Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Le
lunes 6 mai 2019
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Vol. 45 N° 9
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 17, Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile
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Intervenants par tranches d'heure
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St-Pierre, Christine
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Bonnardel, François
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Bonnardel, François
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St-Pierre, Christine
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Campeau, Richard
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Tardif, Marie-Louise
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Reid, Claude
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Barrette, Gaétan
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Benjamin, Frantz
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Benjamin, Frantz
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St-Pierre, Christine
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Kelley, Gregory
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Ghazal, Ruba
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Arseneau, Joël
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Bonnardel, François
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Bonnardel, François
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St-Pierre, Christine
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Reid, Claude
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Campeau, Richard
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Caron, Vincent
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Tardif, Marie-Louise
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Barrette, Gaétan
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Benjamin, Frantz
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Benjamin, Frantz
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St-Pierre, Christine
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Ghazal, Ruba
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Arseneau, Joël
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Bonnardel, François
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Bonnardel, François
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St-Pierre, Christine
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Tardif, Marie-Louise
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Reid, Claude
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Grondin, Agnès
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Campeau, Richard
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Caron, Vincent
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Barrette, Gaétan
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Kelley, Gregory
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Benjamin, Frantz
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Benjamin, Frantz
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St-Pierre, Christine
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Ghazal, Ruba
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Arseneau, Joël
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Bonnardel, François
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Bonnardel, François
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St-Pierre, Christine
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Campeau, Richard
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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St-Pierre, Christine
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Benjamin, Frantz
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Ghazal, Ruba
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Arseneau, Joël
14 h (version révisée)
(Quatorze heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui.
Donc, je souhaite la bienvenue à nos invités.
Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations particulières
sur le projet de loi n° 17, Loi concernant le transport rémunéré de
personnes par automobile.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Montpetit (Maurice-Richard) sera remplacée par
M. Kelley (Jacques-Cartier).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vais procéder maintenant à la lecture de l'ordre du jour. Nous allons
entendre aujourd'hui l'Association du transport urbain du Québec, la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, la Fédération québécoise des municipalités
et la ville de Montréal.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'Association du transport urbain du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 25 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission.
Je souhaite la bienvenue au ministre, M.
le ministre des Transports, ainsi qu'à l'équipe des députés du gouvernement,
également les députés de l'opposition officielle, du deuxième groupe
d'opposition et du troisième groupe de l'opposition.
Donc, je vous invite donc à vous présenter
ainsi que les personnes qui vous accompagnent et à procéder à votre exposé. La
parole est à vous.
Association du transport urbain du Québec (ATUQ)
M. Varin (Marc-André) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente, et merci à la commission de bien nous
entendre, de nous avoir invités à contribuer, avec nos analyses et commentaires,
au projet de loi. C'est très apprécié. Et de nous octroyer également du temps
additionnel qui va au-delà de ce que vous faites habituellement, c'est très
apprécié. Alors, on a assemblé une équipe d'experts pour vous faire des
commentaires. Nous avons également envoyé un mémoire avec certaines
recommandations.
Alors, rapidement, je vous présente, à ma
droite, M. Alain Mercier qui est directeur général du Réseau de transport de la
Capitale ici, à Québec, et, à sa droite, Me Stéphanie Deschênes qui est chef du
service juridique également au RTC et qui est secrétaire générale de
l'organisation. À ma gauche, j'ai Mario Gagnon qui est directeur du service de transport
adapté à la Société de transport de Montréal. M. Gagnon est également
coordonnateur du comité Transport adapté à La Tuque, à l'association. Et, à sa
gauche, M. Laurent Chevrot, directeur Stratégies et expérience client au Réseau
de transport de Longueuil. M. Chevrot est également vice-président Mobilité
intégrée, on va parler aussi de mobilité intégrée, pour l'Association
canadienne du transport urbain.
Alors, en quelques mots très rapidement
l'ATUQ. L'ATUQ, c'est une association qui regroupe les neuf sociétés de
transport du Québec, et, pour les besoins de l'analyse du projet de loi, nous
avons également recruté ou inclus dans nos discussions le Réseau de transport
métropolitain Exo qui se joint également à notre mémoire, à nos recommandations
et qui a fait partie de l'équipe de travail également d'analyse.
Alors, l'association, essentiellement des
rôles de représentation, des rôles d'étude, d'analyse, mais également l'échange
de bonnes pratiques à travers une vingtaine de comités sectoriels à
l'association qui regroupe naturellement tous nos membres, et également tout le
volet des achats regroupés à la fois pour les véhicules et pour les pièces.
Il y a un modèle d'affaires assez
intéressant d'échange et de collaboration au Québec. Il y a l'association des sociétés
de transport.
Nous avons également été impliqués dans
l'élaboration de la Politique de mobilité durable, et c'est tout à fait
pertinent, selon nous, dans le cadre du projet de loi, quand nous allons parler
mobilité intégrée et nouvelle mobilité.
Alors, pourquoi les sociétés de transport
du Québec s'intéressent au projet de loi n° 17 sur le transport rémunéré
de personnes? C'est pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, le transport adapté qui est
une composante très importante de nos services et qui se fait en grande
majorité, en très grande majorité, par des services de taxi avec des berlines
ou avec des véhicules adaptés. Alors, le transport adapté se fait également en
minibus en régie au sein des organisations, mais il y a un grand volume des prestations
de service qui sont faites par l'industrie du taxi présentement.
On parle, en 2017, de 6,7 millions de
déplacements de transport adapté auxquels vient s'ajouter à peu près
675 000 déplacements pour Exo. Alors, on parle de plus de 7 millions
de déplacements au Québec qui se font par le taxi. Et ça donne des résultats et
un modèle d'affaires qui a été établi qui fonctionne très, très bien et qui, en
fait, ce modèle d'affaires, démontre, et il y a des chiffres à notre mémoire,
un coût par course, un coût par déplacement dans les plus faibles, sinon les
plus faibles en Amérique du Nord. Alors, il y a quelque chose d'intéressant de
ce côté-là puisque 80 % des courses de transport <adapté...
M. Varin (Marc-André) :
...
il y a un modèle d'affaires qui a été établi qui fonctionne
très,
très bien et qui, en fait, ce modèle d'affaires, démontre
, et il y
a des chiffres à notre mémoire, un coût par course, un coût par
déplacement dans les plus faibles, sinon les plus faibles en Amérique du Nord.
Alors, il y a quelque chose d'intéressant de ce côté-là puisque 80 % des
courses de transport >adapté se font par le taxi.
Je vous parlais d'emblée de nouvelles
mobilités. Alors, le projet de loi également va venir encadrer toutes les
nouvelles mobilités. Les Uber, le taxi collectif, le transport à la demande, on
va vous parler de ça également. Alors, c'est des solutions de microtransit,
comme le taxi collectif, le transport à la demande. Ils vont utiliser le taxi,
Uber ou d'autres fournisseurs également dans un système, un peu partout au
Québec, de mobilité intégrée. Alors, c'est un sujet très important qui est
traité dans la Politique de mobilité durable. C'est une opportunité très
intéressante, d'où l'importance du projet de loi dans ce cadre-là, et on va
vous parler de complémentarité de ces services-là aux services qui sont offerts
par les sociétés de transport. Et, à première vue, il y a cohérence entre ce
qui a été déterminé et élaboré en termes d'objectifs et d'orientation dans la
Politique de mobilité durable, alors on voulait vous le dire d'emblée, avec ce
qui est proposé dans le projet de loi n° 17.
Alors, dans les deux cas, transport adapté
et nouvelle mobilité, nous avons des préoccupations, nous avons également des
recommandations. Il y a des choses qui sont accueillies très favorablement. On
vous en parlera grâce à mes collègues et sur différents sujets. Je passe la
parole à M. Mercier pour poursuivre.
M. Mercier (Alain) :
Merci, Mme la Présidente. Essentiellement, le projet de loi revoit en
profondeur l'encadrement de l'industrie de transport rémunéré des personnes en
passant d'un système règlement de l'offre et les prix par essentiellement un
marché libre. Dans ce marché, le prix sera le mécanisme qui mettra en équilibre
l'offre et la demande. L'offre sera ouverte, permettant l'entrée de nouveaux
fournisseurs, tel qu'on a mentionné, comme Uber, Lyft, et il y en a d'autres,
et aussi de nouveaux chauffeurs dans l'industrie. De l'autre côté, des
chauffeurs actuels pourraient aussi quitter le métier. Pour l'instant, il est
difficile de prévoir les impacts de projet de loi, surtout qu'ils pourraient varier
selon les régions.
Il y a naturellement des nuances à cette
généralité, mais essentiellement, ce qui est proposé, c'est de laisser les
forces du marché réguler l'industrie, et l'ATUQ, comme organisme, appuie cette
volonté. L'un des principaux enjeux affectant le transport adapté est
présentement la pénurie des chauffeurs. Les intermédiaires peinent souvent à
trouver des chauffeurs nécessaires pour livrer le service demandé. Cette
pénurie affecte la fiabilité et la ponctualité du service. L'abolition de la
gestion de l'offre apporte une solution concrète à ce problème en élargissant
le bassin de fournisseurs de service. Encore, l'ATUQ accueille favorablement
cette orientation.
Dans d'autres régions, il y a cependant un
risque réel que la pénurie de chauffeurs persiste ou même se développe. Les
chauffeurs iront où se trouvera la demande et au meilleur prix. Il peut donc y
avoir des régions où l'offre de services serait limitée. Il peut aussi y avoir
des moments de la journée où l'offre pour faire du transport adapté ou du
transport à la demande, par exemple, sera limitée. Dans les centres urbains, où
les fluctuations de demandes sont plus importantes, il serait certainement plus
payant pour les chauffeurs de faire des courses, par exemple, à Québec versus,
on pourrait dire, Saint-Augustin, ou dans la région de Montréal versus
Saint-Jérôme. Dans les circonstances décrites, il pourrait en résulter une
augmentation du prix dans ces secteurs pour attirer des chauffeurs et combler
la demande. De plus, 50 % de nos déplacements se font en période de
pointe, soit le moment où la demande pour le transport rémunéré de personnes
est la plus élevée. Dans ces occasions, la tarification dynamique introduite
par le projet de loi aurait une influence sur les coûts engendrés par les
membres de l'ATUQ.
Rappelons-nous que nos services de
transport adapté sont subventionnés par le gouvernement du Québec à la hauteur
de 111 millions annuellement à travers différents programmes et que le
reste des coûts sont assumés par les municipalités. L'effet de l'augmentation
des coûts pourrait engendrer une limitation de l'offre de services offerts par
les membres de l'ATUQ. Pour pallier aux éventuelles pressions budgétaires, le
gouvernement devrait considérer une bonification des programmes de subvention.
• (14 h 10) •
En terminant, nous tenons à mentionner que
l'élimination des agglomérations de services est reçue favorablement par les
membres de l'ATUQ. Cela permettra d'optimiser les <courses...
M. Mercier (Alain) :
...pallier aux éventuelles pressions
budgétaires, le
gouvernement
devrait considérer une
bonification des
programmes de
subvention.
En terminant, nous tenons à mentionner
que l'élimination des
agglomérations de services est reçue favorablement
par les membres de l'ATUQ. Cela permettra d'optimiser les >courses sans
égard au territoire. On peut ainsi desservir plus de personnes avec les mêmes
ressources.
M. Varin (Marc-André) :Mme la Présidente, j'invite M. Gagnon.
M. Gagnon (Mario) :Mme la Présidente, un aspect important du projet de loi
consiste en la création de nouveaux statuts d'intervenant, que ce soit
répondant ou répartiteur, qui remplacent les intermédiaires de taxi qui
existent actuellement. Le modèle d'affaires du transport adapté avec l'industrie
du taxi repose actuellement sur une relation opérationnelle établie entre les
sociétés de transport et les intermédiaires de service. La performance et la
qualité de service livré est mesurée de multiples façons par intermédiaires de
services et, lorsque possible, en les comparant entre eux. Ce sont eux qui sont
chargés de transmettre et faire appliquer les règles et consignes, et nos
exigences de service aux chauffeurs. Les intermédiaires jouent un rôle
essentiel à la réussite du modèle d'affaires de la livraison des services de
transport adapté des sociétés de transport. Or, le statut d'intermédiaire
disparaît dans la nouvelle loi. Les intermédiaires actuels devront choisir
entre le statut de répondant ou celui de répartiteur.
Cette transformation soulève trois
préoccupations. Premièrement, le statut de répondant, principalement en raison
du lien de responsabilité envers ses chauffeurs, nous semble mieux adapté que
celui de répartiteur à remplir les obligations de service inhérentes au
transport adapté, mais il vient aussi avec des charges et des responsabilités
supplémentaires qui pourraient être hors de portée par nos fournisseurs
actuels. Certains intermédiaires pourraient donc choisir le statut de
répartiteur qui, à notre compréhension, accorde très peu de pouvoirs sur les
chauffeurs. On se demande alors comment ces répartiteurs pourront assurer leurs
obligations de service prévues au contrat du transport adapté, notamment en ce
qui a trait à la qualité de prestation des services de chauffeur.
Notre seconde préoccupation est la
suivante : Pour faire face aux charges et responsabilités du statut de
répondant, des intermédiaires actuels pourraient plutôt choisir de se regrouper
au sein d'un seul système de transport, ce qui leur donnerait une position plus
avantageuse dans le nouveau marché du transport rémunéré des personnes. Selon
toute vraisemblance, il y aura de tels regroupements d'intermédiaires. La
possibilité d'assister à une concentration excessive des joueurs de l'industrie
est une préoccupation majeure pour les sociétés de transport. La concurrence et
la comparaison des fournisseurs de services est un levier essentiel pour la
qualité de service. Si les sociétés de transport se retrouvent à terme face à
un monopole, cela nuira à la capacité de négocier un service performant, de qualité
et à juste coût. L'importance d'une saine concurrence s'est concrètement
exprimée lors des moyens de pression récents des chauffeurs de taxi. La STM,
qui fait affaire avec neuf intermédiaires de taxi, a été la seule société de
transport à pouvoir maintenir l'intégralité de son service. Le gouvernement
doit donc rester vigilant et prévoir, au besoin, des leviers pour que les
sociétés de transport, la CTQ ou le gouvernement puissent assurer une saine
concurrence dans le marché.
Troisièmement, enfin, les impacts de la
transition sont une dernière source importante de préoccupation : regroupement
d'intermédiaires, changement de statuts, arrivée de nouveaux concurrents,
départ de certains chauffeurs. Les intermédiaires actuellement sous contrat
avec les sociétés de transport pourraient avoir de la difficulté à livrer les
services promis aux clients durant la transition. On demande au gouvernement de
soutenir les sociétés de transport pour s'assurer qu'elles puissent continuer à
offrir les services durant la transition. Le règlement de mise en oeuvre du
projet de loi devrait prévoir des délais suffisants pour assurer une transition
harmonieuse.
Pour ce qui est des véhicules, deux sujets
de préoccupation. Le premier, la présence d'un nombre suffisant de véhicules
accessibles, et le deuxième, l'absence de normes en termes de capacité pour les
berlines. Dans le premier cas, en éliminant les permis, le projet de loi fait
disparaître le principal incitatif qui existait pour opérer avec un véhicule
accessible. Obtenir un permis restreint pour un taxi adapté était la seule
façon de contourner le plafonnement de <l'offre.
M. Gagnon (Mario) :
Dans le premier cas, en éliminant les permis, le
projet
de loi fait disparaître le principal incitatif qui existait pour opérer avec un
véhicule accessible. Obtenir un permis restreint pour un taxi adapté était la
seule façon de contourner le plafonnement de >l'offre. Or, nous sommes déjà
en manque d'opérateurs de ce type de véhicule en province.
Le projet de loi ne prévoit pas actuellement
la taille des véhicules berline et de s'assurer qu'ils ont une capacité
suffisante pour répondre aux besoins des clients à mobilité réduite et du
service de transport adapté, accompagnateurs, jumelage, etc. Le transport
adapté demeure un service de transport collectif, et la capacité de jumeler des
clients est un paramètre essentiel pour l'optimisation de nos courses et
l'efficience de nos services.
Les sociétés de transport sont donc préoccupées.
Le gouvernement doit rester vigilant et prendre des mesures au besoin pour
assurer la présence d'un nombre suffisant de véhicules adaptés et des véhicules
de type berline ayant une capacité normalisée. Nous avons également des
préoccupations au sujet des inspections mécaniques annuelles qui ne sont plus
obligatoires, des antécédents judiciaires qui n'incluent pas les infractions de
nature sexuelle ou de fraude.
M. Varin (Marc-André) :
Merci, M. Gagnon. J'invite Me Deschênes.
Mme Deschênes
(Stéphanie) : Mme la Présidente. Alors, tel qu'on a entendu préalablement,
le nouvel encadrement mis en place par le projet de loi n° 17 va
évidemment participer à la mise en place de nouvelles mobilités sur le
territoire, mais également modifier tout ce qu'on connaît actuellement tu
transport adapté. Alors, évidemment, pour ce faire, il y aura de multiples
ententes qui vont devoir intervenir entre les sociétés de transport et les
divers intervenants de l'industrie pour la mise en place de ces éléments-là
afin que notre clientèle puisse bénéficier d'une offre de services qui soit
diversifiée, suffisante et de qualité. Alors, dans ce contexte, les sociétés de
transport doivent s'assurer d'une certaine flexibilité contractuelle. Alors,
actuellement, cette flexibilité-là, elle existe puisque, pour ce qui est du
transport par autobus et pour le transport adapté, les sociétés de transport
peuvent conclure des contrats de gré à gré avec les partenaires.
Ce que les sociétés de transport
souhaitent, c'est que cette flexibilité soit également prévue pour le transport
rémunéré de personnes par automobile, donc également pour ce qui est du taxi
collectif et du transport à la demande. En effet, il n'existe selon nous aucun
motif qui justifie qu'on soit dans un mode de contractualisation différent en
fonction du type de véhicule qu'on utilise, c'est-à-dire, par exemple, une
automobile versus un autobus, ou encore en fonction de la clientèle qui est
servie, soit une clientèle régulière versus la clientèle adaptée. Alors, à cet
égard, l'ATUQ souhaite que les modalités actuelles de la Loi sur les sociétés
de transport en commun soient maintenues non seulement pour le transport par
autobus et le transport adapté, mais qu'elles soient également élargies pour
tout transport rémunéré de personnes sous l'égide du projet de loi n° 17.
En complément à ce point, vous allez
retrouver, dans notre mémoire, certaines mentions de demandes particulières
formulées par Exo, c'est-à-dire le Réseau de transport métropolitain, qui
actuellement ne bénéficie pas de cette alternative de contractualisation. Alors,
globalement, Exo demande à être considérée comme une société de transport et
que ceci soit fait explicitement afin de lui permettre de bénéficier des mêmes
modalités contractuelles que celles qui sont prévues pour les sociétés de
transport.
Évidemment, toutes ces ententes-là, ça ne
sera possible qu'à condition que rien ne puisse empêcher une société de
transport de pouvoir contracter avec des fournisseurs externes pour la
livraison de son service de transport adapté, pour son taxi collectif ou le transport
à la demande. Il est donc primordial que l'article 148 de la loi sur le
taxi soit réintroduit dans le projet de loi n° 17 pour offrir cette
sécurité aux sociétés de transport. Cette disposition-là est à l'effet qu'il
n'y a aucune convention collective entre une société de transport et ses
salariés qui ne peut restreindre le pouvoir de la société de contracter pour
assurer ce type de service là. Donc, c'est une disposition qui protège les
sociétés de transport à l'effet qu'elles puissent pouvoir aller en services
externes pour ces activités-là.
• (14 h 20) •
Il y aurait également lieu de préciser la
nature du lien entre les sociétés de transport et les divers intermédiaires de
l'industrie, c'est-à-dire qu'il s'agit évidemment d'une relation client-fournisseur
et non pas une relation employeur-employé. Et, pour nous, cette précision-là,
elle nous <paraît...
Mme Deschênes
(Stéphanie) :
I
l y aurait
également
lieu de préciser la nature du lien entre les
sociétés de transport et
les divers intermédiaires de
l'industrie,
c'est-à-dire qu'il s'agit
évidemment d'une relation client-fournisseur et non pas une relation
employeur-employé. Et, pour nous, cette précision-là, elle nous >paraît particulièrement
importante puisque, dans ce type de contrat là, on a une relation quasi
quotidienne avec l'industrie, et les sociétés de transport ont un certain
contrôle sur les chauffeurs. Alors, pour nous, ça assure une sécurité juridique
entre les parties que ce soit spécifiquement prévu.
Enfin, il serait souhaité qu'une précision
soit apportée au projet de loi n° 17 à l'effet que, lorsqu'il est référé
aux droits et obligations d'une société de transport, on réfère, par la même
occasion, à un organisme sans but lucratif qui est créé par cette société de
transport là. Par exemple, à l'article 145 du projet de loi, on prévoit
que pour faire du transport collectif une entente doit intervenir entre un
répondant ou un répartiteur et la société de transport, mais ce contrat doit également
pouvoir intervenir avec un organisme sans but lucratif créé par les sociétés de
transport en vertu de leur loi. Voilà.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Vous avez encore 5 min 24 s.
M. Chevrot (Laurent) :
Bonjour. Donc, on a beaucoup parlé de transport adapté, mais l'utilisation de
taxis, Uber, Lyft et tous les autres fournisseurs de ce type par les autres sociétés
de transport ne se limite pas à ces types de service.
Le sujet est particulièrement d'actualité
pour deux raisons. Tout d'abord, les nouvelles mobilités, c'est un thème qui
prend beaucoup de place dans l'actualité et notamment, à juste titre, dans la Politique
de mobilité durable du gouvernement du Québec. Et ensuite, plus récemment, l'entreprise
Uber, qui est déjà en place depuis plusieurs années, qui se prépare à émettre
un premier appel public à l'épargne aux États-Unis, ce qui nous permet d'en
connaître un peu plus sur ses intentions de développement.
Donc, le taxi collectif, le covoiturage,
le transport à la demande sont des offres de transport qui doivent s'intégrer
avec les réseaux structurants pour établir des systèmes bonifiant les réseaux
de sociétés de transport et ainsi permettre d'offrir des solutions de mobilité
du point d'origine au point de destination. On appelle ça la mobilité intégrée
ou, dans sa déclinaison plus avancée, la «mobility as a service». Il est très
important pour nous que les services offerts par les systèmes de transport
soient complémentaires aux services offerts par les sociétés de transport et
permettent, par exemple, du rabattement de services comme les autobus ou un
mode de transport structurant. Le danger pour nous est clairement que ces
services viennent compétitionner avec les lignes et réseaux existants au lieu d'être
en complémentarité, et cette situation a plusieurs effets négatifs, notamment
en réduisant l'achalandage de services existants tout en ne diminuant ni les
GES ni la congestion routière, qui sont des objectifs très explicites de la
PMD. C'est ce qui s'est produit d'ailleurs dans plusieurs grandes villes
américaines.
À titre d'illustration à ce sujet, Uber a
fait apparaître de ses objectifs dans son premier appel public à l'épargne. Initialement
était clairement mentionné que les réseaux de transport urbains étaient vus
comme des compétiteurs et qu'il s'agissait d'une opportunité de croissance des
revenus de l'entreprise. Par la suite, Uber a semblé se raviser, mais, pour
nous, le risque demeure réel et il est très préoccupant. Il faut donc que ces
nouvelles mobilités soient complémentaires, et ce n'est pas explicitement
reflété dans le projet de loi.
Nous croyons que les autorités
organisatrices et les opérateurs publics de transports en commun doivent être
en position de pouvoir autoriser de tels services lorsqu'il s'agit de transport
collectif et organisé. À cet égard, notre mémoire recommande des modifications
aux articles 59, 144 et 145 et en particulier l'article 144 qui
devrait être élargi pour prévoir le transport à la demande qui n'est pas vraiment
couvert précisément au projet de loi. Essentiellement, nous pensons que ces
services doivent être contrôlés par une autorité qui s'assure de la
complémentarité et de l'intégration. Nous croyons que les autorités
organisatrices et sociétés de transport sont les mieux placées pour jouer ce
rôle.
Finalement, l'accès à des données sur les
courses effectuées, avec toute la protection et la confidentialité requises,
évidemment, est nécessaire pour pouvoir analyser et planifier ces services dans
une approche intégrée. Les autorités organisatrices devraient donc avoir accès
à ces données fournies par les répondants et intermédiaires à la CTQ.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il vous reste 2 min 20 s pour une conclusion.
M. Varin
(Marc-André) : Deux minutes? Alors, pour conclure avec les
dernières recommandations, nos recommandations au mémoire incluent également
une exemption des redevances, qui ont été discutées et présentées, alors que c'est
effectué, alors que les transports, les déplacements seraient effectués dans le
cadre d'une entente avec une société de transport.
Il y a également des préoccupations qui
sont mentionnées et décrites au mémoire quant à l'utilisation des voies
réservées. C'est un instrument très, très intéressant pour les sociétés de
transport et donc, avec une prolifération, alors... comment vont être gérées
les voies réservées est une préoccupation pour les sociétés de transport. Et la
nécessité pour les autorités, que ça soit le ministère des Transports, la
Commission des transports du Québec, la Société de l'assurance automobile du
Québec également, qui sont mis à contribution dans la gestion du transport
rémunéré de personnes, de collaborer avec les sociétés de transport <dans
la...
M. Varin (Marc-André) :
...est une
préoccupation pour les
sociétés de transport. Et la
nécessité pour les autorités, que ce soit le
ministère des Transports,
la
Commission des transports du
Québec, la
Société de
l'assurance automobile du Québec
également, qui sont mis à
contribution
dans la gestion du transport rémunéré de
personnes, de collaborer avec
les
sociétés de transport >dans la mise en oeuvre du projet de
loi, incluant l'établissement des divers règlements qui devront être établis
pendant leur période de transition. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. M. le ministre, la parole est à vous pour
23 min 30 s.
M.
Bonnardel
:
Merci, Mme la Présidente. Salutations à mes collègues ministériels en ce beau
lundi, les collègues de l'opposition aussi. Vous êtes salués, messieurs dames,
merci d'être là.
Vous avez préparé un beau mémoire que j'ai
pris le temps de lire ce matin et vous êtes assez explicites sur plusieurs
points. Vous êtes des acteurs plus qu'importants, en termes de mobilité, en
termes de transport collectif au Québec. Vous représentez neuf grandes sociétés
au Québec. Et, depuis le dépôt de cette loi, on a entendu plusieurs acteurs
dénoncer le fait que soudainement, le transport adapté au Québec, c'est
terminé, on a oublié les personnes handicapées, on a oublié les plus démunis,
on a oublié tout ce beau monde qui est supporté, aidé en grande majorité par
vous, par vos clients, qui sont les sociétés de taxi, nécessairement, le client
lui-même par la suite.
Ça fait 40 ans ou à peu près qu'on n'a pas
modernisé ou touché à cette industrie pour des raisons x. Les nouvelles technologies,
le véhicule autonome de demain, tout va changer, tout est chamboulé, et vous le
savez très, très bien, puis la première chose où je veux vous amener, c'est qu'est-ce
qui ne fonctionnait pas avec l'ancienne loi. Et là je vous amène... transport
collectif, transport adapté, vos clients. Je sais très bien, là, que trois
quarts de l'offre ou du service donné par ces sociétés est bien fait. C'est
l'autre petit quart qui est peut-être problématique.
Donnez-moi l'ensemble... votre portrait d'aujourd'hui,
là, si on n'avait pas déposé cette loi, là, voilà sept, huit semaines déjà.
Qu'est-ce que vous vivez, qu'est-ce qui était, pour vous, encore une fois, le
plus problématique dans les ententes que vous aviez, ce à quoi vous vous
attendiez? Peut-être même pas dans cette loi où on est allés aujourd'hui.
Donnez-moi votre portrait de l'industrie puis comment vous vous êtes adaptés
avec, malheureusement ou heureusement, une certaine offre ou un certain, je
pourrais dire... Vous dites : Il faut éviter la constitution de monopole
ou d'oligopole. Vous savez très bien que présentement il y a des monopoles dans
certains territoires. C'est indéniable, vous le savez, là, vous n'avez pas le
choix de négocier avec untel. Pas Montréal, peut-être, là, mais dans d'autres
régions, là, vous n'avez pas le choix. Alors, donnez-moi ce portrait que vous
vivez présentement au Québec.
M. Varin (Marc-André) :
Alors, deux enjeux principaux, deux enjeux principaux qui ressortent de la
discussion qu'on a eue, particulièrement sur le sujet du transport adapté. Ils
ont été mentionnés... il y en a un en particulier qui a été mentionné par M. Mercier,
c'est la pénurie des chauffeurs. Alors, il y a une pénurie de chauffeurs. C'est
un contexte dans lequel la demande est croissante et c'est une gestion
contractuelle continuelle pour pouvoir trouver les ressources suffisantes pour
pouvoir affecter les courses à des chauffeurs. Et, pour certaines régions,
certaines agglomérations, c'est plus problématique que d'autres. Alors, l'enjeu
numéro un, c'est la pénurie des chauffeurs.
L'enjeu numéro deux qui a été identifié,
avec la présence de territoires très définis, c'est l'impossibilité de pouvoir
optimiser les services. Alors, toute la question du retour à vide, d'envoyer
une course puis de ne pas pouvoir ramasser quelqu'un à l'autre bout, pouvoir
ramener un passager, un utilisateur au point d'origine, alors tout ça permettait...
limitait la façon dont on pouvait optimiser les courses... donc les coûts qui
viennent avec ça, également.
• (14 h 30) •
M. Mercier (Alain) :
Peut-être, Mme la Présidente, peut-être, je pourrais rajouter un élément, c'est...
Sur le modèle économique, je vais prendre Québec comme environnement,
parce que je le connais très bien, la restriction de l'offre et la
détermination des tarifs sur le territoire restreint essentiellement, qu'est-ce
qu'on pourrait dire, le retour sur capital qui aurait pu permettre un
développement de services sur le territoire. Comme tout le monde sait, la
croissance du transport adapté dans les territoires au Québec, le taux de
croissance est presque <100 % d'augmentation qu'on a vu dans les
dernières années...
>
14 h 30 (version révisée)
< M. Mercier (Alain) :
... le retour sur capital qui aurait pu permettre un
développement de
services sur le territoire. Comme
tout le monde sait, la croissance du
transport adapté dans les territoires au
Québec, le taux de croissance
est presque >100 % d'augmentation, qu'on a vu dans les dernières
années. On parle dans les derniers 10 ans. Mais, pour combler cette
demande-là, ça prend du développement. Ça prend du développement technologique,
ça prend du développement au niveau de types de véhicules qui sont dans
l'industrie, et, quand il y a un manque de retour de capital dans une
industrie, bien, essentiellement, il n'y a pas d'investissement, il n'y a pas
de développement.
Donc, les sociétés de transport, dans ce
modèle-là, il fallait trouver des acteurs ou trouver des mécanismes à
l'intérieur de nos ententes contractuelles pour essayer d'inciter les
chauffeurs de taxi essentiellement de venir répondre à la demande. Et qu'est-ce
qu'on a vu dans les dernières années, ces conditions de marché ne permettaient
pas essentiellement de créer les incitatifs nécessaires pour investir dans un
métier où essentiellement le taux de croissance de 100 % depuis... dans
notre cas, depuis 10 ans, aurait dû créer un marché intéressant, mais, en
effet, c'est devenu un marché qui n'avait aucun incitatif pour le développement.
Merci.
M. Gagnon (Mario) :
Mme la Présidente, juste compléter. Effectivement, la pénurie de chauffeurs est
un enjeu, mais pour compléter, M. le ministre, vous avez raison effectivement.
Moi, pour travailler personnellement à Montréal, où est-ce qu'on a la chance
d'avoir plusieurs contrats avec nous, quand je regarde mes collègues qui
travaillent avec une société de transport ou même, à la limite, deux, c'est
très difficile pour eux de pouvoir avoir une saine gestion contractuelle.
Comparer les intermédiaires entre eux est un gage de succès pour être en mesure
de monter le service vers le haut, de niveler vers le haut le service.
Alors, vous avez raison, il y a certaines
places effectivement où on vivait déjà en situation de monopole, d'où
d'ailleurs qu'on... là-dessus, on accueille favorablement l'ouverture des
marchés.
M.
Bonnardel
: Donc,
si je vous suis bien, la problématique que vous viviez depuis très, très, très longtemps,
c'est de vivre cette situation de monopole, malheureusement, dans certains
secteurs.
Et je pourrais vous poser une question
facile. Je suis persuadé, si je vous dis, demain matin : Malgré que ça
soit un monopole dans les territoires x, vous me diriez peut-être : François,
je resigne le même contrat avec la même société parce que je suis satisfait. Mais,
s'il y avait un autre joueur qui embarquait, qui était sur le territoire d'à
côté, qui ne pouvait pas me desservir, je n'haïrais pas ça peut-être avoir son
offre puis d'être capable de l'évaluer avec un concurrent. Est-ce que je me
trompe?
M. Gagnon (Mario) :
Bien, vous avez raison, effectivement. Je reviens encore sur Montréal. Malgré,
vous savez, que c'est un contrat négocié gré à gré, on est en mesure de pouvoir
mesurer leur travail lorsqu'on a plusieurs fournisseurs en étant... En ayant la
chance de mesurer leur travail, on est en mesure de pouvoir influencer vers la
hausse la bonification du volume d'affaires ou, si ça ne va pas, diminuer le
volume d'affaires. Alors, c'est un incitatif vers la qualité de service
important.
Si vous parlez à quelqu'un qui
présentement travaille en situation de monopole, lui ouvrir un autre
fournisseur qui irait en compétition, c'est clair que ça favorise la qualité de
service.
M.
Bonnardel
:
Je ne devrais pas vous la poser, parce que je suis au gouvernement, puis ça
pourrait me... mais je vais le faire pareil, parce que plusieurs disent :
Ah! l'industrie, c'est terminé. Parce que cette loi est déposée, soudainement,
demain matin, le transport adapté ou ceux qui en font, il n'y en aura plus, les
sociétés vont fermer.
La question que je me pose puis que je
vous pose : Hormis Montréal, qui a une offre plus diversifiée,
nécessairement, là, la société ou l'intermédiaire, peu importe, là, qui fait du
transport adapté, qui a investi des sommes importantes, qui a bénéficié de
déductions du gouvernement à hauteur de 25 % ou autres, puis vous êtes
satisfait... puis corrigez-moi. Quand je dis, là, 75 % de l'offre est bien
faite, est-ce que je me trompe?
M. Gagnon (Mario) :
...du tout. La satisfaction de clientèle est là.
M.
Bonnardel
:
Donc, la satisfaction est là. Puis ce serait facile de rentrer dans le
25 % puis de vous donner des exemples. J'en aurais, mais je ne rentrerai
pas là. Ça ne sert absolument à rien de vous dire : Ah! le 25 %, ils
ne font pas une bonne job, service inégal, tarif, peu importe.
Donc, pour vous, les sociétés qui existent
présentement, qui font ce travail au Québec n'ont pas à s'inquiéter, parce que
vous me dites : Oui, je resignerais encore avec cette société parce
qu'elle m'offre un bon service. Grosso modo, je peux lui donner une note de B,
B plus, A, peu importe, selon les années. Je n'haïs pas l'autre côté, où tu
peux me permettre, François, d'aller négocier avec un autre, mais il n'y a
aucune raison que les 1 000 voitures au Québec — je donne un
chiffre comme ça, là — les 1 000 voitures de transport adapté au
Québec n'aient pas du travail demain matin.
M. Varin (Marc-André) :Mais <l'enjeu...
M.
Bonnardel
:
...peu importe, selon les années. Je n'haïs pas l'autre côté, où tu peux me
permettre,
François, d'aller négocier avec un autre, mais il n'y a
aucune raison que les 1 000 voitures au Québec — je donne un
chiffre comme ça, là — les 1 000 voitures de transport adapté au
Québec n'aient pas du travail demain matin.
M. Varin (Marc-André) :
Mais >l'enjeu en est un de changer les règles du marché, essentiellement,
qu'on connaît présentement et l'incertitude qui vient avec ça, avec une
ouverture... à la fois, c'est une opportunité pour avoir accès à un bassin de
chauffeurs intéressant, mais, à la fois, ça peut vouloir dire que l'attrait du
transport adapté, qui est un service un petit peu plus compliqué pour un
chauffeur, ça demande plus d'interventions. Présentement, ce n'est peut-être
pas aussi payant, de leur point de vue, que ça devrait l'être. Alors, il va
peut-être y avoir un impact sur le financement, sur le coût de cette
exploitation-là et sur, donc, le financement qui en sera requis. Cette
incertitude-là, dans un an, un an et demi, deux ans, va mener à quoi? Est-ce
qu'on risque d'aggraver, dans certaines régions ou à certains moments de la
journée, la pénurie de chauffeurs ou est-ce qu'elle va pouvoir régler cette
situation-là? Difficile pour nous présentement de le dire.
En ouvrant le marché, en abolissant les
règles, essentiellement, ou en les remplaçant par d'autres règles, il y a une
nouvelle dynamique qui va s'établir, et donc il y a des risques, puis il y a
une transition à gérer. Alors, c'est un peu... la nature de notre mémoire, c'est
de s'assurer qu'on met ça en place et qu'on reste vigilant par rapport à ce
changement fondamental là pour s'assurer de continuer à donner un service de
qualité au transport adapté, mais également aux autres utilisateurs.
M.
Bonnardel
:
Mais ça, on peut dire aussi que c'est un service qui sera toujours demandé en
période creuse, si je peux dire ainsi. Moi, signer une entente avec vous, ça
m'assure nécessairement du transport. Vous dites, dans votre tableau,
6,7 millions de transports. Je me trompe? Pour 2017.
M. Varin (Marc-André) :
Exact, oui, pour les sociétés de l'ATUQ.
M.
Bonnardel
:
Les sociétés, donc, une augmentation de 24 % de 2012 à 2017, moyenne de
5 % par année. On est dans un contexte où on est la deuxième nation la
plus vieillissante au monde après le Japon. On veut garder notre monde à la
maison. C'est indéniable que c'est un marché que je trouve adéquat à servir, à
desservir pour une population qui en demande puis qui en a besoin.
Donc, je vois mal, demain matin, puis si
le travail est bien fait, que ces sociétés se disent : Bien, c'est
terminé. Encore une fois, je prends le quart. Je pense que vous êtes
conscients, puis on est tous conscients, puis ici, c'est penser client. Il y a
des régions où on me disait : Il n'y en a pas, il n'y en a pas. Ce n'est
pas compliqué, il n'y en a pas. Vous ne desservez même pas, mettons, le
transport en commun dans certaines MRC ou certains secteurs. Si on pouvait
aller signer un contrat, justement, avec une société qui est juste à cinq
kilomètres de chez nous, mais on ne pouvait pas parce que c'était un territoire
qui ne nous le permettait pas, je pense qu'on va même être capable d'offrir
puis d'augmenter cette offre dans différents territoires que vous ne desservez
peut-être même pas, là. Je vais plus loin dans mon analyse.
Alors, j'y vois juste des bienfaits, à
moins que vous me corrigiez puis vous me dites : Tu as tort, là, mais...
M. Mercier (Alain) :
M. le ministre, je pense que vous décrivez exactement qu'est-ce qui s'est passé
dans la région de Québec, par exemple. La situation de l'industrie a été qu'on
cherche... comme vous avez bien mentionné, la région de Montréal, le marché est
un peu différent que le marché de Québec. Il y a eu des difficultés de capacité
des intermédiaires. Il y a eu des intermédiaires qui ont cessé leurs opérations.
Il y a eu des regroupements différents. La réalité était qu'une société comme
la nôtre — dans notre cas, c'est la Société de transport adapté de la
Capitale, le STAQ — qui a mis en place des mécanismes contractuels
pour essayer de stimuler une meilleure offre, pour répondre à la demande. Donc,
on a donné des primes à l'industrie pour répondre à la demande, mais les
structures sont assez rigides, surtout avec les différentes agglomérations. Là,
maintenant qu'elles sont abolies, donc il y a une meilleure capacité de trouver
la capacité dans l'industrie.
Avec une tarification un petit peu plus
dynamique, ça va nous permettre essentiellement de mettre des règles de jeu
claires, précises avec les fournisseurs de services qui vont leur donner
l'incitatif nécessaire. Je vais juste vous relater, j'ai eu une rencontre avec
tous les intermédiaires dans la région de Québec. On leur demandait : S'il
vous plaît, dire à vos membres, les chauffeurs de taxi essentiellement, on veut
croître, on veut vous donner plus de revenus, mais on veut que vous soyez là.
Alors, on voit que le défi, essentiellement, c'est que, dans un marché
restreint, l'offre va être restreinte.
• (11 h 40) •
M.
Bonnardel
:
Donc, vous confirmez une chose : s'il y a tant de demande depuis les cinq dernières
années, à partir de l'an prochain... on n'a pas les chiffres de 2018, mais je <suis...
M. Mercier (Alain) :... on veut que vous soyez là. Alors, on voit que le défi,
essentiellement,
c'est que, dans un marché restreint, l'offre va être restreinte.
M.
Bonnardel
:
Donc, vous confirmez une chose :
s'il y a tant de demande depuis
les cinq dernières années,
à partir de l'an prochain... on n'a pas les
chiffres de 2018, mais je >suis persuadé que ça a fait ça aussi, puis ce
qui s'en vient devant nous, ce n'est pas à la baisse. Donc, si on continuait
comme ça, la problématique, on la grossissait, là. C'est indéniable, là. Alors,
le marché est là, la demande va aller en grandissant, mais l'offre qu'on leur
proposait n'était pas nécessairement adéquate.
M. Varin
(Marc-André) :...l'offre devrait s'ajuster à la demande avec probablement
ce qu'on appelle une influence très macroéconomique, l'influence à la hausse
sur les prix, sur les coûts d'exploitation, donc sur le... Alors, si on veut
signer des ententes avec des fournisseurs, avec des garanties de service, avec
certaines obligations, il va probablement falloir y mettre le prix également
pour s'assurer d'avoir ces ressources-là disponibles au moment opportun, là,
quand on en a besoin.
M.
Bonnardel
:
Mme la Présidente, je pense que j'ai des collègues qui veulent poser des questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il reste à votre période 7 min 40 s. Donc...
Une voix
: ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui? Ah! il faut que je nomme. Député de Bourget, excusez-moi.
M. Campeau : Ma question
s'adresse à Mme Deschênes. Je n'ai pas bien compris ce que vous vouliez
faire par rapport à l'article 148. Pourriez-vous réexpliquer pourquoi vous
voulez garder cet article-là dans le projet de loi n° 17 actuel, s'il vous
plaît?
Mme Deschênes
(Stéphanie) :L'article 148, c'est l'article
qui existe actuellement dans la loi sur le taxi et qui protège les sociétés de
transport contre toute disposition qu'il pourrait y avoir dans ses conventions
collectives et qui ne lui permettraient pas de pouvoir aller à l'externe, donc,
engager des fournisseurs externes pour ce type de service là.
Alors, cette disposition-là, elle est
importante selon nous, parce que l'ensemble des sociétés de transport de La
Tuque sous-traite en grande partie le service de transport adapté, donc, au
profit de l'industrie privée à ce moment-là. Donc, on demande à ce que cet article-là
soit réinséré dans la loi pour conserver la sécurité qu'elle nous procurait par
rapport aux relations de travail et de conventions collectives.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Maintenant, je passe la parole à Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Oui, bonjour.
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, on a entendu que le budget actuel qui
est réservé est de 111 millions pour le transport adapté. C'est bien ça?
Et vous souhaitiez que ce budget-là, ces subventions-là gouvernementales soient
bonifiées. Pourriez-vous expliquer davantage, là, votre désir?
M. Varin
(Marc-André) : Bien, peut-être que tu pourras compléter, Mario,
mais le 111 millions qui est mentionné, c'est le niveau de subvention, à
travers différents programmes du gouvernement du Québec, au transport adapté spécifiquement.
Alors, les usagers en paient une partie également, et le restant, bien, ça
vient des municipalités essentiellement à travers leur propre financement. On
pourrait élaborer là-dessus si vous voulez.
Sur la hauteur ou quel est le montant
additionnel qu'on pourrait prévoir de financement, très difficile à dire. On
est un petit peu dans la conjecture en regardant une industrie qui va être essentiellement
réécrite, avec des nouvelles forces du marché. Et quels seront les besoins en financement
dans le futur? On ne s'est pas avancé jusqu'à essayer de proposer certaines
analyses ou certaines recommandations de ce côté-là.
Mme Tardif : Mais vous
demandez tout de même... J'ai bien compris tantôt, vous demandez de bonifier,
mais vous n'avez pas de point précis. C'est ce que j'entends. Vous êtes coquin
un peu, là. Vous voulez le plat de bonbons au complet.
M. Varin
(Marc-André) : On recommande d'être vigilant, de bien suivre
ensemble l'évolution de ce qui va se passer dans la prochaine année et les
prochaines années, et, si besoin est, si on se retrouve dans une situation où
les contrats doivent être négociés, les prix sont à la hausse, que le gouvernement
du Québec soit au rendez-vous avec du financement pour pouvoir nous accommoder
et nous appuyer.
Mme Tardif : Alors, vous
attendez une ouverture éventuellement, si besoin est.
M. Varin
(Marc-André) :Tout à fait.
Mme Tardif : C'est
différent. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il reste... M. le député de Beauharnois, il reste
4 min 20 s.
M.
Reid
: Parfait.
Bonjour. Merci d'être là.
Tout à l'heure, vous avez mentionné au
niveau du... une certaine crainte du regroupement des intermédiaires avec le
nouveau projet de loi. Vous avez mentionné, je crois que c'est au niveau de la
STM, on négocie avec neuf intermédiaires, puis ça peut être un problème en
région, un pseudoregroupement. Mais comment c'est vécu actuellement? Parce qu'à
ma connaissance je pense qu'il y a une certaine forme de monopole dans des
régions. Comment vous entrevoyez ça ou comment on peut... pas contourner, mais
comment le projet de loi n° 17 pourrait améliorer <ça?
M.
Reid
:
...puis ça peut être un problème en région, un pseudo
regroupement. Mais
comment c'est vécu
actuellement? Parce qu'à ma connaissance je pense qu'
il
y a une certaine forme de monopole dans des régions. Comment vous entrevoyez ça
ou comment on peut... pas contourner, mais comment le
projet de loi
n° 17 pourrait améliorer >ça?
M. Gagnon (Mario) :Je vous confirme que présentement, effectivement, dans
certaines régions, c'est encore difficile. Effectivement, il y a des enjeux de
monopole, d'où la raison qu'on trouvait que d'augmenter... d'avoir une
ouverture à l'offre de services, c'est clair que ça donne la chance à certaines
villes de pouvoir négocier avec plus qu'un intermédiaire, d'où la chance, comme
je disais tantôt, de pouvoir comparer le service et être en mesure de donner ou
de partager le volume d'affaires à celui qui donne la meilleure qualité de
service.
M.
Reid
: Mais
cette crainte-là de regroupement est justifiée comment?
M. Gagnon (Mario) :
C'est surtout à Montréal parce que... présentement, la chance qu'on a, c'est effectivement
d'avoir plusieurs intermédiaires. Notre compréhension est celle qu'on nous dit,
des intermédiaires, c'est qu'eux ne seraient pas en mesure de pouvoir devenir
des répondants, et, s'il y avait peu de répondants à Montréal pour faire
affaire avec nous... et c'est là qu'on tomberait peut-être, possiblement, en
monopole, ce qui ne serait pas favorable pour nous.
Notre crainte, et peut-être que notre
compréhension, elle n'est pas bonne, c'est au niveau des répartiteurs. Est-ce
que le lien entre le répartiteur et le chauffeur est assez fort pour être en
mesure de pouvoir gérer la qualité de service? C'est la différence. Avant, on
avait un intermédiaire. Maintenant, le projet de loi sépare les deux types
d'intermédiaires, un répondant avec plus de liens avec le chauffeur, et celui
du répartiteur qui, selon notre compréhension, n'a pas beaucoup de liens. Et,
pour nous, ça, c'est important, comme on disait tantôt, le lien de gestion avec
le chauffeur. Donc, c'est à Montréal qu'on disait qu'on avait peur de
monopoles.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, vous avez encore deux minutes.
Mme Tardif : Merci, Mme la
Présidente. Donc, par rapport à Exo, vous souhaitez qu'elle soit reconnue comme
société de transport. Pourquoi?
Mme Deschênes
(Stéphanie) : Oui. Bien, en fait, ce que j'exprimais tout à
l'heure, c'est qu'actuellement, dans la loi sur les sociétés de transport, il
existe certaines dispositions qui donnent aux sociétés de transport une
certaine flexibilité contractuelle. Et Exo ne fait pas partie des neuf sociétés
de transport instituées en vertu de cette loi-là, et il n'y a pas de référence
dans leur loi à l'application de ces articles-là qui nous permettent cette flexibilité
contractuelle là.
Alors, ce qu'Exo demande, c'est que, pour
l'application du projet de loi n° 17, elle soit
considérée au même titre qu'une société de transport pour bénéficier de la même
souplesse que celle qui est accordée aux sociétés de transport.
M. Mercier (Alain) :
De façon plus globale, et on parle ici au nom d'Exo, la loi, parce qu'ils ont
leur propre loi du réseau de transport métropolitain... n'est pas couverte dans
le projet de loi, et ils ne tombent pas sous la catégorie d'une société de
transport sous la Loi sur les sociétés de transport en commun. Alors, ils se
trouvent un petit peu dans un vide ici et ils se sentent un petit peu laissés
pour compte, alors qu'ils ont besoin... ils agissent au même titre que les sociétés
de transport qui sont représentées ici. Ils agissent de la même façon, ils
passent des contrats et ont les mêmes responsabilités, en transport adapté entre
autres. Donc, ils voudraient avoir les mêmes possibilités, les mêmes moyens.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 30 secondes.
Mme Tardif : Est-ce que ce que
vous dites... Est-ce que je dois comprendre que ça leur enlève des avantages
qu'ils ont actuellement ou s'ils restent au même niveau? Est-ce qu'ils perdent quelque
chose avec la nouvelle loi, comme elle est là, ou ils en veulent plus, tout
simplement?
M. Varin (Marc-André) :
Bonne question. Le gré à gré, ils ne l'ont pas présentement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de La Pinière, vous avez 15 min 40 s.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, madame, messieurs, je vais aller directement aux questions.
Bienvenue. Excusez-moi d'être en retard, j'ai été kidnappé par les médias, mais
j'avais du plaisir quand même.
Alors, écoutez, vous savez, dans l'étude
de ce projet de loi là, les consultations sur ce projet de loi là, le ministre
nous dit toujours que ça va être mieux après, et j'espère que ça va être mieux
après. Je le souhaite, évidemment. Quand je vous écoute, je ne suis pas sûr que
ça va être mieux après. Et le ministre nous dit, là, puis là je vais vous
demander si vous êtes d'accord avec le ministre... le ministre nous a dit, là,
que dans votre domaine, dans le transport adapté, que vous contractez avec
différents chauffeurs et autres personnes, 75 % des services sont très
bien, 25 % sont peut-être critiquables. Peu importe le choix des mots, là,
il y a un 25 % qui serait imparfait, 75 %, ça va bien. Est-ce que
vous êtes d'accord avec cette affirmation-là?
• (14 h 50) •
M. Gagnon (Mario) :
En fait, 75 %, 25 %, je ne peux pas comprendre... je ne connais pas
d'où vient le chiffre, mais je peux vous dire qu'en transport adapté, ce que je
connais de <la...
M. Barrette : Peu importe le
choix des mots, là,
il y a un 25
% qui serait imparfait,
75 %, ça va bien. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation-là?
M. Gagnon (Mario) :
En fait, 75 %, 25 %, je ne peux pas comprendre, là... je ne connais
pas d'où vient le chiffre, mais je peux vous dire qu'en transport adapté, ce
que je connais de >la province, en grande, grande, grande partie, le
service est bien, le service est très bien. Que ce soit en minibus, que ce soit
en taxi, il est très bien. Malheureusement, la seule erreur qu'on va faire dans
une journée, peu importe la ville, c'est cette erreur-là qui va faire que ça
rejaillit sur l'ensemble du service de transport adapté. C'est un service
personnalisé, porte-à-porte, avec une clientèle démunie, qui est dépendante de
notre service.
Alors, je vous dirais que juste à
Montréal, en termes de chiffres, ça fait des années qu'on fait des sondages satisfaction
clientèle, on était toujours en haut de 90 %. Cependant, M. le ministre,
il a quand même raison qu'il y a certaines régions, effectivement... la
question de capacité, c'est une question d'aller... je vous dirais, là, avoir
accès à des véhicules. Je parlais à mes collègues encore récemment, puis ils
m'ont dit : Mario, tu as la chance d'aller à la commission parlementaire.
Eux, ils manquent de vans adaptées, alors c'est une question de capacité, pour
l'instant.
M. Barrette : Je comprends
très bien là-dessus. Ce n'est pas la même chose de dire qu'il manque de la
capacité que de dire que 25 %, je pourrais vous donner un paquet
d'exemples que ce n'était pas exactement correct, comme ça a été un peu
insinué.
Vous nous dites clairement qu'il y a un
risque dans le projet de loi n° 17. Vous nous dites
clairement que ce qui est écrit tel quel, là, ce n'est pas une garantie que ça
va être mieux après. C'est clair, votre intervention, pour moi, là, il y a un
risque. Alors, pour pallier à ce risque-là, quels sont... Puis moi, ça
m'inquiète, je vais vous dire, hein, parce que, quand le ministre nous dit :
25 %, on se pose des questions, là — je vais le placer comme ça,
parce que ce n'est pas les mots qui ont été utilisés — s'il y a un
risque pour ce qui va bien, imaginez le risque pour ce qui ne va pas bien. C'est
un méchant risque additionnel, là. Et vous, vous nous dites : Pour
l'ensemble de l'oeuvre, il y a un risque.
Est-ce que le projet de loi n° 17
est suffisamment solide pour éviter ce risque-là? Moi, j'ai l'impression que
non et, dans le mémoire que vous nous présentez, qui est excellent, je ne suis
pas sûr que je vois toutes les solutions pour éviter ce risque-là.
M. Mercier (Alain) :Mme la Présidente, les deux risques qu'on voit et les
mitigations de ces risques-là, en premier, un, ça va passer par la nature du
prix. Et le prix n'est pas pour le client, parce que les tarifs sont régis par
les sociétés de transport, mais essentiellement le prix qu'on va payer le
fournisseur de services.
Pour vous donner un exemple, on a passé à
travers une crise assez importante à Québec à l'automne au niveau de manque de
capacité, qui a perduré quand même jusqu'au mois de mars, à peu près, là, et on
a mis en place un autre système de rémunération pour les chauffeurs de taxi
pour assurer la capacité. Généralement, à Québec, on requiert environ 125 véhicules
par jour, pour le transport adapté, de l'industrie du taxi, et on tournait
autour de 60 à 80 véhicules par jour, donc un manque assez important.
Donc, on a rémunéré l'industrie à l'heure au lieu par le taximètre. On a réussi
à combler la différence, mais à une prime de 20 %, essentiellement, une
prime de coûts.
Donc, oui, il y a des solutions quand on
ouvre le marché pour laisser le prix déterminer l'équilibre entre l'offre et la
demande. Donc, ça, c'est l'élément de risque qu'on voit, mais qui peut être
aussi compensé dans certains marchés.
M. Barrette : Permettez-moi...
Ce que vous venez de dire, si j'ai bien compris et je peux avoir mal compris,
ce n'est pas le marché qu'on ouvre et qui laisse déterminer le prix. Ce que
vous nous dites, c'est qu'il vous faut un volume de fournisseurs de services
suffisant puis, pour l'avoir, il faut avoir un prix compétitif, mais qui vient
en quelque part de vous, donc de l'État, parce que c'est l'État... bien, l'État,
on s'entend, le public, on s'entend, là.
Alors, ce que vous me donnez comme
message, là, puis corrigez-moi si je me trompe, pour éviter le risque, là, il
faut avoir dans le monde du taxi, parce que, mettons, on parle du taxi
spécifiquement, il faut une garantie de protection d'un volume pour
attirer des chauffeurs avec un prix qui va faire qu'ils vont venir. Est-ce que
je vous comprends bien? Parce que ça, ce n'est pas dans la loi, et, si c'est
une ouverture de marché complètement, là, ça ne va pas faire ça, à mon avis.
M. Mercier (Alain) :
Mme la Présidente, en effet, qu'est-ce qui va arriver essentiellement dans
certains secteurs, dans certains marchés, le prix, qui est sous la
responsabilité des sociétés de transport, va être géré en fonction de
l'évolution du marché parce que ça va créer un peu de volatilité. Je pense, M.
Varin a bien mentionné, c'est la transition, la période de transition qui va
être importante. Le marché va trouver son prix juste dans le marché, avec son
offre juste, par des moyens contractuels.
M. Barrette : Une dernière
question, et je vais passer la parole à mon collègue dans un instant, parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps, nous. <Est-ce que...
M. Mercier (Alain) :
...a bien mentionné, c'est la transition, la période de transition qui va être
importante. Le marché va trouver son prix juste dans le marché, avec son offre
juste, par des moyens contractuels.
M. Barrette : Une dernière
question, et je vais passer la parole à mon
collègue dans un instant,
parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps, nous. >Est-ce que je comprends
correctement que ce que vous nous dites, c'est qu'on doit protéger un volume
d'activités pour, par exemple, les taxis?
M. Mercier (Alain) :Non, pas du tout, pas du tout. Il faut laisser les sociétés,
par mécanismes contractuels, assurer qu'on crée suffisamment d'offre à un prix,
basé sur les conditions du marché, qui va être établi dans la loi. Durant cette
période d'insécurité, on ne sait pas trop qu'est-ce qui va être dans la loi,
comment ça va marcher. Il y a une inquiétude, et un marché qui ne connaît son
prix de revient, bien, c'est sûr et certain, on a de la difficulté à créer
l'équation entre l'offre et la demande, présentement. Donc, cette période de
transition est toujours la partie plus risquée...
M. Barrette : ...la parole à
mon collègue, monsieur...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Député de Jacques-Cartier ou Viau? Viau?
M. Barrette : Viau.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez la parole.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Donc, je salue les représentants,
mais particulièrement M. Gagnon, donc, avec qui on a eu la chance de collaborer
dans une vie antérieure sur les enjeux de qualité de services au niveau du
transport adapté.
Donc, vous spécifiez à plusieurs reprises,
dans votre mémoire, l'instabilité de l'offre, notamment, particulièrement à la
page 3, durant la période de transition. Pourtant, vous mentionnez ainsi
que vous accueillez favorablement l'abolition des territoires, alors que
ceux-ci permettent de contrer un phénomène que vous décriviez en ces mots dans
votre mémoire : «Le risque de voir certaines régions desservies par un
trop grand nombre de chauffeurs tandis qu'une pénurie sera constatée pour
d'autres...»
Alors, ma question, ma première question :
Pourquoi accueillez-vous favorablement une mesure dont vous connaissez très
bien les effets pervers en termes de concentration du marché, d'accessibilité,
et de services, et de coûts de services aussi?
M. Varin (Marc-André) :Je ne pense pas qu'on connaît très bien puis qu'on peut prévoir
exactement. Ce n'est pas ça qu'on dit dans notre mémoire. On dit qu'on ouvre le
marché. En le soumettant aux forces du marché, il peut se trouver des
situations où certaines régions, territoires, lieux ou même des moments de la
journée... On parlait de moments de la journée où il y a des grandes périodes
de demande, en période de pointe, le matin, et lors d'événements spéciaux,
disons.
Alors, il pourrait y avoir des situations
dans lesquelles ça pourrait être problématique, des lieux ou des moments où il
y aurait des pénuries ou de la difficulté à avoir accès à de l'offre. Et, pour
pouvoir combler ce manque-là, il va falloir le négocier dans les ententes, avec
des garanties de service... qui peut pouvoir nécessiter les coûts additionnels,
un prix plus élevé, donc possiblement du financement.
M. Benjamin : Un autre enjeu
qui me préoccupe énormément, c'est tout ce qui concerne la complémentarité des
services. C'est un élément clé sur lequel vous revenez très souvent d'ailleurs
dans votre mémoire, cette complémentarité, sans contredit la clé de voûte d'un
système de transport complet et efficace. Vous spécifiez aussi que cette
complémentarité peut s'obtenir si l'on permettait aux autorités organisatrices
et aux STC d'avoir les moyens de s'assurer de cette complémentarité dans
l'organisation de l'offre de services.
Alors, ma question : Qu'est-ce qu'il
y a, dans ce projet de loi, tel qu'il est rédigé en ce moment, vous semble
aller à l'opposé de la complémentarité de services, de nouvelles mobilités? Et
quels mécanismes législatifs pourraient venir bonifier, selon vous, ce projet
de loi pour donner des moyens aux autorités organisatrices de la STC?
M. Chevrot (Laurent) :
Essentiellement, le gros risque qu'on voit, c'est qu'il y ait une
déréglementation de la possibilité de chaîner des déplacements. Donc, il y a
une possibilité pour les systèmes de transport de faire plusieurs adresses et
de recréer, de manière dynamique, une offre de transport collectif.
Actuellement, la réglementation ne le permet pas.
Donc, ce qu'on reconnaît, c'est qu'il y a
des endroits où ça va apporter un complément à l'offre qui va être appréciable.
Donc, de manière générale, on accueille favorablement cette disposition-là.
Mais, en revanche, dans les endroits où il y a déjà des systèmes de transport
collectif efficaces, on souhaiterait s'assurer qu'on puisse contrôler cette
complémentarité-là en donnant des autorisations ou en contractualisant et puis
avoir différents moyens, mais de faire en sorte que les services qui vont se
rajouter seront vraiment complémentaires et ne viendront pas en concurrence.
Ce qu'on a pu voir, dans plusieurs
exemples, aux États-Unis ou ailleurs, ou même quand on parle avec certains
systèmes de transport au Canada, c'est que les marchés les plus faciles à aller
chercher pour eux, c'est les marchés où il y a déjà beaucoup de demande, donc
où il y a déjà beaucoup d'offre en transport collectif. Donc, ce qu'on voudrait
éviter, c'est qu'on se retrouve avec des systèmes concurrents qui doublent des
lignes d'autobus, où leur gagne-pain soit en fait d'aller chercher des clients
de l'autobus pour remplir des véhicules à côté.
Donc, pour nous, c'est assez simple, il
suffit d'adresser la question d'une organisation, de trouver des mécanismes
d'organisation. Il y a déjà des sociétés et des autorités organisatrices qui
sont capables de le faire, qui le font pour d'autres moyens de transport. Donc,
c'est de penser à cet élément-là qui, selon nous, permettrait de répondre à ce
risque-là.
• (15 heures) •
M. Varin (Marc-André) :
<Si je peux me permettre d'ajouter...
>
15 h (version révisée)
< M. Chevrot (Laurent) :
...pour nous, c'est assez simple, il suffit d'adresser la
question d'une
organisation, de trouver des mécanismes d'organisation. Il y a déjà des
sociétés et des autorités organisatrices qui sont capables de le faire, qui le
font pour d'autres moyens de transport. Donc, c'est de penser à cet élément-là
qui, selon nous, permettrait de répondre à ce risque-là.
M. Varin (Marc-André) :
>Si je peux me permettre d'ajouter, la Politique
de mobilité durable fait déjà référence à de tels mécanismes, où il y a
certaines mesures ou orientations, du moins, qui sont établies dans la Politique
de mobilité durable justement pour s'assurer qu'il y a cette coordination,
organisation de cette mobilité intégrée. Alors, il faut que ça aille dans ce
sens-là.
M. Benjamin : Sur l'enjeu du
financement, vous mentionnez dans votre mémoire que la libre concurrence
qu'entraînera le projet de loi n° 17 devrait être
accompagnée d'incitatifs qui nécessiteront du financement accru afin d'assurer
qu'un nombre suffisant de chauffeurs continue d'offrir le service de transport
adapté et de taxi collectif sur tous les territoires et à tout moment de la
journée. Un peu plus loin, à la page 18 de votre mémoire, vous chiffrez la
part restante, afin de financer à 100 %, à 72 millions en 2016.
Alors, la question : En 2019‑2020,
avec l'augmentation des incitatifs, notamment écologiques, à se tourner vers le
transport en commun, à combien se chiffre la part restante afin de financer à
100 % ces services de transport adapté? Et avez-vous une projection sur
plusieurs années de l'augmentation du financement nécessaire au bon
fonctionnement d'un service comme le transport adapté?
M. Varin (Marc-André) :
Je dois avouer que non, on n'a pas ces chiffres-là. On ne les a pas calculés
dans le cadre du mémoire sur le projet de loi. Cependant, ça devrait être
relativement facile à pouvoir déterminer exactement quelles sont les parts qui
sont assumées et qui sont financées ou assumées par les municipalités et
quelles parts viennent également des usagers eux-mêmes. Malheureusement, on n'a
pas ces chiffres-là avec nous.
M. Benjamin : Est-ce que, Mme
la Présidente, ce sont des informations qu'éventuellement, lorsque vous les
aurez, vous pourrez les faire parvenir, donc, à la commission?
M. Varin (Marc-André) :
Certainement, certainement.
M. Benjamin : Et la dernière
question. Donc, M. Gagnon, je vous ai entendu parler, avec grand intérêt d'ailleurs,
de la qualité du transport adapté, notamment à Montréal, donc l'expérience
montréalaise. Et pour vous, aujourd'hui, en quoi ce projet de loi est bénéfique
par rapport à l'expérience, par exemple, là, l'expérience montréalaise en
matière de transport adapté?
M. Gagnon (Mario) :
Depuis deux ans, on a vu significativement une baisse de notre capacité de
répondre à la demande et la croissance en raison de la pénurie de chauffeurs.
C'est des faits, c'est mesuré. Depuis 2017, on est en mesure de vous faire la
démonstration qu'on manquait de chauffeurs.
À ce niveau, j'ai eu la permission de mon
conseil d'administration, chez nous, pour être en mesure de pouvoir continuer à
faire le service, et faire face à la croissance, et fidéliser les chauffeurs,
d'avoir un nouveau contrat où est-ce qu'on a bonifié le contrat de 7,7 %,
ce qui est quand même significatif, pour être en mesure de fidéliser les
chauffeurs avec nous actuellement. Alors, c'est vraiment une question de
capacité. Alors, c'est pour ça que, lorsqu'on dit qu'on accueille favorablement
au niveau de l'ouverture des marchés, ça fait partie de ce qu'on a vécu.
M. Benjamin : Merci. Donc, je
cède la parole à mon collègue.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Jacques-Cartier, il reste 1 min 20 s seulement.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Juste très rapidement, concernant la recommandation n° 9 sur la formation, c'est quoi, votre vision de la
nouvelle formation minimale?
M. Varin (Marc-André) :...spécifiquement de formation, donc, pour le transport adapté?
On est toujours sur le sujet du transport adapté.
Alors, d'après ce que je comprends, il n'y
a aucune exigence qui est mentionnée dans le projet de loi. Il faut travailler
là-dessus. Il faut élaborer un programme de formation, il faut qu'il y ait une
formation minimale qui soit exigée de la part des chauffeurs qui sont appelés à
faire du transport adapté. Il y a des situations particulières, et, pour
s'assurer d'une qualité de service et d'un bon traitement des usagers, cette
formation-là, selon nous, elle est obligatoire.
M. Mercier (Alain) :
Et cette formation-là peut être spécifiée à l'intérieur d'un processus
contractuel, où les sociétés de transport peuvent aussi maintenir un standard
minimum qu'on va imposer sur l'industrie par des moyens contractuels.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, maintenant, nous allons passer au deuxième groupe d'opposition, avec la
Mme la députée de Mercier, pour 3 min 55 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup. Donc, comme j'ai peu de temps, je voulais juste que
vous reveniez sur la question de la pénurie de chauffeurs parce que ce n'est
pas la même chose, la réalité en centre urbain ou, par exemple, en région.
Alors, en abolissant les agglomérations, les chauffeurs, je veux dire, ils ne
seraient pas tentés d'aller vers les grands centres urbains, là où il y a plus
de demande, au lieu de rester dans les endroits beaucoup moins desservis. Ce
serait moins rentable, moins profitable pour eux de rester. Vous n'avez pas
cette crainte-là avec ce projet de loi là?
M. Varin (Marc-André) :
En fait, oui, c'est même expliqué... c'est même à notre mémoire. Dans certains
cas, quand on parlait tout à l'heure de Saint-Augustin ou de Saint-Jérôme, il
peut y avoir, dans un marché <ouvert...
Mme Ghazal : ...de demande,
au lieu de rester dans des endroits moins desservis. Ce serait moins rentable,
moins profitable pour eux de rester. Vous n'avez pas cette crainte-là avec ce
projet
de loi là?
M. Varin (Marc-André) :
En fait, oui, c'est même expliqué... c'est même à notre mémoire. Dans certains
cas, quand on parlait
tout à l'heure de Saint-Augustin ou de
Saint-Jérôme,
il peut y avoir, dans un marché >ouvert, la possibilité que certains
chauffeurs décident d'aller à des endroits où c'est plus payant, où la demande
est plus élevée, où le chiffre d'affaires va être plus intéressant et en effet
de partir de leur région... peut-être que cette situation-là serait plus dans
un contexte périurbain que régional, pour venir travailler aux endroits et au
moment de la journée où ce sera plus payant. Alors, on l'a identifié comme étant
un risque.
Alors, la façon qu'on pourrait combler ça,
c'est dans des ententes contractuelles, encore une fois, avec des garanties de
service et, au besoin, y mettre le prix, si le coût est à la hausse, pour
pouvoir sécuriser ces ressources-là.
Mme Ghazal : Donc, c'est un
risque qui reste si on laisse le projet de loi tel quel. Vous avez parlé un
petit peu des villes américaines, de ce qui se passe, toute la question de la
mobilité intégrée qui est très importante, parce que, si on veut lutter contre
les changements climatiques, le transport en commun est extrêmement important. Puis
souvent on en parle dans les endroits qui sont bien servis, mais il y a
beaucoup d'endroits au Québec où est-ce que c'est très, très mal desservi, et
la mobilité intégrée, qu'on parle de taxibus, de transport à la demande, et
tout ça, ce sont des moyens importants.
Donc, si je comprends bien, la façon...
cette déréglementation-là, ce projet de loi pourrait avoir l'effet inverse et,
dans le fond... tout à l'heure, vous avez parlé qu'il serait en concurrence
avec le transport collectif. Donc, dans notre lutte aux changements
climatiques, aux gaz à effet de serre, le projet de loi va exactement à
l'encontre de ça.
M. Chevrot (Laurent) : S'il
n'y a aucun ajustement pour assurer une organisation, c'est un risque,
effectivement. Par contre, on croit vraiment que l'ajustement pourrait être
assez simple sur une obligation soit d'autorisation ou de contractualisation,
qui pourrait faire en sorte qu'on pourra encadrer cette complémentarité-là et
là, au contraire, on se retrouverait à avoir des nouveaux intrants qui
permettraient de bonifier l'offre de transport et donc aller dans ce sens-là.
Mme Ghazal : Donc, il faudrait
encore d'autres... des ententes contractuelles. Oui, allez-y.
M. Varin (Marc-André) :
Dans un contexte de... on ne parle pas nécessairement de covoiturage, mais de
transport collectif organisé, professionnel, avec des horaires et tout ça, là,
dans ce contexte-là, nous proposons qu'il y ait des ententes avec les sociétés
de transport justement pour s'assurer qu'il y ait une coordination et que
justement on évite la question de compétition par rapport aux réseaux des
sociétés de transport.
Mme Ghazal : Puis un dernier
point, parce qu'il me reste une minute, pour la tarification dynamique... pour
le transport adapté, la tarification dynamique, telle qu'elle est mise
maintenant dans le projet de loi, pourrait avoir un effet négatif sur, par
exemple, les gens les plus vulnérables, là, ceux qui ont besoin de transport
adapté, sur le prix. Juste peut-être revenir sur ce que vous demandez par
rapport à la tarification dynamique. Oui, allez-y.
M. Mercier (Alain) :
Oui. Certainement, il faut rappeler que c'est les sociétés de transport, dans
le transport adapté, qui autorisent les tarifs que le client paie. Donc, c'est
la même tarification que... comme le réseau régulier. Alors, le client... les
personnes vulnérables ne sont pas affectées par la tarification dynamique. C'est
la société de transport qui va voir les coûts varier selon le mode dynamique.
Donc, c'est la société de transport qui absorbe la variation de prix et le
client va toujours payer le titre tel qu'il est prescrit par les conseils
d'administration des sociétés sur le territoire.
Mme Ghazal : O.K. Parce que
les prix sont déjà...
M. Mercier (Alain) :
Les prix sont décidés.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé, Mme la députée. Alors, maintenant, passons au troisième groupe
d'opposition, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, pour
3 min 55 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais aller droit au but. D'abord, pour positionner les
sociétés de transport que vous représentez, quelle est la part de financement
gouvernemental moyen de toutes vos sociétés?
M. Gagnon (Mario) :
56 % sur les coûts de transport adapté, c'est en moyenne.
M. Arseneau : Et toutes ces
sociétés-là fonctionnent en situation monopolistique?
M. Gagnon (Mario) :
Non. Avec les fournisseurs?
M. Arseneau : Non, dans un
marché urbain.
M. Gagnon (Mario) :
Sur leur territoire? Territoire, oui.
M. Arseneau : Donc, c'est
simplement pour établir qu'a priori le transport collectif urbain n'est pas
rentable à proprement parler et n'est pas exercé dans un mode de libre
concurrence. On peut se dire ça?
En quoi est-ce que libéraliser
complètement le transport, que vous dites complémentaire, là, le transport de
personnes par taxi pour les personnes à mobilité réduite, ainsi de suite...
comment pensez-vous que ça peut s'exercer de façon rentable, dans un marché
concurrentiel, sans aucune règle ou presque?
M. Chevrot (Laurent) : Pour
les sociétés de transport? Pour le...
M. Arseneau : Pour vos
vis-à-vis, avec qui vous voulez remplir des contrats à meilleurs coûts?
• (15 h 10) •
M. Mercier (Alain) :
Mme la Présidente, peut-être je peux faire une tentative de réponse.
Essentiellement, le seul élément qui pourrait <rendre...
M. Chevrot (Laurent) : Pour
les
sociétés de transport? Pour le...
M. Arseneau : Pour vos
vis-à-vis avec qui vous voulez remplir des contrats à meilleurs coûts?
M. Mercier (Alain) :
Mme la Présidente,
peut-être je peux faire une
tentative de réponse.
Essentiellement, le seul élément qui pourrait >rendre
un organisme de transport public rentable, dans notre cadre qu'on voit en Amérique
du Nord, essentiellement parce que notre rentabilité est pas mal pareille à
travers l'Amérique du Nord... des grandes villes ont peut-être une rentabilité un
petit peu plus élevée, mais c'est la tarification qui détermine ou... la
contribution municipale est très importante au Québec. Alors, pour remplacer
ça...
M. Arseneau : J'ai mal formulé
ma question, visiblement. Ce que je vous dis, c'est que vos vis-à-vis, avec qui
vous signez des contrats, vous souhaitez qu'ils soient plus... que les tarifs
soient plus compétitifs, mais est-ce que c'est véritablement réaliste de penser
qu'on puisse être plus rentable quand la compétition est exacerbée?
M. Mercier (Alain) :
Mme la Présidente, ce n'est pas la tarification plus concurrentielle, c'est la
capacité de répondre à la demande d'une façon où équilibrer l'offre et la
demande. C'est ça, le problème, présentement, dans notre industrie. C'est que
la demande varie et l'offre est fixe. Donc, à des moments, il y a suffisamment
d'offre pour servir un marché et, à d'autres moments, il y a une incapacité du
marché à servir, parce que l'offre est contrôlée et la tarification est
contrôlée.
M. Arseneau : Oui, mais en
quoi est-ce que... si vous permettez, en quoi est-ce que la loi va améliorer la
situation dans les régions éloignées, par exemple?
M. Varin (Marc-André) :
Régions éloignées veut dire hors des grands centres?
M. Arseneau : Hors des grands
centres, oui.
M. Varin (Marc-André) :
On est l'Association du transport urbain du Québec, alors les membres...
M. Arseneau : ...dans les
zones périphériques, disons?
M. Varin (Marc-André) :
Alors, encore une fois, avec, nous l'espérons, avec les forces du marché qui
vont permettre d'avoir une offre additionnelle qui va permettre d'avoir les
chauffeurs additionnels pour pouvoir combler les besoins. Encore une fois, avec
cette dynamique d'offre et de demande, donc, avec laquelle il va falloir
s'assurer de bien rémunérer les chauffeurs de taxi pour qu'ils soient
disponibles et acceptent de prendre des courses.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste 30 secondes, le député.
M. Arseneau : Donc, est-ce que
vous êtes rassurés sur la possibilité que les chauffeurs trouvent ça plus
attrayant dans un nouveau cadre déréglementé et plus payant, notamment, là,
pour les services pour personnes... le transport adapté?
M. Varin (Marc-André) :
S'ils trouvent ça plus attrayant, si c'est attirant pour eux, ça veut dire
qu'on devrait en avoir plus. Donc, l'offre devrait être supérieure, ce qui
devrait nous aider, nous l'espérons, dans le cadre de la pénurie des chauffeurs
que nous avons pour effectuer les services de transport adapté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vous remercie infiniment pour votre présence à cette commission.
Nous allons suspendre quelques instants
pour inviter la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à prendre place.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 13)
(Reprise à 15 h 15)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux.
Alors, je souhaite la bienvenue à la
représentante de la Chambre de commerce du <Montréal...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je souhaite la bienvenue à la
représentante de la
Chambre
de commerce du >Montréal métropolitain, Mme Michelle LlambíasMeunier,
vice-présidente aux affaires publiques et corporatives. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres, avec vous. Je vous invite donc à vous présenter et
ainsi que... j'allais dire «les personnes qui vous accompagnent», mais, comme
vous êtes seule, je vous donne la parole. Alors, vous avez 10 minutes.
Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM)
Mme
Llambías Meunier
(
Michelle)
:Merci, Mme la Présidente.
Bonjour à vous tous. Merci de me recevoir aujourd'hui. Je suis ici pour
représenter la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Alors, c'est normalement
Michel Leblanc, son président et chef de la direction, qui aurait dû être
devant vous, mais nous avons aujourd'hui deux grands forums à Montréal, un sur
les transports et un sur les grands projets métropolitains.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...impossible compte tenu de l'horaire de la commission.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Oui, je sais. Merci quand même de nous avoir fait une place dans cette commission.
Donc, le ministre Bonnardel était d'ailleurs avec nous ce matin pour lancer le
forum sur les transports. J'en profite pour vous remercier personnellement.
Alors, petite présentation de la Chambre
de commerce du Montréal métropolitain qui compte plus de 7 000 membres et
qui a pour mission d'être la voix du milieu des affaires La chambre s'engage
dans des secteurs clés du développement économique en prônant des principes
d'action basés sur la crédibilité, la proactivité, la collaboration et
l'avant-gardisme. Nous offrons une gamme de services spécialisés aux
particuliers et aux entreprises de toute taille afin de les appuyer dans leur
croissance, ici et à l'international.
Alors, d'entrée de jeu, et j'y reviendrai,
je veux affirmer que la chambre accueille favorablement le projet de loi
n° 17 qui propose une transition vers un régime moderne et plus flexible,
tout en s'assurant de faire les choses dans l'ordre, et ce, avec un souci
d'équité.
Depuis plusieurs années, la chambre est
très active sur les questions liées à la mobilité. Nous nous étions notamment
prononcés sur l'enjeu du transport rémunéré de personnes, d'abord pour inviter
les autorités municipales à imposer des conditions afin d'améliorer les
services de taxi et, par la suite, pour encourager les autorités publiques à
favoriser l'émergence de modèles d'affaires innovants, et ce, dans le but de
soutenir la concurrence et ultimement d'offrir une meilleure qualité des
services.
S'appuyant sur les opinions exprimées par
ses membres, la chambre a formulé une première position qu'elle a présentée en
février 2016, dans le cadre des consultations sur le projet de loi n° 100.
Nous recommandions, à ce moment, de mettre fin au système de quotas et
encouragions le gouvernement à adapter la réglementation de façon à ce qu'elle
puisse stimuler l'émergence et le déploiement de nouveaux modèles d'affaires.
Nous avions alors également proposé une compensation aux propriétaires de
permis par une redevance de rachat payée par les usagers sur chaque course
effectuée, une taxe.
Il est devenu évident que le système
actuel qui régit l'industrie du taxi, basé sur la gestion de l'offre et une
lourde réglementation, est désuet. Il constitue un frein à l'innovation et à la
compétitivité. Il pénalise à la fois les clients, qui voient leurs options de
mobilité limitées, et les chauffeurs de taxi, qui arrivent difficilement à
gagner un revenu décent, et ce, même après de très longues heures de travail.
Une réforme de ce système devait être menée tôt ou tard, et il n'est pas trop
tôt. C'est pourquoi, trois ans plus tard, nous maintenons notre position et
appuyons le projet de loi n° 17 qui permettra, selon nous, la
modernisation de l'industrie du taxi par la fin du système de quota. Le cadre
réglementaire en vigueur constituait de factoun frein à
l'entrepreneuriat. L'élimination de la barrière à l'entrée favorisera la
concurrence et incitera à l'amélioration continue des services.
Notre avis, que vous avez entre les mains,
s'oriente donc autour de deux principes fondamentaux, soit les mesures de
compensation... des titulaires de permis, pardon, et l'encadrement de la
voiture... de l'arrivée autonome du véhicule intelligent. Dès février 2016, la
chambre a insisté sur l'importance d'indemniser les titulaires de permis de
taxi pour la perte de valeur qu'ils allaient inévitablement subir à la suite
d'une ouverture de leur industrie. Encore en 2016, la chambre avait exposé
plusieurs scénarios de compensation, dont celui adoptant une taxe de rachat,
une taxe de rachat par course appliquée à toutes les courses. L'indemnisation
des chauffeurs variait de 38 millions à 423 millions sur 10 ans,
basée sur des taxes allant de 0,10 $ à 1,10 $ par course effectuée.
Selon ces modèles et en se basant sur le nombre de courses effectuées au Québec
par les taxis et les chauffeurs d'Uber, chaque permis pouvait être racheté par
le gouvernement à un prix oscillant entre environ 4 500 $ et
50 000 $ en fonction du montant de la taxe.
• (15 h 20) •
En marge du dépôt du projet de loi
n° 17, le gouvernement annonçait une aide totalisant 770 millions afin
de compenser la fin du système de permis de taxi et de rembourser la totalité
des sommes payées par les propriétaires de permis de taxi. Les
500 millions promis par le gouvernement puis l'ajout d'un montant
additionnel de 270 millions, qui serait financé par des redevances
temporaires de 0,90 $ prélevées pour l'ensemble des <courses...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
...millions afin de compenser la fin du
système de permis de taxi et de rembourser la totalité des sommes payées par
les propriétaires de permis de taxi. Les 500 millions promis par le
gouvernement
puis l'ajout d'un montant additionnel de 270
millions qui serait
financé par des redevances temporaires de 0,90 $ prélevées pour l'ensemble
des >courses, taxi ou transport rémunéré de personnes, constituent un
complément juste pour compléter le financement public promis.
La chambre est d'avis que cette bonification
représente une compensation équitable pour les titulaires de permis, voire
généreuse, si nous la comparons avec ce qui a été fait ailleurs dans le monde.
Nous utilisons, dans notre avis, l'exemple de la province de New South Wales en
Australie. En 2016, le gouvernement de New South Wales a offert un
dédommagement de 20 000 $ par permis pour mettre fin au système de
quota, alors que ceux-ci étaient estimés à plus de 350 000 $ par
unité. Ou encore New York, où la valeur des permis est passée de 1 million
à 250 000 $, qui a mis en place une taxe sur les courses pour
financer le métro.
Donc, compte tenu des responsabilités de
l'État, qui a mis en place le système de gestion de l'offre, et étant donné que
les titulaires ont acquis leur permis de bonne foi et dans le respect du
système en vigueur, et que ce sont les utilisateurs qui seront les premiers
bénéficiaires de l'ouverture de l'industrie au nouveau modèle d'affaires, la
chambre appuie la proposition du gouvernement de dédommager les propriétaires
de permis de taxi pour la totalité de la somme qu'ils ont payée et d'utiliser à
cette fin des fonds publics majorés d'un montant prélevé par le biais d'une
redevance à la course.
Le deuxième axe sur lequel s'est penchée
la chambre est celui de paver la voie à l'arrivée de véhicules intelligents.
Bien que l'arrivée de la voiture autonome, véhicule intelligent, puisse sembler
encore incertaine pour plusieurs, il est nécessaire de réaliser qu'elle est
déjà à l'essai sur le terrain. Depuis plusieurs années déjà, la voiture de
Google Car circule dans les rues californiennes, des taxis autonomes circulent
en Arizona. Plus près de nous, des essais pour la voiture autonome ont été
approuvés en Ontario. En Alberta, en Colombie-Britannique et ici même, au
Québec, des navettes autonomes sont déployées, par exemple, dans la ville de
Candiac.
Il est évident que, lorsque la voiture
autonome s'implantera, le transport rémunéré de personnes subira une autre
transformation profonde. Le projet de loi n° 17 offre
l'occasion incontournable de prévoir l'encadrement des premières étapes du
déploiement de la voiture autonome en plus de se préparer à l'avènement
d'autres technologies qui changeront de façon importante la façon dont les
personnes se déplacent. À titre d'exemple, des projets pilotes de taxis drones
sont déjà prévus dès 2020 à Dubaï, Singapour et Los Angeles.
Plutôt que de procéder à des aménagements
en réaction aux nouvelles technologies en matière de voitures autonomes, la
chambre invite le gouvernement à être proactif et à adopter un cadre
réglementaire qui servira de fondation dans le déploiement des véhicules
intelligents. Elle invite aussi le gouvernement à rester à l'affût des avancées
technologiques futures dans ce domaine.
Ceci étant dit, le projet de loi n° 17 n'a pas à encadrer précisément les paramètres de
déploiement des véhicules autonomes dans nos rues. Il importe toutefois qu'il
soit pensé de façon à pouvoir accueillir l'arrivée de nouveaux modèles
d'affaires, nouvelles technologies en matière de mobilité. En parallèle, un
cadre législatif invitant pourra inciter les entreprises de ce secteur à tester
leur technologie au Québec. Face à tout nouveau phénomène technologique, un
cadre réglementaire agile doit être en mesure d'encadrer les nouveaux modèles
émergents plutôt que de devenir un facteur de ralentissement. La tarification
dynamique prévue dans le projet de loi n° 17 est à
cet effet un très bon exemple. Le gouvernement ouvre ainsi la voie à plus de
flexibilité pour encourager et encadrer la mise en place de modèles d'affaires
novateurs.
Alors, pour conclure, le dossier du taxi a
fait couler beaucoup d'encre dans les dernières années et est porteur de leçons
qu'il importe de garder en tête pour les années à venir. La fin de l'aventure
de Téo Taxi offre à cet effet... je devrais dire peut-être le début d'une
nouvelle aventure... offre à cet effet une occasion d'apprentissage. Elle a
révélé à quel point la rigidité réglementaire peut s'avérer déterminante dans
le succès ou l'échec d'un modèle d'affaires qui possède un potentiel formidable
mais qui repose sur des technologies qui étaient inexistantes lorsque les
règles ont été établies. Le gouvernement doit être en mesure d'adapter sa
réglementation à la cadence de l'innovation. Dans un contexte de compétition
mondiale féroce, il en va de notre capacité à nous positionner et à rayonner
dans les domaines économiques d'avenir.
Le Québec possède un savoir-faire réputé
en technologies électriques, un noyau de talents créatifs et d'entreprises
innovantes de même qu'une forte concentration de chefs de file en intelligence
artificielle. Toutefois, pour que ce potentiel soit pleinement exploité, il est
essentiel de pouvoir compter sur des politiques publiques ambitieuses et sur un
cadre réglementaire agile. Je vous remercie.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup, madame. Alors, M. le ministre, vous avez
23 min 30 s.
M.
Bonnardel
:
Merci, Mme la Présidente. Merci d'être là. Vous savez, cette loi, pour moi,
aurait dû être déposée voilà quelques années. Vous avez parlé vaguement et
rapidement de Téo Taxi. Je reste persuadé que, si cette loi avait été déposée,
Téo serait peut-être encore à Montréal aujourd'hui avec une offre peut-être
modifiée, améliorée, mais elle serait encore à Montréal.
<Quand on...
M.
Bonnardel
:
...voilà quelques années. Vous avez parlé vaguement,
rapidement, de Téo
Taxi. Je reste persuadé que, si cette loi avait été déposée, Téo serait
peut-être
encore à
Montréal
aujourd'hui avec une offre
peut-être
modifiée, améliorée, mais elle serait encore à
Montréal.
>Quand on regarde l'offre à Montréal,
surtout Montréal, dans les 40 dernières années, les tableaux l'ont
démontré, il y avait plus de taxis par habitant voilà 40 ans à Montréal
qu'aujourd'hui, en 2019, à Montréal. Si on prend l'ensemble du territoire, là,
on est pas mal aussi, mais... Montréal.
Et je reste encore persuadé qu'on a donné beaucoup
d'outils pour que l'industrie du taxi assure sa pérennité, sa vitalité. Je l'ai
mentionné, vous l'avez peut-être déjà entendu, il y a 50 millions de
courses au Québec ou à peu près, année après année, 40 millions qui sont faites
par l'industrie du taxi traditionnel elle-même. Par la loi, on a essayé de
trouver un équilibre qui, je pense, est intéressant, pour protéger l'industrie
du taxi traditionnel comme on la connaît, le lanternon, le taximètre, héler un
taxi, les... pas les territoires, là, mais les stationnements spécifiques, là,
qui sont dédiés aux taxis, les stands, comme on les appelle. Je reste encore
persuadé, avec les règles qu'on a baissées... quand je dis baissées, pas au
détriment de la sécurité, pas au détriment du service au client.
On veut uniformiser la formation, comme
vous le savez, dysfonctionnelle un petit peu, là, entre sept heures dans les
régions, 35 heures un, 110 heures Québec, 160 heures Montréal. Je
pense qu'on est capable de trouver un compromis, un équilibre pour bien former
et peut-être donner aussi une formation additionnelle pour ceux qui font du
transport adapté, nécessairement.
Réduire les coûts. Vous m'avez sûrement
entendu aussi quand je parle de la fin du 4C, de la fin de la plaque T. Pour
certains, il faudrait la garder, mais c'est un 1 000 $,
1 000 $ par année que l'industrie paie. Je ne pense pas qu'on a
besoin d'une plaque T à l'arrière pour s'assurer que ce soit un taxi comme tel.
Avec le lanternon, ça peut très bien faire le travail.
Les territoires d'agglomération, vous le
savez, je pense que tout le monde convient qu'en 2019 ces territoires n'ont
plus leur place. Si on veut réduire l'auto solo, puis on entre directement en
action dans notre Politique de mobilité durable, c'était indéniable et
impensable en 2019 qu'un taxi qui partait du point A, qui sortait de son
territoire, qu'il ne pouvait pas ramener un client qui allait dans un autre
territoire. C'était, pour moi, inconcevable.
Avec ce que je vous dis là, est-ce que, pour
vous, on met les outils en place pour assurer la pérennité puis la vitalité de
l'industrie du taxi à partir de demain?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Oui, la chambre est d'avis que le projet de loi n° 17 satisfait,
finalement, les grandes recommandations qu'on avait déjà exposées, là, en 2016.
Donc, il fait écho...
C'est certain qu'il y a certains endroits
où on pourrait bonifier. L'article 139, par exemple, sur les véhicules
autonomes pourrait être davantage, là, détaillé, sans rentrer dans des paramètres
précis nécessairement.
Sinon, l'autre point, là, qui est à
considérer, dont on discutait beaucoup avant d'arriver ici ce matin, c'est
l'importance d'accompagner correctement les chauffeurs de taxi traditionnel
dans cette transition-là. On est pour stimuler l'innovation, l'émergence de
modèles innovants, mais ça doit se faire de manière ordonnée, de manière juste
et rapide en ce qui a trait aux compensations. Donc, si on peut s'assurer que
le code des règlements suit le projet de loi une fois qu'il sera adopté, je
pense que oui, je pense qu'on est tout à fait satisfaits.
M.
Bonnardel
:
Parlez-moi... bien, vous avez... je voulais y aller un petit peu plus loin,
mais je vais y aller tout de suite, l'article 139, vous parlez des
véhicules autonomes. Ce qu'on fait aujourd'hui pour l'industrie de demain,
est-ce que c'est assez? Je pense que oui. Mais on n'a peut-être même pas idée
où seront les transports dans cinq ans, 10 ans et peut-être plus vite qu'on
pense. Vous l'avez un peu mentionné, dans différents États américains, il fait
peut-être un peu plus chaud, les conditions... mais même au Canada, à Toronto,
on est déjà, je pense, beaucoup plus avancé que nous pouvons l'être
présentement. Je le mentionne, les transports seront différents.
On a, dans le projet de loi, un projet
pilote qu'on pourrait... Je veux arrêter de fonctionner aux Transports, comme
on l'a fait dans les dernières années, par projets pilotes. Mais on se donne
quand même une petite marge de manoeuvre, une possibilité de mettre en place
des projets pilotes, comme on le voit à Candiac présentement et avec Keolis, la
EVA. Et aussi, dans le Parc olympique, il y aura une petite navette aussi.
• (15 h 30) •
Est-ce que vous trouvez que c'est assez ou
le cadre réglementaire, on devrait aller pousser plus loin, ne sachant pas trop
ce que sera fait demain avec ces véhicules autonomes? Vous parliez tantôt de
drones taxis. Moi aussi, je suis à <Dubaï, je regarde...
>
15 h 30 (version révisée)
<11
M.
Bonnardel
: ...aura une petite navette aussi. Est-ce que
vous trouvez que c'est assez ou le cadre
réglementaire, on devrait
pousser plus loin, ne sachant pas trop ce que sera fait demain avec ces
véhicules
autonomes? Vous parliez
tantôt de drones taxis. Moi aussi, je suis à >Dubaï,
je regarde partout ce qui se passe puis je me dis : Dans cinq ans, ce
qu'on fait aujourd'hui, on va peut-être être dépassés complètement. Mais
initialement je pense qu'il fallait le faire.
Est-ce qu'on va assez loin ou pas assez
loin pour ce qui est de l'avenir des transports ou la façon de voir nos
transports de demain, pour demain, là?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Oui. Juste avant de répondre à cette question, j'aurai certains éléments de
réponse. Simplement pour vous dire, en 2016, quand la chambre était venue
présenter son mémoire pendant les consultations pour le projet de loi n° 100, certaines personnes avaient dit que la voiture
autonome venait de la science-fiction, et ça, c'était il y a trois ans. Alors,
je veux juste qu'on réalise la nécessité d'être proactif puis d'y penser. Donc,
je pense que c'est reconnu dans le projet de loi, dans la proposition, dans
l'article 139.
Comme je le mentionnais pendant la
présentation, on ne pense pas qu'il faut tout de suite définir tous les
paramètres qui vont être nécessaires. On est dans du transport rémunéré de personnes,
c'est un projet de loi qui... voyons, qui s'adresse davantage aux chauffeurs de
taxi de l'industrie traditionnelle, mais tout de même, c'est nécessaire, c'est
primordial de garder en tête d'avoir une vision pour l'avenir.
Pour ce qui est d'éléments plus larges
qu'on aurait pu peut-être intégrer, je ne suis pas experte à ce sujet. Par
contre, on lançait aujourd'hui une étude, la chambre lançait une étude avec
Propulsion Québec sur les véhicules intelligents et électriques, et on y
retrouve trois axes d'intervention. Puis je l'ai devant moi, là, je pourrai
vous la faire parvenir par la suite. Mais, par rapport à une manière de mieux
réglementer ou d'ouvrir la réglementation au projet de véhicules autonomes,
projet pilote, on était aussi dans adapter les règles des appels d'offres
publics, dans adapter notre modèle d'assurances et de responsabilités. Je pense
que la barrière à l'entrée pour les projets pilotes, c'est le modèle
d'assurance ou une cohabitation, là, entre... que ce soit la SAAQ puis les
assurances privées. Il y avait effectivement la mise en place de projets
pilotes, donc c'est ce que vous permettez à travers l'article 139.
On avait aussi suggéré la création d'un
comité qui réunirait des membres du ministère des Transports, du ministère des
Ressources naturelles, du ministère de l'Énergie, du ministère de
l'Environnement, pour essayer de voir quels sont les meilleurs moyens de
collaborer avec des fournisseurs, avec des entrepreneurs. Donc, c'est d'y
penser à l'avance. On n'est pas dans, tout de suite, le détailler dans le
projet de loi, mais il faut que le signal qu'on lance est qu'on est «open for
business» puis qu'on est visionnaires, finalement.
M.
Bonnardel
:
Oui, je comprends. Je pense qu'il n'y a rien qui va nous empêcher ou qui nous
empêcherait de mettre de l'avant un cadre spécifique, là, dans un projet
pilote. Parce que, oui, je m'imagine... puis je vous ramène à 2016, où on
disait : Le véhicule autonome, c'est à peu près utopique de s'imaginer que
ça va arriver aussi rapidement que trois ans plus tard. Mais oui, puis
qu'est-ce que... D'ici la prochaine élection, en 2022, là, on n'a peut-être
idée où la technologie va nous amener, où... les autos autonomes aussi seront
peut-être au Québec ou proches de l'être, là. En tout cas, ailleurs au Canada,
on en voit déjà ou on va en voir, j'imagine, mais on a à se préparer. Et
là-dessus, le mandat qu'il faut se donner, au ministère, c'est d'être prêt,
au-delà des routes, au-delà des... on parlait ce matin, là, de tout ce qui est
intelligent, d'innovation de la mobilité, là. Il faut être prêt.
Puis 2016 à aujourd'hui, je vous entendais
dire tantôt : On a déposé un mémoire qui répondait un peu à ce qu'on
voyait, ce qu'on imaginait. Est-ce qu'on a perdu... pas dire perdu, mais je
vous disais tantôt, cette loi, si elle avait été déposée voilà trois ans,
quatre ans, arrivée des nouveaux joueurs et tout... Puis en se disant très,
très bien que, pour ne pas le nommer, que ce soit Uber ou d'autres... il y a
Eva qui vient d'arriver au Québec, il y aura Lyft peut-être demain, il y aura
DiDi ou d'autres, là, qui veulent s'implanter. Puis, encore une fois, on ne
peut pas prévoir l'avenir, mais il y aura d'autres joueurs.
Est-ce qu'on a perdu trois ans? Est-ce
qu'on aurait dû aller plus vite, à l'époque? Et est-ce qu'on répond
adéquatement en abolissant les permis, en abolissant les territoires
d'agglomération? Qu'est-ce qui ne fonctionnait pas, voilà trois ans, et qui ne
fonctionne encore pas plus aujourd'hui?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
À la question de si on aurait pu aller plus vite, je crois que oui. Je pense
qu'on s'est posé des bonnes questions à ce moment-là. Je pense qu'on n'était
peut-être pas prêts, collectivement, à faire le saut. Je pense qu'on n'a plus
le choix. La décision responsable, c'est de le faire, selon la chambre.
Est-ce qu'on a freiné ou perdu certains
modèles comme Téo Taxi, qui est comme l'exemple parfait? Probablement que si
Téo Taxi était né ou était arrivé aujourd'hui ou demain, il aurait eu beaucoup
plus de chances de survivre, là, dans la concurrence et tout, parce que c'est
un modèle d'affaires qui a <un...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
...freiné ou perdu certains modèles comme Téo
Taxi, qui est comme l'
exemple parfait?
Probablement que si Téo
Taxi était né ou était arrivé
aujourd'hui ou demain, il aurait eu
beaucoup
plus de chances de survivre, là, dans la concurrence et tout,
parce que
c'est un modèle d'affaires qui a >un potentiel énorme, mais parce que le
cadre réglementaire était très lourd et parce qu'aussi les technologies...
donc, on ne peut pas tout mettre sur la faute de l'État ou quoi que ce soit,
là. La performance des batteries, à ce moment-là, n'était pas celle qu'elle est
aujourd'hui. Donc, c'est une combinaison de facteurs, je crois.
Mais donc, oui, peut-être qu'on a perdu.
Je pense qu'il n'est pas trop tard. Le Québec est une province innovante, elle
a plusieurs atouts. Comme je disais tout à l'heure, c'est un hub en termes
d'intelligence artificielle, en termes de développement d'applications. Je
pense qu'il n'est pas trop tard, là, pour embarquer dans le train, puis on
prend probablement la bonne décision aujourd'hui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de... excusez-moi. Beauharnois. Alors, vous avez la parole.
M.
Reid
: Merci,
Mme la Présidente. Bonjour. Merci d'être là.
Dans votre mémoire, à la page 4, vous
parlez de la compensation aux titulaires de permis. Vous revenez là-dessus puis
vous l'avez traité en 2016, là, dans le cadre des mémoires que vous aviez
déposés à l'époque. Puis, comme vous savez, ce n'est pas un enjeu directement
dans le projet de loi actuel.
L'industrie du taxi nous demande de les
compenser à la valeur marchande de 2014, ce qui représente à peu près
1,3 milliard de dollars. Notre gouvernement, lui, a plutôt choisi d'offrir
une compensation sur la valeur d'achat du permis, puis cette façon de calculer
s'assure que personne ne perdra d'argent dans son investissement, tout en ayant
généré un rendement pendant les années qu'ils ont détenu l'actif. Vous abordez
cet enjeu en disant qu'il n'était pas du ressort des contribuables ou des
usagers de porter le poids de l'enrichissement — c'est écrit dans
votre mémoire — à des permis publics dont l'objectif n'était pas de
servir de placement. Vous qualifiez donc notre choix de juste et équitable. C'est
écrit dans votre mémoire.
Qu'auriez-vous à dire à ceux qui demandent
au gouvernement de donner la pleine valeur spéculative de 2014?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
En fait, c'est certain qu'on s'adresse à des personnes. On est tous humains
ici, puis je pense qu'il faut être sensibles à la réalité des propriétaires de
permis. C'est pourquoi on considère que la proposition du gouvernement en
termes de compensation est juste et équitable. C'est probablement la meilleure
qu'on a vue jusqu'ici et juste de manière... On a fait certaines analyses
comparatives avec d'autres endroits dans le monde, à notre connaissance, c'est
la plus généreuse de la planète, par rapport à ce qui se fait ailleurs, aux
chauffeurs de taxi. D'ailleurs, j'en côtoie plusieurs, parce que c'est mon
outil de transport, à part le transport en commun, privilégié. Je les comprends
d'être inquiets, et c'est la raison pour laquelle je pense que c'est
fondamental de les accompagner correctement dans cette transition-là. Il faut
les rassurer, il faut être prévisibles. Ces éléments-là sont fondamentaux.
Au-delà de la compensation où on leur dit : On te rembourse pour la valeur
totale que tu as payée, la valeur d'achat. Pendant les années de travail, donc
d'utilisation du permis, il y a un rendement qui s'est fait, quand même,
pendant ces années-là. Au-delà de ça, non, on ne pense pas que ce serait
responsable de demander aux contribuables ou aux futurs usagers de prendre le
poids, finalement, d'un enrichissement qui est lié à ces permis-là qui sont
publics puis qui, initialement, n'avaient pas pour objectif d'être un placement
à long terme.
Alors, encore une fois, je le réitère, on
est sensibles, on est humains. On doit être certains de pouvoir les accompagner
correctement puis de leur rappeler qu'ils vont pouvoir bénéficier aussi de
cette modernisation-là, que ce soit via la tarification dynamique, que ce soit
via des privilèges que les autres n'auront pas, comme la course hélée, encore
une fois. Donc, voilà.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je trouve ça un peu surprenant, dans le cadre du projet de
loi, qu'on se retrouve à parler de science-fiction. Je me souviens, en 2016, je
n'étais pas élu. À l'interne du parti, je faisais circuler de l'information
pour parler de la voiture autonome en me disant : Oui, oui, oui, ça s'en
vient. J'ai une crainte par rapport à ça. Ma crainte, elle n'est pas
technologique, elle est... Ça s'en vient, ça existe ailleurs. On a peut-être
une crainte ici au niveau... en hiver, comment ça va arriver, bon, peut-être.
Ma crainte est plus pour les chauffeurs actuels, dans le fond, parce que ça va
donner un coup énorme à l'industrie au niveau personnel. Et malheureusement,
lutter contre la technologie, c'est difficile.
• (15 h 40) •
J'aimerais comprendre, vous avez, la
chambre... Vous savez, vous êtes un partenaire qu'on ne peut ignorer, il y a
tellement de membres qui en font partie, puis vous dites avoir fait du travail
sur ce sujet-là. Il y a d'autre chose qui s'en vient.
Ma question, c'est plus une... Je me
demande si c'est vraiment une question <très...
M. Campeau : J'aimerais
comprendre, vous avez, la chambre... Vous savez, vous êtes un
partenaire
qu'on ne peut ignorer, il y a tellement de membres qui en font partie puis vous
dites avoir fait du travail sur ce sujet-là. Il y a d'autre chose qui s'en
vient.
Ma question, c'est plus une... Je me
demande si c'est vraiment une question >très précise. Une compagnie pour
laquelle j'avais travaillé, quand on parlait des sujets de recherche, on disait
qu'on voulait être des «fast followers», c'est-à-dire on prenait une technologie
dès qu'elle était prête et on essayait de l'appliquer le plus rapidement
possible. Dans ce cas-ci, est-ce qu'on devrait être des suiveux ou vraiment
foncer pour être les premiers à être... Est-ce que vous avez fait une analyse
quelconque par rapport à ça, foncer, ou attendre que ça soit prêt, ou...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Merci pour votre question. C'est vrai que c'est assez large. Je vais tenter de
répondre du mieux que je peux.
Je pense que le Québec est déjà innovant.
Je pense que le Québec est déjà à l'avant-garde sur certains dossiers, là, en
ce qui a trait à la mobilité. Après, c'est vrai que notre cadre réglementaire a
fait qu'on a pris peut-être un peu de retard par rapport à l'Ontario. Je prends
l'Ontario, parce que c'est un de nos leaders, là, au Canada, mais en Amérique
du Nord en général pour tout ce qui est de mobilité. Après, effectivement, on
aurait pu aller plus vite, et je pense qu'il y a deux façons de le voir. Est-ce
que le Québec est un Québec innovant ou est-ce qu'on est un Québec qui veut se
faire dicter les changements? Au moment où on se parle, le train est en train
de passer, là, il faut embarquer.
Donc, est-ce qu'on est en retard? Est-ce
qu'on est à l'avance? Sur certains aspects, on est à l'avance, mais ce n'est pas
juste d'investir pour développer des nouvelles technologies ou pour développer
des nouveaux modèles d'affaires. C'est d'assurer leur déploiement, de les
accompagner là-dedans, de s'assurer que collectivement, c'est la chose
responsable qu'on fait.
M. Campeau : J'aime bien la
réponse et moi qui aime bien les jeux de mots, j'aime bien ça, entendre «le
train est en train de passer», en parlant de voitures autonomes. Elle est
bonne.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Portneuf.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. J'aime beaucoup votre discours réjouissant et notamment votre
ouverture face aux nouvelles technologies. Et est-ce que... On n'a pas parlé
aujourd'hui d'application unique, mais est-ce que l'idée, finalement, d'une
application mobile unique serait, selon vous, une opportunité qui pourrait être
intéressante pour l'industrie?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je comprends l'intérêt d'une application unique dans la mesure où, pour
l'usager, ça peut faciliter et favoriser l'expérience client, et on va toujours
être pour l'expérience client.
Ceci étant dit, la chambre prône des
modèles d'affaires ouverts, dans le sens où on ne voit pas pourquoi il
faudrait, nous, définir ou que l'État définisse, par exemple, un Taxi Québec,
alors que, selon nous, c'est les lois du marché qui vont faire que
l'application la plus performante va ressortir. Si c'est un Taxi Québec de ce
monde, que ce le soit, mais ça pourrait très bien être d'autres. Donc, on ne
veut pas freiner l'innovation ou la création potentielle d'autres applications
qui pourraient vouloir intégrer le marché et offrir, encore une fois, de
meilleurs services. Donc, pour nous, la concurrence fait qu'il y a une création
d'amélioration de services ou une amélioration continue des services.
Donc, oui pour une expérience usager
facilitée, mais non à tout ce qui va être un frein à l'innovation. Donc, si la
question, c'est de dire : Le gouvernement mettra en place une application
unique pour tous les joueurs qui voudraient s'y retrouver, je ne pense pas que
ce soit la seule option. Enfin, s'il veut en mettre en place une, qu'il y
aille. Si c'est la plus performante, tant mieux, mais il peut devoir faire
concurrence avec d'autres joueurs également.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
reste quatre minutes à la partie gouvernementale. Mme la députée de
Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci, merci. Par
rapport aux nouvelles voitures, aux nouvelles technologies et tout... moi, je
suis en région, évidemment. Je suis en Mauricie, une des plus belles... elles
sont toutes belles, je le sais. Je le sais, vous allez tous dire la même chose,
mais on a l'avantage d'avoir Hydro-Québec et d'avoir, donc, des expériences qui
sont faites avec des véhicules électriques. Et on a aussi l'avantage d'avoir
une nouvelle entreprise qui s'est installée, qui est Nemaska Lithium, pour les
batteries, justement, là, pour ces voitures électriques là.
Le rapport que vous présentez, vous
représentez davantage le Montréal métropolitain, mais j'imagine que vous avez à
discuter aussi avec vos collègues des autres chambres de commerce et en région.
Croyez-vous que cette avenue-là est une avenue où les gens en région sont aussi
ouverts à ces nouvelles technologies là?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
C'est une bonne question. Je n'ai probablement pas la réponse, dans la mesure
où c'est vrai qu'on se concentre sur les activités du Montréal métropolitain,
donc du Grand Montréal. On est en contact avec différentes chambres de
commerce, avec <la...
Mme Tardif : ...cette
avenue-là est une avenue où les gens en région sont ouverts à ces nouvelles
technologies
là?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
C'est une bonne question. Je n'ai
probablement
pas la réponse,
dans la mesure où c'est vrai qu'on se concentre sur les
activités
du Montréal métropolitain, donc du Grand
Montréal. On est en contact
avec différentes chambres de commerce, avec >la Fédération des chambres
de commerce, évidemment. Je crois qu'il y a un intérêt, certes. Est-ce que la
concentration de talents et d'entrepreneurs... sont en région...
Mme Tardif : Chez nous, oui,
là. Chez nous, oui. Ah! oui, oui, oui.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Ah! je n'ai aucun doute, mais c'est certain que... j'ai l'impression que ça se
passe un petit peu plus, probablement, dans le Grand Montréal. Après, c'est
peut-être juste parce que c'est plus près de nous, en termes de réalité. Mais
je ne pense pas pour autant que les gens de région, ils soient moins
intéressés.
Mme Tardif : Bien, vous
saurez, à ce moment-là, que nous sommes là et nous pourrons vous aider.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Avec grand plaisir.
Mme Tardif : Avec plaisir. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres questions du côté du gouvernement? Vous avez encore
2 min 20 s.
M.
Bonnardel
:
On veut permettre, dès l'adoption de la loi ou quand la loi sera adoptée, la
tarification dynamique et on veut la donner et permettre cette tarification
dynamique immédiatement à l'industrie du taxi. Est-ce qu'on fait une bonne
chose, selon vous?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je pense que oui. Je pense que la tarification dynamique est probablement, enfin,
à notre connaissance, un des plus grands avantages de ce projet de loi là ou de
cette nouvelle réglementation là qu'on mettrait en place, et je pense que ça
fait partie des bénéfices pour l'industrie de taxi traditionnelle. Donc, afin
de les rassurer, justement, et d'assurer une prévisibilité, pourquoi ne peut
pas leur permettre d'utiliser tout de suite la tarification dynamique et pour
toutes les courses effectuées, taxi traditionnel ou transport rémunéré de
personnes.
M.
Bonnardel
:
Est-ce qu'on va assez loin? Est-ce que j'ai oublié ou on a oublié des choses
dans cette loi?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Écoutez, encore une fois, je ne me suis pas penchée sur les 275 articles
du projet de loi. Donc, je pourrais vous revenir avec d'autres, peut-être,
recommandations. Au moment où on se parle, la chambre s'est vraiment penchée
sur l'aspect des compensations, l'aspect de la préparation à l'arrivée à la
voiture autonome. Et, à ce niveau-là, comme je l'ai expliqué plus tôt, pour ce
qui est de la compensation, on est en accord. Et, pour ce qui est de la
préparation à l'arrivée de la voiture autonome, si vous croyez que
l'article 139 du projet de loi est suffisant, bravo. Si vous pensez qu'on
peut aller un petit peu plus loin, sans pour autant définir des paramètres, que
ce soit, comme je le disais tantôt, au niveau des appels d'offres, des
assurances, allons-y.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup. Maintenant, nous allons du côté de l'opposition
officielle. M. le député de La Pinière, vous avez
15 min 40 s.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, Mme Meunier, bienvenue. Je suis un petit peu déçu,
un peu mal à l'aise, mais je suis content que vous avez bien, bien participé à
ça. Normalement, on est ici pour vous entendre, pas vous faire dire des choses
politiques, comme le ministre a fait, là. Et je vous remercie beaucoup pour la
réponse que vous lui avez faite, au ministre, lorsqu'il vous a demandé, avec
une intention assez claire, quand il vous a demandé : C'est sûrement qu'on
a perdu trois ans, d'avoir rappelé au ministre, évidemment, qu'il y avait
beaucoup d'autres facteurs qui faisaient en sorte que Téo Taxi n'avait pas
réussi à survivre, et que ces facteurs-là étaient technologiques, et qu'ils
n'étaient pas circonstanciellement législatifs, et que peut-être que la bonne
idée du moment n'était pas bien «timée», tout simplement, avec la technologie
de l'époque. Et c'est le problème, évidemment, de ces consultations publiques
là, lorsqu'on fait de la politique plutôt que d'entendre les gens qui viennent
nous expliquer des choses. Mais je vous remercie d'avoir rappelé le ministre à
l'ordre. C'était tout à fait approprié, même si ce n'était pas votre intention,
je pense.
Maintenant, Mme Meunier, vous êtes la
chambre de commerce de Montréal et vous défendez les intérêts de gens qui sont
dans le commerce. C'est correct, là, il faut des chambres de commerce, c'est
tout à fait normal. Nous, on est ici, au gouvernement... Bien, on n'est pas au
gouvernement. Ils sont au gouvernement, nous sommes dans l'opposition. On a un
rôle, je dirais, d'équilibre. Alors, au gouvernement, ce n'est pas compliqué,
et je ne vous poserai pas de questions là-dessus, la déréglementation absolue
est évidemment la panacée de tout système économique, ce que, personnellement,
je ne crois pas.
Je pense que la déréglementation absolue
amène des travers, et c'est le rôle des États de légiférer pour éviter des
conséquences qu'on pourrait qualifier d'abusives et certainement, sinon,
délétères. C'est notre rôle, on est dans l'opposition. Alors, on pose des
questions parce que c'est notre rôle. Personne ne peut penser à tout. J'ai été
de l'autre côté, on ne pense pas à tout, là. C'est impossible de penser à tout.
Bon. Alors, on a un rôle d'équilibrage des intentions, même si elles sont
bonnes. Puis je vous le dis, là, je l'ai dit à plusieurs reprises, notre
formation politique n'est pas contre la modernisation. On a un problème avec
les conséquences de la proposition qui <est...
M. Barrette : ...de l'autre
côté, on ne pense pas à tout, là. C'est impossible de penser à tout. Bon.
Alors, on a un rôle d'équilibrage des intentions, même si elles sont bonnes.
Puis je vous le dis, là, je l'ai dit à
plusieurs reprises, notre
formation
politique n'est pas contre la modernisation. On a un
problème avec les
conséquences de la
proposition qui >est sur la table, et la proposition
qui est sur la table a évidemment des conséquences.
• (15 h 50) •
Alors, vous êtes la chambre de commerce.
Vous défendez les intérêts qui sont dans le commerce, et vous avez pris un
certain nombre de positions, et je viens à ça. Bientôt, on va faire la ligne
bleue. Je pense que vous êtes pour le transport en commun. Ça me surprendrait
que vous soyez contre. Et vous savez que, la ligne bleue, le tracé qui est
suggéré va coûter cher, et une des raisons pour lesquelles il va coûter cher, c'est
qu'on a beaucoup d'expropriation à faire, n'est-ce pas? Et, à un moment donné,
là, le métro qui est sous la terre va devoir sortir de la terre, et sur la
terre, où la bouche de métro va être, il y a fort à parier qu'il va y avoir des
commerces, des dépanneurs, des barbiers, des coiffeurs, des épiceries. Il va y
avoir quelque chose, c'est sûr.
Vous, là, dans le monde du commerce, vous
vous attendez à être dédommagés de quelle manière quand on va vous exproprier?
À quelle hauteur? Ah! je vois l'interrogation dans votre regard. À quelle
hauteur vous pensez que l'expropriation est la bonne, vous, commerçants? Alors,
je vais prendre une image qui va être encore plus claire. La ligne bleue, elle
ne passera pas là, là, mais mettons qu'elle passe là. Mettons qu'elle passe sur
la rue Saint-Denis, là, puis il n'y a que des commerces qui sont expropriés.
Vous, là, ce qui est juste et équitable, en termes de valeur d'expropriation, c'est
quoi?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je ne rentrerai pas sur le sujet d'une valeur équitable ou pas pour le thème de
l'expropriation.
M. Barrette : Vous l'avez
fait dans votre mémoire.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Pas pour l'expropriation. Il n'a jamais été question ni d'expropriation ni de
ligne bleue d'ailleurs, quoiqu'on la soutient évidemment.
M. Barrette : Je ne vous
pose pas, là, une question sur la ligne bleue. Je vous pose une question sur le
principe d'un commerçant qui se fait exproprier. Si, demain matin, on vous
exproprie sur une valeur qui n'est pas juste et équitable selon le marché des
expropriations, vous dites quoi?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je vais me préoccuper. Je vais m'assurer d'avoir une compensation, d'en
recevoir une, et c'est ce que le projet de loi suggère présentement, propose,
met sur la table. Après...
M. Barrette : Très bien.
Ah! vous trouvez ça? Bon. Moi, je vais vous suggérer un... Je vais vous faire
le commentaire suivant puis je vais vous demander votre opinion là-dessus.
Lorsqu'on exproprie... Et d'ailleurs, à
l'étude des crédits, que nous n'avez pas eu le temps de suivre, puis c'est tout
à fait normal... je ne vous invite pas à suivre ça tout le temps, parce qu'à un
moment donné trop c'est trop, là. Trop, ce n'est comme pas assez, même dans ce
cas-là. Je posais la question à un fonctionnaire du ministère des Transports et
je lui posais la question très simple : lorsque le ministère des
Transports trace une route ou le REM par exemple, puis qu'on exproprie
quelqu'un, peu importe ce qu'il est, commerce ou individu, à quelle hauteur on
l'exproprie? Bien, la réponse a été, du ministère des Transports, très claire,
nette, et précise, et instantanée : On l'exproprie à la valeur marchande.
Alors, en quoi, là, sur cette base-là,
parce que c'est une expropriation, l'expropriation, telle qu'il est indiqué
ici, elle est juste et équitable? Moi, j'ai un problème avec votre position
puis j'aimerais que vous me l'expliquiez. Ce n'est pas parce qu'on compare avec
des choses à l'extérieur qui, elles, étaient elles-mêmes probablement
imparfaites, qu'elles deviennent parfaites chez nous. Je ne le vois pas comme
ça. Je ne vois pas comment on peut tirer cette conclusion-là.
Alors, moi, s'il y a une expropriation, il
me semble que le principe de l'expropriation devrait s'appliquer sur les mêmes...
c'est-à-dire le geste de l'expropriation devrait s'exprimer sur les mêmes
paramètres et critères dans un domaine comme dans l'autre. Vous ne trouvez pas
ça?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Comme je l'ai dit tout à l'heure, la position de la chambre, c'est que
présentement, la proposition du gouvernement en ce qui a trait à la
compensation, donc, pour la valeur totale du permis payé, donc la valeur
comptable, pas la valeur marchande, est juste dans la mesure où... Et oui, si
on compare ailleurs dans le monde, je comprends votre point de dire : On
ne peut pas seulement se comparer par rapport à ce qui se fait ailleurs, mais
on est présentement le système... On a sur la table probablement la proposition
la plus généreuse par rapport à ce qui se fait. Ensuite...
M. Barrette : Mais est-ce
que ça la rend juste? Si c'est la plus généreuse par rapport à d'autres pays,
est-ce que ça la rend juste?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Notre raisonnement est de dire : Si nous devions bonifier, si le
gouvernement devait bonifier son enveloppe, par exemple, pour assurer une
compensation sur le rendement, rendement qui, par ailleurs, a aussi été gagné,
si on peut appeler ça comme ça, pendant des années d'utilisation de ces
permis-là... Mais, si on décidait qu'on ajoutait 500 millions de dollars
sur la table pour offrir un rendement, on pense que ce n'est ni aux
contribuables ni aux futurs usagers de porter ce poids-là de l'enrichissement
lié à des permis qui sont publics et qui, à la base, n'avaient pas pour
objectif d'être un placement.
Après, comme je l'ai dit tout à l'heure,
on pense aussi que la modernisation apporte des bénéfices. Donc, si on compare
avec l'exemple de l'expropriation, où peut-être qu'il n'y a pas tant de
bénéfices pour la personne qui doit quitter son commerce ou son <domicile...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
...lié à des permis qui sont publics et qui,
à la base, n'avaient pas pour
objectif d'être un placement.
Après, comme je l'ai dit
tout à
l'heure, on pense aussi que la modernisation apporte des bénéfices. Donc, si on
compare avec l'
exemple de l'expropriation, où
peut-être qu'il n'y
a pas tant de bénéfices pour la
personne qui doit quitter son commerce
ou son >domicile, ici, on pense que le chauffeur de taxi de l'industrie
traditionnelle va pouvoir gagner de ce projet de loi là.
M. Barrette : Moi, je suis
juste sur le principe de l'expropriation, là. Alors, vous dites que ça n'a pas
été un placement. Bon, O.K., moi, je pense que le dépanneur qui va se faire
exproprier pour une bouche de métro, le petit dépanneur, là, vous savez, le
petit dépanneur de rien du tout, là, je ne pense pas que c'est un placement,
là. Je pense que la personne a vécu sa vie, a gagné sa vie avec ça, puis ce n'était
pas dans l'esprit d'un placement, mais je suis convaincu que son lieu, sa
localisation, son quartier a généré une valeur, et je ne pense pas que
c'était... En 1954, quand le petit propriétaire a mis un dépanneur, là, je ne
pense pas qu'il s'est dit : Voici, je vais gagner à la bourse avec ça, là.
Non. Je pense qu'il gagnait sa vie avec ça, puis c'est comme ça.
Alors, moi, j'ai de la misère à vous
suivre quand vous me dites que ça, c'est juste et équitable en se basant sur ce
qui a été fait ailleurs. Vous êtes la chambre de commerce. Demain matin,
j'exproprie un quadrilatère pour mettre un nouveau secteur d'activité. On
exproprie pour mettre des jeux vidéo. Est-ce qu'on devrait les exproprier à la
valeur marchande, à la valeur comptable, à une valeur comptable indexée? Il est
probable que vous me diriez : Bien oui, ce monde-là, on les exproprie... probablement
que vous seriez la première à dire valeur marchande.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je pense que ça dépend des contextes. Comme je vous dis, je ne rentrerai pas
dans la question de l'expropriation. Ce n'est pas pour ça qu'on est venus
commenter le projet de loi aujourd'hui.
M. Barrette : Je comprends,
mais je vous soumets que vous avez abordé vous-même ce sujet-là dans votre
mémoire. Vous avez statué, dans votre mémoire, que c'était juste et équitable.
Je comprends que vous l'ayez fait. Je vous pose simplement, très gentiment, une
question simple : Sur la base de quoi vous abordez, vous appuyez votre
raisonnement? Et je le fais a contrario, en prenant n'importe quelle autre situation
commerciale qui est sous... peut-être pas l'égide, là, mais qui est dans le
domaine de votre organisation, chambre de commerce. Moi, je soupçonne, et vous
me direz si je me trompe, que, s'il y avait une vague d'expropriations de
commerces à Montréal, votre chambre de commerce, et que ce n'était pas à la
valeur marchande, mais bien à la valeur comptable, peut-être que vous auriez
une réaction certainement d'irritation. Ça se peut-u?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Ça dépend du contexte, encore une fois. La réflexion qu'on s'est faite par
rapport à la compensation, comme je vous l'ai dit, c'était par rapport à des
modèles qu'on voit ailleurs, par rapport à une taxe sur la course qui oscillait
entre 0,10 $ et 1,10 $, puis là on a ici, présentement, une proposition
du gouvernement qui est de 0,90 $, donc qui se situe dans cette
fourchette-là.
M. Barrette : ...mathématique.
Je suis sur le...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Et, en plus, qui bonifie.
M. Barrette : Oui. Je suis sur
le principe et l'équité.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Après, il fut un temps où Postes Canada a dû accepter l'arrivée des courriers
privés, l'arrivée d'Internet, l'arrivée de la messagerie instantanée et des
courriels, et effectivement ça a créé des pertes d'emplois à certains moments.
M. Barrette : Ce n'est pas ce
que je...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Malgré tout...
M. Barrette : Mais, Mme
Meunier, ce n'est pas ce que j'ai abordé, là. Je l'ai dit dans mon préambule,
on n'est pas contre la modernisation, là. On est là pour éviter des dommages
collatéraux abusifs, et, parmi les dommages collatéraux abusifs, je pense
que... l'application d'un principe qui est appliqué de façon différente dans la
situation a versus la situation b. Le ministère des Transports exproprie à la
valeur marchande partout, et je l'ai déjà dit, et je vais le redire ici, le REM
exproprie, c'est public, c'est avec l'argent des contribuables que ça se paie
et c'est à la valeur marchande.
Vos commerces que vous représentez, si on
les exproprie, je doute que vous tolériez qu'ils soient appropriés à une valeur
comptable, même non indexée. Parce que même la valeur comptable n'est pas
indexée, ce qui, en soi, est un autre abus dans la forme, à mon sens, même si
la forme est injuste. Moi, je pense que vous ne seriez pas contents, mais je
comprends que vous ne vouliez pas nécessairement en discuter plus longtemps. C'est
la raison pour laquelle je vais passer... Mais je vous remercie quand même
d'avoir eu la conversation. Je vais quand même passer maintenant la parole à
mon collègue de Viau.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Vous savez, je crois que la Chambre
de commerce du Montréal métropolitain nous a déjà habitués à des mémoires
beaucoup plus étoffés que celui qui est présenté aujourd'hui. C'est un premier
commentaire. Vous évoquez, à peine dans une ligne, donc, l'incidence importante
sur la disponibilité et la qualité des services de transport rémunéré.
• (16 heures) •
Un peu plus haut, avant, toujours dans le
segment<contexte, vous évoquez...
>
16 h (version révisée)
<17909
M.
Benjamin : ...aujourd'hui. C'est un premier
commentaire. Vous
évoquez, à peine dans une ligne, donc, l'incidence
importante sur la
disponibilité
et la qualité des services de transport rémunéré.
Un peu plus haut, avant, toujours dans
le segment >contexte, vous évoquez les différentes interventions que la chambre
de commerce a eu à faire en lien avec le transport rémunéré sur le territoire
de la région de Montréal. Or, je crois que la chambre de commerce, si je ne me
trompe pas, a été un acteur privilégié qui a été témoin de ce qui a été fait au
niveau de la modernisation et de la qualité du service à la clientèle. Est-ce
que vous pouvez nous en parler un peu, puisqu'il n'en est pas question dans
votre mémoire?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Oui, vous avez raison que le mémoire, qui est en fait un avis... on l'a appelé
un avis, parce que ce n'est pas un mémoire comme ceux que vous connaissez
probablement de la chambre, habituellement, qui a plusieurs recommandations. On
a appelé ça un avis parce qu'on se basait sur deux axes, et donc vous avez
raison de trouver qu'il n'est pas aussi étoffé. Une des raisons principales,
c'est que, comme le projet de loi reprenait la majorité des recommandations que
nous avions déjà faites en 2016, on n'a pas voulu revenir sur chacune d'entre
elles, mais plutôt se concentrer sur les deux principaux axes aujourd'hui.
Par rapport à l'implication de la chambre
en ce qui a trait à la question du transport rémunéré de personnes, c'est vrai
qu'elle a été très active. Donc, elle a déposé un mémoire en février 2016, un
autre mémoire en mai 2016 et notre président, Michel Leblanc, a également fait
partie d'un comité mis en place par le gouvernement précédent pour discuter de
la question. On en parle également régulièrement lors de nos forums, comme
celui de ce matin sur les transports, et on développe des études avec des
partenaires sur le transport intelligent et le transport électrique. Donc, vous
avez raison de dire qu'on est un acteur impliqué et attentif à tout ce secteur.
Pour ce qui est de la qualité des services,
donc, si on a été témoins... je pense que c'est ça la question. Le deuxième
volet de votre question, c'est que je puisse commenter un petit peu la
modernisation, la qualité des services?
M. Benjamin : Je crois que la chambre
de commerce...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...minutes, M. le député.
M. Benjamin : Ah! d'accord.
Allez-y avec votre réponse, parce que j'ai une deuxième question rapidement.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
O.K. Bien, oui, on peut constater, du moins dans le Grand Montréal, là, au
niveau du Montréal métropolitain, qu'il y a eu une amélioration des services
dans l'industrie du taxi traditionnel, appelons-le comme ça. On pense que c'est
beaucoup lié à l'arrivée de la concurrence et au fait que la ville a imposé
certaines conditions en 2016. Ça fait plusieurs années qu'on attendait ces
améliorations qui ne sont pas tout à fait à point encore.
M. Benjamin : Merci. J'ai une
deuxième question rapidement. En fait, comme l'a mentionné mon collègue de
La Pinière, la chambre de commerce, qui défend des entrepreneurs, vous qui
avez une sensibilité aux affaires relevant de l'entrepreneuriat, vous concluez
qu'un dédommagement est juste et équitable, alors que l'on vient de faire
perdre la valeur d'un investissement à long terme en changeant les règles du
jeu. Comment cette façon de faire... Moi, je reviens encore... parce que je ne
suis toujours pas satisfait puisqu'au coeur de votre mémoire est la question de
l'expropriation. Comment êtes-vous arrivés à cette conclusion que c'est juste
et équitable, ce qui a été fait?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Malheureusement, c'est moi ici qui dois terminer cette portion. C'est moi la
méchante.
Alors, je dois passer la parole au
deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier, vous avez
3 min 55 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je n'ai pas beaucoup de temps, je vais aller directement aux
questions. Vous avez parlé qu'il y a quand même eu une amélioration de
l'industrie du taxi à Montréal. Notamment, vous attribuez ça à la concurrence,
mais aussi à la ville de Montréal, puis ça, on le voit, là, sur les voitures,
par exemple, où est-ce qu'on voit Bonjour, ça donne une belle image à la
ville, Montréal comme les autres grands centres.
Là, la chambre de... en fait, vous
représentez la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et la ville de
Montréal va venir parler tout à l'heure et présenter son mémoire, et ils ont
dit qu'ils regrettent que le projet de loi n° 17 leur
enlève des prérogatives en tant que ville pour pouvoir avoir du contrôle sur
l'industrie du taxi, et le ministre vient tout juste de refuser cette
demande-là. J'aimerais ça savoir si vous êtes d'accord avec lui d'enlever des
pouvoirs à la ville dans le contrôle de l'industrie du taxi à Montréal, où on a
le plus grand nombre de permis et de chauffeurs.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Alors, non, on n'est pas d'accord. Bien, ceci étant dit, nous n'avons pas
encore lu le mémoire de la ville, nous n'avons pas encore entendu la
discussion, l'échange que la ville va venir avoir avec vous. Donc, c'est
certain que ça peut évoluer, mais, à la base, on pense que le cadre
réglementaire doit être régi, mis en place par le gouvernement. Par contre,
tout ce qui est la gestion des chauffeurs, la gestion des véhicules pourrait
être très bien fait par le Bureau de taxi de Montréal.
Mme Ghazal : Donc, très bien.
En fait, j'ai deux questions, je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais commencer
par vous parler... pour la modernisation, c'est la même chose aussi pour nous,
on est d'accord avec la modernisation. Puis vous parlez des voitures autonomes.
Ce qui est important, c'est... vous avez parlé d'une décision responsable
d'aller vers la voiture autonome, mais, pour être responsable, c'est aussi
important de réfléchir avant d'agir, puis d'aller directement... de faire les
choses de façon <chaotique.
Mme Ghazal : ...pour la
modernisation, c'est
la même chose aussi pour nous, on est
d'accord
avec la modernisation. Puis vous parlez des voitures autonomes. Ce qui est
important, c'est... vous avez parlé d'une décision responsable d'aller vers la
voiture autonome, mais, pour être responsable, c'est aussi important de
réfléchir avant d'agir puis d'aller
directement... de faire les choses
de
façon >chaotique.
Par rapport à la voiture autonome, est-ce
que vous avez pensé à toute la question de la sécurité? Par exemple, je
regarde, il y a un article... En fait, ça fait... Il y a l'année passée, où il
y a eu un accident mortel avec une voiture autonome en Arizona. Vous avez parlé
de ce qui se passe ailleurs. Est-ce que vous avez réfléchi aussi à cette
question-là?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
En fait, juste pour revenir sur votre question, quand j'ai parlé de décision
responsable, c'était plutôt par rapport à mettre fin au système de gestion de
l'offre. Donc, c'était à ce niveau-là que je parlais de la décision
responsable.
Pour ce qui est des voitures autonomes ou
d'accueillir l'arrivée de véhicules intelligents, je ne suis pas dans : Est-ce
que c'est la chose responsable à faire ou pas?, je suis dans : Ça arrive,
c'est déjà ici. On ne peut pas se mettre la tête dans le sable, il faut y réfléchir
et il faut effectivement réfléchir à toutes les méthodes de... les paramètres
de sécurité qu'on va mettre en place. Mais tout ça doit se faire sans une
lourdeur réglementaire qui est trop présente, finalement. On doit se concentrer
aussi sur la barrière à l'entrée... probablement une des principales barrières
à l'entrée pour les entreprises qui veulent développer des services à ce
niveau-là, qui est le système d'assurance.
Mme Ghazal : J'ai une question
par rapport à «juste et équitable». Évidemment, moi, je ne suis pas d'accord
avec la position que ça soit juste à la valeur comptable, parce que ça n'a
aucun sens. On a juste à penser quand on s'achète une maison. Vous connaissez peut-être
des chauffeurs de taxi, peut-être pas les mêmes que moi, qui, eux,
s'attendent... plus de 55 ans, qui voient leur retraite... il n'y aura pas
une retraite digne. C'est à ça qu'ils aspiraient dans leur vie, parce qu'ils
ont acheté leur permis il y a longtemps.
Est-ce que vous trouvez que c'est juste et
équitable que le montant, même si on n'est pas d'accord avec le montant, le
montant du gouvernement, soit assumé par les chauffeurs de taxi eux-mêmes, c'est-à-dire
les propriétaires? La redevance va être appliquée à tout le monde, pas uniquement
aux nouveaux joueurs qui ont été... notamment Uber, pour ne pas les nommer, qui
ont oeuvré ici pendant beaucoup de temps dans l'illégalité. Et, en ce moment,
on dit : Bien, on va compenser les chauffeurs pour cette expropriation de
permis, mais tout le monde va payer. Les nouveaux joueurs comme Uber, qui, je
vous le rappelle, pour rentrer à Dubaï — vous avez parlé de
l'international — ont déboursé 3 milliards de dollars...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé, madame...
Mme Ghazal : ...donc c'est une
multinationale. Est-ce que vous trouvez que c'est juste et équitable que les
chauffeurs de taxi aussi paient?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée, je suis désolée, je ne peux pas permettre la réponse. Je dois
passer la parole à votre collègue député des Îles-de-la-Madeleine, et vous
avez, vous aussi, 3 min 55 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Moi, j'aimerais savoir tout d'abord, Mme Meunier : Est-ce que
vous considérez que les chauffeurs de taxi et les propriétaires de permis sont
des entrepreneurs?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Oui.
M. Arseneau : Est-ce que vous
connaissez un domaine de l'activité économique où les entrepreneurs ne visent
pas à avoir un profit sur leur investissement, c'est-à-dire non seulement avoir
un rendement, là, année après année, mais qu'ils vendent leur entreprise 30 ans
après l'avoir acquise pour le même prix qu'ils l'avaient acquise 30 ans
auparavant sans indexation?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Non, mais il y a aussi une valeur de risque.
M. Arseneau : Alors, la valeur
de risque, on pourrait en parler, mais j'ai de la difficulté, à ce moment-là, à
comprendre l'argumentaire, pour des gens qui sont dans le commerce, à
considérer que des entrepreneurs ne visent pas un rendement sur leur
investissement, alors que vous avez mentionné que ce n'était pas un placement,
ce n'était pas l'objectif. Moi, c'est exactement le contraire de ce que
j'entends des chauffeurs de taxi que je fréquente aussi.
Est-ce que vous ne l'entendez pas dire,
par ces entrepreneurs du taxi, que c'est leur fonds de retraite qui est en jeu?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Je l'entends et j'entends aussi d'autres chauffeurs de taxi qui se disent assez
soulagés de voir que leurs permis vont être remboursés dans la totalité pour la
valeur comptable, donc le prix payé à l'achat. Donc, j'imagine qu'on a
différentes versions, dépendamment d'à qui on parle.
Par rapport au rendement, je considère
que, oui, ce sont des entrepreneurs, je considère qu'ils prennent aussi un
risque. Je comprends qu'ils attendent un rendement et je pense qu'il n'est pas
trop tard, dans la mesure où ils vont pouvoir bénéficier de plusieurs des
nouvelles mesures qui vont être mises en place. Après, le rendement est aussi
toutes ces années d'utilisation qu'ils ont eues. Quelqu'un qui a son permis de
taxi depuis 30 ans a travaillé pendant 30 ans, a pu épargner
potentiellement grâce à ce permis-là.
Donc, on vient aussi réduire les frais
d'exploitation. Transports Québec évalue à 25 000 $, je crois, la
réduction des frais d'exploitation. C'est un gain, ça aussi.
M. Arseneau : Oui. Bien, il
est normal que tout entrepreneur gagne aussi sa vie dans son entreprise. Ça,
c'est ce que vous dites. Moi, ce que je dis, c'est qu'il y a peu d'entreprises,
j'imagine, qui sont membres de votre organisation qui vont se satisfaire
d'avoir, 25 ans après avoir fondé une entreprise ou l'avoir achetée, se
satisfaire du prix de départ. C'est quand même assez inconcevable.
• (16 h 10) •
Mais je vais aborder un autre thème, parce
qu'on a peu de temps, la tarification dynamique. Vous avez parlé, je l'ai noté,
que ça assurait une prévisibilité, alors qu'au contraire, si c'est dynamique,
il me semble que ça peut à la fois permettre la réduction du tarif et
l'augmentation du tarif, selon les périodes de pointe, <selon...
M. Arseneau : ...de départ.
C'est
quand même assez inconcevable.
Mais je vais aborder un autre thème
parce qu'on a peu de temps, la tarification dynamique. Vous avez parlé, je l'ai
noté, que ça assurait une prévisibilité, alors qu'au contraire, si c'est
dynamique, il me semble que ça peut à la fois permettre la réduction du tarif
et l'augmentation du tarif, selon les périodes de pointe, >selon
l'achalandage. Qu'est-ce que vous voulez dire exactement, la meilleure
prévisibilité liée à la tarification dynamique, dans un contexte plus
concurrentiel qu'il ne l'a jamais été?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Mais non, je ne faisais pas référence spécifiquement à la
prévisibilité par rapport à la tarification dynamique, parce que c'est vrai que
c'est très évolutif puis c'est les lois du marché, l'offre et la demande. Donc,
effectivement, on peut se dire qu'à 3 heures du matin au centre-ville de Montréal,
ou à l'heure de pointe à 8 heures, ou à 17 heures en fin de journée,
tarification dynamique ou pas, il y a un élément de prévisibilité.
Après, c'était plus par rapport aux
différentes mesures qui vont être mises en place dans le projet de loi pour la
modernisation puis... C'est à ce niveau-là, là, qu'on parlait de prévisibilité
puis de rassurer.
M. Arseneau : Comment
pensez-vous qu'on peut s'assurer justement que les coûts d'une course en taxi
ne deviennent pas prohibitifs à certaines heures sans qu'on n'ait ni plancher
ni plafond? Même chose pour la couverture. Est-ce que vous ne craignez pas que
dans certains secteurs il y ait rupture de service, là, où finalement la masse
critique n'est pas présente dans certains secteurs, dans certains quartiers?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Encore une fois, on a l'impression que les lois du marché vont s'autoréguler.
Donc, par rapport à une présence plus accrue ou moins accrue de taxis dans des
zones, on a l'impression qu'ils vont suivre là où il y a une offre, là où il y
a une demande. Donc, on a confiance que ça va s'autoréguler. Si ce n'était pas
le cas, il faudrait probablement revoir, analyser, là, les données pour voir si
on doit...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez maintenant terminé. Je suis désolée. Merci beaucoup pour votre
passage à notre commission parlementaire. Ce fut fort apprécié. Je vous
souhaite un bon retour à Montréal. Merci beaucoup.
On fait une courte de pause.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
À l'ordre, s'il vous plaît! J'invite la Fédération québécoise des municipalités
à prendre place. Est-ce que vous êtes arrivés? Oui.
Alors, bonjour. Bienvenue à cette commission
parlementaire. Nous recevons maintenant les membres de la Fédération québécoise
des municipalités. J'ai ici deux noms sur ma liste, je vois que vous êtes deux.
Alors, je vais vous inviter à vous présenter, et vous avez 10 minutes pour
votre présentation. Merci.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Simard (Luc) : Merci. M.
le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des
transports... Oui, se présenter tout d'abord pour les...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, pour l'enregistrement, parce que j'ai trois noms ici, sur ma liste.
M. Simard (Luc) : Il y avait
M. Châteauvert qui ne pouvait pas être présent, malheureusement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, vous, vous êtes M. Simard. Vous, vous êtes M. Girard.
M. Girard (Maxime) :
Exactement.
M. Simard (Luc) : M. Girard, qui
est conseiller à la FQM, et moi, c'est Luc Simard. Je suis préfet élu de la MRC
de Maria-Chapdelaine au Lac-Saint-Jean, donc membre aussi du conseil
d'administration de la FQM.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous avez 10 minutes.
M. Simard (Luc) : Merci.
Donc, M. le ministre, il me fait plaisir de vous voir, de vous rencontrer.
Distingués membres de la Commission des transports et de l'environnement, MM.,
Mmes les députés, merci d'accueillir la Fédération québécoise des municipalités
dans le cadre de cette commission parlementaire sur le projet de loi n° 17.
Fondée en 1944, nous célébrons cette année
nos 75 ans d'existence. La fédération est le porte-parole des régions en
regroupant près de 1 000 municipalités locales et régionales au Québec. Ce
sont quatre municipalités sur cinq et la totalité des MRC qui sont membres
volontairement de notre fédération. La FQM, donc, nous sommes le plus grand
rassemblement municipal du Québec, bien entendu.
Donc, la dévitalisation des communautés
représente un défi majeur de la société québécoise. Si un plan gouvernemental définissait,
en 2007, les services de base d'une communauté par la présence d'un dépanneur
et d'une station d'essence, la transformation de l'économie rend encore <plus...
M. Simard (Luc) :
...rassemblement
municipal du
Québec,
bien entendu.
Donc, la dévitalisation des
communautés
représente un défi majeur de la
société québécoise. Si un plan
gouvernemental définissait, en 2007, les services de base d'une communauté par
la présence d'un dépanneur et d'une station d'essence, la transformation de
l'économie rend encore >plus aléatoire le maintien de ces activités. Aujourd'hui,
les gens doivent davantage se déplacer pour subvenir à leurs besoins, phénomène
qui s'est considérablement accentué par la centralisation des services publics,
notamment en matière de santé, observée depuis 2014. Si cette concentration des
services répond à des impératifs de système, cela signifie des déplacements
accrus pour les citoyens. La mobilité est donc devenue un enjeu important pour
assurer l'occupation du territoire et contrer la dévitalisation de plusieurs
communautés.
Présentement, l'offre de transport en
région varie d'un endroit à l'autre, en fonction de particularités locales, bien
entendu. Chaque région présente ses défis et ses particularités qui font en sorte
qu'un modèle unique ne peut exister. Dans bien des cas, l'industrie du taxi est
indispensable pour assurer une desserte efficace du territoire. Le gouvernement
du Québec a déjà mis en place un programme pour soutenir le transport
collectif. Ceux-ci ne permettent toutefois pas de répondre à la demande en
dehors des parcours existants. Il y a aussi le transport adapté, qui implique
une grande flexibilité de la part du milieu municipal, qui voit la demande pour
ce type de transport augmenter de façon considérable d'année en année. On a
qu'à penser au vieillissement de la population, entre autres.
La Fédération québécoise des municipalités
considère que le projet de loi n° 17 est susceptible
de favoriser les initiatives locales de transport de personnes visant à
permettre aux citoyens qui, pour différentes raisons, n'ont pas les moyens de
se déplacer, d'avoir accès aux services là où ils se trouvent sur le territoire
d'une MRC ou d'une MRC voisine. En ce sens, l'ouverture du gouvernement à des
nouveaux joueurs dans l'industrie du transport rémunéré de personnes par
automobile est accueillie favorablement par le milieu municipal. Certaines
inquiétudes nous préoccupent tout de même et le gouvernement devra s'assurer
d'y répondre afin de faciliter la transition vers le nouveau modèle proposé.
Au Québec, l'organisation du transport
collectif constitue une compétence déléguée aux municipalités qui ont
l'obligation d'offrir des services de transport adapté et qui, dans bien des
cas, doivent également prendre la responsabilité de l'organisation du transport
collectif sur le territoire. Donc, c'est le cas chez nous, effectivement, nous
avons organisme responsable de ce type de transport. En milieu rural, les
réalités territoriales forcent les organismes municipaux à penser à des
solutions de transport qui sont souples, efficaces et adaptées aux besoins des
citoyens. Souvent, pour répondre à la demande et offrir un service adéquat
malgré les distances et la faible densité de population, l'organisation des
services de transport collectif et adapté dépend donc de partenariats avec des
entreprises de taxi de la région qui sont titulaires d'un permis.
Dans bien des cas, l'offre de service dans
les régions où il existe une situation quasi monopolistique d'entreprise de
taxi est insuffisante, voire inexistante en période plus creuse comme les soirs
et les fins de semaine. La desserte de transport est donc grandement dépendante
des ententes que prennent les municipalités et les MRC avec les entreprises de
taxi en place dans les régions.
Dans certains cas, le projet de loi n° 17, qui permettra l'arrivée d'une offre additionnelle de
transport en région, nous porte à croire que les entreprises de taxi en place
veilleront à consolider ce type de partenariat avec les organismes municipaux
de façon à leur assurer un volume d'affaires minimal, et permettant la
rentabilité de leur entreprise.
La qualité de l'offre de transport
collectif et de transport adapté en région est fortement influencée par la
capacité des municipalités et des MRC de contracter avec des entreprises de
taxi compétentes.
Dans le domaine plus spécifique du
transport adapté, des conducteurs de taxi formés assurent un encadrement, et un
soutien, et de la rigueur à l'égard de la clientèle dont les besoins
spécifiques requièrent une attention particulière. D'ailleurs, il est difficile
de penser que les nouveaux joueurs dans l'industrie du transport rémunéré de
personnes par automobile qui feront leur apparition à la suite de l'adoption du
projet de loi n° 17 pourront répondre à la demande de
cette clientèle qui nécessite une formation et des aptitudes supplémentaires à
celles requises pour le simple transport de personnes.
Ceci étant, l'offre de service est
toutefois inégale d'une région à l'autre et ne répond pas toujours aux
standards que les élus et la population sont en droit d'attendre. Le projet de
loi n° 17 représente donc une opportunité pour
combler des vides dans l'offre de services actuelle, et c'est le citoyen qui en
bénéficiera. La possibilité pour des citoyens locaux de devenir chauffeurs
occasionnels favorisera une offre de services plus complète en plus de donner
accès à un revenu d'appoint.
Au-delà de l'offre de service actuelle, le
monopole exercé par une entreprise de taxi dans une région donnée limite
considérablement la capacité de négociation avec celle-ci. La situation sur le
terrain est bien différente d'une région à l'autre, d'une région à une autre,
et aussi d'une MRC à une autre, bien entendu, et c'est pour cette raison qu'il
peut être difficile d'évaluer les impacts qu'aura l'entrée en vigueur du projet
de loi n° 17. Cependant, la Fédération québécoise des
municipalités demeure positive quant aux retombées qu'il aura.
• (16 h 20) •
Certaines inquiétudes devront tout de même
être clarifiées. Un des éléments suscitant des interrogations est la capacité
des petites entreprises de taxi en région à demeurer profitables dans <un...
M. Simard (Luc) :
...qu'aura l'entrée en vigueur du
projet de loi n° 17.
Cependant,
la
Fédération québécoise des municipalités demeure positive quant aux
retombées qu'il aura.
Certaines
inquiétudes auront
tout
de même à être clarifiées. Un des éléments suscitant des interrogations est la
capacité des petites entreprises de taxi en région à demeurer profitables dans >un
contexte où la compétition est plus forte. Cette situation pourra rendre
difficile la rétention de services de taxi à l'année et potentiellement causer
la fermeture d'entreprises de taxi existantes. Ceci nous amène à se questionner
à savoir si les municipalités auront toujours accès à des fournisseurs de
services afin de répondre aux besoins en matière de mobilité, tant pour le
transport adapté que pour le transport collectif.
Un élément du projet de loi qui devrait
être révisé est la définition de covoiturage par l'article 147 qui prévoit
entre autres que le covoiturage est un transport d'au plus quatre courses par
jour et n'excédant pas cumulativement 100 kilomètres. Cette interprétation
est peut-être applicable dans les centres urbains, mais elle ne se transpose
pas aux régions où les distances de déplacement sont souvent bien plus longues
et rendent impossible le respect de cette norme. Le projet de loi n° 17 ne
doit pas avoir pour effet de limiter les possibilités de covoiturage dans les
milieux ruraux.
Par ailleurs, l'aspect du transport
communautaire n'est pas abordé dans le projet de loi. Afin de favoriser une
mobilité efficace sur tout le territoire et plus particulièrement dans les
secteurs ruraux, la FQM propose de favoriser les initiatives de transport de
personnes reposant sur l'offre d'organismes communautaires. Il faut encourager
ce type d'initiative, notamment en permettant le versement d'une légère
compensation financière aux bénévoles.
Il y a aussi la question de la
déréglementation de la tarification qui est également importante pour les
régions où la faible densité de population ne pourrait représenter une
ouverture... pourrait représenter plutôt une ouverture aux entreprises à
surfacturer les déplacements de façon à compenser la demande plus faible. Il
est essentiel de prévoir des mécanismes pour s'assurer que le consommateur, peu
importe où il se trouve, paie le juste prix pour les services qu'il reçoit.
Autre élément prioritaire pour les membres
de la FQM est l'aspect de la sécurité des usagers alors que le projet de loi
diminue considérablement les conditions requises pour faire du transport de
personnes, et nous pensons que la formation ainsi que les vérifications
mécaniques doivent faire l'objet d'un contrôle rigoureux et ne pas permettre de
situations où la sécurité de la population pourrait être compromise. Il faut
bien comprendre que, dans nos secteurs, on a beaucoup de secteurs ruraux, hein,
qui sont vraiment très différents, là, des secteurs urbains à ce niveau-là.
Donc, en conclusion, la FQM considère que
le projet de loi n° 17, la Loi concernant le transport rémunéré de
personnes par automobile, apportera certainement des retombées positives dans
les régions du Québec. Il importe de souligner que l'usager est maintenant au coeur
de la loi, alors que les déplacements par taxi peuvent représenter jusqu'à
20 % des déplacements en région. L'abolition des quotas de permis de taxi
ainsi que des limitations reliées aux agglomérations permettent à de nouveaux
joueurs de faire leur entrée dans l'industrie et ouvrent la porte à de nouveaux
modèles de transport en région, notamment celui pour le milieu municipal, de
développer une offre de service adaptée à la réalité et aux besoins du milieu.
Pour assurer le succès de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, le
gouvernement devra cependant mettre en place des moyens de transition et
assurer la concordance avec les programmes de subventions qui requièrent des
permis.
Finalement, la FQM invite le gouvernement
à continuer de travailler dans le respect du projet de loi n° 122 en
laissant la place aux gouvernements de proximité que sont les municipalités
pour participer activement au succès des programmes et à l'efficacité de leur
administration dans l'intérêt premier de servir les citoyens. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup, M. le préfet. Alors, M. le
ministre, je vous passe la parole pour 23 min 30 s.
M.
Bonnardel
:
Merci, Mme la Présidente. Merci, messieurs, d'être là. Je veux juste vous
rassurer. Vous avez énuméré deux petits points, là.
La formation, il y aura une formation pour
tous les chauffeurs, ça, nous n'avez pas à vous inquiéter. Vous savez qu'il y a
des disparités entre les régions, on est à sept heures, 35 heures à
d'autres; 110, Québec; 160, Montréal. Il y aura une formation qu'on va définir
par règlement. Ça, c'est certain qu'il y en aura une, mais je dirais même, pour
le transport adapté, je pense qu'aussi on n'aura... pas juste pas le choix, je
pense qu'il faut mieux former puis, encore une fois, s'assurer que ceux qui
font du transport adapté le fassent d'une bonne façon. Ça, soyez assuré d'une
chose.
L'inspection des véhicules, c'est la même
chose, là. C'est certain que vous arrivez avec un véhicule neuf, on peut
convenir que jusqu'à une période de 40 000, 50 000 kilos, ça
peut être correct, mais, après ça, tous les véhicules vont être inspectés, vous
n'avez pas non plus à vous inquiéter là-dessus.
Je pense que vous maîtrisez bien les
principes mêmes de la loi, où on s'en va, pourquoi on le fait. Et un des points
ou un constat que vous faites dans votre mémoire, vous dites, puis je cite le
mémoire, là, vous dites : «L'offre de service dans les
régions — puis je pense que c'est peut-être spécifique chez vous, là,
vous me direz si je me trompe ou non, là — l'offre de service dans
les régions où il existe une situation quasi monopolistique d'entreprise de
taxi est insuffisante, voire inexistante en périodes plus creuses comme les
soirs et les fins de semaine.»
Vous le savez, là, il y a
6 200 propriétaires de permis au Québec, qui en possèdent à peu près
7 500. Donc, 90 % de ces propriétaires, là, c'est des artisans
uniques. C'est à eux, ils ont un permis. Les autres, ils en ont fait un marché,
une société, peu importe. Quand vous dites, là, «voire inexistante et en
périodes plus creuses comme les soirs et les fins de semaine», croyez-vous que
la <loi...
M.
Bonnardel
:
...propriétaires de permis au
Québec, qui en possèdent à peu près
7 500. Donc, 90 % de ces propriétaires, là, c'est des artisans
uniques. C'est à eux, ils ont un permis. Les autres, ils en ont fait un marché,
une société, peu importe. Quand vous dites, là, «voire inexistante et en
périodes plus creuses comme les soirs et les fins de semaine», croyez-vous que
la >loi qu'on a déposée va permettre de répondre? Et en quoi ce problème
de monopole que vous vivez dans certains secteurs, peut-être au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, où vous voyez cette problématique... encore une fois,
est-ce qu'on va régler en permettant, donc, de libéraliser, dans une certaine
mesure, le marché qu'on connaît, comme aujourd'hui, on l'est, on le connaît
depuis les 40 dernières années?
Vous ne m'avez peut-être pas entendu
tantôt. Je le disais, il y a moins de taxis au Québec en 2019 qu'il y en avait
voilà 40 ans, quand on regarde la population. Il y en a moins, puis
l'industrie a décidé de racheter, dans les années 80, un certain nombre de
permis. O.K. On voulait s'assurer d'un revenu adéquat, dans une certaine
mesure, mais il fait qu'aujourd'hui c'est peut-être moins... on le sent
peut-être moins dans les régions. À Montréal, quand tu as une population qui
augmente de façon assez importante puis tu as moins de taxis que voilà 40 ans,
bien, je pense que c'est des disparités qui sont concluantes, qui démontrent
quand même certains faits.
Alors, l'offre de service dans les
régions, vous dites : «où il existe une situation quasi monopolistique,
l'entreprise de taxi est insuffisante, voire inexistante en périodes plus
creuses, comme les soirs et les fins de semaine». Quels exemples vous pouvez me
donner là-dessus? Ou qu'est-ce que vous vivez quand vous affirmez ça?
M. Simard (Luc) : Bien, chez
nous, par exemple, le propriétaire de taxi... C'est certain qu'on a une baisse
de population. On ne se le cache pas non plus, dans les régions, il y a aussi
une certaine dévitalisation, une baisse démographique. Le taux de chômage
actuel reflète bien la situation. Il est très faible parce qu'on a moins de
travailleurs. On a aussi beaucoup de personnes âgées. Donc, il y a beaucoup
d'offre, là. On pense qu'il va... de l'offre dans la journée, il va y en avoir,
mais certains soirs et fins de semaine, il y en a moins.
Il y a aussi des municipalités qui ne sont
pas couvertes du tout, hein? Nous, à Normandin, il y a un permis, personne ne
le veut, personne ne le prend, là. Il est là, là, il est disponible. Donc, ça
fait quand même un gros trou chez nous, dans notre MRC, là. Je parle vraiment
pour notre cas. Et on sait qu'il y a déjà une personne qui est prête à
desservir ce secteur-là puis qui attend juste les modifications législatives
pour procéder.
Donc, nous, avec notre service de
transport collectif, on pense qu'on va être capables de faire des matchs
beaucoup plus facilement et d'offrir des meilleurs services. Les soirs et fins
de semaine, on va avoir des problèmes. Puis avec les nouveaux outils, je pense
que ça risque de combler aussi, là, avec des services par autres moyens, là. Je
ne sais pas c'est quoi, le nom, là, des Uber de ce monde et tout ça, mais on
pense que ça peut faciliter aussi l'émergence de nouveaux entrepreneurs ou de
personnes qui vont démarrer pour offrir des services soirs et fins de semaine.
Mais ce n'est pas juste les soirs et fins de semaine. Comme je vous dis, il y a
des secteurs qui ne sont pas couverts puis il y a des secteurs, entre autres,
au niveau des agglomérations, où est-ce qu'on peut circuler très bien dans
l'agglomération, mais, si on veut circuler d'un village à l'autre, on n'a plus
accès à aucun service de taxi.
Donc, on pense que ça va nous permettre
d'améliorer l'offre, des nouveaux entrepreneurs qui vont se lancer puis qui
vont combler, là, certaines lacunes qu'on pourrait avoir. Nous, on a trois,
quatre permis de taxi dans notre MRC, donc on pense que ce n'est vraiment pas
beaucoup. Mais, en même temps, on a vraiment un monopole. Quand notre
organisme, qui est Maria Express, qui gère le transport communautaire... le
transport collectif, plutôt, a voulu faire des ententes, ça n'a pas été facile,
là. Ça n'a pas été facile parce que négocier avec quelqu'un qui a le monopole,
tu n'as pas toujours le gros bout du bâton, hein? Donc, ça, c'est des éléments
qu'on pense que ça va faciliter beaucoup, beaucoup notre travail.
C'est inégal d'une région à l'autre, on le
mentionnait. Chaque petit milieu rural a sa réalité, hein, c'est bien entendu.
Nous, on a Dolbeau-Mistassini qui est un pôle, mais d'autres MRC, c'est
complètement différent. Puis tout ce qui est autour de Dolbeau-Mistassini est
très mal desservi. Donc, on pense qu'avec les nouveaux services on aurait plus
de facilité.
M.
Bonnardel
:
Vous avez dit rapidement, là : On a un permis. J'imagine que c'est un
permis restreint, là, d'après 2000, qui dit... Il n'y a personne qui en veut.
Puis de l'autre côté, vous avez dit : Il y a quelqu'un qui attend juste
que la législation passe pour être capable d'aller de l'avant. Donc, vous êtes
persuadés, dans ce cas-ci, que l'offre sera améliorée, dans une certaine
mesure.
De l'autre côté, les territoires
d'agglomération... Quand je vous dis ça, vous savez très, très bien, là, que
vous ne pouviez pas signer une entente pour le transport adapté avec, mettons,
le voisin d'à côté parce que c'est interdit de le faire. Donc, pour vous, ça,
ces principes de... pas de liberté, là, mais d'être capable... oui, la liberté
de vous donner, là, cette possibilité de négocier avec d'autres... Et le
monsieur, vous, vous dites, ou la dame, je ne sais pas, là, vous dites :
Elle attend juste ou il attend juste, là, que la loi soit adoptée pour être
capable d'aller de l'avant. Donc, vous dites, vous, qu'il y a du monde qui
attendent.
• (16 h 30) •
M. Simard (Luc) : Bien, c'est
ce qu'on comprend. Puis ça permettrait de desservir des plus grands
territoires, d'avoir une connectivité aussi, entre les MRC, plus facile. On
travaille beaucoup au niveau du transport... Bien, on a un programme, avec le
ministère des Transports, au niveau des autobus, là, mais tu sais, ce n'est
quand même pas suffisant non plus. On a besoin d'avoir une plus grande
souplesse.
Nous, dans le monde municipal, ce qu'on
demande, c'est de la souplesse, hein, vous le savez. On a chacun des réalités
différentes. Au Lac-Saint-Jean puis au Saguenay, ce n'est pas la même affaire,
puis l'Abitibi, ce n'est pas pareil. La Tuque, c'est une autre réalité. On a
vraiment toutes... Depuis que je suis à la FQM, là, j'adore vraiment, là,
actuellement, mes fonctions, parce qu'on voit toutes nos réalités qui sont
vraiment différentes. On a des enjeux très, très communs, mais on a souvent des
réalités terrain, quand vient le temps de déployer certains services, qui sont
complètement différentes. Puis ce qu'on demande, c'est de la <souplesse
pour qu'on puisse avoir des ententes...
>
16 h 30 (version révisée)
< M. Simard (Luc) :
Depuis
que je suis à la FQM, là, j'adore vraiment, là, actuellement, mes fonctions,
parce qu'on voit toutes nos réalités qui sont vraiment différentes. On a des
enjeux très, très communs, mais on a souvent des réalités terrain, quand vient
le temps de déployer certains services, qui sont complètement différentes. Puis
ce qu'on demande, c'est de la >souplesse pour qu'on puisse avoir des
ententes. Puis nous, ce qu'on pense, c'est qu'à la suite de cette loi-là, on le
sait que ce ne sera pas une finalité. C'est une nouvelle loi qui entre en
fonction, puis il va y avoir des expérimentations de faites... Québec, un peu
partout, en fonction du transport collectif. Et on se parle entre les MRC,
hein? Puis on prend les succès des uns, les échecs des autres, puis on pense
qu'on va être capables de trouver des modèles de partenariat avec des privés
pour offrir du service collectif plus efficace avec un modèle plus souple.
M.
Bonnardel
:
Vous dites, je vous cite, là : «...l'offre de service est toutefois
inégale d'une région à l'autre, d'une ville à une autre.» Ça, on l'a déjà
entendu. «Dans bien des cas, celle-ci ne répond pas toujours aux standards
minimums que les élus et la population sont en droit d'attendre. [...]Cette
saine concurrence forcera également les entreprises de taxi qui bénéficiaient
d'un monopole à se moderniser et à améliorer la qualité et l'offre du service.
Nous le constatons malheureusement, dans certains cas, l'offre des entreprises
de taxi est inexistante pour les municipalités et les contraintes imposées
rendent impossible tout partenariat avec le milieu municipal.»
Ça, c'est ce que vous vivez chez vous.
C'est ce que, selon vous, tout le monde vit un peu à gauche, à droite. Parce
que je vous le dis bien respectueusement, là, ce n'est pas la première fois que
je lis ça quand même, là.
M. Simard (Luc) : ...réalité,
effectivement. On l'a mentionné, il y a des situations monopolistiques. À peu
près toutes les municipalités dans notre région, il y a une entreprise de taxi.
Donc, de venir négocier avec cette entreprise-là, c'est très difficile. Donc,
d'avoir des nouveaux joueurs, on pense qu'on va pouvoir travailler beaucoup
plus efficacement, puis on est conscients qu'il y a peut-être des gens qui vont
abandonner les affaires, se lancer dans un autre domaine. Nous, le propriétaire
de taxi chez nous, il est dans le domaine depuis quand même pas tellement
longtemps. On sait qu'il a fait d'autre chose avant, il va être sûrement
capable de faire d'autre chose après.
S'il veut demeurer partenaire avec nous,
bien, nous, on est prêts à s'asseoir avec ces gens-là, parce que dans nos
municipalités, le transport collectif est un très gros incitatif pour les
entreprises de taxi. C'est une bonne part de leurs revenus, entre autres
pendant la journée. On a une population vieillissante. Donc, si les entreprises
veulent demeurer en affaires, ils devront s'asseoir avec nous, travailler pour
avoir un service adéquat. Actuellement, on n'a aucun pouvoir de négociation. On
le sait qu'ils laissent des gens sur le bord de la route. Ils privilégient les
clients réguliers, parce que le client régulier, quand il a callé le taxi,
quand il a appelé le taxi, si le taxi ne va pas le chercher, bien, il va mettre
ça sur le dos du taxi. Mais le client de transport Maria Express chez nous,
s'il reste sur le bord du chemin, c'est nous qui va être responsable, c'est
nous qui va être coupable. Le taxi est dédouané.
Donc, on sait qu'on a fréquemment des gens
qui n'ont plus de place ou que... peu importe, dans les heures de pointe, qui
sont laissés sur le bord du chemin puis qui n'ont pas accès à des services.
Donc, nous, on pense qu'avec de nouveaux joueurs, on va pouvoir avoir un
meilleur partenariat avec les entreprises de taxi qui vont être soit celles qui
sont existantes — ils ont une expertise, puis on ne demande pas mieux
de travailler avec eux autres — ou les nouvelles, peu importe, mais
au moins, on va avoir un pouvoir de négociation.
M.
Bonnardel
:
Bien, je pense que vous touchez un bon point. Je reste persuadé... puis je le
mentionnais tantôt, peut-être avant que vous arriviez, on est la deuxième
nation au monde la plus vieillissante, après le Japon. Ces transports, à
hauteur de 50 millions de transports par année, il y en a 40 millions
qui sont faits par l'industrie du taxi traditionnel. Demain matin, là,
l'industrie n'est pas morte, là, puis je pense qu'on leur donne des outils pour
être capables de pérenniser l'industrie. Vous le dites, ça se peut qu'il y en
ait certains qui se disent : Bien, moi, c'est assez, là, je passe à autre
chose. Mais on a assez réduit les règles pour être capables... quand je dis les
règles, pas au détriment, là, de la sécurité, là, qu'on s'entende bien, là,
mais réduit les règles administratives fiscales pour être capables de laisser
plus d'argent dans les poches du chauffeur en partant puis de vous donner des
outils à vous aussi pour être capables de dire...
Je le disais tantôt, peut-être que... ça
dépend des régions, là. Vous êtes peut-être très satisfait de l'offre que vous
avez, mais vous auriez peut-être le goût de dire : Si je pouvais négocier
avec le voisin d'à côté, peut-être que je pourrais peut-être payer un petit peu
moins, mais à la fin, c'est peut-être celui qui vous dessert et qui vous donne
le service depuis tant d'années qui... que les gens sont fiers ou contents.
Moi, je suis persuadé qu'on va être capables de... la demande va être aussi
forte, puis peut-être que vous n'êtes même pas capable de répondre à la demande
que vous avez dans votre région présentement aussi.
M. Simard (Luc) : ...les
périodes de pointe, effectivement, il y a quand même beaucoup de demande. Puis
on ne se le cache pas, on a une population vieillissante, on l'a mentionné un
peu tout à l'heure. Donc, je pense que chez nous, ce n'est pas compliqué, pour
se déplacer, on a pratiquement besoin d'une voiture, hein? Il n'y a pas
d'autobus, il n'y a pas de transport en commun chez nous. Donc, les gens
avaient tous une voiture, mais avec le vieillissement de population, beaucoup,
beaucoup de gens ne peuvent plus conduire leur voiture, donc ont besoin de ce
transport-là pour aller à l'épicerie, aller chez le médecin, peu importe.
Donc, le marché est loin d'être mort,
effectivement, là. Il y a encore beaucoup, beaucoup de transports chez nous qui
sont faits, puis on va avoir encore des besoins dans le futur qui sont
immenses. Donc, je pense que les gens ont une belle opportunité d'affaires, de
travailler avec les communautés. Mais nous, on veut quand même être capables
d'avoir un impact puis de mettre en place d'autres modèles aussi,
éventuellement, si possible.
M.
Bonnardel
:
J'ai une petite question avant de laisser la parole à mes collègues. Vous êtes
les premiers à me parler... bien, on y a pensé, là, mais le transport
communautaire. À l'article 147, 148, on en parle, le transport bénévole.
Souvent, c'est un organisme communautaire, hein, qui signe un contrat, si je
peux le dire ainsi, avec l'hôpital du coin pour être capable de transporter les
gens, puis on va payer ce chauffeur selon le kilométrage. Exemple, si le
conseil d'administration a dit : Bien, on paie à 0,42 $ du kilo,
bien, on paie 0,42 $.
Vous, vous dites qu'on devrait permettre
une rémunération additionnelle? C'est-u ça que vous dites? Si vous voulez
prendre une ou deux minutes, là, juste pour m'expliquer, <là...
M.
Bonnardel
:
...un contrat, si je peux le dire ainsi, avec
l'hôpital du coin pour
être capable de transporter les gens, puis on va payer ce chauffeur selon le
kilométrage.
Exemple, si le conseil d'administration a dit : Bien, on paie à
0,42 $ du kilo, bien, on paie 0,42 $.
Vous, vous dites qu'on devrait
permettre une rémunération additionnelle? C'est-u ça que vous dites? Si vous
voulez prendre une ou deux minutes, là, juste pour m'expliquer, >là...
M. Simard (Luc) : Ce serait
de bonifier, en fait, ce qui est versé et un dédommagement pour l'utilisation
du véhicule, actuellement, mais ça serait de donner un incitatif plus
important, là, pour que les bénévoles s'impliquent plus. Un bénévole, par
définition, ce n'est pas payé, là, mais, si on le paie, ça ne devient plus un
bénévole. Mais on ne demande pas une rémunération pleine et entière, mais au
moins avoir un dédommagement pour payer certains frais pour ces personnes-là. Tu
sais, des fois, la personne va reconduire quelqu'un, bien, il va s'acheter un
café, un beigne, peu importe. Tu sais, il y a quand même des dépenses aussi qui
sont liées, des fois, au transport, donc... Puis ils consacrent aussi du temps,
puis ça coûte beaucoup moins cher que du transport par taxi ou transport qui
serait via notre service collectif. Donc, on pense que ce serait un bel
incitatif.
M.
Bonnardel
:
Juste pour votre gouverne, on l'a dans la loi, là. L'article 148, 147, on
en parle... Bien, le covoiturage et le transport bénévole, on va payer, bien,
selon l'entente entre l'organisme puis le système de santé, l'hôpital, on va
payer le coût du véhicule. Vous, vous dites : Allez plus loin que ça.
M. Girard (Maxime) :
En fait, si je peux ajouter, en fait, dans la loi, vous précisez effectivement
que le coût d'utilisation du véhicule est remboursé. Nous, on parle d'avoir
peut-être un incitatif additionnel parce qu'en réalité ce type d'incitatif là
existe déjà, sauf que c'est de l'argent non déclaré, bien souvent, qui est
fait, puis c'est des gens qui s'improvisent chauffeurs de taxi. Donc, l'idée, c'est
de venir un peu régulariser cette situation-là.
M.
Bonnardel
:
Je pense que ce que vous venez de dire là, je l'ai entendu dans plusieurs... pas
juste chez vous. O.K. Je laisse la parole à mes collègues.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci, Mme la
Présidente. Donc, dans votre mémoire, vous parlez de favoriser les initiatives
de transport de personnes qui reposent sur l'offre d'organismes communautaires.
Est-ce que vous pouvez élaborer un peu plus par rapport à qu'est-ce qui est
pour vous une offre communautaire, donner des détails, là? Qu'est-ce que vous
souhaiteriez qui soit inclus davantage dans la loi?
M. Simard (Luc) : Bien, c'est
un peu ce qu'on vient de parler, ça peut passer par différents modèles en
fonction des MRC. Chez nous, ça pourrait très bien passer par... il y a
beaucoup de bénévoles qui travaillent directement soit avec le CIUSSS, soit
avec aussi des soupes populaires, des choses comme ça, là, pour aider les gens
à se déplacer. Donc, c'est un peu... ça peut, mais il faut laisser de la
liberté. Soit qu'on passe par directement des associations d'aide aux personnes
démunies ou peu importe, parce que c'est souvent pour ce type de clientèle là,
ou des personnes âgées, ou passer tout simplement par les organismes de
transport collectif aussi, ça peut être une autre voie. Donc, ce qu'on veut, c'est
que ce soit souple, applicable un peu partout puis que chaque MRC, chaque
milieu décide de mettre le modèle qu'il désire en place.
Mme Tardif : Ça fait que...
est-ce que j'entends que vous avez lu que, dans la loi, l'ouverture est déjà
là, par contre, vu que c'est ouvert à pas juste un seul créneau?
M. Simard (Luc) : Bien, vas-y,
Maxime.
M. Girard (Maxime) :
Bien, il y a déjà, en fait, dans le projet de loi, une ouverture effectivement
à ce type de transport là. Ce qu'on vient dire, c'est simplement d'ajouter
peut-être la possibilité de verser un incitatif additionnel aux coûts
d'utilisation du véhicule, là, tout simplement.
Mme Tardif : Pour les bénévoles?
M. Girard (Maxime) :
Exact.
Mme Tardif : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: Merci
beaucoup. Bien, en fait, c'est une précision, puis je l'ai entendu... Quand
vous parlez de négocier des contrats municipalités avec compagnie de taxi qui a
un monopole, puis je l'ai entendu précédemment, les gens... bien, le taxi va
choisir la course la plus payante puis il va laisser la personne là, sur le
coin de la rue. Mais, dans vos contrats, ce n'est pas prévu que... vous n'avez
pas le moyen de le prévoir ou de négocier? Comment ça se vit, ça?
M. Simard (Luc) : Bien, il y
a toujours moyen de négocier, mais ça finit que c'est toujours nous autres qui
paient, là. De charger de quoi à notre partenaire de taxi, c'est toujours
difficile. Actuellement, on est en train de trouver des solutions, là, pour ces
choses-là. Il y a aussi les gens qui ne se présentent pas, là. Ça, c'est un
autre problème. Bref, il y a toutes sortes de situations qui se présentent.
Mais oui, c'est possible, mais, en même
temps, si ça se produit à répétition avec qui on travaille... On a un
intervenant, donc on n'a pas le choix de travailler avec. Puis je pense que ce
qui est essentiel, c'est de maintenir aussi des bonnes relations avec notre
partenaire d'affaires. Mais actuellement on a les deux mains liées, là, de
travailler avec nos partenaires actuels qui sont monopolistiques.
M.
Reid
: Vous
avez parlé de taxis communautaires. On l'a abordé... on va l'appeler comme
ça, taxi communautaire, ce n'est peut-être pas la définition que vous lui
donnez. Puis on parle de... vous parlez également que des petites
entreprises, en fait, dans certaines régions, seraient à risque, et là on amène
la notion de communautaire versus votre entreprise de taxi. Comment on va
concilier les deux? Parce que votre entreprise de taxi chez vous, qui pourrait
faire du transport pour l'hôpital, par exemple... Comment on peut concilier les
deux?
M. Simard (Luc) : Mais le
transport collectif, c'est vraiment... le transport communautaire, excusez-moi,
n'est vraiment pas majeur non plus. Ce n'est pas une grosse part des transports,
puis je ne vois pas nécessairement de très gros conflits. C'est vraiment pour
des clientèles spécifiques qui ont de la difficulté à se déplacer, vraiment
liées aux services de santé actuellement, là.
• (16 h 40) •
Puis chez nous, c'est vraiment plus le
transport collectif qui est un enjeu, là. C'est vraiment là-dessus qu'on
travaille. On a des employeurs avec qui on travaille aussi parce qu'on a quand
même des villes assez grandes pour <se...
M. Simard (Luc) :
Ce
n'est pas une grosse part des transports, puis je ne vois pas
nécessairement
de très gros conflit. C'est
vraiment pour des clientèles spécifiques qui
ont de la
difficulté à se déplacer,
vraiment liées aux services
de santé
actuellement, là.
Puis chez nous, c'est
vraiment
plus le
transport collectif qui est un enjeu, là. C'est
vraiment
là-dessus
qu'on travaille. On a des employeurs avec qui on travaille aussi
parce
qu'on a
quand même des villes assez grandes pour >se déplacer
puis on a la période hivernale. Bref, on travaille vraiment plus au niveau du
transport collectif. Le transport communautaire est beaucoup moins développé
chez nous. Donc, c'est plus au niveau du... puis ça existe déjà. Ça existe
déjà, puis ils sont déjà là, puis ils ont déjà une certaine compétition, si on
peut dire, avec l'entreprise du taxi. Puis on estime que ça ne changera pas
nécessairement beaucoup la situation actuelle, transport communautaire.
Mais c'est vraiment le transport
collectif, là, où est-ce que oui, effectivement, nous autres, on veut
travailler, être partenaire avec les entreprises. Puis, si les entreprises
veulent travailler avec nous autres puis signer des bonnes ententes, bien, on
pense qu'on va être tous les deux gagnants, puis nos entreprises vont en
bénéficier, les entreprises actuelles, là, que je parle.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci. Dans
votre mémoire, M. Simard, vous nous identifiez certaines préoccupations que la
FQM porte, dont celle de la définition du covoiturage. Évidemment, il y a, dans
le projet de loi, il y a une définition qui est comme identifiée à quatre
courses pour 100 kilomètres, là, sur un 100 kilomètres. Est-ce que
vous trouvez que ça ne représente pas la réalité notamment des ruralités?
Est-ce qu'il y a une proposition de distance qui serait représentative?
M. Simard (Luc) : Écoutez,
non, on n'a pas... je n'ai pas pensé à une question de distance. On a même des
réseaux de stationnement incitatif qui ont été mis chez nous pour assurer un
covoiturage entre les municipalités. Par exemple, des gens qui travaillent à
Saint-Félicien, qui demeurent à Dolbeau-Mistassini, on a des stationnements
implantés partout au Lac-Saint-Jean qu'on a travaillé avec le conseil régional
de l'environnement. Donc, il y a des gens qui l'utilisent à tous les jours, là,
puis ils font bien plus que 80 kilomètres par jour pour aller travailler
aller-retour, si on peut dire... oui, aller-retour journalièrement.
Donc, chez nous, je pense que c'est
variable d'une région à l'autre, effectivement, ces définitions-là. C'est à
réfléchir, mais je ne veux pas vous mentionner de distance nécessairement, mais
ça peut devenir problématique, là, au niveau du covoiturage, de mettre des
limitations dans des régions comme le Lac-Saint-Jean, comme l'Abitibi aussi que
les distances sont souvent grandes.
M. Girard (Maxime) :
Je pense que, dans la façon de réglementer le covoiturage, l'idée, ce n'est pas
de limiter à une distance, c'est peut-être... il y a peut-être certains types
de covoiturage entre des régions, disons Québec-Montréal, qui sont plus
problématiques que du réel covoiturage pour aller travailler matin et soir.
Donc, ce n'est peut-être pas une distance qui est la bonne façon d'encadrer ça.
Mme Grondin : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Vous avez
mentionné durant votre présentation que le projet de loi pouvait créer un
risque pour une petite compagnie. J'ai de la difficulté avec ça en ce sens que
ça pourrait leur donner plus de flexibilité pour aller chercher un plus grand
territoire, pour s'allier à d'autres pour ne plus être une petite compagnie. Et
dans quel cas vous voyez ça comme une problématique?
M. Simard (Luc) : Bien, comme
vous dites, dans toute situation, il y a des risques, il y a des opportunités.
Je pense qu'il y a des compagnies qui vont se buter aux risques puis qui ne
verront pas les opportunités, qui risquent de disparaître et de peut-être
amener un certain vide pendant un certain temps dans certaines municipalités.
Mais je suis comme vous, je pense qu'effectivement il y a beaucoup plus
d'opportunités là-dedans pour des entrepreneurs sérieux qui vont pouvoir
développer un service plus efficace.
M. Campeau : Si je comprends
bien, vous parlez surtout que ceci pourrait arriver durant une période de
transition.
M. Girard (Maxime) :
Bien, il y a aussi la question quand même... il ne faut pas se cacher qu'un
territoire avec une très faible densité de population, s'il y a une offre
spontanée de transporteurs pendant une période donnée, disons pendant un
festival ou durant les vacances estivales, qui viennent chercher la part du
marché et ensuite repartent, l'entreprise qui, elle, faisait son profit de
l'année dans cette période-là peut tomber à risque. Mais là on parle ici de
très petites entreprises dans des régions éloignées. Donc, c'est quand même un
cas peut-être plus rare. Et, comme M. Simard dit, il y a des opportunités aussi
qui vont se développer, donc c'est à eux de bien les saisir.
M. Campeau : Ceci
n'empêcherait pas cette dite petite compagnie de faire la même chose sur un
autre territoire.
M. Girard (Maxime) :
Effectivement, exact.
M. Campeau : Mais, en même
temps, je peux voir que c'est facile pour moi de le dire comme ça, mais de le
vivre, ça dépend, régionalement, où on est isolé. Le Lac-Saint-Jean est un
exemple, mais c'est... les distances, un coin que je connais bien. Je comprends
que les distances d'une ville à l'autre ne peuvent parfois permettre ces
choses-là, peut-être en hiver un peu moins des fois, à certains moments. Je
peux comprendre la nuance qu'il peut y avoir, à ce moment-là. Je comprends.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Portneuf, il reste deux minutes.
M. Caron : Pardon?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Deux minutes.
M. Caron : Deux minutes.
Merci, Mme la Présidente. J'aime vous entendre, parce que je suis le député de
Portneuf. Bien que Portneuf appartienne à la Capitale-Nationale, votre réalité
et celle de Portneuf sont à peu près les mêmes en matière de transport régional
<collectif...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...il reste deux minutes.
M. Caron : Pardon?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Deux minutes.
M. Caron : Deux minutes.
Merci,
Mme la Présidente. J'aime vous entendre,
parce que je suis le député de
Portneuf.
Bien que
Portneuf appartienne à la
Capitale-Nationale, votre
réalité et celle de Portneuf sont à peu près les mêmes en matière de transport
régional >collectif. C'est déjà une belle offre qui est proposée, mais
on sait que ça manque parfois un petit peu de flexibilité sur le parcours, les
horaires. Et je vois un petit peu un paradoxe, finalement, dans ce que vous
disiez tout à l'heure et le fait que ça puisse ou que ça pourrait mettre en
péril certaines entreprises, parce que moi, au contraire, dans Portneuf,
j'entends les chauffeurs de taxi me dire : Bien, écoute, le fait qu'il y
ait... on tende vers une abolition de cette notion d'agglomération, mais les
fois où on devait amener quelqu'un à Québec, on devait revenir à vide, ça, ce
n'était pas intéressant pour nous.
Puis j'aimerais vous entendre. Avez-vous
parlé à ces gens-là? Moi, j'aime aussi cette notion de pouvoir aller briser des
notions d'isolement. On sait aussi que les services de santé maintenant sont
centralisés dans les grandes villes, donc on pourrait apporter des services
supplémentaires à nos gens qui n'ont pas la possibilité de se déplacer. Mais
avez-vous aussi entendu les chauffeurs de taxi de votre région à ce sujet-là?
M. Simard (Luc) : Non, on n'a
pas discuté avec les propriétaires d'entreprise chez nous. On a surtout
travaillé avec les organismes de transport communautaire, avec les élus, voir
un peu leur positionnement. Mais le discours qu'on a eu à la FQM... parce qu'on
a eu un C.A. où est-ce qu'on en a discuté, puis la position était unanime qu'on
voyait des opportunités à ce niveau-là.
Écoutez, la perte de petites entreprises,
je l'atténue. Je ne pense pas que ce soit... Je pense que les gens vont
s'adapter. Puis on ne se le cache pas, on fait des changements, on fait une loi
pour faire des changements. Il va y avoir des changements sur le territoire, puis
on ne pense pas que cette loi-là va être une finalité non plus. On pense que c'est
un début, c'est un commencement, puis il devra y avoir des ajustements, comme
dans tout changement, mais on va le vivre, on va l'expérimenter. Puis nous, à
la FQM, on est très confiants qu'on va être capables d'offrir des bons services
à la population. Nous autres, c'est le service aux citoyens qui prime, hein? Comme
élus, là, c'est vraiment ce qu'on veut. On veut que les citoyens aient un bon
service de transport collectif, puis ça inclut le taxi, puis on est
parfaitement conscients qu'il risque d'y avoir des changements, qu'il risque
peut-être d'y avoir une certaine période de transition aussi, mais on... Le
besoin est là, la demande est là, puis on est parfaitement certains qu'il va y
avoir un service de maintenu.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le préfet, je dois vous couper dans votre élan. Alors, je passe la parole à
l'opposition officielle. M. le député de La Pinière, vous avez
15 min 40 s.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Simard, M. Girard, bienvenue. Alors, je pense que c'est...
On va poser des questions sur trois sujets, on va être tous les trois, de notre
côté, à poser des questions. Je vais commencer tout de suite par aborder un
sujet qui m'a beaucoup étonné. Je pense que vous êtes le premier à le nommer et
l'écrire dans un mémoire : la possibilité de surfacturation. Alors, si
vous l'écrivez, c'est que ça vous inquiète. Si ça vous inquiète, c'est
peut-être que vous l'avez déjà vu.
Alors, pouvez-vous m'expliquer dans... je
comprends c'est quoi, la surfacturation, ça va, mais pour m'expliquer dans
quelles circonstances vous voyez la possibilité de ça et comment y pallier.
M. Simard (Luc) : Bien, par
exemple, dans des secteurs où est-ce qu'il y a très, très peu de demande, là,
pour du transport, on pense qu'il pourrait y avoir peut-être un peu plus... des
tarifications plus élevées dans des petites, petites municipalités. On s'entend
qu'il y a des municipalités chez nous, là, qu'il n'y a même pas 200 habitants,
hein, donc on... C'est ce qu'on veut. On ne veut pas qu'il arrive que des gens
dans des fonds de rang ou un peu démunis soient obligés de payer un taux trop
élevé pour du transport.
Donc, on pense que ça peut arriver puis on
veut se servir aussi de nos partenariats avec les entreprises de transport qui
vont être sur pied pour le transport collectif pour limiter cette
surfacturation-là. Nous, on a une idée, chez nous, de mettre un taux fixe par
municipalité au lieu d'avoir un taux... en tout cas, on veut regarder comment
qu'on peut travailler en fonction de ce que la loi va permettre aussi pour
justement éviter ces surfacturations pour les gens qui sont vraiment dans des
endroits où est-ce qu'il y a moins d'habitants. Donc, c'est une inquiétude
qu'on avait. Je ne sais pas, Maxime, si tu avais parlé à d'autres endroits
aussi, là, au Québec.
M. Girard (Maxime) :
Il y a aussi la question, bon, que les entreprises pourraient être intéressées
à davantage concentrer leur offre sur les routes plus payantes, naturellement,
où il y a une densité de population plus forte, une demande plus forte. C'est
certain que, si un chauffeur a deux appels dans une journée, il risque de ne
pas charger le même prix pour ces deux appels-là que s'il en a 30. Donc, c'est
là l'inquiétude qu'il peut y avoir.
M. Barrette : Moi, je
comprends ça très bien, là, puis je trouve que ça a bien du bon sens de
s'inquiéter pour ça, mais ça le met en lien ou je le mets en lien avec ce que
vous avez dit dans votre introduction, quand vous avez fait vos commentaires. Vous
avez dit ça à peu près comme ça : Ce n'est pas une bonne idée d'avoir
quelque chose d'uniforme, alors que le principe de la loi est d'avoir quelque
chose d'uniforme. Alors, il y a déjà une opposition, là. Je ne vous dis pas que
vous dites que le principe de la loi... mais le ministre l'a dit bien souvent,
encore aujourd'hui, là : Tout le monde est pareil.
Alors, vous, vous souhaitez à ce que tout
le monde ne soit pas pareil, et d'où ma question que j'ai posée à l'instant. Il
doit y avoir des modalités... en tout cas, la loi doit pouvoir prévoir un
certain nombre de choses qui font en sorte qu'il y a une adaptation de la loi à
différentes situations. Ça, quand on arrive dans la surfacturation, est-ce que
je dois comprendre que vous êtes en faveur d'une certaine fixation de prix?
C'est une question que je pose, là. Je n'ai pas d'opinion.
• (16 h 50) •
M. Simard (Luc) : Non, bien,
écoutez, nous, on <espère...
M. Barrette : ...il y a une
adaptation de la loi à différentes
situations. Ça, quand on arrive dans
la surfacturation,
est-ce que je dois comprendre que vous êtes en faveur
d'une certaine fixation de prix? C'est une question que je pose, là. Je n'ai
pas d'opinion, là.
M. Simard (Luc) :
Non, bien,
écoutez, nous, on >espère... Nous, avec notre système
de transport collectif, on veut utiliser ce partenariat avec nos entreprises de
taxi locales pour justement mettre des limitations à des taux comme ça. Si ça
peut être prévu dans la loi, on ne le sait pas, mais chaque cas est très
différent, chaque municipalité est très différente.
Je pense que, par le biais des organismes
de transport collectif, on va pouvoir établir des ententes particulières comme
ça, tandis que, si on parle du taxi traditionnel, là, c'est une autre histoire.
Mais on peut-u mettre des limitations? Bien, écoutez, tant que la situation
n'est pas survenue, c'est un peu difficile d'établir ces éléments-là, mais
c'est une préoccupation qu'on soulève. C'est une préoccupation qu'on soulève au
gouvernement, tout simplement.
M. Barrette : Je vous
interromps, là. Est-ce que vous souhaitez à ce que la loi puisse le permettre
dans une région, mettons?
M. Girard (Maxime) :
On souhaite que les clients, en fait, qui vont utiliser des services de transport
rémunéré, donc nos citoyens, finalement, des municipalités du Québec, paient le
juste prix pour le service, donc que le gouvernement, finalement, s'assure que
le prix qui est payé est juste pour tout le monde, là.
M. Barrette : Je vais terminer
là-dessus parce que mon temps passe, là, puis je veux laisser la parole à mes
collègues. Vous avez fait référence à plusieurs reprises... Vous, vous êtes la
Fédération québécoise des municipalités, ça fait que vous avez des différentes
grandeurs de municipalités et différents territoires. Alors donc, vous avez des
enjeux qui ne sont pas les mêmes que tout le monde, là. Ça, je comprends très
bien ça.
Maintenant, vous avez à plusieurs reprises
fait référence à la nature monopolistique du taxi, mais, en même temps, je ne
pense pas que vous voulez que le taxi disparaisse. La condition... bien, vous
nous le direz, là. Je pense que c'est non, la réponse à ça, là. En fait, c'est
oui, c'est-à-dire vous ne voulez pas que ça disparaisse. La condition
fondamentale pour que tout le monde soit là, c'est quoi... en fait, que
l'industrie du taxi dite traditionnelle, on va le mettre entre guillemets, là,
demeure?
M. Simard (Luc) : Que le taxi
traditionnel demeure... Nous, on n'a aucune préférence entre le taxi traditionnel,
le transport collectif. Nous, on veut offrir un service aux citoyens. Nous,
c'est ce qui prime, c'est qu'on puisse déplacer nos gens sur le territoire. Les
conditions... On estime qu'avec le libre-marché qu'il va y avoir, il va y avoir
des entreprises qui vont être capables de maintenir leurs opérations sans
problème. On l'a mentionné, il y a une demande, il y a des besoins, puis on va
être capables aussi, avec nos organismes de transport collectif, de tisser des
liens avec des entreprises qui vont vouloir travailler avec nous.
Donc, on a confiance que le service va
être là puis on va apprendre à travailler avec la loi. La loi n'est pas encore
appliquée, là. Dans deux, trois ans, on va s'en reparler, il va sûrement y
avoir des éléments à corriger. Mais je pense que la loi, comme elle est là,
elle est bien suffisante pour permettre de maintenir nos entreprises chez nous
puis de travailler plus efficacement encore avec les MRC pour desservir un plus
grand territoire, desservir des territoires interurbains aussi entre
différentes municipalités. Donc, on pense que la loi est suffisante.
M. Barrette : Je vais passer
la parole à mon collègue de Jacques-Cartier.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Jacques-Cartier, allez-y.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. C'est en lien avec la question que mon collègue de
La Pinière a posée. Est-ce que vous pensez qu'Uber peut coexister avec les
petites entreprises de taxi en région ou est-ce que vous pensez qu'Uber va
juste simplement dominer? C'est une grosse entreprise, une multinationale avec
beaucoup d'argent. Alors, je veux juste savoir comment vous pensez que des
petites entreprises dans la région peuvent compétitionner avec une entreprise
comme Uber.
M. Simard (Luc) : Bien, nous,
on pense que oui, les entreprises peuvent compétitionner avec Uber sans
problème. Quelle part de marché Uber peut prendre? Il existe déjà, hein, ce
n'est pas si nouveau que ça non plus, mais on veut voir comment ça va se
développer. Mais on pense que nous, on ne travaillera pas avec Uber, comme MRC.
On va travailler avec des entreprises, des entrepreneurs légalement constitués
avec des... bien, je ne sais pas comment que ça s'appelle, permis de taxi ou
existantes.
Donc, uniquement le volume d'affaires
qu'on donne à ces entreprises-là, ça leur donne déjà une très, très bonne base
pour travailler, pour se faire un revenu. Donc, oui, on pense qu'il y a une
cohabitation possible.
M. Kelley
: Bien, c'est
juste encore comme... je vais aller juste un petit peu loin. Dans votre coin,
il y a combien des personnes qui travaillent dans l'industrie du taxi?
M. Simard (Luc) : Il n'y en a
pas énormément qui travaillent dans l'entreprise du taxi. Il y en a... Écoute, je
vous dirais, dans notre MRC, on a quatre permis de taxi puis on en a un qui
n'est pas disponible, qui n'est pas octroyé.
M. Kelley
: Vous, vous
n'avez aucune inquiétude que, quand c'est légal, puis Uber existe vraiment
partout sur le territoire, puis c'est légal, puis le projet de loi est... ça existe
sur tout le territoire du Québec, que des chauffeurs de taxi, ça va être tout
correct, là. Ils vont être bien corrects, juste toujours exister dans leur
fonction, puis rien ne va changer, ou est-ce que vous avez des inquiétudes pour
ces personnes-là?
M. Simard (Luc) : Je pense
que le volume d'affaires risque d'augmenter dans un certain sens. Les
chauffeurs de taxi vont pouvoir desservir des plus grands territoires vont <pouvoir...
M. Kelley
: ...
territoire
du
Québec que des chauffeurs de taxi, ça va être tout correct, là. Ils
vont être bien corrects,
toujours exister dans leur fonction, puis rien
ne va changer, ou est-ce que vous avez des inquiétudes pour ces
personnes-là?
M. Simard (Luc) :
Je pense que le volume d'affaires risque d'augmenter dans un certain sens. Les
chauffeurs
de taxi vont pouvoir desservir des plus grands territoires, vont >pouvoir
avoir des ententes plus profitables pour les deux parties, pour nos organismes
de transport collectif, mais aussi pour les entreprises. Actuellement, ils sont
limités quasiment dans les zones urbaines. Tout ce qui est rural, ils ont de la
difficulté à le desservir parce qu'ils n'ont pas... bien, on l'a mentionné tout
à l'heure.
Donc, oui, je pense qu'il y a possibilité.
On ne se le cache pas qu'Uber va prendre des parts de marché, ça, c'est ce que
vous voulez dire, puis on comprend parfaitement cet élément-là, mais on estime
que oui, les entreprises... on va être capable de maintenir des entreprises
présentes sur le territoire. Il va falloir l'expérimenter, il va falloir
l'essayer, mais on est parfaitement conscients qu'Uber est un nouveau joueur.
Mais nous, comme entrepreneurs, bien, je ne pense pas qu'on va travailler avec
Uber, là, comme MRC. Il va falloir travailler avec des gens de la place, puis,
de toute façon, les gens d'Uber vont être des gens de la place aussi. Mais j'ai
hâte de voir, au Québec, comment ça va se dessiner, parce qu'il va y avoir
plein de modèles, plein de partenariats qui vont se dessiner puis il va y avoir
des beaux succès, je suis convaincu, partout au Québec, puis on va apprendre à
travailler avec cette loi-là, avec cette nouvelle réalité là. C'est dur de...
On peut prévoir l'avenir, mais même les économistes se trompent quasiment une
fois sur deux, donc c'est dur de me demander comment ça va évoluer.
M. Kelley
: Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, merci pour la présentation de votre mémoire. Ma première
question est sur l'enjeu du transport adapté. Je vais droit au but. Comment
vous pensez qu'une industrie libéralisée va-t-elle pouvoir répondre à des
besoins spécifiques dans le but d'offrir un service adéquat, et ce, dans toutes
les municipalités, puisqu'après tout, la fédération, vous êtes le porte-parole
des municipalités, donc les municipalités de grande taille tout comme aussi les
petites municipalités?
M. Simard (Luc) : Bien, chez
nous, on est déjà un organisme de transport adapté. En fait, c'est la même entreprise
qu'on utilise pour le transport collectif, qui fait aussi du transport adapté.
Ils ne le font pas eux autres mêmes, mais ils le sous-contractent.
Donc, je pense que ces services-là vont
continuer d'être offerts. Et on est actuellement à regarder comment qu'on peut
jumeler le transport collectif et le transport adapté pour aller dans les
petites municipalités. On a une certaine facilité à faire du transport dans les
noyaux urbains, mais quand vient le temps de sortir... Tu sais, je parle de
petites municipalités, là, c'est 300 habitants, 400 habitants, 200 habitants,
600 habitants. Tu sais, ce n'est pas des gros volumes, puis ces autobus de
transport adapté là y vont déjà. O.K.
Donc, comment qu'on pourrait jumeler tout
ça, on est en train d'y travailler. On est en train de travailler un modèle de partenariat
avec les transporteurs privés, puis la nouvelle loi, je pense que ça va nous
offrir aussi des portes, là, pour essayer de travailler différemment avec ces entreprises-là,
peut-être avoir des nouveaux joueurs aussi, des plus petits véhicules. Donc, on
n'a pas la réponse définitive, là, mais on pense que ça va être quelque chose,
là, à regarder un peu partout au Québec, comment qu'on peut faire un lien.
Parce qu'actuellement il y avait des problématiques, c'est qu'on avait nos
propres autobus puis on ne pouvait pas transporter de personnes, sauf des
handicapés ou des personnes à mobilité réduite. Donc, là, avec la nouvelle... C'est
rendu... c'est tout le privé, on a déjà des partenariats avec des privés pour
faire ce transport-là. Donc, c'est un lien direct avec ce qu'on va pouvoir
faire avec la nouvelle loi.
M. Benjamin : Bien, nous
aussi, sur beaucoup d'enjeux, on n'a pas les réponses aussi définitives. Mais,
si je retiens que votre but est d'assurer un service équitable avec un coût
juste en fonction du service reçu, comment pouvez-vous nous expliquer qu'une
libéralisation du marché de l'industrie du taxi pourrait s'assurer de mettre
l'offre de services en haut de ses préoccupations, alors qu'on sait très bien,
comme vous l'écrivez vous-même, que les routes plus rentables vont être
priorisées?
M. Simard (Luc) : Bien, on
pense qu'il y a des routes plus rentables qui pourraient être priorisées, mais
nous, ce qu'on vise, c'est d'établir des partenariats avec ces entreprises-là,
puis, dans les ententes qu'on aurait, on veut justement que tous nos citoyens
soient desservis et à des coûts raisonnables. Donc, je pense qu'on va être
capables, avec ces outils-là, puis les ententes qu'on va pouvoir passer, puis
avec notre pouvoir de négociation nouveau qu'on va pouvoir avoir, de s'assurer
que même les routes moins rentables sont bien desservies et à des coûts aussi
accessibles à toute la population.
M. Benjamin : Je ne sais pas
si vous êtes conscient, le projet de loi dont il est question ici fait ici
référence clairement à une déréglementation, à une libéralisation du marché.
Donc, sans pour autant conserver le cadre actuel, dans le but d'améliorer l'offre
de services et sa qualité, comment évaluez-vous ce qui relève d'une
libéralisation et ce qui relève de modifications législatives? Malgré votre
constat concernant la nécessité de moderniser l'industrie, pourquoi la
libéralisation, à ce moment-là, vous apparaît comme étant la seule réponse aux difficultés
qu'il serait possible de dépasser par des modifications législatives?
• (17 heures) •
M. Simard (Luc) : Bien, nous,
ce qu'on estime, c'est que les modifications qui sont proposées nous donnent
une liberté d'action, nous donnent une liberté de négociation, nous donnent la
liberté de mettre en place des modèles qui vont répondre aux besoins du milieu,
qui vont être différents en Abitibi, ils vont être différents de chez nous.
Puis même chez nous, là, dans notre MRC, là, ça va être différent de ce que nos
voisins vont mettre sur place... sur pied, j'en suis parfaitement convaincu.
On a chacun nos réalités, nos façons de
travailler. Puis c'est ce qui est intéressant, dans cette loi-là, c'est que la <libéralisation,
bien... on va pouvoir passer des ententes avec tout le monde. Puis, dans
les périodes de pointe...
>
17 h (version révisée)
< M. Simard (Luc) :
... aux besoins du milieu qui vont être différents en Abitibi, ils vont être
différents de chez nous. Puis même chez nous, là, dans notre MRC, là, ça va
être différent de ce que nos voisins vont mettre sur place... sur pied, j'en
suis
parfaitement convaincu. On a chacun nos réalités, nos façons de
travailler. Puis c'est ce qui est
intéressant, dans cette
loi-là,
c'est que la >libéralisation, bien, on va pouvoir passer des ententes
avec tout le monde. Puis, dans les périodes de pointe, on va pouvoir avoir des
bénévoles, des gens de 60 ans, qui vont pouvoir aussi... des jeunes
retraités qui veulent en faire du transport qui vont pouvoir se lancer aussi.
Donc, je pense que la nouvelle loi va nous permettre d'être plus souples puis
d'offrir un meilleur service en ce sens-là.
M. Benjamin : Maintenant,
vous êtes la Fédération québécoise des municipalités. Une des choses que vous
défendez, c'est l'autonomie municipale. Est-ce que ce projet de loi qui est
devant nous aujourd'hui, quand... lorsqu'on connaît la réponse, entre autres,
du ministre par rapport aux demandes de Montréal, est-ce que vous êtes
satisfait du respect de l'autonomie municipale à l'intérieur de ce cadre-là?
M. Simard (Luc) : Jusqu'à
maintenant, oui. On n'a pas vu d'obstacles, là, nécessairement. Nous, on veut
que ça respecte tout ce qui était dans la reconnaissance des gouvernements de
proximité que nous sommes. Puis nous, on estime aussi que ça va nous faciliter
notre travail, effectivement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez encore deux minutes.
M. Benjamin : Je pourrais
aller avec une autre question, si vous permettez. Donc, aujourd'hui, donc, dans
le cadre du p.l. n° 17, donc le projet qu'on analyse
aujourd'hui, est-ce que vous avez pris le temps... l'enjeu du taxi
communautaire? Il me semble que c'est une piste qu'on... J'aimerais vous
entendre. Est-ce que vous avez eu des validations auprès... par exemple, il y a
eu des assises auprès des groupes communautaires pour, au niveau de leurs
volontés, que ça soit assumé. Est-ce que, pour vous, les enjeux en matière de
sécurité, de formation... qu'en est-il, par exemple, sur votre piste du taxi
communautaire?
M. Girard (Maxime) :
Bien, en fait, c'est un type de transport qui existe déjà. Cette offre-là est
déjà en place sur le territoire. Ce qu'on souhaite, c'est davantage une
reconnaissance du travail des bénévoles qui est fait par le versement d'une
légère compensation, comme on disait tout à l'heure, pour contrer aussi un
phénomène où, finalement, un revenu peut être versé et non déclaré à des gens
qui en font finalement une activité professionnelle ou presque.
Donc, l'idée, c'est plutôt de venir
contrôler un peu cette activité-là et d'inciter les bénévoles à s'impliquer dans
la communauté pour faire du transport au niveau des personnes qui sont
davantage dans le besoin et qui ont un besoin, évidemment, de mobilité.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, nous allons passer maintenant à la députée de Mercier, députée du
deuxième groupe d'opposition. Vous avez 3 min 55 s.
Mme Ghazal : Très bien. Merci,
Mme la Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation.
Vous en avez parlé un peu beaucoup, là, toute
la question, moi, qui me préoccupe beaucoup, c'est les personnes âgées,
vulnérables, qui habitent dans des endroits beaucoup plus éloignés, pas
facilement accessibles. Et on sait, là, pour briser l'isolement, le déplacement
est extrêmement important. Puis vous... Là, il y a eu les questions de mes
collègues, et ce que j'ai l'impression, c'est que vous dites qu'il n'y a pas de
problème. En libéralisant, il va y avoir du monde qui vont trouver leur compte
pour avoir des contrats avec vous puis qui vont trouver que c'est assez
rentable pour rester dans ces secteurs-là, les plus éloignés... et s'assurer
aussi qu'il n'y ait pas une surfacturation, parce que, s'il y en a une, bien,
les personnes âgées, c'est un petit peu la même chose que de les laisser isolées,
puis elles ne vont peut-être pas... elles ne voudront pas sortir puis elles
vont rester chez elles, et ça ne brisera pas leur isolement.
Donc, qu'est-ce qui vous fait dire que ces
compagnies-là, ces autres compagnies ou personnes vont trouver que c'est assez
rentable de continuer à faire affaire avec vous, de ne pas laisser les gens sur
le bord du chemin, mais d'aller à la porte de la personne, et ne pas se sentir,
par cette libéralisation, attirées d'aller dans des endroits où est-ce qu'elles
pourraient... la compagnie ou la personne pourrait gagner plus d'argent en
allant ailleurs vu que, maintenant, elle aura la possibilité de le faire?
Qu'est-ce qui vous rend si confiants que ça sera rentable à ce point-là puis
qu'ils vont ne pas regarder que ça pourrait être rentable pas mal ailleurs?
M. Simard (Luc) : Dans nos
petits milieux, comme j'ai mentionné tout à l'heure, on n'a pas de transport en
commun. Donc, le moyen de déplacement, c'est pratiquement toujours du taxi ou
souvent du taxibus, chez nous, qu'on appelle, là, le transport collectif, comme
on a mentionné.
Bien, le pourquoi qu'on va desservir ces
milieux-là, c'est parce que, comme MRC, c'est nous qui contrôlons une bonne
part des revenus des propriétaires de taxi en ayant des partenariats avec eux
autres au niveau du transport collectif. Donc, c'est un incitatif très, très,
très important de travailler avec nous, de desservir ces petits milieux là puis
aussi de maintenir des coûts qui sont acceptables.
Donc, nous, c'est l'angle sur lequel on le
prend, puis c'est l'angle sur lequel les ententes vont être signées aussi avec
les propriétaires de taxi, parce que les personnes âgées, effectivement, ont
besoin souvent d'un déplacement... On en a beaucoup qui veulent demeurer dans
leur petite communauté tissée serrée, ça, on le sait. Puis c'est souvent, par
contre, beaucoup plus facile de les transporter, parce que c'est souvent des
transports pendant la journée, des transports prévus d'avance. Donc, la
majorité des transports de personnes âgées, c'est via nos transports collectifs
qu'on les fait. Puis, via nos ententes avec les privés, on va être capable de
contrôler puis d'assurer un service adéquat à ces personnes-là comme milieu.
Parce que les personnes de taxi... Le <taxi...
M. Simard (Luc) :
...
parce que c'est souvent des transports pendant la journée, des
transports prévus d'avance. Donc, la
majorité des transports de
personnes âgées, c'est via nos transports collectifs qu'on les fait. Puis, via
nos ententes avec les privés, on va être capable de contrôler puis d'assurer un
service adéquat à ces personnes-là comme milieu.
Parce que les personnes
de taxi... Le >taxi spontané, si on peut dire, ce n'est pas seulement
les personnes âgées qui vont les prendre, là, c'est une autre clientèle.
Mme Ghazal : Ça fait
qu'actuellement vous dites que c'est ce que vous n'êtes pas capables de faire,
mais, avec le projet de loi, vous allez être capables.
M. Simard (Luc) : Ça va
être plus facile.
Mme Ghazal : Ça va être
plus facile. Puis par rapport à l'autonomie régionale... parce que le projet de
loi fait vraiment du mur-à-mur, mais, par certains aspects, vous dites qu'il
répond à ce que vous demandez. Mais il n'y a vraiment aucun... Il n'y a rien
dans le projet de loi qui pourrait être amélioré pour respecter un peu plus,
vous laisser gérer, vous, plus de façon plus autonome la gestion, là, du
transport collectif.
M. Simard (Luc) : Bien,
pour l'instant, je n'ai pas vu de contrainte majeure. C'est certain que c'est à
l'utilisation qu'on va voir si le véhicule nous convient bien. Donc, on va
apprendre à travailler avec la loi, puis ce qu'on aime dans la loi, c'est que
ça nous laisse une liberté de mettre en place des modèles qui nous ressemblent.
Tu sais, on ne veut pas se faire imposer un modèle, c'est comme ça. C'est ce qu'on
aime dans le modèle.
Mme Ghazal : Moi, ce que
je vous invite aussi peut-être à faire, parce que vous avez dit que vous n'avez
pas consulté les gens du taxi dans les municipalités, peut-être d'aller les
voir puis aussi de voir aussi leur point de vue. Parce qu'on a parlé de la
viabilité. Vous avez dit, vous, ce qui est important, c'est le service aux
usagers, moins qu'est-ce qui va arriver avec l'industrie. Mais on s'entend qu'il
y a une possibilité avec ce projet de loi là que l'industrie, dans le fond,
disparaisse telle qu'elle est. Puis on n'a pas parlé... Mais là on n'a plus le
temps, là, mais on n'a pas parlé...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois malheureusement vous couper la parole.
Mme Ghazal : ...de la
qualité du service aussi.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci, Mme la députée de Mercier. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
vous avez la parole.
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Content de vous voir aujourd'hui, puisque j'ai déjà siégé là où vous
êtes, à la Fédération québécoise des municipalités. Ce qui m'a d'ailleurs
beaucoup étonné dans votre présentation, c'est votre optimisme qui frôle le
jovialisme dans l'ouverture au libre-marché, alors que vous commencez votre
mémoire en parlant de dévitalisation. Et la plupart des services qui accentuent
la dévitalisation sont des services qui sont de l'ordre du libre-marché. La
raison pour laquelle les stations-service ferment, c'est qu'elles ne sont pas
rentables. Les dépanneurs ferment parce qu'ils ne sont pas rentables. Le
service cellulaire n'est pas offert parce que ce n'est pas rentable pour les
grands télécommunicateurs. Et il n'y a pas d'Internet en région parce que ce n'est
pas rentable.
Et là je me dis : Comment s'imaginer
qu'Uber vienne faire concurrence à des petits taxis de petites compagnies chez
vous, implantées, qui ne sont pas rentables? En fait, qui le seront... qui
tireront davantage le diable par la queue, s'il y a davantage de concurrence.
Vous le dites un peu, là, à la page 7. Donc, des entreprises de taxi vont
disparaître. Mais là je vois que vous vous positionnez comme donneur d'ordre en
disant : Bien, on va pouvoir négocier avec le gros bout du bâton pour les
compagnies qui vont rester. C'est un peu comme ça qu'il faut le comprendre pour
le taxibus ou pour le transport collectif par taxi, vous allez avoir le gros
bout du bâton pour négocier. C'est comme ça qu'il faut comprendre votre point
de vue sur l'implantation de services collectifs?
M. Girard (Maxime) :
En fait, je préciserais en disant plutôt qu'au niveau des entreprises qui
offrent du transport par taxi dans bien des régions, parfois, c'est du
transport qui se fait principalement de jour. Donc, l'offre est insuffisante ou
inexistante les soirs, les fins de semaine. Donc, c'est dans ce contexte-là où
il pourrait y avoir une bonification de l'offre faite aux citoyens par, par
exemple, un retraité qui désire finalement, peut-être, travailler quelques
heures-semaine et se rendre actif comme chauffeur dans une application comme
Uber, par exemple, pour venir compléter l'offre de services au moment où celle
des entreprises existantes de taxi est peut-être moins présente.
Et, au niveau des ententes, bien, ces
entreprises-là, c'est sûr qu'ils vont percevoir une possible compétition
additionnelle sur le territoire, donc évidemment qu'ils vont vouloir consolider
les partenariats avec les MRC qu'elles ont. Entre autres, au niveau du
transport collectif, je vois mal Uber faire du transport... adapté, pardon,
alors que les entreprises de taxi, elles en font. Donc, c'est en ce sens-là.
Je pense que l'idée, c'est plutôt de
bonifier l'offre de services actuelle plutôt que de la remplacer et mettre fin
aux entreprises de taxi. Ce n'est pas du tout le souhait...
• (17 h 10) •
M. Arseneau : Bien, en fait,
j'imagine, et c'est ce que personne ne souhaite, évidemment... mais est-ce que
vous ne craignez pas que, dans certaines régions, le fait d'avoir une
concurrence là où il y a du marché, par exemple, l'été ou à la sortie des bars,
à certaines heures ou à certains moments de l'année où la concurrence sera plus
grande, bien, que ça fasse en sorte que celles qui avaient un genre de pacte
social avec la communauté en ayant un permis à l'année pour desservir
l'ensemble du territoire 24/7, est-ce que ça les met en difficulté, et qu'ils
disparaissent, et qu'on ne se fie que sur monsieur ou madame retraité qui veut
faire du taxi quand ça lui adonne, que, finalement, on se retrouve avec des
ruptures de service importantes les trois quarts de l'année? Je parle du
transport évidemment individuel, le transport... l'offre aux particuliers.
Est-ce que ça ne risque pas <d'arriver?
M. Arseneau : ...que sur
monsieur ou madame retraité qui veut faire du taxi quand ça lui adonne, que,
finalement,
on se retrouve avec des ruptures de service
importantes les trois quarts
de l'année? Je parle du transport
évidemment individuel, le transport...
l'offre aux particuliers.
Est-ce que ça ne risque pas >d'arriver?
M. Simard (Luc) : Bien, dans
tout changement, il y a certains risques, on en est bien conscients, entre
autres, au début de... peut-être au début, il y a peut-être une période de
transition où ce risque-là est plus probable. Mais comme chez nous, on a quatre
permis, bien, il va-tu en rester deux? Peut-être. Peut-être qu'il va en rester
deux pour couvrir certaines périodes de pointe, tout dépendant comment que ça
va se déployer. Mais nous, ce qu'on veut faire, c'est de tisser des liens avec
les entreprises chez nous. On en a déjà, mais on couvre... chez nous, sur 25 000 habitants,
il y en a 15 000 de couverts.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous couper la parole, malheureusement. Alors, je vous souhaite une
belle fin de journée. Merci d'être venus à cette commission parlementaire. Bon
retour chez vous.
(Suspension de la séance à 17 h 11)
(Reprise à 17 h 12)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je demande aux représentants de la ville de
Montréal de bien vouloir prendre place, ce qui est fait. Nous recevons
M. Éric Alan Caldwell et Mme Sophie Mauzerolle. Vous avez la parole
pour 10 minutes. Merci d'être avec nous, et ensuite on pourra passer à la
période des échanges. Merci.
Ville de Montréal
M.
Caldwell (Éric Alan) : Merci, Mme la Présidente. Très fiers d'être ici
aujourd'hui et de participer à ce processus parlementaire, d'amener le point de
vue de Montréal. Vous m'excuserez, ça se peut qu'il y ait quelques petits
toussotements au cours de la présentation. On va essayer de les contrôler le
plus possible. Merci de nous recevoir.
La ville de Montréal déploie des efforts
importants pour développer les services de mobilité. Bien sûr, nous sommes
ouverts à l'arrivée de nouveaux acteurs et espérons que l'offre n'en sera que
bonifiée. Dans la mesure où ces nouveaux modes concurrencent la mobilité traditionnelle
via la mobilité durable, la ville de Montréal reconnaît le rôle du transport
rémunéré par automobile comme mode performant et essentiel au système de
mobilité pour réduire la dépendance à l'auto, tel que c'est affirmé dans la Politique
de mobilité durable du Québec. Ce projet de loi propose une nécessaire mise à
jour de la législation, mais par contre, adopté comme tel, ses répercussions
pour Montréal sont trop importantes.
Montréal, on le rappelle, 850 kilomètres
de pistes cyclables, 64 stations de métro, 220 lignes d'autobus,
7 250 vélos Bixi, 4 400 propriétaires de taxi régulier plus
deux autres en service restreint, 8 000 chauffeurs, des véhicules en
libre-service et en covoiturage et, bien sûr, l'arrivée des véhicules non immatriculés
en libre-service sans ancrage, ou vélos sans ancrage, ou trottinettes sans
ancrage. Le territoire de la métropole concentre près de 60 % de
l'industrie du taxi au Québec et la presque totalité de l'industrie de
transport rémunéré par automobile. Le cocktail de transport montréalais est
complexe, évolue très rapidement. Il faut être agile. On ne peut pas être
comparés aux autres systèmes du Québec. Montréal mérite donc une attention
particulière.
Le Réflexe Montréal, cette entente qui
nous lie, la métropole et le gouvernement du Québec, via le statut... la loi
sur le statut de la métropole, doit être invoqué. C'est une façon efficace et
agile de répondre aux particularités montréalaises. On invite donc le
gouvernement à le faire via une révision de ce projet de loi.
Toutes les métropoles nord-américaines
d'importance ont, d'une façon ou d'une autre, la capacité de réguler le
transport rémunéré. Avec cette loi et Montréal, on ferait donc figure
d'exception si on n'a pas des dispositions particulières pour la métropole.
Plus précisément, le projet de loi réduit les activités de la ville et du <bureau...
M.
Caldwell (Éric Alan) :
...projet de loi.
Toutes les métropoles nord-américaines
d'
importance ont, d'une façon ou d'une autre, la capacité de réguler le
transport rémunéré. Avec cette loi et
Montréal, on ferait donc figure
d'exception si on n'a pas des
dispositions
particulières pour la
métropole. Plus précisément, le projet de loi réduit les activités de la ville
et du >bureau du taxi. Le ministre retire de la charte de la ville la
possibilité de réglementer et de soutenir le développement de l'industrie du
taxi et du transport rémunéré par automobile. Il ne nous laisse que
l'application de la réglementation provinciale. Ironiquement, si ce projet de
loi est adopté comme tel, Montréal aurait plus de contrôle sur les trottinettes
en libre-service que sur les taxis.
Nous sommes étonnés de l'intention du
gouvernement à cet égard. Par contre, l'ouverture est là, via le Réflexe
Montréal qui nous lie. La ville de Montréal demande que le ministre reconnaisse
la réalité particulière de Montréal, qui est caractérisée par l'ampleur et la
complexité de son système de mobilité, la proportion de l'industrie du
transport rémunéré par automobile sur son territoire ainsi que son statut de
métropole internationale et touristique. L'arrivée des modèles d'affaires et
technologiques dont l'agilité est extrême nécessite un cadre législatif et
réglementaire qui permet, au besoin, d'agir rapidement.
La ville de Montréal demande donc que le
projet de loi prévoie les pouvoirs nécessaires pour mettre en place la
réglementation et les projets de développement qui, en matière de transport
rémunéré par automobile, permettront notamment, un, d'organiser l'offre et de
soutenir l'électrification de la flotte, d'assurer des standards de qualité à
un prix raisonnable, et ce, sur l'ensemble du territoire, d'assurer un nombre
suffisant de véhicules accessibles... pour l'accessibilité universelle et qu'il
prévoit également la possibilité pour le ministre de déléguer ces pouvoirs à
Montréal, question d'être plus agile.
Recommandation 2 qu'il y a dans notre
mémoire : que le projet donne les pouvoirs nécessaires à Montréal pour avoir
accès aux données du transport rémunéré par personne. Avec le projet de loi, le
gouvernement doit se donner à lui-même et à Montréal les outils pour mettre en
place rapidement et au besoin des méthodes d'optimisation de la mobilité. Les
données, c'est le nerf de la guerre. Il faut s'inspirer de métropoles comme São
Paulo, New York ou Londres. Le choix d'une méthode pour la métropole devra
s'appuyer sur l'analyse des données collectées et sur sa réalité propre. Pour y
arriver, il faut toutefois que le projet intègre déjà les outils qui
permettraient de mettre en place ces changements sans passer par un processus
lourd et complexe. Il est aussi nécessaire d'imposer la transmission des
données à l'ensemble des transporteurs rémunérés par personne.
À l'image du registre des taxis développé
par la ville et le Bureau du taxi de Montréal ou du règlement de la ville sur
les trottinettes en libre-service, les données collectées devraient couvrir au
minimum les déplacements géopositionnés, horodatés ainsi que les déplacements
vides, le nombre de passagers qui sont pris en charge et les tarifs appliqués.
Combinées avec d'autres données, elles permettront par exemple d'évaluer
l'impact sur la congestion, le transfert modal ou encore la complémentarité des
modes de transport. Le registre du taxi, tel que développé, je le répète, par
la ville et le Bureau du taxi de Montréal, offre une infrastructure qui
pourrait être utilisée conjointement par le gouvernement. Si le projet de lui
est adopté tel quel, la ville et le gouvernement n'auront ni les outils ni les
données nécessaires pour en contrôler les répercussions.
Premièrement, certains comportements sont déjà
envisageables, notamment une hausse de l'achalandage dans les zones déjà très
attractives et achalandées et, a contrario, une baisse de service dans les
zones moins rentables. Bien que le projet de loi introduise certains pouvoirs
dans le but de réguler la tarification appliquée par les répondants, le ministre
reconnaît dans son analyse d'impact réglementaire qu'il existe, et je cite, «un
risque que cette flexibilité s'opère au détriment des clientèles moins aisées
et vulnérables». C'est évidemment là un effet indésirable qu'on ne souhaite
pas.
De plus, si on ne limite pas le nombre de
véhicules qui effectuent du transport rémunéré, la congestion routière à
Montréal et la croissance des GES risquent de s'accentuer. Les études le
démontrent à cet effet qu'ailleurs dans le monde, des compagnies de transport
rémunéré dans les villes ont amené plus de véhicules sur certaines routes.
Deuxièmement, le projet de loi retire à la
métropole, porte d'entrée principale des touristes et du haut lieu d'affaires
de la province, la possibilité d'établir des standards de qualité et de
formation, mais aussi de déployer sa propre image de marque et de s'assurer de
recevoir un transport en français, image de marque, vous l'avez vue, le fameux
Bonjour Montréal qui commence à marquer l'esprit.
• (17 h 20) •
Troisièmement, la STM offre actuellement
89 % de son service de transport adapté par l'entremise des taxis, une
pièce essentielle. Or, la STM, bien sûr, est confrontée à une pénurie de
chauffeurs qui entraîne une détérioration de la fiabilité du transport adapté
et du taxi collectif. On reconnaît qu'en élargissant le bassin de fournisseurs,
le projet de loi apporte une solution potentielle à ce problème. Ceci étant
dit, des répercussions demeurent quant aux impacts possibles <de la...
M.
Caldwell
(Éric Alan)
:
Or,
la STM,
bien sûr, est confrontée à une pénurie de chauffeurs qui
entraîne une détérioration de la fiabilité du
transport adapté et du
taxi collectif. On reconnaît qu'en élargissant le bassin de fournisseurs, le
projet
de loi apporte une solution potentielle à ce problème.
Ceci étant dit,
des répercussions demeurent quant aux impacts possibles >de la tarification
dynamique. Le projet de loi ne prévoit pas les mécanismes pour veiller à ce que
le service de transport adapté et collectif soit protégé des courses les plus
lucratives et les plus intéressantes pour les chauffeurs.
Pour le reste de la présentation, je vais
passer la parole à ma collègue élue, Mme Sophie Mauzerolle, conseillère
associée à la mobilité et présidente du conseil d'administration du bureau du
taxi.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez deux minutes.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Merci beaucoup. Je vais essayer de faire ça rapidement. Juste vous dire que le
bilan de sécurité de l'industrie du taxi montréalaise s'est énormément amélioré
dans les dernières années. Ces améliorations-là sont dues, entre autres, aux
initiatives que le bureau du taxi a mises en place, qu'on parle de formation
continue, de réglementation encadrant l'âge des véhicules ou des inspections
visuelles obligatoires. Pourtant, il y a des assouplissements sur ces points-là
qui sont pressentis dans le projet de loi.
Montréal n'entend faire aucun compromis en
matière de sécurité. D'ailleurs, on croit que le gouvernement devrait faire de
même en ce qui a trait à la sécurité de tous les Québécois, particulièrement
dans un contexte où la ville et le gouvernement ont entrepris un processus
commun dans le cadre de notre approche Vision Zéro qui vise à éliminer les
collisions mortelles et avec blessés graves. Les initiatives et exigences du
BTM sont basées sur des données et des expériences probantes qui ont démontré
leur pertinence. On croit fermement que ces exigences-là devraient constituer
la norme au Québec. La ville de Montréal demande donc que toutes les
recommandations qui seront soulevées par le BTM, le bureau du taxi, dans le
cadre de cette consultation en matière de sécurité soient appliquées à
l'ensemble du Québec.
Avec l'adoption du projet de loi dans sa
forme actuelle, la ville s'inquiète du fait que seulement certaines entreprises
aient la capacité réelle d'être des répondants et que certains joueurs doivent
fusionner. Si le nombre de joueurs diminue et qu'un oligopole est créé, ça irait
à l'encontre même des objectifs de ce projet de loi là. Et, si les municipalités
et les sociétés de transport se retrouvent dépendantes des plus grands joueurs,
les risques d'impact sur l'offre et sur la qualité de service vont être
accentués.
La ville de Montréal demande donc que la réglementation
soit équitable envers tous les membres de l'industrie et que les impacts des
modifications législatives sur celle-ci soient analysés et chiffrés. La ville
s'inquiète par ailleurs des impacts sociaux et économiques que devront subir
plusieurs familles montréalaises en raison de la perte de valeur des permis.
Les décisions qui ont été prises antérieurement sur le plan législatif ont créé
une valeur pour ces permis-là, et le gouvernement a la responsabilité sociale
d'assurer une compensation entière pour la perte de ces valeurs. La ville de
Montréal demande donc qu'une compensation entière soit offerte aux
propriétaires de permis de taxi touchés par les changements dans l'industrie.
Enfin, la ville est très inquiète de la
possibilité que le gouvernement applique les...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. Pardon.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Vous me donnez une demi-seconde pour faire un petit «wrap-up»?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, on va le prendre sur le temps du ministre.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
C'est très gentil. Très rapidement. La métropole a besoin d'outils
réglementaires et de développement pour s'assurer de demeurer proactive dans
l'organisation de la mobilité sur notre territoire, mais aussi dans le maintien
des standards élevés de sécurité et de qualité de service qui soient dignes
d'une métropole internationale.
Dans la perspective de l'entente Réflexe
Montréal qui nous lie, Québec et Montréal, dans le cadre de notre statut de
métropole, le gouvernement doit reconnaître que le rôle de la métropole ne peut
se réduire à l'application de la réglementation provinciale en matière de
transport. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup, madame, monsieur. Alors, M. le ministre, vous avez 23 minutes.
M.
Bonnardel
:
Merci, Mme la Présidente. Merci d'être là.
Je vous écoute, et j'ai lu, et la première
chose qui me vient en tête, c'est le mot «client». C'est pourquoi j'ai écrit
cette loi, qu'on a écrit cette loi et pourquoi on l'a déposée. Je vous écoute,
et le mot «client», je ne le retrouve pas beaucoup et, quand je vous lis, j'ai
l'impression de voir un scénario catastrophe à Montréal. Vous dites : «Ce
faisant — et je cite le mémoire — il uniformise les règles
du jeu à l'échelle de la province, sans tenir compte des spécificités de la
métropole, ce qui entraîne un potentiel de pertes de mobilité, de sécurité et
de qualité de service.» Vous dites ça.
J'ai habité la moitié de ma vie à
Montréal. Je connais assez bien Montréal. J'ai vu une industrie qui, voilà 40 ans,
s'est implantée par des permis que le gouvernement a émis. Il y a eu de la
spéculation, et certains prétendent aujourd'hui que c'est un placement. Je
n'embarquerai pas là-dessus. Et depuis 40 ans, vous m'avez sûrement
entendu le dire, vous le savez, il y a moins de taxis à Montréal par habitant
aujourd'hui qu'il y en avait voilà 40 ans. Personne ne peut nier ça.
Est-ce que l'offre de taxi est adéquate à
Montréal aujourd'hui? Je pense, quand on regarde ce qui se passe présentement
avec l'arrivée des nouveaux joueurs et possiblement d'autres, vous ne pouvez
pas nier le fait que l'offre, je la considère déficiente. Est-ce qu'elle peut
être améliorée? Assurément.
<On va...
M.
Bonnardel
:
...est adéquate à
Montréal
aujourd'hui? Je pense, quand on
regarde ce qui se passe
présentement avec l'arrivée des nouveaux joueurs
et
possiblement d'autres, vous ne pouvez pas nier le fait que l'offre,
je la considère déficiente. Est-ce qu'elle peut être améliorée? Assurément.
>On va détruire certains mythes.
Vous dites sécurité. Je l'ai répété, jamais, jamais, jamais, au grand
jamais on ne va réduire les charges administratives au détriment de la sécurité
des usagers et des clients. Ça veut dire quoi? Vous le savez qu'il y a une
formation qui est disparate partout au Québec. Que ce soit sept heures, que ce
soit le 35, que ce soit Québec ou que ce soit le 160 de Montréal, ça va être
uniforme partout au Québec. Quel sera le nombre d'heures? On va le définir.
Est-ce qu'on va demander une formation additionnelle pour le transport adapté?
Je pense que vous seriez d'accord avec ça aussi. Est-ce qu'on va s'assurer
qu'il y a une inspection de tous les véhicules? Assurément. Est-ce que le
pouvoir ou la spécificité de Montréal, je vous la laisse, dans une certaine
mesure, avec le BTM, bureau de taxi? Oui. Vous n'avez juste plus... vous perdez
seulement une sorte de barrière à l'entrée. Vous dites : Il y a plus de
véhicules à Montréal. Vous prétendez ou certains prétendent qu'il y a plus de
véhicules à Montréal. La seule région, en 2018, où il y a eu une baisse du
nombre de véhicules immatriculés au Québec, hormis le Nord-du-Québec, c'est
Montréal, en 2018. Il y a moins de véhicules à Montréal en 2018 que voilà 2017.
Vous dites augmentation de GES et
tout ça. Je pense personnellement, avec tous ceux qu'on a entendus et tous ceux
avec qui on a parlé, que ce soit l'Union des municipalités du Québec, la FQM et
autres, vous devez concevoir que le modèle que l'on connaît au Québec
aujourd'hui ne peut plus fonctionner. On ne peut pas assurer la pérennité des
transports, du transport rémunéré de personnes si on continue comme le modèle
que le Québec a bâti dans les 40 dernières années.
Alors, quand on dit : Perte de
mobilité, de sécurité et de qualité de service, moi, je vous dis, on donne des
outils aujourd'hui par cette loi. On donne des outils à l'industrie du taxi,
qui fait 40 millions des 50 millions de courses au Québec.
40 millions sur 50. On donne tous les outils pour que cette industrie
assure sa pérennité dans le futur. Ça, c'est le point premier. On ne s'est pas
levés un matin en se disant : Tiens, on fait une loi puis on va essayer de
mettre des bâtons dans les roues le plus possible dans l'industrie du taxi. Ce
n'est pas ça, là. On s'est dit : Comment on va assurer... Tantôt, on avait
la chambre de commerce, on parlait de transport autonome. En 2016, ils disaient :
Ça s'en vient. Ah non! c'est utopique de s'imaginer que le véhicule autonome
sera là. Il va être là, là. Il est là dans d'autres provinces canadiennes, il
est là aux États-Unis présentement.
Et je vous ramène à une chose : le
client et l'usager. C'est à lui avant toute chose qu'on doit pense et donner
les outils à ce client, à cet usager qui utilise ça ou son téléphone
conventionnel d'obtenir un service adéquat, avec un coût concurrentiel. C'est
ça, le défi qu'on s'est donné. C'est ça, le défi que je me suis donné. Je n'ai
pas la prétention de dire que la loi est parfaite. C'est pour ça que vous êtes
là, c'est pour ça que les oppositions sont là puis c'est pour ça qu'on est là à
se questionner, jour après jour, en se disant : Qu'est-ce qu'on pourrait
peut-être amener de plus?
Alors, ma première question :
Pourquoi, selon vous, ce scénario catastrophe? Pourquoi, selon vous, je devrais
vous donner le pouvoir de définir une offre à Montréal qui ne fonctionne plus
aujourd'hui? Pourquoi je voudrais vous donner ça quand aujourd'hui, on regarde
le système comme on le connaît et ça ne fonctionne pas? À vous.
• (17 h 30) •
M.
Caldwell (Éric Alan) : Merci, M. le ministre. Je vais prendre ça par
la fin. Vous dites : une offre qui ne fonctionne plus. C'est faire fi des
améliorations qu'il y a eues dans la qualité du service et dans la
planification de l'offre du taxi ces dernières années, entre autres à cause du
bureau du taxi qui est agile dans la façon de proposer des modèles, qui est
agile dans la façon de proposer des mesures particulières qui répondent à notre
réalité montréalaise.
Soyons clairs, nous, nous n'avons pas la
prétention d'avoir les réponses pour l'industrie du taxi pour l'ensemble de la
province. Vous dites : Les solutions viendront pour tout le monde en même
temps, pour l'ensemble de la province. Nous, notre prétention, c'est qu'à Montréal
on a une situation particulière où l'offre de taxi fait partie d'un continuum,
d'un cocktail de services de la mobilité durable. Il y a cette situation
particulière où l'offre de taxi est souvent le complément du transport public,
du transport actif. On développe un concept de pôle de mobilité à Montréal, de
mobilité intégrée, avec des <comptes clients, pour que, comme c'est un
souhait...
>
17 h 30 (version révisée)
<
M.
Caldwell (Éric Alan) :
...de cocktails de services
de la
mobilité durable.
Il y a cette
situation particulière où l'offre
de taxi est souvent le complément du transport public, du transport actif.
On développe un concept de pôle de
mobilité à
Montréal, de mobilité intégrée avec des >comptes
clients pour que, comme c'est un souhait partagé... je le sais que c'est
partagé par vous, parce que vous avez réitéré la Politique de la mobilité
durable. C'est un souhait qu'on a à Montréal d'investir dans la mobilité
durable et de voir une diminution de l'auto solo. Pour avoir une diminution de
l'auto solo, il faut que le taxi ne soit pas qu'un substitut à l'auto solo,
mais qu'il s'inscrive dans un continuum de transport, et ça, il y a des
solutions de transport qu'on n'a pas ailleurs. Bixi, c'est à Montréal, les VLS
sont performants à Montréal, l'attractivité du centre-ville est inégalée au Québec.
Donc, tout ce qu'on se dit, c'est qu'avec
des données on va savoir sont où les taxis, on va savoir sont où les différents
pourvoyeurs du transport par personne et on va arriver... on aura cette agilité-là,
avec les moyens dont on s'est dotés, dont... je donne comme exemple d'un de ces
moyens, le registre du taxi. Je vous ai souvent entendu, M. le ministre, dire :
Souvent, il y a des courses à vide à cause des territoires. Bien, justement,
nous, avec notre registre, on est en train de colliger les données sur chaque
taxi, est-ce qu'il est à plein, à vide, le nombre de passagers, les tarifs
utilisés. Donc, on se doit de répondre aux défis de mobilité, pas avec un
modèle unique, mais avec un modèle dynamique, où on l'adapte à nos situations
particulières.
Il y a, et je vais laisser ma collègue
compléter, il y a des défis pour l'industrie du taxi. Nous n'avons pas la
prétention de dire : Il doit y avoir le statu quo et le système actuel est
parfait. D'ailleurs, vous dites que notre mémoire fait appel à un scénario
catastrophe. On reconnaît quelques avancées et quelques constats pour lesquels
on a besoin de modifications. Donc on salue le fait qu'on se penche sur une évolution
réglementaire. Mais une chose qui est certaine, c'est que ce qui a été un des
défauts de l'industrie du taxi, c'est qu'on pensait avoir un modèle unique qui
convenait, qui était bon, qui était parfait, alors qu'on a réalisé qu'à Montréal
on avait besoin d'une couche supplémentaire de planification adaptée, et c'est
tout, ni plus ni moins, ce qu'on demande. Je vais laisser ma collègue
compléter.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Oui. Bien, je vous entends beaucoup parler des clients, toutes nos préoccupations
aussi sont liées à ça. C'est la préoccupation d'être capable de desservir finalement
tous nos citoyens et citoyennes. C'est la préoccupation qu'on ne se retrouve
pas avec des citoyens, dans Pointe-aux-Trembles, qui ne sont pas en mesure
d'avoir accès à un service parce que c'est plus intéressant pour les taxis
d'aller à Pointe-aux-Trembles alors qu'ils peuvent aller au centre-ville avec
une tarification dynamique. C'est une préoccupation qu'on a. C'est la
préoccupation aussi de s'assurer qu'on a un centre-ville qui est vivable, qui
n'a pas une densification extraordinaire parce qu'il y a trop de voitures au
centre-ville, que nos clients et nos citoyens et citoyennes puissent se
déplacer, dans le centre-ville, de manière adéquate. C'est de s'assurer aussi
que la qualité de service est au rendez-vous. Vous en parliez, les clients à
Montréal s'attendent... bien, partout, je crois, s'attendent à un service qui
est de qualité. Le BTM avait ce mandat-là de pouvoir, par exemple, bonifier la
formation des chauffeurs en lien avec les spécificités métropolitaines dont
parlait mon collègue.
Il y a énormément d'autobus, il y a
énormément de vélos. C'est complexe, la conduite à Montréal, et on doit
s'assurer que les chauffeurs sont en mesure de donner un service adéquat dans
ce contexte de conduite là. On veut s'assurer que les chauffeurs sont capables
de donner un service adéquat pour des personnes à mobilité réduite, pour des
gens qui ont des vulnérabilités, pas nécessairement juste dans le cadre du
transport adapté, mais dans le cadre de leur service au quotidien. Je pense que
les gens à mobilité réduite ont le droit de prendre le taxi, pas juste dans le
cadre d'un transport adapté, mais ils pourraient aussi vouloir prendre un taxi
comme tout autre citoyen. On veut pouvoir s'assurer que les chauffeurs puissent
donner un service en français, ce qui n'est pas garanti pour l'instant.
Donc, il y a toutes sortes de données qui
font en sorte que le bureau du taxi avait vraiment un rôle non seulement de
régulation du marché, mais aussi de bonification puis d'amélioration de cette
industrie-là au bénéfice des clients puis au bénéfice des citoyens et
citoyennes de Montréal, au bénéfice de ses touristes.
M.
Caldwell (Éric Alan) : Et je rajouterai, le bureau du taxi, la
réglementation montréalaise s'inscrivait dans le cadre de la réglementation
provinciale. L'un n'exclut pas l'autre.
M.
Bonnardel
:
Vous savez, je vous écoute, si notre modèle ou votre modèle avait été un succès
à Montréal, les nouvelles technologies n'auraient jamais fonctionné, pour ne
pas les nommer. Si ça avait été un succès, si l'offre avait été adéquate,
pourquoi ces nouvelles technologies ont fonctionné? Pourquoi une nouvelle comme
Eva veut s'implanter? Pourquoi Lyft sera peut-être là demain matin? Je reste
persuadé, puis je vous le dis respectueusement, je reste persuadé... et je l'ai
dit à l'industrie du taxi, ce sont eux, les professionnels. Ce sont eux qui
font 40 millions des 50 millions de courses au Québec. Avant toute
chose, là, ce n'est pas à Uber, à Lyft et à Eva que j'ai pensé, c'est à eux.
Avec cette <loi...
M.
Bonnardel
:
...Lyft sera
peut-être là demain matin? Je reste persuadé, puis je vous
le dis respectueusement, je reste persuadé... et je l'ai dit à
l'industrie
du taxi, ce sont eux, les professionnels. Ce sont eux qui font 40
millions
des 50
millions de courses au
Québec. Avant toute chose, là,
ce n'est pas à Uber, à Lyft et à Eva que j'ai pensé, c'est à eux. Avec cette >loi,
on l'a écrite pour eux avant toute chose, pour être capable d'assurer la
vitalité puis la pérennité de l'industrie.
Là, vous me dites : Moi, je veux
revenir un peu en arrière. On sort du principe même de la loi qui est d'abolir
les quotas puis les territoires d'agglomération, puis vous me dites :
Redonne-moi mes pleins pouvoirs à Montréal, je sais comment ça marche. C'est un
peu ça que vous me dites. Peut-être pas de cette façon, mais vous me dites :
On a un modèle qui fonctionne, on l'a amélioré. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
eu des efforts de faits, là. Il y a eu des... Il y en a eu une, modernisation.
Je sais qu'il y a eu des applications qui ont été mises en place. Je le sais, mais
à quelque part, vous ne pouvez pas me demander de revenir à une gestion de l'offre
et de vous donner des pouvoirs en disant : On va définir, nous, à Montréal,
notre spécificité quand, partout ailleurs au Québec, on va libéraliser un
marché qui, soit dit en passant, va être au bénéfice de qui avant toute chose?
L'usager, le client.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
En fait, on a peut-être été un petit peu ralentis dans notre élan. On a parlé
du fait que les artisans de l'industrie du taxi avaient beaucoup amélioré leur
offre dans les dernières années. On était, à Montréal, en plein dans ce processus-là.
On devait revoir toute notre réglementation, on devait revoir la formation et
on avait mis en place une démarche assez innovante, là, à laquelle tous les
artisans de l'industrie ont participé et faisaient front commun. Il y avait vraiment,
là, une belle consolidation des différents acteurs. On sait que c'est quand
même un milieu qui est assez fragmenté parfois. Et tout le monde était au rendez-vous,
tout le monde était à la table dans cette perspective-là de moderniser notre réglementation
et de la rendre plus flexible et plus agile pour permettre l'innovation, pour
permettre une amélioration au niveau de son bilan environnemental entre autres.
Donc, on était dans cette démarche-là.
Donc, je ne dis pas que l'industrie, en ce
moment, est parfaite, mais on était vraiment dans un processus, là, de
bonification de services qui fonctionnait à merveille et auquel tous les
acteurs étaient présents. On a d'ailleurs des données très probantes, là, en
termes de clientèle aussi, que ça soit des clients montréalais et des clients touristiques
qui ont vraiment noté, dans les dernières années, une amélioration du service
de la part des artisans et qui ont plus confiance aussi envers le modèle, ce
qui est rapporté aussi, là, par nos partenaires corporatifs comme, entre autres,
certains hôtels, etc., qui ont vraiment vu une bonification de ce service-là.
Donc, on était sur une lancée. Je vais laisser peut-être mon collègue
poursuivre.
M. Caldwell
(Éric Alan) : Mais, M. le ministre, comment dire, ce que vous dites,
ce que je crois comprendre de ce que vous dites, c'est que vous êtes
insatisfait de la situation après 40 ans. Le service de taxi pourrait être
meilleur, soit, on en convient.
Là, vous avez devant vous des représentants
de la ville de Montréal qui, avec leur expertise, avec leur bureau du taxi ne
disent pas : La situation est parfaite, elle doit être sclérosée, on ne
doit rien changer. Mais on doit s'entendre sur les objectifs, sur comment faire
améliorer cette industrie. Et on doit être encore plus agile avec les
structures qu'on a en place à Montréal pour améliorer cette offre de services.
Prenons l'exemple des territoires que je
vous ai entendu citer souvent à la radio. Vous avez raison de dire que ça n'a
pas de bon sens qu'un taxi prend quelqu'un, l'amène à quelque part puis il ne
peut pas faire le trajet inverse, il est obligé de voyager à vide. Le voyage à
vide de l'industrie du taxi, ça doit être un objectif commun, justement, qu'on
doit régler.
Et c'est pour ça qu'on vous propose... Vous
avez insisté sur un scénario catastrophe? On vous propose moult solutions dans
ce mémoire-là, justement pour avoir des données, pour collecter des données,
pour arriver à des solutions encore plus innovantes, d'aller plus loin dans cet
objectif que vous avez de ne pas faire des transports à vide. On a mis en place
le registre des taxis qui nous permet de documenter l'ensemble des transports à
plein, à vide, à quel tarif, au nombre d'usagers. On vous ouvre la porte à
travailler ensemble avec ces outils-là. On le met à la disposition. Et je ne
comprendrais pas que, pour le client, que pour le client, justement, pour une
efficacité du système de transport de taxi, vous ne saisissiez pas
l'opportunité qui vous est donnée d'utiliser l'expérience montréalaise, la
spécificité montréalaise, les structures montréalaises pour améliorer l'offre
de services.
• (17 h 40) •
M.
Bonnardel
:
Je veux vous rassurer sur une chose, les données, à l'article 80 et à l'article 86,
un répondant ou un répartiteur devra obligatoirement donner ces données au MTQ.
Et vous comprendrez qu'on ne travaillera pas en vases clos, là. Pas question qu'au
MTQ on garde ces données en se disant : O.K. On a ça, on fait quoi avec?
Pour nous, les partager avec nos partenaires qui sont transport... ceux qui
étaient avec nous tantôt, là, que ce soit Montréal, que ce soit Laval, que ce
soit autre, mais on va le faire.
Le défi que j'ai, c'est de mettre en place
une politique de mobilité durable. Vous l'avez dit, je l'ai mentionné, c'est de
réduire l'auto solo, c'est d'amener les changements de <comportement.
M.
Bonnardel
:
...avec nos partenaires qui sont transport... ceux qui étaient avec nous
tantôt,
là, que ce soit
Montréal, que ce soit Laval, que ce soit autre, mais on
va le faire.
Le défi que j'ai, c'est de
mettre
en place une
politique de
mobilité durable. Vous l'avez dit, je
l'ai mentionné, c'est de réduire l'auto solo, c'est d'amener les changements de
>comportement. J'ai annoncé ce matin, là, le REM, un prolongement
possible où... la caisse va étudier ce prolongement vers l'est de Montréal,
vers le sud, vers le nord. Donc, dans ces conditions, on a un défi, vous avez
un défi de changer ces comportements. On va y arriver, ce ne sera pas simple,
mais on va y arriver.
Et là vous me dites... puis je répète ce
que je vous ai dit. Le BTM, la valorisation de l'industrie du taxi, ce rôle va
demeurer. L'application des règles, ce rôle va demeurer. La seule chose qui va
changer, c'est les barrières à l'entrée. Alors là, vous, vous me dites :
Les permis ou la gestion de l'offre, on va le dire comme ça... les permis
n'existeraient plus dans votre modèle, mais nous, on veut implanter un régime
de gestion de l'offre, on veut une taxation dynamique. Ça, je pense qu'on le
met en place, des zones interdites aux taxis, des contraintes de rabattement
vers le transport en commun.
Alors, vous me dites un peu, là : On
revient en arrière. Moi, si on me parle de gestion de l'offre à Montréal spécifiquement,
je ne vois pas en quoi l'usager ou le client va en sortir gagnant.
M.
Caldwell (Éric Alan) : Quand vous dites, M. le ministre, la seule
chose qui va changer, c'est la barrière à l'entrée, ça amène quelques nuances,
là. On enlève complètement, dans la Charte de la Ville de Montréal, le pouvoir
de compléter la réglementation et le rôle essentiel du bureau du taxi. Je vais
laisser ma collègue présidente du bureau du taxi revenir là-dessus.
Je vais revenir sur le début de votre intervention,
sur changer les comportements. C'est exactement ça, le nerf de la guerre. Pour
changer les comportements pour la mobilité, pour le transport rémunéré des
personnes, dans un contexte d'une métropole, dans un contexte montréalais, il y
a des stratégies qui sont différentes. Et j'ai aimé, M. le ministre, quand vous
avez dit, au début : J'ai vécu à Montréal. Je le sais, moi aussi, j'ai
vécu à Montréal, j'ai vécu à Sherbrooke et j'ai vécu à Coaticook.
Les stratégies de mobilité sont
différentes dépendamment du contexte, et, dans un contexte métropolitain, il y
a un rôle que peut jouer le taxi comme nulle part ailleurs, pour le transport
adapté, pour compléter le fameux «last mile» via des taxis collectifs, pour une
aide aux clientèles vulnérables, pour une intégration à la mobilité intégrée,
que ce soit le transport collectif, que ce soient les vélos en libre-service,
les autos en libre-service. Dans cette stratégie pour changer le comportement,
on voit un grand rôle pour le taxi, et ce rôle-là ne sera que bien défini si on
l'adapte au contexte montréalais, et c'est ce qu'on vous offre.
Mme Mauzerolle (Sophie) : On
a besoin...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget. Oh! excusez. Excusez.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Oui, bien, très rapidement, en fait, pour compléter ce que mon collègue disait,
à Montréal, on a quand même un certain contrôle sur le métro, on a un contrôle
sur nos autobus, on a un contrôle sur nos VLS, on a un contrôle sur nos Bixi.
Ça serait quand même assez surprenant que, de tout ce cocktail de mobilité là,
qu'on essaie de faire travailler ensemble pour offrir un service, je répète, de
qualité à notre clientèle, à nos citoyens, à nos touristes, qu'on ait un
contrôle sur tous ces aspects-là de notre mobilité, sauf sur celui du taxi.
Et c'est là où je veux revenir sur le rôle
du bureau du taxi. M. Bonnardel, vous disiez que c'est seulement les barrières
à l'entrée qui disparaissaient dans le cadre du projet de loi. Or, toute la
mission du bureau du taxi, qui est une mission de déployer cette industrie-là,
de l'accompagner, d'être finalement l'instance qui rassemble tous ces
acteurs-là... parce qu'il y a beaucoup d'acteurs autour de l'industrie du taxi
ou il y a beaucoup d'acteurs autour du transport rémunéré de personnes. Donc,
cette instance-là avait un rôle de développement de cette industrie-là, et il
n'est plus dans le projet de loi tel qu'il est actuellement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de Bourget, vous avez la parole.
M. Campeau : Oui. Bien, M.
Caldwell, on se connaît un petit peu. Bien, on est quand même dans la même
région.
M.
Caldwell (Éric Alan) : ...l'arrondissement...
M. Campeau : C'est ça,
Mercier, Hochelaga-Maisonneuve. On parle toujours de réduire l'auto solo, puis,
si on pense à ça, sur la rue Sherbrooke en particulier, il y a des voies
réservées. Souvent, c'est réservé à la fois aux autobus et aux taxis, mais
souvent on voit des gens qui vont prendre un taxi et qui sont tout seuls comme
passager dans le taxi puis qui prennent une voie réservée. Personnellement,
j'ai toujours eu un immense malaise avec ça, parce que je me dis : C'est
quasiment de l'auto solo, mais pour les personnes qui sont capables de payer
plus cher que de prendre l'autobus.
Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
par la ville? Est-ce que vous avez l'intention de faire un changement par
rapport à ça? Parce que ça me semble injuste, ce bout-là.
M.
Caldwell (Éric Alan) : Très intéressant, M. Campeau. Justement, sur
les voies réservées, il y a des voies réservées dans plusieurs municipalités du
Québec, mais, avec l'investissement qu'on fait dans notre réseau d'autobus, on
va bonifier la flotte d'autobus de 16 %, comme ça, à Montréal, dès l'an
prochain. Le rôle des voies réservées est fondamental. Et quelle est la place,
justement, du taxi dans l'utilisation de ces voies réservées, <du...
M.
Caldwell (Éric Alan) :
...réservées,
il y a des voies
réservées dans
plusieurs
municipalités du
Québec, mais,
avec
l'investissement qu'on fait dans notre réseau d'autobus, on va
bonifier la flotte d'autobus de 16 %, comme ça, à
Montréal, dès
l'an prochain. Le rôle des voies réservées est fondamental. Et quelle est la
place,
justement, du taxi dans l'utilisation de ces voies réservées, >du
taxi ou de l'autre...
Une voix
: Covoiturage.
M.
Caldwell (Éric Alan) : ...du covoiturage ou du transport de personnes?
Ça fait partie... Et il a été rassurant d'entendre la mise au point du ministre
là-dessus, sur l'importance d'avoir des données pour... justement, avec une
emprise réservée, qui est une voie réservée pour l'autobus, qui est le système
de transport collectif le plus performant, comment est-ce qu'on réussit à
l'optimiser encore avec d'autres moyens? C'est ce genre de modulation, d'évolution,
d'agilité dont il faut faire preuve à Montréal, et vous en faites une bonne
illustration.
Vous avez raison de dire que le système en
place n'est pas optimal et qu'on doit l'améliorer. Là-dessus, M. le député, je
vous l'accorde, et ça fait partie, justement, du rôle bonifié qu'on voit du
taxi, du covoiturage et du transport des personnes. Et vous donnez là un bon exemple
de choses qui doivent être améliorées à Montréal et pour lesquelles, quand on
fait une planification pour l'ensemble des modes de transport, pas que les
autobus en vase clos, pas que le taxi en vase clos ou les vélos en vase clos...
Il y a des voies réservées aussi qui permettent le vélo. Donc, l'ensemble de
cette planification de mobilité particulière sur le territoire montréalais, on
doit l'améliorer, et vous citez un exemple, justement, très probant à ce titre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois passer à l'opposition officielle. Il restait trois secondes, donc... M.
le député de La Pinière, allez-y.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente Alors, je pense que, depuis le début... depuis le dépôt du projet de
loi, je pense qu'on vient de vivre le moment le plus tendu dans l'évolution du
projet de loi. J'ai senti le ministre qui se sentait quasiment attaqué, là, par
votre mémoire. Je ne pense pas que ce soit le cas, mais quand même c'était un
peu révélateur, là, c'était particulier. Maintenant, écoutez, d'abord, je
vais commencer par faire amende honorable. Si vous avez écouté les médias
aujourd'hui, vous m'avez entendu vous critiquer parce que... On a reçu le
mémoire très tard, j'aurais aimé ça l'avoir plus tôt, parce que je vais vous
dire une affaire, c'est pas mal un bon mémoire. Je vais vous dire ça. Et, quand
j'entends le ministre nous dire que votre mémoire fait état ou prévoit un
scénario catastrophe, que le mot «client» n'est pas là, que ça ne parle de
sécurité et de qualité, moi, ce n'est pas ça que je vois, là, dans votre
mémoire, là. Puis je vais avoir quelques questions à vous poser à cet effet-là.
C'est sûr que, quand le ministre parle de
son projet de loi, c'est toujours... c'est un peu un mantra, là : Il y a
moins de taxis à Montréal qu'avant, 40 millions de courses, ça va donner
50 millions, tatata. Bon, on sait ça, là.... puis le client d'abord. Ça,
on est tous d'accord avec ça, hein? Puis, comme je l'ai dit aujourd'hui, on est
tous pour la modernisation. Même l'industrie du taxi elle-même est pour la
modernisation, mais dans un contexte qui est plus contrôlé, contrôlé au sens
où, comme je l'ai dit avec le groupe précédent, à un moment donné, on est là
pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'effets collatéraux délétères ou abusifs. On
est là pour ça.
Mais vous, votre mémoire, là, il n'est pas,
là... Votre mémoire, là, je ne l'ai pas vu dans ce sens-là. Je l'ai vu même
très positivement. Puis, à un moment donné, je me demande si le ministre
lui-même voit le potentiel de son projet de loi et je m'explique. Vous êtes là,
là, et vous insistez... vous n'avez pas suffisamment insisté à mon goût sur un
élément qui est dans votre projet de loi, qui est celui de la donnée. Et là je
vais rentrer dans le détail, et on va parler de ça. Alors, vous avez, vous...
Et moi, là, quand je lis votre mémoire, là, je vois une organisation, qui est
la ville de Montréal, qui est la région la plus populeuse du Québec et qui a la
plus haute densité du Québec, qui a à coordonner... Là, je suis quasiment
rendu, là, votre porte-parole pendant quelques minutes. Ce n'est pas mon
intention, mais ça adonne de même.
Alors, moi, je vois une organisation, là,
qui a la plus grande densité, la plus grande population, qui a à coordonner la
mobilité, avec un M majuscule, au sens global du terme. Le sens global du
terme, évidemment, c'est le taxi ou le transport rémunéré de personnes. Mais j'ai
bien aimé votre image, parce que c'est une réalité qui existe, je l'ai essayée
moi-même dans une autre ville, la trottinette électrique, l'autobus...
Des voix
: ...
• (17 h 50) •
M. Barrette : Non, non, c'est
vrai, je l'ai essayée pour de vrai. C'est dangereux, cette affaire-là, à la
vitesse à laquelle ça va. Je vais vous dire une affaire, en Europe, là, je peux
vous dire que... On peut même avoir beaucoup de plaisir avec cette affaire-là.
À ne pas conseiller à de jeunes exaltés.
Mais vous avez à coordonner ça, là. Vous
avez à coordonner le transport adapté, vous avez à coordonner tout ce qui
transporte du monde. Et tout ce qui transporte du monde, c'est ce qui <transporte...
M. Barrette : ...je peux
vous dire que... On peut même avoir
beaucoup de plaisir avec cette
affaire-là. À ne pas conseiller à de jeunes exaltés.
Mais vous avez à coordonner ça, là.
Vous avez à coordonner le
transport adapté, vous avez à coordonner tout
ce qui transporte du monde. Et tout ce qui transporte du monde, c'est ce qui >transporte
du monde aujourd'hui et c'est ce qui transportera du monde demain. Et là vous
avez à coordonner ça, n'est-ce pas? Et, quand le ministre dit qu'il ne voit pas
le client là-dedans, moi, c'est rien que ça que je vois dans votre présentation,
le client, parce que la beauté de la possibilité de ce qui s'en vient... parce
qu'on n'était pas là il y a trois ans, puis on n'était pas là il y a cinq ans,
puis on n'était pas là il y a six ans, ni 10 ans. Là on arrive avec
une multiplication des moyens de transport et avec le potentiel qui est celui
de la gestion de données. Le potentiel de la gestion de données, ça commence
par acquérir de la donnée, et je vois, dans votre mémoire, que vous avez une
vision assez détaillée, par les tableaux que vous nous avez déposés, des
données que vous recherchez. Et, pour instruire le ministre, alors que je ne
sais pas s'il l'a vu comme ça, mais la clé de la donnée, c'est son temps réel,
et vous l'avez dit dans votre mémoire.
Comme je vous ai dit, je l'ai lu en
diagonale, mais, quand j'ai vu ça, j'ai zoomé dessus parce qu'en réalité, ce
que vous proposez, c'est devenir l'Uber de Montréal, parce que vous allez
coordonner, en gérant la donnée, si elle est en temps réel, tout, en passant
même par l'autobus et le métro. Vous coordonnez tout, absolument tout. Et ça,
ça signifie que la condition, pour vous autres, de votre succès, c'est d'avoir
accès à la donnée en temps réel.
Moi, je souhaite... il y en a qui vont
venir, là... Vous avez vu, là, dans les consultations publiques, là, on va voir
Lyft, on va voir Eva, on va voir Uber. Je vous le dis, là, je vais leur poser
la question à chacun d'entre eux : Êtes-vous disposés, est-ce un problème
pour vous autres si on partageait en temps réel la donnée selon les paramètres
que vous avez indiqués dans votre mémoire? Ça, là, dans le monde moderne
d'aujourd'hui, avec une couple d'ingénieurs en électronique, de programmeurs
puis d'intelligence artificielle qui sont capables de faire des corrélations,
ça, c'est une ville, mettons, qui est pas mal intégrée. Vous avez un discours
d'intégration de la donnée pour desservir le client comme il faut. J'espère
que... Je donne le brevet de mon discours au ministre. Il peut l'utiliser, s'il
le veut. Il peut l'utiliser.
Moi, je ne vois aucune agression, là, de
votre part auprès du projet de loi. Au contraire, moi, je vois exactement le
client qui est au bout de ça et je vois une amélioration du service parce que
tout est intégré. Parce que moi, mon gars de 24 ans, là, quand il s'en va
en ville, là, il prend l'autobus ou il va prendre un taxi, il va faire le
dernier kilomètre, le premier kilomètre, il y a un paquet de modalités. Puis
l'été prochain, là, il va se promener en trottinette parce que Bixi... vous
voyez, moi, je ne suis pas un grand fan de Bixi, mais c'est moi. Je ne dis pas
que c'est mauvais, là, je dis que c'est fatigant de se promener en bicycle
quand il fait chaud, alors que la trottinette, c'est bon en titi. Mais c'est
ça, la patente. Donc, je veux dire, je fais un point d'humour.
Alors, ma question pour vous, après avoir
fait un commentaire relativement éditorial, ma question pour vous, là :
Est-ce que la partie de la donnée que vous souhaitez est suffisante? Pourquoi
je pose cette question-là? Elle est assez élaborée, votre donnée, là, mais elle
pourrait l'être plus. Vous savez qu'il y a bien plus de données liées au
transport que celles que vous avez indiquées. Est-ce que c'est un premier jet
ou c'est suffisant, c'est définitif comme demande?
Ah! bien, je devrais commencer par dire :
Est-ce que j'ai bien compris votre idée d'où vous voulez aller? Ensuite, si je
l'ai bien comprise, est-ce que la donnée que vous mettez là, vous dites : C'est
le strict minimum, il faudrait plus? Et, comme troisième question, mais tout ça
se répond dans une seule réponse, il faut une loi... Donc, vous autres, ce que
vous voulez, là, si je comprends bien, il faudrait que le monde le fasse
volontairement, parce que ça, en anglais, là, c'est «leveling the playing
field», hein? La donnée, là, si elle est accessible, elle est accessible. C'est
ça que ça fait.
Alors, où est-ce que vous êtes là-dedans,
là? Puis moi, avec votre réponse, il est possible et même probable que le
ministre soit heureux de votre présence ici aujourd'hui.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Merci. Je ne connais pas le
décorum. C'est par vos comtés ou vos noms de députés...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est par les comtés.
M. Barrette : Moi, c'est le
député de La Pinière. C'est une ville cosmopolite sur la rive sud de
Montréal.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Bien, M. le député de
La Pinière.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je ne vous ai pas corrigé tout à l'heure, mais effectivement vous devriez nous
appeler par le nom de notre... à l'exception du ministre.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Toutes nos excuses. Dans une
ancienne vie, c'est M. Benjamin qui me rappelait à l'ordre pour ce genre
d'impair.
Rapidement, sur la donnée, on a dit
ironiquement dans un domaine qui est les véhicules non immatriculés en libre-service
sans ancrage, les fameuses trottinettes, comme vous, on a une excellente
collaboration avec le ministère des Transports. On a, on aura des projets
pilotes, et il y a là un système où ça sera permis, par un arrêté ou un décret,
je ne me rappelle plus trop, du ministère, et il y aura la partie de la
réglementation de Montréal, qu'on a déjà produite, pour un arrimage <complet.
M.
Caldwell (Éric Alan) :
...les fameuses trottinettes, comme
vous, on a une excellente
collaboration avec le
ministère des Transports.
On a, on aura des projets pilotes, et il y a là un système où ça sera permis
par un arrêté ou un décret, je ne me rappelle plus trop, du ministère, et il y
aura la partie de la réglementation de Montréal, qu'on a déjà produite, pour un
arrimage >complet. Et là-dedans, et je vous réfère à l'annexe C de
notre mémoire, on a, pour ce nouveau mode de mobilité, demandé à
l'ensemble des opérateurs de donner toutes les données pertinentes pour nous
aider justement à construire cette banque de données là, pour nous aider à
planifier.
M. Barrette : Vous permettez
que je vous interrompe? La donnée pertinente en ligne, en direct... Si vous
avez une donnée, genre, trimestrielle, ça va varier, là.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: J'y viens, j'y viens. Donc,
la première chose, c'est d'avoir la donnée, et ça, l'ensemble des opérateurs
doivent la partager. C'est très clair dans notre mémoire, c'est dit à plusieurs
façons. J'ai compris l'ouverture du ministre là-dessus, mais, bien entendu,
c'est fondamental.
Et permettez-moi de mettre en lumière ce
que peut être une bonne collaboration Québec-Montréal. Il y avait un cadre
réglementaire que beaucoup ont décrié comme étant sous-performant. Il y a eu,
avec les pouvoirs qui étaient permis à la ville de Montréal, justement, via le
bureau du taxi, une opération de collecte des données qui n'était pas permise
par le cadre réglementaire provincial, mais que la marge de manoeuvre qui nous
était dégagée nous a permis de collecter via le registre du taxi. C'est le
genre d'innovation dont on a besoin pour Montréal. Alors, ce que je dis, c'est
qu'on doit laisser la porte ouverte à de telles initiatives, et ça, en enlevant
tous les pouvoirs à Montréal, on ne pourra plus l'avoir.
Donc, sur la donnée, sur la capacité à
avoir la donnée dynamique, mise à jour, il y a à Montréal, vous n'êtes pas sans
le savoir, en collaboration avec l'ARTM, une planification sur la mobilité
intégrée. Parce que la donnée, elle est utile quand elle permet de planifier
les déplacements pour passer, comme vous l'avez dit, d'un mode à l'autre. Et
cette planification, on mise beaucoup là-dessus sur Montréal, mais le nerf de
la guerre, c'est de demander à l'ensemble des opérateurs de partager ces
données-là, comme c'est présentement le cas pour l'industrie du taxi. S'il y a
une réforme réglementaire, on ne doit pas perdre les acquis qu'on a, mais on
doit, encore là, aller plus loin.
Et je vais terminer, juste en passant la
parole à ma collègue, sur le fait que vous avez dit que c'était une
présentation tendue. J'espère que ce n'est pas le ton qui a été perçu de notre
côté. On a ouvert la porte à plusieurs collaborations, à une bonification de ce
projet de loi, et c'est notre intention de s'inscrire dans le plus grand
respect dans ce processus de révision législative. C'est bon.
M. Barrette : Alors, il y a un
élément sur lequel vous n'avez pas été assez précis à mon goût. Il vous faut la
donnée en temps réel. C'est important.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Oui, mais on parle toujours
de données, de collecte de données et de gestion des données. La façon de gérer
les données en... La façon de rendre disponibles les données en temps réel,
c'est en les organisant pour qu'elles soient, encore là... et je reviens à ce
service aux clients, à ce qu'elles servent aux clients justement pour choisir
son mode de mobilité, à ce qu'elles servent aussi aux opérateurs pour ajuster
la complémentarité des modes. Donc, bien entendu, le dynamisme et l'évolution
de ces données et la capacité à les gérer, à les explorer pour comprendre le
phénomène, proposer des ajustements, proposer un ajustement de l'offre, pouvoir
moduler la demande, c'est fondamental.
Ceci dit, c'est un peu plus simple à dire
qu'à faire, mais à la base, ce qui nous permet... la fondation qui va nous
permettre de faire cette planification, c'est, à tout le moins, une obligation,
pour l'ensemble des opérateurs de la mobilité, à partager les données, comme
c'est fait présentement, je le répète, comme c'est fait présentement via le registre
du taxi à Montréal.
M. Barrette : Sur la question
de Montréal toute seule, pas les autres, c'est parce que ce thème-là... Vous,
là, ce dont vous parlez, là, vous parlez de ce dont on vient de discuter parce
que vous avez une espèce d'obligation territoriale. C'est pour ça que vous
voulez avoir ça, mais il n'y a pas de raison qu'on n'ait pas ça partout au
Québec.
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Nous, on n'a pas dit :
Montréal, pas les autres, là. On n'a jamais dit ça. On a dit : On veut que
le mécanisme, qui est le Réflexe Montréal, qui permet d'avoir des dispositions
particulières pour Montréal, s'applique. On ne parle ici que pour Montréal et
on n'a jamais dit : pas les autres. Par contre, pour Montréal, avec la
réalité qu'on connaît bien, on demande que ce qui est prévu dans le statut de
la métropole soit appliqué via le Réflexe Montréal.
M. Barrette : O.K. Une
dernière question, parce que je veux laisser la place à un de mes deux
collègues qui m'accompagnent. Alors, vous, M. Caldwell, vous êtes
responsable de l'urbanisme. Ça vous arrive d'exproprier des gens. Alors, quelle
est la valeur que vous utilisez à Montréal pour exproprier quelqu'un, comptable
ou marchande? C'est facile, là. Non, non, je ne vous piège pas, je vous
demande...
M.
Caldwell
(Éric Alan)
:Alors là,
si vous voulez ouvrir un débat sur l'expropriation...
M. Barrette : Je vous demande
simplement ce que vous faites dans la vraie vie, là, à Montréal, là. Comptable
ou marchand?
M.
Caldwell
(Éric Alan)
: Je crois que vous voulez
nous amener sur...
M. Barrette : Non, non, ne
croyez pas. Je vous amène.
Des voix
: Ha, ha, ha!
• (18 heures) •
M. Barrette : Je vous pose une
question très simple, là. Vous êtes l'urbaniste, vous expropriez du monde.
Quelle règle vous <utilisez? Le transport, lui, c'est la règle de la
valeur...
>
18 h (version révisée)
<15397
M. Barrette :
...là? Comptable ou marchand?
M. Caldwell
(Éric Alan) :
Je crois que vous voulez nous amener sur...
M. Barrette : Ne
croyez pas, je vous amène.
Des voix
: Ha, ha,
ha!
M. Barrette : Je vous pose
une
question très simple, là. Vous êtes l'urbaniste, vous expropriez du
monde. Quelle règle vous >utilisez? Le Transport, lui, c'est la règle de
la valeur marchande, sauf pour d'autres personnes choisies... ce n'est pas ça.
Vous?
M. Caldwell
(Éric Alan) : Les processus d'expropriation sont des phénomènes
complexes. Vous connaissez les règles aussi bien que moi.
M. Barrette : ...la fin,
là, à la fin de la complexité, il y a un choix qui est fait, là, la valeur
marchande ou comptable? Allez-y, ça va vous faire du bien.
M. Caldwell
(Éric Alan) : Je vous laisse répondre, M. Barrette.
M. Barrette : Donc,
manifestement, c'est probablement marchand. Hochez de la tête...
M. Caldwell
(Éric Alan) : Oui. Vous savez que les processus d'expropriation sont
difficilement simplifiables. Il y a plusieurs données dans l'équation, mais,
oui, absolument.
M. Barrette : Marchand.
Parfait, merci. Mon collègue de Viau...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous n'avez que 1 min 25 s.
M. Barrette : Oui, je
m'en excuse.
M. Benjamin : Écoutez,
1 min 25 s, je salue mes anciens collègues de la ville de Montréal.
Je n'aurai pas de question particulière à vous poser, sinon qu'un commentaire à
faire. Je ne sais pas si M. le ministre et moi avons lu le même mémoire, mais,
dans votre mémoire, vous avez parlé beaucoup de clients, d'usagers, de population.
Et j'ai retrouvé une vision de la mobilité intégrale, c'est-à-dire qui tienne
compte des différents aspects de l'industrie, et, pour cela, je vous en
remercie. Et je crois que le ministre aurait tort de ne pas retenir l'expertise
de Montréal dans le cadre de ce projet de loi là, de ne pas reconnaître
l'expertise de Montréal dans ce dossier-là.
Et une question, une toute petite, si j'ai
le temps...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...30 secondes.
M. Benjamin : 30
secondes, c'est parfait. Alors, je porte un dossier en particulier, qui est le
dossier du tourisme. Avec la délibération de l'industrie du taxi et l'abolition
des agglomérations, selon vous, quelles seront les conséquences du projet de
loi n° 17 sur l'offre de services sur tout le territoire montréalais?
Mme Mauzerolle (Sophie) :
En trois secondes et quart, comme je le disais tout à l'heure, je pense que c'est
important que le bureau du taxi puisse continuer à assurer une formation
adéquate pour répondre justement à ces...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé, malheureusement. Alors, maintenant, je passe la parole à la
députée de Mercier. Vous avez 3 min 55 s.
Mme Ghazal : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Bien, merci beaucoup pour votre mémoire. Moi, j'ai une question,
dans le peu de temps que j'ai, par rapport à... En fait, vous avez parlé
d'études qui démontrent que la hausse du nombre de voitures, le trafic, les gaz
à effet de serre, qu'il y a beaucoup d'études qui démontrent ça. Le ministre a
voulu détruire différents mythes et, comme d'habitude, à chaque fois, il nous a
habitués à ça, il nous demande de le croire sur parole puis il n'est pas le
seul à faire ça. Que ce soit pour le projet de loi de hausse de l'âge légal sur
le cannabis ou la laïcité, il n'y a jamais d'études sur lesquelles... d'étude
d'impact digne de ce nom autre qu'une analyse préliminaire de l'impact de la réglementation
qui nous a été donnée pour démontrer ça.
Et moi, ce que je veux savoir, est-ce
qu'il y a des études que vous pouvez déposer ici, à la commission, qui nous
démontrent la hausse du nombre de voitures? Par exemple, on lui a parlé de ce
qui s'est passé à New York, mais malheureusement ici il paraît que ça ne se
passera pas en éliminant les quotas, le nombre de permis, il n'y aura pas
d'explosion de voitures, etc. Est-ce qu'il y a des études que vous, vous avez
vues qui démontrent cet impact-là par rapport au trafic ou à l'augmentation des
gaz à effet de serre?
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Sommairement, il y a des études qui ont été faites, là, par le bureau du taxi
qui démontrent que la majorité des gens qui prennent les nouveaux modes de
transport, donc Uber et compagnie, ne sont pas nécessairement des gens qui
délaissent l'auto solo, mais des gens qui délaissent le transport en commun.
Donc, ça, c'est des données qu'on a.
C'est sûr que ça mériterait beaucoup plus
d'efforts. Ce sont des études préliminaires, mais c'est pourquoi on revient sur
la question des données. C'est fondamental qu'on puisse avoir un portrait
global de la situation pour qu'on puisse réagir en fonction de ce qui va
arriver. Est-ce que ça sera comme à New York? Est-ce que ça ne sera pas comme à
New York? On ne le sait pas. Mais, à tout le moins, donnons-nous les moyens et
donnons-nous les outils de vérifier qu'est-ce que ça a comme conséquences, ce
projet de loi là, et assurons-nous aussi d'avoir les leviers puis les
mécanismes pour pouvoir pallier à ces problèmes-là. Donc, c'est-à-dire qu'on ne
sait pas nécessairement quelles maladies s'en viennent, mais on veut, à tout le
moins, avoir les outils pour trouver le bon remède.
Mme Ghazal : Alors que,
là, le ministre, par exemple, il a essayé de vous rassurer, puis, en tout cas,
moi, je ne suis pas rassurée, je pense que vous non plus, par rapport au fait...
ce n'est pas grave, les données vont continuer, ça va être obligatoire de les
fournir. Mais le projet de loi va avoir lieu, alors que normalement on devrait
avoir ces données-là, les analyser, savoir quel est l'impact et, par la suite,
prendre des décisions éclairées. C'est ce que j'entends, mais là on marche un
petit peu à l'envers. On le fait, on espère, il faut croire le ministre sur
parole que ça va bien se passer, mais on n'a aucune donnée pour ça et on ne
pourra pas prendre de décision éclairée par rapport à ça puisqu'on met en place
le projet de loi puis on se croise les doigts que ça va bien aller.
Il y avait aussi dans votre mémoire...
vous parlez de la question de sécurité, tout le travail qui a été fait, puis
vous voulez vous assurer, en fait, que les mesures que vous avez mises en place
<pour...
Mme Ghazal : ...et on ne
pourra pas prendre de décision éclairée
par rapport à ça
puisqu'on
met en place le
projet de loi puis on se croise les doigts que
ça
va bien aller.
Il y avait aussi dans votre
mémoire... vous parlez de la question de sécurité, tout le travail qui a été
fait, puis vous voulez vous assurer, en fait, que les mesures que vous avez
mises en place >pour la prévention des accidents, la sécurité soient
aussi implantées un peu partout. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus,
le projet de loi, de quelle manière il n'assure pas la sécurité, que ce soit
l'inspection des véhicules, etc.?
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Bien, en fait, il faudra voir le cadre réglementaire qui va accompagner ce projet
de loi. Donc là, pour l'instant, c'est un peu difficile de se prononcer sur ce qu'il
n'y a pas, parce qu'on devra attendre le cadre réglementaire. Par contre, des
signaux qu'on a, on a certaines préoccupations. Par exemple, à Montréal, on a
décidé d'imposer des normes d'entrée et de sortie en termes d'âge de véhicule.
Donc, nous, on souhaite que les véhicules
de plus de huit ans ne soient pas sur la route à moins d'avoir des
vérifications plus rigoureuses. On a constaté que les véhicules qui ont huit
ans et plus sont beaucoup plus enclins à faire des accidents puis des accidents
graves. Donc, on a vraiment des études, on a travaillé très fort avec la
Polytechnique de Montréal et on a ces données probantes là qui existent, qui
démontrent que, plus un véhicule est vieux, plus il est sujet à des accidents.
Donc, ce sont des données qui existent.
Après ça, comme je parlais tout à l'heure,
quand on parle de formation des chauffeurs, on nous assure qu'il y aura une
formation minimale. On est ouverts à revoir les minimums par rapport au
transport adapté, et, dans un contexte où il y a énormément de vélos,
énormément d'autobus, dans un contexte où il y a des chantiers, dans un
contexte où il y a beaucoup de «stop-and-go», la conduite à Montréal est
complexe.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Terminé, madame. C'est toujours vous qui écopez. Que voulez-vous, c'est le
temps. Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. J'ai beaucoup apprécié votre mémoire, qui est plein de
pertinence, de substance, d'information, de propositions. Et moi, je n'y vois
pas un scénario catastrophe, j'y vois au contraire une approche extrêmement
rationnelle, qui met en lumière, en fait, la proposition du gouvernement comme
étant un peu, là, les voies ensoleillées puis qui repose en bonne partie sur
une espèce de projection, qui repose en grande partie sur une pensée magique,
comme, par exemple, lorsqu'il dit : On va faire table rase de l'industrie,
et il ne se passera rien, on va toujours avoir 40 millions de courses
effectuées par une industrie de taxi où on aura malheureusement mis à la porte,
ou sur le trottoir, ou à la rue, nombre de propriétaires.
Aussi, quand on affirme, par exemple,
qu'il y a beaucoup moins de permis de taxi qu'il y a 40 ans puis qu'on omet de
dire que, pendant la même période de 40 années, bien, le nombre de voitures a
augmenté de 125 % au Québec, que le nombre de permis de conduire a
augmenté de 75 %, que le service de transport en commun, j'imagine, à
Montréal s'est considérablement amélioré depuis 40 ans, donc que l'on réajuste
le nombre de permis à la baisse pour rendre l'entreprise, les entreprises plus
rentables, ça semble assez logique.
Alors, vous avez donc des arguments qui me
semblent très forts et qui ne s'appliquent, selon moi, pas qu'à la réalité de
Montréal. Et vous venez de le mentionner que vous ne souhaitez pas, là, que ce
soit uniquement à Montréal que l'on arrive avec certaines propositions. Et
j'apprécie aussi particulièrement le fait que vous vous préoccupiez des
familles. Oui, on a dit qu'on se préoccupait de la clientèle et des citoyens,
mais les familles qui sont liées à l'industrie, certains chiffres parlent
jusqu'à 30 000 personnes qui sont associées à l'industrie du taxi, et de
vous en préoccuper comme gestionnaires du service de transport d'une ville
comme Montréal, c'est tout à votre honneur.
Alors, moi, j'ai une question à vous
poser, parce que vous avez parlé de données probantes, et je pense que c'est ce
qui fait cruellement défaut au projet de loi à l'heure actuelle. On a fait des
projets pilotes, on n'en a jamais eu les résultats. On a une étude d'impact
réglementaire qui est extrêmement faible, extrêmement succincte, qui repose sur
un certain nombre de mythes, de clichés ou d'affirmations sans fondement.
Alors, ma question est la suivante :
Est-ce que, selon vous, est-ce que je lis trop loin, là, entre les lignes de
votre mémoire si je dis qu'on pourrait moderniser, de façon ordonnée,
l'industrie du taxi sans faire table rase de ce qui existe? À la limite, est-ce
que vous remettez en question la pertinence, dans son ensemble, là, du projet
de loi n° 17?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, vous avez une minute pour conclure, madame, monsieur.
Mme Mauzerolle (Sophie) :
Écoutez, je pense que tout le monde convient qu'il y avait une modernisation
qui était nécessaire par rapport à l'industrie du taxi et du transport rémunéré
par personnes, et ça va continuer d'être le cas, puisqu'il y a des nouveaux
acteurs qui vont arriver. On parlait de la voiture autonome tout à l'heure.
Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on a développé une expertise à Montréal avec le bureau
du taxi et on est prêts à collaborer et partager cette expertise-là pour
s'assurer qu'on arrive avec la meilleure mobilité possible sur le territoire.
M. Arseneau : Est-ce qu'il y a
plus de gains que de reculs dans le projet de loi?
Mme Mauzerolle (Sophie) : Je
pense que l'important, encore une fois, puis je vais revenir à la question
de la collecte de données, l'important, c'est qu'on soit capables d'avoir
un portrait global pour avoir la flexibilité, après ça, de réagir à ce qui
surviendra.
• (18 h 10) •
M. Arseneau : Est-ce qu'on va
trop vite, à votre point de vue...
M. Arseneau : Est-ce qu'il y a
plus de gains que de recul dans le projet de loi?
Mme Mauzerolle (Sophie) : Je
pense que l'important, encore une fois, puis je vais revenir à la question de
la collecte de données, l'important, c'est qu'on soit capable d'avoir un
portrait global pour avoir la flexibilité, après ça, de réagir à ce qui
surviendra.
M. Arseneau : Est-ce qu'on va
trop vite, à votre point de vue, dans l'application de la loi ou dans la
précipitation actuelle?
M.
Caldwell (Éric Alan) : L'évolution même de la mobilité nous montre que
des modèles qui sont considérés comme celui qui a réponse à toutes les
questions, qui est performant, ne s'appliquent pas. C'est d'ailleurs le
reproche qu'on fait à l'industrie du taxi, de ne pas avoir su s'adapter.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez terminé...
M.
Caldwell (Éric Alan) : Ce qu'on demande, c'est d'avoir tous les
leviers nécessaires pour adapter l'industrie à notre réalité.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, je lève les travaux de cette commission. J'ajourne jusqu'à
demain, 7 heures, mardi... excusez-moi, jusqu'à demain mardi,
10 heures. Alors, merci, madame, monsieur de la ville de Montréal, pour
votre contribution.
(Fin de la séance à 18 h 11)
>