Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Wednesday, October 21, 2020
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Vol. 45 N° 75
Special consultations and public hearings on Bill 65, An Act to amend mainly the Environment Quality Act with respect to deposits and selective collection
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante et une minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir, bien sûr,
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. Je vous dis aussi
également bonjour.
Donc, la commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 65, loi
modifiant principalement la loi sur la qualité de l'environnement en matière de
consigne et de collecte.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace Mme Charbonneau
(Mille-Îles) et Mme Perry Mélançon (Gaspé) remplace M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, cet avant-midi, nous entendrons l'Union des municipalités du Québec et
la Fédération québécoise des municipalités. Donc, nos invités sont en ligne,
sont avec nous. Alors, je vous souhaite la bienvenue, et vous avez 10 minutes
pour faire votre exposé, et ensuite vous aurez les questions des
parlementaires. À vous la parole.
(Visioconférence)
M. Bellavance (André) : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Vous m'entendez bien, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Très bien.
M. Bellavance (André) :
Parfait. Je vous remercie beaucoup et je vous salue, bien sûr. Je ne sais pas
si le ministre est parmi nous, parce qu'on ne voit pas très bien, mais je le
salue.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, il est là...
M. Bellavance (André) : Il est
là?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien installé...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...vous avez 10 minutes pour faire votre
exposé. Ensuite, vous aurez les questions des parlementaires.
(Visioconférence)
M. Bellavance (André) :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Vous m'entendez bien, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Très bien.
M. Bellavance (André) :
Parfait. Je vous remercie beaucoup et je vous salue bien sûr. Je ne sais pas si
le ministre est parmi nous parce qu'on ne voit pas très bien, mais je le salue.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, il est là, il est arrivé.
M. Bellavance (André) :
Il est là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Bien installé.
M. Bellavance (André) :
Parfait. Aux membres de la commission, d'abord j'aimerais rappeler que depuis maintenant
plus de 100 ans, l'Union des municipalités du Québec rassemble les gouvernements
de proximité de toutes les régions du Québec afin de mobiliser l'expertise
municipale, accompagner ses membres dans l'exercice de leurs compétences et
valoriser la démocratie municipale.
Nos membres qui représentent plus de
85 % de la population et du territoire du Québec sont regroupés en caucus
d'affinités : municipalités locales, municipalités de centralité, cités
régionales, grandes villes et municipalités de la métropole. Et c'est en
qualité de président de la Commission de l'environnement de l'UMQ que je
prends, aujourd'hui, la parole, et je suis accompagnement de
Mme Geneviève David Watson qui est conseillère aux politiques à
l'UMQ.
Le projet de loi n° 65 modifiant
principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne
et de collecte sélective propose une réforme nécessaire et attendue par le
milieu municipal. L'UMQ estime que le processus a été bien mené avec un souci
réel de prendre en compte la position des municipalités ainsi que des autres
acteurs. La réforme qui nous est présentée est la première étape vers l'élargissement
de la consigne et la modernisation du système de collecte sélective des matières
résiduelles.
À l'heure actuelle, le système de collecte
sélective repose sur les municipalités. Nous assumons, en effet, la gestion de
la collecte, du transport, du tri et du conditionnement, tout en subissant les
fluctuations d'un marché hors de notre contrôle. On l'a vu récemment avec la
crise dans les matières recyclées. La collecte sélective a amené une
transformation économique et sociale. C'est le genre de virage qui doit être
lancé par les pouvoirs publics. Alors qu'on se soit appuyé sur les municipalités
à l'origine, on comprend bien ça, mais on en est plus là, et le gouvernement,
je pense, en a pris conscience également.
Aujourd'hui, il y a un savoir partagé, des
expertises ont été développées, une industrie est née. On peut donc
redistribuer les responsabilités et atteindre de meilleurs résultats. L'élément
central de la réforme, c'est la responsabilité élargie des producteurs de
matières résiduelles. On dit aux entreprises qui produisent et distribuent des
biens : C'est vous qui mettez en circulation des matières qui deviendront,
dans le meilleur des cas, des matières recyclables, dans le pire, des déchets,
alors vous allez en être responsables de cette mise en marché à la fin de vie,
du début finalement à la fin.
Les entreprises vont assumer des coûts
supplémentaires, mais vont aussi pouvoir générer des revenus supplémentaires en
créant des chaînes de revenus plus vertes où l'emballage aura été pensé pour
être valorisé et/ou le produit aura été conçu pour avoir une autre vie après
son premier usage. C'est une approche qui nous amène vers l'économie circulaire
qui diminue la pression sur les ressources vierges et réduit les impacts de
l'activité humaine sur l'environnement. C'est une orientation plus responsable.
C'est aussi une orientation qui mise sur les compétences de chacun.
L'entreprise privée a pour fonction
d'innover et de créer de la valeur. Et dans le monde d'aujourd'hui on crée de
plus en plus de...
M. Bellavance (André) :
...qui diminue la pression sur les ressources vierges et réduit les impacts de l'activité
humaine sur l'environnement. C'est une orientation plus responsable. C'est
aussi une orientation qui mise sur les compétences de chacun. L'entreprise
privée a pour fonction d'innover et de créer de la valeur. Et dans le monde d'aujourd'hui
on crée de plus en plus de valeur avec ce qu'on considérait hier comme des
déchets. Les municipalités de leur côté sont les expertes des services de
proximité. Et elles pourront continuer d'assumer la collecte et de faire le
lien avec les citoyens. Avec cette réforme, le Québec va se donner une organisation
moderne qu'on peut comparer à celles qu'on trouve dans les pays qui ont les
meilleures performances en termes de valorisation des matières résiduelles.
Nous proposons des recommandations en
souhaitant qu'elles soient retenues, bien sûr, par vous, membres de la commission,
et par les membres de l'Assemblée nationale. Nous soulevons quelques préoccupations.
Pour nous, la période sensible, c'est la transition. En premier lieu, un des
aspects les plus importants du projet de loi est sans aucun doute la transition
des contrats municipaux pour les services de collecte, de transport, de tri et
de conditionnement. Le nouveau système, on le sait, issu de la réforme, va
entrer en vigueur le 1er janvier 2025. D'ici là, bien, il faut continuer. Plusieurs
municipalités devront aussi renégocier des contrats qui arriveront à terme
d'ici 2025, mais qui seront inévitablement de plus courte durée.
Alors, la durée du contrat en matière de
collecte et de tri a un impact considérable sur la stratégie d'appel d'offres
et sur le prix éventuel d'un contrat. Cette situation pourrait signifier des
coûts supplémentaires pour les municipalités. Alors, la première recommandation
de l'UMQ, c'est de demander au gouvernement de prévoir une pleine compensation
financière pour tous les coûts supplémentaires occasionnés par l'échéancier
prévu dans le projet de loi.
Selon le texte que nous avons sous les
yeux, les contrats seraient signés en vertu de la nouvelle loi selon sa date de
présentation qui était le 24 septembre 2020. Il est important de rappeler
que les processus municipaux de renouvellement de contrat peuvent s'échelonner
sur plusieurs mois, voire plus d'un an. Le gouvernement devra donc prévoir les
mécanismes pour les organismes municipaux dans une situation où ceux-ci ont déjà
enclenché un processus d'appel d'offres et de renouvellement de contrat.
Inutile de rappeler que les municipalités ont dans le contexte actuel la responsabilité
d'assurer le maintien des services de collecte sélective, un service jugé
essentiel par la population. Notre deuxième recommandation est de demander au gouvernement
du Québec de prévoir le mécanisme particulier pour les organismes municipaux
ayant déjà entamé un processus d'appel d'offres avant l'entrée en vigueur de la
loi.
Par ailleurs, les municipalités ont
développé au fil des ans des modèles différents de gestion. Dans différentes
collectes de matières recyclables, matières organiques, déchets, l'approche
n'est pas uniforme parce que les milieux ne sont pas uniformes. Il faut
conserver cette façon de faire adaptée à la réalité locale dans la réforme à
venir. C'est notre troisième recommandation, l'UMQ demande au gouvernement du
Québec de s'appuyer sur l'expertise municipale et de respecter la diversité des
modèles de gestion des matières recyclables dans l'élaboration des prochains
outils réglementaires et contractuels...
M. Bellavance (André) : ...la
réalité locale dans la réforme à venir. C'est notre troisième recommandation.
L'UMQ demande au gouvernement du Québec de s'appuyer sur l'expertise municipale
et de respecter la diversité des modèles de gestion des matières recyclables
dans l'élaboration des prochains outils réglementaires et contractuels. L'UMQ
présente des facteurs de succès pour assurer de bonnes relations entre les municipalités
et l'organisme de gestion qui sera désigné par le gouvernement. Dans cet
esprit, nous demandons que les ententes qui seront conclues prévoient, pour les
municipalités, un retour sur les investissements qu'elles ont consentis, notamment
dans la construction et la modernisation de centres de tri.
Par ailleurs, dans le cadre actuel, les municipalités
sont responsables et imputables. Avec le projet de loi n° 65,
si on redistribue les responsabilités, il faut aussi redistribuer l'imputabilité.
Dans sa sixième recommandation, l'UMQ demande au gouvernement de rendre les
producteurs imputables de la performance du système sous tous ses aspects, du
tri citoyen à la qualité des matières issues de la collecte sélective.
L'UMQ formule aussi une recommandation à
l'égard de la consigne. Nous sommes d'accord avec l'élargissement de la
consigne, qui a un taux de participation élevée et qui s'inscrit dans des
chaînes de valeurs bien structurées. Plus de consigne signifie cependant aussi
plus de points de dépôt qui pourraient être opérés par les producteurs de
matières résiduelles. Pour prévenir des frictions, des mésententes, l'UMQ
recommande au gouvernement de respecter la compétence municipale en matière d'aménagement
du territoire dans l'implantation du nouveau régime de la consigne.
En résumé, avec le projet de loi n° 65, nous avons en main une pièce législative bien pensée
qui entraînera une réforme pertinente et désirée du système de collecte
sélective au Québec. Elle est dans l'intérêt de toutes les parties impliquées,
elle est aussi gagnante sur le plan économique et elle nous aidera à mieux
protéger l'environnement. L'UMQ appuie le projet de loi n° 65,
et nos recommandations visent à assurer la réussite de la réforme qui en
découlera, réussite qui repose sur trois piliers essentiels pour nous :
responsabilité des producteurs, s'appuyer sur le partenariat municipal et
respecter les réalités et particularités régionales. Merci, Mme la Présidente,
nous sommes disponibles pour répondre à vos questions.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez la parole pour
16 min 30 s.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Temps que je partagerai avec mes collègues. Messieurs, bonjour. Un
plaisir de vous retrouver. À défaut de vous voir en personne, on compose avec
cette nouvelle réalité. Merci de votre présence ce matin. Merci pour vos
commentaires. Mais, également, merci pour tout le travail préalable. C'est un
projet de loi qui a été déposé il y a quelques semaines, oui, mais un projet de
loi qui est travaillé, là, depuis plus d'une année, et avec lequel, et pour
lequel on a pu compter sur votre collaboration dès le départ. Vos inputs ont
tout le temps été très appréciés.
Et peut-être vous mentionner d'entrée de
jeu, vous exposez des éléments, là, qui sont tout à fait légitimes, mais votre
présence sur les comités de travail permet d'aborder ces enjeux-là qui ne
peuvent pas...
M. Charette : ...dès le départ,
vos inputs ont tout le temps été très appréciés. Et peut-être vous mentionner
d'entrée de jeu, vous exposez des éléments, là, qui sont tout à fait légitimes,
mais votre présence sur les comités de travail permet d'aborder ces enjeux-là
qui ne peuvent pas tous se retrouver dans le projet de loi lui-même. On a un
projet de loi qui sera vraisemblablement adopté dans les prochaines semaines,
les prochains mois. Du moins, c'est notre souhait. Or, les comités de travail,
eux, vont continuer de se réunir au-delà de l'adoption du projet de loi pour
permettre la rédaction, là, de certains règlements. Donc, il y a plusieurs des
éléments que vous avez mentionnés qui sont une évidence, effectivement, mais
qui sont discutés actuellement avec différents groupes dont les différentes
fédérations municipales, autant UMQ que FQM. Donc, peut-être vous rassurer à ce
niveau-là.
Pour ce qui est des contrats, vous touchez
un excellent point. Naturellement, lorsqu'on veut mettre en place une réforme
qui va s'implanter dans quelques années mais qui implique des contrats qui,
eux, sont sur la durée, sur le long terme, il faut tout de même prendre en
compte ce facteur-là. Donc, ce que l'on dit : On ne peut pas signer de
nouveaux contrats qui vont au-delà de la date d'entrée en vigueur, là, de la
réforme sur la collecte sélective. Donc, il y a quand même une marge de
manoeuvre de quelques années. Mais les contrats qui sont actuellement en
vigueur continuent de s'appliquer. Mais je comprends toute la dynamique, mais
il doit y avoir un début, et ce début-là nous ramène au calendrier
d'implantation de la réforme.
Je suis content également de vous entendre
au niveau de la consigne. C'est un élément qui fait l'objet de plusieurs
discussions qui sont... des discussions qui sont d'actualité depuis plusieurs
années aussi. Bref, sur chacun des éléments, là, vos préoccupations sont
entendues. Mais clairement, pour nous, c'était important de respecter le lien
entre le citoyen et sa municipalité, en ce sens que la collecte sélective, vous
étiez, vous, demeurés les mieux placés pour la gérer. Donc, le projet de loi a
des incidences avant, a des incidences après mais, dans tous les cas, est
profitable au milieu municipal qui pourrait récupérer une somme des argents
qu'il investit actuellement, là, tantôt au niveau, par exemple, des centres de
tri — vous faites très bien de le mentionner — tantôt au coût
d'opération de la collecte elle-même. Donc, je pense que le milieu municipal
est un des milieux gagnants de cette réforme-là, en plus, bien sûr, de
l'environnement qui sera le principal gagnant.
Donc, je voulais essentiellement vous
remercier. Je vais passer la parole à mes collègues histoire de partager le
temps. Mais soyez assurés, on continue de collaborer avec vous à travers les
différents comités et on va s'y retrouver, là, dès les prochaines rencontres...
M. Charette :
...l'environnement, qui sera le principal gagnant.
Donc, je voulais essentiellement vous
remercier. Je vais passer la parole à mes collègues, histoire de partager le
temps. Mais soyez assurés, on continue de collaborer avec vous à travers les
différents comités et on va s'y retrouver, là, dès les prochaines rencontres. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. C'est un peu spécial, à cause des règles sanitaires, quand nous
allons passer la parole à nos collègues, c'est comme dans le livre d'Astérix,
nous sommes un.
Merci, M. Bellavance, d'être là. Je suis
bien d'accord quand vous parlez que, quand vous devez distribuer des contrats,
le fait de ne pas avoir un contrat à long terme fait que les compagnies
impliquées pourraient trouver que c'est un peu court comme contrat, qu'il y a
un manque de prévisibilité. Alors, il y a toujours un battement entre la date
d'implantation et un nouveau système, et ce battement-là, il faut minimiser le
flou là-dedans. Je pense qu'on ne pourra jamais l'éliminer au complet, mais il
faut au moins le minimiser tant qu'on peut.
Vous parlez de tenir compte de la réalité
locale. Bien sûr, et c'est absolument important de le faire. Mais, tenir compte
de la réalité locale, est-ce que vous voyez votre implication aussi au niveau
du pourcentage de recyclage? Parce qu'on veut augmenter le pourcentage, aller
chercher plus de contenants à recycler. Et est-ce que vous vous voyez faire
partie de cette amélioration du nombre de contenants, les objectifs visés?
M. Bellavance (André) : On va toujours
être là. Effectivement, au fil des années, on a vu une grande amélioration de
ce côté-là, mais on voit aussi qu'il y a encore énormément d'efforts à faire.
Dans l'enfouissement, malheureusement, on retrouve encore trop de matières
recyclables. La grande différence, le grand avantage qu'il va y avoir avec le
projet de loi, c'est de donner la responsabilité justement aux producteurs,
parce qu'actuellement, en n'ayant pas cette responsabilité-là, on a sur le
marché toutes sortes de produits qui sont plus ou moins recyclables, et les
entreprises vont y aller selon un intérêt plus économique. Mais leur intérêt
économique va changer quand elles vont s'apercevoir que cette matière
recyclable là, et avec les obligations peut-être aussi d'utiliser de plus en
plus de matières recyclables pour fabriquer leurs contenants, par exemple... Et
si, dans toute la chaîne de A à Z, ces entreprises-là sont responsables, ça va
faire toute une différence, elles vont produire des matières beaucoup plus
recyclables. Et là, évidemment, du côté des municipalités, c'est toujours la
sensibilisation auprès des citoyens de faire en sorte que ces matières-là se
retrouvent au bon endroit. Et on met la consigne là-dedans, puisqu'il en est
question aussi dans le projet de loi n° 65. Ça aussi,
ça vient faire une différence, parce que là les gens vont récupérer leur argent
en allant porter ces matières-là, ces contenants-là et recevoir des sous en
retour. Donc, à ce moment-là, le cycle... tout...
M. Bellavance (André) :
...puisqu'il en est question aussi dans le projet de loi n° 65. Ça aussi
ça vient faire une différence parce que là les gens vont récupérer leur argent
en allant porter ces matières-là, ces contenants-là, et recevoir des sous en
retour. Donc, à ce moment-là, le cycle... tout va retourner à la bonne place
finalement. Je suis convaincu qu'on va réussir à augmenter, dans ce sens-là,
les matières qui devront aller au recyclage plutôt qu'à l'enfouissement.
M. Campeau : J'ai un autre
item, et je l'ai abordé hier à quelques reprises, sur la formation et
l'information. J'ai juste l'impression qu'une grosse partie de la solution,
c'est qu'il faut que les gens sachent facilement, je dirais, avec le temps,
instinctivement que le contenant x va vraiment à tel endroit, je le rapporte au
magasin, et tout. Et là vous semblez, et je veux juste voir si j'ai bien
compris, vous semblez nous dire que ça devrait être la responsabilité des
producteurs. Oui, mais en même temps, vous êtes bien placés pour transférer
cette information et cette formation à l'ensemble des concitoyens et vous
pouvez faire en sorte, comme étant un spécialiste, disons, de la proximité, si
je peux l'appeler comme ça, de bien diriger l'information, la formation et
l'information aux citoyens pour maximiser le taux de retour. Alors, je trouve
important que ça soit une responsabilité du producteur, ça s'appelle un REP pas
pour rien, mais je trouve ça important que vous restiez dans la boucle parce
que vous avez un rôle extrêmement important pour maximiser ce taux de retour
là. Comment vous voyez ça?
M. Bellavance (André) : Bien, M.
le député, vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, déjà, depuis de nombreuses
années, les municipalités sont non seulement impliquées, mais vont faire les
efforts nécessaires pour bien informer leur population parce qu'on n'a aucun
intérêt à envoyer plus de matière, plus de tonnes dans l'enfouissement parce
que ça nous coûte plus cher. Alors, c'est plus payant aussi. Là, je parle juste
en termes d'argent, mais on parle en termes d'environnement. C'est ce qui est
très important évidemment. Mais juste pour ça, les municipalités ont tout
intérêt à ce que leurs citoyens sachent exactement ce qui va dans les bons
bacs, là. Il y en a que c'est le bac bleu, il y a en que c'est le bac vert.
Alors, ça, c'est... on n'a pas l'intention de se dégager de cette
responsabilité-là de bien informer notre population, de toujours les inciter à
faire en sorte qu'ils recyclent de plus en plus. C'est la même chose avec les
matières organiques, il y en a aussi qui se retrouvent dans les déchets, encore
trop. Et ça, je peux vous dire que les municipalités donnent l'information nécessaire
aux citoyens à cet égard-là.
M. Campeau : Vous parlez aussi
d'aménagement du territoire. Je veux juste comprendre ce que ça veut dire, à
quel point ça viendrait jouer un rôle à ce moment-là.
• (12 heures) •
M. Bellavance (André) : Oui.
Bien, c'est surtout dans le cas de la consigne. On sait que, comme je le disais
dans ma présentation, la consigne, il va bien falloir aller porter ces
contenants-là à quelque part. Et ce qu'on veut éviter, c'est pourquoi on
demande au gouvernement de ne pas oublier de nous parler, M. le ministre a dit
qu'il continuerait à le faire, puis c'est très important pour nous, on en est
bien heureux...
12 h (version non révisée)
M. Bellavance (André) : …comme
je le disais dans ma présentation, la consigne, il va bien falloir aller porter
ces contenants-là à quelque part. Et ce qu'on veut éviter, c'est pourquoi on
demande au gouvernement de ne pas oublier de nous parler, M. le ministre a dit
qu'il continuerait à le faire, puis c'est très important pour nous, on en est
bien heureux, ce qu'il faut éviter, c'est de se faire imposer des lieux où il y
aura des matières qui seront récupérées pour la consigne.
Alors, il faut absolument que ça se fasse
en partenariat avec les municipalités finalement, parce qu'on ne veut pas que
ce soit n'importe où, il y a des endroits qui vont peut-être être plus adéquats
que d'autres. Par exemple, dans certains secteurs résidentiels, si on installe,
et là la technologie va le permettre sans aucun doute, mais, à un moment donné,
ça peut être ce qu'on appelle, excusez-moi aux membres de la commission
d'employer ce terme-là, je ne sais pas si c'est le bon terme, mais des
gobeuses, et puis que ça fait beaucoup de bruit… ou, enfin, il y a des endroits
qui seraient plus appropriés que d'autres.
Alors, c'est surtout dans ce sens-là,
s'assurer qu'on soit consultés, qu'on soit informés des endroits où pourraient
se retrouver les endroits de collecte des contenants consignés.
M. Campeau : Bien, je
comprends que vous ayez cet enjeu-là et que vous voulez faire partie de la
solution, c'est juste qu'il faut éviter d'avoir une discussion qui prendrait
trop de temps à dire : On installe ça où, et qu'on reste dans
l'incertitude. Puis je pense, à certains moments, quand on s'est dit, et c'est
loin d'être la même chose, là, quelle place qu'on installe une école, le
terrain n'est jamais disponible. C'est ce genre de chose là qu'on veut éviter,
il faut aller de l'avant pour le mettre en place, mais, oui, vous devez en
faire partie, bien sûr. Moi, je n'ai pas d'autre question. Alors, merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Parfait. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonjour. Bienvenue. Merci d'être là. Et
j'aimerais continuer dans la même direction que mon collègue le député de
Bourget avait commencé. Donc, les points de dépôt, où est-ce qu'on va les
installer? Et donc, de respecter pleinement les schémas d'aménagement de
territoire de la part des municipalités, je pense, c'est essentiel. Donc, vous
avez répondu poliment au collègue du gouvernement que vous aimeriez bien qu'il
vous soit laissé un peu plus de latitude.
Moi, ce que j'ai compris, de l'autre côté,
c'est que le gouvernement ne semble pas avoir, comment je dirais ça, on veut
aller vite. Alors, entre vouloir aller vite pour installer les points de dépôt
et respecter pleinement l'autonomie des municipalités, quel est le terrain
d'entente, c'est-à-dire jusqu'où est-ce que vous êtes prêts à aller vite?
M. Bellavance (André) : Je
pense qu'on est prêts, on est prêts à établir la consigne, la seule… l'élément
qui nous inquiétait dans, justement, la volonté du gouvernement d'aller vite,
on ne peut pas se plaindre d'aller vite dans cette situation-là, parce que ça
fait longtemps qu'on parle de la consigne, je pense que c'est une amélioration…
M. Leitão : Excusez…
M. Bellavance (André) :
...Je pense qu'on est prêts. On est prêts à établir la consigne. La seule...
L'élément qui nous inquiétait dans, justement, la volonté du gouvernement
d'aller vite... On ne peut pas... On ne va pas se plaindre d'aller vite dans
cette situation-là parce que ça fait longtemps qu'on parle de la consigne, je
pense que c'est une amélioration.
M. Leitão : Excusez...
Moi, je... Peut-être, je n'ai pas été assez clair. Moi, je parle d'installation
des points de dépôt. Donc, ils vont se trouver ici et pas là, donc il va y
avoir des discussions sur où mettre ces fameux points de dépôt. Je pense... beaucoup
de... Ça va passer par vous. Je pense que vous êtes proches du terrain, vous
êtes là. Je pense, ça... Moi, je pense, ça devrait être la municipalité qui,
ultimement, décide où ça devrait s'installer. Comment est-ce que vous voyez ça?
M. Bellavance (André) :
...et je suis d'accord avec vous. Donc, c'est ça, je disais qu'il n'y a pas de problème
à aller rapidement, en autant que les municipalités soient consultées et
puissent avoir leur mot à dire sur les endroits où seront installés les points
de dépôt. Le gouvernement peut avoir des exigences face à la Société des
alcools du Québec, par exemple, peut avoir des exigences face à certaines
autres entreprises. Mais, sur le territoire comme tel, s'il y a des installations
qui doivent être faites et que le gouvernement se promène sur le territoire en
essayant d'établir les meilleurs endroits, il faut absolument qu'on soit là parce
qu'on connaît notre territoire, on sait quels sont les meilleurs endroits. On
ne veut pas non plus que les gens fassent trop de distance pour pouvoir aller
porter leurs contenants, tout en respectant la quiétude des citoyens.
Donc, vous avez raison à 100 %. Il
faut que les municipalités puissent se prononcer là-dessus.
M. Leitão : Très bien.
Et, du côté du gouvernement municipal, un enjeu important, c'est le phénomène
très répandu et qui ne va pas disparaître demain matin, le syndrome du «not in
my backyard». Donc, tout le monde est d'accord, mais tant que ça se fasse
ailleurs. Et ça, c'est aussi vieux que la planète. Et les gouvernements
municipaux, en tant que gouvernements de proximité, vous êtes très sensibles à
ces enjeux très, très, très locaux. Donc, on a vu dans d'autres domaines que,
des fois, ça peut créer des tensions à l'intérieur du conseil municipal.
Alors, comment est-ce que vous... Est-ce
que vous pensez que ça pourrait être un problème que des résidents
disent : Bien, écoutez, là, on est d'accord pour la consigne élargie,
c'est une excellente idée, mais ne mettez pas cette affaire ici, dans notre
quartier? Est-ce que c'est quelque chose qui vous préoccupe ou vous pensez que
ça peut se... quand même, on est en 2020, quand même, ça peut se régler?
M. Bellavance (André) :
Oui. M. le député, on vit avec ça à tous les jours. Dans tous les dossiers à
peu près, il y a toujours... À un moment donné, il faut trancher. Donc, en
termes d'aménagement municipal, c'est notre quotidien. Ça va être la même
chose... C'est pour... la raison pour laquelle on demande au gouvernement de
respecter notre capacité de déterminer les meilleurs endroits. Et ces meilleurs
endroits là, bien, ce sera le conseil municipal qui, finalement, les
déterminera...
M. Bellavance (André) : ...en
termes d'aménagement municipal, c'est notre quotidien. Ça va être la même
chose. C'est la raison pour laquelle on demande au gouvernement de respecter
notre capacité de déterminer les meilleurs endroits. Et ces meilleurs endroits
là, bien, ce sera le conseil municipal qui, finalement, les déterminera.
À ce moment-là, la population, qui est
déjà, de toute façon, en faveur, je pense, là... les sondages qui ont été faits
au fil des ans nous démontrent que la population est en faveur de la
consigne... va certainement s'adapter à ces nouvelles situations là. On
s'attend... On ne parle pas, là, d'une implantation d'une usine polluante. On
ne parle pas non plus... Je parlais de bruit tout à l'heure, mais on comprend
que ça prenait quand même une certaine proximité. Ce n'est pas du tout la même
chose que certaines entreprises, là, qui vont produire du bruit incessant, je vais
dire ça comme ça. Alors, à ce moment-là, je pense que, pour nous, ce sera très
facile, si le gouvernement ne vient pas nous imposer des endroits, de les
accompagner pour trouver les meilleurs endroits. Et l'acceptabilité sociale est
toujours importante pour nous, les élus, donc on va trouver certainement les
bons compromis.
M. Leitão : Très bien, merci.
Et moi aussi, je pense que vous devriez être les... je ne dirais pas les seuls,
mais... oui, ceux qui déterminent où on doit installer ces choses.
Dans ce même contexte, il y a plusieurs
intervenants, ou au moins un groupe, hier, qui nous a dit qu'ils ont des enjeux
potentiels de questions de salubrité, puisque maintenant, on va aussi consigner
d'autres contenants de carton, etc., pour... de boissons, etc., et que ça
peut... l'accumulation de ces contenants vides là, ça risque d'attirer des
questions sanitaires. Est-ce que vous pensez que c'est un problème, ou que ce
n'est pas quelque chose qui vous préoccupe beaucoup? Qu'est-ce que vous pensez de
ça?
M. Bellavance (André) : Bien,
ça va toujours nous préoccuper, mais j'ai l'impression que les règles vont être
assez claires pour qu'on puisse avoir des endroits salubres, bien sûr.
Je ne sais pas si Mme Watson peut me
donner un coup de main là-dessus?
Mme David Watson (Geneviève) :
Oui, bonjour. Donc, effectivement, la salubrité est un enjeu important, que ce
soit à l'intérieur des commerces ou à l'extérieur. Donc, on peut voir des
points de dépôt à l'extérieur qui auraient également des enjeux de salubrité.
C'est pourquoi on pense que RECYC-QUÉBEC et le gouvernement devront faire une
étude, à savoir, c'est quoi, les meilleures technologies pour la consigne qu'on
propose. Et les lieux vont être importants, mais également la technologie qui
sera utilisée pour la consigne.
M. Leitão : Oui, merci. Oui,
en effet, et, quand j'ai mentionné tantôt les questions de syndrome de «not in
my backyard», c'est surtout à ça que je faisais allusion. Pas nécessairement le
bruit. Ça, je pense que... bien, enfin, je pense que ce n'est pas tellement un
enjeu. Mais cette question-là risque de venir causer des problèmes au niveau
local. Et donc je pense que ça doit être bien géré et je pense que ça doit être
le gouvernement local, donc la municipalité, qui doit avoir...
M. Leitão : ...enfin, je
pense que ce n'est pas tellement un enjeu, mais cette question-là risque de
venir causer des problèmes au niveau local. Et donc je pense que ça doit être
bien géré et je pense que ça doit être le gouvernement local, donc, la municipalité
qui doit avoir une très grande autonomie dans cette prise de décision là.
Maintenant, aussi dans le domaine municipal,
bien, on a beaucoup parlé de collecte sélective, consigne élargie. Vous êtes généralement
en faveur pour ce projet de loi. Et je pense qu'on dirait qu'il y a un
consensus qui émerge là-dessus. Là où je voudrais aller, c'est à ce qui se
passe un petit peu avant, avant que les choses arrivent au bac, au bac bleu, au
bac vert, etc., donc des mesures pour réduire la création de poubelles ou
d'éléments à être recyclés.
• (12 h 10) •
Et là, je pense que les municipalités ont
un rôle important à jouer. On a parlé tantôt d'information. Donc, les municipalités
continuent d'informer les résidents. Mais est-ce que... Seriez-vous d'accord
avec la proposition que les municipalités pourraient aller même plus loin que
juste... plus loin que juste l'information et commencer à penser même à mettre
en place des mesures, on le voit dans certaines municipalités, des mesures beaucoup
plus contraignantes, genre vous ne pouvez pas... Vous êtes limités à, je ne
sais pas, moi, un sac de poubelle par semaine, là. Donc, limiter vraiment la
quantité que les citoyens, que les résidents puissent mettre soit dans la
poubelle ou dans le bac de recyclage. Êtes-vous en tant que gouvernement de
proximité prêt à aller si loin que ça?
M. Bellavance (André) : Il
y a une évolution. Évidemment, ce qu'on essaie de faire, c'est de faire en
sorte que la population par elle-même détermine, ou décide, ou comprenne
l'importance de recycler. Par contre, vous l'avez dit vous-même, il y a toutes
sortes de possibilités aujourd'hui, et on a même des projets pilotes dans notre
municipalité actuellement, où on sait que, du côté de nos résidents, le secteur
résidentiel, c'est à peu près très bien inculqué, là, dans les familles,
l'importance des trois bacs, la récupération, les matières organiques, le
déchet de moins en moins.
Cependant, c'est moins le cas pour les institutions,
les commerces et les industries. Alors, dans le cas des ICI, qu'on appelle, on
est en train de faire un projet pilote, ici, pour faire en sorte que ça
devienne aussi obligatoire. Donc, au fil des ans, on va le voir à travers le Québec,
toutes les entreprises vont devoir aussi cesser d'envoyer tout à
l'enfouissement. Tout le monde est conscient que ça coûte cher à toute la société.
Et à ce moment-là, bien, ça, c'est un bel exemple où est-ce que que, quand vous
nous dites qu'on a une certaine responsabilité autre qu'informer, bien, oui, on
pose...
M. Bellavance (André) : ...au
fil des ans, on va le voir à travers le Québec, toutes les entreprises vont
devoir aussi cesser d'envoyer tout à l'enfouissement. Tout le monde est
conscient que ça coûte cher à toute la société. Et à ce moment-là, bien, ça,
c'est un bel exemple où est-ce que quand vous dites qu'on a une certaine responsabilité
autre qu'informer, bien, oui, on pose des gestes, on fait des actions pour
faire en sorte d'améliorer notre performance en matière de gestion des matières
résiduelles. Ça, c'est un gros... je dirais que c'est un fer de lance, là, et
ça va être un gros dossier pour tout le Québec, sans aucun doute.
M. Leitão : Très bien. Merci.
Combien de temps, madame...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
15 secondes. Conclusion.
M. Leitão : Ah!
15 secondes. Bien, écoutez, merci, merci beaucoup d'être venus. Et, en
tout cas, moi, je pense que les municipalités ont un rôle important à jouer, un
rôle-clé à jouer, et qu'elles doivent pouvoir exercer leur autonomie dans cet
enjeu-là. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Donc, je passe la parole au deuxième groupe d'opposition. Mme
la députée de Mercier, pour 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. Tout à fait, le rôle des municipalités
est très important dans cette réforme.
Moi, je voudrais m'attarder sur la recommandation
numéro trois, où vous dites que c'est important qu'on... chaque municipalité a
une expertise, puis c'est important que le système soit flexible, de ne pas
faire du mur-à-mur. Peut-être nous expliquer, parce qu'une des choses qui
agacent les citoyens, entre autres, c'est que d'une municipalité à une autre, par
exemple, dans le bac bleu, on ne peut pas mettre les mêmes matières. Et ça,
c'est mêlant, justement. Est-ce que c'est un peu de ça que vous parlez, de
garder ça? Peut-être nous expliquer un peu plus ce que vous voulez dire par
votre recommandation numéro trois.
M. Bellavance (André) : C'est
surtout en raison des différences entre les municipalités. Au fil des ans,
chacune s'est adaptée selon, évidemment, sa réalité territoriale, notamment. Ce
qui se passe à Victoriaville ou à Trois-Rivières, milieux plus urbains, bien,
on ne retrouve pas nécessairement la même réalité à Gaspé, où le centre de tri,
par exemple, peut se retrouver à une distance qui est plus considérable. Ou, par
exemple, les endroits où il va y avoir plus de multilogements que de
résidences, ou des fermes, ou des endroits où il va y avoir plus de plastiques
agricoles, où est-ce qu'on tente justement de récupérer de plus en plus ces
plastiques agricoles là. Donc, ct qu'on demande au gouvernement, finalement, de
respecter ces réalités-là. Il y a des endroits où on a implanté une façon de
faire la gestion des matières résiduelles tout simplement en raison de la
configuration, finalement. Ce n'est pas une question de choix, c'est plus une
question de réalités.
Mme Ghazal : ...continue, que
d'une place à une autre, bien, ce ne soient pas les mêmes matières. C'est ce
que je comprends. C'est d'autres aspects. Ou vous pouvez aussi me dire vous
vous opposez au fait que ce soient partout les mêmes matières. Ça peut être ça
aussi, là. C'est ça que je veux clarifier
M. Bellavance (André) : Ah!
Non, non, ce n'est pas ça. Mme David Watson peut peut-être m'aider là-dessus,
mais je pense que toutes les matières recyclables doivent être recyclées.
Mme Ghazal : Très bien. Puis
par rapport à la REP, est-ce que vous avez une inquiétude, par exemple, que ce
soit dans le projet de loi ou dans la réglementation, que les municipalités se
retrouvent encore responsables, même s'il y a une responsabilité...
M. Bellavance (André) : ...peut
peut-être m'aider là-dessus, mais je pense que toutes les matières recyclables
doivent être recyclées.
Mme Ghazal : Très bien. Puis par
rapport à la REP, est-ce que vous avez une inquiétude, par exemple, que ce soit
dans le projet de loi ou dans la réglementation, que les municipalités se
retrouvent encore responsables même s'il y a une responsabilité élargie des
producteurs? Est-ce qu'il y a des éléments que c'est important qu'ils se
retrouvent dans le projet de loi que vous ne retrouvez pas maintenant ou dans
la réglementation pour que cette situation-là n'arrive pas puis que ça soit
totalement les entreprises qui soient responsables à 100 %?
M. Bellavance (André) : On en
garde une partie, comme vous le constatez, évidemment. Puis ça, il n'y a pas de
problème. La collecte, ce n'est pas un problème du tout. Puis les gens vont
continuer, de toute façon, à se référer à leur municipalité s'il y a des
plaintes, et on va être là pour répondre à nos citoyens, citoyennes.
Dans le cas présent, c'est exactement ce
que l'UMQ demandait. On avait comparu, d'ailleurs je pense que c'était...
d'initiative de votre part il y a quelques mois...
Mme Ghazal : Oui, sur le
verre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre pour aller du côté du troisième groupe
d'opposition. Mme la députée de Gaspé, vous avez la parole.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. Bellavance. Salutations également à votre
collègue, Mme David Watson. Ça répond un peu en partie à ma question, là,
concernant la pleine imputabilité, ce que vous avez mentionné en fin de
présentation. Donc, je vais plus m'attarder sur la pleine compensation
financière dont vous parliez.
Bien, en fait, vous n'avez pas mentionné
que vous vouliez nécessairement rallonger les délais, mais vous semblez vouloir
qu'on aide, j'imagine que vous parlez des municipalités mais également des
organismes, à s'adapter aux nouvelles réalités et aux nouvelles mesures qu'on
va imposer. Alors, de quoi il s'agit exactement? Comment on peut vous aider? De
quelle compensation vous parlez, là, dans le contexte?
M. Bellavance (André) : On
comprend qu'il doit y avoir des délais. Et effectivement, même si on rallonge
un délai, à un moment donné il va toujours y avoir des contrats à renouveler.
Alors, c'est qu'on a actuellement une situation où il y a des municipalités qui
sont en train de renouveler des contrats... Est-ce que vous m'entendez
toujours?
Mme Perry Mélançon : Oui. Il y
a eu un petit peu de... Oui, c'est correct.
M. Bellavance (André) : Il y a
des municipalités qui sont en train de renouveler leurs contrats actuellement.
Et, avec les délais imposés, ce qui va faire en sorte, c'est qu'on va signer
des contrats beaucoup plus courts. Alors, une entreprise, par exemple, avec qui
on fait un appel d'offres et qui doit renouveler sa flotte de camions, des
équipements, bien, ils vont... avec un contrat de cinq ans, va pouvoir faire un
amortissement. Mais un contrat de deux ans et demi, trois ans, il va refiler la
facture aux municipalités, c'est là qu'il va y avoir des... C'est certain...
Mme Perry Mélançon : Donc,
vous seriez, M. Bellavance, en faveur de prolonger la durée des contrats,
ce qu'on a entendu un peu, là, hier d'un groupe. Ce serait un peu de cette
façon-là, la compensation?
M. Bellavance (André) :
Mme David Watson pourrait m'aider là-dessus, on en a discuté ensemble.
Mme David Watson (Geneviève) :
Oui. Donc, il y a plusieurs façons de procéder. On veut quand même que
l'échéancier qui est présenté soit respecté, dans le sens où on veut une
réforme et on la veut rapidement et avec une transition juste et équitable.
C'est pourquoi on aimerait que le régime de compensation actuel puisse être
adapté aux nouvelles...
M. Bellavance (André) : ...on
en a discuté ensemble.
Mme David Watson (Geneviève) :
Oui. Donc, il y a plusieurs façons de procéder. On veut quand même que
l'échéancier qui est présenté soit respecté, dans le sens où on veut une
réforme et on... rapidement et avec une transition juste et équitable. C'est pourquoi
on aimerait que le régime de compensation actuel puisse être adapté aux
nouvelles réalités. Donc, si un contrat devra avoir des coûts plus élevés à
cause de l'échéancier plus court, on demande à ce qu'il soit compensé pour
pouvoir s'y adapter.
Mme Perry Mélançon : Merci.
J'imagine que ça fait...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...20 secondes. Vous pouvez conclure si vous voulez.
Mme Perry Mélançon : Bien,
merci. Effectivement, j'ai beaucoup... aussi une attention particulière pour
les municipalités et pour les régions, là, dans le cadre de ces travaux-là.
Alors, très pertinent que vous soyez parmi nous aujourd'hui. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Merci d'avoir participé à cette commission parlementaire.
Alors, nous allons prendre une courte pause et accueillir la Fédération
québécoise des municipalités.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 21)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, nous allons reprendre nos travaux. Nous accueillons présentement la Fédération
québécoise des municipalités, M. Jacque Demers, président, maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog et
M. Pierre Châteauvert, directeur des politiques de la FQM.
Alors, comme vous le savez, vous avez
10 minutes pour faire votre présentation, ensuite vous aurez l'échange
avec les...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…nous allons reprendre nos travaux. Nous accueillons présentement la Fédération
québécoise des municipalités. M. Jacques Demers, président, maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog, et
M. Pierre Châteauvert, directeur des politiques de la FQM.
Alors, comme vous le savez, vous avez
10 minutes pour faire votre présentation. Ensuite, vous aurez l'échange
avec les députés et... ministre. Vous avez la parole. Oh! on ne vous entend
pas.
M. Demers
(Jacques) : Vous ne m'entendez pas? Est-ce que vous m'entendez,
maintenant?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Là, oui. Ça va.
M. Demers
(Jacques) : Oui, O.K. Je suis Jacques Demers, président de la Fédération
québécoise des municipalités, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de
la MRC Memphrémagog. Je suis accompagné aujourd'hui de Pierre Châteauvert, le
directeur des politiques à la FQM.
Le projet de loi, c'est une étape
importante dans le processus de concertation qui est mis en place par le
ministre. La FQM participe au processus et tient à souligner la qualité de la
démarche, surtout la capacité des partenaires d'échanger dans la problématique.
Je pense, ce qui est important aujourd'hui, c'est de voir de quelle façon qu'on
peut l'adapter au terrain, à chacune des MRC, à chacune des municipalités au Québec.
Je demanderais à Pierre de faire un résumé
de notre mémoire, s'il vous plaît, vu qu'on a seulement que 10 minutes.
M. Châteauvert
(Pierre) : Très bien, merci. Donc, cet effort est issu de la
collaboration de tous les acteurs concernés et amorce un chantier considérable
nécessitant l'engagement et la volonté de tous. Toutefois, nous insistons sur
l'importance que ce nouveau système prenne en compte les réalités de toutes les
régions du Québec. Les conditions de la réussite de la collecte sélective
pouvant grandement différer d'un territoire à un autre, les territoires et les
types d'occupation imposant souvent l'adaptation des solutions préconisées.
Cette réforme est aussi économique qu'environnementale et il est de la
responsabilité de tous de s'assurer qu'elle profitera à toutes les régions.
En ce sens, des initiatives municipales
s'appuyant sur la propriété publique ayant permis d'offrir un système de
collecte sélective de mise en valeur des matières dans plusieurs régions
devront être protégées. Autrement dit, plusieurs régions n'auront pas pu être
desservies sans les municipalités et les MRC et les régies, et ces initiatives
devront être valorisées.
La réforme devra aussi tenir compte de la
responsabilité des municipalités envers les citoyens. En effet, les membres de
nos communautés continueront toujours de s'adresser à leurs élus lorsqu'un problème
survient en cette matière. Les municipalités et les MRC organisent les services
aux citoyens et celles-ci doivent continuer d'avoir les moyens de jouer leur
rôle.
Par ailleurs, considérant l'impact
financier anticipé pour les municipalités, il est essentiel qu'elles soient
pleinement compensées pour les coûts engendrés par la mise en oeuvre de ces réformes.
L'élargissement de la consigne aura des impacts financiers sur les centres de
tri et les investissements consentis au cours des années par les municipalités
pour mettre en place et opérer le système actuel et devront être considérés
dans le calcul de ces compensations.
Nous sommes au début de l'aventure, le
ministre et les partenaires ayant dessiné les plans généraux du véhicule qui
nous permettra de nous rendre à bon port. Le travail reste à faire, mais nous
avons bon espoir, conscients des défis à relever et des problèmes à résoudre,
de tirer le meilleur du système actuel pour le faire migrer vers une nouvelle
approche plus efficace. La ferme volonté exprimée par les partenaires et leur
capacité à discuter et à s'entendre constituent le meilleur atout pour réussir.
Le projet de loi vise à introduire dans la loi
l'approche de responsabilité élargie des producteurs à l'égard des matières
résiduelles générées. Ceux-ci seraient dorénavant responsables d'élaborer, de
mettre en oeuvre et de financer les systèmes et d'atteindre les résultats
escomptés. Ainsi, le projet de loi vise à accorder au gouvernement les
pouvoirs…
M. Châteauvert
(Pierre) : ...à discuter et à s'entendre constitue le meilleur
atout pour réussir.
Le projet de loi vise à introduire dans la
loi l'approche de la responsabilité élargie des producteurs à l'égard des
matières résiduelles générées. Ceux-ci seraient dorénavant responsables d'élaborer,
de mettre en oeuvre et de financer les systèmes et d'atteindre les résultats
escomptés. Ainsi, le projet de loi vise à accorder au gouvernement les pouvoirs
habilitants nécessaires à la révision du partage des responsabilités entre les
producteurs et les municipalités, lesquelles assument... actuellement les responsabilités
en matière de collecte sélective.
Nous souscrivons à l'approche de responsabilité
élargie des producteurs et rappelons l'importance de travailler en amont en
favorisant l'écoconception des produits et l'utilisation des matières ayant un
fort potentiel de valorisation dans les procédés de fabrication afin de
favoriser le développement des débouchés locaux...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Châteauvert...
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je m'excuse de vous
interrompre, mais vous allez un petit peu trop vite pour les membres de la commission.
M. Châteauvert
(Pierre) :O.K., d'accord. Je vais ralentir.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je vais vous demander de
ralentir. Je sais que vous avez beaucoup de choses à dire. Ralentissez un petit peu. Merci.
M. Châteauvert
(Pierre) :D'ailleurs, on m'a dit ce matin que je lisais trop vite, je vais essayer de me
corriger...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous êtes enthousiaste.
M. Châteauvert
(Pierre) : Donc, nous souscrivons à l'approche de
responsabilité élargie des
producteurs et rappelons l'importance
de travailler en amont en favorisant l'écoconception des produits et l'utilisation de matières ayant un fort potentiel de valorisation dans les procédés de fabrication afin de favoriser le développement des débouchés locaux et l'économie circulaire. C'est un...
En fait, il faut favoriser l'utilisation des matières qui pourront être réutilisées par des manufacturiers
locaux et ainsi favoriser le développementd'industries partout, dans
toutes les régions du Québec. Les contenants et les autres matières qui se
retrouvent dans nos bacs de recyclage doivent devenir une source
d'approvisionnement en matières pour nos entreprises locales, et la mise en
place de cette nouvelle approche constitue certainement un bon moyen pour y arriver.
Nous croyons essentiel que
le gouvernement s'assure que l'industrie mette en marché des contenants
recyclables et compatibles avec les systèmes de récupération en place au Québec afin d'éviter que les centres de
tri soient aux prises avec une matière qui ne peut être réutilisée et que les
sites d'enfouissement en soient la destination finale.
Le projet
de loi prévoit certaines dispositions transitoires, notamment en ce qui a trait aux contrats municipaux. Ils devront prendre fin le 31 décembre 2024. Cette
période de transition aura un impact important certain sur les municipalités et
les organismes municipaux. Le projet de loi prévoit que tous les contrats
municipaux conclus sous l'ancien régime de compensation devront progressivement
être remplacés par des contrats conclus en partenariat avec l'OGD au
31 décembre 2024.
Le projet de loi prévoit
également que des dispositions seront les dates d'échéance des contrats afin
d'assurer la transition vers ... nouveau système sans qu'il y ait rupture de
service. Ainsi, à partir du 24 septembre 2020, aucun nouveau contrat ayant
un terme ferme au-delà de la période transitoire ne peut être octroyé. Il en va
de même pour la prolongation du renouvellement du contrat.
Il est toutefois prévu que
les contrats conclus avant la date de présentation du projet de loi non échus
au 31 décembre 2024 pourraient demeurer en vigueur jusqu'à leur terme.
Cette disposition applicable au moment de l'adoption du projet de loi pourrait
avoir une portée rétroactive. La négociation de contrats d'une si courte durée
entraînera vraisemblablement des surcoûts pour les municipalités. Considérant
par ailleurs que le gouvernement, à l'article 19, se donne la possibilité
de reporter la date du 31 décembre 2024 prévue à la loi...
M. Châteauvert
(Pierre) : …pourraient avoir une portée rétroactive. La
négociation de contrats d'une si courte durée entraînera vraisemblablement des
surcoûts pour les municipalités. Considérant par ailleurs que le gouvernement,
à l'article 19, se donne la possibilité de reporter la date du
31 décembre 2024, prévue à la loi pour l'entrée en vigueur, à une date
ultérieure, il semble plus prudent de permettre aux municipalités de conclure
des ententes excédant la date du 31 décembre 2024 d'une durée maximale de
cinq ans afin d'éviter les surcoûts d'une entente de courte durée et les problématiques
liées à un possible report de la date du 31 décembre 2024 et les frais
importants qui y seraient associés. C'est beaucoup de dates, mais c'est
fondamental pour les régions, là où est-ce qu'il y a de grands territoires, peu
de densité, c'est peut-être court comme délai. Donc, on demande un délai plus
long pour permettre aux municipalités de signer des contrats avec des
fournisseurs dans de meilleures conditions.
Par ailleurs, la fin des contrats
municipaux pour les services de collecte et de transport entraînera des frais
de gestion et des pénalités, c'est ce que je disais. Donc, considérant l'impact
important pour les municipalités, nous invitons les parlementaires à inclure au
projet de loi le paiement d'une telle compensation des municipalités et organismes
municipaux pour les coûts engendrés par la transition. La fin du… le projet de
loi abroge les dispositions de la loi qui concerne la compensation versée aux
municipalités pour les services qu'elles fournissent en matière de récupération
et de valorisation des matières résiduelles. Ainsi, le régime de compensation
prendrait fin le 31 décembre 2024. Le projet de loi prévoit néanmoins les
versements des compensations dues aux municipalités.
Dans l'analyse d'impact réglementaire
relative au projet d'orientation et de modernisation, la baisse de financement
de la collecte sélective est estimée à 24 millions de dollars par année,
soit 16,8 % des revenus actuels du système. Malgré le retrait de matières
de la collecte sélective, il importe de rappeler que la majorité des coûts
relatifs à la collecte sélective proviennent de la collecte et du transport de
la matière, et que ces coûts demeureront présents. Nous sommes préoccupés par
l'impact de la baisse de financement et insistons sur la nécessité d'assurer la
protection du financement de toutes les activités des municipalités et des
centres de tri afin qu'ils continuent de jouer pleinement leur rôle en la
matière.
Donc, le projet de loi prévoit l'octroi au
gouvernement d'un pouvoir habilitant nécessaire pour encadrer l'élaboration.
Nous sommes d'accord avec cette démarche, cette façon de faire. La FQM est
composée de municipalités dispersées sur l'ensemble du territoire québécois et
qui sont bien souvent éloignées l'une des autres, il est donc crucial pour la
fédération que nos membres bénéficient d'une offre diversifiée et adaptée à nos
réalités. Dans le projet d'orientation, au niveau de la consigne, le
gouvernement envisageait la mise en place de 400 points de dépôt. Nous
sommes convaincus que ce nombre de points de collecte serait largement
insuffisant pour desservir les régions. Ce nombre pose problème puisque la
grande distance entre les domiciles et les points de collecte… un irritant et
serait à même de compromettre la réussite de cette réforme.
• (12 h 30) •
Par exemple, la Côte-Nord, qui compte une
population d'à peu près 92 000 personnes s'étend sur plus de
1 000 km de côtes le long du fleuve Saint-Laurent. Vous… il est
facile à comprendre que ça prend un plus grand nombre de points de dépôt que ce
qui était prévu. Donc, les grandes distances constituant la réalité de toutes
les régions, nous réitérons que le territoire de la MRC doit servir de
référence pour que le système desserve convenablement l'ensemble des
communautés québécoises, à l'instar, par exemple, des distances raisonnables
identifiées lors de la…
12 h 30 (version non révisée)
M. Châteauvert
(Pierre) : …il est facile à comprendre que ça prend un plus
grand nombre de points de dépôt que ce qui était prévu. Donc, les grandes
distances constituant la réalité de toutes les régions, nous réitérons que le
territoire de la MRC doit servir de référence pour que le système desserve
convenablement l'ensemble des communautés québécoises, à l'instar, par exemple,
des distances raisonnables identifiées lors de la révision des plans de gestion
de matières résiduelles.
Nous souhaitons rappeler l'importance, en
terminant, de concentrer les points de collecte dans les grands centres, de ne
pas concentrer juste dans les grands centres. Puis les études de comportement
des consommateurs confirment que ceux-ci profiteront de leur déplacement pour
faire des achats, ce qui aura un impact négatif sur les ventes de commerces de
nos communautés. En fait, lorsqu'il fera des déplacements, il faut favoriser,
dans la mise en place de ces points de dépôt là, nos commerces de proximité
pour que les gens continuent de les consommer.
Un nombre restreint de points de collecte
peut affecter l'achalandage de ces commerces et ce qui est intolérable pour les
membres de la fédération. Il est essentiel d'éviter de répéter les erreurs
d'autres réformes qui ont concentré les activités dans les grands centres,
provoquant des retombées négatives pour le commerce local.
Donc, en conclusion, comme nous l'avons
mentionné précédemment, la fédération a collaboré aux travaux menant à
l'élaboration d'un nouveau partage de responsabilités entre les producteurs et
les municipalités, et compte poursuivre sa collaboration afin de favoriser la
réussite de cet important chantier. Toutefois, nous rappelons que la
modernisation ne doit pas entraîner un impact financier pour les municipalités,
les MRC, les centres de tri, ce qui compromettrait leurs activités. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous…
M. Châteauvert
(Pierre) : C'est terminé.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ah bon, c'est presque top chrono. Alors, je vais céder maintenant la parole au
ministre pour 16 min 30 s. Merci beaucoup.
M. Charette : MM. Demers et
Châteauvert, un plaisir de vous retrouver. Merci pour vos commentaires. Et
heureux que vous ayez, M. Châteauvert, pris le temps de respirer à l'occasion,
je m'inquiétais, par moments, là…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Charette : …mais, sinon,
merci de votre présence. Peut-être vous mentionner, tout juste avant vous, je
ne sais pas si vous avez eu l'occasion de les entendre, c'étaient vos collègues
de l'UMQ qui étaient présents à nos côtés, virtuellement, je vous rassure, tout
comme vous. Ils ont exprimé essentiellement la même crainte au niveau de la
durée des contrats, l'impact que ça pourrait avoir au niveau des finances des municipalités,
on en est bien conscients.
D'ailleurs, il y a quatre groupes de
travail actuellement qui sont à l'oeuvre, le groupe 4 qu'on appelle, se penche
spécifiquement sur la question, et vous en faites partie, et nous avons
naturellement, là, les échos de façon constante à ce niveau-là. Donc, soyez
assurés que ce n'est certainement pas notre optique de pénaliser les villes, au
contraire, je pense que les villes vont être gagnantes, même financièrement,
suite à l'implantation de cette démarche-là, compte tenu que les responsabilités
et les modes de financement sont répartis différemment. Donc, le comité en
question, là, continue son travail, à ce niveau-là, avec des résultats, là,
tout à fait probants.
Je vous ai entendu aussi parler du nombre
de points…
M. Charette : ...compte tenu que les responsabilités et les
modes de financement sont répartis différemment, donc le comité en question,
là, continue son travail à ce niveau-là avec des résultats, là, tout à fait
probants.
Je vous ai aussi entendu parler du nombre
de points de dépôt et, là, je fais davantage référence à la collecte, non pas à
la collecte sélective, mais à la consigne. C'est le coeur, je vous dirais, du
succès ou de l'insuccès de cette réforme-là. Le 400 que l'on évoque, à l'occasion
de façon approximative, ce sont des points de dépôt supplémentaires. Mais
chaque détaillant qui actuellement, en vertu de la loi, est tenu de récupérer
devra continuer à récupérer ce qui est déjà consigné. Donc, on ne parle pas
400 sites de dépôt à la grandeur du Québec, mais plusieurs, plusieurs
milliers de centres de dépôt, dont un certain nombre de centaines supplémentaires
avec une vocation sans doute plus large, c'est-à-dire qui pourront accueillir
différentes variétés, là, de contenants. Donc, vous rassurer.
Mais, hier, ça nous a été répété par la
quasi-totalité des intervenants, ce qui va garantir le succès parce que, oui,
la population est mobilisée, oui, la population souhaite l'instauration de la
consigne dans une grande proportion, mais cette proportion-là tend à baisser si
l'effort à fournir est trop grand. Donc, si la route est trop longue pour aller
rapporter les contenants, on peut comprendre, et c'est tout à fait humain et
normal, que, là, l'enthousiasme diminue. Donc, je vous rassure, les centres de
dépôt se compteront en milliers à travers le réseau de détaillants notamment,
plus l'ajout, là, d'un certain nombre de centres plus, plus généralistes.
Au niveau de l'arrimage, au niveau du calendrier,
vous nous avez exposé vos craintes par rapport aux contrats. On en convient, on
en est conscient. Mais, de façon générale, on parle d'une implantation, là, qui
va s'échelonner, là, sur quatre ans. Vous, c'est un calendrier avec lequel vous
êtes confortable?
M. Demers
(Jacques) : Je pense vraiment qu'on peut y arriver. C'est un
échéancier qui nous semble juste, c'est évident. Puis je vais revenir un peu
sur votre explication du nombre, le fait qu'il y ait un groupe de travail qui
est en train de s'asseoir, c'est très important. Ce que vous dites là, on le
vit dans les écocentres, on le vit aux endroits où il y a des ressourceries.
Aussitôt qu'on s'éloigne un peu des sites, il y a une baisse de participation
qui est énorme. Ça fait qu'on pense que le nerf est beaucoup de ce côté-là à
trouver la solution.
L'échéancier, oui, quatre ans, d'après
moi, on est vraiment dans quelque chose qu'on peut le réaliser et livrer
correctement. Puis on sait que les citoyens sont rendus là. Le besoin est là,
ça fait que ça devrait répondre assez bien. C'est à nous de se préparer, puis
c'est à travailler ensemble. On connaît notre territoire, on sait les endroits
où est-ce... qui seraient plus problématiques, puis trouvons des solutions,
puis faisons beaucoup attention aussi...
M. Demers (Jacques) :
...puis on sait que les citoyens sont rendus là. Le besoin est là, ça fait que
ça devrait répondre assez bien. C'est à nous de se préparer, puis c'est à
travailler ensemble. On connaît notre territoire, on sait les endroits où est-ce...
qui seraient plus problématiques, puis trouvons des solutions.
Puis faisons beaucoup attention aussi...
Ma crainte, moi, souvent, en environnement, c'est que, des fois, on veut
corriger quelque chose puis on cause d'autres... des pertes, des fois, qui
sont...tu sais, particulièrement au niveau du transport, les gaz à effet de
serre, ces choses-là. Il va falloir regarder qu'est-ce qu'on a comme produits
puis regarder aussi qu'est-ce qu'on peut changer sur place, plutôt que faire
voyager les produits. Qu'est-ce qui peut servir au voisin, à l'autre entreprise,
qu'est-ce qu'on peut... le plus localement possible, pour créer de l'emploi,
mais surtout pour réutiliser à la bonne place puis que l'effet environnemental
attendu se réalise aussi.
M. Charette : Vous abordez la
question suivante, que j'allais vous poser concernant les centres de tri.
Plusieurs de vos municipalités ont un lien direct avec le centre de tri qui se
retrouve sur leur territoire. On en parle moins, mais le projet de loi offre
quand même des réponses importantes à la situation ou à la crise internationale
qui se vit au niveau de la récupération, qui passe indéniablement par une
modernisation de nos centres de tri, avec une responsabilité, un rôle accru,
vous l'avez mentionné, des producteurs. Ça, ce volet-là, vous réconforte? C'est
quelque chose que vous accueillez favorablement?
M. Demers
(Jacques) : C'est un dossier que je connais assez bien, pour
avoir été plusieurs années président de Récup Estrie, celui pour la région de
l'Estrie. C'est des chiffres qu'on est capables... On connaît très bien le
produit, qu'est-ce qui sort. C'est vraiment dans le détail, ça fait qu'on est
capables de faire les calculs puis voir l'impact que ça pourrait avoir. C'est
là-dessus qu'il faut le travailler. Puis on sait que ces centres de tri là,
pour qu'ils soient performants, ça fait toute la différence. Des produits, il y
a quelques mois, qu'on amenait là, on payait pour le sortir. Présentement, on a
amélioré la qualité, on a un retour. Il y a vraiment des investissements
importants à faire de ce côté-là. C'est des données assez précises. Une fois
qu'on sait qu'on sort certains contenants, certains produits, on peut
rapidement voir l'impact financier que ça va avoir. De là nos tables de travail
où est-ce qu'on va pouvoir mettre en commun l'impact économique que ça va
avoir.
M. Charette : Tout à fait.
M. Châteauvert
(Pierre) : Si vous permettez...
M. Charette : Oui. Allez-y.
M. Châteauvert
(Pierre) : Si vous permettez, j'aimerais juste ajouter comme...
Il y a des régions où est-ce qu'il y a... qui sont éloignées, comme...
notamment, je prends la Gaspésie qui... Ça va relativement bien, leurs centres
de tri. S'il n'y avait pas les municipalités puis la régie, en fait, les gens
qui sont assemblés autour de la régie, le système n'aurait pas été aussi
performant dans ce coin-là. Parce que la réalité effectivement de la pression,
il y a... La quantité des volumes dans la région de Montréal puis en Gaspésie,
ce n'est pas la même chose, ce n'est pas les mêmes problématiques.
Il y a des choses qui vont bien dans le
système, et il faut tabler là-dessus, mais il faut protéger aussi ces
modèles-là. Ces gens-là qui... Parce que ce n'est pas vrai qu'il y a... En
fait, ce n'est pas des entreprises qui iraient dans ces coins-là, là. C'est
plutôt, là, les gens qui ont été obligés de... Ils se sont pris en main puis...
qui ont développé quelque chose d'intéressant. Mais ça, là-dessus, il faut
protéger puis arriver à moderniser...
M. Châteauvert
(Pierre) : ...le système, il faut tabler là-dessus. Il faut.
Mais il faut protéger aussi ces modèles-là. Ces gens-là qui... Parce que ce
n'est pas vrai qu'il y a... En fait, ce n'est pas des entreprises qui iraient
dans ces coins-là, là. C'est plutôt, là, les gens qui ont été obligés de... Ils
se sont pris en main, puis qui ont développé quelque chose d'intéressant. Mais
ça, là-dessus, il faut protéger, puis arriver à moderniser tous ces processus-là,
puis les faire entrer dans la réforme, les faire... assurer leur... les
protéger puis les valoriser.
• (12 h 40) •
M. Charette : Effectivement,
et vous le mentionnez, le Québec est un vaste territoire. Comme association municipale,
vous couvrez justement, là, les régions qui peuvent être plus éloignées des...
pardon, des grands centres. Il faut tenir compte de ces particularités régionales
là. Et c'est peut-être moins abordé directement par le projet de loi
n° 65, mais il y a déjà, justement, des modalités particulières, là, pour
les régions qui sont plus éloignées parce que, oui, la gestion de la matière résiduelle
dans ces espaces-là, elle est plus dispendieuse notamment.
Donc, pour ne pas prendre tout mon temps
et perdre totalement ma voix, je vais laisser la parole à mon collègue en vous
remerciant par contre pour votre participation. Et on se retrouve sur les
différentes tables de travail Merci bien.
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui. Merci, M. le ministre.
Une voix
: Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme
la Présidente. M. Châteauvert, M. Demers, bonjour.
M. Châteauvert, le ministre vous a gentiment agacé. Moi, je vais faire la
même chose avec M. Demers. Je vous avoue, là, qu'à chaque fois qu'on s'est
rencontré pour des présentations quelconques, on vous présente toujours comme
le président de la Fédération québécoise des municipalités, maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley, préfet de la MRC de Memphrémagog. Et à chaque fois
je me dis : Ça lui prend un acronyme. Ça n'a pas de bon sens. C'est
beaucoup trop long.
La question... Je voudrais revenir à vos
points de dépôt. Je suis pas mal certain que vous aviez déjà pris pour acquis
que c'était 400 nouveaux centres de dépôt parce qu'il y a déjà plus que
400 magasins. Ça fait que donc c'était sûrement ça. Avez-vous fait...
Est-ce que vous êtes juste inquiet du nombre ou vous avez déjà fait une
analyse, vous avez regardé le nombre de kilomètres? Avez-vous quelque chose, un
peu plus à nous donner là-dessus comme information?
M. Demers
(Jacques) : Veux-tu commencer, Pierre?
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui. Bien, en fait, lorsque les premières
informations sur les volontés gouvernementales, le projet gouvernemental,
étaient sorties, effectivement, on parlait de 400. On a fait des démarches, on
a rencontré..., on a eu une très bonne ouverture, le gouvernement et tout ça,
mais nous, on tient et on est très contents que la précision du ministre est ce
qu'on... Notre démarche, c'est ce qu'on voulait, c'est que ça soit écrit dans
les livres de l'Assemblée nationale, tout ça. Parce que c'est un élément fondamental
des marchés de proximité, les épiceries et tout ça. Les commerces de proximité,
c'est quelque chose de fondamental pour la vitalité des régions.
Et c'est un élément, là, qu'on tient
vraiment. Comme on dit, on prend la bretelle... les bretelles, la ceinture et
tout ça pour s'assurer que le système qui va être mis en place va protéger,
va...
M. Châteauvert
(Pierre) : ...proximité, les épiceries et tout ça, les
commerces de proximité, c'est quelque chose de fondamental pour la vitalité des
régions. Et c'est un élément, là, qu'on tient vraiment... Comme on dit, on
prend la bretelle... les bretelles, la ceinture et tout ça pour s'assurer que
le système qui va être mis en place va protéger... va assurer à nos commerces
de proximité que ça ne deviendra pas un élément qui va les défavoriser, mais
qui peut peut-être les favoriser. Parce que les gens, quand ils vont vouloir,
exemple, retourner leurs bouteilles à quelque part, là, puis, s'ils sont
obligés d'aller dans le grand centre, bien, ils vont profiter... ils vont
passer par les grandes épiceries, puis ils vont faire le plein, puis tout ça,
puis donc, quand ils vont retourner chez eux... Un peu, c'est la même démarche,
on le voit, dans le système de santé. Quand ils vont faire leur prise de sang
dans le grand centre, parce qu'avant ils pouvaient la faire dans le village,
bien, ils en profitent, ils achètent, ce qui fait que c'est des achats de moins
dans nos commerces locaux. C'est dans ce sens-là. Il faut protéger nos
commerces de proximité, c'est la vitalité de nos régions qui est en jeu puis
nos communautés. Donc, c'est pour ça que partout, on va toujours répéter et on
va continuer de répéter le même discours... toutes les réformes, puis ce
projet-là, puis ça, c'est un élément important aussi.
M. Demers
(Jacques) : Ce qui est important aussi là-dessus, je pense,
c'est de souligner qu'il faut faire confiance à l'intelligence locale, c'est-à-dire
que peut-être que dans des grands centres, les supermarchés trouvent qu'ils en
reçoivent déjà beaucoup puis qu'ils ne veulent peut-être pas avoir de nouveaux
produits qui se retrouvent là. Pour ces endroits-là, c'est peut-être mieux
d'avoir un centre à part. Mais il y a peut-être des endroits qu'on va décider
que, dans le magasin général qui, lui, reçoit déjà les cannettes, puisqu'on est
habitué d'avoir une consigne... aurait le goût, pour un revenu supplémentaire,
d'en recevoir plus. Plutôt que de recréer une nouvelle entité, un nouveau coût,
pourquoi ne pas regarder ce que ça coûte puis en faire profiter le commerçant
local, qui lui permettrait peut-être juste de rester en vie puis d'être là plus
longtemps, là?
M. Campeau : Je comprends. Ça
fait plein de sens.
Question que j'ai posée tantôt à l'UMQ.
Vous avez un rôle que vous avez joué et que j'espère que vous allez pouvoir
continuer à jouer, parce que transférer la responsabilité aux producteurs,
c'est très bien, mais vous avez un rôle, par rapport à la formation et l'information
des citoyens, de mettre le bon produit ou le bon... — ce qu'on
appelait un «déchet» — la bonne ressource au bon endroit, et ça,
c'est ça qui va maximiser, entre autres, le pourcentage de recyclage. Est-ce
que vous allez continuer de jouer à ce rôle-là? Est-ce que vous vous voyez
comme parties prenantes là-dedans?
M. Demers
(Jacques) : C'est essentiel. Je pense que, ça, c'est notre
rôle, puis il faut... Ça fait des années qu'on le fait, puis malheureusement,
des fois, après quelques années, on dit : Bon, bien, on l'a dit, on l'a
dit. Non, il faut le répéter. Il faut trouver des façons les plus simples
possible pour le faire comprendre, qu'est-ce qui va à quel endroit, puis, avec
le virage qui va se faire là, bien, on aura un rôle encore supplémentaire. Mais
notre premier rôle, de toute façon, en matières résiduelles, c'est que le
produit s'en aille à la bonne place puis que de l'enfouissement, on en fasse le
moins possible. Ça fait qu'on... Même de façon pécuniaire, si on... même... si on
oublie l'environnement, au coût qu'il y a à faire de l'enfouissement, il y a un
coût environnemental énorme, mais il y a un coût monétaire pour les citoyens.
C'est ce qu'il faut baisser...
M. Demers (Jacques) :
...c'est que le produit s'en aille à la bonne place, puis que de
l'enfouissement, on en face le moins possible. Ça fait qu'on... même de façon
pécuniaire, même si on oublie l'environnement, au coût qu'il y a à faire de
l'enfouissement, il y a un coût environnemental énorme, mais il y a un coût
monétaire pour les citoyens. C'est ce qu'il faut baisser. Alors donc, si on met
les choses au bon endroit, on permet à tout le monde de baisser leurs frais.
C'est notre rôle évident.
M. Châteauvert
(Pierre) : Si vous permettez, j'ajouterais à ça que le comité
qui a été mis en place par le ministre où est-ce qu'on est quelques groupes,
là, la FQM est là, l'UMQ, RECYC-QUÉBEC et tout ça, on a beaucoup parlé de cette
question-là parce qu'actuellement il y a des campagnes qui sont faites de façon
individuelle, une peu locale avec des messages, des fois, qui ne sont pas
toujours les mêmes. Bon, il y a des éléments qui sont produits par RECYC-QUÉBEC
notamment, mais tout le monde a convenu de la nécessité d'avoir un message plus
en commun, là, en fait, commun à tout le monde. Donc, là-dessus, il va y avoir
une réflexion sur l'efficacité puis les messages à apporter pour augmenter
justement l'efficacité des campagnes mises en place par les municipalités, les
MRC, les centres de tri, en fait, tous les intervenants du secteur.
M. Campeau : Je vous remercie
beaucoup.
Une voix
: Merci à
vous.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup. Alors, MM. Demers et Châteauvert, bonjour. Merci d'être là.
J'aimerais revenir sur vos recommandations 4 et 5 qui sont bien sûr liées.
Vous aviez tantôt mentionné, et avec justesse, que la solution à ce problème,
donc le problème de bien servir tout le territoire, passe essentiellement par
des ententes avec des commerces existants. Je pense que oui, je pense que vous
avez raison, surtout en région, c'est extrêmement important que cela se fasse. Alors,
pour que cela puisse bien se faire, qu'est-ce que vous proposez? Est-ce qu'on
devrait... le gouvernement devrait prévoir des ententes spéciales ou des
incitatifs financiers additionnels pour que les commerçants locaux embarquent
dans le système et puissent recevoir plus de matériel? Comment est-ce que vous
voyez ça?
M. Demers
(Jacques) : Bien, je pense qu'on a la chance au Québec d'avoir
des MRC qui sont des regroupements souvent sur le territoire qui ont une vision
vraiment locale de ce qui se passe puis on a une opportunité de ce côté-là de
voir avec eux. On ne pourra pas faire du mur-à-mur. Je le sais qu'à des
endroits, il doit avoir des commerçants qui ne veulent rien savoir parce que de
ramasser ça, c'est quand même des résidus. Ce n'est pas adapté partout. Ça va
prendre des endroits. On ne peut pas décider qu'on met ça en arrière dans un
magasin près de la nourriture, ça prend des endroits spécifiques. Moi,
l'ouverture que j'y vois, c'est de le regarder aux endroits qui sont prêts à
arriver avec des normes parce que...
M. Demers (Jacques) :
…c'est ça, c'est quand même des résidus. Ce n'est pas adapté partout, ça va
prendre des endroits. On ne peut pas décider qu'on met ça en arrière dans un
magasin, près de la nourriture. Ça prend des endroits spécifiques.
Moi, l'ouverture que j'y vois, c'est de le
regarder aux endroits qui sont prêts à arriver avec des normes, parce que ça va
prendre des normes, parce qu'on le sait qu'on ne veut pas faire du lixiviat, on
ne veut pas avoir des piles de déchets, il faut être sûr qu'il y ait un suivi.
Mais je pense qu'il y a une opportunité pour certains d'embarquer là-dedans,
puis oui, il va falloir déterminer, mais sur une base, probablement, de coût de
volume. Si eux ont leur pourcentage puis ça leur convient, puis s'ils
réussissent à en ramasser plus, bien, je pense que tout le monde serait
gagnant. Plutôt que de créer une nouvelle structure avec des employés, avec… si
on a des gens qui ont la capacité de le faire, c'est là-dessus que je pense
qu'il faut regarder, mais c'est de là où est-ce qu'on ne parle pas de faire du
mur à mur, et loin de ça. Il ne faudrait pas imposer des volumes à des endroits
qui ne peuvent pas le prendre puis qui ne convient peut-être pas, là.
M. Leitão : Très bien. Mais
est-ce que de… oui, mais est-ce qu'on pourrait concevoir un système où le
gouvernement, que ce soit par le ministère de l'Environnement ou le ministère
de l'Économie ou un autre, puisse mettre en place des incitatifs directs, là,
de l'aide directe, comme on aime beaucoup dire ces jours-ci…
M. Demers
(Jacques) : Bien…
M. Leitão : …pour que les
commerces locaux, même ceux qui pensent, hein, ce n'est peut-être pas une bonne
idée, mais bon, s'il y a une aide financière, peut-être qu'on pourrait y aller?
• (12 h 50) •
M. Demers
(Jacques) : Bien, je pense que, surtout, lorsqu'on parle de
consignes où est-ce qu'il y a déjà un chiffre au bout du contenant, bien c'est
facile de voir le pourcentage qu'on pourrait laisser au niveau du commerçant.
C'est des choses qui se calculent très bien puis que tout le monde peut être
gagnant à ce moment-là.
M. Leitão : Très bien. Parce
que, bien sûr, surtout en région, c'est tout un défi de s'assurer que le… il y
ait assez de points de dépôt et que les gens ne soient pas forcés de faire de
longs déplacements. Et donc, ce qui est le plus logique, c'est là où on achète
les produits, bon, ce soit là aussi où on soit capable de les ramener.
Vous avez aussi mentionné, dans votre
recommandation n° 1, et vos collègues aussi de l'UMQ
l'avaient mentionné, donc la question des contrats. Les municipalités,
maintenant, doivent s'engager parce que la vie continue, hein, on ne peut pas
arrêter les choses maintenant. Et donc, les nouvelles dispositions vont
probablement entrer en vigueur à partir de décembre 2024. Alors, vous êtes
préoccupés par les contrats qui sont signés ou qui doivent être signés
maintenant. Vous demandez que cela puisse aller sur cinq ans pour que… vous
pouvez continuer à opérer. Pensez-vous que c'est un… Je comprends que c'est un
enjeu sérieux, oui, mais pensez-vous que c'est quelque chose qui peut se…
M. Leitão : ...sont signés ou
qui doivent être signés maintenant. Vous demandez que cela puisse aller sur
cinq ans pour que... vous pouvez continuer à opérer. Pensez-vous que c'est
un... Je comprends que c'est un enjeu sérieux, oui. Mais pensez-vous que c'est quelque
chose qui peut se régler? Est-ce que vous voyez ça comme étant un obstacle
important ou ça prend des ajustements mineurs et ça peut se faire?
M. Demers
(Jacques) : Bien, on le voit dans toutes les soumissions qu'on
vend en transport, que ça soit pour les déchets, ou peu importe, le
déneigement, ou quoi que ce soit. Souvent, le problème, c'est au niveau aussi
de la concurrence. Si on veut vraiment avoir des prix abordables puis que quelqu'un
décide de faire l'acquisition des camions s'il a le contrat, bien, si on lui
met trop à court terme, il n'a pas le choix, il faut qu'il monte les prix pour
être sûr de faire ses frais.
Puis il ne faut pas se cacher aussi qu'il
y a beaucoup de municipalités présentement que je connais qui regardent pour
s'installer aussi en régie alors donc pour avoir possiblement le camionnage à
quelques municipalités ensemble pour faire leur propre transport. Bien, si on
est trop à court terme, on n'est pas là. Là, ça nous permettrait d'aller voir qu'est-ce
qu'il y a sur le marché puis, en même temps, dire : Bon, bien, si le
marché est trop élevé, bien, regardons si on est capables localement de faire
cette activité économique là nous-mêmes.
M. Leitão : Merci. Maintenant,
une autre chose, les centres tri. On en a beaucoup parlé. Il y a eu la... bon,
la... ce qu'on a appelé la crise, la crise étant que beaucoup du matériel qu'on
exportait était de très mauvaise qualité. Puis, à un moment donné, les gens,
que ce soit aux Philippines ou ailleurs, ont dit : Bien, écoutez, on
arrête de prendre vos choses qui n'ont pas une grande qualité.
Alors, on comprend bien qu'il faut
moderniser les centres de tri. La question, à mon avis, c'est : Qui paie? Il
faut acheter de l'équipement, il faut les moderniser. Comment... Et vous avez
une bonne expérience, là, dans ce domaine. Comment est-ce que vous pensez que
cette modernisation qui est nécessaire et qui devrait être aussi au coeur de
tout notre projet, quelles sont les mesures que vous pensez qui devraient être
mises, d'être adoptées pour accélérer et faciliter la modernisation des centres
de tri?
M. Demers
(Jacques) : Je pense qu'il faut continuer à travailler sur les
redevances. Puis ce que ça permet réellement, c'est que, si on modernise, on
va, au bout de la ligne, sûrement avoir moins de besoins de redevances.
L'exemple que je prenais tantôt, il y a à peine quelques mois, pour du papier
au centre de tri, ici, on payait 80 $ la tonne pour s'en départir. On a
investi 2,8 millions. À partir de là, maintenant, on reçoit 90 ou
92 $ la tonne pour le produit qu'on réussit à faire. Il y a un calcul à
faire avec le nombre de tonnages qu'il y a à cet endroit-là pour avoir une
rentabilité, puis, dans les chiffres, ce n'est pas à vous que je vais apprendre
à compter, évidemment. C'est vraiment à ce niveau-là que je pense qu'on est
capables d'avancer...
M. Demers (Jacques) :
...ou 92 $ la tonne pour le produit qu'on réussit à faire. Il y a un
calcul à faire avec le nombre de tonnages qu'il y a à cet endroit-là pour avoir
une rentabilité puis, dans les chiffres, ce n'est pas à vous que je vais
apprendre à compter, évidemment. C'est vraiment à ce niveau-là que je pense
qu'on est capables d'avancer, puis, oui, les redevances, elles sont là, puis
elles devraient couvrir ces frais-là. Mais il faut avoir des plans puis
démontrer pourquoi qu'on le fait. Ce n'est pas d'investir pour investir, c'est
il y a une qualité qu'on a de besoin d'atteindre. À ce moment-là, on a une
rentabilité qu'on peut y apercevoir rapidement, là.
M. Leitão : Très bien. Et une
dernière chose, si j'ai encore le temps, je pense...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, 2 min 30 s.
M. Leitão : Oui. Très bien.
Donc, une dernière chose. Évidemment, aussi, très important dans toute cette
équation, qu'est-ce qu'on fait après, avec les, bon, on va collecter des
choses, on va les recycler mais après, il faut trouver un moyen de les utiliser
et un des défis qu'il y a en région, bien sûr, bon, c'est la faible densité et
donc, il peut y avoir des enjeux de volume pour utiliser le matériel qui est...
qui sort des centres de tri.
Comment est-ce que vous voyez ça? Quels
seraient des moyens un peu innovants de faciliter l'utilisation localement, parce
que c'est important, utiliser localement le produit qui sort des centres de
tri? Comment est-ce qu'on pourrait faire ça?
M. Demers
(Jacques) : Surtout, au niveau des centres de tri, quand qu'on
parle des résidus, parce que là, on parle aussi de ce qui vient de l'institutionnel,
des entreprises, de ce côté-là, il y a souvent du matériel qui est homogène,
qui a à peu près tout le matériel en grand volume, on s'aperçoit qu'à
travailler au niveau de la région, il y a souvent des entreprises qui
réutilisent — même dans des petites MRC comme Memphrémagog — on
s'est rendu compte qu'avec les entreprises, on était capables de démontrer
qu'un produit, qui est un déchet, d'un, devient une matière première de
l'autre.
Mais il y a beaucoup de calculs aussi à
faire là-dessus, parce que j'en reviens à l'environnement. Il faut faire
attention aux coûts de transport ou ce qui peut relier ces éléments-là. Il y a
peut-être que des endroits, on peut recycler réellement; d'autres places, ça devra
être plus de la valorisation. Regardons réellement ce qu'on en fait du produit
puis parfois, on tombe avec des produits qu'on, oui, recyclage, mais qui est un
produit complètement inerte, qui n'a pas d'impact réel.
Les résidus de verre, là, rendu à un certain
niveau, ce n'est pas lui qui fait du gaz à effet de serre. Ce n'est pas lui
que... S'il est bien loin puis on a un petit volume, qu'est-ce qu'on en fait?
Il devrait possiblement être concassé à cet endroit-là, en faire du
recouvrement, ou mettre à l'intérieur des routes ou d'autre chose. Je pense
qu'il faut le penser le plus local puis le déplacer le moins possible, puis si
on est capable de créer, à certains endroits, des industries qui peuvent
l'utiliser localement, bien là on vient d'améliorer... Puis évitons de
l'exportation, parce que vous avez entièrement raison, puis on était très
fiers, il y a quelques...
M. Demers (Jacques) :
...je pense qu'il faut le penser le plus local puis le déplacer le moins
possible. Puis si on est capable de créer, à certains endroits, des industries
qui peuvent l'utiliser localement, bien là on vient d'améliorer... Puis évitons
de l'exportation. Parce que vous avez entièrement raison. Puis on était très
fiers, il y a quelques années, dans les centres de tri, de montrer nos taux de
recyclage, mais la qualité qu'on envoyait était beaucoup moindre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Nous allons aller au deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Mercier, pour 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation, messieurs. Moi, je vais revenir sur
votre inquiétude par rapport au nombre de centres de dépôt, puis vous avez
parlé du... vous avez donné l'exemple, par exemple, de la Côte-Nord. C'est sûr,
le ministre vous a rassurés en disant, bien, les détaillants vont continuer à
en recueillir. Mais, par exemple, dans une région comme la Côte-Nord, la SAQ,
par exemple, n'en recueillera pas, de ce qu'on entend. On va la recevoir cet
après-midi. Ou peut-être oui, on va voir.
Si, par exemple... Comment est-ce que vous
voyez ça, qu'il y ait une multiplication des centres de tri? Parce qu'il y a
des gens qui nous disent que ça pourrait coûter très, très cher. Comment est-ce
que vous le voyez, pour desservir vos citoyens qui habitent dans des endroits
non densifiés?
M. Demers
(Jacques) : Je te laisse commencer, Pierre?
M. Châteauvert (Pierre) :
En fait, effectivement, les bouteilles de vin, bien, si la SAQ ne les reprend
pas, parce que c'est vrai que ça deviendrait un peu plus compliqué, bien, il va
falloir trouver une alternative. Peut-être que les détaillants actuels, qui
sont dans chacune de nos communautés, ça pourrait même amener un revenu
supplémentaire pour ces entreprises-là et leur donner un petit coup de pouce.
La communauté pourrait aussi peut-être s'organiser pour collecter ces
bouteilles-là puis, après, en faire un revenu pour un groupe communautaire, une
association sportive, des choses comme ça. On le voit déjà. D'ailleurs, ça me
fait penser, moi je suis... zec sur la Haute-Côte-Nord, puis c'est la zec qui
ramasse l'ensemble de nos canettes, des choses pour financer le hockey local.
En fait, de l'imagination. C'est possible de faire... et d'impliquer les
citoyens puis de... pour... ce système-là pour qu'il puisse se mettre en place.
Il y a plein de possibilités.
Mais la priorité pour nous, ce qu'on dit,
c'est que les commerces de proximité doivent être favorisés pour assurer leur
pérennité, étant donné leur rôle fondamental dans nos communautés.
• (13 heures) •
Mme Ghazal : Bien, je... Oui,
je voudrais revenir à ce que vous avez dit, où la communauté peut être engagée.
J'imagine... Je ne sais pas, vous avez des membres en Estrie, où il y a des
gens qui ont mis en place des systèmes de collecte de verre. Est-ce que ce
genre de chose là devrait continuer à exister et être aussi favorisé un peu
partout où il y a des contenants de verre? Et c'est la communauté, avec l'aide
des municipalités, qui ont mis ça en place. Par exemple, je pense à Racine, où
les gens recueillent les contenants de verre. Est-ce que ce genre de chose là
devrait être favorisé par le gouvernement, ces initiatives?
M. Demers
(Jacques) : Bien, je pense qu'il faut ramener le pourquoi, à la
base, ça a été apporté. C'est que les gens se sont fait dire qu'aux centres de
tri il y avait aussi des bris mécaniques causés par le verre, que la
récupération du verre nuisait aussi à autre chose. C'est pour montrer à quel
point les citoyens y tiennent. Puis quand on regarde le tonnage qui a été
ramassé à ces endroits-là, c'est extraordinaire. Je pense que si on est capable
de prouver aux gens qu'ils ont un service de proximité... C'est ce qu'ils
demandent...
13 h (version non révisée)
M. Demers (Jacques) :
…aussi des bris mécaniques causés par le verre, la récupération du verre
nuisait aussi à autre chose. C'est pour montrer à quel point les citoyens y
tiennent. Quand on regarde le tonnage qui a été ramassé à ces endroits-là,
c'est extraordinaire. Je pense que si on est capable de prouver aux gens qui
ont un service de proximité, c'est ce qu'ils demandent avec ces cloches de
verre là, c'est de dire : Eh! on veut l'amener, notre bouteille, mais on
veut être sûr qu'il y a un traitement correct de fait avec. Je pense que
l'espace-temps qu'on se donne présentement, c'est pour faire cette
démonstration-là. Si on…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vois vous interrompre ici. Merci beaucoup.
M. Demers
(Jacques) : Oups! Excusez. Merci à vous.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous allons maintenant aller au troisième groupe d'opposition. Mme la députée
de Gaspé, s'il vous plaît.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. Merci de porter la voix de nos régions
du Québec. Même, M. Châteauvert, vous avez mentionné la Gaspésie, là, dans vos
exemples, alors je ne pourrais pas en demander plus. On connaît la réalité justement
de nos villages, et tout, pour moi aussi, c'est important qu'on ait, là, toute
cette réalité-là en tête.
Est-ce que, justement, dans la création
des organismes de gestion désignés par le gouvernement, vous avez des attentes
particulières dans votre façon de collaborer auprès de ces OGDlà? Et est-ce que
ça devrait se retrouver dans un cadre légal ou dans la réglementation? Mais
quelles seraient vos attentes par rapport à ces liens-là avec les OGD?
M. Châteauvert
(Pierre) : Merci. En fait, tout ça est à concevoir, là, à
quelque part, on a des discussions générales. Les orientations, comme je le
disais tout à l'heure, en fait, je n'en rapporterai pas, parce que le temps est
compté, mais il faut que, vraiment, le système en place, qui va être mis en
place puisse communiquer et discuter avec les intervenants qui sont déjà là,
qui ont des réussites. Il faut faire migrer l'ensemble… de prendre les
meilleurs éléments de ces éléments-là pour les faire migrer vers le nouveau
système.
C'est certain que là on est rendus au
niveau… les conversations, là, ce modèle-là a été conçu l'an dernier, et là on
est rendus au niveau des pouvoirs habilitants pour, après, le gros du travail
aussi va se faire beaucoup l'année prochaine, lors de la réglementation, ça, là-dessus,
il va falloir que tout le monde s'y mette. C'est clair et net, puis on va être
transparents, il y a encore énormément de discussions, le navire, il est conçu,
mais il n'est pas construit, puis c'est la prochaine étape par rapport à ça.
Mais ça, nous autres, on va veiller à protéger notre monde et ceux qui ont des
initiatives et à s'assurer de valoriser leurs initiatives, ça, c'est notre
objectif.
Mme Perry Mélançon : Et dans
le plan de gestion des matières résiduelles, vous parliez de distances
raisonnables, est-ce que vous avez en tête cette distance-là? Quelle serait la
distance raisonnable selon la fédération des municipalités du Québec?
M. Demers
(Jacques) : C'est surtout ça, hein, on ne peut pas déterminer,
parce que chaque territoire est complètement différent. Si je vous parle de 10
ou 20 kilomètres, et on parle de ça dans la ville de Montréal, ils vont
dire : Ça n'a aucun bon sens. Si on parle d'un 10 kilomètres à
Sainte-Catherine-de-Hatley, bien, on va dire : Bien oui, ça rentre dans
des distances raisonnables. La même distance à la Côte-Nord ou en Gaspésie,
certaines personnes vont dire : Nous autres, on est habitués. Ça dépend,
il faut que ce soit le lien…
M. Demers (Jacques) :
…puis on parle de ça dans la ville de Montréal, ils vont dire : Ça n'a
aucun bon sens. Si on parle d'un 10 km à Sainte-Catherine-de-Hatley, bon,
on va dire : Bien oui, ça rentre dans des distances raisonnables. La même
distance en Côte-Nord ou en Gaspésie, pour certaines personnes… vont
dire : Bien, nous autres, on est habitués. Ça dépend, il faut que ça soit
le lien avec l'endroit où est-ce que les gens vont chercher leurs services.
Puis ce qu'on veut protéger par ça, c'est que les gens n'aillent pas plus loin,
ne s'en aillent pas dans les grands centres en faisant mourir leur localité. Si
on déplace les gens pour un élément, bien, peut-être qu'on vient de le perdre
pour le magasin général ou la station d'essence qui, elle, a besoin d'avoir
cette clientèle-là. C'est pour ça qu'il faut le regarder par territoire.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois encore vous interrompre.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci pour votre participation à notre commission parlementaire. Alors, je
suspends les travaux jusqu'à 15 heures. Je vous souhaite un bel appétit.
M. Demers
(Jacques) : Merci à vous. Bonne journée.
(Suspension de la séance
à 13 h 04)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 3)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de
l'environnement reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre
la sonnerie de vos appareils électroniques, bien sûr.
Nous poursuivons les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité
de l'environnement en matière de consigne et de collecte.
Cet après-midi, nous entendrons la Société
des alcools du Québec, le Front commun québécois pour une gestion écologique
des déchets et l'Association des microbrasseries du Québec.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Société des alcools du Québec et je vous... vous savez,
vous connaissez le processus, vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, ensuite il y aura l'échange avec les députés. Allez-y.
Mme Dagenais (Catherine) :
Merci, Mme la Présidente. Mmes et MM les députés, membres de la commission,
bonjour. Permettez-moi d'entrée de jeu de vous présenter la personne qui
m'accompagne, il s'agit de Christian Marier-Pilon, qui est directeur de la
responsabilité sociétale à la SAQ.On est heureux d'être ici aujourd'hui pour
participer à la commission sur le projet de loi sur la modernisation de la
consigne et de la collecte sélective.
Ce projet de loi là nous tient à coeur
parce que, pour nous, c'est étroitement lié à la capacité qu'on a ou qu'on aura
de recycler le verre qu'on met en marché. Depuis la commission parlementaire de
l'année dernière, on a fait de la consigne et du recyclage du verre un projet
d'entreprise sur lequel on travaille quotidiennement. Christian y travaille
tous les jours, soyez assurés de ça. On est impliqué activement sur tous les
fronts et on met les efforts nécessaires pour faire avancer les choses. On en a
d'ailleurs fait un élément clé de notre plan stratégique 2020‑2021, 2020‑2023
qui a été déposé à l'Assemblée nationale hier, si je ne m'abuse.
Concrètement, je peux vous garantir que
nous sommes activement impliqués dans le consortium de la modernisation de la
consigne, en travaillant notamment à l'élaboration du modèle de consigne viable
dans toutes les régions du Québec. On utilise aussi notre leadership pour faire
adopter le verre allégé dans l'industrie du vin à travers le monde et on
travaille à l'étendre à d'autres univers de produits. On veut aussi augmenter
l'embouteillage local. On collabore avec l'industrie sur l'écoconception de nos
contenants et on est à l'affût des contenants alternatifs émergents. On
soutient également différents projets pour donner une deuxième vie au verre
récupéré. Bref, on utilise le leadership de la SAQ à tous les niveaux pour
faire avancer les choses.
Ceci étant, si vous me le permettez...
Mme Dagenais (Catherine) :
...on soutient également différents projets pour donner une deuxième vie au
verre récupéré. Bref, on utilise le leadership de la SAQ à tous les niveaux
pour faire avancer les choses.
Ceci étant, si vous me le permettez,
j'aimerais partager trois préoccupations que nous avons concernant le projet de
loi proposé. Le premier point que je veux aborder, c'est la synergie qui doit
absolument s'opérer entre la collecte sélective et le système de consigne. En
ce moment, on prévoit que les entreprises dont les matières sortiront du bac
bleu paieront une partie de la facture pour assurer la transition de la
collecte sélective. Ce sont aussi ces mêmes entreprises qui sont sollicitées
pour assumer les coûts pour la modernisation de la consigne et le paiement des
infrastructures. On comprend rapidement que le chevauchement des systèmes
occasionnera un paiement pour certaines entreprises dans les deux canaux, dont
la SAQ.
Je dirais donc qu'on est à l'heure de
briser les silos entre les projets de consigne et de collecte sélective. On
doit travailler ensemble encore davantage pour trouver une solution globale
performante qui permettra de faire fonctionner les deux systèmes de collecte,
et ce, sans augmenter la facture pour les Québécois. On croit donc qu'un
organisme de gestion unique à deux volets, un pour la collecte sélective, et
l'autre, pour la consigne, devrait être mis en place. Cette façon de faire
permettrait d'avoir une vue d'ensemble au niveau des débouchés, d'assurer
l'équité entre les deux systèmes, ainsi qu'une complémentarité entre les
actions respectives et communes.
Le prochain point que je souhaite soulever
concernant la reprise des contenants qui nous préoccupent, en fait, c'est celui
de la reprise des contenants par les détaillants. À la SAQ, on a à coeur de
s'occuper des contenants qu'on met en marché et on tient à faire partie de la
solution qui sera mise en place avec la consigne. Et d'ailleurs, on y
travaille, là, depuis la dernière année, de concert avec le cabinet de
l'Environnement et RECYC-QUÉBEC. Nous croyons que la meilleure solution sera de
mettre en place des points de dépôt qui permettraient de rapporter des
contenants de tous types près de nos succursales et de d'autres commerces de
destination.
Toutefois, je reste préoccupée par la
mention dans le projet de loi que les détaillants se verraient contraints de
reprendre les contenants dans leurs magasins. La reprise de 200 millions
de bouteilles dans nos succursales est malheureusement impossible. Mais il y a
d'autres...
Mme Dagenais (Catherine) :
...Toutefois, je reste préoccupée par la mention dans le projet de loi que les
détaillants se verraient contraints de reprendre les contenants dans leurs
magasins. La reprise de 200 millions de bouteilles dans nos succursales
est malheureusement impossible, mais il y a d'autres solutions.
On pense qu'on a tout à gagner à
travailler conjointement avec les bannières commerciales, avec les divers propriétaires
immobiliers, avec les municipalités pour mettre en place des points de dépôt
communs pour faciliter le retour des contenants par les consommateurs... les
citoyens. Les stationnements adjacents à nos succursales pourraient être de
très belles options pour l'installation de points de dépôt multimatière. Nos
succursales sont bien situées, vous le savez, et génèrent un fort achalandage.
• (15 h 10) •
En ce moment, des scénarios très
intéressants sont sur la table. Avec le consortium sur la modernisation de la
consigne, la SAQ participera à tester les meilleures options. On parle de
quatre projets pilotes qui devraient débuter dans les prochains mois, selon, en
fait, la disponibilité de l'équipement et des infrastructures nécessaires.
Il y aurait deux projets pilotes sous
forme de kiosques extérieurs équipés de gobeuses qui pourraient reprendre
toutes les sortes de contenants. Aussi, les deux autres tests seraient sous
forme de centres de dépôt qui pourraient accueillir une place... une plus
grande quantité de contenants. Ça permettrait aux consommateurs qui le
souhaitent d'accumuler leurs contenants et de les retourner de façon efficace
et facile.
À la SAQ, on est très enthousiasmés par
ces développements et on participera avec toutes les organisations qui désirent
réellement collaborer dans la démarche. Une législation claire et un engagement
des municipalités seront essentiels au succès... et nous permettra... nous
permettront, pardon, d'implanter des points de collecte aux endroits
stratégiques.
Je tiens aussi à dire qu'en parallèle de
la consigne, on est très intéressés par l'implantation de dépôts volontaires de
verre dans nos stationnements, là où c'est possible. On est d'ailleurs déjà en
lien avec certaines municipalités à cet effet. Notre but, c'est de faciliter la
transition vers la consigne en développant dès maintenant le réflexe de
rapporter les bouteilles. On agit maintenant pour augmenter le taux de
recyclage du verre au Québec.
La troisième préoccupation et le dernier
point que je veux faire, c'est que j'aimerais parler des débouchés pour le
verre récupéré. On est surpris de ne pas retrouver dans le ... loi... libellé
sur les redevances dans les lieux d'enfouissement pour le verre comme matériel
de recouvrement. Ce sera un non-sens si on modifie le système...
Mme Dagenais (Catherine) :
...et j'aimerais parler des débouchés pour le verre récupéré. On est surpris de
ne pas retrouver, dans le projet de loi, un libellé sur les redevances, dans
les lieux d'enfouissement, pour le verre comme matériel de recouvrement. Ce
sera un non-sens si on modifie le système de collecte pour augmenter la valeur
de la matière, mais qu'on continue d'obtenir des résultats de recyclages
similaires à ceux actuels parce que l'enfouissement est encore permis. La
législation doit être claire en ce sens. Depuis un an, à la SAQ, on
multiplie les efforts et les contacts dans différents milieux. Notre but, c'est
d'encourager les entreprises d'ici à mettre sur pied des projets qui pourraient
générer de la demande pour le verre récupéré. En ce moment, la volonté est là,
elle est palpable, les projets existent, mais les entreprises ont besoin
d'investissements pour les mettre en place. Même s'il appartient aux
entreprises, via une responsabilité élargie des producteurs, de mettre en place
une économie circulaire, le gouvernement a un rôle à jouer pour solidifier et
stimuler la demande. Il faut que l'État devienne une vitrine pour les débouchés
du verre en imposant l'utilisation du verre récupéré dans les infrastructures
publiques. Selon nous, c'est un point qui est primordial si on veut que le
système de consigne sur le verre ait une réelle plus-value. Dans quelques mois,
on aura destonnes de verre de grande
qualité, il faut se mettre en action dès maintenant pour que cette matière soit
recyclée localement. D'ailleurs, on a déjà...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous vous arrêtez ici.
Mme Dagenais (Catherine) :
Ah! bon.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Et si vous voulez passer à l'échange avec les collègues
parlementaires.
Mme Dagenais (Catherine) :
Mais je n'ai pas fini.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous avez fait vos 10 minutes.
Une voix : Ça va.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le ministre va vous permettre
d'empiéter sur son temps. Vous pouvez continuer.
Mme Dagenais (Catherine) :
Ah! merci. Il me reste un paragraphe, c'est ma conclusion.
D'ailleurs, on a... en fait, je voulais dire
on a de belles réalisations, je pense notamment à la chaire SAQ-Université de
Sherbrooke qui a permis de trouver des débouchés au verre. Notamment, là,
dernièrement, la ville de Montréal a coulé récemment, là, son premier pont...
en fait, c'est le premier pont au monde qui intègre la poudre de verre à l'île
des Soeurs. Il y a aussi le projet Vignes en ville qui utilise du paillis de
verre, là, pour réchauffer les vignes. Alors, bien qu'encourageants, ces
projets-là ne sont pas suffisants. Il faut continuer à encourager cette
créativité québécoise.
En terminant, je ne dirai jamais
assez : À la SAQ, on souhaite sincèrement trouver, en collaboration avec
l'industrie et le gouvernement, la solution la plus performante sur les plans
environnemental et économique pour atteindre le meilleur taux de recyclage du
verre, puis on est confiants d'y arriver. Maintenant, travaillons ensemble sur
les défis qui persistent pour mettre en place une solution qui va assurer la
pérennité du système...
Mme Dagenais (Catherine) : …la
plus performante sur les plans environnemental et économique pour atteindre le
meilleur taux de recyclage du verre, puis on est confiants d'y arriver.
Maintenant, travaillons ensemble sur les
défis qui persistent, pour mettre en place une solution qui va assurer la
pérennité du système et qui, on le souhaite fort, va inspirer la fierté des Québécois.
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la Présidente.
Mme Dagenais, toujours un plaisir d'échanger avec vous. Merci d'être avec
nous cet après-midi. Peut-être deux éléments, rapidement, pour vous rassurer,
d'abord par rapport aux points que vous avez soulevés, c'est-à-dire
l'obligation pour le détaillant de recevoir les contenants vides. En fait,
nous, c'est un engagement qui a été pris, il n'y aura pas cette obligation-là
pour les nouveaux contenants à consigner. Cependant, les détaillants en
alimentation, par exemple, qui sont déjà tenus de récupérer bouteilles de bière
et canettes de tous genres, eux, maintiendront… c'est-à-dire, cette
obligation-là est maintenue, mais pas forcément par rapport aux nouveaux
contenants eux-mêmes.
Ceci dit, c'est une partie du secret. On
va espérer que le plus de détaillants possible puissent recevoir le plus de
contenants possible, mais il n'y a pas d'obligation à cet effet-là. Et dans le projet
de loi, c'est un pouvoir habilitant qui est confirmé à cet égard-là, donc on
aurait la possibilité de le faire, mais ce n'est pas dans l'intention du gouvernement
de le faire, d'une chose… d'une part.
Et vous avez aussi mentionné la question
des redevances sur l'enfouissement. Le règlement est déjà préparé à cet égard,
là, c'est un règlement qui sera à l'étude, là, dans les meilleurs délais. Donc,
effectivement, au moment d'annoncer cette réforme-là à vos côtés, d'ailleurs,
en janvier dernier, on avait précisé qu'il faut aussi, en quelque sorte, faire
en sorte que l'enfouissement du verre ne soit pas attrayant comme il l'est
maintenant. Donc, effectivement, il y aura des redevances plus élevées pour ce
qui est du verre, là, et c'est dans une réglementation indépendante du projet
de loi, là, que cet élément-là sera réglé.
Sinon, peut-être nous parler un petit peu
du chemin de Damas de la SAQ dans le dossier de la consigne. En ce sens qu'il y
a quelques années, la SAQ était, avec de bonnes raisons, sans doute, mais moins
favorable à l'idée, je le dirai comme ça, de la consigne. Aujourd'hui, vous en
parlez avec enthousiasme. Qu'est-ce qui vous a permis, comme organisation, de
cheminer à ce point? Est-ce que c'est tantôt la demande du public? Est-ce que
c'est tantôt la philosophie de l'entreprise qui a évolué? Peut-être juste nous
parler un petit peu de cette évolution-là qui, pour nous, est de la musique à
nos oreilles, là, c'est bien certain.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, bonjour, M. le ministre. Merci de la question. En fait, la SAQ a toujours
été préoccupée par le taux de récupération du verre et sa…
M. Charette : ...peut-être
juste nous parler un petit peu de cette évolution, là, qui, pour nous, est de
la musique à nos oreilles, là, c'est bien certain.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, bonjour, M. le ministre. Merci de la question. En fait, la SAQ a toujours
été préoccupée par le taux de récupération du verre et sa réutilisation. Au
départ, on a investi, bien, comme plusieurs, dans le modèle de la collecte
sélective. Et force est de constater, là, 15 ans plus tard, 20 ans plus tard,
que le taux de recyclage était rendu à 30 %. C'était nettement
insuffisant, donc il fallait passer à d'autres choses.
Et on a entendu aussi, haut et fort, là,
la réaction, l'enthousiasme de la population québécoise et de nos employés
aussi, je dois dire, qui disaient : Bien, écoutez, vous voyez bien que ça
ne marche pas, pourquoi ne pas penser à la consigne? Peut-être qu'elle
favoriserait, là, une meilleure pureté, là, de la matière. Et c'est pour ça
qu'on a cheminé.
La grande préoccupat
ion que j'ai encore aujourd'hui puis que j'avais
l'année dernière quand j'ai annoncé, puis j'y crois fermement, c'est que...
moi, c'est la réutilisation du verre. La deuxième vie au verre est
fondamentale. Si on fait tout ça et que la matière continue à ne pas être
réutilisée, bien, on n'aura pas rien... on n'aura rien gagné, on aura échoué.
Alors, c'est pour ça qu'il faut mettre de l'avant des pratiques qui favorisent
la réutilisation du verre, une matière qui, pour l'instant, n'a pas beaucoup de
valeur, on le sait, alors il faut créer de la valeur. De notre côté, on a
identifié, tu sais... Dans nos appels d'offres, on demande du verre allégé,
mais on demande aussi aux producteurs locaux, aux embouteilleurs d'utiliser des
bouteilles locales, mais encore faut-il qu'elles soient utilisées. Et donc,
d'avoir une économie circulaire qui soit très forte.
• (15 h 30) •
M. Charette : Tout à fait, en
fait, je rejoins vos préoccupations. Et le projet de loi insiste beaucoup sur
le concept d'économie circulaire, justement, ce qui implique une valorisation.
Mais dans tous les cas, merci, sincèrement, votre présence sur nos comités de
réflexion, votre propre engagement au sein de votre organisation font une
différence indéniable, là, dans la réflexion qui est la nôtre.
Peut-être un dernier petit élément, parce
que je sais que mon collègue souhaiterait intervenir, également. Vous l'avez
mentionné, il y a des contraintes pour certains de vos commerces, d'où la
crainte que vous exprimiez d'emblée. Mais est-ce que vous avez pu faire l'évaluation
de combien de vos succursales pourraient, recueillir, cette matière-là? Je
n'aime pas parler de déchets, parce que c'est une matière qui a sa valeur, mais
est-ce que c'est une évaluation qui a pu être faite en partie, à tout le moins,
de votre côté?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, je crois que...
M. Charette : …l'évaluation de
combien de vos succursales pourraient ultimement recueillir cette matière-là?
Je ne veux pas parler de déchets parce que c'est une matière qui a sa valeur,
mais est-ce que c'est une évaluation qui a pu être faite, en partie, à tout le
moins, de votre côté?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, je crois que oui. Mon collègue à côté… je n'ai pas le nombre de
succursales — Alex? O.K. Tantôt, je parlais des aires de
stationnement de nos succursales ou, en fait, des centres d'achats, on en a…
mon collègue va me donner la réponse, mais c'est sûr qu'après ça il faut parler
avec les bailleurs, parce que vous savez qu'on n'est pas propriétaires, hein,
de nos édifices, on est locataires, et aussi travailler avec les villes, parce
que si tout le monde travaille ensemble… On a 300 stationnements… plus ou
moins, là, qui pourraient être utilisés, mais ça, c'est si les astres sont
alignés, si les bailleurs sont à bord, si les municipalités sont à bord. On
dépend aussi de ces gens-là, beaucoup.
M. Charette : …c'est gentil,
et avant de céder la parole, aussi vous remercier. Vous disiez qu'avant
l'implantation du système de consigne, à certains endroits, vous allez
encourager la collecte des bouteilles vides, même si la consigne n'est pas
encore instaurée officiellement. Donc, c'est un autre beau geste. Et à chacune
des places où ce type d'initiative là a été développé, la réponse du public a
toujours été excellente, donc il y a un besoin pour ça. Merci de le rendre
disponible à travers votre réseau. Donc, on aura à continuer à collaborer au
niveau des comités de travail, notamment, mais merci de votre engagement. Et je
sais que mon collègue de Bourget aussi a quelques questions pour vous. Une
belle fin de journée, merci.
Mme Dagenais (Catherine) : Merci.
Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Bonjour, Mme Dagenais, toujours un plaisir de vous voir. Je me souviens très
bien de la conférence de presse où on s'est rencontrés puis on parlait des
bouteilles, justement de ce projet-là qui s'en venait, puis il y a une chose
que je ressens encore aujourd'hui, c'est qu'il y a beaucoup de sincérité envers
votre engagement. Ce n'est pas juste des paroles, vous avez mis en place un comité,
vous en avez fait un projet, alors qu'auparavant on disait que la SAQ était
très tiède par rapport à ça. Là, on ne peut absolument pas dire ça.
Moi, je trouve ça très intéressant puis
j'insiste sur quelque chose que vous avez peu touché, mais le verre allégé puis
l'embouteillage local, c'est quant à moi tout aussi intéressant que de ramasser
les bouteilles ou leur trouver une utilité, deuxièmement, elles vont être
légères. Comment ça va par rapport à ça, la réponse, mettons, pour le verre
allégé? Transporter moins de poids, c'est toujours une bonne idée.
Mme Dagenais (Catherine) :
Effectivement. Bien, en fait, on a commencé, dans la dernière... dans les
derniers deux ans, à demander à nos fournisseurs à ce que tous les produits en
bas de 16 $ soient en verre allégé, en bas d'un certain... de 400... en
bas de...
Mme Dagenais (Catherine) : ...effectivement.
Bien, en fait, on a commencé, dans la dernière... dans les derniers deux ans, à
demander à nos fournisseurs à ce que tous les produits en bas de 16 $
soient en verre allégé en bas d'un... de 400... en tout cas...
Une voix
: ...
Mme Dagenais (Catherine) :
400 grammes, autour de ça. Et, enfin, les producteurs ont répondu à
l'appel, effectivement. Je crois qu'on est... on a un taux de pénétration de
près de 90 % depuis qu'on a mis ça en place. Et là on vise d'aller
chercher les produits en deçà de 20 $. Puis, en fait, les gens pourraient
se questionner : Mais pourquoi en deçà de 20 $? Bien, la majorité des
produits qu'on vend, 80 % des bouteilles de vin qu'on vend sont en deçà du
20 $, alors d'où l'importance de viser ce créneau de bouteille là. Alors
donc, on a élargi, là, dans notre plan stratégique à 20 $ et moins.
Puis tantôt, au niveau de l'embouteillage
local, c'est que la SAQ, tout ce qui est vendu en épicerie est embouteillé ici
localement, les producteurs du Québec embouteillent ici, bien entendu. Alors, il
y a un marché potentiel de bouteilles de vin qui est ici directement. Alors,
quand on parle de recyclage, de réutilisation du verre, bien, c'est un bel exemple,
justement, de s'assurer que ce verre-là soit disponible par l'économie
circulaire. Ce n'est pas le cas présentement, mais c'est là-dessus... tantôt,
quand je parlais d'entreprises, tu sais, qui auraient besoin de financement,
bien, c'est à ça que je faisais référence notamment.
M. Campeau : Je pensais à quelque
chose, c'est que, si pour augmenter votre pourcentage de recyclage en bas de 16 $,
j'espère que vous n'aurez pas monté les prix.
Mme Dagenais (Catherine) : Ah!
non, ça ne fait partie.
M. Campeau : Je ne suis pas,
là, je ne suis sérieux. O.K.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui.
M. Campeau : Quand vous parlez
de réutiliser les bouteilles, est-ce qu'il y a des exemples qu'on a essayé,
disons, de dire : On va faire comme les bouteilles de bière et on va
essayer de réutiliser les mêmes bouteilles un certain nombre de fois?
Avez-vous... Est-ce qu'il y a eu des essais? Puis à quel point vous en êtes
rendus par rapport à ça? Ce serait le meilleur débouché qu'on puisse imaginer,
ça.
Mme Dagenais (Catherine) : En
fait, c'est... il y a plusieurs freins à cette idée-là. En fait, c'est quelque
chose qui a été testé en Europe, d'ailleurs, et qui n'a pas été retenu en
Europe, qui n'est pas retenu parce que, premièrement, à cause de la pureté...
le verre est plus fragile. Et la qualité du verre pour un producteur de vin...
Vous savez, le vin, c'est de l'émotion, hein, c'est... il faut que ça soit
parfait, la bouteille. Alors, d'un point de vue pureté du verre, d'un point de
vue aussi transport de ces bouteilles-là, d'un point de vue... pas dimension,
mais les bouteilles n'ont pas toutes la même forme...
Mme Dagenais (Catherine) :
...l'émotion hein, c'est... Il faut que ça soit parfait, la bouteille. Alors,
d'un point de vue pureté du verre, d'un point de vue aussi transport de ces
bouteilles-là, d'un point de vue, pas dimension, mais les bouteilles n'ont pas
toutes la même forme. Donc, il y a beaucoup de freins à ça. Ce n'est pas une...
Ce n'est pas une façon de faire qui a été retenue et qui a été testée à maintes
reprises en Europe par les grands producteurs de vin. Mon collègue veut me
donner un petit point supplémentaire, là.
M. Marier-Pilon (Christian) :
...les fournisseurs internationaux, là.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, c'est ça. En fait, c'est les... Bien, justement, les fournisseurs internationaux
de 80 pays dans le monde. Donc, c'est... Les fournisseurs sont loin.
Alors...
M. Campeau : Moi, je n'ai
pas de doute. Et je vois très bien quand... Transporter des bouteilles en
Europe pour les ramener, ce n'est pas une bonne idée.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. Oui.
M. Campeau : Mais si on
pouvait dire que l'embouteillage local était fait par des bouteilles qu'on
pouvait retourner là-bas, il y a peut-être avec une... C'est selon la distance.
Il y a peut-être un avantage et... Mais...
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. Bien, en fait, c'est ce qui a été justement testé en France notamment, là,
par plusieurs des producteurs à qui on parle, de nos producteurs. Ils l'ont
essayé. La qualité du verre... La deuxième réutilisation du verre n'est pas
comme... Ce n'est pas comme une bouteille de bière. C'est très différent. Ce
n'est pas qualitatif. Puis après il y a la forme de la bouteille. Hein, ces
compagnies-là de vin, c'est du marketing, hein? Chacun a sa forme de bouteille.
Il y a des normes quand même.
M. Campeau : Je
comprends. Bien, merci beaucoup.
Mme Dagenais (Catherine) :
Ça me fait plaisir.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci. Alors, nous allons passer du côté de
l'opposition officielle. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci
beaucoup, Mme la Présidente... Pardon. Excusez. Alors, Mme Dagenais,
bonjour. Plaisir de vous revoir. Je suis en train de perdre ma voix. Aqlors,
je...
Une voix
:
...émotions...
M. Leitão : Beaucoup
d'émotions, en effet. Et justement parce que je voudrais... Je voudrais revenir
sur le chemin de Damas que le ministre a fait allusion, donc, le cheminement de
la SAQ. Parce que, comme le disent les Chinois, «been there, done that». Il me
semble que, et corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble que la SAQ
n'avait vraiment particulièrement d'objection à la consigne comme telle. Ce
n'était pas ça vraiment l'enjeu. C'est vraiment les bouteilles. D'être obligé
ou de devoir recevoir les bouteilles que la société vend, et elle les vend en
grand nombre, c'était ça, il me semble, l'enjeu qui avait toujours comme freiné
un peu les ardeurs de la SAQ dans ce domaine-là.
• (15 h 30) •
Maintenant, comme le ministre a mentionné,
la société a cheminé. Très bien. Mais cet enjeu-là, il me semble...
15 h 30 (version non révisée)
M. Leitão : ...grand nombre. Et
c'était ça, il me semble, l'enjeu qui avait toujours, donc, freiné un peu les
ardeurs de la SAQ dans ce domaine-là. Maintenant, comme le ministre a
mentionné, la société a cheminé, Très bien. Mais cet enjeu-là, il me semble
qu'il n'est pas encore vraiment réglé parce qu'à la base, les succursales de la
SAQ, pour la plupart, n'ont toujours pas la capacité d'entreposage pour
recevoir un retour massif des bouteilles. Vous avez mentionné plusieurs
alternatives, dans les stationnements, etc. Alors, s'il vous plaît, juste nous
informer un peu plus, donc, l'évolution de la société dans ce qui concerne
l'enjeu du retour des bouteilles, comment gérer le retour des bouteilles.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, effectivement, c'est que, bon, à chaque année, la SAQ met en
circulation 200 millions de bouteilles. De les rapporter dans nos
succursales, ce ne serait pas possible parce que, bien, vous le savez, on a
restructuré, on a revu notre réseau de succursales, puis c'est toujours en
marche, on réduit le pied carré pour des questions d'efficacité, d'efficience,
de coûts, parce que vous savez qu'avoir pignon sur rue dans un espace
commercial est très coûteux. Alors, nos efforts d'optimisation font en sorte
que ce ne serait pas possible.
Mais, par contre, il y a des solutions à
ça, et c'est là-dessus qu'on veut travailler et qu'on travaille avec le
consortium, d'utiliser, en fait, nos stationnements ou des stationnements à
proximité, dépendamment des endroits. Je crois que dans chaque municipalité, il
y a des endroits où il pourrait y avoir des dépôts, des gobeuses qui pourraient
être facilitantes pour le client qui voudrait ramener toutes ses matières au
même endroit. Alors, les... entre autres, là, tantôt j'ai parlé de deux tests
pilotes qu'on souhaiterait faire. Bien, en fait, je peux même me permettre de
les nommer, mon équipe m'a donné la permission, M. le ministre, est au courant,
à Saint-Hyacinthe... et les bailleurs aussi ont dit oui, ont répondu oui à
l'appel. Je parle de Saint-Hyacinthe et je parle de la succursale de Bromont où
on veut justement amener cet équipement-là pour tester, en fait, pour voir la
réponse du consommateur, du citoyen, et aussi de voir quelle sera la réponse,
en fait, au niveau des intempéries. Est-ce que ces machines-là, cet hiver, vont
être fonctionnelles ou est-ce qu'il faut mieux les protéger? On va apprendre de
ces pilotes-là, c'est certain. Alors, c'est vraiment ça qui nous anime.
Puis en parallèle, bien oui, on travaille
avec des municipalités. J'ai vu dans la... à Boucherville, il y a un dépôt sur
notre stationnement. J'ai vu aussi, je crois que c'était à Varennes, où il y
avait un dépôt, là, volontaire dans notre stationnement. Alors, on... Puis, en
fait, ces matières-là sont...
Mme Dagenais (Catherine) :
...puis en parallèle, bien oui, on travaille avec des municipalités. J'ai vu
dans la... À Boucherville, il y a un dépôt sur notre stationnement. J'ai vu
aussi, je crois que c'était à Varennes où il y avait un dépôt, là, volontaire
dans notre stationnement. Alors, on... Puis, en fait, ces matières-là sont
réutilisées par des centres de conditionnement. Alors, on travaille ces
options-là, mais, vous savez, il faut apprendre à marcher avant de courir.
M. Leitão : ...merci. Une
dernière question, parce que mon collègue a aussi quelques questions qu'il
aimerait poser et puis il se plaint souvent que je ne lui laisse pas assez de
temps, alors je...
Mais vous avez dit 200 millions de
bouteilles, c'est beaucoup de bouteilles, en effet. Une tendance qu'on voit
dans les grands centres urbains chez nos voisins, notamment aux États-Unis, à New
York, par exemple, c'est toute une industrie qui s'est développée, je ne sais
pas trop comment on les appelle en français, mais les... d'économie sociale surtout,
des personnes qui récupèrent les bouteilles et qui les... vont les livrer aux
centres de dépôt. Et ça doit... Et ça existe déjà un peu à Montréal, pas très
bien structuré, mais...
Je pense que ça... Il y a là une avenue, encore
une fois, dans les grands centres urbains, il y a quelque chose qu'on pourrait
faire. Je pense que la SAQ pourrait avoir dans les entrepôts une espèce de
dépôt un peu plus large qui pourrait accueillir ces repreneurs de bouteilles
qui se promènent dans les quartiers et qui ramassent les bouteilles des
citoyens. Ça marche très bien à New York. Moi, je pense, ça pourrait bien
fonctionner ici. Qu'est-ce que vous pensez?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, mon collègue me dit que, oui, on en a entendu parler, et c'est
des choses... En fait, l'utilisation de notre centre de distribution pour
accueillir de la matière, ça peut se faire. Il faut le tester. Il faut voir,
après, qui vient chercher la matière pour la recycler. Peut-être que... En
fait, je ne sais pas s'il y a autre chose à dire là-dessus, là. Je pense que
l'idée doit... mérite d'être approfondie.
M. Leitão : Je pense, ça
pourrait bien marcher, dans les grands centres urbains surtout, où il y a une
grande densité populationnelle, ça pourrait marcher. Je vous invite à regarder un
peu ça. Ça pourrait être une bonne solution.
Mme Dagenais (Catherine) :
Merci.
M. Leitão : Cher collègue,
je... Je ne veux pas être... Merci, Mme Dagenais.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation.
Donc, ma première question, au niveau...
c'est au niveau de la collecte sélective. Votre taux de récupération, c'est à
plus de 85 %. Maintenant, on s'en irait vers la consigne. Qu'est-ce que...
Est-ce que vous avez fait des analyses préliminaires? Est-ce que... Quelles
sont les... Est-ce que vous avez des cibles que vous visez par rapport à la
consigne et quelles sont ces cibles?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, c'est certain que le taux de récupération actuel avec la
collecte sélective, on souhaiterait avoir le même taux de récupération avec la
consigne. Et...
M. Benjamin : …vous avez des
cibles que vous visez par rapport à la consigne, et quelles sont ces cibles?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, c'est certain que le taux de récupération actuel avec la
collecte sélective, on souhaiterait avoir le même taux de récupération avec la
consigne. Et après ça, une fois que c'est récupéré, ce qu'il faut vraiment… je
pense que le grand défi que nous aurons comme société, c'est de recycler ce
verre-là. Parce qu'en fait, même si on va chercher 100 % de récupération
avec la consigne, si on n'est pas capable de réutiliser le verre, on n'aura
rien gagné.
Alors, moi, c'est ça, ma préoccupation,
c'est… puis il y en a, des débouchés. Alors, la bonne nouvelle, c'est qu'il
existe des débouchés, il faut juste les mettre de l'avant, les promouvoir, puis
en fait, il y aura une pénurie de verre si on utilise tous les débouchés que
j'ai nommés tout à l'heure dans mon allocution.
M. Benjamin : Merci. Un autre
aspect qui m'intéresse, c'est par rapport aux produits étrangers. Donc, est-ce
que vous avez des orientations, notamment par rapport à des stratégies de mise
en bouteille de ces produits-là, qui pourrait se faire au Québec? Et dans
quelle mesure que ça ne viendrait pas pénaliser les producteurs québécois? Et
où est-ce que vous en êtes autour de cette réflexion-là? Et aussi, comment
s'assurer aussi qu'il n'y aurait pas de fardeau additionnel pour le
consommateur?
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, hier, je faisais une allocution à la Chambre de commerce de Montréal et
je mentionnais que la SAQ, dans une année, on achète 1,4 milliard de
dollars de vins et spiritueux, là, au Québec, au Canada et partout dans le
monde. De ces 1,4 milliard là, il y en a 300 millions qu'on achète
ici au Québec. Et là je parle de produits du Québec fabriqués, préparés,
origine Québec, mais je parle aussi des produits qui viennent d'ailleurs, mais
qui sont embouteillés, ici, au Québec.
Alors, il y a moyen de... Et il y a de la
place pour les produits importés, il y a de la place pour les produits du
Québec. On le voit, il y a un engouement pour ces produits-là. Et ça fait
partie de notre plan stratégique d'ailleurs de promouvoir les produits du
Québec et... Mais il y a... Oui, il y a une opportunité d'embouteiller
davantage. Et je crois... Puis il y a des... Des embouteilleurs sont déjà...
Ils sont ici. Ils sont prêts. Et puis je pense qu'il y a moyen d'augmenter
l'embouteillage local et ainsi, bien, réutiliser le verre qu'on met en
circulation.
M. Benjamin : Et vous
avez parlé des tests pilotes tout à l'heure, Saint-Hyacinthe, Bromont. En
termes d'échéancier, c'est pour quand ces tests-là sont prévus?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, j'aimerais le faire demain matin, mais la difficulté que j'ai, en fait,
c'est l'équipement. Tout à l'heure, je disais, aussitôt que les équipements
nécessaires pour, justement, faire...
M. Benjamin : ...tout à
l'heure, Saint-Hyacinthe, Bromont. Et en termes d'échéancier, c'est pour quand
ces tests-là sont prévus?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, j'aimerais le faire demain matin, mais la difficulté que j'aie, en fait,
c'est l'équipement. Tout à l'heure, je disais : Aussitôt que les
équipements nécessaires pour justement faire... les tests vont être
disponibles, il semble y avoir un petit enjeu d'équipement, là, on me dit que
ce serait au début décembre. Alors, si les équipements sont prêts, moi, je suis
prête, mon équipe est prête. On attend après l'équipement.
• (15 h 40) •
M. Benjamin : Donc, est-ce que
je comprends que le calendrier qui est devant nous par rapport à ce projet de
loi et les différentes orientations, ce calendrier-là vous convient ou, du
moins, c'est ce que... comme d'autres regroupements qui sont passés avant vous,
certains d'entre eux sont venus demander en consultation particulière qu'il y
ait un délai d'un an qui soit accordé. Pour vous, est-ce que le calendrier que
vous avez devant vous, vous êtes confortable avec ce délai?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, je dois dire que le délai est serré, hein? On a été retardé dans
la mise en place. On vit... tu sais, on vit une crise en ce moment et je gère
la crise au quotidien dans les opérations de nos magasins. Mais j'aimerais
voir... Tu sais, les pilotes, je pense, pour bien comprendre, analyser, le
pilote doit durer plus qu'une semaine, doit durer minimalement l'hiver et
possiblement au printemps pour voir les impacts de changements de température.
Alors, s'il y avait de légers délais, moi, je pense que ça serait... on serait
tous gagnants.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. C'est au tour maintenant du deuxième groupe
d'opposition, la députée de Mercier à prendre la parole.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. J'ai 2 min 45 s
seulement. Écoutez, vous avez dit qu'il y aurait 300 places de
stationnement. Sur combien déjà? J'ai oublié le nombre de points... de
succursales de SAQ. C'est 300 sur combien?
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, la SAQ a 400 magasins, 400 succursales.
Mme Ghazal : Donc, sur les
300 endroits où vous... les citoyens vont pouvoir remettre leurs
bouteilles de vin vides.
Mme Dagenais (Catherine) : En
fait, les 300 endroits potentiels où on pourrait avoir des dépôts dans nos
stationnements ou dans le stationnement du centre d'achats. Les autres
succursales, si vous allez au centre-ville de Montréal, par exemple, où on a
pignon sur rue, vous comprendrez qu'il n'y a pas d'espace pour avoir de
l'équipement.
Mme Ghazal : O.K., merci. Je
voulais, moi aussi, souligner le fait... l'évolution de la SAQ par rapport au
discours qu'elle tenait il n'y a pas si longtemps que ça. En fait, vous teniez
le même discours que celui du conseil des détaillants qui est venu hier en
commission en disant que ça va coûter très, très cher puis tout va... ça va
être la catastrophe de réformer. Alors, je vous félicite de ne plus être dans
le camp du statu quo. Puis vous, en tant que société d'État, quel rôle vous
voyez pour la SAQ? Parce que c'est vraiment des gisements de verre d'excellente
qualité quand on... le fait de mettre une consigne va faire que c'est des
gisements...
Mme Ghazal : ...commission en
disant que ça va coûter très, très cher puis tout va... ça va être la
catastrophe de réformer. Donc, je vous félicite de ne plus être dans le camp du
statu quo.
Puis vous, en tant que société d'État,
quel rôle vous voyez pour la SAQ? Parce que c'est vraiment des gisements de
verre d'excellente qualité quand on... le fait de mettre une consigne va faire
que ces des gisements d'une excellente qualité. C'est quoi le rôle que vous
voyez comme société d'État dans cette réforme-là?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, la SAQ est au coeur de cette réforme-là. On collabore depuis
l'année dernière, là, depuis ma... à la commission. Avec RECYC-QUÉBEC, on est à
la table avec le consortium, on travaille... on regarde avec des entreprises
qui voudraient reprendre le verre, on est... Dans le fond, notre volonté, c'est
de s'assurer qu'il y a vraiment des débouchés au verre puis que le verre ait
une certaine valeur. Alors, c'est notre rôle, on est au centre de tout ça, on a
un rôle d'influence.
Mais on ne peut pas faire ça seul, on doit
le faire avec l'industrie, on doit le faire avec le gouvernement. La population
doit aussi faire du sien, parce qu'il ne faut pas se le cacher, c'est une
grande gestion de changement.
Mme Ghazal : Mais c'est ça,
justement, pour la population, est-ce que vous allez contribuer même
financièrement à une campagne de sensibilisation pour que les citoyens... les
encourager à remettre leurs contenants de verre? Est-ce que vous, vous allez le
faire ou vous allez laisser ça juste à RECYC-QUÉBEC?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, on va faire ça, je pense, de concert, hein, on ne fera pas
15 campagnes de publicité. Je pense qu'on doit agir ensemble, le
consortium, et faire en sorte justement qu'on ait un poids et que vraiment on
s'adresse à la population de façon générale pour qu'elle prenne les choses au
sérieux. Parce que demain elles ne mettront plus les choses dans leur bac,
elles vont devoir faire le geste de le ramener, de ramener la matière. Et là,
bien, ça change les habitudes.
Mme Ghazal : J'avais une
dernière question, mais bon.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous couper la parole.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et je donne la parole au troisième groupe d'opposition. Mme la députée de
Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Donc, plusieurs questions ont été répondues au fil des
discussions. D'abord, je tiens à vous saluer. J'aurais aimé pouvoir m'appuyer sur
des écrits, là, pour approfondir certaines questions. Mais, en fait, vous avez
mentionné, là, qu'à peu près trois points... 300 points de service, là,
avaient la capacité de gérer, là, en termes de... le lieu physique est
suffisamment grand, suffisamment de ressources pour le faire. Comment est-ce
qu'on pourrait augmenter cette capacité-là, selon vous, pour que plus de points
de service puissent l'offrir? Je commencerais par ça.
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, bien, en fait, tout à l'heure, dans mon allocution, je mentionnais que,
oui, on peut utiliser les stationnements des SAQ, mais il n'y a pas que les
stationnements des SAQ, il y a les stationnements des centres commerciaux. Il y
a les municipalités aussi qui doivent jouer un rôle, et je pense que... Parce
que si...
Mme Dagenais (Catherine) :
...alors, bien, en fait, tout à l'heure, dans mon allocution, je mentionnais
que oui, on peut utiliser les stationnements des SAQ, mais il n'y a pas que les
stationnements des SAQ. Il y a les stationnements des centres commerciaux,
des... Il y a les municipalités aussi qui doivent jouer un rôle. Et je pense
que... Parce que si on veut simplifier le retour de ces matières-là pour le
citoyen... Hein, on le sait, le citoyen a beaucoup à faire, il n'a pas de temps,
alors il faut simplifier. Alors, il va falloir multiplier les dépôts pour que
ce soit simple, facile, accessible.
Alors, c'est tout le monde ensemble. Oui,
c'est la SAQ, mais c'est les autres commerçants, les bailleurs, les villes qui
vont devoir mettre à contribution de l'espace pour, justement, faciliter cette
gestion des... cette nouvelle gestion des matières là.
Mme Perry Mélançon : Et puis
je pense qu'on a le temps...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste une minute.
Mme Perry Mélançon : Une
minute? Alors, est-ce que vous avez des recommandations, là... est-ce que, dans
sa forme actuelle, pour vous, le projet de loi est satisfaisant? Est-ce que
vous auriez des priorités, là, recommandations prioritaires à mettre en place pour
améliorer, finalement, le projet qui nous a été déposé?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, merci de la question. En fait, moi, je pense que l'élément le plus
important, là, c'est la deuxième vie du verre. Parce que, si on ne règle pas ça
dans le p.l. n° 65, s'il n'y a pas d'incitatif pour
valoriser le verre, et qu'il ait une deuxième vie, on va revenir à la case
départ. On va se reparler dans cinq ans puis on va dire : Le verre est en
centre d'enfouissement. Et on n'aura pas réussi personne.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons... Merci pour votre contribution à notre
commission.
Nous allons faire une courte pause pour
permettre aux gens du Front commun québécois pour une gestion écologique des
déchets de se mettre en ligne. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...alors, nous allons reprendre nos travaux et entendre le Front commun québécois
pour une gestion écologique des déchets. M. Denis Blaquière, vous êtes avec
nous par la magie des ondes. Alors, je vous souhaite la bienvenue et vous
savez... vous connaissez le déroulement. Vous savez que vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation et ensuite, ce sera un échange avec les députés
et les ministres.
M. Blaquière (Denis) :
Excellent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y.
M. Blaquière (Denis) : Alors,
depuis 1991, le fonds commun québécois pour une gestion écologique des déchets
travaille activement afin que les gens, nos commerces, industries et
institutions...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...échange avec les députés et le ministre.
M. Blaquière (Denis) :
Excellent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y.
M. Blaquière (Denis) : Alors,
depuis 1991, le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets
travaille activement afin que les gens, nos commerces, industries et
institutions réduisent l'impact de leurs matières résiduelles sur notre
environnement.
Le projet de loi n° 65
lance une grande réforme qui suscite beaucoup d'espoir de notre part, mais
aussi quelques craintes et interrogations. Le front commun salue la volonté du
gouvernement de moderniser nos systèmes de consigne et de collecte sélective en
appliquant le principe de la responsabilité élargie des producteurs. Le
gouvernement a donc créé deux organismes de gestion désignés, les OGD, dominés
par l'industrie privée, avec Éco Entreprises Québec comme maître d'oeuvre.
Malheureusement, cet organisme-là est loin d'avoir fait ses preuves au cours
des dernières décennies pour aider le Québec à se sortir des nombreuses crises
qui ont frappé nos industries de la récupération et du recyclage. Encore pire,
Éco Entreprises Québec, qui a toujours eu une politique anticonsigne bien
affirmée, pour ne pas dire carrément agressive, se retrouve maintenant
responsable de la modernisation de la consigne. Le gouvernement est-il en train
de confier la gestion du poulailler à une meute de loups?
Aussi, on note qu'il n'y a pas beaucoup
d'environnementalistes ou de représentants d'organismes militant pour une
meilleure gestion des matières résiduelles dans les organisations de ces deux
OGD. L'industrie privée travaille présentement à des propositions et des
approches dans le plus grand secret et va sans doute mettre tout le monde
devant le fait accompli quand il va remettre leur plan d'action au
gouvernement. Est-ce qu'il va être trop tard alors pour que les critiques des
groupes environnementaux soient entendues? Quand ces deux OGD là vont être
officiellement créés, nous espérons donc que ce seront des organisations
beaucoup plus transparentes, imputables, dont feront partie des observateurs
indépendants et des représentants des groupes environnementaux.
Parlons maintenant un peu des échéanciers.
On comprend l'intention du gouvernement de donner du temps à l'industrie, au
monde municipal pour se préparer à ces ambitieuses réformes, mais on trouve que
les échéanciers sont beaucoup trop longs. Et c'est surtout frustrant en ce qui
concerne la consigne. On sait comment ça fonctionne, la consigne. Alors, on
voit les détaillants qui décident du jour au lendemain de cesser de reprendre
nos contenants consignés, mais maintenant qui nous disent qu'il va falloir
encore des années avant que la consigne reprenne. On a la désagréable
impression de revivre la bonne vieille tactique du lobby anticonsigne qui
consiste à tout faire pour repousser l'échéance. Alors, on exhorte le
gouvernement d'accélérer la mise en place de ces réformes.
Parlons maintenant du rôle de
RECYC-QUÉBEC. Il est très important. Le gouvernement doit donner les moyens
légaux...
M. Blaquière (Denis) :
...anticonsigne, qui consiste à tout faire pour repousser l'échéance. Alors, on
exhorte le gouvernement d'accélérer la mise en place de ces réformes.
Parlons maintenant du rôle de RECYC-QUÉBEC.
Il est très important. Le gouvernement doit donner les moyens légaux, le budget
et la main-d'oeuvre nécessaires à Radio-Québec... à RECYC-QUÉBEC, pardon, pour
assumer pleinement son rôle de chien de garde des objectifs du gouvernement.
RECYC-QUÉBEC doit être en mesure de valider ou de contester les données qui lui
seront fournies par les deux OGD. La loi doit forcer l'industrie de la
récupération et du recyclage à divulguer leurs chiffres, même si ça remet en
cause le principe du secret industriel. Puis on aimerait aussi que RECYC-QUÉBEC
rende publics les bilans des activités de ces OGD au moins une fois par année
avec des statistiques récentes et mette fin à son habitude de publier des rapports
qui décrivent des situations qui datent de deux ou trois ans.
Revenons maintenant à la réforme de la
consigne. On décèle avec inquiétude dans la loi n° 65
une intention d'accorder à l'industrie une forme d'exclusivité. Est-ce que ça
va mettre en péril une foule d'initiatives citoyennes et municipales souvent
liées à l'économie sociale? Est-ce que ça va être fini, les valoristes à
Montréal et à Québec qui débarrassent nos rues d'une foule de contenants tout
en favorisant la réinsertion sociale? Nous, au contraire, on pense que chaque
ville au Québec devrait avoir des valoristes. Est-ce que c'est fini, les levées
de fonds pour nos hôpitaux ou pour les scouts grâce à la consigne? Et est-ce
que c'est fini, les populaires conteneurs de dépôt volontaire du verre
installés dans 10 MRC et 133 villes, municipalités ou cantons du Québec, des
initiatives qui sont très populaires et qui sont un succès retentissant? Mais
le point central, c'est : Qu'est-ce qui va arriver avec le système de
consigne privé de nos grands brasseurs, avec nos bonnes vieilles bouteilles de
bière en verre brun? Au Québec, ces contenants, qu'on peut remplir plusieurs
fois, assurent la survie de toute une grappe industrielle : les usines de
conditionnement du verre, comme 2M Ressources, les usines de lavage des
bouteilles, comme Les Bouteilles recyclées du Québec, et surtout la fonderie de
verre montréalaise Owens-Illinois, qui emploie 450 travailleurs bien payés.
Cette usine-là est la seule au Canada à fabriquer des bouteilles brunes réutilisables.
La réforme devrait donc encourager la commercialisation de bouteilles à
remplissages multiples et même élargir ce système aux 40 millions de
bouteilles de vin embouteillées chaque année au Québec par la SAQ et nos
vignerons.
Maintenant, pour établir la réforme, il va
y avoir des centres de dépôt qui devront être créés un peu partout au Québec et
il va y avoir des projets pilotes très bientôt qui vont être lancés dans
quelques villes pour tester différentes approches en vue de la création de ces centres
de...
M. Blaquière (Denis) : ...Québec
par la SAQ et nos vignerons.
Maintenant, pour établir la réforme, il va
y avoir des centres de dépôt qui devront être créés un peu partout au Québec et
il va y avoir des projets pilotes très bientôt qui vont être lancés dans
quelques villes pour tester différentes approches, en vue de la création de ces
centres de dépôt. Dans ces tests-là, il va falloir que tous les contenants
visés par la réforme soient acceptés : les bouteilles d'eau, de vin, les
contenants multicouches, etc., et dans ces tests, la consigne devrait être de
10 sous par contenant et de 25 sous pour les bouteilles de la SAQ, même s'il
s'agit de projets pilotes. Puis il va falloir des campagnes de promotion
ciblées dans ces villes-tests là, mobiliser la population tout au long de la
période des tests.
Quand la réforme va être mise en action,
les centres de dépôt devront impérativement être localisés près des grands
commerces où les gens vont faire leur épicerie. Et pourquoi pas dans certaines
grandes succursales de notre SAQ, même si on parle, là, peut-être, là, de
conteneurs intelligents de dépôt de bouteilles vides?
Le gouvernement doit permettre aux
détaillants qui vendent des contenants consignés de se retirer du système de
consigne. Ils n'auront plus l'obligation de récupérer ces derniers, mais
devront, bien entendu, contribuer au financement du système. Et une bonne idée
serait d'ailleurs de mettre aux enchères les permis d'opération de ces futurs
centres de dépôt. Les Metro et les IGA du Québec ont tout avantage à ce que les
centres de dépôt soient tout près de leurs succursales. Pourquoi pas dans des
dépôts voisins gérés en partenariat public-privé.
Passons maintenant à la réforme de la
collecte sélective. Le principal défi ici sera de créer une véritable collaboration
entre des centres de tri qui sont actuellement en compétition, tantôt gérés par
le privé, par des municipalités ou par des organismes à but non lucratif. On
n'a plus le choix, il faut que les centres de tri cessent de travailler en silo
et mettre en commun leurs ressources, leurs bonnes pratiques. Il faudra même se
demander sérieusement s'il y a trop de centres de tri au Québec.
Voici donc quelques actions concrètes et
courageuses qui, selon nous, devront être mises de l'avant. Il faut forcer les
institutions, les industries et les commerces à récupérer toutes les matières
qui sont récupérées... qui sont récupérables. Là, présentement, ils génèrent beaucoup
plus de matières résiduelles que les citoyens et ils n'ont aucune obligation de
récupérer.
• (16 heures) •
Il faut aussi retirer certaines matières
problématiques du bac, notamment les contenants de verre, les pellicules de
plastique et contenants multicouches difficiles à recycler, comme les Tetra
Pak. Il faut développer certains centres de tri afin qu'ils se spécialisent
dans le tri de certaines catégories de matières. Puis, avant toute mise en
marché, il faut obliger les fabricants à prouver qu'un contenant, un imprimé ou
un emballage peut effectivement être recyclé et obliger les fabricants à...
16 h (version non révisée)
M. Blaquière (Denis) : ...il
faut développer certains centres de tri afin qu'ils se spécialisent dans le tri
de certaines catégories de matières. Puis, avant toute mise en marché, il faut
obliger les fabricants à prouver qu'un contenant, un imprimé ou un emballage
peut effectivement être recyclé et obliger les fabricants à incorporer un
minimum de matière récupérée dans ces contenants, ces emballages et ces
imprimés-là.
Une autre bonne idée, ce serait peut-être
de créer une agence de commercialisation des matières recyclables qui
développerait un mécanisme pour stabiliser les prix des matières récupérées et
mettre en valeur ces matières-là sur les marchés au Québec. Cette agence-là,
elle serait responsable de vérifier la qualité des matières, leur traçabilité
et la mise en vente sur les marchés.
Alors, en conclusion, on encourage donc le
gouvernement à fixer des objectifs de recyclage élevés aux deux OGD, pas des
objectifs de récupération, des objectifs de recyclage assortis de fortes
pénalités en cas d'échec. Le temps où personne n'était imputable pour les
échecs de notre gestion des matières résiduelles est révolu. La réforme doit
sortir le Québec d'un modèle d'affaires construit sur l'exportation de matières
récupérées. Depuis des décennies, on a payé collectivement des dizaines de
millions de dollars pour exporter nos ressources et créer des emplois à
l'étranger avec pour résultat aujourd'hui que nos centres de tri débordent de
matières qui ne trouvent plus preneur. Alors, récupérons plus, trions mieux et
surtout recyclons ici, au Québec, et le plus rapidement possible. Et...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous allez devoir vous arrêter ici, cher M. Blaquière. Et je vais passer
la parole au ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. M. Blaquière, merci d'être avec nous. Vous avez une passion
qui est contagieuse, on la sent dans votre enthousiasme. Mais c'est vrai qu'on
a de belles occasions, là, devant nous avec ces deux importantes réformes qui
sont portées par le projet de loi n° 65.
Peut-être quelques éléments, là, pour vous
rassurer ou à tout le moins des précisions. Vous sembliez craindre que les
différents comités travaillent derrière des portes closes et qu'on arrive en
bout de ligne avec des scénarios qui soient davantage à la... à ce qui soit
davantage... c'est ça, à l'avantage de l'industrie et qu'il soit trop tard
ensuite pour les modifier. Peut-être vous mentionner qu'on fait partie de ces
comités-là, qu'on a des... on est très directifs. Ce ne sont pas des comités
qui peuvent aller, là, dans n'importe quelle direction. Donc, pour moi, ce
n'est aucunement une crainte qu'à la toute dernière minute on arrive avec un
scénario, là, qui soit complètement irréaliste. Donc, je voulais vous rassurer
à ce sujet-là.
Vous avez raison, il y a certains tenants
du statu quo qui exercent encore certaines pressions. On l'a vu à travers les
médias ces derniers jours. Plusieurs vont demander des délais excessifs, délais
qui pourraient laisser une chance à un gouvernement...
M. Charette : ...je voulais
vous rassurer à ce sujet-là. Vous avez raison, il y a certains tenants du statu
quo qui exercent encore certaines pressions. On l'a vu à travers les médias ces
derniers jours. Plusieurs vont demander des délais excessifs, délais qui
pourraient laisser une chance à un gouvernement, peu importe lequel, de
reculer. À ce niveau-là, on a été très fermes, l'échéancier est maintenu. Vous
l'avez peut-être entendu à travers différentes interventions, plusieurs groupes
nous demandent même d'aller un petit peu plus vite. Mais dans les faits, il y a
une question d'équilibre. C'est une réforme qui est importante, donc il faut se
laisser le temps de la réussir. Donc, on ne veut pas prolonger. Mais le
calendrier actuel est réellement celui avec lequel on travaille actuellement.
Au niveau, maintenant, des centres de tri,
on touche d'abord le volet, là, de la collecte sélective. Là aussi, il va y
avoir des changements importants. Vous disiez : Peut-être qu'on en a trop.
Cette évaluation-là, honnêtement, elle n'a pas été faite. Chose certaine, on
veut établir des standards de qualité. Actuellement, c'est très variable d'un
centre de tri à l'autre, mais étant donné qu'il y aura un financement rehaussé,
étant donné que les entreprises, à travers une REP, auront aussi un rôle à
jouer, c'est clair qu'il y a des standards de qualité qui seront attendus si
ces centres de tri veulent avoir un appui financier, là, du gouvernement.
Et je le mentionnais, et vous l'avez
mentionné, cette fameuse REP, qui implique les producteurs de contenants, elle
risque de jouer un rôle intéressant. Étant donné qu'ils auront à payer une
partie du système et qu'ils seront redevables des résultats, ils auront tout
intérêt à mettre en marché des produits qui soient recyclables et, au mieux,
réutilisables. Donc, ça, c'est un élément, là, qui va certainement changer la
donne.
Je me suis laissé quelques notes au niveau
du fameux verre et de la réglementation. Tout n'est pas dans le projet de loi,
naturellement. C'est un projet de loi qui est habilitant, qui va nous permettre
de réaliser cette réforme-là, mais le détail est beaucoup dans le règlement ou
les règlements qui vont, dans certains cas, en découler et d'autres qui vont
arriver avant.
Tout juste avant vous... Je ne sais pas si
vous avez pu suivre l'échange, on était avec Mme Dagenais, de la SAQ, et elle
parlait de son inquiétude par rapport à la redevance sur le coût du verre. Et
je l'ai rassurée. En fait, quand je dis «inquiétude», c'est qu'elle
disait : Il faut augmenter cette redevance-là. À partir du moment où c'est
plus facile et plus payant que de tout simplement enfouir, on vient de détruire
tous les arguments en faveur de la consigne. Donc, je l'ai rassurée. C'est un
règlement qui sera déposé incessamment, pour une entrée en vigueur avant même,
vraisemblablement, là, plusieurs éléments, là, de la réforme du projet de loi n° 65. Donc, je voulais vous rassurer à ce niveau-là.
Les Valoristes, on les entend, je pense...
je ne me souviens plus si c'est demain, je sais qu'on les reçoit bientôt. C'est
un modèle qui est tout à fait intéressant, qu'on ne veut absolument pas voir
disparaître, au contraire...
M. Charette : ...de la réforme
du projet de loi n° 65. Donc, je voulais vous
rassurer à ce niveau-là. Les Valoristes, on les entend, je pense... je ne me
souviens plus si c'est demain, je sais qu'on les reçoit bientôt. C'est un
modèle qui est tout à fait intéressant, qu'on ne veut absolument pas voir disparaître,
au contraire. Que ce soient Les Valoristes ou tout autre organisme, la
consigne, elle aura été payée par le consommateur. Donc, si le consommateur ne
souhaite pas la récupérer, cette consigne-là, mais juge, par exemple, qu'il est
possible ou souhaitable de la donner aux scouts, une fois par x mois,
lorsqu'ils passent à la porte, ou à travers un organisme comme Les Valoristes,
ce sera toujours possible, et c'est vrai que c'est une façon simple de faire
oeuvre utile au niveau social, tout en ayant cette préoccupation pour
l'environnement. Donc, il n'y a pas d'inquiétude à ce niveau-là.
Maintenant, une question. Je suis curieux
de vous entendre, vous avez vu comme moi l'actualité, au cours des derniers
jours. Quoi penser de ceux qui ont encore espoir que le gouvernement renonce à
cette réforme-là? Donc, peut-être un élément sur certains aspects plus négatifs
qu'on a entendus. Et que penser de ceux qui, au contraire, ont toujours été
opposés et qui, aujourd'hui, en parlent avec enthousiasme? Moi, je suis ravi de
collaborer avec la SAQ, mais il n'y a pas si longtemps, la SAQ était très,
très, très réticente à s'impliquer dans ce type de projet là. Donc, comment
penser de ceux qui ne veulent pas changer d'idée, et, au contraire, comment
encourager ceux qui avaient une position bien arrêtée et qui, aujourd'hui,
collaborent de façon intéressante?
M. Blaquière (Denis) : Bien, écoutez,
c'est certain que nous assistons aujourd'hui, de la part du lobby anticonsigne,
à la bonne vieille tactique de la... de faire peur au monde avec les coûts qui
vont être impliqués dans la mise en place des centres de dépôt au Québec. On
nous revient encore avec la vieille étude qui disait que ça allait coûter 300 millions
de dollars, là, une étude qui supposait que le gouvernement du Québec allait
construire, genre, 850 entrepôts en béton partout à travers le Québec. C'est
juste si le budget ne comprenait pas d'aller porter nos contenants en taxi
jusqu'à ces centres de dépôt là.
Moi, ce que je réponds à ces gens-là, là,
c'est simple, c'est : Regardez qu'est-ce qui s'est passé en Ontario.
L'Ontario a une consigne élargie sur les bouteilles de vin, là, depuis 2007. Le
gouvernement ontarien épargne 40 millions par année, les contribuables
ontariens épargnent 40 millions par année depuis 2007. Et la gestion de ce
système de consigne là pour les bouteilles de vin leur coûte à peu près, je ne
sais pas, moi, 21 millions de dollars par année. Alors, imaginez-vous, ça,
c'est sans compter les...
M. Blaquière (Denis) :
...40 millions par année depuis 2007. Et la gestion de ce système de
consiqne là pour les bouteilles de vin leur coûte à peu près, je ne sais pas,
moi, 21 millions de dollars par année. Alors, imaginez-vous. Ça, c'est
sans compter les bénéfices pour l'environnement et tout ça, de bien recycler le
verre.
Alors, je pense que le Québec n'a pas à se
priver et n'a pas à avoir peur d'élargir son système de consigne. Et tout le
monde va y trouver son compte. De toute façon, un système de consigne, théoriquement,
ce n'est supposé rien coûter puisque le système se finance par les gens qui ne
rapportent pas leurs bouteilles.
• (16 h 10) •
M. Charette : Ça, c'est
pour ceux qui, malheureusement, ont maintenu leurs positions. Et pour ceux, maintenant,
qui, au contraire, étaient contre il n'y a pas si longtemps et qui collaborent
avec enthousiasme avec nous, qu'est-ce que ça génère comme émotions chez vous?
M. Blaquière (Denis) :
Bien, nous, on a été tellement contents quand la SAQ a enfin, enfin, quand la
SAQ nous a donné une raison d'être fiers de notre belle société d'État, qui
essayait de tout faire pour être verte, éliminer les sacs de plastique, bon, et
tout ça. Mais il y avait l'éléphant dans la pièce. Il manquait la consigne des
bouteilles de vin. Alors, ça, on salue cette nouvelle orientation de la SAQ,
mais c'est certain qu'on aurait aimé et qu'on aimerait encore qu'il y ait une possibilité
pour les citoyens de déposer leurs bouteilles vides dans certaines succursales
de la SAQ, parce qu'il faut se déplacer dans les SAQ pour acheter notre vin. On
est là physiquement. Ça serait intéressant qu'on puisse les déposer dans
certaines succursales qui sont assez grandes ou bien, comme on le suggérait,
qu'au moins dans les stationnements il y ait peut-être des conteneurs de dépôt volontaire
intelligents qui permettent de donner un petit ticket quand tu mets des
bouteilles de vin dedans.
M. Charette : Deux
éléments, rapidement, à ce sujet-là, là, qui nous ont été confirmés par
Mme Dagenais de la SAQ il y a quelques minutes à peine. Non seulement ils
ont fait une évaluation de combien de leurs succursales à travers leurs
stationnements ou leurs espaces commerciaux seraient en mesure de recevoir ces
contenants-là. On parle de 300 sur à peu près 400, donc, 75 % des
succursales. C'est franchement encourageant comme potentiel. Et mieux que ça,
avant même l'entrée en vigueur de la consigne, ils souhaitent mettre en place
une série de dépôts volontaires. Donc, les citoyens, même s'ils n'ont pas payé
de consigne, même s'ils n'en retireront pas, auront la possibilité de déposer
leurs bouteilles. Bref, un beau cheminement, effectivement, là, de la part de
notre société d'État.
Là, j'ai mon collègue qui m'en voudrait de
ne pas lui laisser du temps pour échanger avec vous. Donc, pour ma part, je
vais vous remercier, non seulement pour votre présence aujourd'hui, mais pour
votre collaboration aussi dans le dossier. C'est très, très apprécié. Merci.
M. Blaquière (Denis) : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Bourget...
M. Charette : ...effectivement,
là, de la part de notre société d'État. Là, j'ai mon collègue qui m'en voudrait
de ne pas lui laisser du temps pour échanger avec vous. Donc, pour ma part, je
vais vous remercier, non seulement pour votre présence aujourd'hui mais pour
votre collaboration aussi dans le dossier. C'est très, très apprécié. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci beaucoup.
M. Blaquière, je dirais que vous avez un enthousiasme communicatif. Je
suis très sérieux en le disant.
Quelque chose que j'ai bien aimé, quand
vous avez mentionné que les statistiques des OGD devraient être annuelles...
Moi, je pense que c'est assez... je ne sais pas si c'est annuel ou semi-annuel,
tout ça, le plus court possible pour qu'on puisse passer un message aux citoyens
en disant : Vous voyez, votre geste fonctionne. Parce qu'autrement on va
décourager les gens d'aller de l'avant. Alors, il faut se prouver à nous-mêmes
que ça fonctionne, il faut prouver aux citoyens qui font partie de la chaîne de
toute façon. On fait ça pour les citoyens de toute façon.
Vous avez mentionné l'utilisation de
bouteilles brunes pour le vin. Auparavant, on nous dit qu'il y a des essais qui
ont été faits en France avec des bouteilles standardisées et que ça n'a pas vraiment
fonctionné. C'est quoi votre commentaire par rapport à ça?
M. Blaquière (Denis) :
Bien, c'est-à-dire que moi, je pense qu'en France, bon, il y a peut-être 1 million
de vignobles, et tout ça, et c'est très, très, très disparate, et tout ça.
Mais, au Québec, notre SAQ met en bouteille peut-être 40 millions ou 30 millions
de bouteilles qui sont embouteillées ici même par notre SAQ. Beaucoup de ces
bouteilles-là sont des vins qui se retrouvent dans les épiceries, et tout ça.
Donc, pour une entité unique comme la SAQ, il n'y aurait, d'après moi, aucun problème
à utiliser des bouteilles de vin vertes standardisées qui pourraient être
récupérées et remplies plusieurs fois par la SAQ.
Même chose pour les vignobles du Québec. Il
n'y en a pas 100 000, vignobles au Québec. Peut-être qu'il y aurait de
très belles économies à faire pour nos vignerons s'ils se mettaient d'accord
pour une bouteille standard de vin, une bouteille verte, là, pas une bouteille
brune de bière mais une bouteille verte, et qu'ils pourraient remplir... et
être réutilisée plusieurs fois. Parce que, là, nos vignerons québécois, là, ils
sont obligés d'acheter des bouteilles en Chine, et tout ça, là, et ces
bouteilles-là servent une fois puis après ça elles sont foutues. Bon, elles se
retrouvent plus souvent, malheureusement, qu'autrement au dépotoir parce que,
bon, il y a de ce vin-là qui s'en va aussi dans les restaurants, et tout ça, et
on sait que la récupération, ce n'est pas fort là-dedans.
Donc, je pense qu'il y a une belle
opportunité ici, là, de faire un geste écologique et économiquement viable
aussi. Comme je le disais, là, il y a... Les gens ne savent pas ça, là, mais l'entreprise,
les bouteilles recyclées du...
M. Blaquière (Denis) : ...ce
n'est pas fort là-dedans. Donc, je pense qu'il y a une belle opportunité ici,
là, de faire un geste écologique et économiquement viable aussi.
Comme je le disais, là, il y a... les gens
ne savent pas ça, là, mais l'entreprise Les Bouteilles recyclées du Québec, là,
qui est à Laval, je pense, c'est une grosse opération. Ils ont des chaînes de
production, là, ils seraient capables de laver 30 millions de bouteilles
de plus par année. Mais là ils n'en ont pas assez, là. Ça fait que, si on
encourage l'utilisation des bouteilles à remplissage multiple, on va pouvoir
préserver cette industrie-là qui est ici, au Québec, à Laval.
M. Campeau : Dernière
question, c'est concernant les centres de tri. Vous dites : Peut-être
qu'il y en aurait trop. Je suis surpris que vous disiez ça parce que j'ai
l'impression que, quand on transporte quelque chose... le verre n'est peut-être
pas le cas, mais quand on transporte du papier ou du plastique, autrement dit
un gros volume avec un petit poids, bien, il ne faut pas... trop loin parce que
ça va devenir non économique ou ça prend plus de camions, ça prend plus de
gaz... ça fait plus de gaz à effet de serre. J'ai l'impression qu'il n'y en a
pas trop, moi, à première vue comme ça, à moins que vous ayez une opinion
contraire. Je vous écoute.
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est-à-dire que ça, ça entre dans le cadre d'une analyse de la situation
générale. C'est certain que je suis d'accord avec vous que le principe de
traiter les matières résiduelles dans chaque région, localement, c'est un
principe important pour réduire le transport. C'est certain que là, la
problématique qu'on voit, c'est qu'il y a des centres de tri plus petits qui
sont moins bien équipés puis que ça ne vaut pas la peine de les équiper avec
des machines absolument révolutionnaires, là, pour trier certaines affaires.
Par contre, si, par la consigne et par toutes sortes de procédés, et par de
l'écoconception chez les fabricants, on en vient qu'à assainir notre bac... nos
bacs de récupération avec des produits qui sont plus facilement triables, bien
là, peut-être que les petits centres de tri vont pouvoir tirer leur épingle du
jeu, effectivement.
M. Campeau : Je comprends
votre idée que ce n'est pas nécessairement le nombre, mais c'est la rentabilité
de chaque centre. Quand les centres sont plus petits, ça peut causer problème.
M. Blaquière (Denis) : C'est
ça, oui. Oui, c'est ça parce qu'un petit centre de tri, là, il ne peut pas,
bien... il ne peut pas s'acheter des machines, là, qui coûte 5 millions de
dollars, là, pour ressortir le verre de sa ligne de papier mettons. Alors donc,
plus on sort le verre du bac de récupération, mieux c'est.
M. Campeau : Dernièrement... Moi,
j'ai l'impression, depuis le début, qu'un des maillons très importants, ça va
être que le citoyen mette la bonne chose au bon endroit. Il faut donc se
refaire des habitudes. Et on aura besoin de formation et d'information...
M. Blaquière (Denis) :
...le verre du bac de récupération, mieux c'est.
M. Campeau :
Dernièrement... Moi, j'ai l'impression, depuis le début, qu'un des maillons
très importants, ça va être que le citoyen mette la bonne chose au bon endroit.
Il faut donc se refaire des habitudes, et on aura besoin de formation et d'information.
J'imagine, vous allez en faire partie, comme association.
M. Blaquière (Denis) :
Bien, c'est certain. Le front commun est toujours là-dedans. D'ailleurs, le
front commun...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous couper la parole, ici,
M. Blaquière, parce que je dois passer du côté de l'opposition officielle.
Alors, vous allez avoir des questions de ce côté-là. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Merci, M. Blaquière, pour votre présentation. Vous savez,
donc, j'aimerais bien avoir le front commun sur d'autres consultations, parce
qu'effectivement vous avez une communication extraordinaire, que vous avez
partagée avec nous. Moi, j'aimerais échanger avec vous autour des quatre
principes du front commun quand vient le temps de parler de gestion écologique
et démocratique des déchets, à savoir, régionalisation, démocratique,
hiérarchie... et responsabilisation.
Sur l'enjeu de la régionalisation, il y a
des groupes qui sont passés avant nous qui nous ont exprimé leurs inquiétudes
quant à... pour ce qui est de s'assurer que l'ensemble des régions du Québec
soient correctement... bien desservies. Et j'aimerais peut-être vous entendre
là-dessus.
• (16 h 20) •
M. Blaquière (Denis) :
C'est certain que la gestion régionale de nos matières résiduelles, c'est un
principe fondamental pour une saine gestion de nos matières résiduelles. Ça,
c'est vrai surtout pour les déchets ultimes, pour les dépotoirs. On a longtemps
dit, au Québec, que si chaque région devait enterrer ses déchets dans sa cour, peut-être
qu'il y aurait eu plus d'efforts de faits pour éviter qu'il y ait tant de
déchets de générés au Québec. Bon, ça, c'est une parenthèse.
Ceci étant dit, c'est certain que la…
chaque région du Québec doit profiter pleinement des grandes réformes qui s'en
viennent au niveau de la collecte sélective et de l'élargissement de la
consigne. C'est certain qu'il y a des régions qui sont très grandes, qui ont
des particularités et tout ça, mais c'est impératif que chaque région puisse
participer à ces grands mouvements de réforme là. Peut-être que… et puis c'est
pour ça qu'on dit au front commun qu'il faut mettre en place tous les systèmes
possibles et imaginables pour mieux récupérer nos matières, que ce soit des… Je
donne, par exemple, là, les conteneurs de dépôt volontaire du verre. Ils sont
très, très populaires actuellement dans des régions…
M. Blaquière (Denis) : ...tous
les systèmes possibles et imaginables pour mieux récupérer nos matières, que ce
soit des... Je donne, par exemple, là, les conteneurs de dépôt volontaire du
verre. Ils sont très, très populaires actuellement dans des régions avec des
petits villages, et des trucs comme ça. Donc, ça, c'est très bon. Alors, il
faut adapter l'approche à chaque région, mais c'est impératif que chaque région
puisse être desservie, profite de toutes les retombées possibles de ces grandes
réformes qui s'en viennent.
M. Benjamin : Sur l'enjeu
des... Merci pour votre réponse. Sur l'enjeu des bouteilles standardisées,
donc, vous savez, il y a des joueurs qui veulent avoir des... pour des questions
de marketing, des bouteilles avec des signatures particulières. Alors, dans le
cas de ces joueurs-là qui voudront s'exclure... parce que vous avez beaucoup
parlé des bouteilles, et même aussi dans votre mémoire... est-ce que, selon
vous... est-ce qu'il faut aller vers un écofrais supplémentaire à ce moment-là?
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est-à-dire que moi, je pense que les gens qui utilisent des bouteilles...
oui, il y a l'impératif de se démarquer sur les marchés, mais il y a aussi des
impératifs économiques qui entrent en jeu. Si moi, je suis un petit brasseur et
je m'aperçois que, si je m'associe à d'autres microbrasseurs pour utiliser des
bouteilles plus standard qu'on peut récupérer en plus grand nombre et récupérer
et remplir plusieurs fois et si j'économise de l'argent avec ça, bien, je pense
que ça va valoir le coût.
Maintenant, c'est certain que les
microbrasseries, ça pose un problème à cause de la multiplication des formes
des bouteilles, et tout ça. Peut-être que, quand on aura des centres de dépôt
qui seront vraiment dédiés à la manipulation de toutes ces formes de bouteille
là, bien, c'est… les gens qui travailleront, dans ces centres de dépôt là,
seront plus habiles, ou ça sera dans leur mandat de les manipuler. Mais, nous,
on encourage tout le monde à aller vers des bouteilles plus standardisées, du
moins, dans le verre, en tout cas, ça, c'est certain.
M. Benjamin : Ce que j'aime
beaucoup avec votre mémoire, c'est que, vers la fin, vous nous faites beaucoup
de propositions, il y a beaucoup d'idées, et ça, je trouve ça très intéressant.
Mais, au début, au début de votre mémoire, à vous entre aussi, M. Blaquière,
vous semblez avoir formulé une critique quand même assez sévère par rapport à
cette orientation du projet de loi, notamment pour ce qui est de la
responsabilisation des producteurs. Est-ce que vous… en fait, jusqu'à présent,
nous, ce qu'on y voit, dans ce projet de loi… en fait, est-ce que vous voyez la
même chose que nous, une volonté de responsabiliser davantage les producteurs?
M. Blaquière (Denis) : Oui,
c'est certain que, nous, au front commun, nous étions très contents…
M. Benjamin : …la
responsabilisation des producteurs. Est-ce que vous… en fait, jusqu'à présent,
nous, ce qu'on y voit, dans ce projet de loi… en fait, est-ce que vous voyez la
même chose que nous, une volonté de responsabiliser davantage les producteurs?
M. Blaquière (Denis) : Oui.
Nous… c'est certain que nous, au front commun, nous étions très contents de
voir le gouvernement appliquer avec plus de vigueur ce grand principe de la
responsabilité élargie des producteurs. Maintenant, comme je l'ai dit
dans mon mémoire, c'est essentiel que l'industrie soit impliquée dans ces
grandes réformes là, mais il faut absolument que le gouvernement demeure le
chien de garde de l'industrie privée. Comme je le disais, il ne faut pas que le
gouvernement donne la clé du poulailler à la meute de loups.
Et moi, ce qui me fait… nous, ce qui nous
fait très, très peur, c'est qu'on constate au Québec que le ministère de
l'Environnement est un ministère qui n'a même pas 1 % du budget du
gouvernement du Québec. Moi, ça m'a toujours estomaqué, cette constatation-là.
Comment voulez-vous que notre ministère de l'Environnement, que RECYC-QUÉBEC se
donne les moyens de répondre à des réformes ambitieuses et de répondre aux
inquiétudes et aux priorités des citoyens du Québec? Je pense que la protection
de notre environnement et la saine gestion de nos matières résiduelles, là,
c'est… ça fait pas mal plus que 1 % des soucis des Québécois, là. Alors,
donc…
M. Benjamin : Et sur l'enjeu,
M. Blaquière, de la démocratisation, vous êtes, je crois, l'un des premiers
groupes à nous parler de l'importance, par exemple, que peut jouer l'économie
sociale, par exemple, et ça, j'aimerais peut-être vous entendre là-dessus.
M. Blaquière (Denis) : Oui,
parce que c'est certain qu'un des plus grands avantages d'un système de
consigne vigoureux, c'est le moteur incroyable de la consigne en tant que… pour
générer de l'économie sociale. C'est… ça a été démontré 1 000 fois,
puis ce n'est pas pour rien que dans le… au Canada, il y a huit provinces sur
10 qui ont des consignes sur les bouteilles de vin et que, partout dans le
monde, à travers les études qui ont été faites à travers le monde entier, sur
les états ou les régions qui ont mis en place des systèmes de consigne, il y a…
toutes les villes, les communautés, les cantons ont épargné des tonnes
d'argent, donc, et tout le monde s'en est mieux porté. Donc, et aussi au niveau
de la participation des citoyens de la société, c'est très important de
toujours…
M. Blaquière (Denis) :
...ont épargné des tonnes d'argent donc, et tout le monde s'en est mieux porté
donc. Et aussi, au niveau de la participation des citoyens de la société, c'est
très important de toujours bien informer les gens, de les motiver par des
campagnes de publicité et de promotion. RECYC-QUÉBEC fait ce qu'ils peuvent.
Ils ont de bonnes campagnes, ils ont des bons porte-parole, mais il faut
toujours, il faut toujours refrapper sur le clou.
Je donne un bon exemple organisé par le
Front commun, la Semaine québécoise de réduction des déchets. On est au
20e anniversaire de ce grand événement à travers toute la province, et
vous n'avez pas idée des écoles, des citoyens, des organisations qui
participent à la Semaine québécoise de réduction des déchets. Mais il faut que,
ça, ça ne devienne pas rien qu'une semaine de la réduction des déchets, il faut
que ce soit la réduction des déchets à l'année puis pour ça, bien, il faut
toujours marteler le message et surtout pas, surtout pas décourager les
citoyens, et ne pas leur faire perdre, à nos citoyens, la confiance qu'ils ont
en RECYC-QUÉBEC puis en nos systèmes de consigne puis de récupération et de
recyclage. Quand on va perdre... on est sur le bord de perdre la confiance des
gens. Tu sais, combien de gens nous disent : Ah! moi, je ne recycle pas,
là, ça s'en va tout au dépotoir de toute façon, là. Il faut le coup de barre,
là, il faut le coup de barre pour montrer que tout le monde met l'épaule à la
roue, y compris les institutions et les commerces, et les industries.
M. Benjamin : J'ai une
dernière question et...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Rapidement.
M. Benjamin : Rapidement,
sur les enjeux de débouchés du Québec. Vous semblez nous dire, suite aux échecs
que l'on a connus sur le marché international par rapport à l'économie... de
vraiment se doter d'une étape de stratégie d'économie circulaire. Selon vous,
est-ce qu'il faut... oui, il faut travailler sur le front québécois, mais
est-ce qu'il faut complètement délaisser l'international?
M. Blaquière (Denis) :
Non, il ne faut pas délaisser l'international. Mais, aujourd'hui, 60 % de
nos matières triées et récupérées s'en vont à l'international, on ne sait pas
trop où, en Malaisie... ou on ne sait pas ce qui arrive avec. En triant mieux
puis en recyclant mieux... en triant mieux, on va être capable de répondre aux
besoins ici. Cascades pourrait prendre tout le papier qui est généré au Québec.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre, je dois vous
interrompre pour passer à la deuxième opposition, la députée de Mercier, pour
2 min 45 s.
Mme Ghazal : Oui, merci,
et merci beaucoup, monsieur, pour votre présentation. Juste pour vous dire,
moi, je n'étais pas ici au début, donc ça se peut que je pose une question puis
que vous avez déjà eu la discussion, vous me le direz, mais je vais
certainement lire votre mémoire avec une très grande attention.
• (16 h 30) •
Je voulais, moi, savoir — puis
vous en parlez un peu dans votre mémoire — tout… comment est-ce que
le ministre ou le gouvernement peut vraiment concrètement faire une place pour
l'économie sociale? Parce qu'on dit : Ah! oui, oui, on va faire de la
place pour l'économie sociale, mais on a... par exemple, il y a beaucoup de
bâtons…
16 h 30 (version non révisée)
Mme Ghazal : …mais je vais
certainement lire votre mémoire avec une très grande attention. Je voulais,
moi, savoir — puis vous en parlez un peu dans votre
mémoire — tout… comment est-ce que le ministre ou le gouvernement
peut vraiment concrètement faire une place pour l'économie sociale? Parce qu'on
dit : Ah! oui, oui, on va faire de la place pour l'économie sociale, mais
on a, par exemple… il y a beaucoup de bâtons dans les roues qui sont mis pour
un groupe, comme Les Valoristes, par exemple, à Montréal. Je ne sais pas si
vous êtes au courant un peu de ça. Ou, par exemple, vous avez parlé des
initiatives citoyennes, où les gens sont très inquiets. Ils ont mis en place
les conteneurs de verre, vous en avez parlé.
Comment… Concrètement, qu'est-ce que le gouvernement
doit faire pour intégrer ces aspects-là d'économie sociale ou d'initiative
citoyenne dans son projet, dont l'élément le plus important, c'est la REP, les
entreprises, etc.? Mais comment faire concrètement une place pour ça?
M. Blaquière (Denis) : C'est
certain que, comme on le dit si bien, hein, le diable est dans les détails, et
le projet de loi n° 65 lance un grand processus, mais ça va être… la
partie va se jouer dans les règlements précis. Et il faut impérativement que
l'économie sociale, les initiatives citoyennes et municipales ou
institutionnelles qui veulent mettre l'épaule à la roue d'une meilleure gestion
de nos matières résiduelles et de la récupération et de la consigne, il faut
que… il faut une place dans la loi, dans la nouvelle loi, pour que ces
projets-là puissent aller de l'avant.
Tu sais, quand on parle de la… que les
gens sont cyniques face à notre système de récupération et tout ça, bien c'est
justement en permettant à des initiatives comme ça de voir le jour puis d'aller
de l'avant qu'on va redonner l'enthousiasme…
Mme Ghazal : Je vais…
absolument. Je suis tout à fait d'accord. Le ministre m'a regardée puis m'a dit
que vous en aviez déjà parlé. Est-ce que vous avez été rassuré de sa réponse?
M. Blaquière (Denis) : Bien, c'est-à-dire
que… oui. Bien, on va…
Mme Ghazal : Il n'écoute pas,
là.
M. Blaquière (Denis) : Il
n'écoute pas, oui. Bien, en tout cas…
Mme Ghazal : C'est une blague.
M. Blaquière (Denis) : Notre
ministre a quand même fait un vidéo pour la Semaine québécoise de réduction des
déchets, et je l'en félicite, je le trouve super cool d'avoir fait ça, mais je…
Mme Ghazal : Ça, c'est les
fleurs.
M. Blaquière (Denis) : Oui,
oui. Mais là… mais je m'attends à ce que le ministre ait le… nécessaire, comme
on dit, pour aussi, quelques fois et peut-être, souvent, dire non à
l'industrie.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je dois vous couper la parole ici…
Mme Ghazal : Très bien, merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
…et je passe…
Des voix
: …
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je passe la parole à la députée de Gaspé, du troisième groupe d'opposition.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Très heureuse de vous avoir parmi nous pour cette
présentation-là très bien vulgarisée. Et vous avez amené l'aspect social aussi
qu'on a très peu entendu. On est beaucoup dans l'économie, mais je pense qu'il
faut effectivement avoir aussi un oeil là-dessus. Vous avez parlé de… vous avez
émis quelques bémols, disons, sur le type de gouvernance ou la façon que sera
coordonnée l'action…
Mme Perry Mélançon : ...très
bien vulgarisé. Et vous avez amené l'aspect social aussi qu'on a très peu
entendu. On est beaucoup dans l'économie, mais je pense qu'il faut effectivement
avoir aussi un oeil là-dessus. Vous avez parlé de... vous avez émis quelques
bémols disons sur le type de gouvernance ou la façon que sera coordonnée
l'action, bon, toute la chaîne, le recyclage, la collecte, etc., à travers, là,
les organismes désignés de gestion, là. Est-ce que vous auriez des conseils? Si
c'est ce modèle-là qui est décidé, là, par le ministre, est-ce que... outre les
chiffres qui seraient rendus publics, là, annuellement, est-ce que vous avez
d'autres conseils à donner sur le type de gouvernance?
M. Blaquière (Denis) : Bien, c'est-à-dire
que quand on parle des chiffres, là, je reviens un petit peu là-dessus, moi,
j'aimerais que les OGD ou RECYC-QUÉBEC ou les deux sortent les chiffres de
façon trimestrielle. Comme dans... comme toutes les grandes entreprises, à tous
les trois mois, ils sortent les chiffres. Alors, comme ça, bien, c'est intéressant
parce que là on est capables de suivre vraiment en continu qu'est-ce qui arrive
pour changer le cap avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il y ait plein
d'années qui se soient écoulées. Donc, ça, c'est bien important.
De quoi on parlait déjà?
Mme Perry Mélançon : Non, mais
ça répond à ma question. Merci.
M. Blaquière (Denis) :
Excusez. Moi, j'ai perdu le fil.
Mme Perry Mélançon : J'irais
rapidement sur les centres de tri spécialisés que vous avez mentionnés. Ce
serait quoi l'impact pour le citoyen ou pour une municipalité par exemple? Est-ce
que ça demande plus de changer les comportements? Ce serait quoi exactement,
là, pouvez-vous nous en dire plus?
M. Blaquière (Denis) : Bien,
non. C'est-à-dire que la spécialisation de divers centres de tri, ça ne change
rien pour le comportement des citoyens ou des industries ou des commerces qui
participent à la récupération des matériaux. Eux, ils... Nous, on récupère
comme il faut, on met ce qui faut qui soit mis dans notre bac et tout ça, mais
après ça, c'est ces matières-là qui seraient peut-être prétriées quelque part,
puis après ça, bien, il y aurait peut-être de ces matières-là qui seraient
amenées, apportées à des centres de tri beaucoup plus spécialisés, par exemple,
qui auraient peut-être, je ne le sais pas, moi, plein de lecteurs optiques pour
démêler tous les contenants de différents plastiques, par exemple. Alors
donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici.
M. Blaquière (Denis) : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vous remercie beaucoup pour votre participation à notre commission
parlementaire.
Alors, nous allons faire une pause pour
accueillir maintenant l'Association des microbrasseries du Québec. Merci. Bonne
fin de journée, M. Blaquière.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprendrons… nous reprenons, dis-je, nos travaux. Nous allons
accueillir l'Association des microbrasseries du Québec, Mme Marie-Eve Myrand et
M. Michel Godin. Alors, bienvenue à notre commission. Vous avez, comme la
formule le veut, 10 minutes pour faire votre présentation et, ensuite, vous
aurez un échange avec les députés et le ministre. Allez-y.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
MM., Mmes les députés, bonjour. Merci de nous recevoir puis de nous permettre
de vous présenter l'appréciation de l'Association des microbrasseries du Québec,
en lien avec le projet de loi n° 65, et l'importance de la pérennité des
CRM au Québec.
Je m'appelle Marie-Eve Myrand, je suis
directrice générale à l'Association des microbrasseries, et je suis accompagnée
de mon collègue Michel Godin, qui est directeur du développement pour Les
Brasseurs RJ. C'est lui qui débutera notre intervention en vous présentant
l'AMBQ et l'industrie des microbrasseries.
M. Godin (Michel) : Bonjour à
tous. Merci de nous recevoir. L'Association des microbrasseries du Québec a été
fondée en 1990 et représente plus de 70 % des 280 microbrasseries au
Québec. La mission de l'AMBQ est de représenter les intérêts des
microbrasseries…
Mme Myrand (Marie-Eve) :
...l'AMBQ et l'industrie des microbrasseries.
M. Godin (Michel) :
Bonjour à tous, merci de nous recevoir. L'Association des microbrasseries du
Québec a été fondée en 1990 et représente plus de 70 % des
280 microbrasseries au Québec. La mission de l'AMBQ est de représenter les
intérêts des microbrasseries et de favoriser le développement de son industrie.
En termes clairs, les impacts économiques
de la microbrasserie au Québec, c'est 5 000 emplois directs qui
dépendent des microbrasseries. Nous sommes aussi des donneurs d'ordre en biens
et services, et on a un impact économique indirect de plusieurs dizaines de
millions de dollars à chaque année. Les microbrasseries sont réparties dans
plus de 140 villes au Québec, 101 circonscriptions et 16 régions
administratives.
• (16 h 40) •
Nous vivons avec la consigne depuis 30 ans.
On remonte à la fin des années 80 pour voir au Québec l'émission des
premiers permis de microbrasseries. À travers les 30 dernières années, on
a vécu avec la consigne quotidiennement. Nous avons concrètement été confrontés
depuis plusieurs décennies à des enjeux opérationnels. On a développé des
mécanismes d'amélioration continue en concertation avec l'industrie.
La modernisation et l'élargissement de la
consigne dont il est question dans le projet de loi n° 65 auront
assurément des impacts significatifs sur la consigne publique mais aussi sur la
consigne privée. C'est donc à la fois sur le projet de loi mais aussi sur les
orientations du chantier de modernisation en cours que l'AMBQ souhaite vous
donner sa vision.
L'éclairage que nous souhaitons partager
avec les membres de la commission porte particulièrement sur deux
aspects : les contenants à remplissage multiple, les CRM, et la prise en
compte de la réalité des PME québécoises dans le nouveau système de gestion.
C'est à toi, Marie-Eve.
Mme Myrand (Marie-Eve) :
Les travaux de modernisation de la consigne portent essentiellement depuis leur
début sur les contenants à remplissage unique, qu'on appelle dans notre jargon,
des CRU. Comme son nom l'indique, ces contenants sont conçus pour un usage unique.
Donc, pourquoi parler de contenants à
remplissage multiple? Les contenants à remplissage multiple sont conçus, eux,
pour être réutilisés 10 à 15 fois, mais les caractéristiques inhérentes à
la bouteille ne sont pas suffisantes pour une reconnaissance CRM. Pour être en
mesure de les réutiliser, les bouteilles, c'est tout un système qui doit être
mis en place. Donc, lors de la livraison de la bière chez les détaillants, les
microbrasseries reprennent les bouteilles vides, s'assurent d'un lavage adéquat
et remplissent à nouveau les bouteilles. Il y a actuellement trois formats de
bouteilles CRM qui sont utilisés par les microbrasseries du Québec.
L'Association des microbrasseries
accompagne près de 80 microbrasseries qui se sont fédérées à travers deux systèmes
organisés et structurés de gestion de contenants CRM. Ces microbrasseries sont
adhérentes à une convention privée d'utilisation et de gestion. Les objectifs
visés par la convention privée sont un ramassage rapide et efficient des
bouteilles chez les détaillants, à un partage équitable des coûts liés au
ramassage et à une coordination des efforts visant au maximum le réemploi de la
bouteille. À ces 80 microbrasseries...
Mme Myrand (Marie-Eve) : …à une
convention privée d'utilisation et de gestion. Les objectifs visés par la
convention privée sont un ramassage rapide et efficient des bouteilles chez les
détaillants, à un partage équitable des coûts liés au ramassage et à une
coordination des efforts visant au maximum le réemploi de la bouteille. À ces
80 microbrasseries s'ajoute une dizaine d'autres qui adhère à une
convention avec les grands brasseurs pour permettre l'utilisation de la
bouteille standard de l'industrie.
On estime la proportion de CRM dans
l'industrie des microbrasseries à 45 millions, annuellement. Si on met
bout à bout ces 45 millions de bouteilles, ça représente
2 732 kilomètres, donc un peu plus que la distance parcourue si on
part de Rouyn-Noranda pour se rendre jusqu'à Natashquan et qu'on revient à
l'Assemblée nationale. Donc, on traverse le Québec d'un bout à l'autre avec des
bouteilles CRM qui sont utilisées par les microbrasseries pendant une année,
et, malgré ça, le volume ne représente à peine que 1 % du total des
contenants qui sont visés par la modernisation de la consigne. À part quelques
exceptions, à très, très petits volumes, il n'existe pas, au Québec, de système
CRM autre que dans l'industrie de la bière.
La consigne publique vise les contenants à
remplissage unique, alors que la consigne privée vise les contenants à
remplissage multiple. Actuellement, ces deux systèmes de consigne cohabitent au
niveau de la bière. Donc, qu'on le veuille ou non, les deux systèmes sont
intimement liés, et on pourrait même dire que, face au consommateur, ils sont
indifférenciés.
Dans le modèle de reprise de contenants
qu'on connaît jusqu'à présent, les consommateurs rapportent leur contenant là
où ils l'ont acheté, soit chez un détaillant. C'est un système qui, pour la
bière, a fait ses preuves au niveau des taux de récupération. Les consommateurs
ont bien intégré le processus de retour de leurs bouteilles chez le détaillant,
et leurs habitudes permettent un taux de récupération adéquat. La viabilité
économique du modèle CRM repose d'ailleurs notamment sur la question du taux de
récupération.
Le projet de loi n° 65, avec
l'élargissement du nombre de contenants visés, ouvre la porte à un tout autre
mécanisme de reprise de contenants consignés, soit des points de dépôt. À ce
jour, avec le peu d'information dont on dispose sur comment réagiront les
consommateurs face à ce changement-là, nous avons de grandes préoccupations sur
le taux de retour des CRM qui pourrait découler si les consommateurs devaient
rapporter leurs contenants dans un centre de dépôt et conséquemment sur la
pérennité du modèle CRM. On croit aussi, considérant que les volumes de CRM
sont relativement petits, que le modèle de reprise de contenants consignés se
bâtissent davantage autour de la valorisation du CRU de verre qui est retourné
au détriment d'un système qui favorise le réemploi.
Comme vous le savez sans doute, sous
l'angle de hiérarchie des 3RV-E, on comprend aisément qu'un système basé sur le
réemploi est préférable à un autre où on mise sur les voies de valorisation du
verre concassé. Le CIRAIG a d'ailleurs réalisé, il y a quelques années, pour le
compte de RECYC-QUÉBEC, une analyse de cycle de vie des contenants de bière au
Québec, et les résultats démontraient clairement que d'un point de vue
environnemental, l'utilisation des CRM est à privilégier face aux CRU. D'autre
part, on reconnaît généralement…
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...les
voies de valorisation du verre concassé. Le CIRAIG a d'ailleurs réalisé il y a
quelques années, pour le compte de RECYC-QUÉBEC, une analyse de cycle de vie
des contenants de bière au Québec, et les résultats démontraient clairement que
d'un point de vue environnemental, l'utilisation des CRM est à privilégier face
aux CRU. D'autre part, on reconnaît généralement que le modèle CRM représente
un modèle d'économie circulaire et que c'est sur cette économie que représente
la voie d'avenir. Modèle CRM qui s'est développé et optimisé sur plusieurs
décennies au Québec doit être préservé pour le futur. Il serait incohérent et
rétrograde que la modernisation de la consigne ne favorise pas la pérennité du
modèle CRM.
Plus globalement maintenant, au niveau de
la consigne publique, il est essentiel de s'assurer de la réalité des PME québécoises
et que ces dernières soient prises en compte dans le nouveau système de gestion
de la consigne. Les petits joueurs comme les microbrasseries et d'autres sont
entourés de géants, des conglomérats ou des entreprises internationales qui
produisent ou commercialisent au Québec et dont la réalité opérationnelle est
fort différente. Il est essentiel de s'assurer d'une gouvernance qui prendra
aussi en compte la réalité que nous représentons. Nous serons tous impactés par
ce nouveau modus operandi, et si notre voix au chapitre dépend uniquement de la
proportion des contenants qui est mise en marché, bien, ça condamne les PME du Québec.
À l'égard du chantier de modernisation de
la consigne, l'AMBQ tient aussi à partager une préoccupation plus générale. Le
projet de modernisation de la consigne est ambitieux en termes d'atteinte d'objectif
de récupération, ce qui est une bonne chose pour l'environnement et ce qui est
assurément la direction à suivre. Comme producteur cependant, être imputable de
l'atteinte d'un objectif de récupération alors que nous n'avons pas le contrôle
du geste citoyen est préoccupant. Il est essentiel de bien réfléchir à comment
tracer la ligne entre ce qui appartient au producteur et ce qui relève davantage
d'une culture citoyenne.
M. Godin (Michel) : En lien
avec le projet de loi n° 65, l'AMBQ formule les recommandations
suivantes : 1° l'AMBQ recommande d'enchâsser dans le projet de loi
n° 65 des dispositions visant à favoriser le maintien, voire encourager le
CRM au Québec, plus spécifiquement, il est recommandé d'assurer le statu quo du
processus du retour des contenants CRM chez les détaillants; 2° l'AMBQ
recommande de reconnaître la valeur environnementale du CRM au Québec et de
l'encourager par une mesure fiscale appropriée; 3° avant de rejeter le statu
quo et mettre en péril la pérennité du CRM au Québec, il est essentiel que le
gouvernement effectue une analyse de l'ensemble des impacts environnementaux et
économiques qui peuvent en découler; finalement, l'AMBQ recommande d'enchâsser
juridiquement la représentativité des PME québécoises et que leur réalité soit
prise en considération dans la gouvernance de...
M. Godin (Michel) : ...environnementaux
et économiques qui peuvent en découler.
Finalement, l'AMBQ recommande d'enchâsser
juridiquement la représentativité des PME québécoises et que leur réalité soit
prise en considération dans la gouvernance de l'organisme de gestion reconnu du
système de consigne public à être constitué.
En conclusion, le projet de loi n° 65 et la modernisation du système de consigne comportent
des mesures très bonnes, et il était grand temps de les renouveler. Bravo!
Comme petits joueurs dans cet...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous arrêter ici parce que vous avez
terminé vos 10 minutes. Ah! semble-t-il qu'on me permet de vous laisser
poursuivre sur la portion de temps du gouvernement. Allez-y.
M. Godin (Michel) : Bon.
Je vais faire un sprint. Comme petits joueurs dans l'écosystème, les
microbrasseries du Québec sont engagées à contribuer positivement à la mise en
place du nouveau système de consigne public. Nous comprenons que le projet de
loi vise à répondre aux enjeux climatiques et à se doter d'outils pour une
meilleure gestion des matières post-consommation. C'est un pas dans la bonne
direction, et nous souhaitons que les recommandations que nous proposons
servent à bonifier le projet de loi pour s'assurer de la pérennité des CRM.
Finalement, l'Association des microbrasseries exhorte les parlementaires à
intégrer au projet de loi n° 65 des dispositions
visant à favoriser le maintien et d'encourager le CRM au Québec. Merci
beaucoup.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Alors, je passe la parole au
député de Bourget.
• (16 h 50) •
M. Campeau : Bonjour.
Merci de votre présentation. On a déjà reçu l'Association des brasseurs du
Québec et on a déjà mentionné assez clairement que c'est un système qui
fonctionne bien. On ne veut pas empêcher quelque chose comme ça. Et ce que vous
faites, c'est le même principe, c'est vraiment de faire de l'économie circulaire.
Ça fait qu'on ne peut qu'être que favorable au fait d'essayer de le maintenir.
Mais il y a quelque chose qui m'agace
quand vous dites que vous voulez maintenir le statu quo de retourner les
contenants à remplissage multiple aux détaillants. Autant je trouve que c'est
une excellente idée parce qu'on va minimiser la distance pour le citoyen qui
rapporte son contenant au même endroit où il va l'acheter. Mais, en même temps,
on ne favorise pas le fait d'avoir plusieurs endroits où ils peuvent aller
rapporter leurs contenants. Alors, si on veut maximiser pour toute la province
le nombre de contenants qu'on va rapporter, on est quelque part entre tout ça
et ce n'est pas très simple.
Alors, ça me semble compliqué pour le
consommateur de dire : Bien, remplissage multiple, vous allez là, les
autres, vous allez là. On essaie de simplifier, j'ai l'impression qu'on ne
simplifie pas en faisant ça. Vous n'avez pas une inquiétude que ça complique le
système dans son entier...
M. Campeau : …et entre tout ça,
et ce n'est pas très simple. Alors, ça me semble compliqué pour le consommateur
de dire : Bien, remplissage multiple, vous allez là, les autres, vous
allez là. On essaie de simplifier, j'ai l'impression qu'on ne simplifie pas en
faisant ça. Vous n'avez pas une inquiétude que ça complique le système dans son
entier.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
en fait, si je peux… merci de votre question, M. le député. En fait, si je peux
aller dans ce sens-là, la préoccupation que vous avez, on la partage aussi,
puis c'est exactement pourquoi nous proposons un statu quo… ou, en tout cas,
pourquoi, pour nous, ça nous semble l'avenue à privilégier. En fait, la
performance, la rentabilité d'un modèle CRM repose sur le taux de retour par
les consommateurs du contenant. À partir d'un certain moment ou à un certain pourcentage
de taux de retour, la performance devient caduque. Donc, il faut… c'est
essentiel qu'on s'assure d'un modèle qui va permettre le taux de retour le plus
élevé possible. Maintenant, au moment où on se parle, on sait que le
retour, chez les détaillants, fonctionne et fonctionne bien, fonctionne
adéquatement pour nous permettre la pérennité du modèle CRM. Évidemment, hier,
le ministre a peut-être précisé certaines de ses intentions sur la poursuite
des choses, sur le fait que les détaillants, jusqu'à présent, conserveraient la
reprise des contenants, et qu'on ajouterait les points de dépôt. Mais, jusqu'à
présent, pour nous, ce scénario-là n'était pas du tout clair. Donc, tant mieux,
si on chemine en précisant ces éléments, mais notre objectif est d'avoir un
taux de retour qui est le plus élevé possible pour une efficience dans le
système.
Donc, c'est pour cette raison-là qu'on
privilégie le statu quo qui, on le sait, fonctionne. Advenant des études,
advenant des données qui nous amènent à prendre acte du fait que l'ajout des
points de retour… des points de dépôt augmente le taux de retour, on ne pourra
qu'être plus satisfaits, là.
M. Godin (Michel) : Si je peux
renchérir, de plus, les réflexes des consommateurs, vis-à-vis le CRM, sont
créés et sont bien établis au Québec depuis plus de 30 ans. Donc, je ne pense
pas que c'est compliqué, le consommateur… le réflexe est déjà là, la route est
déjà tracée pour eux.
M. Campeau : Je comprends,
j'avais l'impression que vous étiez très… bien, pas très, un peu rébarbatifs au
système, alors que je vois qu'il y a quand même beaucoup d'ouverture. Vous avez
dit que ça pourrait condamner les microbrasseries, ça veut dire quoi
exactement? C'est-u un impact épouvantable au point qu'ils vont tous
disparaître ou c'est de dire que vos coûts vont augmenter marginalement? Ça
veut dire quoi exactement?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
en fait, au moment où on parle de condamner les microbrasseries, c'est dans la
portion qui réfère davantage, dans notre mémoire, à la réalité des PME à
travers l'ensemble de ce système-là, où les acteurs, les forces en présence ont
des volumes et des réalités opérationnelles qui sont très, très différentes de
celles des microbrasseries. Et, jusqu'à présent, pour vivre dans le système de
consigne, on a vécu, à travers les dernières années, des exemples très concrets
de situations où la réalité opérationnelle de microbrasseries et des grands
brasseurs, avec lesquels on était…
Mme Myrand (Marie-Eve) :
…volume et des réalités opérationnelles qui sont très, très différentes de
celles des microbrasseries. Et jusqu'à présent, pour vivre dans le système de
consigne, on a vécu, à travers les dernières années, des exemples très concrets
de situations où la réalité opérationnelle de microbrasseries et des grands
brasseurs avec lesquels on était dans le même système n'avaient pas de points
communs.
Donc, c'est ça qui nous amène à craindre
sur le fait que dans un système avec un organisme de gestion reconnu, qui est
dirigé essentiellement par des représentants de réalités qui sont différentes
de la nôtre ou beaucoup plus grandes, bien là, on va prendre la flexibilité.
Jusqu'à présent, on avait le gouvernement, via RECYC-QUÉBEC, qui était
gestionnaire de la consigne, et qui a fait preuve de flexibilité pour qu'on
trouve ensemble des voies de passage qui correspondent à notre réalité
opérationnelle, là.
M. Godin (Michel) : Je vais
m'adresser à vous aussi en tant que brasseur. Le modèle d'affaires du CRM pour
les brasseurs, c'est de récupérer les bouteilles, ça fonctionne très bien,
c'est de laver les bouteilles et de les remettre en circulation sans avoir à
racheter des bouteilles neuves. Si on a de la difficulté à récupérer ces mêmes
bouteilles-là sur le marché, ça veut dire que les petits microbrasseurs
devraient systématiquement, à chaque brassin, acheter des bouteilles neuves. Et
ça, dans le modèle d'affaires, ça ne marche plus. Ça ne marche tout simplement
plus.
M. Campeau : Je vous
comprends. Vous avez mentionné aussi que vous étiez mal à l'aise avec le fait
que vous n'aviez pas le contrôle du geste citoyen, mais à cause du REP, vous en
étiez imputable. Je comprends ça, mais des REP, ailleurs sur la terre, ça
fonctionne aussi. Alors, dans d'autres provinces, ça fonctionne. Alors, je… en
quoi c'est grave, ça là, là? Comment vous…
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
la lecture qu'on en a, M. le député, c'est qu'il y a une limite à ce qu'un
producteur est en mesure de faire et à avoir comme effet. Le geste citoyen de
poser le contenant dans un bac, de le ramener dans un point de dépôt chez le
détaillant, ce n'est pas nous qui le posons, mais c'est nous qui serions
imputables de ce résultat-là.
Je vais vous donner un exemple qui peut
peut-être paraître gros, mais comme producteur, au printemps dernier, quand il
y a eu, causé par l'arrêt de la pandémie, un arrêt de reprise de consignes, nos
taux de retour ont chuté drastiquement. Est-ce que nous, on avait un geste qui
était différent? Absolument pas, mais on était imputables… en fait, là, on ne
l'était pas dans ce contexte-là, mais advenant une situation comme ça, on
serait imputables d'un résultat pour lequel on n'a aucun contrôle, et c'est ce
bout-là qui est un peu inquiétant.
M. Campeau : Bien, par rapport
à ça, je comprends, mais vous avez vu qu'en temps de pandémie, il y a eu un
effort considérable de la part de différents secteurs du gouvernement pour
venir en aide. Alors, advenant une situation majeure problématique, on ne vous
laissera pas tomber. Alors, si c'est ça qu'on a peur, je pense que ça ne serait
pas trop grave. Mais…
M. Campeau : ...il y a eu
un effort considérable de la part de différents secteurs du gouvernement pour
venir en aide. Alors, advenant une situation majeure problématique, on ne vous
laissera pas tomber.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Absolument.
M. Campeau : Alors, ci
c'est de ça qu'on a peur, je pense que ça ne serait pas trop grave. Mais en
temps normal, mettons que je pense qu'on n'est pas encore vraiment en temps
normal, là, mais en temps normal, est-ce que vous avez des inquiétudes quand
même?
Mme Myrand (Marie-Eve) :
Bien, je ne vous dirais pas qu'on a des inquiétudes. Puis mon exemple était effectivement
tiré par les cheveux, puis on comprenait le contexte dans lequel les
détaillants ont pris cette décision-là, puis comment ça s'est fait. Ça fait que...
Mais c'est juste pour dire que, comme producteur, il y a une limite dans le
rôle qu'on a puis jusqu'où on a les mains à l'intérieur d'un processus.
Actuellement, on fait avec Consignéco qui
est l'organisme responsable de toutes les actions d'information, sensibilisation
et éducation, on fait des campagnes de promotion de la consigne de la bière,
des CRM. On est capables de faire des actions comme ça, mais il y a quand même
une certaine limite. Je pense qu'on est dans un projet de société où le citoyen...
Ça va au-delà de la responsabilité élargie du producteur à mon sens. On est vraiment
dans un grand projet où le citoyen doit être appelé. Évidemment, on a une part
de responsabilité. Puis ça, on est tout à fait conscient et d'accord avec ça,
mais c'est juste que je pense qu'il y a une limite où, passé ça, c'est... On
n'aura plus de levier, là.
M. Campeau : Je comprends
votre réaction, mais j'ai l'impression qu'actuellement la situation est quand
même bien meilleure qu'elle ne l'a jamais été. On a une très grande conscience
de la part de la population qui veut aller vers une consigne. Je ne suis pas
sûr que tout le monde est au courant du détail de ça, comment ça va se passer,
mais il devrait y avoir une réaction assez intéressante, assez forte, d'autant
plus qu'il va avoir un coût, il va avoir un coût dans la consigne. Donc, il va
avoir un avantage à les rapporter.
Alors, j'ai l'impression que, par rapport
à ça, ça va arriver. Vous dites que vous êtes un petit joueur. Bien, quand vous
êtes tous ensemble, vous n'êtes pas si petits que ça. Je pense que vous avez un
impact.
Mme Myrand (Marie-Eve) :
On est à peine 1 %.
M. Campeau : Oui. Vous
avez...
Mme Myrand (Marie-Eve) :
On l'a démontré, c'est à peine 1 % des contenants qui sont visés par la
consigne.
M. Godin (Michel) : Et,
oui. Et les modèles d'affaires sont fragiles. Ils sont fragilisés. Donc, si je
peux faire une parenthèse, à l'intérieur de ma carrière, j'ai vendu de la bière
dans une quinzaine de pays, dans la Communauté européenne, dans des États
américains, en Amérique du Sud. Nous avons un taux de récupération et un
système extraordinaire dans lequel il faut s'enorgueillir. Et je pense qu'on ne
devrait pas briser le système des CRM parce qu'il est probablement le meilleur
au monde actuellement. Et je parle toujours du...
M. Campeau : Mais dans
les trois, ce qu'on appelle les 3RV, vous...
M. Godin (Michel) : Oui.
Le retour vers le détaillant, ce que j'ai vu, c'est que c'est ce qui se faisait
de mieux dans les pays que j'ai... où j'ai eu la chance de vendre de la bière.
• (17 heures) •
M. Campeau : Je vais vous
relancer en vous disant que j'ai déjà vécu au Texas. Et là, là-bas, ce n'est
pas la même chose. C'est vraiment complètement à l'opposé. Je pense que
l'expression les 3RV n'est pas connue là-bas...
17 h (version non révisée)
M. Godin (Michel) : ...ce que
j'ai vu, c'est ce qui se faisait de mieux dans les pays que j'ai eu la chance
de vendre de la bière.
M. Campeau : Je vais vous
relancer en vous disant que j'ai vécu au Texas, et là, là-bas, ce n'est pas la
même chose, c'est vraiment complètement à l'opposé. Je pense que l'expression
les 3RV n'est pas connu là-bas.
J'ai l'impression que, par Consignéco,
avec les OGD, et RECYC-QUÉBEC, et le gouvernement, et le ministère de
l'Environnement, il devra y avoir des campagnes communes pour changer le geste citoyen
pour diriger, comme je l'ai dit souvent, de la formation et de l'information
pour changer ces habitudes-là le plus rapidement possible. Mais il y a de très
fortes chances que les consommateurs réagissent très positivement et très rapidement
à ça.
Mais je comprends que, quand vous dites
que votre modèle d'affaires est basé sur le retour de bouteilles, je comprends
ça. Et, à ce moment-là, il va falloir tenir en compte, un peu comme on le fait
avec L'Association des brasseurs, et tenir en compte ce point de vue là aussi.
Bien, je vous remercie beaucoup de votre présentation aujourd'hui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. le député. M. le député de Robert-Baldwin du côté de l'opposition
officielle.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Alors, Mme Myrand, M. Godin, bonjour. Au plaisir de vous
revoir. Je vous dis d'entrée de jeu que je n'ai pas beaucoup de questions à
vous poser parce que je suis entièrement d'accord avec vos quatre recommandations.
Et je vous dis... je vous annonce que je vais faire tout ce que je peux pour
qu'on puisse les opérationnaliser dans l'étude détaillée du projet de loi. Je trouve
que c'est vraiment... ce sont là les quatre enjeux importants. Bon. Alors, ça
se peut qu'on se reparle un peu plus tard pour voir comment est-ce qu'on
pourrait opérationnaliser cela.
Avant de passer aux questions — j'ai
dit que je n'avais pas vraiment de question — mais un petit
commentaire à côté de la commission parlementaire, Mme la Présidente, vous
allez me le permettre, de vous dire que nous, notre formation politique, nous
comprenons votre modèle d'affaires, et nous comprenons les grandes difficultés
que la pandémie vous a causées, et que, comme nos collègues de deuxième
opposition, nous aussi, nous pensons que le gouvernement aurait pu assouplir
temporairement la réglementation quant à la... qui encadre la distribution pour
vous permettre de distribuer directement aux consommateurs. Donc, cette
bataille, elle aussi, on va continuer de la faire parce que je pense que, pour
vous, ça serait important.
Revenons maintenant au projet de loi et
revenons maintenant à vos quatre recommandations. Donc, vous craignez que le
projet de loi, tel qu'il est, bon, comme d'ailleurs L'Association des brasseurs
l'a mentionné hier, que cela mette en péril le principe et... pas seulement le
principe, mais l'opérationnalisation des...
M. Leitão : ...donc vous
craignez que le projet de loi, tel qu'il est, bon, comme d'ailleurs L'Association
des brasseurs l'a mentionné hier... que cela mette en péril le principe et...
pas seulement le principe, mais l'opérationnalisation des CRM. Pouvez-vous nous
dire de façon un peu plus précise pourquoi vous avez ces craintes-là, pourquoi
vous pensez que l'élargissement de la consigne, par exemple, puisse avoir un
effet négatif sur les contenants à utilisations multiples?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
en fait... Merci, M. le député, pour votre question. En fait, le principe de
base de la rentabilité économique d'un CRM, on le disait un petit peu plus tôt,
est basé sur le taux de retour. Donc, du moment où on vient menacer l'équilibre
ou, en tout cas, changer la donne au niveau de l'équilibre du taux de retour,
bien là, c'est une pérennité qui n'est peut-être plus aussi assurée qu'elle ne
l'est. Actuellement, on sait que c'est un système qui fonctionne, on a plusieurs
décennies pour l'avoir peaufiné, pour le travailler.
Donc, c'est pour ça que, pour nous, je
vous dirais, on joue de prudence à l'intérieur de ça. On joue de prudence parce
qu'on dit : Actuellement, le système fonctionne, le système fonctionne
bien, on a un taux de retour qui est éprouvé, essayons de maintenir ça adéquatement
pour ne pas venir chambouler les habitudes de consommation qui ont déjà été
mises en place par les consommateurs.
Maintenant, c'est aussi, je vous dirais,
un peu parce qu'on a du brouillard devant nous. Advenant le fait où on est
capables de mesurer le geste citoyen, l'impact que ça a, qu'on est capable
d'apprécier que le taux de retour qui en découle est favorable, je vous dirais
qu'on n'est pas fermés à une évolution. Mais, au moment où on se parle, on n'a
pas d'information là-dessus, sur quel impact ça peut avoir. Donc, c'est là où
je vous dirais que, par défaut, notre posture en est une de préserver le modèle
actuel le plus possible pour maintenir les taux de retour et la viabilité
économique du modèle.
M. Leitão : Je comprends.
Votre modèle, évidemment, dépend de votre capacité à aller chercher des
bouteilles. Donc, ce qu vous craignez, si j'ai bien compris, c'est un
changement de comportement de la part des consommateurs.
Mme Myrand (Marie-Eve) :
Exact.
M. Leitão : Donc, les
consommateurs, présentement, quand ils achètent... quand ils veulent acheter à
nouveau des produits des microbrasseurs, ils ramènent les bouteilles vides et
ils achètent les nouvelles bouteilles. Et vous craignez qu'avec le changement
qui se prépare les consommateurs puissent aussi changer leurs habitudes. C'est
ça, votre crainte?
M. Godin (Michel) : Tout à
fait.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
ça en fait partie, oui.
M. Godin (Michel) : Oui. Tout
à fait. Le taux de retour extraordinaire de notre société est basé sur 30 ans
de réflexe du consommateur, et puis... C'est comme un joueur de baseball, il ne
peut pas frapper 1 000. On frappe déjà 900 de moyenne au bâton, c'est
exceptionnel si on se compare à partout dans le monde. On ne pense pas que ce
taux de retour là pourrait être amélioré. On a un système presque sans faille,
dont on peut être tellement, tellement, tellement...
M. Godin (Michel) : ...tu sais,
comme un joueur de baseball, il ne peut pas frapper 1 000. On frappe déjà
900 de moyenne au bâton. C'est exceptionnel si on se compare à partout dans le
monde. On ne pense pas que ce taux de retour là pourrait être amélioré. On a un
système presque sans faille dont on peut être tellement, tellement,
tellement... s'enorgueillir.
M. Leitão : Très bien. Mais
concrètement, et peut-être que ça, bon, vous n'avez pas la réponse aujourd'hui,
on pourrait en reparler, mais concrètement, comment est-ce qu'on pourrait
s'assurer que vous pouvez continuer, donc, votre recommandation n° 1?
Comment est-ce qu'on pourrait s'assurer que cela...
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
écoutez, je pense que c'est assez simple d'envoyer un signal à l'effet que,
pour ce qui est des contenants de bière, on maintient un statu quo au niveau du
retour chez les détaillants. Donc, on n'a pas à anticiper de débordements chez
les détaillants qui sont déjà habitués à vivre dans un système comme ça, ils
sont déjà organisés pour être capables d'accueillir ce genre de flot là. Donc,
on pense que ce serait le meilleur système possible.
Maintenant, il faut savoir aussi que, vous
le savez, M. le député, notre industrie a connu un boom depuis les cinq,
10 dernières années, qui est très, très appréciable. La situation
actuelle, elle n'est pas ce qu'elle a été il y a peut-être cinq ans dans le
passé au niveau de la gestion des bouteilles. On a vraiment amené l'industrie à
se fédérer autour de certains types de bouteilles pour faciliter la vie des
détaillants. Ce travail-là, puis je ne vise pas la bouteille standard de
l'industrie quand je dis ça, je divise vraiment les deux autres formats de
bouteilles qu'on accompagne à l'association des microbrasseries. Il y a encore
du travail. On est conscients que ce n'est pas parfait. On peut encore
travailler pour faciliter la vie des détaillants, on est engagés là-dedans
depuis un bon moment déjà et je pense qu'on est vraiment sur une bonne voie.
M. Leitão : Très bien, merci.
L'autre aspect de vote présentation était donc la... ce que vous avez
mentionné, la réalité des PME. Je comprends ça très bien, donc vous êtes à côté
de géants. Dans l'industrie de la bière, évidemment, ils sont tous des grands
géants à côté de vous. Alors, ce que vous souhaitez de ce côté-là, c'est que,
dans la réglementation, on puisse faire une place pour les PME dans les
organismes qui vont être créés pour gérer un peu le système. C'est ça?
Mme Myrand (Marie-Eve) :
S'assurer que notre voix soit représentée en termes de petits joueurs et que
notre réalité soit prise en compte aussi, parce que cette réalité-là,
opérationnelle, elle n'est pas toujours exactement la même, même quand on
produit les mêmes choses.
M. Leitão : C'est ça. Merci.
Maintenant, dans... donc il y en a de plus en plus, de microbrasseries. Vous
vendez vos produits dans... de plus en plus loin, disons-le comme ça. Au début,
c'était peut-être très, très, très local. Maintenant, vous allez un peu plus
loin. On sait tous très bien que les règles au Québec, les règles concernant la
distribution de produits alcooliques sont des règles un peu byzantines, là, ce
n'est pas toujours facile à suivre...
M. Leitão : …de plus en plus de
lois, disons-le comme ça, au début, c'était peut être très, très, très local,
maintenant, vous allez un peu plus loin. On sait tous très bien que les règles
au Québec… les règles concernant la distribution de produits alcooliques sont des
règles un peu byzantines, là, ce n'est pas toujours très facile à suivre.
Alors, dans ce contexte-là, donc, pour pouvoir maintenir et même améliorer le
taux de récupération, est-ce que ça ne serait aussi nécessaire, dans votre cas,
de changer ou de libéraliser… moderniser, disons, moderniser les règles
concernant la distribution de l'alcool?
• (17 h 10) •
Mme Myrand (Marie-Eve) :
Écoutez, vous m'enlevez les mots de la bouche, et on a clairement besoin d'une
modernisation des règles qui encadrent les microbrasseries. On le disait tout à
l'heure, hein, il y a eu une explosion… puis, à ce chapitre-là, même,
j'inclurais mes collègues de d'autres industries de boissons alcooliques, les
microdistilleries, les producteurs de cidre, de vin, on a une belle industrie
de boissons alcooliques qui se développe au Québec, et actuellement on a un
cadre réglementaire législatif qui est excessivement lourd. Et on ne veut pas
se dégager du fait qu'on parle de boissons alcooliques et que c'est important
de l'encadrer, mais c'est juste qu'ils ne sont plus à la sauce 2020 du
tout, du tout. Donc, on a besoin d'une grande discussion puis de prioriser cet
enjeu-là pour le développement du Québec.
M. Leitão : En effet, je pense
que c'est tout à fait pertinent de regarder ça. Ce n'est pas le ministère de
l'Environnement qui est en charge de cela, votre collègue de… M. le ministre,
votre collègue de la Sécurité publique… Mais il faut qu'on s'y attarde un de
ces jours sur les règles de la régie des courses, des alcools et des jeux, la
RACJ, parce qu'en effet c'est difficile à suivre, toutes les règles qui
existent et qui encadrent la distribution.
Mme Myrand (Marie-Eve) : C'est
très complexe.
M. Leitão : Alors, écoutez,
moi, je n'ai pas vraiment d'autres enjeux. Je vous remercie beaucoup de votre
présence, de votre présentation, et, même si vous représentez seulement
1 % des volumes, la qualité ne se mesure pas par la quantité, et ce 1 %
est très bon. Alors, voilà.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Merci.
M. Godin (Michel) : Merci
beaucoup.
M. Leitão : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau, vous avez quelques secondes.
M. Benjamin : Quelques
secondes. En faut, j'aurais aimé, évidemment… votre deuxième recommandation
m'intéresse beaucoup, j'aurais aimé vous entendre sur cette mesure fiscale
appropriée et à laquelle vous faites allusion. Qu'est-ce… nous donner de plus
amples détails là-dessus. Qu'est-ce que vous voyez comme mesures fiscales?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
en fait, je vous dirais que tout le système organisé, structuré pour cueillir
les contenants, pour récupérer les contenants et les réutiliser dans une boucle
CRM, on le disait tout à l'heure, ça engendre des coûts qui sont concrets, qui
sont déjà absorbés par les producteurs. Donc, on pense que si on veut soutenir
adéquatement le CRM et envoyer un signal à l'effet que c'est un modèle qu'on
veut développer, bien, qu'il y ait une reconnaissance fiscale qui soit
appropriée. Le moyen pourrait être à convenir ensemble, mais…
Mme Myrand (Marie-Eve) :
...CRM, on le disait tout à l'heure, ça engendre des coûts qui sont concrets,
qui sont déjà absorbés par les producteurs.
Donc, on pense que, si on veut soutenir adéquatement
le CRM et envoyer un signal à l'effet que c'est un modèle qu'on veut
développer, bien, qu'il y ait une reconnaissance fiscale qui soit appropriée.
Le moyen pourrait être à convenir ensemble, mais c'était un signal de l'importance
de reconnaître aussi au-delà de permettre une pérennité dans le mécanisme. Je
pense que ça a fait ses preuves, le CRM, que c'est la voie vers laquelle on
veut... ou, en tout cas, d'un point de vue environnemental, c'est souhaitable.
Donc, voilà.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici. Et je passe la
parole à Mme la députée de Mercier, du deuxième groupe d'opposition. Vous avez
2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. Puis je suis d'accord
avec mon collègue le député de Baldwin...
M. Leitão : Robert-Baldwin.
Mme Ghazal : ...Robert-Baldwin,
à l'effet que, même si vous êtes 1 %, c'est très, très important, les
microbrasseries au Québec. Les gens adorent, évidemment, les microbrasseries.
Puis récemment, avec la COVID, bien, le gouvernement a écouté la proposition de
Québec solidaire qui est de vous donner la permission de faire des livraisons
aussi chez les gens, ce qui peut vous aider dans cette situation difficile.
Vous vantez beaucoup les mérites du CRM
d'un point de vue environnemental. Vous avez parlé de l'étude du CIREQ,
aussi... l'association des microbrasseurs aussi nous l'a dit hier. Moi, je
voulais savoir... Puis là vous êtes inquiets, vous n'êtes pas sûr si ça va
continuer à être rentable. Puis on ne veut pas voir disparaître cette bouteille
puis ce système-là, mais vous êtes comme dans le brouillard.
J'aimerais savoir s'il y a eu une
réflexion de la part de vos membres sur le fait que, de plus en plus, à cause
du marketing puis du marché, on s'en va vers les bouteilles d'aluminium, qui
sont quand même moins bonnes d'un côté écologiste. Parce que vous demandez
qu'on soutienne le CRM. Tout à fait, j'en suis. Mais est-ce qu'il y a une
réflexion de la part de l'industrie pour résister à ça, ou c'en est fini, là,
on s'en va vers l'aluminium parce que c'est...
Mme Myrand (Marie-Eve) :
Vous touchez à un point chaud, Mme la députée. C'est un sujet qui nous occupe
beaucoup dans les dernières années. On a fait des sondages auprès des
consommateurs, savoir : Est-ce que c'est un critère, cannette ou
bouteille? Si vous avez des préférences entre la cannette et la bouteille,
qu'en est-il? Et, à tout coup, les consommateurs nous envoient le signal que la
bouteille est tout à fait acceptable pour eux puis, dans certaines... plusieurs
occasions, même, ils la préfèrent, que ce n'est pas un critère d'achat pour
eux.
Par contre, ce qu'on observe dans la vraie
vie, c'est qu'il y a une discrimination à la source qui s'effectue
actuellement. Il y a certains détaillants qui, au profit des cannettes, vont
dire aux gens : Bien, vous reviendrez me voir quand vous serez en
cannette. L'offre des microbrasseries est très grande, donc ils peuvent faire un
tri à la source selon les critères qui leur convient. La cannette leur convient
davantage.
Donc, il y a plusieurs microbrasseries qui
à un moment donné se ramassent dans un étau puis dire : Je dois aussi être
à l'écoute de ce que mon premier client me demande, donc change ses équipements
pour être en mesure de faire des cannettes. Mais il y a des gens qui le font
avec, je vous dirais... à contrecoeur, à contrecoeur vraiment, que ça n'épouse
pas les valeurs de ce qu'ils veulent comme entreprise, mais le font pour suivre
le marché...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...mon
premier client me demande, donc change ses équipements pour être en mesure de
faire une canette, mais il y a des gens qui le font avec, je vous dirais... à
contrecoeur, à contrecoeur, vraiment que ça n'épouse pas les valeurs de ce
qu'ils veulent comme entreprise, mais le font pour suivre le marché.
Mme Ghazal : Oui puis ça,
c'est vraiment dommage. Donc, ceux qui continuent à le faire, c'est comme des
résistants, qui continuent puis qui y croient, mais...
Mme Myrand (Marie-Eve) : Ah! absolument.
Mme Ghazal : Oui. Oui, oui,
oui.
Mme Myrand (Marie-Eve) : C'est
des tatoués, là.
Mme Ghazal : C'est vraiment
dommage.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous allons maintenant passer du côté du troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente.
Donc, effectivement, je vais dans le sens,
là, des collègues de l'opposition, bon, qui vous ont un peu mentionné l'appui
dans ce combat-là, parce qu'effectivement, ça ne représente pas un gros
pourcentage des bouteilles... un gros pourcentage, mais, quand même ça
représente beaucoup de bouteilles quand même. Et si le fonctionnement est bon,
j'ai quand même plusieurs microbrasseries, là, dans mon comté, et... cinq déjà
comme ça, mais il y en a peut-être même plus, des distilleries également, mais
ils n'ont pas le même combat au niveau des bouteilles.
Alors, j'aimerais savoir comment est-ce
qu'on peut appliquer votre recommandation 4, quand vous dites qu'il faut
prendre en considération, bon, la représentativité des PME québécoises, et tout
ça, là, et leur réalité au niveau de la gouvernance de l'organisme de gestion
reconnu, là, l'OGD, là. De quelle façon est-ce que ça peut être plus pris en
considération pour votre industrie des microbrasseries?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
je vous dirais que cette préoccupation-là, elle est... Bien, d'abord, déjà de
la nommer, que, pour nous, on a une réalité qui est différente, c'est une
réalité d'opération qui est différente de celles qui sont beaucoup, beaucoup
plus grandes, c'est déjà une chose. Puis, après ça, je fais pleinement
confiance aux autres industries qui composent ce consortium-là, qui va mettre
en place l'organisme de gestion reconnu.
Mais, en même temps, il faut qu'on puisse
trouver notre nid à l'intérieur de ça, pour que cette réalité-là soit entendue,
soit prise en considération et on ne soit pas soumis à un dictat qui ne nous
correspond pas, là.
Mme Perry Mélançon : D'accord.
Donc, effectivement, vous êtes les premiers à nous parler de cette réalité-là.
Je pense que le message a été entendu autour de la table. Il y aura d'autres
représentations, comme on dit, à d'autres étapes importantes de l'étude ce projet
de loi là, mais je vous remercie d'être venue nous parler de cette réalité-là
qu'on doit considérer, effectivement, dans nos travaux. Merci.
Une voix
: Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup. Merci d'avoir participé à notre commission parlementaire.
Donc, aujourd'hui, nous allons ajourner. C'est la fin de la journée, donc la commission
ajourne ses travaux au mercredi 22 octobre, après les affaires courantes, où
elle poursuivra son mandat. Bonne fin de soirée à vous tous.
(Fin de la séance à 17 h 18)