Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
viernes 27 septembre 2019
-
Vol. 45 N° 34
Étude détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique et d’autres dispositions à l’égard des services de l’éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente et une minutes)
Le Président (M. Bussière) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Merci.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres
dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux
élèves âgés de 4 ans.
Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements ?
La
Secrétaire
: Oui, M. le Président. M. Chassin
(Saint-Jérôme) sera remplacé par Mme IsaBelle (Huntingdon), Mme
Guillemette (Roberval) par M. Bussière (Gatineau), Mme Grondin
(Argenteuil) par M. Allaire (Maskinongé), M. Lemieux (Saint-Jean) par
Mme Lecours (Les Plaines), M. Poulin (Beauce-Sud) par
M. Provençal (Beauce-Nord), M. Skeete (Sainte-Rose) par
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis) par M. Kelley (Jacques-Cartier) et
Mme Melançon (Verdun) par M. Benjamin (Viau).
Le
Président (M. Bussière) : Merci. Je vous rappelle
que la commission a convenu de procéder à cette étude détaillée par sujets.
Nous sommes actuellement au quatrième sujet, intitulé «Le régime pédagogique»,
et à l'article 14. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ce sujet ?
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bonjour, M. le
Président.
Le Président (M. Bussière) :
Bonjour.
Mme Rizqy : Vous allez bien?
Le Président (M. Bussière) :
Très bien, et vous?
Mme Rizqy : Oui, très bien,
merci. Bonjour à vous tous, c'est une belle journée. Alors, on se retrouve
juste nous autres, entre nous, alors on ne sera pas beaucoup, alors on va
essayer quand même d'être efficaces malgré qu'on souhaite que... aussi que nos collègues
puissent participer à ce débat. On est à l'article 14 et, vous voyez, le
dernier paragraphe va être enlevé. Mais vous vous rappelez que l'article 6,
on l'avait remis dans le contexte du milieu défavorisé. Je me demandais : Est-ce
que vous avez prévu quelque chose quand même pour le milieu défavorisé,
puisqu'on enlève... Initialement, vous enlevez ce paragraphe-là, parce
qu'avant, à l'article 6, c'était aussi enlevé, le milieu défavorisé. Est-ce
que, là, vous avez prévu qu'il y a quelque chose pour, au moins, pallier à
cela?
M. Roberge : On a déjà inclus
les milieux défavorisés, justement, ailleurs. Ce n'est pas nécessaire de le
ramener ici?
Mme Rizqy : Comment?
M. Roberge : On a inclus les
milieux défavorisés ailleurs. Et, de toute façon, le déploiement, il va être à
la grandeur du Québec. Ce n'est pas nécessaire de le ramener ici.
Mme Rizqy : O.K., je
comprends, mais est-ce qu'il y a une mesure supplémentaire pour eux?
M. Roberge : Non.
Mme Rizqy : O.K. Est-ce que ce
serait souhaitable qu'il y en ait une?
M. Roberge : Non.
Le Président (M. Bussière) :
Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Mme Rizqy : Oui. Si, mettons,
vous gardez un nombre d'heures, pour un minimum, pour les enfants issus de
milieux défavorisés, est-ce qu'il va y avoir une... au moins, par sourci de
cohérence... Parce qu'ici, avant, il y avait un traitement équitable, mais
qu'on donnait une petite affaire de plus pour les enfants en milieux
défavorisés. C'est parce qu'en quelque part, c'est qu'il y avait une volonté
législative du gouvernement pour que les enfants qui étaient... qui sortaient
d'un milieu défavorisé puissent avoir une petite affaire supplémentaire,
puisque, justement, ils proviennent d'un milieu économiquement faible.
M. Roberge : L'article qu'on
étudie en ce moment vise à offrir un service à temps plein à ceux qui l'avaient
à demi temps, donc on augmente de 100 % les services dans ces quartiers.
Mme Rizqy : Ça, on comprend
que vous me le donnez à 100 %. C'est juste que, si on part de la prémisse
de départ...
M. Roberge : ...l'article
qu'on étudie en ce moment vise à offrir un service à temps plein à ceux qui
l'avaient à demi temps, donc on augmente de 100 % les services dans ces
quartiers.
Mme Rizqy : Ça, on comprend
que vous me le donnez, 100 %. C'est juste que si on part de la prémisse de
départ, si, initialement, tous les enfants qui étaient, par exemple, en milieu
de garde de maternelle quatre ans avaient le même service, sauf que ceux qui
étaient un milieu défavorisé avaient une affaire supplémentaire. Là, moi, je
vous demande, maintenant que tout le monde, on pallie, on met tout le monde au
pied égal, est-ce qu'on donne une affaire supplémentaire pour aider les enfants
en milieu économiquement faible?
M. Roberge : Bien, la priorité
de déploiement est en milieu défavorisé, comme on l'a déjà dit, et, de toute
façon, il y a plusieurs autres mesures, selon les indices de milieu
socio-économique, qui font qu'il y a plus de services dans toutes ces
écoles-là, au préscolaire, comme dans les autres niveaux.
Mme Rizqy : Ça sera lesquels?
M. Roberge : Bien, il y a des
services supplémentaires, des services... des ressources, supposons,
orthopédagogue, orthophonie, les ressources professionnelles. Ce n'est pas ici
que ça se décide, c'est dans les règles budgétaires, puis on les a augmentées
cette année.
Mme Rizqy : O.K. Mais
qu'est-ce que vous avez prévu pour eux?
M. Roberge : Il y a des
ressources supplémentaires selon les indices de milieu de défavorisation qui
sont là. Ce sont des ressources supplémentaires, des humains, des
professionnels qui sont là.
Mme Rizqy : Parfait. Là, je
comprends que c'est dans les règles budgétaires, mais ça, ça peut varier
d'année en année, c'est pour ça que j'essaie de voir si on peut quand même
avoir une petite affaire, peut-être, en matière d'heures qui peut être
allouées, puis je vous explique pourquoi, je vous donne un exemple concret. Il
arrive de plus en plus que des enfants qui sont dans des écoles dans leurs
quartiers, dès lors que, par exemple, ils nécessitent un orthophoniste.,, Par
exemple, à Saint-Laurent, il y a une famille avec des jumeaux. Un des deux
jumeaux a besoin, environ, de 10 heures par semaines d'orthophonie, puis
l'autre un peu plus.
Une voix
: 10 heures
par semaine.
Mme Rizqy : En plus, ils ne
peuvent pas prévoir ça à l'école. Ils doivent déraciner les deux frères pour
les envoyer hors quartier, dans une autre école où est-ce qu'il y aurait
peut-être plus de service. Puis, finalement, je vous raconte l'histoire.
Arrivés dans l'autre école, finalement, ils manquaient aussi de service, alors
ils n'étaient pas plus avancés, ils étaient juste déracinés.
Alors, ça, je suis en train de me
demander, est-ce qu'on faire quelque chose pour... en matière d'heures, puis
avoir des services, puis prévoir de façon plus spécifique le nombre d'heures?
Parce que c'est sûr que ça, c'est les règles budgétaires, puis tantôt vous
l'avez dit, c'est des êtres humains, chose qui est tout à fait vraie, mais,
quand on regarde les dires comme, par exemple, on donne 800 orthophonistes
supplémentaires, si on ne le quantifie pas en heures de service, il est fort
probable que l'orthophoniste a plus de... elle a beaucoup de dossiers,
évidemment, mais elle n'a peut-être pas assez de temps de travail avec l'enfant
pour, justement, venir travailler sur son trouble engagé. Alors, c'est pour ça
que je suis en train de voir avec vous comment qu'on fait pour pallier à cela.
M. Roberge : Bien, c'est des
choses dont on s'est parlé, lors de l'étude des crédits, vous et moi. Pour la
première, cette année, il y a un plancher de services, ce qui n'a jamais eu,
et, pour la première fois, on ajoute plus de 600 professionnels comparé au
précédent gouvernement qui les avait coupés, et, en plus, on a augmenté de
10 % les budgets dans les milieux où les indices de milieux
socioéconomiques étaient faibles. Donc, toutes les mesures sont là pour aider
les jeunes, mais l'article qu'on étudie en ce moment, ça vise de faire passer
un service à demi temps à un service à temps plein. Donc, je ne vois pas
comment on pourrait s'inquiéter alors qu'il y a plus de service qu'il y en a
jamais eu puis qu'on enlève, dans la loi, un principe qui dit : On va vous
donner 50 % du service. Là, on le fait passer à 100 %. Donc, les
solutions sont là.
Mme Rizqy : O.K. Je vais vous
donner un autre exemple. Hier, la députée de Sherbrooke vous parlait pourquoi
qu'on doit se préoccuper davantage de ceux et... ma collègue la députée de
Mille-Îles pourquoi qu'on se préoccupe davantage de ceux qui proviennent d'un
milieu économiquement faible, c'est qu'il y a vraiment un problème au niveau
financier et que, par exemple, si on a besoin de dépister tôt, encore faut-il,
après ça, que la ressource soit jumelée adéquatement.
• (9 h 40) •
Dans l'enveloppe, par exemple, de 50
minutes pour le repas, c'est sûr que si on n'a pas nos ratios... ça, c'est un
débat qu'on va avoir plus tard, encore une fois, les ratios... mais, quand
qu'on a une enveloppe de 50 minutes pour prendre le repas mais qu'on n'a pas
nécessairement les aides nécessaires, donc toutes les ressources nécessaires,
il est possible, justement, bien, qu'on n'arrive pas à déployer assez de temps
et d'énergie auprès des enfants qui, eux, ont besoin de plus de temps. Alors,
c'est pour ça que je vous le demande, sait-on où on arrive ici, pour les
enfants en milieu défavorisé, de voir comment qu'on peut leur consacrer un peu
plus de temps à eux, soit en ressources... Ou comment vous allez faire, par
exemple, pour le 50 minutes pour le repas du midi, pour que ça soit le temps
global, parce que c'est le temps global pour manger ou c'est le temps
global : mangez vite puis, après ça, sortez dans la cour de récréation,
là? Parce qu'à quatre ans, vous vous rappelez, lors des consultations, là, les
gens nous l'ont dit, que ça prenait plus de temps pour les enfants à manger.
Puis, en plus de ça, si on va plus loin, il est fort probable, même, que, dans
certains cas, dans les enfants où est-ce qu'ils sont... qui émanent des milieux
défavorisés, bien, que là, effectivement, il y a beaucoup plus
d'apprentissages, des fois, à faire. Puis on l'a vu, il y a, des fois, des
enfants qui vont arriver avec une boîte à lunch à moitié vide. Alors, c'est
pour ça que... des... beaucoup plus de travail, là, pour prendre ces petits
bouts de chou puis travailler...
Mme Rizqy : ...dans certains
cas, dans les enfants où est-ce qu'ils sont... qui émanent des milieux
défavorisés, bien, que là, effectivement, il y a beaucoup plus d'apprentissages,
des fois, à faire, puis on l'a vu, il y a des fois des enfants qui vont arriver
avec une boîte à lunch à moitié vide. Bien alors, c'est pour ça qu'il y a
beaucoup plus de travail, là, pour prendre ces petits bouts de chou, puis
travailler sur tout leur attachement puis leur développement émotif, puis
travailler sur tous, tous, tous les éléments pour les composantes pour qu'ils
soient prêts par la suite pour la première année adéquatement.
M. Roberge : Écoutez, pour
moi, ce n'est pas une question, là. Je continue puis je vous écoute.
Mme Rizqy : Oui. Là, je
pensais que vous avez eu un message, là. Bon, d'accord.
Le Président (M. Bussière) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Donc... Alors, bonjour, bonjour à toutes, bonjour à tous. Je
suis... C'est ma première intervention, donc, au sein de cette commission dans
le cadre de ce projet de loi. Donc, c'est un projet de loi que j'ai suivi avec beaucoup,
beaucoup d'intérêt, que je suis encore avec beaucoup d'intérêt, parce que c'est
un enjeu fondamental, en fait, pour l'ensemble du Québec, mais pour la
circonscription en particulier que je représente, celle de Viau, où il y a des
enjeux très particuliers, donc, en lien avec le sujet qu'on aborde ici, que
j'aimerais peut-être... sur lesquels j'aimerais attirer l'attention du
ministre.
Dans une vie antérieure pas si lointaine,
M. le Président, comme élu à la ville de Montréal, la ville de Montréal a jugé
bon de mettre en place une politique de l'enfant, et cette politique de
l'enfant, c'est une politique qui trouve ses échos dans les milieux scolaires,
notamment dans les écoles où il y a des indices de défavorisation, parce que la
ville de Montréal a trouvé bon que... a jugé bon que, comme acteur, elle avait
un rôle à jouer pour faire en sorte que, par exemple, que moins d'enfants, par
exemple, viennent à l'école le ventre vide, par exemple, que moins de... que
plus d'enfants puissent avoir accès à des services d'aide, d'accompagnement de
la part de groupes communautaires spécialisés avec lesquels la ville de
Montréal a tissé des liens ou a tissé des partenariats, donc.
Et l'enjeu de la réussite éducative et la
réussite scolaire des jeunes, c'est un enjeu qui nécessite la mobilisation de
tous les acteurs, et je veux commencer par remercier M. le ministre. Il y a
quelques mois, donc, j'ai eu l'occasion de l'écouter lorsque... comme
conférencier. C'était lors de l'événement du Fonds 1804 pour la persévérance
scolaire, et je l'ai écouté avec beaucoup d'attention présenter un peu sa
vision, et puis c'est... je dirais qu'à bien des égards c'est une vision que je
partage.
Mais là on se retrouve devant un dossier
qui nécessite qu'on se pose des questions quand on parle des services. Je vais
vous parler de deux écoles, M. le Président, de la circonscription de Viau. La
circonscription de Viau, c'est, grosso modo, le quartier Saint-Michel. Je vais
vous parler des écoles Marie Rivier et l'école Bienville. Ce sont des écoles,
actuellement, qui débordent. Ce sont des écoles... Lorsqu'on rencontre les
directrices, lorsqu'on rencontre le personnel, ce qu'ils nous disent, ils nous
disent qu'il y a un manque de personnel, manque de ressources, manque de
ressources à bien des niveaux. Que ce soit par exemple au niveau des éducateurs
spécialisés, au niveau des orthopédagogues, ili manque de ressources. Donc,
moi... Et ce que... Donc, il y a une pénurie, donc, et cet enjeu-là, c'est un
enjeu véritable pour des milieux comme le mien. Moi, ce que je veux plaider
aujourd'hui... Parce que je sais qu'à la base de ce projet de loi, ce que le
ministre nous présente, c'est une volonté de créer un sentiment d'égalité,
mais, moi, je veux parler d'équité, parce que l'équité fait en sorte que, quand
on porte des valeurs d'équité, M. le Président, ça nécessite qu'on ait une
attention particulière notamment pour les clientèles les plus vulnérables, pour
les clientèles défavorisées, qu'on puisse non seulement avoir une attention,
mais mettre en place aussi des ressources adaptées aux besoins de ces enfants-là.
Vous savez, au cours des dernières années,
ce n'est pas... ce n'est ni vous, ni moi, M. le Président, qui l'avions
inventée, c'est une réalité toute québécoise que Montréal, que la région de
Montréal, et, quand je dis la région de Montréal, ça inclut aussi... c'est la
grande région métropolitaine, ça inclut aussi Laval, Montérégie et d'autres
régions même des Laurentides, de Lanaudière, sont maintenant des territoires
d'accueil et d'intégration des enfants d'origine immigrante, de souche
immigrante. Mais, vous savez, ce que par exemple des directeurs d'école, ce que
des intervenants nous disent, il y a des enfants qui arrivent donc pour... en
classe d'accueil, et ces enfants-là, il faut les intégrer. Il y a des besoins
des ressources adaptées pour ces enfants-là, parce que ce sont des enfants,
quand ils sont nés à l'étranger, qui arrivent avec toutes sortes de besoins,
toutes sortes de nécessités pour permettre une intégration harmonieuse dans le
milieu scolaire. Mais, moi, ce que je veux plaider aujourd'hui, c'est le manque
de ressources, c'est le manque d'équité, justement, que je trouve à travers cet
article, à travers ce projet de loi.
Donc, moi, j'aimerais bien entendre, M. le
ministre, qu'est-ce qu'on répond. Et je veux bien le «on», et le «on»...
M. Benjamin : ...toutes sortes
d'unicités, pour permettre une intégration harmonieuse en milieu scolaire.
Bien, moi, ce que je veux plaider aujourd'hui, c'est le manque de ressources et
le manque d'équité justement que je trouve à travers cet article, à travers ce projet
de loi.
Donc, moi, j'aimerais bien entendre M. le
ministre. Qu'est-ce qu'on répond? Je veux bien le «on», et le «on» inclut lui
et moi. Donc, qu'est-ce qu'on répond aux intervenants, ceux qui sont sur le
plancher des vaches au quotidien, qui nous disent : Écoutez, nous, nous
débordons, nous sommes à bout de bras, nous n'avons pas les ressources?
Qu'est-ce qu'on leur répond, M. le ministre? Qu'est-ce que je réponds aux
directeurs d'école? Qu'est-ce que je réponds aux intervenants, aux
professionnels, aux enseignants? Qu'est-ce qu'on leur dit?
Parce que moi, je n'ai pas d'élément de
réponse pour leur dire... Par exemple, quand un enfant... Et il y a un cas, et
ce n'est pas une invention. Il y a un cas particulier. Quand un enfant arrive
et l'enfant a besoin d'avoir accès rapidement, le plus rapidement possible à un
psychologue en milieu scolaire, et il y a un manque, il y a une pénurie,
l'enfant a besoin d'avoir accès à un orthophoniste, l'enfant ne peut pas,
qu'est-ce qu'on leur dit, M. le ministre, dans ces milieux-là, quand on sait
que ce sont des milieux vulnérables où un manque, une absence de ressources
peut causer des dommages parfois, même irréversibles, dans le développement de
l'enfant?
M. Roberge : Eh bien, on leur
dit que les ressources sont au rendez-vous comme elles ne l'ont jamais été, et
que, s'il n'y en a pas en ce moment, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas les
fonds budgétaires pour les embaucher, c'est parce qu'à certains égards, des
fois, il y a une pénurie de main-d'oeuvre.
Alors, certaines commissions scolaires ont
réussi à embaucher autant de professionnels qu'on le voudrait dans le budget.
On a mis de l'argent énormément, dans le budget, pour consolider les
professionnels qui sont là puis en embaucher de nouveaux, et ça se passe dans
les écoles, ça se passe dans les commissions scolaires.
Encore cette semaine, j'étais... je
visitais une école puis je me demandais : Est-ce que vous avez réussi,
dans le contexte de pénurie, à embaucher les professionnels? Et la direction
générale de la commission scolaire me disait : Oui, on y est arrivés.
Alors, on n'était pas sûrs qu'on allait y arriver, mais on y est arrivés.
Donc, dans les cas où ce n'est pas encore
fait, on vous dit : Écoutez, le gouvernement ne peut pas embaucher plus de
gens qu'il y en a au Québec, plus d'orthophonistes que le nombre sur le
territoire. On travaille avec eux autres.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le ministre, pour la réponse. M. le Président, ce que j'aimerais peut-être dire
au ministre, l'argent est au rendez-vous, l'argent est là, c'est vrai, mais
l'argent n'est pas tout, M. le ministre. La pénurie de main-d'oeuvre, elle est
réelle et dans toutes sortes de corps de métier de l'éducation. Vous le savez
probablement aussi bien, sinon mieux que moi, donc, puisque vous êtes au
quotidien avec ces personnes-là, vous travaillez avec eux.
Maintenant, par rapport à l'enjeu de la
pénurie de main-d'oeuvre, donc, qu'est-ce que... quelle est la stratégie?
Quelle est la stratégie que vous avez développée, lorsqu'on connaît les besoins
au niveau des ressources dans les milieux défavorisés, lorsqu'on connaît les
besoins au quotidien, donc, pour que des enfants puissent avoir accès à des
services particuliers?
Vous savez, moi, je ne trouve pas ça drôle
lorsque, par exemple, j'arrive, je vais visiter une école, une école primaire
de ma circonscription, et puis qu'on me dise : Écoutez, il y a... nous
avons des enfants qui sont là, mais ces enfants-là n'ont... ils ont un
éducateur spécialisé seulement qu'à demi-temps, donc, puisqu'il n'y a pas de
bassin, il n'y a pas assez d'éducateurs spécialisés. Qu'est-ce que... Quelle
est la stratégie? À côté du budget qui est là, quelle est la... votre stratégie
pour pallier à la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Roberge : Bien, d'abord,
c'est un défi, là, de recruter autant de personnes qu'on le souhaite, pas parce
que la volonté n'est pas là, parce que parfois il y a une pénurie, mais on y
arrive quand même. On y arrive quand même dans la plupart des écoles. Les
postes, on réussit à les combler, à ce moment-ci, pour les professionnels.
Donc, il n'y a pas tant d'endroits, là, où on n'y arrive pas. Ça arrive, bien
sûr.
Ensuite, bien, ce qu'on travaille, c'est à
valoriser ces professions-là et à attirer des talents. On a mis en place des
bourses qui viennent... des bourses de persévérance et d'excellence qui
viennent valoriser ces parcours-là, qui n'existaient pas l'année passée. C'est
la première session, là, que ces bourses-là existent, et elles vont venir
valoriser ces gens-là et attirer des jeunes dans ces professions qu'on a tant
besoin.
• (9 h 50) •
M. Benjamin : Vous savez, M.
le Président, on a toutes et tous, dans notre cheminement, comme jeunes, eu
l'occasion d'être marqués par un enseignant, une enseignante. Et, souvent, moi,
ce que... je plaide pour dire que c'est peut-être probablement le meilleur
enseignant ou la meilleure enseignante qu'on a eu la chance d'avoir. Et, dans
un des défis qu'on a dans les milieux défavorisés, justement, c'est non
seulement un milieu de recrutement, mais c'est un défi de rétention des
meilleurs talents. Leur premier défi, défi de recrutement, deuxième défi, défi
de rétention...
M. Benjamin : ...et
dans... Un des défis qu'on a dans les milieux défavorisés justement, c'est non seulement
un milieu de recrutement, mais c'est un défi de rétention des meilleurs
talents. Donc, premier défi, défi de recrutement. Deuxième défi, défi de
rétention. Puisque souvent, donc, les meilleurs talents ne sont pas dans les
milieux défavorisés. Souvent, ils sont dans d'autres milieux. Et ça, c'est quelque
chose qu'on entend depuis des années et c'est une réalité, M. le Président.
Donc, lorsqu'on parle d'équité, c'est de ça aussi dont il s'agit. C'est de ça
aussi dont il s'agit. Donc, il y a à la base... Il y a à la base un système...
quasiment vicié pour ces milieux-là puisque ce sont des milieux, premièrement,
qui n'ont pas la chance d'avoir accès aux meilleurs talents, donc on ne peut
pas les garder, donc...
Alors, moi, j'aimerais entendre le ministre,
puisque... Surtout que, ça tombe bien, le ministre a une expérience
d'enseignant, j'aimerais l'entendre sur cet enjeu-là, sur cette réalité
importante pour les milieux défavorisés lorsqu'on parle des ressources.
Le Président (M. Bussière) :
M. le ministre, allez-y.
M. Roberge : M. le
Président, j'aimerais bien que mon collègue m'explique à quoi il fait
référence. Je ne comprends pas : «Les meilleurs talents ne sont pas dans
les milieux défavorisés». Sincèrement, je ne vois vraiment pas ce qu'il essaie
de dire ou de laisser entendre.
Mme Rizqy : Je vais vous
donner... un exemple, M. le ministre. C'est que, dans certains quartiers, il y
a des professionnels qui ne veulent pas aller s'installer. Moi, mon collègue,
il est député de Saint-Michel. Mon autre collègue, de Bourassa-Sauvé, c'est Montréal-Nord.
Savez-vous comment c'est difficile de faire atterrir une clinique médicale
là-bas, d'avoir des professionnels de la santé là-bas, d'avoir des psychologues
là-bas? C'est excessivement difficile. Oui, vous avez raison de dire que l'argent
suit. Mais c'est que, si on ne se donne pas quelque part dans cette loi un
plancher de services, bien, ça fait que les gens des fois, ils n'iront pas à
ces endroits-là. Alors, c'est ça, la difficulté, c'est que...
Vous, tantôt, vous faisiez référence que
vous étiez capable, à certains endroits... Vous parlez de Candiac, c'était hier
ou avant-hier. Vous avez parlé, je pense, de Candiac, qu'ils ont trouvé quelqu'un.
Vous avez raison, mais le problème, c'est qu'il y a d'autres endroits où est-ce
que les quartiers sont vraiment défavorisés, puis ça ne cogne pas aux portes
pour venir nécessairement travailler.
Puis les psychologues, pour en avoir parlé
avec quelques-uns, c'est qu'il y en a plusieurs qui me disent : Au privé,
c'est que c'est plus payant. Et, dans les écoles, c'est que c'est non seulement
moins payant, mais c'est plus d'ouvrage. Puis vous savez que... Pénurie de
locaux. Parce que, oui, il y a une pénurie de classes puis aussi une pénurie de
bureaux. Ça fait qu'il n'y a même pas de bureau dans... des fois.
Donc, c'est ça, c'est toute la
problématique que je crois que mon collègue essaie de vous faire refléter. Lui,
il parle de... vraiment, dans son comté à Viau, qui est le quartier
Saint-Michel et Villeray, qui a une cote de défavorisation de 39 %.
M. Roberge : Bien,
écoutez, d'abord, c'est vrai qu'il y a eu des gens qui ont quitté le privé
parce qu'ils ont perdu leur emploi. Il y avait des professionnels qui
travaillaient dans le réseau public puis, dans le dernier mandat, il y a des
gens qui ont été mis à la porte à cause des compressions du précédent
gouvernement. Ça, c'est arrivé. Bon, maintenant, on travaille à les ramener.
Puis cette assertion disant que les
professionnels ne veulent pas travailler en milieu défavorisé, sincèrement,
j'ai beaucoup de misère avec ça, vraiment, là, beaucoup, beaucoup de misère
avec ça. Je ne pense pas que ce soit avéré. Parce que des fois on veut
embaucher plus gens, supposons, dans un secteur de la classe moyenne, on a
peut-être huit postes ouverts. Dans une classe... dans le secteur en milieu
défavorisé, on a 30 postes d'ouverts parce qu'on investit davantage. Donc,
sur les 30, c'est peut-être plus dur de combler 30 postes que huit. Mais,
si on réussit à avoir 28 personnes dans le milieu défavorisé puis deux postes
vacants parce qu'on cherche à les recruter, on pourra bien dire qu'en milieu
favorisé, les postes sont tous comblés, puis, en milieu défavorisé, ils ne sont
pas tous comblés, mais ce n'est pas parce que les gens ne veulent pas aller là,
c'est parce qu'il y a plus de postes qui sont ouverts là, puis dans un enjeu de
pénurie, c'est plus dur à combler.
Mais, encore une fois, moi, j'ai confiance
qu'en ce moment on va les combler, les postes, les nouveaux postes, là, comme
on n'a jamais eus. Si ce n'est pas arrivé en ce moment, je suis sûr que d'ici
Noël, on va avoir réussi à embaucher tout le monde puis à donner des services.
Mais je nous invite, M. le Président, à
revenir à l'article 14, qui dit : «L'article 17 de ce régime est
modifié par la suppression du troisième alinéa.» Puis l'effet de ça, c'est de
faire passer des services à demi-temps à des services à temps plein. Est-ce que
mes collègues sont d'accord avec cet article-là, oui ou non? Est-ce qu'on est
d'accord pour donner du service temps plein? C'est ça, la question à
laquelle... il faut poser ici.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le
ministre, quand je vous dis que c'est difficile de faire... pardon, atterrir
une clinique médicale, c'est que c'est avéré, ça ne s'invente pas. Je ne prends
pas le micro pour vous dire des faussetés. Je peux vous envoyer des articles,
là. Ça fait plus de 10 ans que ça existe.
Dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, il
a fallu qu'on aille chercher des médecins à l'étranger, de façon plus
spécifique, en France, pour être capable d'ouvrir une clinique médicale, même
chose à Montréal-Nord. À Saint-Michel, il y a un article de Radio-Canada, qui
date de 1er avril 2019, puis ce n'est pas un poisson d'avril, c'est une
réalité, c'est vrai que ça a été vraiment difficile. La direction de
polyclinique...
Mme Rizqy : ...dans le quartier
Hochelaga-Maisonneuve, il a fallu qu'on aille chercher des médecins à
l'étranger, de façon plus spécifique, en France, pour être capable d'ouvrir une
clinique médicale. Même chose à Montréal-Nord, à Saint-Michel. Il y a un
article de Radio-Canada qui date de 1er avril 2019, puis ce n'est pas un
poisson d'avril. C'est une réalité, c'est vrai que ça a été vraiment difficile.
«La direction de Polyclinique médicale populaire lance un cri du coeur pour
trouver d'urgence un médecin. La clinique, située dans le centre-sud de Montréal,
tente sans succès depuis six mois de recruter un médecin pour s'occuper des
dossiers de 3 000 patients.» Quand je vous dis que c'est dans certains
quartiers, attirer des professionnels de la santé, que ce soit médecins ou
psychologues, c'est, des fois, plus difficile, puis il faut vraiment travailler
plus fort. C'est une réalité.
Puis vous comprendrez que l'école
travaille avec ces partenaires du réseau de la santé. L'école, CLSC, les
cliniques, tout le monde travaillent tous ensemble. Parce qu'une fois qu'on va
avoir, par exemple, été capable de déceler un trouble d'apprentissage ou une
problématique chez un enfant, bien oui, après ça, il va être référé, il va y
avoir un suivi. Mais pour qu'il y ait ce suivi, là, bien, oui, il faut qu'on...
des fois, qu'on prévoie un minimum, qui va faire en sorte qu'on va peut-être se
doter, nous autres, ici, le corps législatif, là... de dire : Bien,
comment qu'on fait pour pallier au manquement?
Parce que visiblement, M. le ministre,
vous le savez que, même si l'argent suit, ça se peut que le professionnel ne
soit pas au rendez-vous. Alors là, il y a une pénurie, vous l'avez bien dit, de
main-d'oeuvre. Vous avez raison de dire qu'il y en a une, pénurie de
main-d'oeuvre. Mais concrètement, on fait quoi aujourd'hui pour contrer cette
pénurie de main-d'oeuvre, mais aussi de s'assurer que, dans les quartiers plus
défavorisés, on est capable d'attirer, soit avec des incitatifs, là, quelque
chose, là, attirer des... nos professionnels pour venir s'occuper de tous les
enfants, mais notamment des plus vulnérables?
Le Président (M. Bussière) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
les solutions sont en place pour réparer un réseau qui était brisé. Alors, un
plancher de services comme on a implanté, davantage de stabilité, plus
d'attractivité parce qu'il y a plus de postes, voilà les solutions pour attirer
plus de gens, des professionnels dans le réseau public, autant en milieux
défavorisés qu'ailleurs. Mais il y a plus de place en milieux défavorisés, donc,
par défaut, il y aura plus de postes comblés en milieux défavorisés.
Mais la question à laquelle on doit se
poser, c'est : Est-ce qu'on est d'accord pour l'article 14, de faire
passer des services qui sont à 50 %, à 100 %? Est-ce qu'on est
d'accord pour augmenter les services aux élèves au Québec? C'est la question
que nous pose l'article 14. Dans mon cas, c'est oui, je suis d'accord.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la ministre de Saint-Laurent...
Mme Rizqy : Ah! non, je ne
suis pas ministre...
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci, M. le
Président. C'est sûr, l'objectif, vous donnez un service de 100 %. Mon
collègue vous a dit d'emblée... Vous, vous voulez parler d'égalité, puis nous,
on veut parler aussi d'équité. On veut parler des deux. Et, si, auparavant,
l'article 17 de la Loi sur l'instruction publique avait une particularité pour
parler des enfants en milieux défavorisés, mais aussi des enfants handicapés,
vous, aujourd'hui, vous leur enlevez ça, cette particularité.
Alors, je vous donne un autre exemple,
puis peut-être que là, vous allez avoir une réponse pour nous. Un enfant qui
est handicapé, et que là, la loi ne parle plus qu'il pourrait être à
demi-temps, hier, vous nous avez dit : Oui, parfait. Mais l'école pourra
quand même inscrire l'enfant à temps plein, puis l'enfant pourrait fréquenter
l'école à temps partiel. Bien, pour faire ça, il va falloir que quelqu'un
vienne chercher l'enfant handicapé à l'école. C'est qui qui va aller le
chercher, puis c'est aux frais de qui?
M. Roberge : M. le Président,
on avait répondu à ces questions-là hier.
Mme Rizqy : Bien non. Non, cet
exemple-là, je ne l'ai jamais donné hier, là, donc. Parce qu'hier vous nous
avez juste dit : Il pourra être sorti de là. Ma question, c'est : Aux
frais de qui l'enfant à temps partiel, qui est handicapé... c'est aux frais de
qui qu'il va sortir de l'école si, par exemple, il ne peut pas fréquenter
l'école à temps plein, pour des raisons spécifiques à cet enfant-là?
M. Roberge : Écoutez, M. le
Président, il y a en ce moment des services qui sont offerts de manière très
difficilement accessible, en milieux défavorisés comme ailleurs. Il y en a
juste en milieux favorisés, mais en milieux favorisés, ils sont manquants, les
services de maternelle quatre ans, là. Ils n'étaient pas déployés avec
ambition. On va les déployer avec ambition, en milieux défavorisés comme
ailleurs. Les enfants vulnérables n'habitent pas seulement en milieux
défavorisés. Ils vont tous avoir accès à un service à temps plein. Dans des cas
particuliers, après analyse de cas, si les gens disent : Bien, moi, pour
mon enfant qui est handicapé, j'aimerais qu'il n'y aille qu'à demi-temps, c'est
possible, comme c'est déjà possible au primaire en ce moment. Dans des cas
particuliers arrivent des situations particulières, puis on ne fera pas tous
les cas ici en commission.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, la question que j'aimerais poser au ministre : Est-ce
qu'un programme à demi-temps, un programme à temps plein... est-ce que c'est le
même régime pédagogique?
M. Roberge : Le régime
pédagogique peut être adapté parce qu'il peut être modulé ou avoir, ce qu'on
dit, des modifications ou des différenciations. Et les enfants qui ont des
besoins particuliers ont des plans d'intervention, auxquels cas on peut faire
de la différenciation par rapport au programme.
• (10 heures) •
M. Benjamin : Et justement, M.
le Président, c'est sur cet enjeu d'enfants...
10 h (version non révisée)
M. Roberge : ...le régime pédagogique
peut être adapté parce qu'il peut être modulé ou avoir ce qu'on dit des
modifications ou des différenciations, et les enfants qui ont des besoins
particuliers ont des plans d'intervention auquel cas on peut faire de la
différenciation par rapport au programme.
M. Benjamin : Et justement, M.
le Président, c'est sur cet enjeu d'enfants qui ont des besoins particuliers
que j'interviens. Donc, nous sommes encore sur le même article, donc, ici,
l'article 14. Donc, lorsqu'on parle de services et de ressources... Le
ministre nous a parlé de ressources financières, de beaucoup de ressources
financières qui sont disponibles, on en veut bien, mais, nous, on veut parler
aussi de toutes les ressources, donc... et des ressources humaines aussi. Et lorsqu'on
parle de... Et j'abordais la question tout à l'heure avec M. le ministre, et je
l'inviterai de ce point de vue là peut-être à faire... à mener une petite
enquête plus approfondie par rapport à la réalité des milieux défavorisés.
C'est un fait qu'aujourd'hui, par exemple, dans les arrondissements comme
Mercier, d'Hochelaga-Maisonneuve, comme Montréal-Nord, ça a été documenté, il y
a des... c'est des déserts... il y a des déserts médicaux dans ces endroits-là.
C'est un comportement, à la rigueur, presque humain, M. le Président, que, par
exemple, un professionnel très compétent, donc qui a le choix, qui a le choix
de travailler, donc va peut-être trouver son aise dans un milieu moins
compliqué, compliqué entre guillemets, on s'entend, moins complexe, avec moins
d'enjeux. Et aujourd'hui, c'est un fait, c'est un fait que, dans différents
milieux défavorisés au Québec, et pas seulement à Montréal, pas seulement que
dans ma circonscription... parce que je n'aimerais pas, peut-être... je ne suis
pas là seulement pour parler de ma circonscription, je suis là pour parler de
tous les milieux défavorisés du Québec, que dans tous les milieux défavorisés
du Québec, il y a des enjeux importants en matière de ressources humaines qui
commandent une attention particulière.
Donc, alors, aujourd'hui, quand on parle
des services, donc, moi, j'aimerais bien... Prenons, par exemple, la situation,
par exemple, des élèves handicapés. Ça tombe bien, moi, j'ai une école, j'ai
une école en spécialisation élèves handicapés, l'école
Joseph-François-Charbonneau, non loin de ma circonscription, à un jet de pierre
de ma circonscription. Donc, il y a des enfants de mon quartier qui fréquentent
ces écoles-là. Moi, j'aimerais entendre, M. le ministre, quels sont les
services additionnels justement pour répondre à ces besoins-là particuliers de
ces enfants handicapés, donc... et parfois, souvent, des enfants qui ont des
handicaps très lourds.
M. Roberge : M. le Président,
là, on est dans le régime pédagogique, mais il y a un article de la loi, le
222, comme je l'ai dit hier, je l'ai lu hier, pour des raisons humanitaires,
pour un préjudice... pour éviter un préjudice grave à un élève qui aurait des
besoins particuliers, bien, on peut l'exempter d'une disposition du régime
pédagogique. C'est déjà prévu en ce moment. Le problème qu'on avait, c'est un
problème de locaux, hein, parce que le précédent gouvernement n'a pas assez
investi. Alors, on n'avait juste pas de classes pour l'élève, handicapé ou pas,
on n'avait pas assez de ressources financières parce que le dernier
gouvernement a décidé de couper en éducation, on en avait mis à la porte, et on
déployait juste des maternelles quatre ans en milieu défavorisé. Comme si les
enfants vulnérables, il y en avait juste en milieu défavorisé ou juste, comme
si les parents, qui ont le malheur d'habiter dans un code postal classé comme
faisant partie de la classe moyenne, eux, n'avaient pas le droit à ce
service-là. Alors, on est train de régler tous ces problèmes-là, on est en
train de construire des écoles, rénover des écoles, agrandir des écoles,
réembaucher des professionnels que d'autres ont pensé que c'était une bonne
idée de mettre à la porte, puis on est en train de déployer l'offre de
maternelles quatre ans à la grandeur. Je pense que les Québécois souhaitent
juste qu'on continue à aller de l'avant.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Bien, écoutez,
M. le Président, vous savez, avant d'arriver ici, il y a un an, comme député de
la circonscription de Viau, je n'étais... j'étais un intervenant d'un quartier
qui s'appelle le quartier Saint-Michel, et c'est un quartier que j'ai sillonné.
Donc, au cours des neuf dernières années, M. le Président, j'ai sillonné les
rues de ce quartier-là, et je dois... si je me fie à ce que j'ai vu, donc, au
cours des dernières années dans le quartier Saint-Michel, je dois dire que ce
n'est pas tout à fait la réalité que vient de présenter M. le ministre quand on
parle de construction d'établissements. Le précédent gouvernement, donc... Et
je peux nommer plusieurs écoles qui ont été construites, qui ont été financées
par le précédent gouvernement, je pense, entre autres à l'école
Saint-Noël-Chabanel, l'école Marie-Rivier et l'école Sainte-Lucie qui a eu un
financement sous le précédent gouvernement, pour lequel d'ailleurs nous avons
souhaité avoir un financement additionnel de l'actuel gouvernement. Parce que,
justement, les classes débordent, les classes débordent, M. le ministre, et
nous n'avons pas eu... la CSDM n'a pas eu ce financement pour l'ajout de
classes. Donc... Et moi, quand on parle de construction dans la
circonscription, c'est un enjeu véritable. Vous savez, l'école Sainte-Lucie
dont je vous parle, M. le ministre, je pense, c'est une école qui est fermée, M.
le Président, et écoutez-moi, chers collègues, c'est... Parce que je ne
souhaite à personne, à aucun d'entre vous, je ne souhaite pas que vous ayez...
M. Asselin : On vous écoute toujours.
M. Benjamin : Non. Je ne vous
le souhaite pas, cette réalité...
M. Benjamin : ...dans la circonscription,
c'est un enjeu véritable. Vous savez, l'école Sainte-Lucie dont je vous parle, M.
le ministre, je pense, c'est une école qui est fermée, M. le Président, et
écoutez-moi, chers collègues, c'est... Parce que je ne souhaite à personne, à
aucun d'entre vous, je ne souhaite pas que vous ayez...
M. Asselin : On vous écoute toujours.
M. Benjamin : Non. Je ne vous
le souhaite pas, cette réalité-là, et nous ne pouvons pas souhaiter ces
réalités-là à aucun enfant du Québec. L'école... Cette école-là, elle est
fermée depuis quatre ans. Les enfants ont été relocalisés dans une école
secondaire qui s'appelle l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau, une école
secondaire pas de fenêtres. Je le répète, une école secondaire pas de fenêtres.
Depuis quatre ans, les enfants sont là, et, actuellement, on commence à peine
la démolition de l'école Sainte-Lucie. Ce qui risque d'arriver, pour ces
enfants-là, ils risquent de passer tout leur primaire et tout leur secondaire
dans un bâtiment pas de fenêtre. Donc, c'est ça quand on parle des besoins de
ressource, quand on parle de... Moi, je veux bien les investissements, mais qu'est-ce
qui a été annoncé pour l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau?
Moi, ce que j'aimerais, j'aimerais, M. le
ministre... Toute de bonne foi que vous êtes, et je ne questionne absolument
pas votre bonne foi, je suis persuadé que vous êtes de bonne foi. D'ailleurs,
j'ai eu l'occasion de lire votre livre sur votre vision de l'éducation, que je
trouve très intéressant, mais je vous demande de vous assurer qu'il y ait une
adéquation, une adéquation de votre vision, de votre bonne foi avec les besoins
réels exprimés par le milieu. Et les besoins réels exprimés par le milieu, à
mon sens, ne fittent... je viens de dire «ne fittent», excusez-moi pour
l'anglicisme... ne concordent pas, ne concordent pas avec ce que je vois aujourd'hui
dans le cadre de ce projet de loi.
Les besoins exprimés par le milieu sont à
l'effet que d'avoir plus de ressources. Aujourd'hui, c'est une réalité, par
exemple, dans la circonscription de Viau, les maternelles quatre ans. Donc, il
y a des classes de maternelle quatre ans puisque la circonscription de Viau
c'est une circonscription, donc, où il y a de grandes poches... ce n'est pas
une circonscription défavorisée, ne vous méprenez pas, c'est une circonscription
riche, culturellement riche de sa diversité, et très fière aussi, mais il y a
des poches de défavorisation. C'est un enjeu réel. Donc, pour nous, nos besoins
à nous, aujourd'hui, c'est d'avoir des ressources additionnelles, des
professionnels additionnels. Donc, moi, c'est sur ces enjeux-là que
j'interviens aujourd'hui pour vous dire que, quand on parle de besoins en
matière d'infrastructures, c'est réel, l'école Joseph-Papineau, M. le ministre,
l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau. C'est un besoin réel.
Le Président (M. Bussière) : M.
le député de Viau, simplement vous aviser qu'il vous reste moins de trois
minutes.
M. Benjamin : Déjà? Bien, écoutez,
j'y reviendrai. Donc, je laisse peut-être l'occasion à M. le ministre de nous
donner des éléments de réponse.
M. Roberge : Bien, écoutez,
sur les infrastructures, on a mis 1,7 milliard cette année pour faire des
ajouts de locaux. Pour les rénovations, on a 2,3 milliards. À chaque fois,
c'est plus de 100 % d'augmentation, sinon plus, par rapport au dernier
budget.
Puis, pour certaines écoles, pour l'école Louis-Joseph-Papineau,
au secondaire, là, l'école où est l'endroit, il n'y a pas de fenêtre, j'attends
juste de voir sur mon bureau la demande de rénovation de la commission scolaire.
Moi, je ne peux pas accepter les demandes qu'on ne me fait pas. J'ai bien hâte
de recevoir cette demande-là, puis j'ai bien hâte qu'on la rénove puis qu'on
lui donne de l'amour puis un souffle de fierté. Je vous le dis, j'attends
impatiemment cette demande. Voilà. C'est ce que je pourrais dire sur ce
dossier-là.
M. Benjamin : Bien, écoutez,
voilà qui me fait sourire, donc, et puis c'est... pour moi, c'est intéressant
quand j'entends cela. Mais j'ai... je vais partager avec vous, chers collègues.
Lors de ma dernière visite à l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau... J'en
profite d'ailleurs pour saluer, donc, l'ensemble du personnel de cette
école-là, que ce soit les enseignants qui se démènent, qui font un travail extraordinaire,
l'équipe-école, les intervenants communautaires, parce qu'il y a des intervenants
communautaires à l'intérieur du bâtiment aussi qui accompagnent les jeunes, que
ça soit au niveau du sport, au niveau de la culture. Je les salue parce que je
connais leur dévouement. Je connais leur dévouement. Mais, maintenant, ce dont
on parle, parlons de l'école primaire, l'école primaire qui est localisée, qui
est... voilà, qui est localisée, qui est hébergée dans ce bâtiment-là. C'est
une école qui déborde aussi parce que, dans le quartier Saint-Michel... Le
quartier Saint-Michel, la circonscription de Viau, c'est aussi un quartier...
c'est un des grands quartiers d'accueil des immigrants, donc, au Québec, et à
Montréal en particulier. Il y a des besoins.
• (10 h 10) •
Je me rappelle, il y a quelques années, M.
le ministre, et puis renseignez-moi parce que je ne suis pas au fait de tout ce
qui se passe dans votre ministère, mais, il y a quelques années, il y avait un
service, je crois, au ministère de l'Éducation, qui était un service...
M. Benjamin : ...des immigrants
donc au Québec et à Montréal, en particulier, il y a des besoins. Je me
rappelle, il y a quelques années, M. le ministre, puis renseignez-moi, parce
que je ne suis pas au fait de tout ce qui se passe dans votre ministère, mais,
il y a quelques années, il y avait un service, je crois, au ministère de
l'Éducation, qui était un service, unité d'expertise, donc au ministère de
l'Éducation, sur les différents enjeux relatifs à l'immigration. C'est le genre
de service qu'on appelait auparavant, service aux communautés culturelles, qui
s'occupaient de conseiller le ministre sur les besoins particuliers. Qu'en
est-il de ce service-là, M. le ministre? Est-ce qu'il y a encore cette unité
d'expertise qui vous conseille sur des besoins particuliers reliés à ces
enfants issus de l'immigration?
M. Roberge : M. le Président,
il y a au ministère, des professionnels de tous ordres. Il y a des équipes qui
travaillent effectivement sur les besoins des élèves qu'on dit HDAA ou à
besoins particuliers. Je vous invite quand même à revenir à notre article, à
s'intéresser au déploiement du programme de maternelle quatre ans et se
demander si, oui ou non, on est d'accord pour le déployer à temps plein, plutôt
qu'à demi-temps, parce que c'est l'objet de l'article.
Le Président (M. Bussière) :
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : On est au coeur
même de l'article, on comprend qu'il y a une volonté gouvernementale de
développer à temps plein, ce n'est pas ça, la question, la question,
c'est : Qu'est-ce qu'on fait pour les enfants handicapés et ceux issus de
milieux économiquement faibles qui, eux, on n'a pas de mesure pour, si jamais
on veut garder du temps partiel? Et, quand vous faites référence à l'article
222, mais l'article 222, c'est, quand on lit l'article 17 qui dit, à la fin, in
fine, «il en est exempté». Il en est exempté en vertu de quoi? En vertu de
l'article 222, alors il faut le rattacher à quelque part, l'article 222, il ne
flotte pas dans les airs, là, cet article-là. Alors, si on veut que l'article
222 soit rattaché à quelque part, encore faut-il avoir les mots, 17, «il en est
exempté». Je comprends qu'il en est exempté, en vertu de l'article 222 de la
Loi sur l'instruction publique, mais on retire ce paragraphe-là.
Et, moi, j'aimerais introduire maintenant
un amendement, je vous explique... vous allez le recevoir, M. le Président,
parce que je pense qu'effectivement il faut qu'on ait quelque chose pour les
enfants handicapés puis ceux issus de milieux économiquement faibles, parce qu'ici
on est toujours dans les cas d'exception de l'article 222, pour motif
humanitaire. C'est jugé à la discrétion de qui, un motif humanitaire? Et,
d'autre part, on a aussi l'enjeu du transport que, si on dit que l'enfant est
inscrit à temps plein, mais qu'il peut partir à temps partiel si le parent
juge... parce que, dans son cas, la mère ou le père dit : Bien, moi, mon
enfant handicapé est juste capable de faire du demi-temps. L'école en question
n'offre que du temps plein. Alors, à ce moment-là, le parent, on va lui
dire : Viens chercher ton enfant. Mais les parents qui ont un enfant
handicapé ou un enfant qui n'est pas handicapé, mais qui sont issus d'un milieu
économiquement faible, mais ils n'ont pas un travail, eux autres, ils en ont
souvent deux jobs. Alors, c'est pour ça que ça nous prend un petit filet de
sécurité, là, social puis de trouver une façon de faire, là. Puis il faut juste
qu'on s'accorde de savoir comment on va l'écrire, cet amendement-là. C'est pour
ça peut-être que les juristes, en arrière, pourraient nous donner un petit coup
de main pour voir comment on peut faire juste pour avoir une petite
particularité pour les enfants handicapés et ceux issus de milieux de vie
économiquement faibles.
Alors, je vais vous demander une courte
suspension, juste le temps de rédiger. Si vous avez des idées, on va les
prendre pour que, justement, on aille plus vite puis qu'on ait un amendement
qui puisse s'insérer ici.
Le Président (M. Bussière) :
On peut suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 13)
(Reprise à 10 h 27)
Le Président (M. Bussière) :
Donc, on reprend. Donc, on reprend.
Mme la députée de Saint-Laurent, étant
donné que vous présentez l'amendement, est-ce que vous pourriez n'en faire la
lecture, s'il vous plaît?
Mme Rizqy : L'article 14 du
projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin de l'alinéa suivant, de l'alinéa
2 de l'article 17 de cette loi :
«Toutefois, pour l'élève handicapé et
l'élève vivant en milieu défavorisé visés aux deuxième et troisième alinéas de
l'article 12, la semaine comprend un minimum de 11 heures 45 minutes consacrées
aux services éducatifs, à moins qu'il en est soustrait en vertu de l'article
222. Le cas échéant, le transport scolaire adapté doit être fourni gratuitement.»
Ici, M. le Président, c'est par souci
d'équité et surtout de s'assurer que les parents n'auront pas besoin de
justifier un cas d'exemption humanitaire, en vertu de l'article 222 et aussi,
c'est qu'on comprend très bien qu'effectivement, l'enfant pourrait être inscrit
à temps plein dans une école et se faire dire : Bien tu peux venir le
chercher l'après-midi si jamais tu ne veux pas qu'il soit à temps plein. Donc,
il va être, dans les faits, à temps partiel, alors que nous, on croit sincèrement
qu'on devrait prévoir dans la loi que l'enfant peut fréquenter l'école à temps
partiel et... Temps partiel, M. le Président, ça peut être, par exemple, quatre
jours par semaine, qui est à temps plein, puis un vendredi qu'Il ne passe juste
là l'après-midi ou, par exemple, le matin. C'est-à-dire qu'il y a une certaine flexibilité,
parce qu'on sait que, pour les enfants qui ont un handicap ou un enfant avec un
milieu économiquement difficile, il faut s'adapter à cela.
Le transport... évidemment j'ai marqué «le
cas échant». Donc, ce n'est pas tous les enfants qui ont nécessairement besoin
d'un transport. Toutefois, il est fort probable qu'effectivement, dans certains
cas, le transport sera nécessaire.
M. Émond : M. le Président,
avant même...
Le Président (M. Bussière) :
Oui, monsieur...
M. Émond : Avant même, s'il
vous plaît, de débattre de l'amendement de la collègue, je vous demanderais, en
vertu de l'article 197, de juger de la recevabilité de l'amendement de
l'amendement de la collègue, pour deux points qui me semblent, de notre côté...
entre autres, l'article 192. Dans le libellé de l'amendement de la collègue, il
y a un engagement de fonds publics supplémentaires puis l'article dit qu'on
doit expressément ne pas engager des sommes d'argent ou dicter précisément les
choix budgétaires du gouvernement. À la fin du libellé de l'article de la
collègue, «Le cas échéant, le transport scolaire adapté doit être fourni
gratuitement.»
Alors, à notre sens, ça fait en sorte
qu'on engage des fonds publics supplémentaires puis également, peut-être en
vertu de l'article 197, il y a aussi, à notre sens, une forme de réécriture de l'article
en changeant un peu le sens de celui-ci.
• (10 h 30) •
Alors, je vous demanderais, s'il vous
plaît...
10 h 30 (version non révisée)
M. Émond : ...doit être
fourni gratuitement. Alors, à notre sens, ça fait en sorte qu'on engage des
fonds publics supplémentaires. Puis également, peut-être, en vertu de l'article 197,
il y a aussi à notre sens une forme de réécriture de l'article en changeant un
peu le sens de celui-ci. Alors, je vous demanderais, s'il vous plaît, de juger
de la recevabilité de l'amendement.
Le Président (M. Bussière) :
D'accord.
Mme Rizqy : M. le
Président, vous allez quand même me permettre de plaider ma cause, parce que
vous recevez des arguments du député, mais vous devez quand même recevoir les
arguments de la partie qui dépose.
Le Président (M. Bussière) :
J'y arrive, Mme la députée de Saint-Laurent. À vous la parole.
Mme Rizqy : Ah oui. Vous
avez déjà l'intention de dire qu'il est admissible, mon amendement?
Le Président (M. Bussière) :
À vous la parole.
Mme Rizqy : Dans un premier
temps, je vais commencer avec le dernier argument qui va être un peu plus
facile. M. le Président, il est bien normal que, des fois, il y a des mots qui
se ressemblent, hein? Toutefois, ici, je vais mettre de façon spécifique que je
retire le pouvoir à la commission scolaire. De toute façon, il a l'intention de
centraliser puis de les abolir. C'est déjà annoncé. D'autre part...
Une voix
: ...
Le Président (M. Bussière) :
Attendez. Oui. M. le ministre, allez-y.
M. Roberge : Excusez-moi.
On me prête des motifs. On dit que je veux abolir. On dit que je veux
centraliser. C'est archifaux. Je ne veux pas centraliser. Je demande à ma collègue
d'être prudente dans ses propos.
Mme Rizqy : Je vais être
prudente, mais il me semble que ça fait à peu près une semaine et demie que
j'entends dans les radios, pour être plus précise, au micro de Bernard
Drainville, qui semble être devenu votre attaché de presse, parce que le projet
de loi auquel je vais référence, l'abolition des commissions scolaires, je ne
serais pas étonné que, mot pour mot, ce que j'ai entendu aujourd'hui à la radio
se retrouve dans le projet de loi qui sera véritablement déposé mardi. Et, oui,
il est question que les commissions scolaires soient abolies. Puis
M. Drainville a été capable même de nous dire que quand. Il était très
fier de pouvoir le dire. Il nous a expliqué même les tenants et aboutissants de
votre projet de loi. Ça frôle l'outrage. Mais pour revenir...
Le Président (M. Bussière) :
M. le ministre.
M. Roberge : On a une
rédiviste, ici, là. Maintenant, elle dit qu'on fait un outrage au Parlement.
Elle a dit qu'on centralisait. Rien de tout ça n'est vrai ni fondé. Je
l'invite... Elle dit... Là, elle est en train de faire du temps, là. Elle dit
qu'elle veut plaider sur la recevabilité. Qu'elle plaide. Et vous rendrez votre
jugement. Elle s'en va n'importe où. Un projet de loi là qui n'est pas déposé,
on me prête des intentions. Et pendant tout ce temps-là, là, qu'est-ce qui se
passe? Le temps passe. Et je pense que c'est précisément l'objectif.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bon. Première
des choses, quelqu'un qui plaide sa cause en disant que je fais du temps?
Franchement! Franchement, c'est quand même le bureau de votre leader qui a
décidé qu'on siège aujourd'hui, sachant pertinemment que la députée de Joliette
était indisponible et que la députée de Sherbrooke était indisponible. C'est
votre bureau de leader qui a décidé qu'on était aujourd'hui ici. Ils l'ont tous
appris... Il y avait une entente d'ailleurs que la députée de Sherbrooke et la députée
de Joliette avaient avec le bureau de votre leader qu'aujourd'hui elles
n'avaient pas besoin d'être ici, parce qu'on ne siégeait pas aujourd'hui, parce
que tout le monde avait marqué leur intention de marquer le pas avec tous les
jeunes dans la rue. Je n'ai pas terminé mon intervention.
M. Roberge : M. le Président...
Mme Rizqy : M. le
Président, ça a rapport. Parce que si vous dites qu'on fait du temps... Non.
Des voix
: ...
Mme Rizqy : M. le
Président, j'attire votre attention, là. J'ai encore le micro ouvert. Je crois
que c'est à moi, la parole. Alors, vous avez déjà plaidé votre cause, mais vous
ne pouvez pas insinuer aujourd'hui qu'on fait du temps. On ne fait pas de temps
sur le milieu défavorisé. On ne fait pas de temps lorsqu'il est question des
enfants handicapés. Ça, vous le savez que ça nous tient à coeur. Puis ce n'est
pas pour rien que... que quand je choisis des collègues qui viennent avec nous
travailler sur ces dossiers, c'est des gens qui ont déjà été dans le réseau de
l'éducation, qui comprennent de quoi il est question. Si on voulait faire du
temps, là, on aurait amené des gens qui ne comprennent absolument rien dans ce
dossier-là, puis on aurait parlé de n'importe quoi.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée...
Mme Rizqy : Mais ce n'est
pas ça qu'on fait. On parle d'enfants défavorisés puis on parle d'enfants
handicapés.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent, est-ce qu'on voudrait présenter des arguments
sur l'amendement que vous avez présenté?
Mme Rizqy : Bon. Dans le
deuxième... Le deuxième argument qui a été disposé, qui disait que ça se
ressemblait. Non, ça ne se ressemble pas, M. le Président. Ici, je fais un lien
direct avec l'article 222. Alors, on n'a plus besoin du motif humanitaire.
Il reste enchâssé ici. Le parent qui a besoin de retirer son enfant parce qu'il
est handicapé ou en milieu de vie économiquement difficile va pouvoir quand
même continuer à inscrire son enfant à temps partiel et peut-être que ça ne
sera pas du temps partiel de 11 h 45 min. Peut-être que ça sera
du 18 heures, du 20 heures. Et il y aura une flexibilité.
D'autre part, en ce qui a trait les règles
budgétaires, on n'engage aucun montant supplémentaire parce que, de toute
façon, l'enfant va devoir de toute évidence avoir droit au transport adapté.
Le Président (M. Bussière) :
Madame, vous devez présenter des arguments sur l'article du règlement.
Mme Rizqy : On m'a dit
comme quoi que ça faisait qu'on engage des règles budgétaires. On n'engage pas
des règles budgétaires. Il n'y a pas de montant. C'est le même montant. Un
enfant qui est handicapé a droit au transport le matin puis l'après-midi de
toute façon. Alors, au lieu que ça soit 16 heures ou une heure, ils auront
le droit au même transport. Et, M. le Président, si dans d'autres... Je dois
aussi préciser, M. le Président, qu'étant donné qu'il y a des gens qui sont
capables de faire deux affaires en même temps, mais moi, je ne suis pas
capable. Alors, c'est sûr que, moi, du bruit, moi, en même temps, je perds mon
fil conducteur. Alors, c'est sûr que, si on dit que, là, dès lors qu'on engage
des frais budgétaires, on ne peut plus rien déposer, ça, je comprends. Mais
s'il n'y a aucun montant supplémentaire qui est déposé...
Mme Rizqy : ...je dois aussi
préciser, M. le Président, qu'étant donné qu'il y a des gens qui sont capables
de faire deux affaires en même temps, mais, moi, je ne suis pas capable, alors
c'est sûr qu'il y a du bruit, moi, en même temps, je perds mon fil conducteur.
Alors, c'est sûr que si on dit que là, dès
lors qu'on engage des frais budgétaires, on ne peut plus rien déposer, ça, je
comprends, mais s'il n'y a aucun montant supplémentaire qui est déposé ni
demandé... Et dans tout ce qu'on a fait... Je vous rappelle que, dans le projet
de loi n° 12, parce qu'on a siégé, mon collègue et moi, on a ajouté les
deux récréations dans la loi. Oui, ils avaient des frais, mais personne ne nous
a refusé. Il y a un précédent.
Le Président (M. Bussière) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président, toujours sur la recevabilité. Donc, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention le collègue présenter ses arguments, mais dans... M. le Président,
donc, dans l'amendement qui est devant nous, je ne vois pas l'ombre des
éléments que présente le collègue puisque ce que l'amendement présente, l'amendement
présente, conformément à n'importe quel amendement, et je me fierai sur votre
sagesse, M. le Président, donc, ce que l'amendement présente, comme n'importe
quel bon amendement, c'est de présenter des orientations, les moyens relèvent évidemment
du gouvernement, mais c'est de présenter des orientations pour une clientèle importante,
c'est une clientèle vulnérable, notamment la clientèle des élèves handicapés.
Donc, ça va aussi, M. le Président, je le rappelle, en conformité avec ce que
nous avons évoqué tout à l'heure, c'est-à-dire l'importance de l'équité,
l'importance qu'il y ait des mesures adaptées pour les enfants handicapés et
pour les enfants qui sont en milieu défavorisé.
Donc, je ne vois pas... les moyens
appartiendront... quels sont les moyens que le gouvernement prendra, ça
appartiendra au gouvernement, mais ce sont des orientations qui sont données,
un certain amendement, il s'agit de retrait, d'ajout de mots, tout simplement.
Est-ce qu'il peut y avoir des mots qui se ressemblent? Bien sûr, il peut y
avoir des mots qui se ressemblent, comme l'a évoqué tout à l'heure la collègue
de Saint-Laurent. Mais je vous demanderais, M. le Président, de bien vouloir
accueillir cet amendement-là, car c'est un amendement important non seulement
pour l'article, mais aussi pour le projet de loi, car c'est un amendement qui
est autour d'un élément fondamental, c'est-à-dire l'équité.
Le Président (M. Bussière) :
Écoutez, on va suspendre.
Des voix
: ...
Le Président (M. Bussière) :
Ce sera une décision orale.
Mme Rizqy : ...
Le Président (M. Bussière) :
On va suspendre les travaux, O.K.?
(Suspension de la séance à 10 h 38)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 46)
Le Président (M. Bussière) :
Donc, je vais maintenant rendre ma décision sur la question de règlement
soulevée par M. le député de Richelieu concernant la recevabilité d'un amendement
présenté par Mme la députée Saint-Laurent.
Mme la députée de Saint-Laurent a présenté
un amendement visant à ajouter un alinéa à l'article 17 du régime pédagogique
de l'éducation préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement
secondaire. Cet amendement propose essentiellement des modalités particulières
visant l'élève handicapé et l'élève vivant en milieu défavorisé.
M. le député de Richelieu soulève que
l'amendement contrevient à l'article 197 du règlement, qui précise que
l'amendement doit concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller à
l'encontre de son principe. Il ajoute également que l'amendement pourrait avoir
des incidences financières.
Lors de l'analyse de la recevabilité d'un
amendement, la présidence doit tenir compte de l'ensemble des critères élaborés
par la jurisprudence en tenant compte des articles 197 et 244 du
règlement. Ainsi, pour qu'un amendement soit recevable, il doit concerner le
même sujet que la motion principale et ne pas aller à l'encontre de son
principe. Plus généralement, il doit être conforme à l'esprit de la motion
principale et à la fin qu'elle vise.
L'article 14 du projet de loi vise à
supprimer le troisième alinéa de l'article 17 du régime pédagogique et
donc à retirer les modalités particulières qui étaient prévues pour l'élève
handicapé et l'élève vivant en milieu économiquement faible.
L'amendement de la députée de
Saint-Laurent réintroduit principalement des modalités pour l'élève handicapée
et l'élève vivant en milieu défavorisé. Elle ajoute également une modalité
concernant la gratuité du transport scolaire. Bien qu'elle introduise une
modalité nouvelle, soit la gratuité du transport scolaire pour cette clientèle,
l'objet principal de l'amendement de la députée de Saint-Laurent vient donc
contredire la motion principale. Pour ces raisons, je déclare l'amendement
irrecevable.
L'amendement ayant été déclaré irrecevable
pour le motif préalablement énoncé, la présidence n'a pas à se prononcer sur
l'aspect de l'incidence financière.
Et donc on revient à l'article 14.
Est-ce qu'il y a d'autres questions? Est-ce que... Pas d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui. J'aimerais
savoir, est-ce que le ministre serait intéressé à ce que, l'article 17,
paragraphe 2, on puisse venir clarifier le 50 minutes pour le repas
du midi afin qu'on parle vraiment davantage d'une période de temps pour manger,
comme l'avait bien décrit la députée de Sherbrooke? Parce que le
50 minutes, souvent, on n'alloue que, par exemple, un 20 minutes de
temps de repas pour manger, mais le reste du temps, c'est plutôt... on envoie
les enfants jouer à l'extérieur. Et les intervenants qu'on a entendus en
consultation parlaient souvent que, pour un enfant de quatre ans, ça prend plus
de temps pour manger.
Le Président (M. Bussière) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
je pense qu'il faut laisser la latitude au milieu puis l'organisation scolaire
aux adultes bienveillants qui s'occupent des jeunes. Je pense que les balises
qui sont là tout à fait correctes.
Le Président (M. Bussière) :
Monsieur... la députée de Saint-Laurent, en passant, simplement pour vous
aviser qu'il vous reste moins de cinq minutes.
• (11 h 50) •
Mme Rizqy : J'aimerais savoir,
est-ce que les écoles sont présentement adaptées avec des cafétérias...
M. Roberge : ...scolaire aux
adultes bienveillants qui s'occupent des jeunes. Je pense que les balises qui
sont là tout à fait correctes.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Saint-Laurent, en passant, simplement pour vous aviser qu'il
vous reste moins de cinq minutes.
Mme Rizqy : J'aimerais savoir,
est-ce que les écoles sont présentement adaptées, les cafétérias, partout au Québec,
est-ce que qu'on a l'état de... le portrait de la situation pour la cafétéria?
Parce qu'hier, on nous parlait comme quoi que oui, dans les écoles secondaires,
il y a des cafétérias, mais pas nécessairement au primaire. Alors, les enfants
de quatre ans vont manger où? Est-ce qu'ils vont manger dans les classes? Ou...
M. Roberge : Dans les écoles,
les services de garde, les services de dîneurs font avec les locaux qu'ils ont.
Souvent, c'est le local de service de garde, des fois il y a le local des
dîneurs, des fois il y a ce qu'on appelle les salles polyvalentes, des fois ils
mangent dans les classes aussi. Ça dépend, là, des écoles.
Le Président (M. Bussière) :
D'autres interventions?
Mme Rizqy : Puis là,
présentement, si jamais ils mangent au service de garde, est-ce qu'ils vont
manger avec tous les autres élèves? Parce que ça aussi, il faut y réfléchir.
M. Roberge : Comme je vous
dis, ça relève de l'organisation dans chaque école.
Le Président (M. Bussière) :
D'autres interventions?
Mme Rizqy : Alors, donnez-moi
un instant, je prépare juste un amendement, juste parce que j'aimerais que
l'article 17... 17, paragraphe 2, ce soit vraiment une question de
temps pour manger et non pas juste un terme de... comme, là, hier, l'avait si
bien expliqué la députée de Sherbrooke, une période juste de temps pour... de
lunch, mais vraiment de s'assurer de donner le temps nécessaire à chacun des
enfants, avec la bonne intervenante pour montrer évidemment comment manger,
bien mastiquer et avaler, tel que les... plusieurs experts qu'on a entendus
nous ont expliqué qu'à cet âge-là, c'est encore important de le montrer à
certains enfants.
Je vais demander une courte suspension, le
temps d'écrire mon amendement.
(Suspension de la séance à 11 h 52)
(Reprise à 12 heures)
Le Président (M. Bussière) :
Donc, Mme la députée de Saint-Laurent, étant donné que vous avez présenté un
amendement, pourriez-vous en faire la lecture?
Mme Rizqy : Oui,
certainement : L'article... L'alinéa 2 de l'article 17 du projet
de loi est modifié de la façon suivante : «Tous les élèves bénéficient
quotidiennement d'un minimum de 50 minutes pour manger lors du repas du
midi, en plus du temps prescrit pour les services éducatifs. L'élève de
l'enseignement primaire bénéficie également d'une période de...
12 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...certainement. L'article...
L'alinéa 2 de l'article 17 du projet de loi est modifié de la façon
suivante : «Tous les élèves bénéficient quotidiennement d'un minimum de 50
minutes pour manger lors du repas du midi, en plus du temps prescrit pour les
services éducatif. L'élève de l'enseignement primaire bénéficie également d'une
période de détente le matin et l'après-midi, en plus du temps prescrit.»
Donc, au fond, c'est seulement la première
phrase du deuxième alinéa de l'article 17 de la Loi sur l'instruction publique
qui est modifiée. C'est pour faire suite aux préoccupations qui ont été
soulevées par la députée de Sherbrooke, qui expliquait effectivement que, souvent,
la période de temps de 50 minutes, c'est la période de lunch, entre guillemets,
que les enfants peuvent avoir, par exemple, oui, un 20 minutes, parce que plusieurs
classes, plusieurs groupes... Alors, on va peut-être accorder moins de temps
pour manger parce que, par la suite, on va s'assurer que les autres enfants
aient aussi le temps de manger. Alors, on libère le local pour accueillir
d'autres groupes, et, par conséquent, un enfant de quatre ans pourrait se
sentir brusqué ou bousculé dans sa prise de repas.
Alors, c'est pour ça que ce serait
pertinent de vraiment s'assurer que, pour les quatre ans, c'est une période
maximale de 50 minutes pour manger. Évidemment, ça donne toute la flexibilité
aux écoles d'adapter. Donc, ça donne au moins... On voit qu'on ne pourra pas
brusquer aucun enfant, et ça va devoir s'adapter.
Évidemment, ce serait aussi souhaitable...
J'en profite pour dire que les classes ou les salles à manger ou à dîner, peut-être
qu'il serait aussi à propos que ce soit vraiment réservé pour le préscolaire,
dans la mesure du possible. Je comprends que ce n'est peut-être pas possible
immédiatement parce que c'est nouveau, et qu'on déploie des maternelles quatre
ans de façon généralisée partout au Québec, mais les spécialistes qu'on a
entendus rappellent qu'une des affaires qui est excessivement importante pour
le bien-être de ces enfants, c'est l'environnement, et là l'environnement,
c'est non seulement la classe où est-ce qu'ils vont passer une certaine période
de la journée, environ cinq heures, mais le reste du temps où est-ce qu'ils
sont. Le reste du temps, ils peuvent être en service de garde ou ils peuvent
aussi être dans la récréation, à l'extérieur ou dans un gymnase.
Mais, lorsqu'on arrive à la période de
repas, il y a encore, à ce moment-là, au niveau du repas, une éducation qui est
faite auprès de l'enfant. On lui apprend encore, à ce stade-ci, à bien
mastiquer pour s'assurer qu'évidemment il ne s'étouffe pas. C'est souhaitable
qu'il soit encore en ratio réduit. Le ratio réduit, je répète que c'est une des
demandes qui vient de la Fédération des comités de parents. Ils ont dit qu'effectivement...
qu'ils veulent un ratio de un pour 10 en tout temps.
Mais aussi moi, j'ajouterais que
l'environnement ferait en sorte que, si on respecte une période de temps de 50
minutes pour manger, c'est que là on s'assure qu'effectivement, en plus du
temps prescrit pour aller jouer dehors, là, ici, on n'a aucun enfant qui va
être brusqué dans l'heure et la prise du repas.
Le Président (M. Bussière) : M.
le ministre.
M. Roberge : M. le Président, il
y a plusieurs erreurs, coquilles et imprécisions dans cet amendement, mais, si
on reste sur le principe, c'est quelque chose qui n'est pas souhaitable, là. On
vient vraiment enlever de la marge de manoeuvre aux équipes-écoles.
On avait... Déjà, on avait un texte qui
disait : «Tous les élèves bénéficient quotidiennement d'un
minimum de 50 minutes pour le repas du midi...», puis là on dit : «Tous
les élèves bénéficient quotidiennement d'un minimum de 50 minutes pour manger
lors du repas du midi.» Bien, écoutez, manger lors du repas, là, c'est un peu
une tautologie, là. C'est comme monter en haut, descendre en bas, manger lors
du repas.
Je ne pense pas que ça soit utile. Je ne
pense pas que ça apporte quoi que ce soit. Et, de toute manière, il faut faire
confiance aux gens pour laisser le temps nécessaire aux enfants. Ça se peut que
des plus petits aient besoin de plus d'aide pour manger. Ça se peut que des
plus grands mangent plus rapidement, vont jouer dehors. Puis là je comprends
que le 50 minutes, là, c'est juste pour manger lors du repas. Déjà, c'est une
tautologie, mais c'est comme... Là, on vient de s'assurer, être sûrs, sûrs
qu'ils ne se lèveront pas pour aller jouer dehors.
Sincèrement, là, je ne pense pas que ça
fasse avancer le débat puis je ne pense pas que les gens, dans les services de
garde, dans les écoles, sincèrement, ils seraient contents de voir ça, là,
qu'on est en train de cadenasser puis de fixer le chronomètre, là, puis de
venir minuter leur gestion bienveillante des enfants qu'on leur confie.
Le Président (M. Bussière) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Écoutez, à ce stade-ci, donc, j'écoute M. le ministre et j'aurais
aimé faire appel à ses expériences comme quelqu'un qui a oeuvré en milieu
scolaire pour lui demander, de par ses expériences, comment il voit
l'organisation d'un service de dîner en milieu scolaire. Est-ce qu'il peut
partager avec nous ses expériences, l'organisation du service... en lien avec
l'article qui est devant nous...
M. Benjamin : ...quelqu'un
qui a oeuvré en milieu scolaire pour lui demander, de par ses expériences,
comment il voit l'organisation d'un service de dîner en milieu scolaire, son...
Est-ce qu'il peut partager avec nous ses expériences, l'organisation du
service... en lien avec l'article qui est devant nous?
Le Président (M. Bussière) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez,
M. le Président, juste rappeler que l'amendement ne touche pas juste le
préscolaire. C'est préscolaire, primaire, secondaire. On vient toucher tout le
régime pédagogique.
Puis là on n'est pas ici pour faire des
témoignages de vie, on est en train de voir si c'est une bonne idée d'offrir le
service à temps plein à ceux qui l'ont à temps partiel. C'est ça, l'article 14,
si c'est une bonne idée d'offrir le service à temps plein à ceux qui l'ont à
temps partiel. C'est une mauvaise idée de venir cadenasser la gestion du temps
pour les gens qui s'occupent des périodes de dîner.
Le Président (M. Bussière) :
...
M. Benjamin : Merci,
merci, M. le Président. Bien, écoutez, je comprends bien qu'on n'est pas là
pour faire des témoignages sur nos expériences de vie. Mais nos expériences
aussi peuvent être, je crois, d'excellents témoins de certaines postures qu'on
a, donc, quand vient le temps pour nous de défendre des choses dans lesquelles
on croit ou dans lesquelles nous ne croyons pas, dans les choses qui sont
faisables, les choses qui ne sont pas faisables.
Et moi... Puisque M. le ministre veut
faire l'économie de ses expériences de vie, moi, je veux faire... Non, moi, je
pense que c'est important de partager nos expériences. Comme, par exemple,
celle que j'ai eue comme commissaire scolaire, donc, où j'ai pu visiter plusieurs
écoles et voir comment ça fonctionnait.
Vous savez, quand on parle de saines
habitudes de vie, M. le Président, les saines habitudes de vie, ce n'est pas seulement
les produits, mais c'est aussi le temps de qualité aussi, le temps de qualité
qu'on donne à nos enfants. J'ai déjà participé à plusieurs débats dans la commission
scolaire de laquelle, donc, j'étais membre, la commission scolaire de la
Pointe-de-l'Île, pour ne pas la nommer, et où on a eu d'âpres débats sur les
compétences des fournisseurs, sur les personnes... le personnel, le personnel,
et surtout sur le temps, le temps qui est consacré, justement, au niveau du
service de dîner sur le repas du... sur le service du repas du midi. Et c'est
là que je trouve que l'amendement, justement, qu'apporte la députée de Saint-Laurent
est un amendement important puisque c'est un amendement qui permet de dire, de
rappeler... de dire que ce temps-là doit être un temps de qualité. C'est un
temps qui doit être consacré, justement, au repas, pour manger lors du repas du
midi. Et l'enjeu qu'on a devant nous...
Et elle a rappelé aussi, et je trouve ça
fort important, la demande au niveau du ratio, la demande au niveau du ratio un
sur 10, quand on pense que ce sont des élèves, des enfants qui nous arrivent en
prématernelle, donc, et qui sortent pour la plupart, s'ils fréquentaient un
service de garde, où il y a des ratios... je pense que c'est un pour sept, je
crois, il me semble, en service de garde... Un pour six, un pour sept?
Mme Rizqy : Ah! ça, c'est
en service de garde régi, mais...
M. Benjamin : En service
de garde régi.
Mme Rizqy : Mais en
scolaire, ça peut être du un pour 20, ça peut être du un pour 30...
M. Benjamin : Voilà. Mais
je crois que le un pour 10, donc, considérant l'âge de ces enfants-là,
considérant l'apprentissage que ces enfants-là doivent faire du nouveau milieu
dans lequel ils se retrouvent, est tout à fait à propos. Et j'aimerais
entendre, j'aimerais entendre M. le ministre sur cette demande-là pour ce qui
est du ratio un pour 10.
M. Roberge : M. le
Président, à un précédent article, qu'on a discuté abondamment, et plus
qu'abondamment, pendant des heures, on a déjà fait ce débat. Il a été suspendu.
Alors, on pourra revenir sur le ratio, lequel n'a pas sa place dans la loi, d'ailleurs,
mais, quand on reviendra à l'article qui y fait référence.
Là, on n'est pas là. On est dans l'obligation,
pour des gens qui s'occupent des services de garde et des services de dîneur,
de se conformer à un article dont on n'a pas besoin. Alors, il faut juste
disposer de cet amendement-là pour avancer.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : M. le
Président... Merci, M. le Président. C'est là que je trouve... C'est paradoxal.
C'est paradoxal quand j'entends l'argument du ministre puisque la prétention
même de ce projet de loi là, c'est d'améliorer les services aux enfants, c'est
d'améliorer les services à l'élève, les enfants... Donc, c'est la prétention de
cette loi.
Or, on pose une question, et je pose une question.
Je veux bien qu'il y a eu débat, mais... précédemment, mais, à ce que je sache,
est-ce qu'il y a eu conclusion? Est-ce qu'il y a eu une décision de cette commission
par rapport à cette demande? Et ça, c'est au coeur de ma question, et... Parce
que, pour moi, le ratio, quand vient le temps de parler de la qualité des
services qu'on va offrir aux enfants, notamment au niveau du service du dîner,
etc., donc, le ratio est quelque chose de très important, le un pour 10.
Donc, moi, je réitère encore ma question
au ministre : Quelle est sa position pour ce qui est du ratio d'un pour 10
enfants, qui est la demande formulée par des partenaires importants du milieu?
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Beauce-Nord.
• (12 h 10) •
M.
Bachand
:
Oui, M. le Président. Vous me permettrez de faire un point d'ordre parce que présentement
nous sommes sur un amendement qui demande...
M. Benjamin : ...sa position
pour ce qui du ratio de 1 pour 10 enfants, qui est la demande formulée par
des partenaires importants du milieu.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Beauce-Nord.
M.
Provençal : Oui, M. le Président, vous me permettrez un point d'ordre,
parce que présentement, nous sommes sur un amendement qui demande un minimum de
50 minutes. En aucun temps, on ne fait référence à une notion de ratio.
Les ratios, ça fait partie d'un autre article qui a été suspendu, alors je ne
vois pas présentement la pertinence de revenir avec la notion d'un ratio. On a
à discuter de la pertinence de l'amendement, et dans cet amendement-là, en
aucun temps on ne doit faire référence à la notion de ratio. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bussière) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : «En aucun temps on
ne veut faire une référence à des notions de ratio» je crois qu'«en aucun
temps» ici est peut-être galvaudé. Je crois que sincèrement, ici, une question
de qualité de service. Donc, c'est dans un... l'amendement est déposé dans
l'optique qu'on puisse parler des enfants, de leur encadrement, de la façon de
s'assurer qu'ils ont au moment très opportun, c'est-à-dire au moment de manger
évidemment, une attention particulière.
M. le Président, vous savez, on reçoit sous
différents groupes. On a aussi eu l'occasion de recevoir des gens dans d'autres
occasions qui ne sont pas venus nécessairement pour les consultations des maternelles
quatre ans, mais qui sont venus nous parler des allergies, qui sont venus nous
parler de comment c'est important au niveau alimentaire de faire de l'éducation
des enfants. Et ça là, j'ajouterais, là, même des adultes tant qu'à moi.
Mais effectivement, quand que mon collègue
parle de qualité de service, oui, il parle de manger, mais aussi de savoir
qu'on a la bonne ressource, avec le bon nombre d'enfants, pour s'assurer qu'il
n'y a pas d'incidents dans nos écoles. Alors, je pense que mon collègue
pourrait continuer.
Le Président (M. Bussière) :
Monsieur le député de Viau, vous pouvez continuer.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Donc, j'apprécie la sagesse de vos interventions, de vos
décisions, M. le Président, de plus en plus. Donc...
Des voix
: Ha! Ha! Ha!
M. Benjamin : M. le Président,
vous savez, je vais encore devoir parler pour traduire très bien, donc, les
réalités qu'on cherche à exprimer ici quand on parle de clientèle défavorisée,
aussi, quelques notions, quand on parle du service du dîner.
Un des enjeux que beaucoup de milieux ont
pour ce qui a trait à la santé, à l'équilibre des enfants, c'est le fait que des
fois, il y a des enfants qui viennent... qui peuvent arriver à l'école, encore
hélas! Malheureusement, malheureusement, il y a des enfants encore au Québec
qui vont à l'école sans prendre le petit-déjeuner le matin, malheureusement, malheureusement.
Mais vous savez, il y a aussi une autre
réalité, M. le Président. C'est, quand on parle des saines habitudes de vie — et
là j'en profite pour remercier tous les partenaires par exemple qu'on a, qui
nous aident, qui nous aident dans leur collaboration à cette tâche — qui
doivent... C'est à l'école malheureusement que beaucoup d'enfants vont
apprendre à bien s'alimenter, à correctement s'alimenter. C'est à l'école.
C'est à l'école que ça se passe, malheureusement. Donc, voilà un temps qui est
un temps de qualité, donc, et ce temps de qualité, 50 minutes, pour... Ma collègue
de Saint-Laurent parle de 50 minutes pour manger, moi, j'aurais même dit
50 minutes pour bien manger, M. le Président. Donc il... c'est un temps
précieux. Et ce temps-là, il doit être consacré à cela.
Et je me base, pour le dire, à partir
justement — je sais que M. le ministre nous l'a reproché tout à
l'heure — mais nous devons parler de nos expériences. Et c'est pour
cette raison que je veux faire que je veux faire appel au ministre pour parler
de ses expériences aussi. Parce qu'à partir de ses expériences, de l'expérience
de chacun de vous autour de cette table, donc, nous pouvons construire et améliorer
ce projet de loi. Donc, on regarde le projet de loi article par article pour le
bonifier, mais on ne peut pas le bonifier à partir seulement de nos simples
convictions ou de nos assertions, il faut aussi le bonifier à partir aussi de
nos expériences.
Et moi, ce que je relate aujourd'hui,
c'est la réalité notamment de beaucoup d'enfants en milieu défavorisé, donc,
dans la région de Montréal ou un peu partout ailleurs au Québec, donc, pour qui
ce temps-là, ce temps de dîner, ce temps pour manger est un temps de qualité.
Alors, je réitère encore ma question à M. le ministre. Ne croit-il pas que le
ratio 1 pour 10 peut contribuer justement...
M. Benjamin : ...ce temps de
dîner, ce temps pour manger est un temps de qualité. Alors, je réitère encore
ma question à M. le ministre, ne croit-il pas que le ratio un pour 10 peut
contribuer, justement, à aider, justement, à permettre à ces enfants-là
d'avoir, de renforcer, donc, toutes nos actions en matière de saines habitudes
de vie pour bien accompagner nos enfants?
M. Roberge : M. le Président,
on peut bien poser huit fois la même question qui est hors d'ordre, ça va être
encore hors d'ordre. La question des ratios a été traitée en long et en large
précédemment, la... D'ailleurs, la commission a battu l'amendement. Il faudrait
peut-être respecter les décisions de la... Ça a été battu, en passant, et... Ça
a été battu. Il y en a un autre qui me dit un peu la même chose dans des mots
différents, puis on verra bien comment ça arrive.
Une voix
: ...puis
suspendu.
M. Roberge : Mais, de toute
façon, en ce moment, on demande : Est-ce que c'est une bonne idée de
forcer des enfants à s'asseoir quand ils ont le goût de bouger, puis est-ce que
c'est une bonne idée d'écrire des temps de minutes pour manger lors du repas
plutôt que 50 minutes pour le repas? Bien, écoutez, là, sincèrement, là, ce
n'est pas très édifiant, M. le Président, ce qu'on voit en ce moment. Moi,
j'aimerais bien que des milliers de Québécois écoutent ce qu'on entend en ce moment,
mais je ne suis pas sûr que les électeurs de mes voisins en face aimeraient que
tout... aimeraient écouter ça, puis je ne suis pas sûr qu'ils seraient très,
très fiers de ce qui se passe ici.
Mme Rizqy : M. le Président...
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, M. le
Président, ça, ce qu'ils écoutent... Puis, moi, sur... pendant que je suis avec
vous puis qu'il y en a plusieurs qui marchent dans la rue, parce
qu'effectivement, aujourd'hui, tout le monde aurait souhaité être ailleurs,
mais vu que le...
Le Président (M. Bussière) :
...rester sur le sujet, madame.
Mme Rizqy : Oui, mais,
justement, le ministre m'interpelle à savoir ce que les électeurs de nos comtés
pensent. Bien, je leur ai posé, moi, la question, sur ma page Facebook. Elle
est publique. Vous avez un paquet de questions, pas des électeurs, mais des
citoyens, parce que c'est comme ça que, moi, je les appelle, des citoyens. Puis
les citoyens posent des questions très pertinentes, ou est-ce que vous voulez
que je vous en lise parce qu'il y en a...
M. Roberge : ... si c'est en
rapport avec l'article.
Mme Rizqy : Bien, ça a rapport
avec tout votre projet de loi. Est-ce que là, maintenant, la voix des citoyens,
si ça n'a plus rapport avec l'amendement, on n'en parle plus? Vous avez une
quarantaine de commentaires. Juste pourquoi? Tout le monde est pour la vertu,
mais ça ne répond aucunement aux besoins du réseau actuellement. Pire, le
réseau ne pourra pas répondre à ses besoins, déjà, partout ailleurs, s'il y a
le feu. Quand ta maison brûle, tu devrais peut-être engager à éteindre le feu,
non? Quand va-t-il laisser vivre l'enfance des enfants? Est-ce qu'il serait
plus efficace et moins dispendieux en intégrant les CPE au sein du ministère de
l'Éducation et confier la tâche de l'apprentissage sur notre programme des
maternelles quatre ans aux CPE? Ça, c'est une question qui est posée. À place
de travailler sur les maternelles quatre ans à l'école, pourquoi ne pas
déployer plus de CPE et... car, à cet âge-là, c'est trop tôt?
M. Roberge : M. le Président,
je m'excuse, point d'ordre. Ça... Ce que ma collègue...
M. Kelley
: M. le
Président, ma collègue de Saint-Laurent a la parole, présentement.
M. Roberge : Non, non, un
instant.
M. Kelley
: C'est pour
elle, ce n'est pas pour le ministre d'amener...
M. Roberge : Un instant. Je
fais un point d'ordre. Je fais un point d'ordre!
Le Président (M. Bussière) :
Écoutez, M. le député de...
M. Kelley
: Ma collègue
n'est pas terminée avec l'intervention. C'est seulement elle qui a la parole
présentement, ce n'est pas pour le ministre d'interrompre ma collègue de
Saint-Laurent. Laissez ma collègue terminer son point.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Jacques-Cartier, pourriez-vous me laisser parler.
J'apprécierais.
M. Skeete : Bien, j'espère que
le ministre va laisser ma collègue parler.
Le Président (M. Bussière) :
Donc, je voudrais aussi rappeler à Mme la députée de Saint-Laurent, elle a
présenté un amendement, et j'aimerais bien qu'on reste sur le même sujet et non
pas déborder. C'est un peu ce qu'on a fait, on a débordé. Est-ce qu'on pourrait
revenir au sujet?
Mme Rizqy : Vous avez raison.
C'est surtout que le ministre me demande ce que les gens en pensent. Bien, je
réponds à sa question. Je ne veux pas qu'il pense que je n'ai pas demandé
conseil aux gens. Les gens me...
Le Président (M. Bussière) :
Est-ce qu'on peut revenir sur le sujet de l'amendement, madame?
Mme Rizqy : Bien, moi, M. le
Président, oui, je trouve ça édifiant de savoir qu'on s'intéresse à un modèle
d'apprentissage. On apprend, oui, en maternelle quatre ans à jouer, mais on
apprend aussi des éléphants... des éléments de base de la vie, c'est-à-dire
manger. Puis, sincèrement, oui, ça s'apprend. Puis, malheureusement, ce n'est
pas tous les enfants qui vont avoir quelqu'un qui vont leur montrer. Ça peut
vous faire sourire, ça peut vous faire rire, mais, lors du repas, il y a aussi
des interactions entre les enfants et l'intervenante. C'est pour ça que c'est
important d'en parler.
Et, hier, ma collègue la députée de
Sherbrooke vous a raconté factuellement ce que, elle, elle a vu, ce qu'elle a
été témoin, là. Elle l'a dit : Moi, j'en ai trois, enfants. Quand ils
arrivent pour manger, souvent, dans la période de 50 minutes, c'est une grande
enveloppe, mais on leur donne 20 minutes : Mangez puis, après ça, vous
allez jouer. Donc, on peut avoir un sentiment d'avoir bousculé des enfants.
• (12 h 20) •
Alors, c'est pour ça que peut-être que vous,
ça peut sembler redondant de dire d'un ... de 50 minutes pour manger, pour le
rapas du midi, mais non, parce qu'elle vous l'a expliqué, hier, ma collègue,
que le repas du midi, certaines personnes peuvent l'interpréter comme une
grande enveloppe de pause repas, mais pas nécessairement un endroit où est-ce
qu'effectivement il y a encore des interactions entre l'enfant et l'intervenant
qui va lui montrer aussi c'est quoi des légumes, c'est quoi des fruits,
distinguer les différents groupes alimentaires, avoir des interactions, parler
aussi des allergies alimentaires, pourquoi c'est important de séparer certaines
boîtes à lunch pour ne pas qu'il y ait de contamination croisée. Tout ça, ça...
Mme Rizqy : ...intervenant, qui
va lui montrer aussi c'est quoi, des légumes, c'est quoi, des fruits,
distinguer les différents groupes alimentaires, avoir des interactions, parler
aussi des allergies alimentaires, pourquoi que c'est important de séparer
certaines boîtes à lunch pour ne pas qu'il y ait de contaminations croisées.
Tout ça, ça s'apprend. Puis savez-vous quoi? Ça s'apprend durant l'heure du
midi, lors du repas, calmement, sans se sentir brusqué, et surtout, surtout pas
quand ils vont être 50 et 60 dans la même place.
Le Président (M. Bussière) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix
: Oui.
Le Président (M. Bussière) :
M. le député de Viau, à vous la parole.
M. Benjamin : Monsieur... Oui,
merci, merci beaucoup, M. le Président. L'école, M. le Président, c'est un milieu de vie. C'est un milieu de vie, l'école. Et c'est un
milieu de vie pas comme les autres, M. le Président. Lorsqu'il y a des enfants,
donc les enfants qui sont à la prématernelle, c'est le moment par excellence
de... pour permettre à ces enfants-là de faire l'apprentissage de plusieurs
choses et, dans le cas qui nous concerne ici, d'une chose essentielle pour la
suite des choses, pour eux, c'est-à-dire bien manger. Et ça, ça ne peut pas se
faire en additionnant toutes sortes d'actes ou de choses qui peuvent être à
l'intérieur du repas du midi. Pas nécessaire d'être responsable du service de
dîner dans une école pour savoir tout ce qui se passe, lors de la période de
dîner, comme activités. Il n'est pas nécessaire d'être responsable d'un service
de dîner. Mais par contre dire qu'aujourd'hui les saines habitudes de vie, bien
manger, est au coeur de nos préoccupations pour nos tout-petits, pour nos
enfants, c'est le geste à poser. Et c'est le sens de cet amendement-là, c'est
le sens de cet amendement-là, qui demande tout simplement que les élèves
puissent bénéficier quotidiennement d'un minimum de 50 minutes pour bien
manger. Est-ce que c'est trop demander? Est-ce que c'est trop demander, M. le
Président, que... de demander que nos élèves, nos tout-petits puissent
bénéficier de 50 minutes. Moi, écoutez, j'aimerais bien que les électeurs
qui nous écoutent entendent cela. Oui, j'aimerais que les électeurs qui nous
entendent écoutent cela que... Est-ce que c'est trop demander que de demander
que nos enfants, nos tout-petits à la prématernelle aient 50 minutes pour
bien manger?
Le Président (M. Bussière) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Moi, j'ai
juste une question pour le ministre, et je vous cite un article dans Le Devoir :
«On croit que les récréations sont cruciales pour les enfants, a tranché le
ministre Roberge, mardi. Elles permettent aux élèves d'être
actifs physiquement, de passer du temps dehors, d'aérer le cerveau, de
contribuer à un climat scolaire qui est sain et qui plaît. Ça permet aussi aux professeurs de prendre une petite pause, d'échanger
avec des élèves dans des contextes qui sont différents ». Je pense que
l'amendement de ma collègue de Saint-Laurent propose quelque chose de très
clair : 50 minutes pour les élèves, oui, de bien manger, mais aussi
de prendre un petit peu de temps à l'extérieur d'un modèle plus scolaire. Et
nous avons déjà, sur plusieurs reprises, parlé de la réalité puis le fait que
de demander à des enfants de quatre ans de participer dans un milieu scolaire
est probablement plus difficile. Ce sont des enfants qui sont des fois
peut-être un petit peu plus développés, mais des fois ils sont toujours de
vrais petits enfants. Alors, je veux juste savoir si le ministre est toujours
d'accord que c'est très important pour nos enfants de sortir de la routine
scolaire un petit peu pour aller dehors, manger bien puis de peut-être
«interacter», quand même, avec des professeurs ou des personnes de garde dans
ces situations-là. C'est une citation, M. le Président, de Le Devoir,
un article daté le 12 février. Je suis bien content d'imprimer une copie
et déposer ça à la commission, si c'est nécessaire.
M. Roberge : M.
le Président, je vais répondre, pas à la question, parce qu'elle n'est pas
pertinente ici. On n'est pas en train de parler des
récréations — on les a réglées, d'ailleurs, les récréations;
il ne fallait pas attendre après nos collègues pour faire ça — mais
on parle à des gens, puis l'Association québécoise de la garde scolaire nous
a... a communiqué avec nous. À ce moment, elle nous a dit : Ce n'est
vraiment pas souhaitable de garder les enfants assis 50 minutes. Alors,
merci, mais non merci pour votre amendement. On va garder le régime pédagogique
tel qu'il est.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je ne comprends
pas, parce que, tantôt, M. le ministre, vous avez dit que 50 minutes,
c'était pour manger. Puis, si vous permettez, il y a toute une étude qui
pourrait alimenter vos...
M. Roberge : ...pour votre amendement,
on va garder le régime pédagogique tel qu'il est.
Le Président (M. Bussière) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je ne comprends
pas, parce que, tantôt, M. le ministre, vous avez dit que le 50 minutes,
c'était pour manger.
M. Roberge : Écoutez...
Mme Rizqy : Et, si vous
permettez, y a-tu une étude qui pourrait alimenter vos réflexions? C'est une
étude qui a été réalisée dans six écoles et collèges d'une zone défavorisée au
Massachusetts et qui... les extraits sont en français, évidemment, elle n'a pas
été traduite au complet de l'anglais vers le français, d'habitude, mais en
restauration scolaire, la durée réelle du repas est souvent trop courte. Or,
moins les enfants passent de temps à table, moins ils consomment d'entrées, de
légumes et de fruits. Dans l'intérêt nutritionnel des enfants, ainsi que pour
réduire les pertes alimentaires, il paraît judicieux de favoriser, dans les
écoles, un temps effectif de repas et supérieur à 25 minutes.
Donc, quand on parle d'une enveloppe de
temps pour le repas, réellement, c'est indiqué que, souvent, les enfants vont
peut-être manger trop vite. Puis directement, si je continue la lecture, en
restauration scolaire, la durée réelle du repas est souvent trop courte, et ça
indique que les repas de mille et un jeunes ont été pris en compte sur une période
de six journées non consécutives, réparties sur une année scolaire. Tous
mangeaient, bon, ça, je vais sauter, je vais juste aller directement à ce qui
est important. Le fait de consommer une entrée, des légumes ou du lait n'était
pas relié au temps passé à la table, mais les quantités consommées l'étaient.
Ça, c'est-à-dire que, souvent, les petits vont peut-être picosser un peu puis
vont manger rapidement, trop rapidement, et c'est là qu'on peut développer des
mauvaises habitudes alimentaires et ne pas aussi aller chercher tous les
éléments nutritifs dont ils ont besoin. Et ça indique, il semble difficile pour
les écoles d'allonger le temps de service, mais d'autres solutions devraient
être proposées.
Donc, ici, là, vous comprendrez qu'on
parle effectivement de l'enveloppe de temps, mais que, dans les faits, les
enfants, lorsqu'ils ne sont pas accompagnés, lorsqu'on ne les éduque pas à
prendre leur temps pour bien manger, bien mastiquer, ils peuvent aller trop
vite dans l'absorption de leur repas et, par conséquent, rapidement, se sentir
pleins et, après ça, dire : Bien, je ne finis pas mon repas. Hier, même
vous, vous avez dit combien de fois vous avez reçu des boîtes à lunch qui
revenaient avec le repas dedans. Bien, c'est ça, ça, c'est aussi des pertes
alimentaires qui peuvent être occasionnées, parce que ça, ça peut peut-être
vous faire réfléchir sur pourquoi c'est important d'avoir à coeur la qualité de
la prise de repas, la prise de repas effective dans l'école. Là, on parle des
enfants de quatre ans, là, qui sont encore en plein développement, en pleine
croissance puis qui doivent apprendre tout ça, là, parce qu'en CPE c'est ça qui
se passe, là, en CPE, vous allez avoir une éducatrice spécialisée à la petite
enfance avec un petit groupe d'un maximum de 10, qui vont prendre vraiment le
temps. Ils vont s'asseoir, les 10 enfants, avec elle, l'éducatrice, et ils vont
regarder leur repas, tranquillement, on va leur montrer comment faire.
J'attends juste d'avoir l'attention du
ministre. Est-ce que vous avez le souci, au même titre qu'en matière de CPE et
services de garde régis, que cette prise de repas soit de la même qualité?
M. Roberge : Bien, M. le
Président, il y a déjà, dans le régime pédagogique, tous les éléments
nécessaires en disant qu'il y a 50 minutes pour le repas du midi. On a un
article qui vient ajouter bien peu de choses et qui, en fait, détourne un peu
l'attention de l'article de loi qu'on est censé étudier, qui vient permettre de
donner à temps plein des services qui ne sont offerts, en ce moment, qu'à temps
partiel.
Mme Rizqy : On déploie quelque
chose d'unique au Québec, on vient généraliser les maternelles quatre ans. Tant
qu'à ouvrir la Loi sur l'instruction publique, faisons-le correctement. On n'a
pas entendu pour rien des experts qui sont venus témoigner dans cette salle,
ici même, là, qui sont venus nous expliquer pourquoi que c'était important,
différentes choses auxquelles tout votre projet de loi que vous nous avez
déposé, là, ne répond à aucune préoccupation du ministre que ce soit les
ratios, le transport. Vous, là, je ne comprends pas que vous nous avez présenté
un projet de loi où est-ce qu'on ne parle aucunement des modalités pour le
transport, alors que, quand on a eu des experts qui nous ont dit : Eh! les
enfants de quatre ans, ça roule en bas des bancs. On a tous figés ici, là, on a
dit : Bien, voyons! Puis, moi, je ne comprends pas, à ce jour, que vous,
là, vous nous présentez quelque chose qui n'est pas attaché.
Après ça, quand on parle des ratios, de la
qualité de service, on est en plein coeur de votre projet de loi, pas du mien,
mais du vôtre, c'est quand même vous qui généralisez les maternelles quatre ans.
Alors, on vous l'a dit, pour nous, il y a plusieurs éléments qui sont importants,
la qualité, afin de dépister tôt, le milieu défavorisé, les enfants handicapés,
mais aussi le transport, et toutes ces préoccupations-là, vous les connaissez d'entrée
de jeu. Là, aujourd'hui, on se retrouve le 27 septembre, puis on n'a toujours
pas...
(Interruption)
Mme Rizqy : ...pardon, les
réponses...
Le Président (M. Bussière) :
Je m'excuse...
• (12 h 30) •
Mme Rizqy : ...à nos préoccupations
qui ont été soulevées par les partenaires qu'on a entendus lors des différentes
consultations...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Rizqy : ...le milieu
défavorisé des enfants handicapés, mais aussi le transport. Et toutes ces préoccupations-là,
vous les connaissez d'entrée de jeu. Bien là, aujourd'hui, on se retrouve le 27
septembre, puis on n'a toujours pas les réponses...
Le Président (M. Bussière) :
Je m'excuse...
Mme Rizqy : ...à nos
préoccupations, qui ont été soulevées par les partenaires qu'on a entendus lors
des différentes consultations menées au mois de mai dernier.
Le Président (M. Bussière) :
Mme la députée de Saint-Laurent, je m'excuse, mais il est 12 h 30. Je
vous remercie tous de votre collaboration.
Et puis compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux jusqu'à lundi le 30 septembre, 9 heures, où elle
entreprendra un autre mandat.
(Fin de la séance à 12 h 31)