement n'ait pu fournir aucune donnée probante sur les impacts de cette grande
réforme pour l'industrie? Trop de questions restent encore sans réponses. Par
exemple, comment allons-nous régler le prix minimum du lait dans ce nouveau
contexte? Avons-nous pensé à l'ensemble des consommateurs, y compris les
populations défavorisées dans ce projet? Nous réclamons ces analyses pas
seulement à travers des projets pilotes réalisés en quatre mois ayant des
conditions, vous en conviendrez, qui ne sont pas optimales puisque nous sommes
en pleine crise COVID. Des analyses effectuées par des analystes financiers,
des spécialistes en logistique, des statisticiens spécialisés en comportement
du consommateur, des génies du calcul sur les gains environnementaux, c'est ça
dont nous avons besoin.
Le deuxième ingrédient du gâteau :
nous croyons au principe de REP complet et nous souhaitons être des acteurs
responsables de ce projet de société pour le Québec. L'industrie comprend très
bien son rôle et est prête à assumer ses responsabilités. Elle le fait déjà.
Elle le fait...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...le
deuxième ingrédient du gâteau : nous croyons au principe de REP complet et
nous souhaitons être des acteurs responsables de ce projet de société pour le
Québec. L'industrie comprend très bien son rôle et est prête à assumer ses
responsabilités. Elle le fait déjà. Elle le fait en investissant des millions
dans la collecte sélective, un système qui n'est pas optimisé. Vous comprendrez
la résistance de nos entreprises d'investir dans un autre système avec autant
de flou et d'inconnu.
L'élargissement de la consigne
simultanément à la réforme du système de collecte sélective déroge au principe
de REP en dictant d'emblée les moyens de récupération des contenants de
boissons. Que l'on pense aux piles, aux produits électroniques, aux peintures,
aux huiles, dans tous les cas, les producteurs ont eu le choix des moyens pour
s'acquitter de leurs obligations. Nous nous expliquons mal pourquoi il est en
autrement pour les producteurs de contenants de boissons. Le principe de REP
doit être appliqué équitablement pour tous les producteurs québécois. À
plusieurs reprises et sur plusieurs tribunes, nous avons proposé des solutions,
apporté des alternatives et des moyens. Nous avons le sentiment de ne pas avoir
été entendus.
Nous devons, nous voulons, faire partie de
la solution, mais dans un contexte économique viable pour nos entreprises. Il
faut convenir ensemble et collectivement des meilleurs moyens pour atteindre
nos objectifs et coconstruire le meilleur système pour tous. Nous voulons un
vrai projet de société gagnant. Mettons toutes les chances de notre côté pour
anticiper le potentiel d'échec.
Je conclus en vous demandant d'entendre
nos deux principales préoccupations. Il faut reconnaître le coût important des
orientations de ce projet de loi pour les entreprises en soutenant la
réalisation de toutes les analyses d'impact préalables à une quelconque
réglementation. Avec ces analyses, nous pourrons, car nous en avons tous
collectivement l'obligation, protéger le pouvoir d'achat du consommateur.
Respecter l'autonomie des producteurs dans les règlements découlant du projet
de loi. Une vraie REP donne au producteur le choix des moyens pour arriver aux
objectifs fixés par le gouvernement. Cela a réussi dans les autres catégories,
il n'y a aucune raison pour que ça ne réussisse pas dans la catégorie des
contenants de boissons. Enfin, nous vous invitons à prendre connaissance...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Ah bon, M. le ministre me dit que vous pouvez
conclure, terminer votre présentation.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Faisons en sorte que ce gâteau sociétal soit composé de tous les ingrédients
nécessaires pour que succès... ce projet soit un succès collectif. Merci, M. le
ministre, de m'avoir permis de finir ma phrase.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être des nôtres cet après-midi... un plaisir de
vous retrouver. On prend l'habitude d'échanger via un écran, c'était la même
chose il y a quelques...
Mme Van Campenhout (Annick) :
…ce projet soit un succès collectif. Merci, M. le ministre, de m'avoir permis
de finir ma phrase.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être des nôtres cet après-midi, un plaisir de vous
retrouver. On prend l'habitude d'échanger via un écran, c'était la même chose
il y a quelques jours, quelques semaines maintenant, pandémie oblige.
Écoutez, merci pour vos commentaires. Si
je comprends bien, vous avez une appréhension moins sur le volet modernisation
de la collecte sélective, mais plus sur le volet consigne, de ce que je décode,
là, de vos propos. C'est exact?
Mme Van Campenhout (Annick) :
C'est exactement ça. Il y a longtemps… il y a très longtemps qu'on dit :
Modernisons la collecte sélective avant d'envisager quelque autre hausse de
système. La collecte sélective, c'est clair, n'est pas optimisée, il y a
10 ans qu'on le dit. Pour nous, c'était la prémisse avant d'envisager quoi
que ce soit d'autre comme système. Ce n'est pas le cas, mais c'était ça pour
nous. Je ne sais pas, Louise, si tu as quelque chose à rajouter?
Mme Fecteau (Louise) : Non, je
vais vous laisser continuer, M. le ministre, vous avez des questions un peu…
M. Charette : Et peut-être…
merci. Peut-être, dans cette perspective-là, ceux et celles qui nous écoutent
et qui nous connaissent… qui vous connaissent moins comme organisation, quels
sont vos principaux membres? Qui représentez-vous comme associations?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Les nouveaux joueurs, une grande partie des nouveaux joueurs, dans les produits
qui sont concernés dans la consigne. Il faut savoir que nos entreprises,
présentement, sont dans la collecte sélective, participent, paient, contribuent
financièrement, ils vont se retrouver à cheval sur deux systèmes, ne sachant
pas nécessairement combien ça va leur coûter, et c'est ça qu'on questionne,
qu'est-ce que ça va coûter.
M. Charette : Mais au niveau
de votre membership, est-ce que vous pouvez nous nommer quelques-uns de vos
membres?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, bien sûr, bien sûr. Les négociants embouteilleurs de vin, Vins Arterra,
Vins Arista, Station 22. Toutes les microdistilleries sont membres chez nous,
donc les 48 microdistilleries, je pense. Les petits embouteilleurs d'eau,
on pense à Saint-Justin, par exemple. Les fabricants de kombucha, je n'ai pas
nécessairement de noms d'entreprises de boisson végétale, ils sont parmi nous
membres aussi. C'est ça. Lassonde est membre chez nous aussi, autant que chez
Boissons Canada, par exemple.
M. Charette : Et plusieurs de
vos membres, je présume, vendent aussi leurs produits dans d'autres provinces
canadiennes.
• (16 heures) •
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, bien sûr. J'ai envie de dire que ce n'est pas la majorité de nos membres.
Ce sont des PME québécoises pour la plupart de nos membres, 80 % de notre
membership, ce sont des PME québécoises. Ils n'ont pas nécessairement...
ne sont pas nécessairement impliqués dans l'exportation ou n'ont pas
nécessairement... il y en a, mais ce n'est pas…
16 h (version non révisée)
Mme Van Campenhout (Annick) :
...oui, bien sûr. J'ai envie de dire que ce n'est pas la majorité de nos
membres — ce sont des PME québécoises pour la plupart de nos membres,
80 % de notre membership, ce sont des PME québécoises — n'ont
pas nécessairement... ne sont pas nécessairement impliqués dans l'exportation
ou n'ont pas nécessairement... Il y en a, mais ce n'est pas l'essentiel de
notre membership.
M. Charette : Et je vous posais
la question, et vous vous en doutez bien, parce que, dans les autres provinces,
pareille consigne, dans bien des cas, est déjà établie. Et j'ai posé
essentiellement la même question aux embouteilleurs hier ou avant-hier, là,
lorsqu'ils étaient devant nous. Et, effectivement, plusieurs, sinon la totalité
de leurs membres vendent également leurs produits, donc des contenants, des
produits qui actuellement ne sont pas consignés, qui bientôt le seront à
travers notre réforme et qui sont déjà consignés dans les autres provinces. Et
ce que les embouteilleurs nous disaient : Bien, on s'adapte, ce sont des
marchés qui ont leurs spécifications, et on s'adapte. Donc, ça n'a pas empêché
ces embouteilleurs de vendre leurs différents produits dans les autres provinces.
Si on était... et je le dis bien
candidement, si on était la première province à instaurer un système de cette
nature-là, je pourrais comprendre les réticences, les craintes de raté, les
craintes de surcoût, les hésitations des uns et des autres. Mais on est, au
contraire, une des dernières provinces à se joindre à cette tendance.
Et, d'un point de vue strictement
environnemental, vous avez fait allusion à certaines études qui vous semblent
manquantes. C'est probablement le sujet qui a été le plus étudié sur la
longueur au fil des années au Québec, oui, mais à l'international aussi en
matière d'environnement, et il n'y a aucun doute sur l'efficacité d'un système
de cette nature-là lorsqu'on veut récupérer une matière qui est de bonne
qualité en quantité pour pouvoir alimenter les conditionneurs. Donc, les études
pleuvent à ce niveau-là.
Mais vos membres, comme les membres au
niveau des brasseurs, se sont adaptés dans les autres provinces. Et, dans les
faits, on parle de coûts internalisés. Je ne doute pas que ça puisse avoir un
impact au départ parce que, bon, on va forcément changer une certaine
logistique. Mais c'est au départ, et ce sont des entreprises dont le profit
repose sur le volume. Donc, à partir du moment... Et je ne doute pas que la marge
de profit sur chaque contenant individuel est bien mince, mais ce sont des
compagnies qui en vendent des millions de ces contenus-là. Donc, au départ,
peut-être qu'au niveau de la logistique il y a un certain réaménagement qui
sera nécessaire. Mais une fois que cette logique-là sera mise en place, le
surcoût n'aura plus à être assumé par l'entreprise parce que les opérations
auront fait... auront pris le pas sur cette modification-là.
Bref, peut-être rassurer vos membres. J'ai
eu le plaisir d'en rencontrer plusieurs. J'ai eu le plaisir d'aller en visiter
sur place parce que certains craignaient l'instauration de cette consigne. Et
je pense...
M. Charette : ...parce que les
opérations auront fait... auront pris le pas sur cette modification-là. Bref, peut-être
rassurer vos membres. J'ai eu le plaisir d'en rencontrer plusieurs. J'ai eu le
plaisir d'aller en visiter sur place parce que certains craignaient
l'instauration de cette consigne. Et je pense avoir rassurer celles et ceux que
j'ai rencontré qui s'en inquiétaient, mais je leur dis : Vous avez su vous
adapter dans les autres provinces, je ne vois pas pourquoi l'adaptation ne
serait pas possible au Québec.
Mme Van Campenhout (Annick) : Peut-être...
Oui, Louise.
Mme Fecteau (Louise) : Oui. Bonjour.
Les... En fait, quand on parle de... vous évoquez l'adaptation par rapport aux
autres provinces. Oui, les autres provinces... tu sais, en mentionnant qu'on
serait en peloton de queue parce qu'avec le Manitoba, on est les seuls qui
n'auraient pas une consigne sur les contenants de boisson, comme si le nombre
de catégories de contenants de boissons consignées était le seul indicateur
important dans la discussion. En réalité, dans les autres provinces, ils ont
mis des années, je veux dire, c'est des décisions qui ont été prises au fil du
temps qui ont été différentes. Oui, il y a eu de l'investissement du côté de la
consigne du côté de l'Alberta, Colombie-Britannique ou dans les provinces
maritimes, mais c'est à défaut d'autre système. Il n'y avait pas de collecte
sélective implantée comme ici dans ces provinces-là. Dans les provinces
maritimes, il y a encore des municipalités qui se réjouissent de recevoir la
collecte porte-à-porte, aujourd'hui, je veux dire qui... la collecte s'installe
aujourd'hui.
Donc, quand on parle... Ça fait que
j'énonce ça parce que quand on dit qu'il faut décortiquer minutieusement les
différentes catégories de matière, là, le postulat de départ, c'est qu'il faut
consigner tous les contenants de boisson pour faire comme il se fait ailleurs.
La première des choses, c'est que ce n'est pas le cas en Ontario. Ça fait que
dans nos secteurs d'activité économique, on a tendance à se comparer avec la
province voisine qui a des... qui a une économie similaire. En Ontario, il y a
de la consigne uniquement sur les boissons alcoolisées, donc vin, spiritueux et
bière, en verre. Les autres contenants de boisson ne sont pas consignés en
Ontario. L'Ontario est aussi ambitieuse, a des plans de modernisation très
ambitieux. Il est permis de se poser la question à savoir qu'est-ce qui a amené
l'Ontario à renoncer à faire comme les autres provinces auxquelles on se réfère
systématiquement.
Puis, si vous me permettez, je vais vous
donner juste un exemple très, très, très concret, là, de question qui se pose
parmi les membres du CTAQ. Je prends l'exemple des contenants à pignon. Je sais
que c'est en deuxième voie, dans la deuxième vague de consignation. Les
contenants à pignon, donc les pintes de lait, les cartons de jus de
1,89 litre sont récupérés, au Québec, à 78 %. Donc, quand on
dit : On veut bien s'adapter à ce qui se fait ailleurs, il faut aussi
tenir compte des caractéristiques propres au Québec. Au Québec, les citoyens
mettent 78 % des contenants à pignon dans le bac. Il n'y a aucun...
Mme Fecteau (Louise) : ...sont
récupérés, au Québec, à 78 %. Donc, quand on dit : On veut bien
s'adapter à ce qui se fait ailleurs, il faut aussi tenir compte des
caractéristiques propres au Québec.
Au Québec, les citoyens mettent 78 % des
contenants à pignon dans le bac. Il n'y a aucune, aucune juridiction qui
consigne les contenants à pignon qui atteint ce pourcentage de récupération là.
M. Charette : Parfait. Si
vous...
Mme Fecteau (Louise) : Donc,
on a...
M. Charette : Si vous me
permettez, c'est un exemple que l'on entend souvent et mes collègues ont eu à
le répéter au cours des derniers jours. C'est une erreur, je pense, de
confondre «récupération» et «recyclage». On a de bons taux de récupération au
Québec, il n'y a aucun, aucun doute, mais c'est ce qui est fait par la suite
qui pose problème.
On a beaucoup d'éléments qui se retrouvent
dans le bac bleu, oui, mais qui ultimement se retrouvent au site
d'enfouissement, parce qu'à travers le traitement qu'on leur a réservé, la
contamination s'est amplifiée, donc, les débouchés sont inexistants. On les
renvoie par la suite au dépotoir, même s'ils ont d'abord été récupérés, même
s'ils ont d'abord passé par le centre de tri. Donc, l'exemple, malheureusement,
au niveau de la récupération, n'est pas le bon. Il faudrait regarder quel est
le pourcentage de recyclage et c'est là, où les pourcentages diminuent
grandement.
Moi, j'ai un article ce matin qui m'a
interpellé, qui m'a intéressé. C'est dans La Presse, je vous invite à le
lire, La Presse+. Je peux même vous donner la page, A-15. On parle, justement,
du multicouche. On a une entreprise sur le côté de la rive sud de Québec, qui
s'appelle Fibres Sustana, qui s'est spécialisée et qui veut investir plusieurs millions
pour agrandir ses installations ultimement, mais cette matière-là, dont elle a
besoin, elle n'arrive pas à l'obtenir au Québec. Elle est obligée de l'importer
de d'autres juridictions, où ce type de contenant là sont consignés.
Pourquoi pas? Parce que ça n'a pas été
récupéré, pas parce que ça n'a pas été mis dans le bac bleu, mais c'est qu'une
fois ce réseau de contamination là, c'en est un, bien il n'y a plus de valeur
possible à ajouter à cette matière-là. Donc, c'est la différence entre
récupérer et recycler. C'est un enjeu de qualité pour que nos conditionneurs,
par la suite, puissent acheter les produits ou la matière qui leur permettra de
faire ce qu'ils ont à faire avec leurs contenants.
Donc, l'exemple de la récupération, qu'on
entend chez les gens plus réticents à la consigne, n'est pas celui à utiliser
et l'exemple des Fibres Sustana est, au contraire, l'exemple qui nous conforte
dans notre position. Il y a un marché pour ces matières-là, en autant qu'on
puisse garantir une certaine qualité, ce qui n'est malheureusement pas le cas.
Et le bac bleu va quand même avoir sa pertinence, dans la réforme que nous
implantons. On va, oui, moderniser la collecte...
M. Charette : …qui nous
conforte dans notre position. Il y a un marché pour ces matières-là, en autant
qu'on puisse garantir une certaine qualité, ce qui n'est malheureusement pas le
cas.
Et le bac bleu va quand même avoir sa
pertinence, dans la réforme que nous implantons. On va, oui, moderniser la
collecte sélective, mais on maintient le bac bleu. Pourquoi? Parce que dans
certains cas, pour certains types de conditionneurs, la qualité n'a pas la même
importance au niveau du verre, notamment. On a des conditionneurs qui ont
besoin d'une qualité de verre de très haut niveau parce qu'ils vont vouloir
refaire du verre ou des dérivés du verre, mais on a d'autres conditionneurs
pour qui la qualité n'a pas la même importance. Lorsqu'on parle d'additifs
cimentaires, par exemple, le degré de pureté n'est pas le même, celui qui est
requis.
• (16 h 10) •
Donc, les autres contenants en verre qui
ne seront pas consignés, qui vont se retrouver dans le bac bleu, vont pouvoir
alimenter ce type de marché là, mais il faut pouvoir alimenter le type de
marché qui, lui, a besoin d'un degré de pureté plus grand, et c'est le cas
autant pour le verre, autant pour le papier, le multicouche, l'aluminium, le
verre. Bref, c'est pour ça que partout dans le monde, depuis des années, la
consigne… je dis partout, dans une grande majorité de pays développés, à tout
le moins, la notion de consigne est implantée, et si on est en retard au Canada
par rapport aux autres provinces, je peux vous assurer qu'on l'est encore plus
par rapport à l'Europe sur ces enjeux-là. Donc, c'est un sujet qui a été
largement documenté.
Et vous parliez… votre collègue parlait,
tout à l'heure, au niveau des délais. C'est vrai que dans les autres provinces,
ça s'est implanté sur plusieurs années, mais ce sera le cas aussi au Québec.
Nous, c'est une réforme qui a été initiée en janvier dernier, qui sera
implantée à partir de la fin de l'année 2022, donc on parle de trois ans.
Et par la suite, pour d'autres types de contenants, on ajoute deux années
supplémentaires. Donc, c'est une réforme qui, au total, aura pris cinq à six
ans à s'implanter, donc oui, les différentes parties concernées auront eu
amplement le temps de s'adapter. Dans l'intervalle, vous en faites partie. Dans
l'intervalle, on a des comités de travail qui aident, justement, à s'assurer
que les arrimages se fassent.
J'ai malheureusement déjà beaucoup parlé.
Je sais que mon collègue va vouloir… j'ai mon collègue de Robert-Baldwin qui,
hier, a dit d'entrée de jeu : Je n'ai pas beaucoup de questions, mais
finalement, il a réussi à remplir son temps de parole en entier. Là, je ne
voudrais pas subir le reproche de mon collègue de Bourget, donc je lui
cèderais, avec la permission de la présidente, le mot de remerciement,
peut-être.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. M. le député de Bourget, vous avez 1 min 20 s.
M. Campeau : Ah! O.K. Bien, je
vais vous poser une question complètement sur une avenue différente. Est-ce que
vos membres ont mis des initiatives de l'avant pour éviter justement ce
problème-là, du genre les embouteilleurs de vin, les…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…M. le député de Bourget, vous avez 1 min 20 s.
M. Campeau : O.K. Bien, je
vais vous poser une question complètement sur une avenue différente. Est-ce que
vos membres ont mis des initiatives de l'avant pour éviter justement ce problème-là,
du genre les embouteilleurs de vin, les embouteilleurs de jus, les… est-ce qu'il
y a des initiatives qui ont été mises de l'avant? J'imagine, réutiliser des
contenants que le consommateur apporterait soi-même à l'épicerie, par exemple,
j'ai déjà vu ça en Allemagne.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. Ce que je peux vous dire, par exemple, parmi les initiatives, les
embouteilleurs de vin ont travaillé sur l'allègement du verre, de la bouteille
en verre. C'est un exemple, je ne sais pas, Louise, si tu en as d'autres
spontanément en tête, mais c'en est un. Sachez que l'industrie n'est pas insensible
au développement durable et à l'amélioration de leur matière, de la matière
qu'ils mettent en marché, il y a beaucoup d'initiatives qui se font.
Mme Fecteau (Louise) : Bien, il
y a surtout beaucoup d'études de cycle de vie qui se font sur les meilleurs
contenants justement dans un contexte d'analyse de cycle de vie. Donc, il y a
des remises en question du type de contenant lui-même. Donc, quand on a vu
migrer des contenants de verre vers des contenants de plastique ou de type
multicouche, ou tout ça, mais c'est à l'issue d'études approfondies pour
vérifier justement, dans l'ensemble du cycle, qu'est-ce qui est le plus
approprié, qu'est-ce qui a de moins d'impact environnemental, en fin de compte…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre…
Mme Fecteau (Louise) :
…l'écoconception, c'est la même chose.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Nous allons passer du côté de l'opposition
officielle, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. J'ai fait vite pour devancer mon collègue, mais je vais lui laisser
la parole, aussi généreux que M. le ministre. Bonjour, mesdames. Merci, merci
d'être là. Bon. Je vais essayer de recentrer un peu, comprendre un peu vos
objections. Vous avez dit, dans vos remarques plus tôt, vous avez dit que vous
auriez souhaité un REP véritable, un véritable REP, pouvez-vous nous dire
exactement qu'est-ce que vous voulez dire par ça?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Le principe de REP, c'est de répondre, de prendre les moyens, donc l'industrie
prend les moyens pour répondre aux objectifs dictés par le gouvernement. Donc,
le gouvernement veut atteindre l'objectif, veut réussir le gâteau, et
l'industrie choisit les ustensiles, les ingrédients et tout ce qui va avec pour
réussir l'implantation et réussir à atteindre les objectifs.
Or, ici, dans le cas qui nous occupe, on
nous donne des objectifs, mais on nous dit aussi : Voici les moyens que
vous devez prendre, que vous devez prendre pour atteindre ces objectifs.
Mme Fecteau (Louise) : Si je
peux me permettre de prendre l'exemple qui a été… il y a un exemple qui a été
cité plus tôt…
Mme Van Campenhout (Annick) :
...l'implantation et réussir à atteindre les objectifs. Or,ici, dans le cas qui
nous occupe, on nous donne des objectifs, mais on nous dit aussi : Voici
les moyens que vous devez prendre pour atteindre ces objectifs.
Mme Fecteau (Louise) : Si
je peux me permettre de prendre l'exemple qui a été... il y a un exemple qui a
été cité plutôt, l'usine de Sustana, à Lévis, qui justement se disait intéressée
par les contenants qui arrivent du processus de consigne. Mais il faut
savoir... puis on dit : Le gisement, au Québec — dans l'article
en question, je l'ai lu — le gisement, au Québec, c'est 18 000 à
20 000 tonnes. Ces 18 000 à 21 000 tonnes là sont dans
les centres de tri. Et les contenants multicouches, on peut s'imaginer une
boîte d'un litre de bouillon de boeuf, on peut s'imaginer une boîte d'un litre
de jus d'orange. Lorsqu'on... en fait, le principe de REP, ce serait de dire au
producteur : Quel est le meilleur moyen de satisfaire ce recycleur,
autrement dit d'atteindre ses exigences, dans le processus qui est le plus
économique, le plus environnementalement correct, donc d'avoir le meilleur taux
de récupération et de recyclage in fine, et choisissez... autrement dit, faites
les analyses approfondies pour trouver le meilleur moyen?
Ici, le processus de départ, c'est que les
contenants de jus... je reprends ma brique de jus d'un litre, elle va partir
vers le circuit de collecte... de consigne. Le contenant de bouillon de boeuf
va rester dans la collecte sélective. On n'a que 18 000 tonnes de
gisement au Québec, c'est très peu. Il y a 25 centres de tri qui se répartissent
ces quantités-là. Les centres de tri vont devoir... si on veut satisfaire le
recycleur... parce qu'eux aussi tombent dans la démarche de modernisation,
doivent investir des sommes importantes pour faire un meilleur tri pour
satisfaire le même recycleur. Donc, ils vont devoir faire des investissements
avec moitié moins de volume à traiter. Ce sont des décisions d'affaires qui
sont extrêmement difficiles. Du côté de la consigne, on le sait, ce circuit-là
est plus coûteux. Donc, pour le recycleur, c'est certain qu'on n'a aucun doute
qu'il préfère recevoir la matière issue de la consigne.
Mais, comme producteur, la question est la
suivante... On a deux produits identiques qui partent de la maison de nos
consommateurs, de nos citoyens, qui prennent deux circuits différents pour
aboutir chez le même recycleur. Dans les deux cas, il faut se poser la même...
la question du meilleur processus possible pour atteindre les mêmes
standards parce qu'on y croit que la modernisation de la collecte sélective va
fonctionner. Tout le long de la semaine, vous avez entendu tous les
intervenants unanimement dire qu'ils vont mettre les ressources, les talents,
les efforts pour que ça réussisse. Donc, si on va jusqu'au bout de cette
logique, si ce chantier réussit, bien, on va se retrouver avec le respect des
standards des recycleurs du Québec.
Mais l'exemple de Sustana est un excellent
exemple, on risque de fragiliser les centres de tri en leur retirant des
matières qui pourraient nécessiter des investissements.
M. Leitão : Donc, dans ce
cas-là, et vous l'aviez dit, vous souhaiteriez qu'on aborde d'abord la collecte
sélective, une modernisation de la collecte sélective, avant de passer à un
élargissement de la consigne. C'est ça?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Fondamentalement, c'est ça qu'on...
M. Leitão : ...ce cas-là, et,
vous l'aviez dit, vous souhaiteriez qu'on aborde d'abord la collecte sélective,
la modernisation de la collecte sélective avant de passer à un élargissement de
la consigne. C'est ça?
Mme Van Campenhout (Annick) : Fondamentalement,
c'est ça qu'on demandait depuis 10 ans au moins, c'était de procéder à cette
modernisation de la collecte sélective; avant même d'envisager tout autre système,
de valider, d'optimiser le système de collecte sélective.
Mme Fecteau (Louise) : Et
j'ajoute qu'il est probable que la consigne demeure la voie la plus
intéressante pour certaines catégories de matière. On parle souvent du verre.
On fait beaucoup d'amalgames, de généralisations, on dit souvent qu'il y a des
problèmes avec la qualité de la matière. Si ce problème est uniquement dû au
verre, peut-être que le verre devra avoir sa propre voie de consigne. Mais ce
qu'on a négligé, c'est de faire toutes les analyses qui nous permettraient de
vérifier si, à titre d'exemple, le plastique clair, les contenants de boisson
de plastique clair sont récupérés à 76 % et très bien recyclés.
Là, je rectifie ce qui a été dit
précédemment, ce n'est pas vrai que dans tous les cas, toutes les matières se
retrouvent au dépotoir ou sont mal recyclées. Il n'y en a pas, de problème de
filière du recyclage de plastique clair au Québec. Mais on va retirer des
centres de tri des quantités importantes d'une matière qui a une
valeur — comment je dirais ça? — précieuse. Le plastique
clair, le fameux PET, c'est probablement ce qui tire le prix moyen de vente
vers le haut pour les centres de tri. Ils vous l'ont exprimé, le centre des
entreprises de technologies environnementales vous l'a dit, ils sont très
inquiets, parce qu'il n'y a pas d'étude sur de quelle façon leurs
établissements vont être affectés. Donc, autrement dit, on va retirer une
matière du bac bleu pour la faire voyager dans le circuit de consigne sans même
s'être demandé si on n'aurait pas dû la conserver et peut-être améliorer, là,
pour aller chercher quelques points de pourcentage supplémentaires. Ça, ça n'a
pas été fait.
M. Leitão : Très bien. Je
pense que mon collègue a une question.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
• (16 h 20) •
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Écoutez, j'ai l'impression, à
vous écouter, si vous permettez que j'utilise l'image du début, j'ai
l'impression que vous semblez nous dire que vous êtes le gâteau. Donc, la
question que j'aimerais vous poser... Moi, je suis un consommateur québécois,
et ce qu'on sait, c'est qu'il y a une volonté de la majorité des consommateurs
québécois d'élargir la consigne. Sauf que, moi, je suis un consommateur
québécois, je vous écoute aujourd'hui, je veux m'assurer que cet élargissement
que je souhaite arrive avec le plus de cohésion que possible, le plus de
cohérence que possible, avec le moins d'embûches que possible. Qu'est-ce que
vous dites à ce moment-là à ce consommateur québécois?
Mme Fecteau (Louise) : Si je
peux me permettre, quand on dit : Les consommateurs québécois attendent et
souhaitent la consigne, c'est relatif à la question qui leur a été posée et à
l'environnement qui était...
M. Benjamin : ...qu'est-ce que
vous dites, à ce moment-là, à ce consommateur québécois?
Mme Fecteau (Louise) : Si je
peux me permettre, quand on dit : Les consommateurs québécois attendent et
souhaitent la consigne, c'est relatif à la question qui leur a été posée et à
l'environnement qui était l'environnement au moment de la question. Donc, si on
dit aux consommateurs : Étant donné que c'est le «free-for-all» dans les
centres de tri, est-ce que vous êtes favorables à la consigne? Évidemment, oui.
Mais les consommateurs, dans les faits, avec la consigne actuelle, ils
renoncent de plus en plus, année après année, à rapporter leurs contenants
consignés chez les détaillants, le système le plus simple qui soit.
Donc, les consommateurs, est-ce qu'on leur
a posé la question? Sachant que ça va vous coûter 0,10 $ de montant de
consigne, que vous n'aurez peut-être pas l'opportunité de les récupérer si vous
êtes à mobilité réduite, ou si vous n'avez pas les moyens de vous déplacer,
vous allez perdre systématiquement 0,10 $ par contenant. Et les frais de
recyclage, bien, on ne se le cachera pas... Je reviens aux contenants de
plastique. En Alberta — on fait référence souvent à
l'Alberta — c'est 0,08 $, 0,08 $ par contenant de plastique
de plus d'un litre en frais de recyclage, plus le montant de consigne de
0,10 $. Une personne qui n'est pas capable de se déplacer pour rapporter
ses contenants consignés va devoir payer 0,18 $ supplémentaires. C'est de
ça qu'il est question, là.
Ça fait que dans les taux de consigne, à
l'heure actuelle, qu'on évalue à 72 % environ, il est important de savoir
que ces taux incluent un pourcentage de contenants consignés qui ont voyagé par
la collecte sélective. C'est quand même assez incroyable, mais dans 72 %,
il y a 14 % à 18 % des contenants qui se sont retrouvés dans les
centres de tri, les centres de tri les ont mis de côté, les ont qualifiés,
autrement dit, comme contenants consignés, mais ce pourcentage augmente d'année
en année. Les consommateurs n'ont pas envie d'aller faire la file devant une
gobeuse déjà, maintenant.
Si on retire le pourcentage qui a voyagé
dans les centres de tri pour aboutir dans le taux de récupération de consigne,
on est sous les 60 %. Il y a 58 %... 56 % des contenants
d'aluminium, 58 % des contenants de plastique, dans les faits, qui ont été
ramenés chez le détaillant. Là, le consommateur, on va lui dire : Tu dois
maintenant rapporter ton pot de jus, ta canette de jus de V8, ta pinte de lait.
Je veux dire, bien, à un moment donné, là, il faut voir techniquement comment
ça va se passer dans les maisons, là. Dans un trois et demie, il va falloir
mettre ça de côté, il va falloir les rapporter. Il y a des gens qui ne sont pas
nécessairement incapables de se déplacer, ils vont faire leurs petites courses
à pied, mais ils n'ont pas de voiture. Ils sont en train de parler de centres
de dépôt. On les perd, là.
Donc, on n'a pas fait ce genre
d'évaluations. Annick mentionnait, d'entrée de jeu, en introduction, ces
évaluations économiques, envers les populations plus vulnérables sur le plan
socioéconomique n'ont pas été faites.
M. Benjamin : Vous avez évoqué
tout à l'heure les questions relatives aux analyses d'impact. Vous estimez, et
c'est un chiffre qu'on a entendu par d'autres groupes, que j'ai entendu venant
d'autres groupes, un impact de 300 millions. Ces chiffres-là viennent d'où?
Pouvez-vous nous en parler un peu?...
M. Benjamin : ...les questions
relatives aux analyses d'impact. Vous estimez, et c'est un chiffre qu'on a
entendu par d'autres groupes, que j'ai entendu venant d'autres groupes, un
impact de 300 millions. Ces chiffres-là viennent d'où? Pouvez-vous nous en
parler un peu?
Mme Fecteau (Louise) : Ils
viennent des documents d'analyse d'impact réglementaire qui ont été déposés. Il
y en a deux qui ont été déposés en début d'année au moment des annonces. Il y
en a un qui est plus récent qui a été déposé au moment de... bien, le week-end
dernier en fait. Puis les montants qui sont estimés de consigne non remboursée
pendant les cinq premières années, là, où le taux de récupération serait à 75 %,
c'est nommément dans le document du ministère de l'Environnement, c'est évalué
à 160 millions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...c'est terminé.
Mme Fecteau (Louise) : Et il
est mentionné que ces montants-là, ce serait les consommateurs qui auraient
décidé de ne pas rapporter la consigne...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre.
Mme Van Campenhout (Annick) :
En réalité, ils ne décident pas. Quelqu'un qui ne peut pas se déplacer... Oui.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre pour céder la parole à
notre représentante du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. J'ai 2 min 45 s. Donc,
ça va être très, très rapide. Écoutez, il n'y a aucun, aucun doute aujourd'hui
que notre système de recyclage ne fonctionne pas parce qu'il ne donne pas des
résultats. On est très, très fort au Québec pour récupérer de la matière, mais
après ça, pour la valoriser puis vraiment la recycler, ça, on n'est vraiment
pas bon. Donc, le statu quo, c'est juste impossible parce qu'on a beaucoup,
beaucoup axé notre système sur la quantité et non pas sur la qualité.
Il y a beaucoup de choses que vous avez
dites qu'il faut corriger, qui ne sont pas vraies, quand on dit que ça va
coûter 0,18 $ puis qu'on compare à ailleurs, mais c'est peut-être beaucoup
plus manuel. Je n'aurais pas le temps de corriger toutes les faussetés qui ont
été dites. Moi, j'essaie... Je suis en train de regarder votre mémoire, je
cherche des recommandations, je n'en ai vu aucune. Vous dites que la
responsabilité élargie des producteurs est très importante. Il existe quelque
chose aussi dans les entreprises qui s'appelle la responsabilité sociale et
environnementale des entreprises. Vous mettez sur le marché des produits. Ça se
retrouve un peu partout dans l'environnement. C'est des gisements de matière
qui sont très importants. C'est inacceptable. La population n'a plus confiance
dans notre système, et c'est très, très grave.
C'est quoi, votre... Comment vous voyez
votre rôle, vous, par rapport à la responsabilité sociale et environnementale,
des produits que vous mettez sur le marché et avec lesquels vous faites des
profits?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. Je suis entièrement d'accord avec vous, on ne vous contredira certainement
pas, le système de collecte sélective, tel qu'il est maintenant, doit être
revu, clairement. Il faut. Il faut que la matière soit valorisée. Mais ça fait
10 ans qu'on le dit, ça fait 10 ans que, via Éco Entreprises Québec,
on demande cette réforme-là, on demande la valorisation de la matière. Ce n'est
pas nouveau de notre part, on l'apporte. Par ailleurs, en termes de mise en
marché, on travaille énormément en amont, c'est-à-dire au moment de la
production de l'emballage, pour réduire son impact à la source. Il y a beaucoup
de choses qui sont faites qui ne sont pas nécessairement visibles du grand
public, mais énormément de choses sont faites par nos entreprises...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...en termes de mise en marché, on travaille énormément en amont, c'est-à-dire
au moment de la production de l'emballage, pour réduire son impact à la source.
Il y a beaucoup de choses qui sont faites qui ne sont pas nécessairement
visibles du grand public, mais énormément de choses sont faites par nos entreprises.
Je suis responsable du développement durable dans CTAQ, je peux vous le dire
qu'il y a beaucoup de choses qui sont faites.
Mme Ghazal : Mais les résultats
ne sont pas là.
Mme Van Campenhout (Annick) :
On ne pourra plus retourner au pis de la vache pour boire notre lait, il faut
le mettre dans un contenant, on s'entend. Il faut que ce contenant soit le
moins... qui ait le moins d'impact écologique, on est d'accord là-dessus. Mais
on n'ira pas au pis de la vache pour boire le lait, il faut un contenant.
Mme Ghazal : Mais les
résultats ne sont pas là. On est très, très forts pour mettre des objectifs. On
ne peut pas se permettre encore une fois de donner des objectifs aux entreprises
puis, quelques années plus tard, se retrouver avec pas de résultats, c'est ce
qu'on a fait depuis les dernières années. Donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé pour cette portion.
Mme Ghazal : Très bien. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Gaspé, vous avez maintenant la parole.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour. J'aimerais savoir, vous avez dit que vous êtes
affiliés, je pense, à l'union, là, des distilleries. Si j'ai bien compris, vous
parlez au nom des distilleries, et il y en a plusieurs... Bien, oui,
rapidement, est-ce que vous pouvez me préciser, là, l'affiliation avec eux?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. En fait, on a des associations affiliées au CTAQ. Donc, les membres des
microdistilleries sont affiliés au CTAQ parce qu'ils transforment de la matière
alimentaire.
Mme Perry Mélançon : Et
qu'est-ce qu'ils en pensent... Bien, qu'est-ce qu'elles en pensent, les
distilleries, du plan de consignation, là, que... Parce que j'ai vu plusieurs
articles dans ma région comme quoi c'est très bien accueilli, là. Alors, le
coût de production des bouteilles va diminuer, c'est des bouteilles qui sont
réutilisables jusqu'à 30 fois. Donc, je voulais juste m'assurer que
c'était... que vous aviez vraiment, là, le pouls de ces distilleries-là qui
sont en région et qui attendent impatiemment le plan de consignation.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Puis je les connais bien, les microdistilleries, je travaille beaucoup avec
eux. Encore une fois, on n'est pas en train de dire que la consigne n'est pas
une alternative possible. Pour les contenants de verre par exemple, ça pourrait
être la meilleure solution pour avoir la meilleure pureté. Puis, dans les
microdistilleries, on parle vraiment de contenants de verre. Donc, dans cette
catégorie-là de produits, probablement qu'une fois les analyses effectuées, les
analyses effectuées ici, au Québec, pour les producteurs du Québec, peut-être qu'on
aura à se rendre compte que, pour le verre, la consignation, c'est la
meilleure.
Mme Fecteau (Louise) : Et, si
je peux me permettre, personne ne remet en question la consigne... les
contenants à remplissage multiple. Je pense que c'est de ça qui est question
aussi, là. Les contenants à remplissage multiple, c'est clair que c'est là pour
rester tant et aussi longtemps que les consommateurs, justement, vont aller
dans cette voie-là, puis qu'il y a des producteurs qui sont intéressés à
réutiliser les contenants 15, 20 et 30 fois. Ça, c'est clair, net et précis. On
parle des contenants plus à remplissage unique.
• (16 h 30) •
Mme Perry Mélançon : O.K.,
c'est plus clair maintenant, disons. On voit qu'il y a une certaine ouverture
quand même pour...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Fecteau (Louise) : ...tant
et aussi longtemps que les consommateurs, justement, vont aller dans cette
voie-là puis qu'il y a des producteurs qui sont intéressés à réutiliser les
contenants 15, 20 et 30 fois. Ça, c'est clair, net et précis. On
parle des contenants plus à... unique.
Mme Perry Mélançon : O.K.,
c'est plus clair maintenant, disons. On voit qu'il y a une certaine ouverture quand
même pour des aspects de la réforme que je n'avais peut-être pas bien... que je
n'avais pas vu, là, dans la première présentation. Alors, pour ce qui est des
CRM, par exemple, vous seriez en faveur que le système soit maintenu de cette
façon-là ou, bref, on ne parle pas des mêmes types de contenants, là, dans ce
cas-là.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Je vous le dis...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste quelques... deux secondes.
Mme Perry Mélançon : C'est
terminé...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. Alors, je vous remercie beaucoup d'avoir participé à notre commission
parlementaire. Je vous souhaite une belle fin de journée.
Une voix
: Merci, Mme
la Présidente...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous allons faire une courte pause pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bon, nous allons reprendre nos travaux. Et nous allons accueillir
Mme Clarissa Morawski, directrice générale de Reloop ou Reloop. Je ne sais
pas comment le prononcer, vous m'indiquerez. Et je vous souhaite la bienvenue.
Vous avez 10 minutes pour présenter... faire votre présentation, ensuite,
vous aurez un échange avec le ministre et les députés de la commission
parlementaire. Allez-y...
Mme Morawski (Clarissa) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous avez la parole.
Mme Morawski (Clarissa) :
Merci. Bonjour, tout le monde, M. le ministre de l'Environnement, MM. et Mmes
les députés membres de la Commission de transports et de l'environnement.
Bonjour à tous. Mon nom est Clarissa Morawski et je suis la directrice générale
de Reloop Platform. Reloop est une association européenne — mais moi,
je suis canadienne, de Québec — constituée d'industries,
d'organisations non gouvernementales et de villes qui appuient collectivement
une politique proactive visant à promouvoir l'économie circulaire. Je vous
remercie de me recevoir aujourd'hui pour discuter du projet de loi n° 65
sur la consigne et la collecte sélective.
Je vais concentrer mon intervention sur la
consigne parce qu'il s'agit de la meilleure voie à suivre pour atteindre les objectifs
de la réduction des déchets et d'enfouissement. La consigne permet d'atteindre
des taux de récupération et de recyclage que la collecte sélective n'atteindra
jamais. C'est aussi un système qui permet au citoyen d'avoir confiance dans son
geste de ramener son contenant de boisson, permettra qu'il soit recyclé
véritablement. La consigne est un élément central à la création d'une économie
circulaire locale.
Premièrement, je veux féliciter le gouvernement
de Québec d'aller de l'avant avec une modernisation importante de système de
consigne. Il s'agit d'un geste fort pour la protection de l'environnement. Le Québec
s'inscrit parfaitement dans les tendances mondiales en matière de récupération
et des contenants. De plus en plus, les gouvernements, mais aussi, les
entreprises, ici, en Europe sûrement, comme Danone, coca, Nestlé, réalisent que
la consigne est le seul système qui permet d'atteindre des taux de récupération
et de recyclage élevés.
Pour mettre en place un système de
consigne efficace et économiquement bénéfique, il faut respecter certains
principes généraux que je vais vous présenter maintenant. Ces principes sont
tirés d'échanges que nous avons depuis des années avec des entreprises et des gouvernements.
Alors, on y va.
1° Le système doit être établi avec l'objectif
de...
Mme Morawski (Clarissa) :
…respecter certains principes généraux que je vais vous présenter maintenant.
Ces principes sont tirés d'échanges que nous avons depuis des années avec des
entreprises et des gouvernements. Alors, on y va.
1er. Le système doit être établi avec
l'objectif de favoriser l'économie circulaire. On réussira cet objectif si on
supporte l'écoconception, combiné à un taux de retour élevé et au recyclage de
contenants. Le Québec possède des entreprises innovantes de recyclage et elles
doivent être mises à profit si on veut que la bouche de l'économie circulaire
se commence et se termine au Québec. Le gouvernement devrait sérieusement
réfléchir à l'obligation d'avoir un pourcentage minimum de matière recyclée
dans chaque nouveau contenant. Cela créerait un effet boule de neige pour
consolider l'économie circulaire. C'est ce qui est un produit qu'on fait ça en
Europe maintenant.
• (16 h 40) •
N° 2. Les coûts
du système doivent être couverts par la vente de la matière recyclée, les
consignes non réclamées, et les frais pour les producteurs et les détaillants.
Il faut éviter de refiler le coût aux consommateurs si ceux-ci rapportent leurs
contenants.
3. Le rôle du gouvernement devrait être de
surveiller, fixer les taux de retour et le montant de consigne, et de
déterminer les points de retour et les pénalités. Le Québec est un leader de la
consigne grâce à son obligation… retour chez le détaillant.Ailleurs au
monde, et ici aussi, les lobbys contre sont puissants, mais leurs arguments ne
tiennent plus la route en 2020. Il est peu probable que le nouveau système
fonctionne si on diminue le nombre de points de retour.
4. Le système de consigne doit avoir le
plus haut niveau possible d'agrément pour le consommateur et la plus faible
empreinte de carbone possible. C'est pourquoi il est essentiel de pouvoir
ramener nos contenants là où nous les avons achetés, pour éviter un voyage
dédié et parce que c'est un geste facile pour le consommateur.
5. Le système doit être efficace et doit
prévenir la fraude par utilisation des technologies et des données. Le
gouvernement et l'organisme de gestion peuvent avoir l'accès en direct aux
données et les taux de retour et les flux de matériel. L'intelligence
artificielle permet aussi de mettre en place des routes de collecte plus
efficaces. Il existe des nouvelles technologies qui règlent les vieux enjeux,
par exemple…
Mme Morawski (Clarissa) : …de
gestion, peuvent avoir l'accès en direct aux données et les taux de retour et
les flux de matériel. L'intelligence artificielle permet aussi de mettre en
place des routes de collecte plus efficaces. Il existe des nouvelles
technologies qui règlent les vieux enjeux, par exemple la salubrité et le
décompte manuel des contenants. D'ailleurs, la manipulation des contenants par
un employé devrait être l'exception et non la norme. Dans tous les systèmes en
Europe, avec retour aux détaillants, moins de 10 % des contenants sont
traités manuellement.
Et finalement, six, l'opérateur du système
devrait couvrir tous les coûts reliés aux points de collecte et au service de
transport de matière. Si l'organisme de gestion désigné prend cette
responsabilité, les détaillants et les producteurs se retrouveront avec un
service clés en main facile d'utilisation. Le gouvernement devrait donc
travailler pour que l'organisme de gestion offre un service de qualité
supérieure à tous les détaillants.
Je vous ai présenté des principes généraux
qui doivent vous guider dans la définition d'un système élargi québécois de
consigne. Maintenant je me permets d'insister sur des clés de succès. Première,
il faut obliger le retour chez les détaillants. Ils ont une présence
géographique importante et les consommateurs sont déjà habitués à ramener les
contenants quand ils en achètent des nouveaux. De plus, le projet de
modernisation prévoit l'ajout de nouveaux contenants consignés à un système
déjà existant. La grande majorité des commerçants ne partent pas de zéro. Les
juridictions qui ont laissé tomber aux détaillants de sortir complètement du
système ont vu des écofrais, pour leur système, exploser.
Cependant, il faut aussi permettre des
exceptions aux petits commerces, sûrement. Il existe des dérogations si le
magasin est trop petit, par exemple si la superficie est en dessous de 200
mètres carrés, par exemple. On pourrait également prévoir des demandes de
reprise différente pour des zones urbaines par rapport aux zones rurales. Bien
entendu, les détaillants non obligés peuvent s'inscrire à participer au système
de consigne s'ils le souhaitent.
Je voudrais préciser un élément qui a été
soulevé par plusieurs acteurs, celui du délai d'implantation. En 2009, la cour
européenne de justice a indiqué qu'un pays membre, en Europe, devait accorder
un délai…
Mme Morawski (Clarissa) : …je
voudrais préciser un élément qui a été soulevé par plusieurs acteurs, celui du
délai d'implantation. En 2009, la cour européenne de justice a indiqué qu'un
pays membre en Europe devrait accorder un délai raisonnable en faisant, à la
suite de l'adoption d'une législation pour un système de consigne… pour que les
producteurs et les détaillants puissent s'adapter avant sa mise en oeuvre. Ce
délai raisonnable et suffisant a été fixé à un an pour un pays n'ayant aucun
système en place. Alors, ça veut dire qu'un an est assez, on ne doit pas avoir
deux ans ou trois ans.
En conclusion, le Québec, avec son projet
de modernisation de la consigne, est présentement en train de prendre le
leadership en matière de réduction des déchets et de hausse… recyclage. Tous
nos voisins nord-américains nous regardent. Il s'agit d'une opportunité unique
de mettre en place le meilleur système possible. Je vous trouvais chanceux de
travailler pour faire du Québec un leader en matière d'économie circulaire.
Nous savons tout ce qu'il faut faire, plus de recyclage localement pour réduire
les GES liés au transport et pour développer une économie autour de la
réutilisation et le recyclage du verre, plastique, aluminium. Il s'agit d'un
potentiel de croissance économique énorme que je vous invite à saisir. Merci de
m'avoir écoutée, et je suis maintenant disposée à prendre vos questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, maintenant, je cède la parole au ministre, et pour une
période de 20 minutes, et ensuite ce sera les autres groupes d'opposition.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être avec nous aujourd'hui, il est d'autant plus
apprécié qu'il est tard là où vous êtes présentement. Et, en toute honnêteté,
je ne vous connaissais pas, c'est la première fois que j'ai le plaisir
d'échanger avec vous. Et pour celles et ceux qui sont dans ma situation,
peut-être nous parler un petit peu de votre profil ou de votre expertise. Quel
est votre quotidien, dans quel domaine oeuvrez-vous?
Mme Morawski (Clarissa) :
Alors, je travaille comme consultante et experte depuis 25 ans, Canada, États-Unis,
et depuis cinq ans en Europe, sur la responsabilité élargie des producteurs
pour l'emballage. Alors, j'ai la «specialisation» dans la consigne. Alors, je
connais très, très bien les différents systèmes au monde, les technologies, les
dessins du système, les taux, les frais, tout, tout, tout. Alors, je pense que
c'est pour ça qu'on a demandé de faire un mémoire, parce que ça se peut que je
peux partager des informations que ça se peut que vous n'avez pas à ce
moment-là à Québec.
M. Charette : C'est gentil,
merci. Donc, vous avez accompagné possiblement d'autres juridictions à implanter
des…
Mme Morawski (Clarissa) :
...je pense que c'est pour ça qu'on a demandé de faire un mémoire, parce que ça
se peut que je peux partager des informations que ça se peut que vous n'avez
pas à ce moment-là à Québec.
M. Charette : C'est gentil,
merci. Donc, vous avez accompagné possiblement d'autres juridictions à
implanter des systèmes de consigne? C'est essentiellement votre travail?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, j'ai fait ça déjà, par exemple, en France, ça fait un an. J'ai fait
aussi... Et j'ai fait un mémoire avec votre comité de verre, ça fait deux ans,
dans l'été. Et j'ai fait ça aux États-Unis pour des régulations pour les
consignes, etc. Mais aussi beaucoup de «speeches» et beaucoup d'interventions
avec les médias, entreprises, dessineurs de systèmes de consigne, gouvernements
nationaux partout en Europe, etc.
M. Charette : Bon, bien, c'est
bien gentil, merci de nous consacrer du temps comme vous le faites. On est en
présence...
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, mais c'est un plaisir parce que je suis Québécoise...
M. Charette : Bien oui, bien
oui.
Mme Morawski (Clarissa) :
...alors c'est proche de mon coeur.
M. Charette : Bien, c'est
bien, on apprécie. En fait, on est en présence d'un projet de loi qui a deux
volets, celui de la modernisation de la collecte sélective et celui de
l'élargissement de la consigne, et je comprends, là, qu'on s'attarde davantage
à ce deuxième volet, là, au cours de notre échange. Moi, ce qui me réconforte,
c'est qu'actuellement le projet de loi est très bien accueilli. Je ne peux pas
dire qu'il fait l'unanimité, mais le consensus est très, très fort à travers
les différents groupes que nous avons entendus.
• (16 h 50) •
Il y a peut-être deux groupes
actuellement, sur ceux entendus, qui se sont montrés plus réticents. Je vous
nomme quelques-uns de leurs arguments, et peut-être nous aider à faire la part
des choses, quoique vous l'ayez fait déjà en grande partie pour certains
d'entre eux. La fameuse question des délais. Ça fait des années qu'on parle de
consigne au Québec, et aux yeux de ceux, toujours moins nombreux, heureusement,
qui s'y opposent, c'est tout le temps trop vite, c'est tout le temps trop
rapide, c'est tout le temps trop ambitieux pour rencontrer les échéanciers.
Nous, la réforme a été annoncée en janvier dernier, et elle sera implantée à
partir de la fin de 2022. Donc, on parle de trois ans, et pour certains
contenants, on ajoute des délais supplémentaires de, minimum, deux ans, donc au
minimum cinq ans.
Donc, vous me dites, selon votre
expérience, avec ce que la cour européenne a pu aussi trancher, cinq ans, on ne
les brusque pas trop, là. C'est largement, largement suffisant pour implanter
un système qui soit adéquat.
Mme Morawski (Clarissa) :
Largement, oui. Vous savez qu'en Australie ils ont mis en oeuvre après huit
mois, alors c'est totalement possible. Vous avez déjà un système base, alors ce
n'est pas vraiment un gros «challenge». Trois ans, c'est assez. Deux ans, c'est
assez. Comme la cour a dit, un an, ça devrait être assez. Dès qu'on...
Mme Morawski (Clarissa) :
...possible. Vous avez déjà un système base, alors ce n'est pas vraiment un
gros «challenge». Trois ans, c'est assez. Deux ans, c'est assez. Comme la cour
a dit, un an, ça devrait être assez. Dès qu'on sait exactement que sont les
spécificités de la régulation, ça ne doit pas prendre plus qu'un an après ça.
M. Charette : Parfait, merci.
Un autre argument contre qu'on a entendu, là, de la part de ces deux mêmes
groupes, ce sont les débouchés de cette matière. Nous, on inclut... on va plus
loin que le verre, on va plus loin que le plastique, on va plus loin que
l'aluminium, on inclut le multicouche, et pour ces deux groupes là, le
multicouche en particulier pose problème. Soi-disant qu'il n'y a pas de
débouchés, qu'il n'y ait pas possibilité de mieux valoriser cette matière-là,
quelle est votre expérience par rapport à ce type de contenant en particulier?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, alors, en général, mon approche constitue à inclure le métal, plastique et
verre. Ceci représente la grande majorité des contenants. Ils sont tous... on a
un marché de recyclage très fort, comme celui à Québec pour Owens-Illinois pour
le verre ou Plastrec pour le plastique.
En ce qui concerne le Tetra Pak ou
multicouche, pour être honnête, je suis neutre sur ce point. Bien que... D'une
part, je pense qu'il est juste que ces emballages de boisson sont inclus dans
le système et devraient être recyclés, mais en revanche, ils représentent moins
de 2 % des emballages de boissons alcoolisées, bon, d'une part, SAQ par
exemple, et moins de 10 % d'emballages de boissons non alcoolisées. On
parle donc d'un très, très petit volume. De plus, les récipients de Tetra Pak
utilisés pour les boissons finissent généralement d'être consommés et jetés à
la maison afin qu'ils puissent aller dans le programme de collecte sélective ou
ils sont consommés dans des écoles comme des petits «juice box» où ils peuvent
être recyclés. Nous ne voulons pas... nous ne voyons pas beaucoup de petits
Tetra Pak comme déchets sauvages, par exemple, dans la nature. Alors, c'est
pour ça que je suis un peu neutre. Ce n'est pas beaucoup de volume et je dirais
que si c'est un problème critique pour les détaillants et une raison de
s'opposer et causer des problèmes, peut-être, cela vaut la peine d'abandonner
pour la modernisation actuelle et d'y réfléchir plus tard. Notez que la plupart
des technologies de machines, de gobeuses peuvent collecter les Tetra Pak
multicouches et lire leur code-barres. Alors, c'est vraiment une politique pour
vous de...
Mme Morawski (Clarissa) :
...pour la modernisation actuelle et d'y réfléchir plus tard. Notez que la
plupart des technologies de machines, de gobeuses peuvent collecter les Tetra
Pak multicouches et lire leur code-barres. Alors, c'est vraiment une politique
pour vous de gérer les différents «stakeholders», mais vraiment, ce n'est pas beaucoup
de volume.
M. Charette : En fait, petite
précision pour ce qui est de la réforme québécoise, c'est pour ces
contenants-là qu'on ajoute deux années supplémentaires, notamment, pour laisser
la transformation se faire. Et un petit clin d'oeil, ceux qui s'opposent
s'opposeraient pareil même si les multicouches n'étaient pas incluses dans la
réponse... dans la réforme. Donc, ce n'est pas ce qui est à l'origine de leur opposition.
Sinon, un dernier élément, puis je sais
que mon collègue souhaite aussi intervenir, au niveau des coûts et de
l'opération. Pour que cette opération-là, vous le disiez, soit la plus économe,
la plus efficace possible, il faut que le retour se fasse là où le contenant...
où le produit a été initialement acheté ou à tout le moins le plus près
possible. J'en suis. Je suis aussi d'avis que, dans certains cas, c'est
carrément impossible compte tenu de la superficie, justement, du commerce en question.
Mais, pour vous, c'est un élément clé de votre expérience? C'est ce qui peut
faire la différence entre une réforme réussie et une réforme plus ou moins
réussie?
Mme Morawski (Clarissa) : Absolument,
oui.
M. Charette : Parfait. C'est
bien gentil. Donc, je vais céder la parole à mon collègue. Mais, encore une
fois, un gros, gros merci pour votre présence avec nous aujourd'hui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Bien, bonjour. Ou
bonsoir, surtout dans votre cas.
Mme Morawski (Clarissa) :
Bonsoir.
M. Campeau : Vous nous dites
qu'on est chanceux de travailler sur ce projet-là, et moi, je vous trouve
chanceuse d'être à Barcelone, c'est tellement un bel endroit. Je me souviens très
bien de votre mémoire sur le verre, c'était très clair. Et vous avez tendance à
toucher les sujets très précisément.
Alors, moi, je voulais vous
demander : Quand vous parlez d'un minimum du recyclage dans les
contenants, l'idée est très bonne, j'ai déjà vécu ça, le minimum de recyclage
dans le papier journal, et c'est drôle, on a réussi à s'adapter. Alors, c'est
quoi le minimum? Dans certaines catégories, avez-vous des exemples de minimums
que vous viseriez ou que vous voyez visés par d'autres États?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. En parlant des bouteilles en plastique... Premièrement, la raison pour
quoi on veut un minimum, c'est deux choses. Un, c'est très bon pour le marché
parce que ça crée une demande, mais aussi, par perspective GES, quand on a du
contenant recyclé dans notre bouteille, il y a beaucoup...
Mme Morawski (Clarissa) :
...c'est deux choses. Un, c'est très bon pour le marché parce que ça crée une
demande, mais aussi, par perspective de GES, quand on a un contenant recyclé
dans notre bouteille, il y a beaucoup moins d'énergie pour faire ce contenant.
Alors, c'est pour ça que c'est très, très, très important, et c'est pour ça que
les producteurs veulent maintenant... ils ont des «commitments», des... pour
incorporer plus de matériaux recyclage.
Alors, maintenant, on a quelque chose de
très nouveau. En Europe, depuis l'année passée, ils ont introduit une
«regulation», une directive, la directive pour les plastiques à usage unique où
on a non seulement un taux de la récupération pour les bouteilles de boisson en
plastique de 90 % par 2029, mais aussi, un taux de réemploie de matériaux
recyclage de 25 % par 2025 et 30 % par 2029. Et ça, c'est pour tous
les pays dans l'Union européenne. Alors, ça, c'est nouveau. Et c'est aussi...
Récemment, à Californie, ils ont... le gouverneur Gavin Newsom a passé une loi
qui dit : 50 % est le taux de contenants recyclés dans les bouteilles
en plastique de boisson par l'année 2025.
Alors, ça, ce sont des nouvelles
politiques, et ils sont vraiment ce que beaucoup, beaucoup de pays aimeraient
faire. J'ai même entendu, il y a deux semaines, le gouvernement du Canada a
annoncé des initiatives pour la réduction de plastique, et ils ont mentionné
qu'il va avoir des taux de l'incorporation du recyclage dans les contenants.
Alors, c'est très important, je supporte totalement, et je pense qu'on va avoir
beaucoup de pays qui vont régler ces types de...
M. Campeau : Dans le projet de
loi, on se limite à 2 litres, des contenants de 2 litres. Est-ce que
vous voyez ça comme un danger que quelqu'un aille à 2,1 ou 2,2 ou... juste pour
s'exclure de cette loi?
• (17 heures) •
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. On a vu, par exemple, en Allemagne, tu peux faire un Google de ça, si tu
fais Google 2,1 litres de coca, vous allez voir des bouteilles qui sont
2,1 litres. Oui, ça peut passer, sûrement. Je ne sais pas si ça passe
beaucoup parce que normalement, c'est les producteurs qui fait ces décisions-là,
et quand les producteurs doivent payer, sinon dans le système de consigne, ils
doivent payer dans le système...
17 h (version non révisée)
Mme Morawski (Clarissa) : …ça
peut passer sûrement… je ne sais pas si ça passe beaucoup parce que
normalement, c'est le producteur qui fait ces décisions-là, et quand les
producteurs doivent payer, sinon dans le système de consigne, ils doivent payer
dans le système… collecte sélective. Et j'imagine que si on a un système
efficace pour la consigne, qui récupère 90 % des bouteilles, c'est mieux
pour les producteurs d'être dans ce système que dans l'autre. Alors, je ne sais
pas si ça va arriver maintenant, comme on a vu ça au passé dans des autres
pays, comme Allemagne.
M. Campeau : Question probablement
rapide parce qu'il ne doit pas rester beaucoup de temps : réutilisation de
bouteilles de vin, est-ce que vous avez des exemples où ça fonctionne? Parce
qu'il y a beaucoup de gens, ils nous disent : Ça ne marche pas. Est-ce que
vous avez des exemples d'où ça fonctionne?
Mme Morawski (Clarissa) : Il
y a des exemples, mais je ne peux pas parler de ça parce que c'est très secret,
mais je peux dire qu'on voit ça un peu, maintenant, en Californie. Il y a des
initiatives qui commencent parce qu'il y a des très, très gros producteurs de
vin qui veulent travailler avec des bouteilles réutilisables. Pourquoi? Parce
que vraiment, les bouteilles de vin qui sont fabriquées pour usage unique,
elles sont… structurellement, elles peuvent être réutilisées. Alors, pour le
prix, c'est du bon sens.
J'imagine, si… ce qui est très important
pour le gouvernement à Québec, c'est que le gouvernement puisse faire, pour
encourager les produits à remplissage multiple et d'assurer des règles du jeu
équitables pour la plupart des contenants de boisson. Avec un système de
retourne robuste et pratique, le CRM ou les bouteilles de vin réutilisables ou
d'autres boissons… maintenant, pour le verre, c'est en déclin et on n'aura
jamais la possibilité d'inverser cette tendance si le système modernisé ne
considère pas les options de retour les plus faciles pour les clients qui
choisissent les CRM ou les bouteilles de vin qui sont réutilisées.
Alors, ça veut dire, dessiner un programme
qui est ouvert pour les contenants CRM parce que sinon, on ne va jamais voir
des nouveaux types de bouteilles, comme j'ai juste parlé avant, venir dans le
marché. Et je sais qu'à Québec, on a une très, très grande consommation de vin,
comparé à d'autres états au Canada. Alors, peut-être, il y a un bon marché pour
ça. Mais si on n'a pas un système de consigne pour les vins et les spiritueux
qui est équitable pour tous les contenants pour vins et spiritueux, les…
réutilisables bouteilles n'ont pas de chance…
Mme Morawski (Clarissa) :
…mais si on n'a pas un système de consigne pour les vins et les spiritueux, qui
est équitable pour tous les contenants pour vins et spiritueux, les
réutilisables bouteilles n'ont pas de chance.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste 10 secondes, alors…
M. Campeau : Bien, je me
disais que vous venez de nous dire qu'on aime beaucoup le vin, qu'on est de
gros buveurs de vin, c'est peut-être pour ça que vous voulez vous identifier
comme Québécoise.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vais passer la parole au député de Robert-Baldwin pour 10 minutes.
M. Leitão : Très bien. Merci.
Bonjour… Bonsoir. Merci d'être là pour nous partager votre expérience. Après plusieurs
présentations qui ont été faites par plusieurs groupes à cette commission, je
pense qu'au Québec nous avons une situation qui est un peu particulière et je
demande un peu votre avis là-dessus, parce que vous avez mentionné qu'une des
clés du succès, c'est le retour du contenant, le retour au détaillant, donc là
où il a été acheté.
La situation qui est assez paradoxale, à
mon avis, ici, au Québec, c'est que les grands détaillants, les grandes chaînes
de supermarché semblent être parmi ceux qui sont les plus réfractaires à
embarquer dans un système de consigne élargie, tandis que les plus petits
détaillants, surtout en région, semblent être beaucoup plus ouverts à cette possibilité.
Ça semble un peu contre-intuitif.
Alors, avec votre expérience, comment
est-ce que vous pensez qu'on pourrait amener… bon, on peut toujours utiliser la
méthode forte, mais comment est-ce qu'on pourrait aller à créer… susciter une
plus grande adhésion de la part des grands détaillants?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon. Alors, donne-leur alors les frais de traitement raisonnables, ce sont des
taux de manutention qui sont raisonnables pour les grandes surfaces et
donnez-leur plus s'ils redonnent aux transporteurs des contenants et des
matériels, les matériels compactés et prêts et décomptes automatiques. Alors,
ça veut dire, s'ils ont des machins, des gobeuses qui sont investies dans des
machins, vous pouvez donner encore plus un frais de manutention, parce que tout
le matériel est prêt, prêt, prêt et donnez un peu moins aux contenants qui sont
décomptés manuellement. Et ça, cette pratique est totalement courante partout
parce que ça facilite la chaîne.
Une autre chose qu'on peut faire, c'est…
Mme Morawski (Clarissa) : ...un
frais de manutention, parce que tout le matériel est très, très près, et donner
un peu moins au matériel qui sont décomptés manuellement. Et ça, c'est pratique
et totalement courant partout, parce que ça facilite la chaîne.
Une autre chose qu'on peut faire, c'est
permettre aux détaillants de reprendre les types de contenants qu'il vend, pas
nécessairement tous les types de contenants consignés. Par exemple, s'il y a un
magasin qui ne vend pas de vin, est-ce qu'il doit récupérer les bouteilles de
vin? Peut-être ça ne fait pas de bon sens.
On peut aussi protéger les petits
commerces avec un retour maximum par client par jour, pour éliminer des grands
retours de volume plus ou moins pour les petits commerces, pas pour les grands,
mais ça, c'est une idée pour les petits commerces. On pourrait aussi demander à
l'opérateur du système d'assurer un ramassage régulier dans les magasins, les
petits magasins, les grands magasins, éliminant tous les problèmes du stockage
des conteneurs. Notez qu'il peut s'agir d'un ramassage régulier et un
transporteur qui récupère de nombreux points de collecte, y compris des grands
magasins, des bars, des restos et des autres points de retour.
M. Leitão : Parce que l'autre
enjeu qui est aussi soulevé dans notre cas, ici, au Québec, par la société
d'État de l'alcool, donc la SAQ, qui a le monopole de la vente d'alcool et qui
en vend... qui met en marché, ils nous ont dit... il nous ont répété plusieurs
fois, 200 millions de bouteilles par année et qu'ils jugent extrêmement
difficile de mettre en place un système de recueillir toutes ces bouteilles, notamment
dans les grandes zones urbaines, comme à Montréal, où plusieurs de leurs points
de vente sont relativement petits. Donc, ils allèguent qu'ils n'ont pas la
capacité d'accueillir tous ces millions de bouteilles qui vont leur tomber
sur la tête.
Bon, il y a moyen de raisonner un peu avec
eux, mais je pense quand même que l'enjeu est réel. Donc, vous, ce que vous
suggérez aussi, ça serait, donc, mettre en place un système de collecte plus
rapide ou de ramasser les bouteilles usagées plus rapidement.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, et aussi, il existe également des nouvelles options pour les détaillants,
les grands détaillants. Par exemple, ils peuvent offrir des technologies qui
fonctionnent complètement à l'extérieur du magasin, comme dans le parking du
magasin, avec des kiosques, comme on voit par exemple en Lithuanie ou en
Australie, ce qui pourrait être une solution pour certains magasins ou peut-être
pour...
Mme Morawski (Clarissa) : ...à
l'extérieur du magasin, comme dans le parking du magasin, avec des kiosques,
comme on voit par exemple en Lithuanie ou en Australie, ce qui pourrait être
une solution pour certains magasins ou peut-être pour... situations comme ...
, SAQ et un grand magasin, on peut avoir un kiosque dehors colocalisé pour
servir aux consommateurs de SAQ et de la grande surface. Alors, il y a toujours
des techniques stratégiques pour réduire la pression sur les détaillants et
utiliser des nouvelles formes de ... qui ne sont pas toujours la même chose
qu'on voit maintenant à Québec, marchands à l'intérieur du magasin, etc. Il y a
différentes options. On a aussi des options qu'on voit dans quelques États aux États-Unis,
pas en Europe, ce sont des... c'est-à-dire des «drop-off » où il y a un
magasin qui offre une place en dehors de leur magasin où on peut apporter nos
contenants dans un bac en plastique avec un petit coude là-dessus, et on peut
laisser là, et après 24 heures, c'est compté, et on reçoit notre consigne vers
le cloud dans notre compte, par exemple.
Alors, ce n'est pas seulement le modèle
que vous avez introduit à Québec telle année, c'est un modèle totalement
nouveau avec des nouvelles options, des nouvelles technologies et aussi la
manière d'exemption pour quelques-unes aussi.
• (17 h 10) •
M. Leitão : Très bien.
Mme Morawski (Clarissa) :
Alors, il y a de la flexibilité.
M. Leitão : Très bien. Je
pense que la clé, c'est justement ça, la clé, c'est la flexibilité. Finalement,
ça nous est mentionné plusieurs fois, et, je pense, c'est un peu... c'est une
explication un peu trop rapide qui vise... Ah! Mais, vous savez, il fait froid
au Québec. Donc, les solutions technologiques qui existent en Europe ne
pourraient pas nécessairement se transporter au Québec. Bon, je pense qu'il
fait froid aussi en Allemagne et au Danemark, par exemple. Alors, à votre avis,
la technologie qui existe, elle peut aussi très bien fonctionner dans un climat
nordique comme le nôtre, non, la technologie pour récupérer les...
Mme Morawski (Clarissa) : Absolument,
et non seulement Allemagne, Lithuanie, Norvège, Suède, Finlande, Islande. Oui,
on peut construire... Comme par exemple les kiosques, ce sont vraiment des
petites cabines chauffées avec les gobeuses là-dedans...
Mme Morawski (Clarissa) :
...Norvège, Suède, Finlande, Islande, oui, on peut construire comme par exemple
des kiosques. Ce sont vraiment des petites cabines chauffées avec les gobeuses là-dedans,
et ça, c'est ce qu'on a dans... ou même dans des autres pays au nord où c'est
très froid, oui.
M. Leitão : Très bien,
merci. Je ne sais pas, collègue, si tu veux...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : J'ai
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Deux minutes.
M. Benjamin : Deux
minutes. Bien, écoutez...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Et j'ai été généreuse.
M. Benjamin : Et c'est formidable,
très généreux, et générosité que j'apprécie d'ailleurs.
Merci beaucoup, Mme Morawski, pour
votre présentation. Écoutez, vous êtes Québécoise, vous êtes... donc, vous
connaissez ce territoire, l'étendue du territoire. Mettons-nous un instant dans
la place du consommateur. On veut travailler pour susciter l'adhésion d'un
maximum de consommateurs, et vous semblez suggérer, dans votre mémoire,
l'exemption des très petits commerces. Il y a des enjeux. Comment s'assurer, à
ce moment-là, selon vous, d'une équité dans les milieux ruraux, dans toutes les
régions du Québec, du déploiement d'un projet comme ça?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, alors, l'équipe qui va dessiner le système doit regarder quelles sont les
caractéristiques dans toutes les villes, partout au Québec, où est-ce qu'on a
des magasins, des détaillants, des SAQ, où est-ce qu'on a une option pour
colocaliser un site de collecte, etc. Alors, on doit vraiment regarder où sont
les points dont les consommateurs viennent visiter pour faire leur shopping et
essayer d'avoir un point de collecte qui est proche de ces points-là. Et ça,
c'est vraiment dans le dessin avec les GES et les données qui parlent du volume
de personnes et les volumes de soldes, et on peut dessiner un système où on a
un volume de capacité adéquat.
Je pense que les premiers plans que j'ai
vus, c'était d'avoir non seulement retourner aux détaillants, mais aussi des
mini dépôts pour prendre et gérer par région parce que c'est un territoire
assez gros, pour gérer les contenants qui sont collectés par les détaillants,
par les bars, par les restos, etc., et gérer plus localement, et après ça
envoyer à un point centralisé pour tout le processus. Alors, ça, c'est une très
bonne idée.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici parce que nous
devons aller au deuxième groupe d'opposition avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci.
J'ai... Merci beaucoup pour votre présentation, c'est vraiment très, très clair
et très intéressant, toute votre connaissance. J'ai 2 min 45 s.
Les lobbyistes anticonsigne nous parlent...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...je dois vous interrompre ici parce que nous devons aller au deuxième groupe
d'opposition avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. J'ai... Merci
beaucoup pour votre présentation, c'est vraiment très, très clair et très
intéressant, toute votre connaissance. J'ai 2 min 45 s.
Les lobbyistes anticonsigne nous parlent
aussi beaucoup du fait que, dans l'Ouest canadien, en Alberta, en
Colombie-Britannique, ça coûte très cher, ça a explosé. Et, comme vous avez une
connaissance de ce qui se fait ailleurs, notamment dans l'Ouest canadien,
est-ce que vous pouvez nous dire c'est quoi les éléments surtout qui vont se
retrouver dans les règlements, parce qu'on n'a pas tous les détails dans le
projet de loi, desquels on doit s'inspirer, qui sont bien, puis les autres
qu'on doit peut-être éviter puis qui marchent moins bien dans l'Ouest canadien?
Parce que c'est ce qu'ils nous disent, les coûts ont explosé, et on ne veut pas
que la même chose arrive ici pour... d'avoir des centres de dépôt.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, O.K. Alors, je dirais deux choses qui viennent à... «to mind» à ce moment.
Premièrement, à l'Ouest du Canada, un des trop gros problèmes, c'est que les
frais du producteur, les frais nets, normalement, ça va aux producteurs, Coca,
Nestlé, Danone, etc., mais, en Colombie-Britannique et en Alberta, ils ont mis
ce frais sur les consommateurs. Alors, quand on achète quelque chose comme ça,
je paie le prix, ta, ta, ta, je vais à la caisse, il dit : Ah! ça, c'est
1,10 $ plus un frais de recyclage. Ça, ce sont les frais qui doivent
vraiment être payés par les producteurs. Et j'imagine, c'est pour ça que les
frais sont assez hauts, parce qu'il n'y avait pas «incentive» pour que ces
frais soient baissés et compétitifs, etc., parce que ce sont des frais payés
par les consommateurs. O.K., première chose.
Alors, s'il vous plaît, la responsabilité
élargie des producteurs et système de consigne est un système élargi...
responsabilité des producteurs, c'est un taux pour les producteurs, non pour
les consommateurs, ça doit être inclus dans le prix. On dit «internalised»,
internalisé, le coût doit être internalisé. Et c'est très important à Québec.
Et je sais parce que je sais que les producteurs veulent que c'est un frais
visible pour que c'est payé par les consommateurs. Et vous savez ce qui va
arriver avec votre gouvernement? Les consommateurs vont voir ça, ils vont
dire : Eh! ça, c'est une taxe. Ce n'est pas une taxe, c'est la
responsabilité élargie des producteurs, ce n'est pas une taxe. Alors, ça, c'est
très, très important.
Deuxième chose, c'est... Bon, en
Colombie-Britannique...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre encore. Alors, on doit aller du côté du troisième
groupe d'opposition.
Mme Ghazal : Merci. Le temps
est court, je sais.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et c'est au tour maintenant de la députée de Gaspé de prendre la parole.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonsoir, Mme Morawski. C'est vrai que vous avez la chance d'être à
Barcelone, mais, en même temps, il ne doit pas avoir beaucoup de gens qui se
promènent sur Las Ramblas en ce moment, hein?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non, non.
Mme Perry Mélançon : Alors,
moi, je viens...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...opposition. Et c'est au tour maintenant de
la députée de Gaspé de prendre la parole.
Mme Perry Mélançon :
Merci. Bonsoir, Mme Morawski.
Mme Morawski (Clarissa) :
Bonsoir.
Mme Perry Mélançon :
C'est vrai que vous avez la chance d'être à Barcelone, mais, en même temps, il
ne doit pas avoir beaucoup de gens qui se promènent sur Las Ramblas en ce
moment, hein?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non. Non.
Mme Perry Mélançon :
Alors, moi, je viens d'une petite région. Je suis représentante, là, du comté
de Gaspé. Alors, ma question, comme vous avez probablement eu, là, à donner des
recommandations pour ce qui est des plus petites régions, avec des villages qui
sont très loin un de l'autre, c'est parce que vous avez parlé que dans des...
On a parlé que, dans des plus petits détaillants, c'est difficile de prendre en
consigne, là, des contenants de d'autres matériaux que ce qu'ils vendent. En
même temps, dans les régions, si on demande à des gens d'aller dans plusieurs
endroits pour faire la consigne, ils risquent de ne pas le faire. Quelles
seraient vos recommandations au gouvernement pour s'assurer de bien moduler
tout ça?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon. Je sais qu'avec les plans, il y avait des dépôts régionaux. Alors, ce sont
des points où on peut récupérer tout, tout, tout, sûrement. Alors, il y a ce
choix pour le consommateur. À mon avis, les consommateurs vont adapter parce
que, normalement, ils vont à une grande surface pour faire plusieurs de leur
shopping. Et j'imagine qu'il doit avoir quelque chose de pas mal grand dans ces
petites villes où on a des grandes surfaces comme... Normalement, il y a comme
un secteur du quartier où on fait tout notre shopping. Et on peut avoir un
kiosque, une grande gobeuse ou quelque chose colocalisé dans ce marché-là. Peut-être
c'est un demi d'un kilomètre d'un magasin et un quart de kilomètre d'un autre.
Ça peut être un point de collecte. Et c'est comme ça qu'on doit décliner un système
qui est convénient. C'est vraiment...
Mme Perry Mélançon : Tout
en obligeant les détaillants... Quand même en gardant l'obligation chez les
détaillants de reprendre les contenants, alors, d'avoir les deux, finalement,
en complément.
• (17 h 20) •
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui ou non. Mais des fois on a des différents exemples, mais des fois on peut
avoir l'obligation, mais si vous ne voulez pas faire, vous devez avoir quelqu'un
qui peut faire pour toi qui est moins d'un demi-kilomètre, par exemple...
Mme Perry Mélançon : O.K.
Mme Morawski (Clarissa) :
...dans la même, par exemple.
Mme Perry Mélançon : Il
faudrait mettre ça dans une réglementation, par exemple. Ça serait plus dans
une étape de réglementation.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Exactement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici. C'est terminé
pour vous. Merci beaucoup pour votre contribution. Je vous souhaite une bonne nuit
parce qu'il est tard. Merci. Et nous vous disons... Nous envoyons nos
salutations, évidemment, aux gens de Barcelone, qui est effectivement une
magnifique ville. Alors, bonne soirée. Bonne fin de journée à mes collègues
ici. Et nous allons ajourner nos travaux jusqu'au mardi, 27 octobre à
10 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 21)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...nous disons... nous envoyons nos salutations, évidemment, aux gens de
Barcelone, qui est effectivement une magnifique ville.
Alors, bonne soirée et bonne fin de
journée à mes collègues ici. Et nous allons ajourner nos travaux jusqu'au mardi
27 octobre, à 10 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 21)