Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
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Tuesday, September 22, 2020
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Vol. 45 N° 72
Special consultations and public hearings on Bill 46, An Act to amend the Natural Heritage Conservation Act and other provisions
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10 h (version non révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques, s'il vous plaît. La commission est réunie afin de poursuivre les
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel et d'autres dispositions. M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Non, M.
le Président, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Ciccone) :
Cet avant-midi, nous entendrons le réseau national des conseils régionaux de l'environnement
du Québec, la Société pour la nature et les parcs du Canada et Canards
illimités.
Maintenant, par visioconférence, nous
avons Mmes Luce Balthazar et Andréanne Paris, du Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que
les personnes qui vous accompagnent, si c'est le cas, et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous, Mme Balthazar, Mme Paris.
Mme Balthazar (Luce) :
Bonjour. Vous m'entendez?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, on vous entend très bien.
Mme Balthazar (Luce) : C'est
moi qui ouvre le bal, Mme Paris va compléter ma présentation.
Alors, d'abord, on est très heureux d'être
ici pour présenter nos commentaires. Est-ce qu'il y a de l'écho pour vous?
Le Président (M. Ciccone) :
Pardon?
Mme Balthazar (Luce) : Est-ce
qu'il y a de l'écho? Vous m'entendez bien?
Le Président (M. Ciccone) :
On vous entend très bien, pour nous.
Mme Balthazar (Luce) : O.K.,
c'est bon. Il y a beaucoup d'écho pour moi. Alors, on est très heureux de
présenter nos commentaires, très heureux d'être invités à la commission, également
très heureux de constater que le gouvernement entend poursuivre la démarche des
aires protégées au Québec, c'est ce qu'en témoigne le projet de loi. Je vais
aller tout de suite dans le vif du sujet, puisqu'on n'a pas beaucoup de temps
pour présenter. Alors, je vous amène à la page 4, je vais faire à peu près la
moitié du mémoire.
Alors, si on commence à la page 4, le
premier point qu'on souhaite souligner, c'est la création des... en tout cas,
l'intégration des autres mesures de conservation efficace dans le registre des
aires protégées. On est d'accord à ce que ces nouveaux outils là figurent
dans... comptent dans les aires protégées au Québec. Néanmoins, il faut
qu'elles respectent des lignes directrices qui sont établies au niveau mondial
et il faut qu'elles excluent complètement toute activité industrielle. Alors, dans
ces conditions-là, effectivement, on serait d'accord que ce soit intégré au
registre des aires protégées. Pour le 17 %, on ne croit pas, là, c'est
trop rapide, mais pour le... éventuellement le 30 %, il doit suivre.
Deuxième point important que je vais faire
ressortir se trouve en page 5, sur le statut temporaire de protection. C'est un
des premiers points que j'ai remarqués à la présentation du projet de loi n° 46, on abolissait ce statut provisoire de protection. Il
faut absolument qu'il y en ait un. Entre le moment où on identifie un territoire,
un secteur d'intérêt et la... on rend concret, on concrétise l'aire protégée,
il faut qu'en...
Mme Balthazar (Luce) :
...protection. C'est un des premiers points que j'ai remarqués à la
présentation du projet de loi n° 46. On abolissait ce
statut provisoire de protection. Il faut absolument qu'il y en ait un entre le
moment où on identifie un territoire, un secteur d'intérêt et on rend concret,
on concrétise l'aire protégée. Il faut qu'en attendant il y ait une mesure,
quel que soit le nom, mais qu'il y ait une mesure de protection temporaire,
comme vient de le faire le gouvernement d'ailleurs, récemment, avec les aires
marines protégées. Il vient d'ajouter une disposition pour protéger... mettre
ces territoires-là sous une certaine protection industrielle.
Donc, on demande de rétablir un statut de
protection provisoire, quel que soit le nom, mais de réintégrer ça. On est d'accord
qu'il y ait un délai maximal d'un an entre le début du processus et la fin,
mais il faut protéger entre les deux. Présentement, un territoire d'intérêt, au
Québec, on va penser surtout au nord du Saint-Laurent, Abitibi, Saguenay—Lac-Saint-Jean,
Côte-Nord, où il y a des territoires d'intérêt, il y a des coupes forestières
qui s'y pratiquent. On souhaite que cette démarche-là soit stoppée par un
statut provisoire de protection. Également, ceux qui sont actuellement des
territoires d'intérêt devraient être protégés et mis en réserve pour l'instant.
Donc, je vais... Je me dépêche. Je vous
amène tout de suite à la page 6. Comme outil de consultation en ce qui
concerne les aires protégées, on considère qu'on doit rester avec le BAPE. Il
peut y avoir certaines exceptions. La loi n° 41 y
prévoyait... c'était un BAPE, mais il va y avoir des exceptions, notamment avec
les Premières Nations. Mais on a un outil efficace de consultation, crédible,
indépendant, avec règles de procédure, code d'éthique, des commissaires
assermentés, une grande expertise. Alors, ça devrait être d'office un BAPE.
Ça n'a jamais été un BAPE qui a retardé la
création d'un processus de reconnaissance d'une aire protégée. Le BAPE avait déjà
un délai maximal de six mois. Alors, s'il y a des projets qui n'ont pas... qui
tardent à voir le jour, ça s'est passé plutôt avant le BAPE ou après le BAPE,
mais ce n'est pas lui le responsable. On pense qu'on a un outil extraordinaire
qu'on devrait utiliser le plus possible dont, notamment, pour la création
d'aires protégées.
Je poursuis avec l'aire protégée
d'utilisation durable. Alors, c'est une nouvelle disposition. Dans la loi, il y
a très peu d'information, c'est quelques lignes, mais, dans les présentations,
on a vu que ça pouvait permettre des activités industrielles, forestières,
hydrocarbures, minières. Il n'y a pas assez d'information pour nous permettre
d'accepter ou non ce type d'aire protégée là, dans le Registre des aires
protégées, pour compter pour notre cible de 17 % ou de 30 %, et donc
il faudrait travailler sur ça, mais, pour l'instant, on est en désaccord à ce
que ça soit reconnu comme une aire protégée, et d'autant plus s'il y a une
quelconque activité industrielle sur ce territoire-là. Même si on dit que, sur
ces territoires-là, il pourrait y avoir une activité forestière plus durable,
pour nous, on peut comprendre qu'il va y avoir des bancs d'essai, des
expérimentations, mais, normalement, la loi sur les forêts s'appelle la Loi sur
l'aménagement durable du territoire forestier. Alors, cette loi-là est
partout...
Mme Balthazar (Luce) : ...sur
ces territoires-là. Même si on dit que sur ces territoires-là il pourrait y
avoir une activité forestière plus durable, pour nous... pour avoir des bancs
d'essai, des expérimentations. Mais normalement la Loi sur les forêts s'appelle
la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier, alors ça devrait être
partout.
Je termine très bientôt, en parlant de
réserves marines, on est tout à fait heureux de voir que ça chemine de ce
côté-là. Absolument d'accord avec le fait que vous interdisiez ce qui est
annoncé, interdire le transport de substances minérales et d'hydrocarbures. Il
va falloir qu'on se pose la question, bien entendu, au niveau des hydrocarbures,
c'est une voie maritime, hein, le Saint-Laurent, donc comment on va avoir des
aires marines protégées qui interdiraient en même temps le transport d'hydrocarbures
et de substances minérales. C'est une question qu'on a à la fin du mémoire. Je
passe la balle à Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : Est-ce
que ça fonctionne?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, on vous entend bien, Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : O.K.
Merci, Luce. M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, merci de
nous recevoir. Donc, je poursuis dans la même thématique que ma collègue, sur
le milieu plus eau et aquatique. Donc, concernant les réserves marines, les
réserves aquatiques aussi, on croit que l'article 47 de l'actuelle loi devrait
demeurer dans la nouvelle loi en... Parce que cet article-là permet en fait de
s'assurer de la préservation de toutes les composantes de l'écosystème
aquatique, soit les rives, les littoraux et le lit du cours d'eau, donc, en
interdisant toute activité qui pourrait être susceptible de les dégrader.
Concernant les territoires nordiques, la
définition des territoires de conservation nordiques actuellement faite dans le
projet de loi nous apparaît insuffisante et imprécise. On aimerait voir des
lignes directrices plus claires, arrimées avec celles de l'UICN, pour s'assurer
que la conservation qui est faite au nord est aussi rigoureuse que celle qui
est faite au sud. On sait qu'au sud on a d'autres défis, on est en terres
souvent privées, l'installation d'aires protégées de superficie plus grande
assurant une viabilité, une résilience des écosystèmes est parfois difficile.
Donc, on est heureux de voir plusieurs mesures qui tendent à faciliter ce processus-là,
entre autres, par les paysages humanisés.
On croit qu'il pourrait y avoir un engagement
un peu plus ferme du gouvernement dans ce type de procédure là. En fait, on
voit que ça repose beaucoup sur les communautés locales... les municipalités,
MRC, mais ça pourrait même être, selon nous, des organismes qui portent ce type
d'initiative là. Mais ils doivent être accompagnés par les différents paliers
de gouvernement et par les instances que ce soient les ministères Forêts,
Faune, Ressources naturelles, Environnement, Affaires municipales,
Agriculture... j'en passe, pour une coélaboration des plans de conservation,
mais aussi un financement et un support à la mise en oeuvre et …des... La
création des paysages humanisés ne s'est pas concrétisée depuis son apparition
dans la loi en 2002, et on croit qu'avec un support plus grand...
Mme Paris (Andréanne) : …pour
une coélaboration des plans de conservation mais aussi un financement et un
support à la mise en oeuvre et… La création des paysages humanisés, c'est… ne
s'est pas concrétisée depuis son apparition dans la loi en 2002, et on croit
qu'avec un support plus grand en expertise mais aussi financier, on pourrait
venir accompagner les territoires locaux pour la mise en oeuvre puis la
désignation finale d'une première aire protégée de paysage humanisé. On pense
aussi, comme ma collègue le disait, le BAPE est un véhicule très intéressant
et… paysages humanisés, on est majoritairement en terres privées, on a besoin
d'une acceptabilité sociale importante de la communauté… des mesures de
conservation qui vont reposer sur des actions de citoyens. On pense qu'il y a
besoin d'un véhicule très rigoureux pour assurer l'acceptabilité sociale de ces
projets-là et que le BAPE est le bon véhicule.
• (10 h 10) •
Concernant les réserves de biodiversité,
on souhaite vraiment voir une interdiction formelle de l'exploitation de toute…
de surface qui n'est pas actuellement dans le nouveau projet de loi et qui,
pour nous, est un contresens à tout l'objectif des réserves de biodiversité,
de… vraiment l'objectif premier de protéger la biodiversité en détruisant la
surface, finalement, et en exploitant ses minerais, on aurait un risque
d'atteinte à notre objectif premier de protéger la biodiversité… d'aires protégées.
Finalement, tout au long du projet de loi,
on voit l'apparition de plusieurs registres, en fait, on en a dénombré quatre,
si je ne m'abuse, ce qui rend le suivi de nos indicateurs un peu plus… et nos
cibles plus difficiles. On recommande vraiment la tenue d'un seul registre, une
ventilation en trois étapes, donc une première serait une ventilation par zone,
donc terrestre et marine, donc pour s'assurer qu'on respecte bien nos cibles
dans ces deux types de zone. Une ventilsation aussi par catégorie de… de voir
quelle catégorie on applique, c'est quoi la rigueur de la conservation qui est
faite sur le territoire québécois.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, Mme Paris, s'il vous plaît. En terminant. En terminant, s'il vous
plaît.
Mme Paris (Andréanne) : En
terminant, on disait une ventilation nord-sud, évidemment, pour s'assurer d'une
représentativité de la biodiversité…
Le Président (M. Ciccone) :
Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme Balthazar, merci, Mme Paris. Maintenant,
nous sommes rendus au temps de commencer la période d'échange. On commence avec
M. le ministre pour une période de 16 min 30 s, s'il vous plaît.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci, mesdames pour votre présentation, très, très appréciée.
Peut-être y aller de quelques commentaires. Dans un premier temps, vous avez
fait référence au 17 % et 10 %, bref, les objectifs d'aires
protégées. Je me sens obligé de le répéter à chacune des fois, mais le projet
de loi n° 46 ne vise pas à faciliter l'atteinte de ces objectifs-là, en ce
sens qu'on veut les atteindre avec les règles strictes actuelles. Et on est
bien confiants, là, d'y parvenir avant la fin de la présente année, là, comme
le Québec s'était engagé…
M. Charette : ...je me sens
obligé de le répéter à chacun des fois, mais le projet de loi n° 46 ne
vise pas à faciliter l'atteinte de ces objectifs-là en ce sens qu'on veut les
atteindre avec les règles strictes actuelles. Et on est bien confiants, là, d'y
parvenir avant la fin de la présente année, là, comme le Québec s'était engagé
il y a quelques années à le faire.
Peut-être vous mentionner aussi
l'importance de l'UICN. Vous disiez tout à l'heure : Quel type
d'utilisation pourra être fait sur les aires protégées, à savoir est-ce qu'il y
aura de l'activité industrielle ou pas? Et c'est là où le projet de loi,
d'entrée de jeu, à l'article 2, apporte une précision importante. On ne précise
pas effectivement dans le projet de loi quelles sont les activités qui sont
proscrites ou pas, mais on précise qu'elles devront être déterminées en
fonction des règles internationales. Étant donné que l'année actuelle jusqu'à
l'année prochaine, dans les faits, il y a des discussions importantes, là, sur
la scène internationale à ce niveau-là, on ne pouvait pas, au moment du dépôt
du projet de loi, déjà préciser ces détails-là. Mais on dit d'entrée de jeu
avec l'article 2 que ça devra se faire, là, selon les standards internationaux.
Vous avez mentionné la protection
provisoire. C'est un bon point. Peut-être pour mentionner le pourquoi de ce
retrait-là, on veut procéder plus rapidement, on veut éviter des scénarios qui
se vivent depuis quelques années, c'est-à-dire des territoires provisoires qui
sont maintenus dans cet état-là pendant de nombreuses années. Donc, en enlevant
la référence à la protection provisoire, on ne laisse pas ces aires-là dans un
flou quelconque, là. Il y aura déjà un moratoire de préciser sur le territoire
sans qu'il y ait cette protection provisoire là de sorte qu'on puisse déjà passer
à l'étape suivante par la suite.
Le BAPE, vous n'êtes pas les premiers, les
premières à nous en parler. Déjà vous confirmer qu'il y aura des précisions au
moment de l'étude article par article à ce niveau-là. On ne veut pas se défaire
de l'expertise du BAPE. Bien au contraire, c'est un partenaire incontournable
dans ce type de démarche là. Mais, lorsqu'un terrain ou une aire fait
consensus, c'est là où on dit et qu'on précisera au moment de l'étude article
par article que le BAPE n'est pas nécessaire lorsque le consensus social est
déjà établi.
Un autre commentaire concernant les aires
protégées d'utilisation durable, et tout le monde naturellement a droit à son
opinion, mais vous êtes le premier groupe actuellement à vous opposer à cette
création-là, les autres groupes ayant défendu le concept. C'est un concept qui
est mis de l'avant justement par l'UICN mais avec des conditions à préciser, et
ce sont ces conditions-là, comme je vous mentionnais, là, qui vont l'être au
cours de la prochaine année à travers différentes consultations
internationales.
Mais ceci dit, on a pris bonne note des
différents éléments, là, de votre propos, un gros merci, et on va espérer
naturellement...
M. Charette : ...ces
conditions-là, comme je vous mentionnais, là, qui vont l'être au cours de la
prochaine année à travers différentes consultations internationales. Mais ceci
dit, on a pris bonne note des différents éléments, là, de votre propos, un gros
merci, et on va espérer, naturellement, pouvoir considérer ces actions-là le
plus rapidement possible. Parce que, oui, l'année prochaine amène un nouveau
cycle en quelque sorte qui va nous amener avec l'échéancier 2030 cette fois-ci,
et c'est là où le projet de loi nous sera particulièrement utile.
On a un temps limité malheureusement. J'ai
des collègues qui souhaitent intervenir, donc je ne serais pas plus long. Mais
déjà, vous remercier pour vos commentaires qu'on a pris en note, là, de façon
assidue. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Et je passe maintenant la parole au député de Bourget.
À vous la parole pour... il vous reste 12 min 15 s.
M. Campeau : Merci, M. le
Président. Premièrement, sur une note plus humoristique, je constate que le ministre
a travaillé en fin de semaine parce qu'il ne s'est pas accroché dans UICN.
M. Charette : ...je me suis
pratiqué.
M. Campeau : C'est bon, ça. Je
voulais vous demander, quand vous dites que voulez exclure les activités
industrielles, je comprends. Quand on parle de la foresterie, parfois, exclure
les activités industrielles, ça dépend comment on les définit et ça dépend...
une forêt qu'on n'entretient pas des fois, ce n'est pas le même puits de
carbone qu'on souhaite, par exemple. Même si les aires protégées ne sont pas
vraiment reliées aux GES spécifiquement, ça a un effet important. Alors, je me
demandais : Avez-vous des balises par rapport à ça ou vous voulez vraiment
exclure toute activité?
M. Ciccone :À
vous la parole. Mme Balthazar ou Mme Paris,
vous avez la parole.
Mme Balthazar (Luce) : Je vais
y aller. Il y a activité forestière, il y a activité industrielle, là, déjà à
différencier. Je peux comprendre certaines activités forestières, dans le sens,
on peut faire de la recherche, ramener des critères des attributs naturels dans
une forêt qui a été très aménagée, très différente de la forêt d'il y a un
siècle environ, mais effectivement le rôle des aires protégées, ce n'est pas de
servir de puits de carbone comme tel, c'est d'abord de servir de témoin, de
point de repère. Alors, s'il y a une activité forestière importante, ça va
perdre ces caractéristiques-là, naturelles. Donc, on peut envisager
peut-être... puis là, c'est très normé, l'activité forestière, vous le savez,
on n'arrivera pas, là, à vous dire dans quel pourcentage on peut laisser des
tiges ou en enlever. Et puis, peut-être que quelque chose pourrait être
utilisé, mais très attentivement. Toute l'activité forestière est très, très
normée, donc il faut regarder ces normes-là.
Néanmoins, il peut y avoir une activité
scientifique, certaines activités de récolte parce qu'il y a eu des insectes
ravageurs, je parle des insectes exotiques envahissants, mais pas à des fins
commerciales. Alors, j'en viens à ça, c'est : pas d'activité dans ces
territoires-là à des fins commerciales. Je rappelle qu'en forêt il y a des...
Mme Balthazar (Luce) :
...scientifique, certaines activités de récolte parce qu'il y a eu des insectes
ravageurs, je parle des insectes exotiques envahissants, mais pas à des fins
commerciales. Alors, j'en viens à ça, ce n'est pas d'activité dans ces
territoires-là à des fins commerciales. Je rappelle qu'en forêt il y a des
territoires qui ont été identifiés pour l'intensification, alors on va se
contenter de travailler sur ces territoires-là et laisser tranquilles les aires
protégées en milieu forestier.
M. Campeau : O.K., je
comprends. Sur le registre unique, moi, je vois ça comme... simplement que ce
soit dans une loi ou dans un règlement, c'est juste une façon normale de faire
le calcul et de savoir les rapporter d'une façon claire. Vouliez-vous dire que
vous voudriez le voir à l'intérieur de la loi, à l'intérieur d'un règlement?
Pour moi, c'est comme une façon normale et automatique, ça prendrait un registre,
puis il faut tous les mettre ensemble d'une façon ordonnée. Alors, ça me semble
que c'est de facto il va y en avoir un, c'est obligatoire. Puis vous voulez y
donner de la visibilité, vous voulez le mettre dans la loi, vous? C'est quoi exactement?
Mme Paris (Andréanne) : Bien, actuellement,
c'est parce qu'on a la création, dans le projet de loi, de quatre registres.
Donc, on veut s'assurer qu'on a un registre unique pour faciliter le suivi...
dans le souci de transparence puis dans le souci de ne pas dédoubler des
mesures... Donc, en ayant tout ça bien canné dans un seul registre, bien... je
crois que ça va permettre de faciliter le suivi de l'ensemble des organismes
puis du gouvernement par rapport à ses cibles.
M. Campeau : O.K. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Je passe maintenant la parole à la députée d'Argenteuil. Il vous
reste 8 min 13 s.
• (10 h 20) •
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Heureuse de vous voir, Mme Balthazar, Mme Paris. En fait,
je constate, là, dans votre conclusion, je suis contente de vous entendre dire
que c'est une loi qui est un outil essentiel, là, qui va permettre d'atteindre
nos objectifs d'aires protégées. Ça, c'est d'une part.
Dans votre conclusion, vous permettez
de... en fait, vous nous indiquez ici l'importance de faire un arrimage entre
les différentes lois telles que la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles et la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. J'aimerais ça
vous entendre un peu plus à ce niveau-là. Pourquoi cette importance-là
d'arrimer?
Mme Balthazar (Luce) : Je peux
y aller, puis tu veux compléter...
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, oui, allez-y. Oui.
Mme Balthazar (Luce) : Bon.
Bien, c'est parce que les engagements au niveau des aires protégées, ce n'est
pas juste le ministère de l'Environnement, il y a plusieurs... c'est
paragouvernemental, donc tous les ministères devraient être mis à contribution.
Si on parle de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, bien entendu, on souhaiterait
qu'au niveau municipal il y ait des dispositions plus...
Mme Balthazar (Luce) : …bien,
c'est parce que les engagements au niveau des aires protégées, ce n'est pas
juste le ministère de l'Environnement, il y a plusieurs… c'est paragouvernemental,
donc tous les ministères devront être mis à contribution. Si on parle de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, bien entendu, on souhaiterait qu'au niveau
municipal il y ait des dispositions plus rigoureuses, plus strictes pour la
protection, ça devrait être inclus, entre autres, dans les plans d'aménagement.
Ça fait qu'il y a plusieurs lois, on peut penser à la loi, aussi, sur la
protection des milieux humides et hydriques. Alors, il y a plusieurs lois qui
sont concernées, plusieurs ministères, donc, par l'atteinte de l'objectif, pas
seulement le ministère de l'Environnement, et c'est un peu ce qu'on souligne,
qu'il y ait… Il y a un côté transversal, c'est comme les engagements pour la
lutte au réchauffement climatique, puis ça devrait être… les mécanismes
devraient être facilités.
Souvent, je dois dire, là, ce qui retarde
souvent la création d'aires protégées, c'est des discussions
interministérielles parce qu'ils ne s'entendent pas toujours très bien sur… les
compromis sont difficiles entre les différents ministères, ça fait qu'on veut
également faciliter les prises de décision menant à la création d'une aire
protégée.
Mme Grondin : Merci. Une autre
question, à la page 4, vous… et là je trouve ça intéressant, notamment,
Mme Balthazar, si vous me clarifiez les choses. Vous nous suggérez ici d'avoir
un langage cohérent et uniforme. À l'article 5 du projet de loi qui touche
l'article 7 de la loi actuelle, le projet de loi propose de remplacer la
notion «protection de la biodiversité», «protection de conservation de la
nature», «mesures de conservation» versus «mesures de protection». Je suis un
peu mélangée dans ces définitions-là, en fait, surtout quand je regarde, par
exemple, la définition de l'UICN où là, on parle vraiment de conservation de la
nature, puis c'est bien défini. Donc, j'aimerais ça mieux comprendre ce que
vous souhaitez.
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
d'abord, c'est parce qu'on change de vocabulaire, ça devrait toujours être le
même — vous m'entendez, c'est moi qui parle, oui? La notion de
biodiversité, c'est vraiment… la notion devrait être claire puisque c'est une
convention mondiale sur la biodiversité, puis c'est ça qu'on vise à protéger,
la nature, c'est trop flou. Si on parle «conservation», en général, ce qu'on
peut voir quand on dit le mot «conservation», ça inclut des aires
protégées et des autres mesures de conservations efficaces. Ça peut aussi
inclure ce qu'on appelle les aires protégées autochtones, là, aires de
protection et de conservation autochtones. Ça fait que ça a une notion plus
large. Mais l'objet de cette loi-là, c'est les aires protégées et les autres
mesures de conservation. Je pense que «conservation» ou «protection» est
pertinent, un ou l'autre sont pertinent dans le contexte de cette loi-là, mais
quand on regarde l'ensemble des dispositions puis la protection de la
biodiversité, on peut parler de conservation. Mais l'expression «biodiversité»
doit être clairement au coeur... c'est la notion essentielle, c'est ce que…
Mme Balthazar (Luce) :
...«conservation» ou «protection» est pertinent, un ou l'autre sont pertinents
dans le contexte de cette loi-là, mais quand on regarde l'ensemble des
dispositions puis la protection de la biodiversité, on peut parler de
conservation. Mais l'expression «biodiversité» doit être clairement au coeur...
c'est la notion essentielle, c'est ce que visent toutes les aires protégées et
tout ce que contient ce projet de loi là.
Mme Grondin : Merci,
Mme Balthazar. Peut-être... Est-ce qu'il me reste encore un peu de temps?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, 3 min 45 s.
Mme Grondin :
3 min 45 s. Toi aussi, tu as d'autres questions, mais j'en ai
une dernière. Dans vos recommandations, vous parlez du rôle essentiel des municipalités.
Vous faites un lien notamment avec leur capacité de réglementer ou de mettre en
place des statuts de protection. Est-ce que vous voyez d'autres types d'outils
ou d'activités que les municipalités pourraient porter?
Le Président (M. Ciccone) : À
vous la parole, Mme Balthazar.
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
je céderais ma parole à Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : Bien,
c'est sûr qu'ils peuvent s'assurer aussi de supporter les autres organismes de
conservation, bien, la protection des réserves naturelles en milieux privés... (Interruption)
amenés à faire, de jouer un rôle important dans tout qu'est-ce qui est sensibilisation
ou protection dans l'aménagement du territoire et... l'identification des sites
prioritaires de protection... (Interruption)...
Mme Grondin : Malheureusement,
on ne vous entend pas bien. Est-ce qu'il y a d'autres organismes, qui sont
venus nous parler, qui proposaient, genre, des compensations au niveau des
taxes? Est-ce que... C'est ce que vous avez dit, hein? Parfait.
Mme Paris (Andréanne) :
...désolée.
Mme Grondin : Parfait. Merci beaucoup.
Merci, c'était un plaisir. Je ne sais pas s'il nous reste assez de temps pour
une petite...
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, bien, il reste deux minutes. Je vais céder la parole au député de Bourget.
M. Campeau : Une autre
question... J'apprécie ce que vous avez dit sur la ventilation nord-sud,
l'importance des consultations. Ce n'est pas juste pour voir si le monde est
d'accord, c'est en même temps pour donner une lumière, que les gens en
entendent beaucoup parler, des aires protégées. C'est une occasion d'en parler
de façon très ouverte. Mais un peu à partir de ça, j'aimerais vous donner
l'occasion d'en parler un peu plus, de votre position par rapport à Anticosti.
Mme Balthazar (Luce) : En
relation avec la ventilation nord-sud...
M. Campeau : Bien, oui, si
vous voulez, oui...
Mme Balthazar (Luce) : ...ou
le territoire?
M. Campeau : Mais de façon
générale, c'est une place où on a beaucoup d'attention, puis c'est une occasion
de parler d'aires protégées d'une façon intéressée et intéressante pour le
public.
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
je peux dire — vous m'entendez, oui? Bon — qu'Anticosti est
un secteur intéressant à plusieurs égards. Je ne suis pas certaine, il faudrait
bien étudier un projet, si ça pourrait être complètement inclus dans une aire
protégée, ça demanderait beaucoup de changements sur des activités qui se
pratiquent sur l'île...
Mme Balthazar (Luce) : ...je
peux dire — vous m'entendez, oui? Bon — qu'Anticosti est un
secteur intéressant à plusieurs égards. Je ne suis pas certaine, il faudrait
bien étudier un projet, si ça pourrait être complètement inclus dans une aire
protégée, ça demanderait beaucoup de changements sur des activités qui se
pratiquent sur l'île. Mais il y a une partie certainement plus grande que qu'est-ce
qu'il y a présentement qui pourrait être reconnue comme aire protégée.
Au-delà de ça, il y a beaucoup d'autres
très bonnes raisons de faire des zones protégées. Il y a... Ça ne sert pas
juste à maintenir une diversité, il peut y avoir d'autres types d'aires
protégées, culturelles, pour la beauté du paysage, pour l'intérêt historique,
et j'en passe. Mais ce n'est pas nécessairement ce type d'aire protégée là, ils
ne vont pas tous dans... elles ne sont pas toutes pertinentes à cibler dans le pourcentage...
30 %, là, qu'on a à l'horizon, là, d'ici 2030. Il faut comprendre qu'il y
a plusieurs possibilités de territoires naturels à conserver, mais que ceux qui
font l'objet d'un pourcentage, comme dans cette loi-là, c'est pour la
biodiversité d'abord. Mais pour la culture, le tourisme, le sport, le paysage...
il y a beaucoup d'autres bonnes raisons.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Balthazar. Merci beaucoup, M. le député. Bien, je cède maintenant
la parole au député de Viau pour une durée de 11 minutes.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Donc, merci à vous deux, donc, pour cette présentation. Donc, je
salue en même temps les collègues membres de cette commission. Ma première question,
c'est sur l'enjeu de l'aire protégée d'utilisation durable. Vous n'êtes pas le
premier groupe à soulever quelques questions relatives à la définition, aux
balises, à l'encadrement ou au besoin de mieux encadrer, mieux préciser cette
définition-là. Vous semblez... j'ai l'impression que vous êtes un peu en
désaccord sur la possibilité qu'on ait des activités industrielles sur des
aires protégées d'utilisation durable. Alors, la question : Si d'aventure
ce type d'activité... ce type d'aire permettrait l'activité industrielle, y
a-t-il des activités qui seraient, selon vous, complètement inadmissibles? Si
oui, lesquelles?
Mme Balthazar (Luce) : C'est
une grande question que vous posez, là, il y a beaucoup de choses qui
pourraient être... si on regarde l'activité forestière, qui seraient complètement
inadmissibles. Bon, évidemment, on parle des grandes superficies de coupe.
• (10 h 30) •
Et puis c'est... À l'origine, l'aire
protégée, c'était pour avoir des territoires où il n'y a pas d'activité industrielle.
Là, on cherche à réintégrer ça, puis c'est... Pour nous, là, le message est
clair, là, pour l'instant, on n'accepte aucune activité industrielle. Par
contre, on est très... on serait très heureux de contribuer à mieux définir, peut-être,
ce type d'aire protégée là et réviser aussi certains... les autres mesures de
conservation efficaces. Mais à l'origine, c'est pour ça qu'on s'est dotés d'objectifs,
c'est des territoires exemptés de l'activité industrielle. Je vous dirais que,
si les activités industrielles étaient vraiment durables partout, on n'en
aurait pas besoin, d'aires protégées, ça serait... C'est... un des critères de
l'aménagement forestier, de l'aménagement durable du territoire et des
ressources, c'est qu'on soit...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Balthazar (Luce) : ...à
l'origine, c'est pour ça qu'on s'est doté d'objectifs, c'est des territoires
exemptés de l'activité industrielle. Je vous dirais que, si les activités
industrielles étaient vraiment durables partout, on n'en aurait pas besoin,
d'aires protégées, ça serait... C'est un des critères de l'aménagement
forestier... de l'aménagement durable du territoire et des ressources, c'est
qu'on soit capable d'avoir un pourcentage de territoires intacts, mais nos
activités industrielles ne le permettent pas. Alors, il faut avoir cette
portion-là. Peut-être qu'un jour on n'en aura plus besoin, d'exclure les
activités industrielles, mais, pour l'instant, c'est encore nécessaire. Et,
comme j'ai dit un peu plus tôt, là, je ne commencerai pas à dire... On ne peut
pas... C'est très normé, les activités industrielles, ça fait qu'on ne peut pas
comme ça, sur un bout de table, dire c'est quoi qui est acceptable ou non, là.
Ça demande une étude approfondie.
Il faut aussi savoir que, si je parle de
la forêt, il n'y a même pas d'évaluation environnementale d'ensemble, hein, sur
les activités forestières ou minières. Il y en a quand c'est un projet local,
mais pas sur l'ensemble des dispositions. Alors, ça rend encore plus difficile
de juger ce qui est acceptable ou non...
M. Benjamin : Plusieurs
groupes avant vous ont partagé avec nous quelques craintes notamment sur les
enjeux de protection au niveau du nord et au niveau du sud. Il y a une crainte
qu'on puisse mettre beaucoup d'emphase sur le nord et un peu négliger le sud. Est-ce
que ce sont des craintes que vous partagez?
Mme Balthazar (Luce) :
Mme Paris?
Mme Paris (Andréanne) : Oui. Tout
à fait, c'est toujours... L'objectif finalement de la protection de la
biodiversité, c'est d'avoir une protection représentative de la biodiversité.
On sait que, dans le sud, moi, je suis directrice... en Montérégie, on a 2 %
uniquement de territoire public, donc c'est très difficile d'aller chercher des
grandes superficies d'aires protégées parce qu'on a beaucoup de territoire en
milieu privé. Et il y a un défi de ce côté-là, mais il faut être capable de
trouver les outils pour répondre à ce défi-là et d'avoir une représentativité
parce qu'on a une biodiversité qui est très riche aussi... qui mérite d'être
protégé au même titre que la biodiversité dans le nord. Donc... finalement nos
cibles de conservation puis nos registres avec le nord-sud, ça nous permet de
faire un suivi adéquat des objectifs qui sont atteints autant au nord qu'au
sud.
M. Benjamin : J'aime bien,
dans votre mémoire, à la page 7, lorsque vous dites qu'il faut protéger les
territoires en fonction de la biodiversité que ceci présente. Et en lien à ça,
est-ce que vous avez eu le temps, ou la chance, ou l'occasion de réfléchir,
entre autres, par exemple sur des critères seuil qui devaient être mis en place
afin d'assurer la protection d'une biodiversité, une protection adéquate de la
biodiversité?
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
c'est déjà un exercice qu'a fait le ministère de l'Environnement, ce qu'on
appelle les analyses de carence. Or, on a ce qu'il faut, hein, pour prendre les
décisions éclairées. Il y a les analyses de carence qui se font au
gouvernement. C'est pas mal terminé, je pense, sur l'ensemble du territoire
québécois. Or, si on regarde ces cartes-là, on sait très bien là où il y a des
besoins plus importants de protection. J'ai...
Mme Balthazar (Luce) : ...ce
qu'on appelle les analyses de carence. Or, on a ce qu'il faut, hein, pour
prendre des décisions éclairées. Il y a les analyses de carence qui se font au gouvernement.
C'est pas mal terminé, je pense, sur l'ensemble du territoire québécois. Or, si
on regarde ces cartes-là, on sait très bien, là, où il y a des besoins plus
importants de protection. J'ai participé moi, beaucoup, intimement à un de ces
processus-là, et j'ai pu constater la grande rigueur, la grande qualité de ce
travail-là. Donc, on sait quoi protéger.
Quand on parle de carence, c'est qu'on vit
ce qui est le... la biodiversité qu'on veut protéger que, si on ne le fait pas,
ça va disparaître à tout jamais. Il y a des écosystèmes qui n'existent qu'ici.
Donc, ça met l'emphase sur qu'est-ce qui est absolument nécessaire à protéger,
sinon ça va disparaître. Et c'est fait pas mal partout au Québec. Puis en
regardant ce travail-là, déjà, on va avoir c'est quoi la... ce qui est
important au nord, au sud ou entre les deux, à protéger. Ça fait que le travail
est fait et il y a des gens extrêmement compétents au ministère de
l'Environnement qui travaillent là-dessus. On a qu'à regarder ces cartes-là et
on sait quoi faire, là, pour protéger la biodiversité naturelle du Québec.
M. Benjamin : Et sur l'enjeu,
vous avez amené un enjeu important, je crois aussi, donc, et j'aimerais
peut-être vous entendre un peu, sur toute la question du statut temporaire.
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
je vais poursuivre. Bien, j'ai été très heureuse d'entendre le ministre qui
disait qu'il y aurait une forme de moratoire, c'est ce qu'on demande. Parce
que, ce qu'il y a présentement, c'est que, quand il n'y a pas... quand on
identifie un secteur intéressant, il y a beaucoup de droits qui sont accordés
sur le territoire public. On parle beaucoup de droits miniers qui se
superposent, même. On parle... les terres publiques, là, c'est environ 2,5 plus
de droits et de statuts qu'il n'y a de superficie, c'est-à-dire, chaque mètre
carré a 2,5 m² de droits et de statuts. Donc, c'est très difficile faire
une aire protégée quand il faut négocier tous ces droits-là. Il est donc très
important d'avoir un statut moratoire pour que tous les travaux industriels sur
cette section-là soient arrêtés, et surtout, qu'on n'accorde pas de nouveaux droits
en attendant.
Mais le ministre a dit qu'il y aurait une
forme de moratoire, c'est ce qu'on demande, peu importe le nom. Entre l'instant
où on a identifié un secteur d'intérêt et la création comme telle, il faut
suspendre les activités industrielles et éviter l'émission de nouveaux droits
gaziers, pétroliers, miniers, forestiers.
M. Benjamin : Vous n'êtes pas
le premier groupe à nous demander, à demander, dans le cadre de cette consultation
particulière, qu'on confirme ou qu'on reconfirme le rôle du BAPE. Est-ce que
c'est parce que vous avez remarqué que... dans ce projet de loi actuel, est-ce
que vous êtes inquiet par rapport au rôle confié... au rôle du BAPE?
Mme Balthazar (Luce) :
Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : Oui.
Bien, c'est ça. Mais on a changé, en fait. Dans l'ancienne loi, c'était le BAPE
de facto qui était demandé pour la désignation des aires protégées. Cette
mesure-là a été suspendue pour des consultations, puis là je... le terme pas
tout à fait exact, mais...
Le Président (M. Ciccone) :
Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : Oui.
Bien, c'est ça. Mais on a changé, en fait. Dans l'ancienne loi, c'est que le
BAPE, de facto, qui était demandé pour la désignation des aires protégées,
cette mesure-là a été suspendue pour des consultations, puis là je... peut-être
le terme pas tout à fait exact, mais publiques de toutes formes, mais le BAPE
est le véhicule vraiment important pour attirer l'acceptabilité sociale. Puis
je reviens à l'exemple des aires protégées en paysages humanisés. On demande
aux citoyens de s'impliquer activement dans ces aires protégées... de paysages
humanisés là et vraiment s'assurer d'une acceptabilité sociale importante, et
le BAPE n'est pas l'élément qui est limitant dans le temps pour la réalisation
d'un projet d'aire protégée, ce n'est pas lui qui va ralentir le processus,
c'est une étape essentielle pour s'assurer qu'on va tous dans la même direction
et qu'on va avoir une mise en oeuvre aussi qui va être efficace et durable à
long terme.
M. Benjamin : Merci. Certains
groupes ont avancé des problèmes de transmission d'information pour bien
connaître la biodiversité spécifique de certains territoires. Est-ce que vous
avez le même son de cloche? Si oui... Ou y a-t-il, à votre avis, des mesures à
mettre en place pour améliorer l'information?
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
le BAPE est quand même un organisme très compétent pour transmettre l'information,
d'une part, mais l'information existe au ministère de l'Environnement. L'information
pour identifier c'est quoi qui est pertinent au niveau de la biodiversité,
c'est dans les analyses de carence. Alors, je ne sais pas où il y a un
problème. Moi, je n'ai pas eu ce problème-là dans les différentes expériences
que j'ai eues puis sur qu'est-ce qui était intéressant de la biodiversité.
Mais, si vous parlez d'information qui vient peut-être d'autres ministères en
lien avec ces aires protégées là... C'est ce que vous voulez dire, peut-être?
M. Benjamin : Oui.
Mme Balthazar (Luce) : Parce
que, là, c'est vrai qu'il y a un secteur un peu opaque. Il y a des discussions
entre les ministères puis il y a beaucoup d'éléments qui nous échappent. Bien
entendu, c'est des conversations privées entre ministères, mais souvent il y a
des... ça fait obstacle à la création d'aires protégées, et c'est très
difficile pour nous de savoir pourquoi exactement il y a mésentente. Souvent,
on va parler du ministère des Ressources naturelles et des Forêts versus le
ministère de l'Environnement.
M. Benjamin : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Une minute, M. le député.
M. Benjamin : Écoutez,
j'aurais aimé rapidement vous parler de paysages humanisés. Vous semblez
demander un plus grand engagement gouvernemental. Sur le plan financier,
l'engagement du gouvernement du Québec?
Mme Paris (Andréanne) : ...le
plan financier? Oui, sur le plan financier, mais aussi sur le plan de
l'expertise. Il y a des paysages humanisés qui mériteraient peut-être d'être
mis de l'avant, mais une petite municipalité, par exemple, de 500 habitants,
même s'il y a des richesses dans cet endroit-là, n'aura pas les ressources
humaines non plus et financières pour mener à terme un tel projet. Donc, on
croit qu'il doit y avoir un accompagnement, une expertise, une coélaboration
avec les ministères de ces projets-là puis vraiment un accompagnement plus
ferme avec l'ensemble des ministères qui pourraient être mis à...
Mme Paris (Andréanne) : ...même
s'il y a des richesses dans cet endroit-là, on n'aura pas les ressources
humaines non plus, et financières, pour mener à terme un tel projet. Donc, on
croit qu'il doit y avoir un accompagnement, une expertise, une coélaboration
avec les ministères de ces projets-là puis vraiment un accompagnement plus
ferme avec l'ensemble des ministères qui pourraient être mis à contribution,
là, autant l'Agriculture, Forêts, Ressources naturelles. Donc, on pense que
ça... permettrait de pérenniser puis d'assurer la concrétisation de...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. C'est ce qui met fin... l'échange avec l'opposition officielle.
Maintenant, la députée de Mercier, vous avez 2 min 45 s. À vous
la parole.
Mme Ghazal : Oui. Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. Donc, j'ai 2 min 45 s,
ça va aller vite. Écoutez, pour le projet de loi qu'on est en train d'étudier
en ce moment, là, bien, qu'on fait des consultations pour créer plus d'aires
protégées, terrestres, maritimes, aujourd'hui, pendant qu'on est ici, le
ministre de la Forêt, Faune et Parcs vient de dire qu'il n'a pas l'intention
d'écouter les scientifiques qui demandent à ce qu'il y ait une imposition de
moratoire sur l'augmentation du trafic maritime au Saguenay. Donc, j'aimerais
savoir, qu'est-ce que ça vous dit, ça, par rapport à l'intention du
gouvernement, d'un côté, oui, de créer plus d'aires protégées, mais lorsque ça
nuit au développement économique, bien, on décide de ne pas écouter ce que les
scientifiques nous disent si on veut augmenter les aires protégées?
• (10 h 40) •
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
je dirais que ce n'est pas nouveau, c'est au coeur souvent des problèmes. Mais
si on parle justement de trafic maritime... D'où mon grand étonnement quand
j'ai lu dans le projet de loi qu'on interdirait le transport des hydrocarbures,
parce que ce n'était pas dans l'ancienne loi, le transport, nommément le
transport d'hydrocarbures. Et je me suis tout de suite posé la question des
développements. Quand on parle d'aire marine protégée, ça inclut également le
Saguenay, hein, donc, et puis c'est une voie maritime, forcément, là... là, on
a ça... il y a des cartes qu'on a vues, puis je ne pensais pas voir ça de mon
vivant, ces cartes-là, tellement ça fait longtemps qu'on attend.
Oui, la question qu'on se pose, comment le
ministère de l'Environnement peur dire, dans sa loi : On veut interdire le
transport d'hydrocarbures... et de l'autre, bien, on sait très bien qu'il y a
des développements importants du côté, surtout, du côté du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, du Saguenay. Et puis ça montre nos inquiétudes quand
on parle d'aire protégée d'utilisation durable, comment c'est laborieux, les
discussions entre les ministères économiques et celui du... ministère de
l'Environnement. D'où nos grandes réticences à intégrer des activités
industrielles dans des projets d'aire protégée.
Mme Ghazal : Hum-hum. Puis c'est
ce que vous dites, dans le fond, beaucoup de groupes aussi nous ont dit :
Il y a beaucoup d'éléments qui sont flous, de définitions qui manquent, donc
rendons-les plus spécifiques.
Une question aussi pour le BAPE. Vous avez
souvent dit : Ce n'est pas le BAPE qui fait que la création d'aires
protégées sont retardées. Donc, il y a d'autres raisons. C'est quoi, les
raisons qui font que ça prend autant de temps pour avoir des aires protégées,
si vous pouviez le dire, parce qu'on a l'impression que... Le ministre, en
l'enlevant, c'est comme si c'était le BAPE qui était un bâton dans les roues
pour la création d'aires protégées. Puis vous dites que non, il y a d'autres
choses. Ça serait quoi?
Le Président (M. Ciccone) :
En 10 secondes, Mme Blathazar.
Mme Ghazal : En 10 secondes.
Mme Balthazar (Luce) : Le BAPE
avait six mois pour faire... rendre son rapport, faire son...
Mme Ghazal : …ça prend autant
de temps pour avoir des aires protégées, si vous pouviez le dire, parce qu'on a
l'impression que c'est… le ministre, en l'enlevant, c'est comme si c'était le
BAPE qui était un bâton dans les roues pour la création d'aires protégées, puis
vous dites que non, il y a d'autres choses. Ça serait quoi?
Le Président (M. Ciccone) :
En 10 secondes, Mme Balthazar.
Mme Ghazal : En
10 secondes.
Mme Balthazar (Luce) : Le BAPE
avait six mois pour faire… rendre son rapport, faire son travail, donc ce n'est
pas ça. Quand on attend des années, c'est avant le BAPE, parce qu'on ne donne
pas de mandat.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme Balthazar, merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole
au député des Îles-de-la-Madeleine. À vous la parole pour
2 min 45 s également.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Alors, très, très rapidement, mais je vous remercie, Mme Balthazar
et Paris, je vois que vous avez une douzaine de recommandations, puis c'est un
peu le mot de la fin pour vous. J'aimerais savoir, si vous deviez choisir une,
deux ou trois recommandations, là, qui sont absolument essentielles pour vous,
pour résumer votre propos, quelles seraient-elles?
Mme Balthazar (Luce) : Je peux
en dire une, puis Mme Paris complétera, c'est effectivement, à la fin, d'avoir
un 30 % d'aires protégées. On a bien compris que cette loi-là visait le
30 % et non pas le 17 %, là. Néanmoins, 30 %, axé
prioritairement, clairement sur la protection de la biodiversité, en excluant
toute activité industrielle, donc, sera une ligne directrice de l'UICN pour les
aires protégées et les autres mesures de conservation efficace. Mme Paris,
autre chose?
Mme Paris (Andréanne) : Bien,
je pense que oui, l'arrimage avec l'UICN est très, très important, puis la
clarification des définitions aussi d'aires protégées, dans le projet de loi,
va permettre aussi de s'assurer que l'atteinte de nos objectifs répond bien,
finalement, à la protection de la biodiversité.
M. Arseneau : Merci. Et
maintenant, dans le deuxième volet, vous aviez des questionnements. Est-ce
que... Bon, parfois, les questionnements se transforment en craintes ou en
appréhensions. Encore une fois, je vous demande le même exercice, si vous
pouvez vous y prêter. S'il y en a une que vous devez choisir et mettre de
l'avant, quelle serait-elle?
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
j'ai déjà parlé de transport maritime, mais je vais parler plutôt des
territoires à l'étude présentement. Alors, il y a beaucoup de territoires à
l'étude qui attendent un statut, depuis 2012, 2013, 2014, et puis qui ne sont
pas protégés présentement, mais il y a un grand exercice de consultation qui a
été fait dans les régions. Donc, de les mettre en réserve ou en moratoire et de
procéder pour en faire des aires protégées.
M. Arseneau : Ah! je pensais
que Mme Paris allait en rajouter.
Le Président (M. Ciccone) :
Mme Paris.
Mme Paris (Andréanne) : Oui.
Moi, j'irais aussi avec, si j'ai du temps, sur la protection des territoires nordiques
puis le statut de conservation qu'on va leur apporter. Je pense, c'est
important aussi de clarifier...
Le Président (M. Ciccone) :
...M. le député.
M. Arseneau : Ah! ce sera tout
pour moi. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Il reste 24 secondes. Voulez-vous rajouter
quelque chose, Mme Balthazar, Mme Paris?
Mme Balthazar (Luce) : Bien,
dire, effectivement, qu'on est contents d'entendre, là, qu'il y aura un
moratoire et qu'on serait très heureux de collaborer avec le ministre pour
mieux définir les types d'aires protégées.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup, Mme Paris, Mme Balthazar. Merci beaucoup pour
votre contribution aux travaux de cette commission.
Je suspends les travaux quelques...
Mme Balthazar (Luce) : ...dire effectivement
qu'on est contents d'entendre, là, qu'il y aura un moratoire et qu'on est
très... on serait très heureux de collaborer avec le ministre pour mieux
définir les types d'aires protégées.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup, Mme Paris, Mme Balthazar. Merci beaucoup pour
votre contribution aux travaux de cette commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux représentants de la Société pour la nature et les parcs
du Canada, section Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
(Reprise à 10 h 49)
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, on va commencer. On va prendre immédiatement, on va sauver du temps.
• (10 h 50) •
Alors, je souhaite maintenant la bienvenue
aux représentants de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole
est maintenant à vous.
(Visioconférence)
M. Branchaud (Alain) : Oui.
Bonjour, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Nous sommes,
tous les deux, représentants de la SNAP Québec. Je suis Alain Branchaud,
biologiste et directeur général, et j'accompagne Alice de Swarte,
coordonnatrice en conservation et analyse politique, celle qui a piloté avec brio
la production de notre mémoire.
La Société pour la nature et les parcs, la
SNAP-Québec, est un organisme dédié à la création d'un réseau d'aires protégées
en terre publique. Fondée en 2001, la SNAP-Québec peut mettre à profit un
réseau canadien actif depuis 1963 et une centaine d'experts spécialisés dans le
domaine des aires protégées. La SNAP-Québec tient à souligner la lenteur
aberrante du processus de création des aires protégées, et ce, peu importe le gouvernement
en place. Cette lenteur nous empêche de faire face aux crises liées de la
biodiversité et des changements climatiques, deux crises qui menacent les
fondements mêmes de notre existence.
À l'exemple du fax encore utilisé aujourd'hui
dans le système de santé, le ministère de l'Environnement opère parfois avec
des outils inefficaces, des moyens limités et n'a pas de réel rapport de force
au sein de l'appareil gouvernemental. La SNAP-Québec accueille favorablement le
projet de loi et les objectifs énoncés par le gouvernement, soit d'accélérer le
processus de création des aires protégées, d'élargir l'éventail des outils de
protection des milieux naturels et d'inculquer davantage les citoyens dans la
création et la gestion des aires protégées. Pour atteindre ces objectifs,
le projet de loi devra toutefois régler le problème des blocages dans la
création d'aires protégées, inscrire l'ensemble des outils de protection en
conformité avec les lignes directrices de l'Union internationale de
conservation de la nature, UICN, et reconnaître le leadership autochtone dans
la conservation du territoire et offrir un outil légal approprié pour la mise
en place d'aires protégées et de conservation autochtone. En s'offrant un outil
de protection des milieux naturels qui soit moderne et efficace et qui met de
l'avant les solutions nature, le gouvernement du Québec se donnera les moyens…
M. Branchaud (Alain) : ...le
leadership autochtone dans la conservation du territoire, et offrir un outil
légal approprié pour la mise en place d'aires protégées et de conservation
autochtones. En s'offrant un outil de protection des milieux naturels qui soit
moderne et efficace et qui mette de l'avant les solutions nature, le gouvernement
du Québec se donnera les moyens de lutter contre ces crises et d'offrir à ses
citoyens des espaces de connexion nature et des opportunités de diversifier les
économies de toutes les régions.
Plusieurs de nos recommandations appellent
le gouvernement du Québec à s'aligner sans ambiguïté avec les lignes
directrices de l'UICN. Il est vrai que l'UICN n'est pas la voix de Dieu, l'UICN
est la voix de la science, elle est aux aires protégées ce que le GIEC est au
dossier des changements climatiques. Voici donc quelques-unes de nos 26
recommandations.
Recommandation un. Accompagner la loi
d'une politique d'encadrement avant l'élaboration des règlements. Une fois le
projet de loi adopté, le gouvernement s'engagera dans l'élaboration de
règlements et la mise en oeuvre de la loi. Une politique d'encadrement est
nécessaire pour assurer que les outils réglementaires respectent l'intention du
texte de loi et que leur mise en oeuvre en soit guidée.
Recommandation quatre. Doter le ministre
de l'Environnement d'un pouvoir de mise en réserve de territoires à des fins de
conservation dûment inscrit dans la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel. L'un des objectifs du projet de loi est de raccourcir les délais de
mise en place d'une aire protégée. À cet égard, le projet de loi propose
l'abolition du statut d'aire protégée projetée et la possibilité d'alléger le
processus de consultation publique. Or, la principale source de délais se situe
bien en amont, dans la nécessaire recherche de consensus entre les ministères.
Au nom de l'efficacité gouvernementale, le ministre de l'Environnement doit
disposer d'une réelle capacité pour faire contrepoids à cette étape cruciale.
Alors que les autres ministères se réservent de larges territoires avec leur
potentiel forestier et énergétique, leurs claims miniers ou leurs permis
gaziers et pétroliers, il faut donner au ministre de l'Environnement la
possibilité d'en faire autant avec des potentiels de biodiversité, des
potentiels écotouristiques, des claims nature et des permis de rêver à un monde
meilleur et plus vert.
Recommandation cinq. Assurer le caractère
permanent des aires protégées afin de maintenir leur reconnaissance
internationale. Avec l'article 41 du projet de loi, le gouvernement du Québec
se dote de pouvoirs extraordinaires qui menacent le caractère permanent des
aires protégées désignées en vertu de la LCPN. Ceci pourrait compromettre la
reconnaissance de nos aires protégées et leur comptabilisation tant au niveau
canadien qu'à l'international. En tant qu'hôte du secrétariat de la Convention
sur la diversité biologique, le Québec ne peut se permettre de risquer un tel
désaveu. Afin de conserver les plus hauts standards en matière de protection du
territoire et protéger la reconnaissance internationale de notre réseau d'aires
protégées, nous faisons la recommandation de modifier l'article 42 de façon à
satisfaire les critères de reconnaissance internationaux.
Sur ce, je cède la parole à ma collègue,
Alice de Swarte.
Mme de Swarte (Alice) :
Merci, Alain. Pour poursuivre, on voudrait vous parler...
M. Branchaud (Alain) :
...protection du territoire et protéger la reconnaissance internationale de
notre réseau d'aires protégées, nous faisons la recommandation de modifier l'article 42
de façon à satisfaire les critères de reconnaissance internationaux. Sur ce, je
cède la parole à ma collègue Alice de Swarte.
Mme de Swarte (Alice) :
Merci, Alain. Donc, pour poursuivre, on voudrait vous parler des nouveaux
outils de protection qui sont prévus dans le projet de loi n° 46,
donc, notamment, l'aire protégée d'utilisation durable, les autres mesures de
conservation efficaces et les territoires de conservation nordiques. Pour la
SNAP‑Québec, c'est très important que l'ensemble de ces outils respectent les
lignes directrices de l'UICN comme s'y est d'ailleurs engagé le gouvernement.
Or, actuellement, on considère que le projet de loi manque un peu de clarté à
cet effet.
Donc, pour l'aire protégée d'utilisation
durable, on recommande d'adopter la définition de l'UICN sur l'aire protégée
d'utilisation durable, donc qui correspond à la catégorie 6, et de
spécifier les activités interdites au sein de ces aires comme c'est mentionné
pour les autres catégories d'aires protégées. On souligne que l'UICN est claire
quant à l'interdiction d'activités industrielles, y compris forestières, au
sein des aires protégées d'utilisation durable, et donc on s'attendrait à voir
cette interdiction spécifiée dans le projet de loi.
On souligne également que l'UICN mentionne
que l'aménagement durable des forêts n'est pas une contribution à l'atteinte
des cibles d'aires protégées, mais c'est une contribution à une autre cible qui
est la cible de gestion durable des ressources naturelles.
Donc, on vous propose, on recommande de
finalement créer un nouveau statut, dans la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel, visant à reconnaître les territoires qui seraient exploités
et gérés de façon exemplaire, et donc qui contribueraient à cette cible
internationale sur la gestion durable des ressources naturelles. On mentionne
également qu'une lettre a été adressée récemment au premier ministre du Québec
par l'UICN pour lui faire des recommandations similaires. Et donc, on estime,
M. le Président, qu'il pourrait être très utile pour les travaux de la
commission que cette lettre-là soit rendue publique.
Je poursuivrais avec les territoires de
conservation nordiques. Donc, c'est un outil qui vise à mettre en oeuvre les
engagements pris, dans le cadre du Plan Nord, de conserver 50 % du
territoire à l'abri du développement industriel, donc, territoire au nord du
49e parallèle.
La SNAP est vraiment inquiète par rapport
à la proposition qui est faite actuellement dans le projet de loi. En effet, on
a participé, pendant de longues années, aux travaux visant à l'élaboration de
ce mécanisme. Pour nous, il y a un risque de recul qui est vraiment inquiétant
et qui menace le positionnement très avantageux du Québec, sur la scène
internationale, au niveau de son leadership pour la conservation. Le fait que,
dans le projet de loi n° 46, il n'y ait aucune
définition ou balise concernant cet outil qui, ultimement, affectera un tiers
du territoire du Québec, pour nous, encore une fois, c'est vraiment inquiétant.
Donc, nous recommandons d'inscrire, dans
le projet de loi, l'engagement de mettre 50 % du territoire du Plan Nord à
l'abri des activités industrielles, donc, en association à la mention des
territoires de conservation nordiques.
De plus, nous recommandons que les
territoires de conservation nordiques soient enchâssés, soient balisés par les
autres mesures de conservation efficaces. Donc, on ne rentrera pas dans le
détail de...
Mme de Swarte (Alice) : ...l'engagement
de mettre 50 % du territoire du Plan Nord à l'abri des activités
industrielles, donc en association à la mention des territoires de conservation
nordique.
De plus, nous recommandons que les territoires
de conservation nordique soient enchâsses, soient balisés par les autres
mesures de conservation efficaces. On ne rentrera pas dans le détail de cet
outil-là, mais c'est un autre ajout qui est proposé dans le cadre du projet de
loi n° 46, auquel nous sommes favorables. C'est un outil qui est défini à
l'international, qui est reconnu et qui permettrait d'assurer que les
territoires de conservation nordique puissent être comptabilisés dans
l'atteinte des cibles post-2020.
Et, pour finir, j'aimerais vous parler
des aires de conservation autochtones. Comme l'a mentionné Alain, on ne veut
pas manquer cette opportunité de souligner le leadership des Premières Nations
et des Inuit en matière de conservation du territoire. SNAP-Québec, on
travaille depuis des années sur de nombreux projets de protection, menés par
les Premières Nations et les Inuit. On pense que le projet de loi n° 46
doit absolument offrir un outil et une reconnaissance pour ces efforts-là.
Les recommandations qu'on formule dans
notre mémoire ont été discutées en collaboration avec plusieurs de nos
partenaires autochtones, dont le groupe Uapashkuss, le conseil de bande
d'Uashat-Maliotenam et l'Institut de développement durable des premières
nations du Québec et du Labrador. Cependant, cela ne constitue pas un point de
vue autochtone sur la question. Donc, notre mémoire inclut également un
sommaire du mémoire du groupe Uapashkuss qui, malheureusement, ne pourra pas
participer à ces consultations mais qui travaille pour la mise en place et la
reconnaissance de sites naturels sacrés au Québec, un projet qu'on vous invite
vraiment à regarder de plus près. Et puis ce qu'on soulignait, dans le fond,
c'est que le lien, le rôle et la responsabilité des Premières Nations et des
Inuit avec le territoire est déjà largement reconnu à l'international que ça
soit par la convention sur la biodiversité biologique, la déclaration des
peuples autochtones des Nations unies. Donc, il y a des définitions qui
existent sur les aires protégées autochtones, des lignes directrices sur les
sites naturels sacrés, on invite le gouvernement du Québec à s'en inspirer…
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme de Swarte (Alice) : Oui,
pour ajouter une catégorie d'aire protégée autochtone.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme de Swarte et M. Branchaud pour votre
exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
vous avez toujours 16 min 30 s.
M. Charette : Merci, M. le Président.
Vous deux, un réel plaisir de vous retrouver ce matin, et c'est toujours,
d'ailleurs, un plaisir de vous entendre sur ces enjeux importants, d'ailleurs,
vous remercier, là, pour tous les bons conseils que vous nous offrez sur une
base régulière, il y a un petit peu de vous dans le projet de loi n° 46,
donc merci pour cette collaboration.
• (11 heures) •
Plusieurs, et vous également, avez fait
référence à l'UICN, comme quoi ce n'est pas la main de Dieu, mais c'est
l'équivalent pour la biodiversité à ce que le GIEC peut être pour les
changements climatiques, je le conçois aisément, c'est effectivement l'instance
qui doit être notre référence. Vous insistiez, comme d'autres l'ont fait, pour
dire : Ça doit être en respect avec l'UICN, ça doit être mentionné et
réitéré dans le projet de loi…
11 h (version non révisée)
M. Charette : …pour les changements
climatiques, je le conçois aisément, c'est effectivement l'instance qui doit
être notre référence. Vous insistiez, comme d'autres l'ont fait, pour
dire : Ça doit être en respect avec l'UICN, ça doit être mentionné,
réitéré dans le projet de loi. Peut-être m'aider au niveau de ma compréhension,
moi, cette précision-là, je la vois noir sur blanc à l'article 2 du projet de
loi, je ne sais pas si vous l'avez sous la main, sinon, je vous lis, à, sans
problème. Donc, l'article 2 de cette loi est remplacé les suivants : Pour l'application
de la présente loi, on entend par «aire protégée», une aire protégée au sens où
l'entend l'Union internationale pour la conservation de la nature, ci-après
dénommée UICN, dans les lignes directrices pour l'application des catégories de
gestion aux aires protégées.
Donc, je comprends l'inquiétude. Je pense
qu'à travers cet article-là on est très clairs pour mentionner que notre base
de référence, c'est l'UICN, et que l'article 2 vient donner une couleur à
l'ensemble du projet de loi. Il est vrai que l'on ne précise pas, par exemple, les
exclusions, les inclusions de tel type de catégorie autrement dans le projet de
loi. Mais à partir du moment où cette précision-là est donnée, à partir du
moment où c'est un des premiers articles du projet de loi qui vient réellement
donner toute sa couleur au projet de loi, je me questionne : Comment
pourrions-nous, de façon encore plus précise, faire référence à l'UICN comme
étant notre instance de référence?
M. Branchaud (Alain) : Oui,
c'est une très bonne question, M. le ministre. D'abord, comme vous le savez,
pour rester dans la thématique, le diable est dans les détails, et donc ce
serait important que chacune des catégories d'aire protégée, on retrouve la
définition qui est prévue par l'UICN dans le projet de loi. Vous donnez un
exemple où il y a une possible dérive de l'intention gouvernementale de
vraiment respecter les lignes directrices de l'UICN dans le dossier des APUD,
donc les aires protégées d'utilisation durable.
Lorsqu'on regarde une ligne directrice de
l'UICN, il est clair que toute forme d'activité industrielle est interdite dans
les six catégories reconnues par l'UICN. Donc, dans les discussions préalables,
les différences audiences qu'il y a eu… qui ont précédé l'annonce, on a invoqué
la possibilité qu'il y ait de la foresterie, donc à l'intérieur de ce type
d'aire protégée. Donc, ce serait bien de préciser et d'adopter vraiment les
règles qui interdisent les activités industrielles à l'intérieur donc des six
catégories d'aire protégée.
Notre suggestion donc de créer une
nouvelle cible, qui est en lien avec la cible 11 des objectifs d'Aichi,
permettrait justement de reconnaître tout l'effort qui est fait pour faire en
sorte qu'on puisse gérer nos forêts d'une façon exemplaire et de ne pas
mélanger ce qui est une aire protégée des autres formes de gestion du
territoire…
M. Branchaud (Alain) : ...de
créer une nouvelle cible qui est en lien avec la cible 11 des objectifs de...
permettrait justement de reconnaître tout l'effort qui est fait pour faire en
sorte qu'on puisse gérer nos forêts d'une façon exemplaire et ne pas mélanger
ce qu'est une aire protégée des autres formes de gestion du territoire qui sont
professionnellement adéquates et reconnues internationalement.
M. Charette : Et l'exemple qui
me vient en tête lorsqu'il est question d'utilisation durable de la forêt,
c'est sans doute les intentions qu'on a confirmées pour ce qui est de l'île
d'Anticosti. On veut, à travers ça, non seulement avoir une île qui soit
protégée compte tenu de sa très, très grande valeur au niveau de la
biodiversité, mais on veut et on souhaiterait qu'elle soit également reconnue
par l'UNESCO, d'ailleurs il y a des travaux qui se font en ce sens-là. Mais sur
l'île, malgré tout ces critères-là, il pourrait y avoir une foresterie, alors
on s'entend, pas intensive, on est en train de délimiter les territoires, là,
où cette activité-là pourrait s'appliquer. Mais ça n'est pas contraire à ce
que, par exemple, l'UNESCO demande, l'UICN semble se retrouver dans ce type de
foresterie là.
Donc, quand, selon vous, une foresterie
devient trop intensive ou industrielle au point de la disqualifier pour être en
territoire protégé?
M. Branchaud (Alain) : On a
donné, dans notre mémoire, quelques exemples d'utilisation des forêts qui sont
des exemples reconnus à l'international, d'utilisation adéquate, pour être
considérés à l'intérieur d'une aire protégée. Dans le dossier d'Anticosti
spécifiquement, il y a peut-être une mauvaise rumeur à l'effet qu'on doit
absolument protéger toute l'île pour avoir la reconnaissance de l'UNESCO, ce
qui est faux. Donc, nous, on n'est pas contre le fait qu'il y ait de la
foresterie sur Anticosti. On s'oppose au fait qu'on fasse de la foresterie à
l'intérieur d'un secteur qui soit reconnu comme aire protégée.
Alors, ce sont de bonnes discussions qui
peuvent avoir lieu sur Anticosti, de voir comment on peut zoner les différents
secteurs et les différentes formes de protection ou de gestion exemplaire de la
forêt, mais ce serait dangereux, ce serait ouvrir une boîte de Pandore que
d'introduire, à l'intérieur d'un statut d'aire protégée reconnu, la possibilité
de faire de la foresterie industrielle.
M. Charette : Mais, encore là,
ma question est la suivante, je me répète peut-être, là, mais à partir de quel
moment on parle d'une foresterie qui serait industrielle et à partir de quel
moment cette foresterie-là pourrait être convenable? Et oublions l'exemple
d'Anticosti, c'est peut-être moi qui ai faussé un petit peu la piste, mais quel
type de foresterie pourrait être acceptable dans une aire protégée d'utilisation
durable?
M. Branchaud (Alain) : On
donne des exemples…
M. Charette : ...cette
foresterie-là pourrait être convenable. Et oublions l'exemple d'Anticosti,
c'est peut-être moi qui aie faussé un petit peu la piste, mais quel type de
foresterie pourrait être acceptable dans une aire protégée d'utilisation
durable?
M. Branchaud (Alain) : Il y a
deux... On donne des exemples, donc, dans notre mémoire, et il y a deux exemples
que je peux souligner de façon générique. Si le prélèvement du bois se fait
d'une façon locale et pour les bénéfices d'une communauté, et qu'il n'y a pas
d'exportation de ce bois-là, et avec une machinerie qui ne détruit pas l'environnement
et qui est compatible avec les objectifs de conservation, c'est une foresterie
qui est adéquate. Si l'utilisation de la foresterie où des coupes permettent
vraiment de conserver des éléments de biodiversité devient un élément essentiel
au maintien des cibles de conservation, alors là, oui, c'est une foresterie qui
peut être utilisée dans le cadre d'une aire protégée. Mais ça se fait d'une
façon non intensive, donc d'une façon extensive, et, encore une fois, dans
notre mémoire, on cible... on identifie différents exemples à l'international
où ces pratiques-là ont été reconnues comme acceptables à l'intérieur, donc,
des aires protégées.
M. Charette : Merci, c'est
gentil. J'ai des collègues qui souhaitent intervenir. Je vais tout simplement y
aller d'une question très, très brève avant de leur laisser la parole. J'ai eu
aussi l'occasion de mentionner que les cibles de 17 % et de 10 %,
donc terrestre et marin, devraient idéalement être atteintes avec les
catégories plus strictes qui sont déjà en vigueur. Est-ce que, pour vous, c'est
un signal qui est encourageant? Est-ce que c'est la voie à suivre? Et, en vous
posant la question, je veux surtout insister pour dire qu'on ne veut pas
adopter le projet de loi n° 46 pour atteindre un
petit peu à la va-vite nos objectifs, on veut réellement y aller avec les
catégories existantes. Et ce projet de loi là nous invite davantage à aborder
la décennie 2020‑2030, en quelque sorte.
M. Branchaud (Alain) : Oui, et
on vous félicite pour cet engagement répété d'atteindre les objectifs d'ici la
fin de l'année. Ça nous... Encore une fois, on est favorables à l'introduction
des nouveaux outils dans le projet de loi pour faire en sorte qu'on puisse
atteindre les objectifs qui seront identifiés à l'international, donc
vraisemblablement 30 % d'ici 2030. Donc, oui, on salue votre détermination
à atteindre les objectifs pour la fin de l'année.
M. Charette : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Bourget,
et je vous rappelle qu'il vous reste exactement sept minutes.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Bonjour à vous deux. J'ai aimé ce que vous avez dit quand vous parlez d'une
lenteur aberrante. On peut le prendre de toutes sortes de façons, mais, de
toute façon, ça n'a pas été assez vite. Vous l'avez relié aux changements
climatiques, mais de nos jours, on relie la biodiversité aussi, et on parle de
pandémie. Et je pense que ceci va contribuer, je l'ai...
M. Campeau : ...parlez d'une
lenteur aberrante. On peut le prendre de toutes sortes de façons, mais, de
toute façon, ça n'a pas été assez vite. Vous l'avez relié aux changements
climatiques, mais de nos jours, on relie la biodiversité aussi, et on parle de
pandémie. Et je pense que ceci va contribuer, je l'ai déjà dit, la semaine
passée, à donner de la visibilité aux aires protégées. Alors, s'il y a eu une
lenteur aberrante qui ressemble aux fax, comme vous avez décrit, je le
trouve... une belle image, on peut parler aussi de la ténacité du SNAP à parler
d'aires protégées et ne pas se tanner de le faire.
J'aimerais vous entendre un petit peu plus
au sujet de l'aire de conservation autochtone. Quand un groupe de citoyens
décide de dire : On veut en faire plus, c'est sûr qu'il faut les écouter par
rapport à ça. Alors, pourriez-vous nous en dire un plus là-dessus, pourquoi
vous insistez particulièrement là-dessus, s'il vous plaît?
• (11 h 10) •
Mme de Swarte (Alice) : Bien,
merci pour cette question. Comme on l'a mentionné, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, je pense que c'est vraiment important de rappeler que notre... on
n'exprime pas un point de vue autochtone, mais vraiment on encourage le gouvernement
à entamer un dialogue approprié avec les nations autochtones et les communautés
autochtones pour justement qu'elles puissent exprimer l'importance de la
protection du territoire et la diversité des visions et des approches qui
peuvent être utilisées par les groupes autochtones pour ce faire.
Nous, ce qu'on souligne surtout, dans le
rapport, c'est ce qui existe déjà, ce qui est déjà documenté à l'international.
Donc, comme je mentionnais, le lien unique qui existe entre les nations autochtones
et les autochtones et le territoire, mais aussi souvent la notion qui est
amenée, c'est le rôle et la responsabilité de prendre soin des terres et des
eaux ancestrales. Donc, pour nous, c'est sûr que ça prend un outil qui est
adapté et, encore une fois, qui va permettre d'embrasser la diversité des
visions et des approches et, vraiment, on vous encourage, finalement, à avoir
cette discussion-là avec les nations et les groupes autochtones, donc, qui
souhaitent travailler pour la mise en place d'aires protégées et de
conservation autochtones.
M. Campeau : Je comprends,
mais ça veut quand même dire, j'imagine, les mêmes règles UICN seraient
appliquées et que simplement... que la mécanique, qui s'occuperait du suivi
serait, à ce moment-là, un groupe de citoyen, dans ce cas-ci, un groupe autochtone.
C'est ce que je comprends.
Mme de Swarte (Alice) : Il y
a effectivement des lignes directrices qui existent déjà à l'international,
donc, toujours de l'UICN, concernant les sites naturels sacrés, il y a des
balises qui existent et évidemment qu'on encourage, autant les nations autochtones
que le gouvernement du Québec à adopter, dans leurs discussions et à mettre en
oeuvre, donc, pour la création de nouvelles zones protégées au Québec.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député. Et je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil.
Il vous reste 3 min 40 s.
Mme Grondin : ...bonjour, M.
Branchaud, Mme de Swarte...
Mme de Swarte
(Alice) : ...adopter dans leurs discussions et à mettre en oeuvre,
donc, pour la création de nouvelles zones protégées au Québec.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Et je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil. Il
vous reste 3 min 40 s.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Branchaud, Mme de Swarte. Heureuse de vous
voir. Petite question. En fait, j'aimerais que vous m'expliquiez davantage, je
ne suis pas sûre de comprendre tous les tenants et aboutissants, votre recommandation
23 qui porte sur la Loi sur l'expropriation : «Identifier un mécanisme de
compensation...», non ce n'est pas celle-là. En fait, c'est la recommandation
24 : «Réviser la Loi sur l'expropriation tel que demandé par les élus de
la CMM afin de permettre l'acquisition des terrains d'intérêt par les pouvoirs
locaux». Est-ce que vous identifiez des enjeux importants dans ce sens? Vous...
Ici, ce que je peux comprendre, en fait, c'est... vous pensez que ça devient un
élément qui empêche le milieu municipal de se porter garant?
M. Branchaud (Alain) : Un des
objectifs qui est visé par le projet de loi, c'est d'impliquer davantage les
citoyens et leurs représentants par extension. Et c'est une recommandation
qu'on... on fait écho à cette recommandation qui vient davantage des groupes
qui travaillent en intendance privée, ils travaillent étroitement avec les municipalités.
En ce moment, il y a plusieurs municipalités
au Québec qui veulent protéger des milieux naturels. On l'a vu avec la crise de
la COVID, il y a un besoin de créer, d'avoir des milieux naturels protégés de
proximité qui sont reconnus. Et les municipalités qui sont avant-gardistes et
qui vont de l'avant avec leur intention de vouloir protéger ce milieu-là,
d'empêcher leur destruction se font poursuivre par des promoteurs, et c'est
parfois des poursuites, là, qui sont complètement déraisonnables des
compensations qui frisent les 50, 100 millions.
Alors, ce qu'on souhaite, c'est que le gouvernement
révise les critères en regard de l'expropriation pour outiller davantage les municipalités
pour permettre justement d'avoir cette vision-là de protection du territoire dans
le sud du Québec.
Mme Grondin : Merci. Il reste
encore...
Le Président (M. Ciccone) :
1 min 10 s.
Mme Grondin : Une minute.
Donc, rapidement... Oui. Rapidement, dans le fond, vous n'avez pas
mentionné : Est-ce que vous êtes satisfaits de toute la section des
sanctions, donc, les pouvoirs qui sont donnés d'enquête, la hausse des amendes?
M. Branchaud (Alain) : Oui.
Bien, on peut dire que c'est une section sur laquelle on s'est peu penchés pour
être très honnête. Donc, on... nous, on a été très emballés par l'introduction
de nouveaux outils de protection des milieux naturels, on s'est moins...
Mme Grondin : ...de la hausse
des amendes.
M. Branchaud (Alain) : Oui.
Bien, on peut dire que c'est une section sur laquelle on s'est peu penché pour
être très honnête. Donc, on... Nous, on a été très emballés par l'introduction
de nouveaux outils de protection des milieux naturels, on s'est moins penchés
sur l'aspect des sanctions. Encore une fois, on souhaite que ces nouveaux
outils soient le plus... le mieux balisés possible pour qu'on soit plus dans un
esprit de construire un réseau d'aires protégées plutôt que d'être dans une
dynamique d'amendes et de sanctions...
Mme Grondin : Merci, monsieur.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Nous sommes maintenant rendus à l'opposition
officielle pour 11 minutes avec le député de Viau. À vous la parole, M. le
député.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, M. Branchaud, Mme de Swarte, merci beaucoup pour
votre présentation. Donc, je dois avant tout commencer par saluer la qualité de
votre mémoire, mémoire bien étoffé sur différents aspects, donc, qui me
semblent importants dans l'étude... dans ces consultations particulières qui
seront sûrement aussi très importantes lorsque viendra le temps de faire
l'étude détaillée de ce projet de loi. Donc, d'or et déjà, donc, je tiens à
vous remercier.
J'ai une demande, en fait, qui ne s'adresse
peut-être pas à vous, mais peut-être au ministre puisque c'est en lien avec la
présentation de Mme Swarte tout à l'heure. Vous avez souligné qu'il y a
une lettre de l'UICN qui a été envoyée. Donc, je ne sais pas si, M. le ministre,
donc, vous serez notre porte-parole afin de rendre publique cette lettre
puisque je pense que c'est d'intérêt public maintenant, puisqu'en commission,
donc, on en a parlé. Donc, j'aimerais que les membres de cette commission, c'est-à-dire
puissent prendre connaissance de cette lettre et des recommandations qui ont
été faites à votre gouvernement.
Donc, pour ce qui est des questions, mes
premières questions concernent vos recommandations 14 et 15. Et je parle
des recommandations 14 et 15, mais j'aurais pu parler d'autres recommandations
aussi. Vous semblez... Je semble voir une forme... une inquiétude pour ce qui
est à la définition d'«aire protégée d'utilisation durable». Est-ce que c'est
bien le cas? Est-ce que je...
Mme de Swarte (Alice) : Oui,
tout à fait. Bien, pour ce qui est des recommandations 14 et 15, ça
concerne plus spécifiquement les territoires de conservation nordiques, mais
l'inquiétude est un peu similaire à celle qu'on peut avoir pour l'aire protégée
d'utilisation durable. On pense que ces outils-là ont le potentiel vraiment de
nous aider à être beaucoup plus efficaces dans la protection de notre
patrimoine naturel dans la prochaine décennie parce qu'elles permettent d'avoir
une approche plus diversifiée et plus adaptée aux enjeux régionaux, et à
permettre également d'avoir une gouvernance plus inclusive. Donc, encore une
fois, on est favorables à l'ajout de ces outils-là, mais on pense qu'il est
très important de les baliser.
Et, si je peux me permettre de reprendre
la question de M. le ministre un peu plus tôt sur qu'est-ce qu'on peut faire
pour être... pour aller plus loin que ce qu'il y a dans l'article 42,
vraiment, on pense que rajouter minimalement des définitions associées aux
outils qu'on propose, donc que ce soit les aires protégées d'utilisation
durable...
Mme de Swarte (Alice) : …de
les baliser. Et, si je peux me permettre de reprendre la question de M. le
ministre un peu plus tôt sur qu'est-ce qu'on peut faire pour aller plus loin
que ce qu'il y a dans l'article 42, vraiment, on pense que rajouter
minimalement des définitions associées aux outils qu'on propose, donc que ce
soit les aires protégées d'utilisation durable ou les territoires de
conservation nordiques, comme d'ailleurs les autres mesures de conservation
efficaces, les définir et minimalement inscrire également les activités qui
devraient être interdites dans ces territoires-là, comme c'est le cas actuellement
pour les autres outils qu'on avait déjà dans la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel. Ça permettrait aussi un équilibre finalement dans la loi,
un bon dosage de l'information, si j'ose dire, sur tous les outils qu'on
propose.
M. Benjamin : Je comprends
dans vos recommandations et dans les échanges qu'il y a eu… qui ont eu lieu tout
à l'heure avec le ministre, vous semblez clairement nous dire qu'aucune activité
industrielle ne serait admissible, confirmez-moi, c'est bien ça?
Mme de Swarte (Alice) : Oui, tout
à fait, puis c'est vraiment… c'est ce que nous dit l'Union internationale de la
conservation de la nature, c'est l'engagement qui a été pris par les
gouvernements successifs, donc en lien avec le Plan Nord, que ce serait donc
les territoires de conservation nordiques, des zones à l'abri des activités
industrielles. C'est déjà enchâssé dans la Loi sur la Société du Plan Nord,
donc, nous, on s'attend au respect de cet engagement-là.
Et je me permets de ramener une de nos propositions
qu'on pense vraiment constructives, c'est d'aller reconnaître les zones dans
lesquelles il y a des activités industrielles, mais dans lesquelles les
intervenants, les compagnies, les communautés locales font vraiment des efforts
pour contribuer positivement à la conservation de la nature, d'aller
reconnaître ces territoires-là, de les promouvoir.
Et on pourrait même imaginer que le gouvernement
du Québec se dote d'une cible chiffrée, par exemple, comme on le fait pour les
aires protégées, de donner une cible d'ici 2030, par exemple. Vous devez
attendre un certain pourcentage, par exemple, de forêts certifiées ou d'un
seuil minimum de perturbation dans l'habitat du caribou, etc. Donc, il y a
plein de choses qu'on peut faire. Nous, on est très favorables au fait de
souligner, de reconnaître ces initiatives-là, mais pas au sein des aires
protégées ou des autres mesures de conservation efficaces. Et, à nouveau, les
lignes directrices de l'UICN sont claires à cet effet.
M. Benjamin : Merci. Plusieurs
des recommandations, évidemment, abordent les enjeux, et je les comprends d'ailleurs,
de conservation nordique ou, du moins, en lien avec tout ce qui doit être fait
au Nord. Mais plusieurs groupes, d'autres groupes sont venus nous mentionner, entre
autres, l'enjeu de la protection du Sud et du Nord. Quelle est votre réflexion?
Où est-ce que vous en êtes là-dessus, à ce niveau-là, sur ces enjeux-là?
• (11 h 20) •
Mme de Swarte (Alice) :
Vas-y. Alors, on ne peut pas se donner de coup de coude, alors je laisse la
parole à Alain.
M. Branchaud (Alain) : C'est
une très bonne question. En ce moment, pour l'atteinte des objectifs de
conservation de 17 %, est associé un respect aussi d'une certaine forme de
représentativité des différents écosystèmes, et ce n'est pas seulement un
chiffre donc quantitatif, c'est aussi un aspect qualitatif. Et, en ce moment,
au Québec, on est…
M. Branchaud (Alain) : ... En
ce moment, pour l'atteinte des objectifs de conservation de 17 %, est
associé un respect aussi d'une certaine forme de représentativité des
différents écosystèmes, et ce n'est pas seulement un chiffre, donc quantitatif,
c'est aussi un aspect qualitatif. Et, en ce moment, au Québec, on est à
5 % au sud du 49e parallèle, on a vraiment un retard au niveau de la
protection de ce territoire-là. On comprend que les enjeux sont plus importants,
les conflits d'usage sont plus importants dans le sud du Québec, et c'est pour
ça aussi qu'on salue l'introduction d'un nouveau statut, et dans le projet de
loi n° 46. Alors, en ce moment, à court terme, il y a
des projets sur la table au Québec qui nous permettraient de doubler la
quantité d'aires protégées au sud du Québec, de passer de 5 % à 10 %.
Un exemple très, très précis de ça : les sept territoires qui sont en ce
moment promus par les communautés régionales dans le Bas-Saint-Laurent, dont
les monts Chic-Chocs, ce sont des territoires qui sont bloqués par la présence
de permis pétroliers. Et, pour rebondir sur votre question et réaffirmer une
des suggestions qu'on fait, donc, de doter le ministre d'un réel pouvoir pour
pouvoir faire contrepoids au niveau des consultations interministérielles, qui
sont nécessaires, on souhaite que le projet de loi, donc, dote le ministre de
la capacité de mettre en réserve dans la loi ces territoires-là et donc
d'opposer à ces permis pétroliers des permis de biodiversité, des potentiels de
biodiversité pour faire accélérer le processus et faire en sorte qu'on ne soit
pas dans la situation, là, où tout le monde veut protéger les monts Chic-Chocs,
mais ça n'arrive pas.
M. Benjamin : Vous avez une
approche sur l'aire de conservation... de protection et de conservation
autochtone que j'aime bien. Donc, c'est une aire... c'est une approche très
respectueuse, et je dois le souligner. Mais je vais faire appel ici dans ma
question à l'expertise de SNAP-Québec. Sans vouloir vous substituer aux
communautés autochtones, aux premières nations, j'aimerais savoir : Est-ce
que vous avez déjà réfléchi sur des aires, sur des portions du territoire, sur
des coins que vous pensez que ce serait intéressant de... qu'il y ait au moins
une réflexion, comme zones, comme aires de protection et de conservation
autochtones?
Mme de Swarte (Alice) : Bien,
merci pour cette question très intéressante. En fait, on peut souligner le fait
qu'il y a déjà de nombreux projets en cours, et il y a même déjà des aires
protégées qu'on pourrait déjà qualifier d'aires protégées autochtones. On peut
penser sans doute aux parcs Nunavik, qui donc ont été développés et mis en
place, qui sont gérés en partenariat avec les Inuits au Nunavik. On peut peut-être
mentionner, donc, dans les projets sur lesquels, nous, on est directement
impliqués : il y a un projet de protection du Pipmuacan donc, qui est mené
par le Conseil des Innus de Pessamit; il y a la reconnaissance de sites
naturels sacrés, donc le Chemin des Innus Pakatakan par le groupe Uapashkuss;
on travaille également avec la première nation d'Ekuanitshit pour la protection
de la rivière Magpie...
Mme de Swarte (Alice) : ... il
y a un projet de protection du Pipmuacan, qui est mené par les Innus de Betsiamites.
Il y a la reconnaissance de sites naturels sacrés, donc le chemin naturel des
Innus à ... par le groupe Uapashkuss. On travaille également avec la Première
Nation ... pour la protection de la rivière ... et également avec la Nation
Naskapi Kawawachikamach pour la protection d'un vaste territoire, donc, dans la
région de Ekuanitshit, puis ce n'est évidemment pas une liste exhaustive. C'est
les projets sur lesquels, nous, on travaille.
Donc, après, je... Pour répondre à un des
aspects de votre question, c'est que souvent, nous, ce qu'on entend, c'est
que... C'est sûr, l'approche va être différente. Il y a une vision peut-être
qui est beaucoup plus holistique du territoire, de la nature. Souvent, nous,
dans ce qu'on voit dans nos collaborations, donc ce n'est pas juste protéger la
nature, c'est protéger un garde-manger, une pharmacie. Donc, je pense, ça nous
ramène aussi à revisiter nos visions de la nature et on pense que c'est très
enrichissant, y compris pour les non autochtones, de pouvoir se nourrir de ces
initiatives-là.
M. Benjamin : Merci beaucoup. Écoutez,
ma dernière question, vous avez au moins trois recommandations. Je ne sais pas
si c'est vous, Mme de Swarte ou M. Branchaud, qui pourrez y répondre, qui
concerne les réserves marines, les espèces marines. J'aimerais vous entendre
sur cet enjeu-là qui me semble très important, il y a au moins trois
recommandations qui les touchent.
M. Branchaud (Alain) : Oui,
merci pour votre question. Une des recommandations qu'on fait, c'est de vraiment
permettre, à l'intérieur des réserves marines, un zonage qui permette d'y faire
un gradient de mesures de protection à l'intérieur de cette grande aire marine
protégée qui serait créée. On le voit déjà avec le projet qui a été mis sur la
table il y a une semaine, là, d'une grande aire protégée dans l'estuaire, qui a
différents zonages. Dans certains cas, on peut avoir des zones qui sont extrêmement
importantes pour les espèces menacées ou vulnérables. Donc, faire en sorte que
la loi fasse référence de ces zones-là et augmenter les niveaux de protection au
niveau des espèces menacées ou vulnérables. Ça va aider aussi à la collaboration
avec le gouvernement fédéral au niveau des espèces en péril, qui sont désignées
en péril.
Et donc, si on résume nos recommandations,
c'est vraiment de faire en sorte d'outiller davantage le gouvernement dans la
mise en place et la gestion des aires marines protégées en se dotant d'Outils.
Or, ailleurs, dans d'autres lois, c'est exactement comme ça qu'on fonctionne,
donc la possibilité de zoner, à l'intérieur des aires marines protégées,
différents gradients. On le fait déjà à l'intérieur de nos parcs nationaux au Québec,
cette approche-là. Donc, c'est un peu mimer cette approche-là qu'on souhaite
voir explicitement inscrite dans le projet de loi.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Mercier,
pour une période... pour un temps de 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre présentation très, très éclairante, des
bonnes recommandations.
Moi, je vais vous poser la question sur la
première recommandation, où vous parlez que c'est important qu'il y ait une
politique d'encadrement. Pourquoi est-ce que c'est important? C'est quoi la
valeur ajoutée d'avoir cette politique d'encadrement pour les aires protégées?
Et ça serait quoi le risque de... si le gouvernement ne...
Mme Ghazal : ...très, très
éclairant, des bonnes recommandations.
Moi, je vais vous poser la question sur la
première recommandation où vous parlez que c'est important qu'il y ait une
politique d'encadrement. Pourquoi est-ce que c'est important? C'est quoi la
valeur ajoutée d'avoir cette politique d'encadrement pour les aires protégées?
Et ça serait quoi le risque de... si le gouvernement ne se dotait pas d'une
politique comme celle-là.
M. Branchaud (Alain) : Oui. Merci
pour votre question. On croit vraiment qu'en ce moment on ne peut pas mettre
dans le projet de loi ou dans la loi toutes les précisions, les définitions des
éléments. On a entendu beaucoup de bonnes volontés et de belles intentions de
la part du gouvernement et dans le projet de loi pour atteindre des objectifs
précis. Toutefois, tous les aspects réglementaires ne sont pas encore précisés
et on veut s'assurer qu'avant qu'on élabore les documents, qu'on ait un
document officiel qui vienne encadrer, expliciter, mettre officiellement
l'intention du gouvernement et faire en sorte que la mise en oeuvre de la loi
et des règlements soit guidée par une vision du gouvernement vers l'atteinte
des objectifs. Donc, si on n'a pas ça, on risque de se retrouver avec des règlements
qui vont porter à dérive. Et, comme on l'a dit tantôt, le diable est dans les
détails, plus on va être précis, plus on va camper l'intention du gouvernement,
qui est une bonne intention. On va réussir à atteindre nos objectifs.
Mme Ghazal : Puis aussi, dans
votre mémoire, il y a un moment où j'ai l'impression que vous parlez... puis
vous en avez un petit peu parlé tantôt, pour les permis pétroliers qui viennent
en concurrence avec le fait d'avoir une aire protégée. Puis il y a comme une
compétition entre ce que le ministre de l'Environnement veut faire et les
autres ministères. Puis ça fait partie peut-être des blocages qui peuvent
exister dans le processus de création d'aires protégées. Est-ce qu'il y a
d'autres exemples de blocages? Vous dites très clairement que ce n'est pas le
BAPE qui... ce n'est pas le BAPE qui fait qu'il y a des blocages, au contraire,
il faut maintenir son rôle, l'autre groupe précédent l'a dit. Est-ce que vous
avez des exemples de blocages pour la création d'aires protégées?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
des exemples précis, on peut penser à la rivière ... qui, en ce moment, fait
consensus au niveau de la région de la Côte-Nord, mais il y a un potentiel
énergétique, donc, lire entre parenthèses Hydro-Québec, qui empêche d'aller de
l'avant avec ce beau projet là qui pourrait aider au développement économique
de la région. Mais c'est un exemple. Il y a plusieurs dossiers d'aires
protégées au Québec de zones candidates qui sont bloquées par des potentiels au
niveau forestier...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, M. Branchaud, en terminant.
M. Branchaud (Alain) : Oui.
Donc, c'est pour ça qu'il faut donner un pouvoir au ministre de faire
contrepoids à l'intérieur de l'appareil gouvernemental.
Mme Ghazal : Merci...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole au député des Îles-de-la-Madeleine
pour également un temps de 2 min 45 s.
• (11 h 30) •
M. Arseneau : Merci beaucoup.
J'aimerais avoir deux heures devant moi pour discuter avec vous des différents
aspects de votre mémoire, mais je vais y aller de façon ciblée et très, très
précise sur le cas des Îles-de-la-Madeleine, vous ne serez peut-être pas
surpris. Mais en lien avec votre mémoire, vous mentionnez quelque part,
M. Branchaud, qu'il faut que les citoyens soient partie prenante à la
définition...
11 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : …des différents
aspects de votre mémoire, mais je vais y aller de façon ciblée et très, très
précise, sur le cas des Îles-de-la-Madeleine, vous ne serez peut-être pas
surpris. Mais en lien avec votre mémoire, vous mentionnez quelque part,
M. Branchaud, qu'il faut que les citoyens soient partie prenante à la
définition des réserves et des aires protégées. Vous avez participé aux audiences
du BAPE il y a deux ans, où on recommandait de mener une étude scientifique
parce qu'il était question d'élargir ou de modifier les limites de la réserve
écologique. Est-ce que le projet de loi, ici, là, change la donne pour les gens
des Îles-de-la-Madeleine qui sont préoccupés par cette question?
M. Branchaud (Alain) :
L'introduction du nouveau pouvoir à l'article 41 permettra éventuellement,
donc, au gouvernement d'avoir un peu plus de latitude pour ajuster certaines
aberrations dans la mise en place, la gestion de nos aires protégées. Nous, on
salue la possibilité d'avoir cette flexibilité-là, mais, par contre, et là il y
a vraiment un gros bémol, on fait des recommandations très précises pour
protéger le caractère permanent de nos aires protégées. Mais oui, dans le
projet de loi, il y a des possibilités de faire en sorte qu'on soit mieux
outillés pour adapter notre réseau d'aires protégées.
M. Arseneau : Exactement, je
voulais que vous précisiez, l'idée d'avoir des zones ou des aires permanentes, est-ce
que ça exclut la possibilité de modifier les contours de l'aire permanente?
M. Branchaud (Alain) : Non, ça
ne modifie pas la possibilité, mais il y a des critères de reconnaissance à
l'international qui sont importants de respecter. On a déjà, dans la loi sur
les parcs du Québec, une obligation de faire une audience publique si on veut
enlever un parc. Donc, on doit avoir des mécanismes similaires pour les aires
protégées, c'est essentiel. Autrement, on risque de voir notre réseau d'aires
protégées ne pas être reconnu, tant au niveau canadien qu'à l'international.
M. Arseneau : Et pour ce qui
est des aires marines, là encore, les deux dossiers dans ma circonscription
sont interreliés, dans la mesure où, depuis 16 ans, on parle d'une aire
marine protégée autour des Îles-de-la-Madeleine, mais l'expérience de la
réserve écologique de l'Île-Brion, dans l'esprit des gens, met un frein
important à l'idée même de discuter d'une aire marine. Encore une fois, c'est
un peu le même genre de question. Votre recommandation 18…
Le Président (M. Ciccone) :
…M. le député.
M. Arseneau : …peut-elle faire
modifier les choses?
M. Branchaud (Alain) : C'est
celle sur…
Le Président (M. Ciccone) :
10 secondes. 10 secondes.
M. Arseneau : Le 30 %,
comment on peut l'atteindre si on ne peut pas mettre la population dans le
coup?
M. Branchaud (Alain) : …la
SNAP-Québec a accompagné tous les intervenants des Îles-de-la-Madeleine pour
faire cheminer ce dossier-là. On va continuer à être un collaborateur et faire
en sorte qu'on trouve des solutions constructives.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Bravo, M. Branchaud, bravo! M. Branchaud, Mme de Swarte, merci
beaucoup pour… je vous remercie pour votre contribution pour les travaux de
cette commission. Je suspends les travaux quelques instants afin de permettre
aux représentants de Canards illimités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 33)
Le Président (M. Ciccone) :
...M. Branchaud, Mme de Swarte, merci beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution
pour les travaux de cette commission. Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux représentants de Canards illimités de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 33)
(Reprise à 11 h 37)
Le Président (M. Ciccone) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de
Canards illimités, M. Bernard Fillion et Me Bélanger. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter — je l'ai fait, mais refaites-le, s'il vous
plaît — et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant à
vous.
M. Filion (Bernard) : Bon,
bien, bonjour, tout le monde. Ça fait plaisir de vous rencontrer aujourd'hui
par visioconférence. Je suis en compagnie de Michel Bélanger, notre avocat qui
a plaidé dans la cause Simard c. Ville de Baie-Saint-Paul. C'était une demande
d'expropriation en réserve naturelle en milieu privé.
Quelques mots sur Canards illimités. 44
ans de conservation au Québec. En dollars d'aujourd'hui, 250 millions. Une
expertise en restauration, en acquisition. Mais aussi, depuis 10 ans, on pilote
un ambitieux programme de cartographie des milieux humides avec le ministère
des Loisirs, MELCC, le monde municipal, les organismes du milieu, les
organismes des OBV. C'est 800 000 $ par année, donc, l'acquisition de
connaissances.
À la lecture de notre mémoire, vous avez
constaté que nous soulevons un seul point, l'importance de protéger un acquis
en conservation, c'est la réserve naturelle en milieu privé. C'est un outil de
conservation unique qui a été développé au Québec au début des années 2000. De
quelques réserves, quatre en...
M. Filion (Bernard) :
...lecture de notre mémoire, vous avez constaté que nous soulevons un seul
point, l'importance de protéger un acquis en conservation, c'est la réserve
naturelle en milieu privé. C'est un outil de conservation unique qui a été développé
au Québec, au début des années 2000, de quelques réserves, quatre en 2004,
aujourd'hui 244, 23 527 hectares qui sont maintenant réserves
naturelles en milieu privé. Le principe de cet outil conservation là est très
simple, des propriétaires fonciers privés, des sociétés de conservation,
Canards illimités, conservation de la nature nous permet de protéger à
perpétuité des parcelles de terrain en y annonçant des activités permises et
prohibées. Des propriétaires qui acceptent librement sur une base volontaire de
conserver pour les générations futures tout en renonçant à des droits, c'est un
geste majeur qui mérite tout notre soutien.
• (11 h 40) •
Cependant, avec le temps, on considère que
les réserves naturelles en milieu privé vont subir et subissent déjà des
pressions de développement. On y voit un risque que des cadres municipaux
n'hésiteront pas à utiliser leur pouvoir d'expropriation afin de pouvoir
négocier des contraintes à la baisse pour réaliser des projets qui pourraient
aller à l'encontre des intentions de conservation qui a été utilisée par les
propriétaires pour instaurer la réserve naturelle.
Basés sur notre expérience récente, on
perçoit, chez Canards illimités, un risque qu'une brèche soit faite pouvant à
terme rendre caduc cet outil de conservation. N'oubliez pas, sa grande valeur
significative, c'est la perpétuité en conservation. D'où notre demande qu'une
réserve naturelle ne puisse pas être expropriée avec une intention évidente
d'en diminuer sa valeur de conservation et amener un développement non
souhaitable. Donc, avec moi, j'ai Me Bélanger, qui va prendre le relais,
qui va expliquer, faire son exposé sur les bases qu'il a utilisées pour faire
notre demande. À toi, Michel.
M. Bélanger (Michel) :
J'espère que ça ne coupera pas trop. L'expérience que j'ai ces derniers temps,
bien, je ne sais pas... coupe beaucoup... Au pire, vous pourrez m'appeler par
mon cellulaire, je ne sais pas, enfin, j'espère que ça va bien aller. ...on
apporte quelques questions... comme Bernard... entourant toujours la même
question des réserves naturelles, sauf peut-être un... d'introduire peut-être
certains considérants. Bon...
Le Président (M. Ciccone) :
...suspendre quelques instants. M. Bélanger, on va suspendre quelques
instants. On va essayer d'avoir une meilleure connexion. Sinon on pourrait le
faire par téléphone. Ça va bien?
Attendez quelques instants, je suspends,
on suspend.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
Le Président (M. Ciccone) :
…M. Bélanger, on va suspendre quelques instants. On va essayer d'avoir une
meilleure connexion, sinon on pourrait le faire par téléphone. Ça va bien?
Une voix
: …
Le Président (M. Ciccone) :
Attendez quelques instants. On suspend, on suspend.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
(Reprise à 11 h 44)
Le Président (M. Ciccone) :
On reprend nos travaux. Maintenant, nous étions à l'allocution de monsieur… Me
Bélanger. Alors, à vous la parole, M. Bélanger.
M. Bélanger (Michel) : Oui.
Donc, je vais résumer brièvement, quitte à prendre plus de questions tout à
l'heure. Donc, on a un, deux, trois, quatre, il y aurait quatre points que je
voudrais faire. Le premier plus général peut-être, c'est une recommandation
d'insérer quelques considérants dans la loi, c'est quand même une des
législations-cadres les plus importantes. Vous avez, il y a quelques années,
tout regroupé sous une seule loi, et ça pourrait être fort important.
Ces dispositions-là, normalement, servent
à interpréter les dispositions de la loi, il y en a… et je me suis inspiré de
celles qu'on retrouve, dans la loi sur les ressources hydriques, la loi sur
l'eau, qui fixaient, entre autres, des enjeux… des questions aussi importantes
que de fixer la ressource en eau comme étant un patrimoine de la nation
québécoise. Et c'est des mots intéressants, mais ça a une connotation
importante et ça peut être très utile pour des interprétations ultérieures.
D'ailleurs, j'introduis également le
concept d'obligation fiduciaire qui est un concept utilisé en droit dans les
autres provinces et également aux États-Unis, qui se prêterait particulièrement
bien aux réserves de toutes sortes, d'ailleurs, à toutes les aires protégées
pour lesquelles on souhaite une protection à perpétuité. On pourra… on aura
l'occasion…
M. Bélanger (Michel) :
...fiduciaire qui est un concept utilisé en droit dans les autres provinces et
également aux États-Unis qui se prêterait particulièrement bien aux réserves de
toutes sortes d'ailleurs, à toutes les aires protégées pour lesquelles on
souhaite une protection à perpétuité. On pourra, là... On aura l'occasion d'y
revenir, moi, je pense que ça aurait sa place. De toutes les lois que je
connaisse, c'est peut-être une de celles où on devrait retrouver un tel
concept.
Maintenant, le rôle des réserves
naturelles, Bernard l'a souligné, je voudrais juste peut-être insister sur un
aspect. Quand j'ai commencé à oeuvrer en environnement, dans les
années 90, j'ai fondé le Centre québécois du droit de l'environnement que
j'ai présidé durant des années, la question des fiducies foncières a été le
premier dossier sur lequel on a travaillé pour que le droit soit adapté et
donne les sécurités nécessaires au propriétaire afin, comme Bernard l'a dit,
que des gens qui ont généreusement l'intention de protéger à perpétuité leur terrain,
par voie de conséquences d'affecter la valeur immobilière de leur terrain de
leur vivant, parce que c'est sûr que, quand vous limitez ce que vous pouvez
faire sur votre terrain, la valeur du terrain pour la revente s'en trouve
affectée également parce que ça va suivre l'immeuble, ces gens-là souhaitaient
un mécanisme qui serait perpétuel.
La réserve naturelle qui est venue
plusieurs années après des demandes répétées que les groupes, dont le centre de
droit de l'environnement avait fait, a été la réserve naturelle. Donc, il faut
comprendre que dans tous les instruments que vous avez devant vous dans la loi,
les réserves naturelles sont... c'est un coup de pouce donné par l'État à une
initiative qui était déjà amorcée depuis plus de 30 ans au Québec,
initiative qui protège les habitats sans que ça ne coûte une cent au
gouvernement et pour laquelle le gouvernement rencontre, à chaque fois qu'une
réserve est créée, ses objectifs de conversation dans lesquels il s'est engagé.
Ça, c'est le premier point, je vais... Et
je dis toute cette introduction-là — je le sais, je n'ai pas beaucoup
de temps — pour faire ressortir l'importance de ce que je vais
ajouter comme... que je propose, que nous proposons comme amendement. Il
faudrait viser deux ajouts dans cette loi-là suite à des expériences vécues.
Sûrement que, si on avait eu 50 causes dans le domaine des réserves
naturelles, j'aurais 50 recommandations à vous faire, mais il y en a eu
deux dans les dernières années qui ont fait en sorte de fragiliser beaucoup
l'instrument.
C'est-à-dire, une cause, l'affaire Simard,
qui a impliqué Canards illimités, où la ville de Baie-Saint-Paul, après
35 ans de protection faite volontairement par un propriétaire, a décidé
d'exproprier pour faire une passerelle touristique. Bien sûr, on l'a gagné,
mais après deux ans d'âpres débats, d'importants coûts pour protéger. Or, il
aurait été très simple de mentionner qu'une réserve naturelle... lui donner
comme un bien de l'État, ce qui effectivement est particulier parce que c'est
quand même une protection privée, mais le fait que le gouvernement décide d'en
faire une réserve naturelle, ça devrait être un bien qui n'est pas expropriable
à moins d'autorisation préalable du gouvernement. Si on avait eu ça, le
gouvernement... Parce qu'ici ils ont refusé, le ministère de l'Environnement a
refusé quatre à cinq fois le projet de Baie-Saint-Paul, puis finalement ils
l'ont...
M. Bélanger (Michel) : ...d'en
faire une réserve naturelle, ça devrait être un bien qui n'est pas
expropriable, à moins de perdre l'autorisation préalable du gouvernement. Si on
avait eu ça, le gouvernement... Parce qu'ici ils ont refusé... le ministère de
l'Environnement a refusé quatre à cinq fois le projet de Baie-Saint-Paul, puis
finalement ils l'ont quand même exproprié, malgré tout, à terme. Donc, on
aurait sauvé vraiment... En autorité juridique, le ministère aurait simplement
répondu : Bien non, on ne vous l'autorise pas, tel qu'on vous l'a dit
quatre fois, antérieurement. Ça, c'est pour... Je vous donne la mécanique, je
suggère des éléments d'amendements, dont une modification soit à la loi que
vous adoptez en ce moment ou même, par ricochet, à la Loi sur les cités et
villes à ce propos-là. Le mémoire est assez clair là-dessus.
Prescriptions acquisitives. Un peu moins
familier, peut-être, pour ce qui est des Canards illimités. C'est un dossier
que j'ai eu dans un autre organisme qui s'appelle la Fondation québécoise pour
la protection du patrimoine naturel. Je résume brièvement les faits. La
fondation a acquis les berges sur une assez bonne distance, sur le bord de la
rivière Saint-François, si ma mémoire est bonne. Et des organismes comme ça,
qui ont quand même peu de moyens, ne peuvent pas nécessairement patrouiller,
s'inspecter, faire des vérifications, je veux dire, extensives, tout le temps.
Or, il s'est avéré qu'un des immeubles, parce que c'était quand même... je ne
me rappelle pas la distance, mais la fondation avait toute... une grosse partie
des rives à protéger. Il y avait un bâtiment qui empiétait, puis encore, je
veux dire, ce n'est pas évident de le savoir, il aurait fallu quasiment tirer
une borne d'arpentage tout le long pour le savoir et vérifier tous les jours,
mais une propriété empiétait dans la réserve, et donc ont essayé, tenté de
prescrire... La prestation, en droit, c'est-à-dire, tu occupes par un bâtiment
le terrain de ton voisin pendant 20... 10, 20, 30 ans, et au bout de ces
années-là, à un moment donné, tu envoies un avis disant : Écoute, je l'ai
plus occupé que toi, le terrain, parce que j'avais ma maison dessus, donc je
veux en devenir... je te force à me la transférer, la propriété. Ce qui est
particulier et dangereux, dans le cas des réserves naturelles, c'est qu'il ne
doit justement pas y avoir d'activité, et donc c'est sûr que quelqu'un qui
arrive avec une requête en prescription parce qu'il y a quelque chose
d'installé sur la réserve va pouvoir plus facilement dire : Bien,
voyez-vous, moi, j'en faisais un usage que vous autres, vous en faisiez, parce
que la réserve naturelle ne doit faire l'objet d'aucun usage. Donc, en droit,
c'est... Je vais vous le dire, entre vous et moi, ça a été réglé hors cour,
mais c'était très difficile de renverser la requête en prescription,
factuellement, parce que je ne pouvais pas démontrer que le client, la
fondation, avait fait un usage plus important que les propriétaires eux-mêmes.
Dernier élément, je termine...
• (11 h 50) •
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, Me Bélanger, s'il vous plaît. En terminant.
M. Bélanger (Michel) : Oui. Le
rôle des ONG mentionnées à l'article 57 et le fait d'avoir exclu les ententes
négociées entre les propriétaires dans la réserve naturelle, on s'interroge sur
le pourquoi de cette mesure-là. Je vous laisse me poser des questions.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez la
parole pour 16 min et 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux. Vous êtes... et vous représentez des partenaires
fondamentaux au niveau de la protection de notre territoire...
Le Président (M. Ciccone) :
...merci beaucoup, merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez la
parole pour 16 min et 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux. Vous êtes... et vous représentez des partenaires
fondamentaux au niveau de la protection de notre territoire, vous l'avez
mentionné beaucoup, en territoire privé. Pour le ministère, ça demeure des
partenaires incontournables puis on parle de vous, dans certains cas, on parle
dans d'autres, par exemple, de conservation de la nature Canada. Mais, dans
tous les cas, sans ces partenariats-là, ce serait bien difficile de faire
autant de belles choses en territoire privé. Donc, j'en profite pour vous
remercier.
Sinon, je regardais votre mémoire. Vous
nous invitez à ajouter en début de projet de loi des considérants. Vous en
proposez trois. Bien honnêtement, ça mérite attention de notre côté. Je ne
pourrais pas vous dire aujourd'hui si on sera en mesure de les ajouter comme
tels au projet de loi, mais merci pour la proposition. C'est vrai qu'à travers
des considérants, ça laisse entendre comment on doit interpréter la loi qui en
découle. Donc, j'apprécie l'idée. Au groupe précédent, j'ai souvent fait
référence à l'article 2 du projet de loi qui est, sans être un
considérant, mais un article en bonne et due forme où on précise que les aires
protégées devront correspondre aux critères, là, établis par l'UICN. Donc,
j'aime l'idée de considérants, j'aimais l'idée de l'article 2 pour
dépeindre comment on doit interpréter ce projet de loi là.
Donc, pour les considérants, on aura à
aborder la question sur... au moment de l'étude article par article. Mais
sinon, l'article 2, vous-même, vous le percevez comment? Comme article qui
vient déterminer un petit peu les balises qui devront guider la reconnaissance
des aires protégées?
M. Bélanger (Michel) : Oui. Si
j'avais le choix, M. le ministre, je préférerais que les textes se retrouvent
dans l'article de la loi elle-même que dans les considérants, bien entendu.
Mais lorsque vous avez une modalité relativement générique, vous pouvez le
mettre aux deux endroits. Mais c'est sûr qu'à tout choisir, dans un des cas,
les considérants servent à interpréter la loi, tandis que, dans l'article
lui-même, ça devient la loi. Donc, bien entendu, c'est fondamental si vous... À
l'endroit où est-ce que vous l'avez mis, dans l'article 2, les
considérants qui sont là, on y est très favorables, effectivement.
M. Charette : Et sinon, l'article 2,
son contenu, c'est-à-dire la référence aux critères de l'UICN, vous êtes
contents ou rassurés de le voir dans un article en bonne et due forme et non
pas dans un considérant?
M. Bélanger (Michel) :
Absolument, oui.
M. Charette : Parfait. C'est
bien gentil. Le défi qui est le nôtre, c'est toujours de composer avec un temps
qui est excessivement limité. J'ai des collègues qui souhaitent intervenir.
Donc, je vais tout simplement, pour ma part, à ce moment-ci, vous remercier,
mais je sais qu'on est en contact, là, pour...
Une voix
: …absolument,
oui.
M. Charette : Parfait. C'est
bien gentil. Le défi qui est nôtre, c'est toujours de composer avec un temps
qui est excessivement limité. J'ai des collègues qui souhaitent intervenir.
Donc, je vais tout simplement, pour ma part, à ce moment-ci, vous remercier. Je
sais qu'on est en contact, là, pour différents dossiers, et cette collaboration-là
est très, très appréciée. Donc, sans plus tarder, je cède la parole à mes
collègues.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Bourget. Il vous
reste 13 minutes.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Vous avez pas mal insisté sur le caractère légal plus que le pourcentage comme
le calcul du pourcentage ou les registres. Et c'est là que j'ai apprécié les consultations
publiques parce qu'un groupe va insister plus sur un aspect que sur un autre.
Et je trouve intéressante l'approche que vous avez mentionnée en ajoutant des
considérants pour que l'interprétation du projet de loi soit en ligne avec la
volonté en arrière.
Deuxième chose, quand vous parlez des
réserves naturelles en milieu privé, on ne peut que souligner que les gens qui
font ça, ce n'est pas parce qu'ils essaient de faire bien de l'argent avec un
terrain pour mettre un condo avec d'autres étages, là. Ça fait qu'il faut vraiment
souligner et encourager ça. Il y a une question, et ça prend peut-être du temps
à avoir la question, par exemple, mais elle s'en vient. Quand vous dites que ça
ne coûte pas un sou au gouvernement ces choses-là, oui, mais, dans certains
cas… mais l'autre aspect, c'est qu'il y a des municipalités ou des individus
qui voudraient être dédommagés pour justement faire une conservation, et vous
n'en avez pas, il me semble, beaucoup parlé de cet aspect-là, pourriez-vous
commenter, s'il vous plaît?
M. Filion (Bernard) : Bon.
Bien, j'aurais besoin peut-être plus de précisions quand vous dites les
individus, avez-vous des exemples en tête? Je sais qu'il y a différents cas,
là, on est au courant.
M. Campeau : Bien, l'exemple
que je prends, c'est que pour favoriser les réserves naturelles en milieu
privé, ça veut dire qu'il y a des gens qui vont nous dire : Bien, moi, j'ai
un terrain, je veux bien que ce soit une réserve naturelle, mais je vais y
perdre tant sur la valeur de revente, ou bien la municipalité va nous
dire : Bien, moi, je perds des revenus, je perds une possible exploitation
future, etc., et il y en a qui parlent de compensation à ce moment-là. Alors,
ce n'est pas facile à faire, à établir c'est quoi, une compensation future.
Alors, c'est pour ça que je me demande,
comment vous vous situez par rapport à ça? Parce que, quand on dit : Ça ne
coûte pas un sou au gouvernement, peut-être dans certains cas, mais dans la
majorité des cas, j'ai des doutes, disons.
M. Filion (Bernard) : Donc,
l'expression «ne coûte pas un sou», ça voulait dire réserve naturelle en milieu
privé, c'est un geste volontaire. Donc, il n'y a pas d'acquisition de terre et
de propriété, parce que, souvent, pour protéger dans le sud, on fait des
acquisitions puis le coût moyen, on arrive, mettons, 5 000 $, on
regardait un peu les chiffres chez nous, 5 000 $ l'hectare. Donc,
présentement…
M. Filion (Bernard) : …réserve
naturelle en milieu privé, c'est un geste volontaire, donc il n'y a pas
d'acquisition, le terrain reste propriété. Parce que, souvent, pour protéger
dans le sud… c'est des acquisitions, puis le coût moyen… on arrive à, mettons,
5 000 $, on regardait un peu les chiffres chez nous,
5 000 $ l'hectare, donc, présentement, avec
23 000 hectares, ça fait… une valeur de 117 millions. Donc…
c'était l'essence ou l'esprit de… coûte pas un sou.
Cependant, la notion de compensation, j'aimerais
que… on est prêts à aborder ça mais dans une espèce de bilan. Pour une
municipalité, d'avoir des érosions, des dommages parce que les pluies
diluviennes arrachent les ponts, une diminution de la qualité de l'eau, que des
milieux naturels protégés conservés pourraient atténuer, il y a un bilan, là.
Donc, souvent, les gens, en fonction du côté qu'ils sont, ils vont dire :
Bien, moi, je veux être compensé parce que je protège un milieu. Oui, mais
souvent ces gens-là ont peut-être aussi eu d'autres impacts ailleurs.
Donc… c'est toujours une question de
bilan, et, pour une municipalité, bien, on a des exemples, là, des exemples
internationaux, à savoir qu'ils ont eu des grands programmes de protection,
d'acquisition de propriétés, et que ça nous a économisé beaucoup en coût de
traitement de l'eau. Un exemple au Québec, le traitement de l'eau de la rivière
Richelieu, le coût au litre augmente de l'amont vers l'aval parce que plus on
s'approche du Saint-Laurent plus on s'en va de Sorel, la qualité de l'eau diminue
et le coût de traitement au litre augmente. Donc, c'est ça. La réalité, c'est
qu'on pousse l'utilisation… parce qu'ils vont bien voir qu'au Québec on a une
utilisation du sol qui est très dense dans la Vallée-du-Saint-Laurent, et si
on… de tout artificialiser, de ne pas utiliser les milieux naturels qui, eux,
vont filtrer, vont rendre un rôle à la société sur une base gratuite, c'est
majeur. Puis, Michel, tu veux intervenir? Vas-y.
M. Bélanger (Michel) : …très
rapidement. Mais je pense qu'il faut faire la nuance, je pense, M. le député,
il y a beaucoup de mécanismes de protection dans cette loi-là, il y en a… si
c'est l'État qui décide de protéger, ils peuvent… ils pourraient aller jusqu'à
exproprier quelqu'un pour en faire un parc, et des choses comme ça, ça, on le
sait. Et si le gouvernement paie la valeur du terrain parce qu'il décide de le
faire, ça, c'est une chose, mais quand on parle des réserves naturelles,
l'initiative vient vraiment des propriétaires.
Si un organisme comme Canards illimités
estime qu'un milieu est à ce point important, ils peuvent aller jusqu'à… mais
c'est, c'est vraiment un choix qui leur appartient de payer le propriétaire, de
lui dire : Regarde, nous, on va acheter ta propriété tout court. Dans
d'autres cas, on va négocier une servitude seulement, mais l'engagement
financier, moi, je vous dirais, pas dans les réserves naturelles, c'est soit
parce que ça vaut vraiment le prix, donc on ne peut pas pénaliser un
propriétaire, de dire : Bien, peut-être que je garde une espèce en voie de
disparition sur mon terrain, mais moi, je ne suis pas prêt à te de le donner,
Puis là, finalement, ils vont dire : Bien, O.K., on peut-u te l'acheter
d'abord, ton terrain? Puis là il s'amorce une collaboration de gré à gré, mais
je vous dirais qu'on est…
• (12 heures) •
Dans le cas des réserves, c'est
complètement l'inverse, les organismes se battent, actuellement c'est devant
les tribunaux, pour éviter que quelqu'un qui a donné sa terre continue à payer
des taxes à la municipalité. Et il y a comme... je pense que c'est beaucoup
plus ça, c'est que quelqu'un dit : O.K., je suis bien prêt à me priver de
la jouissance de ma propriété, mais je peux-tu arrêter de payer des taxes. Et
on en est…
12 h (version non révisée)
M. Bélanger (Michel) : ...je
vous dirais qu'on est... dans le cas des réserves, c'est complètement
l'inverse, les organismes se battent, actuellement c'est devant les tribunaux,
pour éviter que quelqu'un qui a donné sa terre continue à payer des taxes à la municipalité.
Et il y a comme... je pense que c'est beaucoup plus ça, c'est que quelqu'un
dit : O.K., je suis bien prêt à me priver de la jouissance de ma propriété
mais je peux-tu arrêter de payer des taxes? Et on en est quand même encore seulement
là. Moi, je dirais plus qu'il y a du travail à faire dans l'autre sens en ce
moment.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil.
Il vous reste sept minutes.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. M. Filion, Me Bélanger, je suis très contente de voir que
vous avez porté une attention particulière à ce qui se passe aux enjeux qui
sont en terres privées, donc dans une bonne partie du Québec (Interruption),
pardon, habité, notamment dans les basses terres du Saint-Laurent.
Moi, j'aimerais ça que vous me fassiez un
lien avec la loi sur la conservation des milieux humides et hydriques. Vous
avez développé une cartographie des milieux humides et hydriques, là, dans une
grande partie de la zone habitée dans les basses terres. Est-ce que vous faites
un lien... Parce que d'autres organismes ont identifié l'importance de faire un
arrimage avec cette loi-là et la loi sur la protection du territoire agricole, par
exemple, la Loi sur l'urbanisme ou d'autres types de lois. Est-ce que vous,
vous pensez qu'il y a un arrimage à faire avec la loi sur la conservation des
milieux humides et hydriques?
M. Filion (Bernard) : Bien, je
pense qu'il y a un arrimage essentiel à faire. Et, dans la loi sur les milieux
humides et hydriques, le gouvernement a inscrit la nécessité pour les MRC de
faire le plan de conservation régional milieux hydriques et humides. Mais ce
plan-là est très large et englobe beaucoup de fonctions, beaucoup
d'opportunités, et c'est vraiment très important. Puis la réserve naturelle en
milieu privé, c'est un élément de conservation. La loi sur les milieux humides
et hydriques, c'est un autre élément qui vient s'ajouter.
Puis il faut bien... Comme je le
mentionnais tout à l'heure, on a tellement eu de pertes... Parce que les bilans
qui sont faits sur les pertes de milieux humides, là, commencent à la fin des
années 80. Mais vous savez que, rendu dans les années 80, là, le Québec, on
l'avait déjà drainé une puis deux fois, là, dans les années 40, les années 60,
donc les milieux hydriques ont été très affectés. Donc, quand qu'on a... le
lien, quand qu'on a une propriétaire qui dit : Je vais conserver... je
veux conserver à perpétuité, bien, on va lui donner la garantie de la
perpétuité. Ça, c'est le message de notre mémoire.
Et le lien, bien, c'est sûr qu'il faut que
ce soit intégré. Et présentement on a des usages des silos, des silos
industriels, des silos résidentiels, des silos agricoles, le lien, c'est de
trouver une façon d'avoir un meilleur paysage, d'avoir un endroit de meilleure
qualité globalement. Et les réserves naturelles jouent un rôle, les
acquisitions pour les organismes de conservation, c'est un autre rôle, la loi
des milieux humides est très... Donc, c'est tout complémentaire, mais
malheureusement...
M. Filion (Bernard) : ...le
lien, c'est de trouver une façon d'avoir un meilleur paysage, d'avoir un
endroit de meilleure qualité, globalement, et les réserves naturelles jouent un
rôle, les acquisitions, pour les organismes de conservation, c'est un autre
rôle, la loi des milieux humides, elle est très... Donc, c'est tout
complémentaire, mais malheureusement on considère, nous, chez Canards
illimités, que c'est très en silo, présentement. Et ce qui nous agace, c'est
quand il y a des propriétés qui ont été drainées à 70 %, 80 %, le
dernier milieu humide qui reste, bien, c'est qu'ils demandent une compensation
pour le conserver. Mais tout le bilan négatif associé à la disparition des
80 % autres milieux humides sont... c'est la communauté qui paie. Donc, on
est toujours dans l'enjeu... l'individu versus le bien communautaire. Michel,
tu veux intervenir?
M. Bélanger (Michel) : Oui...
Au risque... Je n'ai pas lu tout ce que vous avez entendu, puis ça se peut que
je me trompe complètement, là, avec beaucoup... parce que je n'ai pas fait la
réflexion. Moi, mon réflexe serait de dire : Bien, je ne suis pas certain
qu'on doit regarder les lois une à côté de l'autre. Parce que, selon moi,
toutes les lois que vous avez mentionnées ont des vocations totalement
différentes. La loi sur les milieux humides, en soi, elle devrait fonctionner
toute seule et sur la base du principe de zéro perte nette de milieu humide. Un
point c'est tout. Les milieux humides, ce n'est pas des réserves, ce n'est pas
des réserves naturelles. Les propriétaires ne devraient pas avoir à vendre,
donner, céder des servitudes sur les milieux humides, ils devraient être
intégralement protégés tout court.
Et quand M. le ministre mentionnait :
Qu'est-ce que vous pensez de mettre... d'introduire à l'article 2 une référence
entre les aires protégées et l'UICN? Ah! absolument, mais c'est autre chose,
là, on ne parle pas de l'ensemble des milieux humides au Québec. Autrement dit,
à partir du moment où est-ce qu'on va faire des liens entre les deux lois, on
risque de mêler les deux protections. Si on attend de faire des milieux humides
des réserves ou des aires protégées, ça va prendre 10 ans, ils vont tous
être détruits. Je pense que chacune des lois vise un objectif différent, et
celle sur les milieux humides devrait s'appliquer de façon intégrale, sans même
avoir à faire la démonstration qu'on en a vraiment besoin ici, plus
qu'ailleurs, et tout ça, et qu'on devrait peut-être en faire une réserve. C'est
juste ça que... Vite, vite, c'est le réflexe que j'aurais à vous dire.
Mme Grondin : ...peut-être
deux questions. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) :
2 min 20 s.
Mme Grondin : O.K. Donc, je
vais en choisir une entre les deux. Moi, je rêve, à un moment donné, qu'on
puisse, au même titre qu'on parle beaucoup, là, de foresterie durable, ou de
foresterie écosystémique, ou de foresterie qui respecte les objectifs
d'intégrité ou les objectifs de conservation de la nature dans les territoires.
Pensez-vous, parce que vous avez vu ça à maintes reprises en faisant le
terrain, toutes les expériences que vous avez, pensez-vous qu'on peut rêver
puis avoir une servitude de conservation agricole? Pensez-vous qu'on peut faire
de la conservation de la nature en zone agricole?
M. Filion (Bernard) : Je pense
qu'on va devoir y arriver. Moi, je fais référence plus à un cadre de vie
durable. Si on veut que l'agriculture soit durable...
Mme Grondin : ...conservation
de la nature en zone agricole.
M. Filion (Bernard) : Je pense
qu'on va devoir y arriver. Moi, je fais référence plus à un cadre de vie
durable. Si on veut que l'agriculture soit durable dans 25 ans, dans
50 ans pour les changements climatiques, il va falloir qu'il y ait de
l'adaptation, il va falloir trouver une façon de produire, de garantir cette
production-là, mais tout en ayant un meilleur environnement, une meilleure
qualité de l'eau, meilleure... moins de sédiments. Donc, je réfère plus à
l'individu, susmentionné dans notre mémoire, où ce que chaque citoyen a un rôle
à jouer, chaque citoyen a le droit d'utiliser son rôle pour développer, pour
produire, mais en même temps, il a le droit aussi d'avoir un... tout le monde a
le droit à avoir un cadre de vie qui est durable et non temporel... temporaire
pour différentes raisons. Michel?
M. Bélanger (Michel) :
J'ajouterais, votre question est très intéressante, j'ai souvent regardé la
servitude écologique, j'ai eu des clients, j'en ai parlé, c'est un instrument
qui est très, très flexible. On peut protéger de façon intégrale comme on peut
justement décider de se lier... et par rapport à certaines modalités
d'exploitation. On peut penser à l'agriculture biologique par exemple, où des
gens se contraignent par servitude à ne pas utiliser de pesticides. Vous avez
la même façon au niveau de la coupe de bois. J'ai un collègue dernièrement qui
m'a dit...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, maître, s'il vous plaît.
M. Bélanger (Michel) : ...Est-ce
que je pourrais concéder une servitude sur la foresterie? Mais oui,
l'instrument pourrait s'adapter.
Mme Bélisle
(Madeleine) :Merci beaucoup. Merci, Mme
la députée. Je passe maintenant la parole au député de Viau pour l'opposition
officielle, pour un temps de 11 minutes.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Merci, messieurs, pour votre présentation. Donc, ma première
question, d'autres groupes avant vous sont venus nous dire que, dans les aires
privées, les règles sont parfois difficiles à faire respecter, notamment parce
que les fiduciaires n'ont pas de pouvoirs coercitifs. Est-ce que c'est quelque
chose que vous vivez à Canards illimités?
M. Filion (Bernard) : Pas nécessairement,
parce que, nous, de la façon qu'on travaille, ce sont des servitudes ou des
ententes de gré à gré. Donc, on travaille avec les gens qui veulent bien
adhérer à notre vision de conservation qui sont les milieux humides, de
restaurer les milieux humides ou de les acquérir. Donc, on n'a aucun pouvoir
coercitif autre qu'on a la bonne volonté des gens qui s'associent à notre
mission, qui s'associent à nos ententes, qu'on investit sur leurs propriétés
pour un meilleur environnement. Donc, on... Mais, si on devait avoir à faire
des contrôles, non, on n'a aucun pouvoir coercitif, ça, c'est certain.
M. Benjamin : Est-ce que vous
jugez qu'il serait peut-être pertinent de permettre un statut spécifique afin
de faire respecter la loi en territoire privé?
M. Filion (Bernard) : Pourriez-vous
rephraser votre question, là, je ne comprends pas la nuance, là?
M. Benjamin : Oui. Bien, en
fait... actuellement, en fait, ce qu'on comprend, en fait, à partir de ma
première question, c'est que, pour d'autres personnes, si c'est difficile,
est-ce que, pour vous, selon vous, aujourd'hui, est-ce qu'il est pertinent de
permettre que les territoires privés aient un statut spécifique? Je fais le
lien notamment avec ce que Me...
M. Benjamin : ... actuellement,
en fait, ce qu'on comprend, en fait, à partir de ma première question, c'est
que, pour d'autres personnes, si c'est difficile, est-ce que, pour vous, selon
vous, aujourd'hui, est-ce qu'il est pertinent de permettre que les territoires
privés aient un statut spécifique? Je fais le lien notamment avec ce que Me...
Une voix
: Bélanger?
M. Benjamin : ...Bélanger nous
disait tout à l'heure, cette protection à perpétuité dont il nous parlait.
M. Filion (Bernard) : Michel,
ton opinion, là-dessus.
• (12 h 10) •
M. Bélanger
(Michel) : Bien, en fait, moi, je vais vous dire,
Bernard a totalement raison. Le mode de constitution faisait en sorte qu'il y a
une volonté de propriétaire... d'un propriétaire de se lier à perpétuité et de
mettre des conditions, en soi, font en sorte que de l'avis du propriétaire, on
peut imaginer qu'on n'aura pas besoin de coercition.
Vous un point intéressant,
de dire : Effectivement, comme c'est à perpétuité, comment on le garantit
à long terme? Si j'avais une opinion à émettre, je pense que je ne verrais pas
de problème à élargir... D'ailleurs, je me demande s'il n'y a pas, là,
je le dis rapidement, mais les mesures de réparation à la fin de coercition que
la loi a ne fait pas la nuance sur la nature de l'aire à protéger. Je dis ça
comme ça, mais il me semble qu'une réserve naturelle ou qu'un non-respect des
conditions d'une réserve naturelle pourrait être sanctionné de la même façon
qu'une autre, je crois. Enfin, je ne me suis pas... mais c'était le cas, moi,
je ne vois pas de problème, parce que vous avez raison de dire : C'est
peut-être dans trois générations seulement que quelqu'un ne voudra pas le
faire.
Juste revenir sur le dossier de
Baie-Saint-Paul, parce que juste pour vous rappeler, vous n'étiez pas là,
personne n'était là, mais la ville de Baie-Saint-Paul, dans son témoignage à la
cour, a dit clairement, parce que le juge a posé la question : Je ne vous
comprends pas trop. Pourquoi vous voulez... Comme la réserve naturelle va
suivre la propriété malgré l'expropriation, pourquoi vous insistez pour
exproprier ça? Et la réponse a été très claire : Parce que le politique
peut changer d'avis. Autrement dit... Autrement dit, on veut devenir
propriétaires puis faire une pression politique sur le ministre à l'époque ou,
en tout cas, l'éventuel ministre pour nous permettre de faire ça, ce
qu'actuellement, on ne peut pas faire. Donc, oui, c'est important de garder ces
endroits-là le plus étanches possible.
M. Benjamin : On sait que les
territoires privés sont davantage au sud. On nous a dit qu'il y a un risque
d'atteindre les cibles uniquement en protégeant les territoires qui sont dans
le secteur du Plan Nord.
Pensez-vous qu'il y a nécessité de pousser
davantage au niveau des territoires du sud. Si oui, comment assurer, à ce
moment-là, selon vous, un développement adéquat de ces aires protégées dans le
sud?
M. Filion (Bernard) : Le sud,
c'est toujours le défi du sud. Premièrement, les superficies. On a un système...
on a hérité du système français, donc nos fermes sont linéaires, même si elles
sont des acquisitions. Donc, ça limite beaucoup puis, comme j'ai mentionné précédemment,
on est tous stationnés dans le 3 % agricole, on est tous dans la vallée du
Saint-Laurent et les espaces disponibles pour la protection… l'atteinte
d'objectifs sont peu nombreux. Donc, c'est pour ça que la réserve naturelle est
très intéressante, parce qu'au moins ça nous permet d'aller chercher des
hectares sans trop de contraintes, sans trop d'efforts, c'est l'individu qui
lève la main puis qui dit oui. Donc, moi, je dis, il faudrait...
M. Filion (Bernard) : …et les
espaces disponibles pour la protection… l'atteinte d'objectif sont peu
nombreux. Donc, c'est pour ça que la réserve naturelle est très intéressante,
parce qu'au moins ça nous permet d'aller chercher les hectares sans trop de
contraintes, sans trop d'efforts, c'est l'individu qui lève la main puis qui
dit oui. Donc, moi, je dis, il faudrait faire une promotion de la réserve
naturelle, il faudrait lui donner des avantages fiscaux, des avantages qu'une
famille pourrait voir dans un plan de succession, de dire : Bien, on a
conservé un grand bloc, maintenant…
Donc, si on veut acquérir ou atteindre des
objectifs dans le sud, il va falloir être créatif dans le fiscal pour aider,
pour encourager les familles à céder ou à joindre des réserves naturelles sur
leur territoire. Mais d'espérer d'atteindre des millions puis des millions
d'acres dans le sud, c'est impossible, il n'y a pas d'espace, l'espace… le territoire
est occupé à chaque mètre carré avec, souvent, un objectif de développement
résidentiel, industriel, agricole, touristique.
Donc, d'où l'importance, le titre de notre
mémoire, c'est : Protégeons nos acquis, dans le sud, avec le développement,
on risque d'en perdre à moyen ou long terme et non l'inverse, ça fait que c'est
pour ça que… mais c'est certain, ceux qui disent que, oui, protéger dans le
Nord, mais ça va être quoi, le Nord dans 100 ans, dans 200 ans? On ne le sait
pas, mais on sait ce qu'est le sud, de plus en plus dense.
M. Benjamin : Alors, ça
m'amène peut-être à aborder avec vous un aspect que d'autres groupes ont parlé,
c'est l'enjeu… toute la question de cette orientation des paysages humanisés,
Canards illimités se situe où par rapport au développement des paysages
humanisés?
M. Filion (Bernard) : J'ai
passé au travers cette description-là, nous, on ne travaille pas avec ce genre
d'action là, mais j'aurais tendance et puis un peu naïvement, quand on parle de
paysages humanisés, moi, je pense au lac Saint-Pierre, qu'il y a un style de
vie qui est là, les gens qui acceptent que le lac va être inondé au printemps,
qui acceptent d'avoir leur chalet sur pilotis, qui pêchent, qui chassent, qui
vident la nature, donc en termes de «life style», de style de vie.
Puis là ce qu'on constate, c'est qu'avec
l'intensification des usages, bien, ce style de vie là, il est contre la pêche
sportive, la pêche commerciale est fermée, la qualité d'eau est diminuée. Donc,
je pense, il y a une réflexion assez profonde à faire : Qu'est-ce qu'on
veut dans 25 ans? Qu'est-ce qu'on veut dans 100 ans comme image au lac
Saint-Pierre? Est-ce qu'on veut encore perdre des usages ou en récupérer?
Donc, la notion de paysages humanisés,
j'aurais tendance à prendre des grands blocs de territoires puis dire :
Bien, dans ce bloc de territoire là, on veut quoi? Moi, je vous dirais que ça
va prendre de la vision, parce que si on n'a pas de vision pui on n'a pas d'objectif,
bien… On était là, il y a 25, 30 ans, puis on pense qu'on ne s'est pas amélioré
en 30 ans, en termes de qualité de paysages humanisés, je prends l'exemple du
lac Saint-Pierre.
M. Benjamin : Ma dernière question
donc concerne, et je pense que…
M. Filion (Bernard) : …si on
n'a pas de vision puis on n'a pas d'objectif, bien, on va… on était là il y a
25, 30 ans, puis je pense qu'on ne s'est pas améliorés en 30 ans en
termes de qualité de paysages humanisés, je prends l'exemple du lac
Saint-Pierre.
M. Benjamin : Ma dernière
question, donc, concerne… et je pense que c'est le coeur d'ailleurs de votre
mémoire, c'est les enjeux d'expropriations, et Me Bélanger semblait même
suggérer une modification éventuelle de la Loi sur les cités et villes. Donc,
maintenant, comment s'assurer… parce qu'un des enjeux qu'on a, et puis d'autres
groupes l'ont mentionné tantôt, c'est comment faire en sorte que tous les
acteurs, c'est-à-dire qu'ils soient les acteurs institutionnels, les acteurs
non gouvernementaux, puissent travailler ensemble? Comment est-ce que… donc,
j'ai lu votre… l'amendement que vous suggérez. Pour la protection de la réserve
naturelle, et je suis encore sur les enjeux à la fois du nord et du sud, toute
la question des expropriations, est-ce que… comment vous vivez ça? Est-ce qu'il
y a d'autres avenues qu'une modification sur la Loi sur les cités et villes?
Est-ce qu'il y a d'autres actions que le gouvernement devrait entreprendre…
agir en lieu et place d'une modification législative ou à côté d'une
modification législative?
M. Filion (Bernard) : Je vais
faire un commentaire puis je passe la parole à Michel. Je pense qu'on est dus
pour une vision gouvernementale puis qui va montrer que l'environnement, c'est
important, c'est notre qualité de vie, c'est notre espace de vie, c'est notre
cadre de vie. Puis, après ça, on arrivera… le développement en arrière de ça,
et non l'inverse. L'environnement est toujours coincé entre du développement,
quelle que soit sa nature. Donc, je pense que… d'important là. Et pourquoi que
l'expropriation est utilisée? C'est parce que ça va contre cette vision-là. Michel,
vas-y.
M. Bélanger (Michel) : Bien,
écoutez, quand je constate que… là, bon, on a vécu le problème avec la réserve
naturelle, on a trouvé ça un peu odieux, je vous expliquerai pourquoi, mais
quand je réalisais que les principes juridiques, en théorie, s'appliqueraient
même à une réserve que le gouvernement a faite à l'intérieur de cette loi-là, à
savoir qu'un autre corps public qui a des pouvoirs d'expropriation, comme une
municipalité, pourrait un jour dire : Bon, bien, nous autres, on veut en
devenir propriétaires. Vous allez dire : Oui, mais elle va suivre. Je vous
ai mentionné tout à l'heure, oui, avec le caveat, on pense toujours être
capables d'influencer un ministre pour qu'il, un jour, change la vocation du
terrain.
Donc, tout ce qu'on propose, c'est
tellement… c'est le béaba, c'est le gouvernement qui désigne la réserve, bien,
c'est la moindre des choses que le gouvernement autorise préalablement un tiers
à exproprier si un tiers a un autre pouvoir également d'expropriation. Et je
pense, ici, ça s'applique seulement aux municipalités. Ce je dis que c'était
odieux dans le cas des réserves privées, imaginez-vous quelqu'un qui, comme,
mettons, M. Simard, tu sais, il a commencé… ça a commencé dans les
années 70, ça fait 35 ans, lui, il est décédé, son fils a continué,
ils ont négocié, ils protègent leur terre depuis pendant 35 ans, c'est un
joyau, un bijou à Baie-Saint-Paul, et c'est tellement beau. Puis, au bout de
50 ans, 30, 160 ans, la ville va décider d'utiliser cette préservation-là
faite au prix de concessions dans le passé pour en faire un objet touristique
éventuellement. C'est comme une insulte au passé et à celui qui l'a fait. Donc,
je dis juste... je ne vois pas...
M. Bélanger (Michel) :
...joyau, un bijou à Baie-Saint-Paul, et c'est tellement beau, puis, au bout de
50 ans, 30, 100, 60 ans, la ville va décider d'utiliser cette
préservation-là faite au prix de concession dans le passé pour en faire un
objet touristique éventuellement. C'est comme une insulte au passé et à celui
qui l'a fait. Donc, je dis juste... je ne vois pas... Commencez par changer...
vous mettre à l'abri des possibilités d'exproprier, parce que je ne vois aucune
autre raison d'exproprier une réserve dans le futur que pour la changer.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, Me Bélanger, s'il vous plaît. C'est terminé?
M. Bélanger (Michel) : J'ai
terminé.
Le Président (M. Ciccone) : O.K.
Bon, parfait. Formidable. Merci beaucoup.
M. Benjamin : Merci, merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Nous passons maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition
pour une période de 2 min 45 s. Mme la députée de Mercier, la
parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre présentation et votre présence ici avec
nous. À la page 14 de votre mémoire, vous parlez du rôle des organismes de
conservation et vous dites que vous vous questionnez sur la raison pour
laquelle le gouvernement a décidé d'enlever leur rôle à l'article 56, des organismes
de conservation. Puis vous dites que vous n'avez pas eu le temps, à cause du
manque de temps, de proposer quelque chose mais vous soulevez la question. Là,
je vous donne le temps de nous expliquer.
M. Filion (Bernard) : Michel,
vas-y.
M. Bélanger (Michel) : Bien,
en fait, je n'ai même pas eu le temps d'y penser...
Mme Ghazal : Ah! O.K.
• (12 h 20) •
M. Bélanger (Michel) : Donc...
En fait, je pose la question parce que — à moins que le ministre ait
une réponse précise, vous verrez dans vos débats
éventuellement — pourquoi l'amendement? Je ne vois pas la raison
d'être de l'amendement. Parfois il y a une raison très... une bonne raison.
Puis je vais... on va... s'il y avait une réponse correctement. Mais ici on
retire la... Bien, on a mis le mot «personne», effectivement on laisse entendre
qu'à l'article 56, le nouvel article 56... Voyons, j'ai perdu... En fait, on
a...
Mme Ghazal : Ça fait que c'est
ça, c'est que ça peut être n'importe qui. Mais peut-être si vous pouvez nous
expliquer parce qu'on a peu de temps l'importance du rôle des organismes de
conservation dans ce cas-là, dans ces ententes-là?
M. Bélanger (Michel) :
Écoutez, je l'ai dit en introduction, c'est ça le lien que je faisais.
Pendant... plus que ça, ça fait 40 ans que les organismes de conservation
négocient avec un propriétaire. Ça peut prendre des années pour convaincre un
propriétaire que sa terre mériterait d'être protégée. Au début, il ne veut rien
savoir. Après ça, lentement, regardez, on pourrait juste faire ça. Petit à
petit, on arrive à convaincre un propriétaire. Ça, c'est des initiatives
citoyennes, hein, c'est des efforts gratuits faits par les gens. Et un jour on
réussit à convaincre un propriétaire, il y a une relation de confiance qui
s'installe entre les deux. Le pas à faire en disant : On veut rentrer
l'État dans notre contrat de protection, c'est qu'on... les organismes
convainquent le propriétaire que, si vous voulez que ça soit à vie, à
perpétuité, la seule garantie qu'on a, c'est que ça devienne une réserve
naturelle.
Et ma question, c'est : Pourquoi, dès
lors que l'État rentre, on recommence la négociation? Parce qu'en évacuant le
rôle de l'organisme... Mais même, ce qui me fatigue encore plus peut-être
d'avoir enlevé le fait que l'organisme est derrière, c'est qu'on ne dit pas que
le contenu de l'entente négociée depuis des années, qu'on voudrait juste lui
voir reconnaître un caractère de perpétualité... Enfin, on dit... on ne réfère
pas... Dans l'ancien texte, on disait : Le texte de l'entente pourrait
faire partie des conditions de la réserve, mais on...
M. Bélanger (Michel) : ...et le
fait que l'organisme est derrière, c'est qu'on ne dit pas que le contenu de
l'entente négociée depuis des années, qu'on voudrait juste lui voir reconnaître
un caractère de perpétuité... Enfin, on dit... on ne réfère pas... Dans
l'ancien texte, on disait : Le texte de l'entente pourrait faire partie
des conditions de la réserve, mais on a enlevé ça. Et ça, je trouve ça très
dangereux. C'est comme si : Ah! vous voulez que ce soit perpétuel, on
renégocie avec le ministère de nouvelles conditions. Et là j'ai soulevé en...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Bélanger (Michel) : ...qu'est-ce
qui va arriver devant les tribunaux le jour où quelqu'un va vouloir dire :
Une des conditions négociées ne se retrouvait pas dans l'entente du gouvernement?
Est-ce qu'elle est perpétuelle elle aussi ou non? Alors, voilà pourquoi je
trouve important de maintenir le texte et l'ancien texte.
Mme Ghazal : Très bien. Merci beaucoup,
merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine
pour 2 min 45 s également.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. M. Filion, Me Bélanger, merci pour votre présentation. Petite
question d'éclaircissement. Vous parlez des 244 réserves naturelles en
milieu privé, certaines protégées pour 25 ans, d'autres à perpétuité.
C'est quoi le pourcentage de celles qui sont à perpétuité par rapport à celles
qui le sont pour 25 ans environ?
M. Filion (Bernard) : Bon,
j'ai parcouru le registre et j'en ai vu quelques-unes à 25 ans. C'est la
majorité qui va en perpétuité. Je n'ai pas le pourcentage, mais rapidement, en
parcourant le registre, j'ai vu perpétuité régulièrement et à l'occasion
25 ans.
M. Arseneau : Donc, c'est
d'autant plus intéressant lorsque vous dites que ces réserves sont menacées par
un certain nombre d'actions et surtout les actions des municipalités que vous
mettez en lumière. J'aimerais savoir, ne connaissant pas beaucoup le dossier,
si les exemples que vous mentionnez dans votre mémoire sont des exceptions ou
si beaucoup de ces réserves-là sont, entre guillemets, attaquées. Ça me fait un
petit peu penser, là, à la loi sur la protection des territoires agricoles où
un peu partout il y a des pressions. Est-ce que le parallèle est boiteux ou
est-ce qu'il est adéquat?
M. Filion (Bernard) : Nous, ce
qu'on pense, c'est que, de plus en plus, il va y avoir des réserves qui vont
avoir à se défendre. Puis l'odieux présentement, le cas de Rivière-des-Vases,
c'est la famille Simard, c'est eux qui ont fallu qu'ils se défendent. Donc, on
les a soutenus... parce qu'on était avec cette famille-là depuis 1977. Mais
donc, pensez, ils sont avec nous depuis 1977, on ressort leur propriété. Ils
décident de faire... de joindre une réserve naturelle en milieu privé. Ils se
font présenter un avis d'expropriation et c'est eux qui ont l'odieux,
monétairement, de se défendre. Donc, n'eût été de notre présence, probablement
que le propriétaire... je ne suis pas sûr qu'il aurait... il se serait lancé
dans une lutte juridique. Puis, en passant, c'est la troisième génération parce
que les deux premiers sont décédés, M. Simard père, M. Simard fils,
et c'est sa fille, Geneviève, maintenant, qui peut garder cette propriété-là
dans le...
M. Arseneau : Mais est-ce que
c'est l'exception qui confirme la règle ou c'est courant, ce genre de procédure
là?
M. Bélanger (Michel) : En
fait, M. le député, si je peux ajouter, moi, je pense qu'on ne doit pas y
aller... Si vous acceptez d'amender selon ce qu'on propose, il ne faut pas que
ça aille sur le nombre, et je ne pense pas... En fait, je le sais, parce que,
si j'avais monté ma cause puis j'avais eu plein de précédents, j'aurais pu...
j'aurais un... il y aurait eu...
M. Arseneau : ...courant, ce
genre de procédure là?
M. Bélanger (Michel) : En
fait, M. le député, si je peux ajouter, moi, je pense qu'on ne doit pas y
aller... Si vous acceptez d'amender selon ce qu'on propose, il ne faut pas que
ça aille sur le nombre, et je ne pense pas... En fait, je le sais, parce que,
si j'avais monté ma cause puis j'avais eu plein de précédents, j'aurais pu...
j'aurais un... il y aurait eu plein de précédents. Non, effectivement, ça
n'arrive pas souvent. Mais, en matière de réserves naturelles, il ne faut justement
pas que ça arrive une seule fois, parce que ça va décourager toutes les initiatives
ultérieures. Voilà.
M. Arseneau : D'accord. Je ne
mettais pas en doute le fondement, là, je voulais juste avoir une meilleure
idée de ce que ça signifiait sur le terrain. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Me Bélanger, M. Filion, je vous remercie pour votre contribution
à nos travaux. La commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires
courantes et, je précise, dans la salle Marie-Claire-Kirkland.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 27)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de l'environnement
reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la sonnerie de
vos appareils électroniques, s'il vous plaît. Nous poursuivrons les auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel et d'autres dispositions.
Cet après-midi, nous
entendrons le Conseil de l'industrie forestière du Québec...
17943 Le Président (M. Ciccone) :
...de vos appareils électroniques, s'il vous plaît. Nous poursuivrons les
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel et d'autres dispositions.
Cet après-midi, nous
entendrons le Conseil de l'industrie forestière du Québec, l'Institut de développement durable des premières
Nations du Québec et du Labrador et le Forest Stewardship Council.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Conseil de l'industrie
forestière du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant à vous.
M. Samray (Jean-François) :
Oui. Alors, bonjour, M. le Président. Mon nom est Jean-François Samray, je suis
le P.D.G. du Conseil de l'industrie forestière. Je suis accompagné, avec nous,
de notre directrice de la foresterie, Mme Geneviève Labrecque<V, qui est également
ingénieure forestière. Donc, tout le monde a reçu copie du mémoire, on va le
survoler, rapidement. Donc, le projet de loi n° 46
sur la conservation du patrimoine naturel s'inscrit dans un contexte
particulier. Le Québec, tout comme le monde entier, doit relever deux grands
défis : la relance de l'économie dans la foulée de la COVID-19, qu'on
espère finir le plus tôt possible, et la lutte aux changements climatiques.
La forêt, c'est un chiffre d'affaires de
plus de 20 milliards, au Québec, c'est un moteur de développement économique
dans toutes les régions. C'était, en 2018, 11 % des revenus manufacturiers,
et 12 % des exportations manufacturières en 2019, soit près de
10 milliards de dollars. 170 000 emplois dépendent de la forêt, et
c'est une force économique pour plus de 900 municipalités, donc près d'une sur
cinq dépend de la forêt de façon significative. La forêt joue également un
rôle dans la lutte aux GES, au premier chef par sa capacité à séquestrer le carbone
puis de récolter les arbres au bon moment pour créer des produits durables.
Quand on fait cette chose, on emmagasine le carbone qui, lorsqu'il est
séquestré pendant leur croissance... Et le tout permet aussi à la forêt de se
rajeunir... de se rajeunir et de fixer encore plus de carbone. Donc, au Québec,
il y a également les perturbations naturelles qui gèrent la forêt. Les
épidémies, les insectes, les maladies se chargeaient, dans le passé, d'assurer
le rajeunissement. Aujourd'hui, il y a les pratiques forestières qui sont là et
qui s'ajoutent à cette façon de faire. Et partout au Canada, les terres
publiques ouvertes à la récolte commerciale du bois doivent être régénérées, et
c'est la loi. Et parlant de la forêt, bien, le Québec possède 2,3 % de la
forêt mondiale et 13 % de la forêt certifiée.
• (15 h 30) •
En plus d'être une ressource renouvelable,
recyclable, réutilisable et écoresponsable, c'est une excellente alternative à
des matériaux plus polluants, comme le plastique, le bois et l'acier. Le bois
est aussi un matériau hautement performant qui a des bénéfices écologiques,
économiques et esthétiques dans la construction. Sous forme des granules, les
résidus forestiers servent à remplacer le mazout dans les besoins de chaleur ou
dans la production...
15 h 30 (version non révisée)
M. Samray (Jean-François) :
...recyclable, réutilisable et écoresponsable. C'est une excellente alternative
à des matériaux plus polluants comme le plastique, le bois et l'acier. Le bois
est aussi un matériau hautement performant qui a des bénéfices écologiques,
économiques et esthétiques dans la construction. Sous forme des granules, les
résidus forestiers servent à remplacer le mazout dans les besoins de chaleur ou
dans la production d'électricité et sont même exportés pour remplacer le mazout
et le charbon. Les produits... les résidus forestiers peuvent également servir
à la production de biocarburants qui, substitués aux carburants fossiles,
permettent de réduire les émissions du secteur du transport.
Le GIEC, le Groupe d'experts international
sur l'évolution du climat préconise la gestion responsable des forêts pour
accroître la capacité et la capture du carbone. Il faut utiliser le plein
potentiel du secteur forestier dans une perspective durable. Compte tenu de
l'importance du rôle de la forêt, en croissance, et de l'utilisation du bois
dans la lutte aux changements climatiques, l'intensification de la production
ligneuse doit également venir sans attente. C'est une mesure... ça doit être
une mesure qui doit être également financée par le gouvernement.
Selon le conseil, il nous semble possible,
à la lumière des pratiques et de la connaissance actuelle, de réussir cet
équilibre entre la protection et l'aménagement durable des forêts. Québec
dispose d'ailleurs à ce propos d'un régime forestier visant à assurer un
aménagement durable des forêts, et par conséquent, la pérennité de son
patrimoine forestier. La certification est un complément au régime forestier québécois
car elle constitue une reconnaissance supplémentaire de la qualité de
l'aménagement durable des forêts. Cette certification aide également à
l'amélioration des pratiques continues.
À ce jour, 90 % des forêts de tenure
publique, sous aménagement, sont certifiées selon un des systèmes en vigueur.
Près du quart de la superficie possède deux certifications. Et le taux de
certification des forêts publiques québécoises est parmi les plus élevés au
monde, c'est pourquoi le CIFQ est d'avis qu'il faut utiliser le plein potentiel
du secteur forestier autant dans la relance économique que dans la lutte aux
GES. Nos commentaires sur le projet de loi n° 46 s'inscrivent donc dans
cet esprit, et dans la même veine que nous faisons avec le MFFP, afin
d'améliorer et de moderniser le régime forestier. Le CIFQ comprend la nécessité
de régler l'atteinte des cibles au niveau des aires protégées.
Je pense qu'il est toutefois important de
bien évaluer les impacts occasionnés par certaines modalités d'aménagement ou
certaines lignes directrices déjà en vigueur en forêt publique. Celles-ci
restreignent l'accès à la ressource forestière. La diminution progressive du
territoire destiné à la production forestière, comme on le démontre dans notre
mémoire, et l'augmentation des contraintes d'accès à la fibre créent de
l'incertitude au niveau de l'approvisionnement à long terme et fragilisent l'industrie.
Celle-ci, n'oublions pas, doit composer avec le litige commercial entre le
Canada et les États-Unis, ainsi qu'avec le ralentissement de la demande
mondiale pour les papiers.
L'augmentation du rendement de nos forêts
ferait sûrement partie de l'équation pourvu qu'on s'assure que l'augmentation
est au rendez-vous avant l'exclusion de nouvelles superficies. C'est pourquoi
le CIFQ est d'avis que la préservation des territoires supplémentaires par des
mesures de conservation, sans avoir préalablement intensifié leurs pratiques...
M. Samray (Jean-François) :
…pour les papiers. L'augmentation du rendement de nos forêts ferait sûrement
partie de l'équation pourvu qu'on s'assure que l'augmentation est au rendez-vous
avant l'exclusion de nouvelles superficies. C'est pourquoi le CIFQ est d'avis
que la préservation des territoires supplémentaires par des mesures de
conservation, sans avoir préalablement intensifié leurs pratiques sylvicoles
sur d'autres zones de production forestière, placerait l'industrie et l'État
devant un important manque à gagner au niveau des volumes disponibles à la transformation
et leurs retombées économiques.
Le CIFQ comprend la nécessité gouvernementale
d'atteindre les cibles établies en matière des aires protégées. Il tient également
à souligner au législateur toute l'importance de bien prendre en considération
la somme de l'action gouvernementale en la matière. Donc, quand on parle des
modalités d'aménagement, maintenant, de la forêt, ces modalités propres à
l'approche écosystémique, appuyées d'un nouveau règlement sur l'aménagement
durable des forêts limitent les niveaux de récolte et ajoutent des contraintes
opérationnelles.
Le processus de planification des
l'aménagement forestier est actuellement très complexe compte tenu de tous les
critères à respecter et des multiples facteurs à prendre en considération.
Encadrées par la Loi sur l'aménagement durable, les pratiques forestières
québécoises s'effectuent déjà selon les principes du développement durable. Les
forestiers à l'oeuvre sur le terrain autant que ceux dédiés à la planification
des travaux cherchent à s'approcher de la dynamique naturelle au coeur de la
régénération des forêts.
Cependant, l'ajout successif et non
toujours coordonné de directives, de règles, de cahiers de charges, et par
différents ministères, a eu pour effet de restreindre l'accès à certains
territoires forestiers. Bien comptabilisé dans la possibilité du Forestier en
chef et attribuée pour la récolte, un volume considérable de matières ligneuses
s'avère annuellement non récolté pour des raisons de modalités d'aménagement et
de complexité administrative.
Dans ce contexte, le CIFQ invite le
législateur à revoir en profondeur certaines dimensions de l'encadrement
législatif réglementaire affectant la gestion des forêts québécoises, puis les
travaux entourant l'adoption du projet de loi n° 46 s'avèrent un moment
propice pour ce faire. Plusieurs des modalités d'aménagement forestier durable,
au niveau stratégique, ont été considérées dans l'évaluation des possibilités
forestières et ont occasionné une baisse appréciable de volume disponible de la
récolte de bois.
Pour le CIFQ, la désignation d'un
territoire en aire protégée ne sera pas sans impact économique, on vient d'en
examiner avec soin les impacts sur les communautés limitrophes, c'est pourquoi
le CIFQ est d'avis que la participation des parties prenantes, tout au long du
processus de désignation, gagnerait à être enchâssée dans le projet de loi en
lieu et place d'une seule période d'information publique lors du processus de
désignation. Les démarches réalisées lors de la révision de la Loi sur la
qualité de l'environnement et de la réécriture de ses règlements devraient
inspirer le législateur.
Le CIFQ constate également que bon nombre
d'éléments restent vagues et non définis. Ils seront fixés ultérieurement par
règlement. Pareille façon de faire engendre une incertitude juridique et
complexifie l'appréciation globale du projet de loi n° 46.
Donc, les membres du CIFQ souhaitent participer activement à ce processus de
désignation. Mais, quand on parle des articles, et des nouveaux
articles 27, 29, on parle du processus de désignation...
M. Samray (Jean-François) :
...engendre une incertitude juridique et complexifie l'appréciation globale du projet
de loi n° 46. Donc, les membres du CIFQ souhaitent
participer activement à ce processus de désignation. Mais, quand on parle des articles,
et des nouveaux articles 27, 29, on parle du processus de désignation par le gouvernement
et de la sélection des territoires, qui doit se faire en collaboration avec les
ministères et organismes. Le CIFQ est d'avis que l'État québécois doit agir de
façon coordonnée et univoque non seulement avec la collaboration, mais également
avec l'implication des ministères à vocation économique ou sectorielle, et
ceux-ci doivent faire partie intégrante du processus tout en amont de la
désignation. Selon le CIFQ, l'atteinte des objectifs et la protection du
territoire ne peuvent être durables à long terme que si elles s'accompagnent...
si elles ne s'accompagnent pas d'une reconnaissance de l'importance
d'intensifier l'aménagement forestier sur une portion du territoire, le tout
afin de maintenir l'équilibre social, économique et environnemental. Sans
l'apport d'un nombre accru de mètres cubes vers les usines de transformation,
le retrait de kilomètres carrés à des fins de protection ne pourra avoir
d'autre effet que la fermeture d'entreprises et la dévitalisation sociale de
communautés. Donc, pour le CIFQ, la protection accrue sur certaines zones avec
une intensification de la production forestière sur d'autres zones s'avère donc
une voie de passage toute désignée pour le développement durable du territoire.
C'est pourquoi le CIFQ encourage le gouvernement du Québec à cheminer sans plus
attendre vers cette direction et à apporter les changements requis au régime
forestier.
Le Président (M. Ciccone) :
30 secondes, M. Samray, 30 secondes.
M. Samray (Jean-François) :
Allez-y, nous sommes prêts à discuter de notre mémoire avec vous.
Le Président (M. Ciccone) :
Ah! bien, formidable. Merci beaucoup pour votre exposé, M. Samray. Nous allons
maintenant passer à la période d'échange, et je commence avec le ministre pour
une période de 16 min 30 s. La parole est à vous, M. le
ministre.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présence parmi nous cet après-midi. C'est déjà
moins évident d'échanger par l'entremise d'une visioconférence. Donc, merci de
vous porter volontaire malgré tout. Je comprends... Vous avez bien fait
d'insister sur l'importance de l'industrie forestière au Québec, c'est
effectivement une industrie génératrice de création de richesse qui permet le
développement de bon nombre de nos communautés, aussi génératrice d'emplois.
Ceci dit, je ne pense pas qu'il y ait d'opposition, mais il y a certainement
des visions qui doivent se rejoindre quelque part au niveau des aires
protégées. À travers ce projet de loi là, on a entendu différents groupes.
Plusieurs nous ont partagé la nécessité d'avoir un certain équilibre entre une
protection du territoire au nord versus le territoire plus au sud; au sud, on
le devine bien, dans certains cas terres publiques, oui, mais souvent terres
privées, mais dans tous les cas avec une biodiversité qui est nettement plus
riche que ce que l'on peut retrouver au nord. Donc, c'est certain que, si le
gouvernement du Québec veut atteindre ses cibles, oui, il a la possibilité
d'aller au nord tantôt, mais il devra aussi se pencher vers des territoires
plus au sud.
Et quelle est la perception de votre
industrie par rapport à des territoires qui pourraient être perçus comme...
M. Charette : ...donc c'est
certain que, si le gouvernement du Québec veut atteindre ses cibles, oui, il a
la possibilité d'aller au nord tantôt, mais il devra aussi se pencher vers des
territoires plus au sud. Et quelle est la perception de votre industrie par
rapport à des territoires qui pourraient être perçus comme étant cultivables
selon votre type d'industrie mais qui seraient malgré tout entièrement protégés
pour justement reconnaître cette richesse de biodiversité? Donc, pour vous, ça
peut vouloir dire un territoire exploitable en moins, mais, pour l'environnement
et la biodiversité québécoise, une nécessité, là, malgré tout.
• (15 h 40) •
M. Samray (Jean-François) :
Oui. Bien, écoutez, M. le ministre, je crois que, dans le pourcentage pour
atteindre le 20 %, tel que le souhaite le fixer le projet de loi, il y a
également les écosystèmes marins. Et je pense qu'il faut les prendre en
considération parce que je le Québec a un certain recul.
Maintenant, ceci étant, lorsqu'on parle
des territoires qui sont en zone qui peuvent être... où il peut y avoir de
l'exploitation forestière, je pense qu'on établit une zone de passage. On l'a
bien balisée sur le fait de dire qu'il y a des aires qui sont déjà retirées de
la possibilité forestière par le forestier en chef et qui n'en font pas partie.
Voilà des endroits sur lesquels on pourrait déjà venir établir des zones. Il y
a d'autres endroits qu'on pourrait... qui nous fera plaisir de contribuer aux
travaux pour les identifier, mais retirer des kilomètres carrés sans permettre
une foresterie plus active sur d'autres territoires et ainsi assurer les mètres
cubes aux usines va être dévitalisant pour l'industrie. Donc, je pense qu'il y
a moyen de trouver des kilomètres carrés à désigner, mais il faudra
préalablement ajouter des pratiques sylvicoles et il faudra préalablement
désigner des aires où on va vouloir faire de l'intensification forestière. Et
peut-être que ma collègue, Geneviève, peut renchérir là-dessus.
Mme Labrecque (Geneviève) :
Oui, si je peux me permettre de renchérir. Vous parlez d'un équilibre nord-sud,
bien, moi, je pense que l'évaluation de l'importance de protéger la
biodiversité, c'est dans l'ensemble du territoire par les recherches dans
lesquelles on participe. On nous explique souvent l'importance de la
biodiversité aussi dans les forêts du nord, dans les divers écosystèmes. Donc,
je crois à ce que ça doit être équilibré, là, comme les autres groupes peuvent
le demander. Mais de la même façon, il y aurait des territoires, bien,
peut-être intéressants à regarder qui sont moins intéressants à récolter pour
l'industrie forestière, mais qui seraient d'autant intéressants à préserver.
Donc, l'impact serait peut-être moins important dans certains territoires.
Donc, en participant à ces travaux avec vous, ça permettrait de prendre des
décisions équilibrées par rapport à tout ça.
M. Charette : Je vous entends
bien, mais en même temps, vous comprenez un petit peu la dynamique dans
laquelle on se retrouve. L'industrie forestière a ses prérogatives, a ses
besoins. L'industrie minière a les siens. La nécessité de protection de
territoires a aussi ses...
M. Charette : …je vous entends
bien, mais, en même temps, vous comprenez un petit peu la dynamique dans
laquelle on se retrouve. L'industrie forestière a ses prérogatives, a ses
besoins. L'industrie minière a les siens. La nécessité de protection de territoire
a aussi ses particularités. Le marin est une option, mais on ne peut pas que
repousser dans la cour de l'autre en quelque chose. Donc, dans la dynamique qui
est la nôtre actuellement, on est tous appelés à se parler, je pense qu'on le
fait bien.
Moi, je sais bien que je suis en contact
régulier avec mes collègues, autant aux ressources naturelles, qu'au niveau du
MFFP, mais clairement, il y a… et je dis chasse gardée sans que ce soit
péjoratif, là, comprenez-moi bien, j'ai le plus grand respect pour votre
industrie. Mais on est tous appelés à concéder des territoires qu'on aurait
aimé, dans certains cas, protéger, dans certains cas, développer pour la
foresterie, dans d'autre cas, développer pour les ressources naturelles, mais
il faut créer cet équilibre-là.
Et le projet de loi n° 46 nous aide
en ce sens-là, en ce sens qu'actuellement on a cinq catégories de protection
qui sont relativement strictes. On vient en ajouter une sixième qui est basée
sur les règles de l'UICN également, donc des pratiques qui se font ailleurs,
dont on se prive actuellement, mais c'est clair que ça vient beaucoup
bouleverser un petit peu les projections que certains groupes pouvaient faire
depuis tel ou tel territoire.
Et sinon sur le projet de loi n° 46,
en particulier, je vous entendais bien dire : Oui, la planification est
nécessaire, les échanges, la collaboration sont nécessaires, j'en suis, mais
est-ce qu'il y a des articles qui vous inquiètent davantage? Est-ce qu'il y a
des amendements plus précis que vous souhaiteriez voir, ou c'est davantage un
voeu plus général, ce qui est très, très correct, là, qui nous est partagé cet
après-midi?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, écoutez, moi, je pense qu'on le présente bien à la figure 3 de notre
mémoire, et je reviens là-dessus que le tiers de la possibilité forestière est
actuellement retiré de la disponibilité à l'industrie pour des raisons de
considération environnementale et sociale. Donc, le tiers de la forêt
québécoise peut déjà servir à établir des zones de protection pour le Conseil
de l'industrie forestière, je pense… on est d'avis qu'il y a déjà un grand
territoire à mettre là-dessus.
Un autre critère qui peut être, c'est que,
sur l'ensemble de la forêt québécoise, il y a des zones, compte tenu de la
distance de certaines forêts, elles ne sont pas économiquement rentables. Donc,
derrière le critère et les filtres à mettre dans les déterminations, je pense
que, dans l'équilibre qu'on vous mentionne qu'il y a une voie de passage, la
notion également de l'approche économiquement rentable doit être prise en
compte. Finalement, je pense qu'également il faut faire de la préservation,
selon la modalité n° 6…
M. Samray (Jean-François) :
…les critères et les filtres à mettre dans la détermination, je pense que, dans
l'équilibre qu'on vous mentionne,qu'il y a une voie de passage. La notion également
de l'approche économiquement rentable doit être prise en compte.
Finalement, je pense qu'également pour
faire la préservation selon la modalité n° 6, donc
des forêts à vocation durable, je pense que les pratiques forestières au Québec
sont parmi les plus durables de la planète. Ce n'est pas pour rien que notre territoire
possède 13 % de la forêt durable du Québec. Et si on veut permettre aux
gens à avoir accès à ces territoires pour faire du camping écologique, de
l'écoconcentisation, hein, il va nécessairement falloir qu'il y ait des chemins
d'accès. Il va nécessairement falloir… on ne déposera pas les gens en
hélicoptère sur ces territoires. Donc, il y a une cohabitation à faire avec la
forêt, puis, nous, je pense qu'il y a moyen de trouver les façons de faire pour
y aller.
Mais je le répète parce que l'élément
important qu'on souhaite que le législateur retienne, c'est que, s'il y a des
kilomètres carrés en plus du tiers qui est retiré de la possibilité forestière,
il faudra que, de la même façon, on soit capable de faire un débat suffisamment
adulte dire que, sur une autre partie de la forêt, si on ne veut pas mettre le
forestier québécois comme une espèce menacée, bien, il va falloir être capable
de faire de l'intensification forestière, et ça, je pense que c'est dans
plusieurs documents et politiques gouvernementales. La seule chose, c'est qu'on
ne le voit pas encore à l'oeuvre.
M. Charette : Parfait. Et
de façon générale le projet de loi lui-même est une occasion pour vous d'avoir
ce dialogue là où c'est davantage avec les échanges que vous pouvez avoir mon
collègue. Quelle est l'ouverture que vous voyez dans le projet de loi n° 45 pour faire valoir ces préoccupations-là?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, moi, je vous dirais que toute la notion de la consultation, on le
mentionne dans notre mémoire, que la consultation… de dire une seule fois
pendant 30 jours, c'est un peu court. Moi, je crois que le travail qui a
été réalisé sous votre gouverne, par le ministère, à faire la coconstruction de
la Loi sur le développement durable et des règlements qui viennent avec, c'est
un bel exemple de façons de faire par lequel l'industrie pourrait contribuer à
identifier les meilleures parcelles à protéger.
Puis il faut être réaliste, une forêt qui
contient un marais, il n'y a pas d'intérêt pour un forestier d'aller s'enliser
jusqu'aux essieux, tout comme il n'y a pas d'intérêt pour d'aller couper et
récolter du bois qui lui a été désigné par le Forestier en chef sur des coteaux
pentus. Donc, je pense qu'il y a une façon de rejoindre écologie, économie et développement
durable. Geneviève, si tu veux ajouter.
Mme Labrecque (Geneviève) :
Oui. Mais si je peux me permettre de compléter. Aussi, M. le ministre, en
complément aussi dans le projet de loi, il y a tout le chapitre sur les mesures
de conservation. Donc, dans le projet de loi, il y a des types qui sont prévus
pour ça, les territoires de conservation nordique et les aires, là, d'utilisation
durable. Mais nous, on croit que de reconnaître…
Mme Labrecque (Geneviève) :
…aussi, M. le ministre, en complément aussi dans le projet de loi, il y a tout
le chapitre sur les mesures de conservation. Donc, dans le projet de loi, il y
a des types qui sont prévus pour ça, les territoires de conservation nordiques
et les aires, là, d'utilisation durable. Mais nous, on croit que de reconnaître
certaines modalités d'aménagement qui se font actuellement, pour être intégrées
à ces mesures de conservation là, aiderait à atteindre les objectifs
gouvernementaux.
Donc, il y a des actions qu'on fait, que
ça soit sur des sites d'intérêt faunique ou des sites fauniques d'intérêt,
toute la stratégie entourant le caribou forestier, donc il va y avoir des
modalités de mises en place sur le terrain. Donc, si la combinaison de mettre
une mesure particulière avec de la récolte forestière aussi… peuvent être
reconnus comme des mesures protégeant la biodiversité, donc ça atteindrait… ça
aiderait à atteindre les objectifs, selon nous. Donc, c'est une voie de passage
dans le projet de loi, selon nous.
M. Charette : Parfait. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le ministre. Je donne maintenant la parole au député de Bourget. Il
vous reste 5 min 10 s.
M. Campeau : Merci, M. le
Président. Bien, bonjour à vous deux. Comme vous le savez, M. Samray,
parce qu'on en a déjà parlé, moi aussi, je viens de l'industrie des pâtes et
papiers, puis ce n'est pas moi qui a dit ça, là, mais il y a des gens qui
avaient pris cette expression-là : utiliser une matière renouvelable pour
en faire des produits recyclables ou compostables, il y a quand même beaucoup
de belles choses là-dedans, on ne devrait pas en rougir. Et l'industrie, ça
fait longtemps que l'industrie cherche l'équilibre, ce n'est jamais facile,
entre les emplois, les gaz à effet de serre à abaisser, la foresterie durable
et les aires protégées, et ça fait un mélange où il n'y a jamais… soit tout le
monde est content, soit tout le monde n'est pas content, mais, en tout cas, il
faut continuellement discuter ce genre de choses là, hein, il n'y a pas
d'inquiétude, la CIFQ, vous avez beaucoup de travail. Vous êtes là pour
longtemps.
• (15 h 50) •
Moi, j'aimerais vous parler de la
prévisibilité parce que je suis un peu surpris que vous n'en ayez pas beaucoup
parlé. L'industrie des pâtes et papiers est caractérisée par le fait que ça
prend des investissements majeurs et à long terme continuellement. Alors, si je
comprends bien, le fait d'avoir un projet de loi n° 46 et des règles
sylvicoles claires, ça va vous aider à avoir de la prévisibilité pour savoir où
vous allez prendre votre bois, combien il va coûter sur le long terme, parce
que, sinon, vous n'aurez pas d'intérêt à investir à long terme, il y aurait
trop d'incertitude. Est-ce que je me trompe? Et puis est-ce que vous pouvez
élaborer sur cette idée de prévisibilité, s'il vous plaît?
M. Samray (Jean-François) :
Mais, bien au contraire, vous êtes pile-poil dessus, M. le député Campeau. Je
pense que le message qu'on amène, c'est celui de dire qu'il y a déjà le tiers
de la forêt qui est retiré de la possibilité forestière, il y a amplement de
zones là-dedans pour travailler. De l'autre côté, si on... ce que l'industrie a
besoin, vous l'avez…
M. Samray (Jean-François) : ...au
contraire, vous êtes pile-poil dessus, M. le député Campeau. Je pense que le
message qu'on amène, c'est celui de dire qu'il y a déjà le tiers de la forêt
qui est retiré de la possibilité forestière, il y a amplement de zones
là-dedans pour travailler. De l'autre côté, si on enlève... ce que l'industrie
a besoin, vous l'avez très bien compris, ce sont des mètres cubes rendus
disponibles sur le long terme à l'usine. Et, derrière ça, il faut faire de
l'aménagement durable des forêts, mais l'aménagement durable des forêts, ça
vient également dire de l'intensification dans certaines zones et de la
protection plus stricte dans un autre endroit. Et ce qui était vraiment pour
remplacer le plastique dans les emballages et autres, pour utiliser, maximiser
les retombées économiques et environnementales, c'est d'avoir une certitude des
volumes qui seront disponibles année après année pour l'industrie.
Geneviève, qui a fait énormément d'aménagement
forestier, peut en ajouter au point de vue pratique.
Mme Labrecque (Geneviève) :
Oui, c'est ça. Dans le fond, on l'aborde dans notre mémoire, on dit que c'est peut-être
une occasion de se parler entre différents ministères pour protéger ou
préserver aussi le rendement forestier ou la capacité du potentiel forestier du
territoire pour que nos usines aient accès à un approvisionnement à long terme.
Parce que, depuis que je travaille dans le domaine, 25 ans, bien, ça a
évolué, les pratiques se sont grandement améliorées, mais à la fois il y a eu
des diminutions importantes de la possibilité forestière et, par le fait même,
des attributions aux usines. Donc, on peut-u travailler, à partir d'aujourd'hui,
à stabiliser ce rendement forestier là et le potentiel forestier pour le futur
en continuant de travailler aux objectifs de mesures de conservation mais aussi
en abordant l'aspect intensification de notre rendement forestier? Donc, ça, ça
viendrait équilibrer les choses, c'est une nécessité, puis on l'aborde aussi
dans nos travaux, là, pour l'amélioration du régime forestier.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Il reste une minute, M. le ministre, 1 min 10 s.
Si vous voulez, on cède... Parfait, merci. On passe maintenant la parole au député
de Viau de l'opposition officielle. Vous avez un temps de 11 minutes... d'alloué.
À vous la parole.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Merci pour votre présentation. Donc, je vais me référer à la page
10 de votre mémoire, je crois que c'est le dernier paragraphe, lorsque vous
dites... c'est le paragraphe qui commence par «Selon le CIFQ», vous
dites : «si elle ne s'accompagne pas d'une reconnaissance de l'importance
d'intensifier l'aménagement forestier sur une portion du territoire».
J'aimerais vous entendre là-dessus. Qu'est-ce que vous vous voulez... vous nous
suggérez par ces mots?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, je reviens sur ma réponse précédente, il faut garantir aux usines des
mètres cubes annuellement, des volumes de bois, année après année, pour
permettre d'être en opération, pour permettre de faire la transition vers de
nouveaux produits. La forêt a été, et depuis les tous débuts du Québec, la
forêt est présente, et nous, on est convaincus qu'elle sera là pour les siècles
à venir, mais il faut s'assurer qu'on ait des volumes de bois.
Donc, ce que ça signifie, c'est que, si
on...
M. Samray (Jean-François) :
...des volumes de bois, année après année, pour permettre d'être en opération,
pour permettre de faire la transition vers de nouveaux produits. La forêt a
été, et depuis les touts débuts du Québec, la forêt est présente, et nous, on
est convaincus qu'elle sera là pour les siècles à venir, mais il faut s'assurer
qu'on ait des volumes de bois.
Donc, ce que ça signifie, c'est que, si on
retire les kilomètres carrés sur lesquels il y a du bois, et là, on doit le
remplacer par, à certains endroits, une sylviculture, donc une culture de la
forêt qui va faire des interventions un peu plus fréquentes pour garantir une
croissance nettement plus grande que... on est rendu à 1,2 m³ par hectare
par année quand les pays scandinaves sont à six. Comprenez qu'il y a peut-être
un enjeu de compétitivité sur le long terme, mais dans la pratique, comment ça
se décline? Ma collègue ingénieure forestière, Mme Labrecque, va vous
expliquer au quotidien ce que ça signifie.
Mme Labrecque (Geneviève) :
Oui, c'est ça. Actuellement, il est déjà prévu dans les dispositions de la Loi
sur l'aménagement durable du territoire forestier qu'il soit mis en place des
aires d'intensification de la production ligneuse. Ce qu'on veut dire ici, dans
notre mémoire, bien, depuis la mise en oeuvre du régime forestier actuel, il y
a des discussions, des territoires qui commencent à être identifiés, mais la
mise en oeuvre, là, est très, très modeste, de ces aires d'intensification là. Donc,
des exemples, là, ça serait d'accentuer le reboisement, de porter une attention
plus rigoureuse sur l'éducation de chaque peuplement dans ces territoires-là.
Donc, il faut investir aussi. Il faut amener les budgets prévus pour amener ce
soin-là au territoire qu'on voudrait intensifier.
Donc, actuellement, ça fait partie des
orientations de la Stratégie d'aménagement durable des forêts, mais on ne sent
pas, du côté de l'industrie, que c'est une priorité à travers toutes les
activités qu'on doit mettre en oeuvre, là, pour faire l'aménagement forestier
durable. Donc, on veut que ça soit tout simplement mis de l'avant et mis en
oeuvre parce que les dispositions, à date, le prévoient. Donc, en faisant une
concertation entre le ministère de l'Environnement et des Forêts de ce côté-là,
on pourrait arriver à une mise en oeuvre accélérée de ces dispositions-là qui
sont déjà prévues.
M. Benjamin : Justement,
parlant de concertation, donc, c'est dans le paragraphe qui vient tout juste
avant celui que je viens d'évoquer, vous parlez de la nécessité d'implication
des ministères à vocation économique ou sectorielle qui devaient faire partie
intégrante de ce processus. Avant vous, il y a certains intervenants qui nous ont
parlé de la difficulté, justement, à faire parler les ministères, ministère des
Forêts, ministère de l'Environnement, c'est compliqué. Vous, c'est quoi...
quelle est votre perspective sur cette implication ministérielle sectorielle?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, écoutez, à titre d'exemple, il existe un comité gouvernemental sur
l'action forestière. Souvent, différents fonctionnaires, différents personnels de
cabinet nous appellent avant les réunions pour avoir des statistiques, des
informations. Une façon collaborative, pour nous, ce serait de dire :
Bien, écoutez, tant qu'à nous appeler chacun à tour de rôle, vous pourriez nous
inviter sur une partie de la réunion pour poser, tout le monde, vos questions.
Et tout le monde serait sensibilisé avec les mêmes...
M. Samray (Jean-François) :
...de cabinet nous appelle avant les réunions pour avoir des statistiques, des informations.
Une façon collaborative, pour nous, ce serait de dire : Bien, écoutez,
tant qu'à nous appeler chacun à tour de rôle, vous pourriez nous inviter sur
une partie de la réunion pour poser, tout le monde, vos questions. Et tout le
monde serait sensibilisé avec les mêmes préoccupations et le même encadrement.
Puis, par la suite, on prend nos choses, et on quitte la salle, et on vous
laisse travailler. Mais, ce faisant, on aura pu fournir toute l'information aux
différents ministères qui ont été présents.
M. Benjamin : Certains groupes
avant vous qu'on a entendus, rencontrés jusqu'à maintenant demandent qu'il n'y
ait aucune activité industrielle sur les aires protégées d'utilisation durable.
Quelle est votre perspective sur cet enjeu?
M. Samray (Jean-François) :
Notre perspective est que la forêt québécoise, les pratiques forestières sont
encadrées par une loi sur le développement durable, un règlement qui va... au
même effet, et ont une approche écosystémique. Donc, pour nous, si on est...
balisés, il n'y a pas de raison de... Ce n'est pas le far west, les ingénieurs
forestiers qui font la planification ou les opérations sur le terrain sont
excessivement balisés. Donc, pour nous, je pense que, pour la conciliation de
la lutte aux changements climatiques puis la préservation des espèces, il est
fondamental que ça soit pris en compte. Parce que, comme on l'indique également
plus loin dans notre mémoire, les... les dollars investis dans la forêt
génèrent les crédits carbone parmi les moins chers que le Québec peut obtenir.
Et, Geneviève, si tu veux ajouter.
Mme Labrecque (Geneviève) :
Oui, c'est ça, parce que les pratiques forestières d'aujourd'hui sont
encadrées, et dans la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier, le
maintien de la biodiversité fait partie des critères. Donc, on récolte une ressource
renouvelable, puis les pratiques sont faites dans un guide pour maintenir la
biodiversité. Donc, on croit que c'est possible que les pratiques d'activité
forestière pourraient être compatibles à l'atteinte des objectifs de maintien
de la biodiversité. Puis parlez-en à tous les forestiers qui oeuvrent dans le
domaine, ils sont convaincus de la même chose. C'est une ressource
renouvelable, la forêt reprend son territoire après que la récolte soit passée,
donc on croit, au contraire, que ça peut être compatible dans différents types
de mesures de conservation qui seront mises en place dans le cadre de cette
loi-là.
M. Samray (Jean-François) :
Et soyons bien clairs. Soyons bien clairs, si ce n'est pas une récolte
contrôlée, encadrée avec plusieurs guides, la nature a sa façon de se
régénérer, ce sera un incendie de forêt. Et comme on peut voir au Québec, année
après année, ou ailleurs dans le monde, c'est peut-être plus facile d'encadrer
une récolte par l'industrie que par un incendie de forêt.
M. Benjamin : Malheureusement,
on n'a pas beaucoup de temps, donc j'aurais deux ou trois questions.
M. Samray (Jean-François) :
Allez-y.
M. Benjamin : Donc, si vous
pouvez nous faciliter avec des réponses un petit peu plus courtes, ça nous aiderait.
• (16 heures) •
Vous présentez dans votre mémoire l'avis
qu'il serait préférable de préconiser les sites fauniques d'intérêt pour
atteindre nos cibles. Or, certains écrits scientifiques spécifient que la
valorisation économique de la...
16 h (version non révisée)
M. Benjamin : …malheureusement,
on n'a pas beaucoup de temps. Donc, j'aurais deux ou trois questions à vous
poser, donc, si vous pouvez nous faciliter avec des réponses un petit peu plus
courtes, ça nous aiderait.
Vous présentez dans votre mémoire… et
l'avis qu'il serait préférable de préconiser les Sites fauniques d'intérêt pour
atteindre nos cibles. Or, certains écrits scientifiques spécifient que la
valorisation économique de la biodiversité sous-évalue l'apport de celle-ci. En
spécifiant les SFI, donc, les Sites fauniques d'intérêt, ne passons-nous pas à
côté de l'objectif?
Mme Labrecque (Geneviève) :
Non, bien, c'était un exemple d'utiliser… parce qu'il y a plusieurs modalités
qui sont suivies en forêt puis on doit respecter des modalités particulières ou
des mesures particulières lorsqu'on intervient dans un Site faunique d'intérêt.
Bien, celui-là, ça en est un, exemple pour dire : Pourquoi ne pas tout
considérer les interventions faites dans des Sites fauniques d'intérêt comme
des mesures de conservation qui pourraient être comptabilisées, là, dans les
objectifs à atteindre. C'était dans ce sens-là, mais pas pour exclure. C'était
un des exemples possibles.
Il y a d'autres possibilités
d'intervention qu'on fait en forêt dans soit… exemple, les modalités particulières
pour équilibrer les agglomérations de coupe, ensuite, toutes les modalités
qu'on va mettre en place pour la préservation de l'habitat du caribou
forestier. Donc, lorsqu'on opère dans des territoires comme ça, ils pourraient
être considérés à utilisation durable parce qu'ils ont un objectif de maintien
particulier d'une valeur comme, exemple, le caribou dans ce cas-là ou des sites
fauniques particuliers.
M. Benjamin : En retirant le
concept d'aire projetée, est-ce que vous ne voyez pas un risque de perte de
flexibilité pour l'industrie?
Mme Labrecque (Geneviève) :
Bien, du côté de l'industrie, dès qu'un statut est désigné, qu'il soit en
projeté, en réserve ou déterminé, il est exclu de la possibilité forestière
actuellement. Donc, quand on dit qu'il y a un potentiel brut de notre capital
forestier, actuellement, dès qu'il y a un statut particulier à une surface, de
la façon que c'est géré aujourd'hui, c'est exclu. Mais là, si on ouvre la porte
à regarder à des mesures adaptatives dans certaines aires protégées à vocations
différentes, bien là, peut-être que les impacts vont être moins importants,
justement.
Donc, d'avoir un statut provisoire, ça
nous permettait d'en discuter puis d'intervenir au BAPE, mais pour les impacts
sur les approvisionnements, c'était le même, qu'on ait un statut projeté ou
déterminé au moment de sa désignation.
M. Benjamin : Il y a un
dernier aspect, et il y a plusieurs intervenants qui sont venus nous en parler
et suggéré, évidemment, que ce projet de loi parle, aborde cet aspect-là, c'est
les aires de conservation autochtones. Donc, où est-ce que… est-ce que vous
avez eu la chance de réfléchir là-dessus? Où est-ce que vous vous situez par
rapport à cette orientation?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, je pense que, comme on l'a mentionné, il y a le tiers de la
possibilité forestière qui est déjà retirée. Nous, quand le forestier en chef
désigne des zones de récolte… Annuellement, il y a 0,8 % du territoire
disponible une fois qu'on a tout retiré, qui est récolté. Quand l'industrie se
fait dire : Voici les quatre coordonnées GPS de l'endroit où tu dois aller
récolter…
M. Samray (Jean-François) :
...qui déjà a retiré. Nous, quand le forestier en chef désigne des zones de
récolte... Annuellement, il y a 0,8 % du territoire disponible, une fois
qu'on a tout retiré, qui est récolté. Quand l'industrie se fait dire :
Voici les quatre coordonnées GPS de l'endroit où tu dois aller récolter, on
s'attend à ce qu'il y ait eu un travail en amont puis on s'attend à ce qu'il y
ait eu... ce territoire-là soit... puisse être récolté, puis que... se fasse
avec la collaboration de tout le monde. Donc, je pense que dans le tiers qui
est retiré, il y a déjà suffisamment de territoire pour en convenir et faire...
et rendre tout le monde heureux, quoi.
Le Président (M. Ciccone) :
30 secondes, M. le député.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. J'ai 2 min 45 s. Donc,
il y a... Tout à l'heure, le groupe qui vous a précédé, SNAP-Québec, proposait
qu'on crée un nouveau statut de gestion durable, donc autre qu'une aire
protégée stricte ou une aire protégée d'utilisation durable. C'est donc que
cette aire-là ne serait pas comptabilisée dans les objectifs et les cibles du
gouvernement d'aires protégées puis ce serait une façon de reconnaître les
efforts de l'industrie. Qu'est-ce que vous pensez de cette proposition-là?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, regardez, on vous revenir qu'il y a déjà le tiers de la possibilité
forestière qui est retirée. Tantôt... Je pense qu'il y a suffisamment, à
l'intérieur de ce territoire-là, de zones à retirer. Mais il faut également
avoir le... être assez adulte, comme société, et mature, pour dire qu'il y a,
d'un côté, la préservation faunique, biologique, mais il y a, de l'autre côté,
avoir une industrie qui permet de se... qui rend possible la séquestration du
carbone et qui rend possible également les produits de substitution du
plastique, et du béton, et autres. Donc, si on veut faire arriver les deux, il
va falloir qu'il y ait... Je pense qu'on identifie bien, dans notre mémoire,
que ça prend de l'intensification forestière de l'autre côté. On ne peut pas
tout le temps retirer, il y a suffisamment de territoire qui a déjà été retiré,
et donc, à un moment donné, il va falloir également... pour ne pas mettre en
péril l'industrie, il va falloir faire une intensification.
Mme Ghazal : Mais comment ça
se fait qu'on n'a pas atteint... Comment ça se fait que s'il y a autant de
territoire retiré, qu'on n'ait pas atteint les objectifs, la cible d'aires
protégées?
Mme Labrecque (Geneviève) :
Bien, parce que justement c'est... Les pratiques qu'on a pourraient être
reconnues, comme ce que vous venez de dire, de gestion durable, qui a...
différent d'utilisation durable. Bien, on dit : Oui, on apprécierait que
ce soit reconnu, effectivement. Mais tant qu'à le reconnaître, pourquoi on ne
le comptabilise pas justement dans différentes catégories puis... justement
parce que les activités forestières dans leur ensemble considèrent les éléments
de protection de la biodiversité, puis je pense que c'est un grand objectif
gouvernemental.
Mme Ghazal : Mais est-ce que
vous ne croyez pas qu'on devrait s'inspirer des normes internationales, l'UICN,
qui dit que dans une aire protégée stricte, il ne faut pas qu'il y ait aucune
activité industrielle ou autre? Vous ne croyez pas qu'on devrait s'inspirer des
normes internationales? Et donc c'est ça, l'idée. Sinon, une aire protégée, ça
veut dire quoi à la fin, si on peut faire la même chose que comme une aire non
protégée...
Mme Ghazal : ...l'UICN qui dit
que dans une aire protégée stricte, il ne faut pas qu'il y ait aucune activité
industrielle ou autre. Vous ne croyez pas qu'on devrait s'inspirer des normes
internationales? Et donc c'est ça l'idée, sinon, une aire protégée, ça veut dire
quoi à la fin si on peut faire la même chose que comme une aire non protégée?
Le Président (M. Ciccone) :
En 20 secondes, s'il vous plaît, Mme Labrecque.
M. Samray (Jean-François) :
Oui. Bien, écoutez, moi, je vais vous répondre qu'il y a déjà le tiers de la
possibilité forestière qui est retiré pour ces raisons. Il y a amplement, à
l'intérieur de ça, de territoires pour répondre à votre question.
Mme Ghazal : Donc, on ne
changer rien?
Le Président (M. Ciccone) :
Merci.
M. Samray (Jean-François) :
Donc, vous prenez dans ce tiers-là, vous en faites ce que vous voulez pour la
protection.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. Samray. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine. À vous la parole, 2 min 45 s
également.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
J'ai raté la fin de votre réponse. Quand vous parliez du tiers, là, qu'est-ce
qu'il faut prendre dans ce tiers-là? Si vous voulez compléter votre réponse.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, ce que j'ai dit, c'est que dans le tiers de la possibilité forestière
brute, il y suffisamment de territoire, ça présente une aire suffisamment
grande pour en faire des aires de protection durable, des aires de protection
stricte. On n'est pas obligés d'aller dans l'autre partie, donc dans la
possibilité forestière qui est disponible pour la valorisation et la
transformation. Il y a tout ce qu'il faut dans l'aire... dans le tiers qui est
retiré.
M. Arseneau : D'accord. Et
quand vous avez mentionné à plusieurs reprises — puis peut-être que
j'ai raté votre explication, là — qu'il fallait, si on retire un
certain nombre d'aires dans les deux tiers qu'on mentionne, il faudrait
intensifie, vous parlez d'intensification, quelles sont les conditions
d'intensification? Est-ce que ce n'est pas déjà possible de le faire? C'est le
régime forestier qu'il faut changer, c'est des modalités qu'il faut modifier?
Pourquoi est-ce qu'on ne le fait pas maintenant, là, l'intensification?
Mme Labrecque (Geneviève) : Je
peux y aller Jean-François? Bien, tout à l'heure, j'ai justement dit ça, que
c'était déjà possible. La Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier
prévoit des dispositions pour le faire, mais ce n'est pas mis en oeuvre actuellement
à 100 %. Donc, il existe des travaux sylvicoles, des pratiques forestières
pour intensifier le rendement forestier, mais ce n'est pas nécessairement dans
le haut des priorités actuellement dans la façon de gérer notre régime
forestier. Donc, notre message, dans le mémoire, c'est : Arrêtons d'en
parler et agissons sur le territoire en ce sens-là.
M. Arseneau : D'accord. Je
trahis mon origine maritime et non pas forestière, mais j'avais l'impression
que pour intensifier la récolte, ça dépendait de ceux qui font la récolte. Là,
ce que vous me dites, c'est les règles qui sont dictées par le gouvernement et
par le régime forestier qui vous empêchent d'intensifier, c'est ça?
Mme Labrecque (Geneviève) :
Bien, qui empêchent... Il faut investir, il faut mettre les budgets prévus pour
accentuer le reboisement, accentuer l'éducation des peuplements, exemple, les
éclaircies, ces choses-là, ce n'est pas juste en récoltant, c'est aussi en
s'occupant de la remise en production d'une façon différente.
M. Arseneau : Oui, mais, en
fait, ce que je veux savoir, c'est la responsabilité de l'industrie ou c'est
une responsabilité gouvernementale ou une responsabilité partagée?
Le Président (M. Ciccone) :
En 20 secondes, s'il vous plaît, 20 secondes.
M. Samray (Jean-François) :
C'est une responsabilité du gouvernement...
Mme Labrecque (Geneviève) :
…des peuplements, exemple, les éclaircies, ces choses-là, ce n'est pas juste en
récoltant, c'est aussi en s'occupant de la remise en production d'une façon
différente.
M. Arseneau : Oui, mais, en
fait, ce que je veux savoir, c'est la responsabilité de l'industrie ou c'est
une responsabilité gouvernementale, une responsabilité partagée?
Le Président (M. Ciccone) :
En 20 secondes, s'il vous plaît, 20 secondes.
M. Samray (Jean-François) :
C'est une responsabilité du gouvernement, la forêt publique appartient au gouvernement
du Québec. On attend avoir au budget lié au plan de l'économie verte les sommes
disponibles pour ce faire, parce que c'est le capital des Québécois qui peut
être valorisé en mettant des travaux. On capitalise dans notre forêt pour
augmenter son rendement et, à terme, quand on va récolter, l'État va récolter
plus de droits de coupe, et il va avoir plus de transformation, plus de valeur
ajoutée qui va se faire au Québec. Donc, c'est permis, mais il faut le faire.
Voilà.
M. Arseneau : Parfait.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup, Mme Labrecque, merci, M. Samray, pour votre contribution…
Mme Labrecque (Geneviève) : Ça
fait plaisir.
Le Président (M. Ciccone) :
…aux travaux de la commission. Je suspends maintenant les travaux quelques
instants afin de permettre aux représentants de l'Institut de développement
durable des premières nations du Québec et du Labrador.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
l'Institut de développement durable des premières nations du Québec et du
Labrador, en l'occurrence le chef Ghislain Picard de l'Assemblée des
premières nations du Québec et du Labrador, et M. Michael Ross,
directeur de l'Institut de développement durable des premières nations du Québec
et du Labrador.
Je vous rappelle, messieurs, que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à procéder à
votre exposé. La parole est maintenant à vous.
• (16 h 30) •
M. Picard
(Ghislain) : Oui, bonjour. Bonjour…
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Ciccone) :
...des premières nations du Québec et du Labrador. Je vous rappelle, messieurs,
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
procéder à votre exposé, la parole est maintenant est à vous.
M. Picard
(Ghislain) : Oui, bonjour. Bonjour. «Kwe». (S'exprime dans sa
langue). Bonjour, M. le Président, Mmes et MM. membres de la commission.
Toujours un peu inconfortable de procéder de cette façon-là, mais comme le
message doit vous parvenir, il est important, on va s'y adapter.
Écoutez, je comprends que nous avons été
conviés pour vous partager nos commentaires dans le cadre de l'étude du projet
de loi n° 46. Je tiens à vous rassurer d'entrée de jeu que l'institut de
développement durable, qui est un organisme qui est imputable à notre assemblée
des chefs, prendra le temps pour vous présenter en quoi le projet de loi dans
sa forme actuelle répond ou ne répond pas aux préoccupations des communautés
représentées par notre assemblée.
Par ailleurs, j'aimerais vous partager et
je vous avouerais qu'il m'est extrêmement difficile de prendre part à cet
exercice aujourd'hui sachant que la nation anishnabe et quelques-unes de ses communautés
participent présentement, en plein coeur de leur territoire traditionnel que
vous appelez le parc de La Vérendrye, à une manifestation pacifique destinée à
faire valoir et à réitérer une position qui n'est pas nouvelle liée aux
préoccupations entourant le déclin important des hardes d'orignaux. Cette
situation a certainement un lien avec les intentions du projet de loi n° 46
puisqu'on parle d'aires protégées. Les échos reçus des dirigeants de la nation
exigent un engagement politique qui permette aux chefs d'être entendus. Je suis
informé également que la SEPAQ et ses représentants, au lieu de diminuer les
tensions, contribuent par leurs actions à les encourager.
Juste un passé très, très récent, je fais
référence à mon dernier passage en commission en juin dernier, la commission
qui était chargée de l'étude du défunt projet de loi n° 61 et qui avait
permis au ministre qui en avait la charge à ce moment-là, M. Dubé, de
parler de ma réputation, de dire les choses comme elles sont. Je pensais que
c'était un compliment. Sachant... le compliment ne tient plus tellement la
route.
J'aimerais également porter une autre
précision qui, à mon sens, évidemment va sans doute expliquer notre présence
aujourd'hui et la raison pour laquelle nous allons quand même émettre des
commentaires sur le projet de loi n° 46. Vous devez comprendre que le seul
fait d'être devant vous, avec vous, plutôt...
M. Picard
(Ghislain) : …à mon sens, évidemment, va sans doute expliquer notre
présence aujourd'hui et la raison pour laquelle nous allons quand même émettre
des commentaires sur le projet de loi n° 46. Vous devez comprendre que le
seul fait d'être devant vous, avec vous, plutôt, aujourd'hui, de participer à
votre démarche comme nous le faisons depuis déjà plusieurs années, pourrait
être vu comme un excès de complaisance de la part des chefs qui siègent à notre
table, qui voient les gouvernements se succéder et vanter les mérites d'une
relation de nation à nation. En vertu d'une telle relation, telle que nous la
comprenons, et si elle était réelle, nous devrions être partie prenante de la
confection des législations ayant un impact sur les lois et intérêts des Premières
Nations siégeant à notre table. Ce que nous avons plutôt, ce sont des projets
législatifs que nous sommes contraints de critiquer parce qu'ils nous sont
souvent imposés sans nous ayons eu le temps de les analyser, au pire, d'y
proposer des amendements et, au mieux, d'harmoniser leurs objectifs avec notre
réalité.
Je vous rappelle que nous représentons les
gouvernements, dont les dirigeants sont dûment élus à plusieurs égards. Ces
gouvernements ont également la possibilité de développer leurs propres lois en
fonction de leur propre cadre. Cela dit, alors que je demande à mon collègue
Michael Ross de vous faire part de leur analyse du contenu du projet de loi
n° 46, je tiens tout de même à vous partager, en guise de complément, que
nous jugeons essentiel d'être ici afin de vous sensibiliser sur nos
préoccupations au regard de nos territoires traditionnels. À bien des égards,
il faut se rendre à l'évidence que les objectifs que vous poursuivez
contribuent à creuser davantage un fossé qui est déjà bien profond dans la relation
harmonieuse que nous cherchons à suivre, le «nous» vous incluant évidemment.
Le statu quo est réel. Votre cadre
législatif qui poursuit, dans une certaine indifférence face à notre réalité,
contribue très certainement à son maintien. Merci beaucoup. J'invite Michael
Ross à poursuivre.
M. Ross (Michael) : Merci
beaucoup, chef Picard. D'entrée de jeu, j'aimerais mentionner qu'il y a
plusieurs premières nations qui nous ont demandé de vous partager leur
déception de ne pas avoir été inclus davantage en amont de ce processus et, en
plus, de ne pas avoir reçu d'invitation officielle pour venir présenter leurs
enjeux à cette commission, car le projet de loi n° 46, là, suscite
beaucoup d'intérêt et a des impacts potentiels sur elles.
Il y a beaucoup de premières nations qui
travaillent, depuis des années, certainement depuis un 10 à 15 ans, de manière
acharnée, à établir des statuts de protection pour des territoires qui ont une
grande valeur pour elles. Elles ont dû gérer les changements de gouvernement,
les changements d'orientation, les changements de règle en cours de route qui
ont entraîné des pertes d'habitat, des pertes de patrimoine, des pertes
d'héritage qui, dans certains cas, ne seront jamais retrouvées. Les premières
nations ont les mêmes objectifs que votre gouvernement afin d'établir…
M. Ross (Michael) : ...pour
elles. Elles ont dû gérer des changements de gouvernement, des changements
d'orientation, des changements de règles en cours de route, qui ont entraîné
des pertes d'habitats, des pertes de patrimoine, des pertes d'héritages qui,
dans certains cas, ne seront jamais retrouvés.
Les Premières Nations ont les mêmes objectifs
que votre gouvernement afin d'établir un réseau d'aires protégées. Il faut tout
simplement donner aux Premières Nations les outils et la place pour vous aider
à les atteindre. La plus importante manière, selon nous, d'atteindre ces
objectifs est d'inclure, dans le p.l. n° 46, le
concept d'aire protégée et de conservation autochtone. C'est, selon nous, aussi
l'absence du concept d'APCA l'enjeu principal du p.l. n° 46.
Il existe plusieurs définitions des APCA,
mais le principe fondamental transversal vise la conservation des valeurs
culturelles autochtones quant à leur lien étroit avec la nature en plus, bien
sûr, de la conservation de la biodiversité. Sans pouvoir suggérer un cadre
défini à ce stade-ci, il fait toutefois consensus qu'il s'agit d'un outil
législatif qui doit absolument être rendu disponible aux Premières Nations afin
de leur offrir la possibilité de mettre en oeuvre leur propre vision de la
conservation. L'efficacité des APCA est démontrée, et le concept est de plus en
plus mis de l'avant dans d'autres provinces et territoires du Canada ainsi
qu'ailleurs dans le monde.
Par contre, les APCA ne devraient
toutefois pas représenter un modèle unique mais plutôt constituer un outil
flexible, en termes d'objectifs de gestion et de structures de gouvernance, qui
peut s'adapter en fonction de la réalité de chaque communauté ou nation.
Alors, en termes d'APCA, je vous dirais
que notre recommandation est d'intégrer le concept d'APCA dans le p.l. n° 46 en prévoyant un outil souple qui puisse s'adapter aux
différents besoins et objectifs des Premières Nations, et ses balises doivent
être établies avec les Premières Nations.
Pour ce qui est de l'aire protégée
d'utilisation durable, la mise en place d'aires protégées de catégorie VI
sème beaucoup d'inquiétude chez les Premières Nations quant au fait de
dénaturer le concept d'utilisation durable au bénéfice de l'industrie, tout en
permettant de faire bonne figure en rencontrant les objectifs de superficie
d'aires protégées. Il serait désastreux que cette nouvelle catégorie permette
une exploitation qui va à l'encontre de la vision des Premières Nations. Alors,
l'augmentation des aires protégées de la catégorie VI ne devrait pas se
faire au détriment d'autres catégories axées davantage sur la préservation
stricte des écosystèmes.
Notre recommandation en lien avec
celles-ci est d'établir des balises minimales et une définition à même le
projet de loi afin que celles-ci puissent faire l'objet de débats approfondis
et que les Premières Nations puissent arriver à un certain consensus sur ce que
constitue une utilisation durable.
En lien avec la délégation de pouvoirs, à
l'article 12, bien qu'il s'agit d'une avancée intéressante, ce n'est pas
suffisant, selon nous, si ce n'est qu'au regard du principe inadéquat de
déléguer des pouvoirs sur des terres ancestrales non cédées. La délégation
constitue également un concept paternaliste qui fait en sorte que le titulaire
de la délégation de pouvoirs doit remplir des objectifs dans un cadre rigide et
rendre compte au ministère puisque le gouvernement conserve alors la
gouvernance de l'aire protégée et un...
M. Ross (Michael) : ...si ce
n'est qu'au regard du principe inadéquat de déléguer des pouvoirs sur les
terres ancestrales non cédées. La délégation constitue également un concept
paternaliste qui fait en sorte que le titulaire de la délégation de pouvoirs
doit remplir des objectifs dans un cadre rigide et rendre compte au ministère,
puisque le gouvernement conserve alors la gouvernance de l'aire protégée et un
pouvoir décisionnel susceptible d'en entretenir la gestion. Notre recommandation,
à l'article 12, nous devrions, au minimum, parler de cogestion, et non de
délégation de pouvoirs.
• (16 h 40) •
Dernier point... est en lien avec la
reconnaissance des paysages humanisés. Les paysages humanisés peuvent être un
outil intéressant pour les Premières Nations, spécialement dans le sud, qui
voudraient s'impliquer dans la protection de tels sites. Le p.l. n° 46
semble indiquer que la demande pour faire reconnaître un paysage humanisé doit
être déposée par une communauté autochtone et la MRC concernée. Pour nous, il
est tout à fait inacceptable que les Premières Nations ne puissent déposer une
demande de reconnaissance d'un paysage humanisé de façon autonome si elles le
souhaitent. Le fait de devoir être accompagnées par une MRC constitue encore
une fois une atteinte à l'autonomie des Premières Nations et une perpétuation
d'attitude paternaliste à leur endroit. Alors, notre recommandation en lien
avec celle-ci est de permettre aux Premières Nations de déposer une demande de
reconnaissance d'un paysage humanisé de façon indépendante.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
M. Ross (Michael) : Ça met fin
à mon côté...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, M. Ross, s'il vous plaît.
M. Ross (Michael) : ...je vous
remercie. Oui.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant... Vous avez terminé?
M. Ross (Michael) : J'ai
terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Formidable! Merci beaucoup. Je vous remercie beaucoup pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange avec M. le ministre pour une
durée de 16 min 30 s. À vous la parole.
M. Charette : Merci, M. le
Président. À vous tous, chef Picard, un gros merci de vous joindre à nous. Je
sais que malheureusement la technologie rend difficiles certains échanges. On
doit composer avec, spécialement en période de pandémie, mais votre présence
est d'autant plus appréciée.
J'ai bien noté, et d'autres l'ont fait
avant vous, le souhait de faire une référence encore plus directe aux partenariats
avec les différentes nations autochtones au niveau des aires protégées. Il faut
savoir que, pour préparer ce projet de loi là, il y a tout de même eu plusieurs
rencontres avec différentes nations, il y a eu plusieurs rencontres, dans
certains cas, auxquelles j'ai personnellement participé, et ce, directement.
Mais ceci dit, on prend bonne note du souhait, là, pour ce qui est d'une aire protégée
autochtone. Reste à savoir comment l'intégrer. Il faut savoir qu'on est à une
première étape du projet de loi, celle de la consultation. Dans les semaines
qui vont suivre débutera une étude article par article, et c'est là où les bonifications
pourront se faire, mais c'est quelque chose, clairement, que l'on entend, de
notre côté.
Vous avez mentionné votre préoccupation au
niveau des pertes en matière d'habitat, des pertes en matière de patrimoine
naturel. C'est certainement une crainte aussi de notre côté, c'est la raison
pour laquelle on veut s'assurer non seulement d'atteindre les cibles actuelles
en matière de...
M. Charette : …vous avez
mentionné votre préoccupation au niveau des pertes en matière d'habitat, des
pertes en matière de patrimoine naturel. C'est certainement une crainte aussi
de notre côté, c'est la raison pour laquelle on veut s'assurer non seulement
d'atteindre les cibles actuelles en matière de protection du territoire qui
nous amèneront, là, d'ici la fin de l'année 2020, si tout va bien, à
17 % de territoire terrestre protégé, 10 % de territoire marin.
Mais c'est surtout un projet de loi qui
nous amènera vers l'avenir. On sait qu'au niveau international, il y a des
discussions qui se poursuivent. On sait qu'on envisage 30 % de protection
du territoire terrestre avec des modalités différentes des catégories actuelles
qui sont en place au Québec.
Et c'est là où j'aurais peut-être une
question pour vous. Lorsque vous dites : Craindre… perte d'habitat, perte
de patrimoine, on vous rejoint totalement, mais est-ce que vous vous
reconnaissez dans les critères, justement, là, de l'Union internationale de la
conservation de la nature? Nous, c'est sur cette base-là qu'on établirait nos
critères, de sorte que les aires protégées que l'on mettra de l'avant puissent
être reconnues autant auprès de cette instance-là qu'auprès du gouvernement
canadien qui est, en quelque sorte, le répondant, là, sur les instances
internationales pour la signature des traités.
Le Président (M. Ciccone) :
Chef Picard ou M. Ross… commentaires?
M. Ross (Michael) : Oui, peut-être
que je peux me lancer, chef régional. Dans le fond, les critères de l'UICN sont
certainement un bon début, mais je pense qu'encore une fois, les détenteurs de
droits, ce ne sont pas nous à l'IDDPNQL ou l'APNQL. Alors, c'est définitivement
quelque chose qui devrait être regardé avec l'ensemble des communautés.
Notre organisation, on est bien placés, quand
même, là, pour pouvoir rassembler les gens, pour pouvoir déterminer ça avec
vous, mais clairement, là, selon nous, là, ça doit être regardé avec les
communautés qui sont, elles, les détentrices de droits sur les territoires.
M. Charette : Et comme… Oui,
allez-y, chef Picard.
M. Picard
(Ghislain) : Oui, bien, ce que je peux peut-être ajouter, là,
au commentaire de Michael Ross, c'est tout à fait à propos, et il y a toujours
quand même un principe, là, qui mérite très certainement une attention
particulière sur le fait que… bon, on parle du Nord et du Sud, on parle
également d'une grande diversité au niveau territorial. Et à cela, bon, ça
prend un processus qui soit adapté également à cette réalité-là.
Mais ceci dit, au-delà de tout ça, je
pense aussi… écoutez, on a toujours essayé de trouver des bonnes conditions
pour faire en sorte que notre processus… c'est-à-dire que vos processus
puissent s'adapter aux nôtres. Et je pense que c'est un peu le point que je
voulais faire en début de présentation en disant que, bon, il y a très
certainement une volonté de la part de la grande majorité des nations de…
M. Picard
(Ghislain) : …que notre processus… c'est-à-dire que vos
processus puissent s'adapter aux nôtres. Et je pense que c'est un peu le point
que je voulais faire en début de présentation en disant que, bon, il y a très
certainement une volonté de la part de la grande majorité des nations de
trouver une façon d'harmoniser un peu le cadre législatif qui existe au Québec
avec notre réalité.
On a réussi d'ailleurs, à certains égards,
à modifier certaines lois, je pense à la protection de la jeunesse, je pense
aussi même au Code civil où, dans le contexte de la protection de la jeunesse,
on a réussi à faire des modifications qui rencontrent les préoccupations des
communautés. Mais encore faut-il que l'on puisse passer à l'action aussi et
voir ces modifications-là prendre forme sur le terrain.
Donc, tout ceci étant dit, maintenant je
pense que c'est vraiment au niveau du processus d'engagement je pense qu'il
faut peut-être essayer de trouver une façon que les communautés et les nations
se sentent vraiment interpellées de la part de votre gouvernement. Merci.
M. Charette : Et comment
mieux incarner ce partenariat-là de nation à nation? Je peux vous mentionner
l'expérience qui est la mienne, là, au cours de la dernière année et demie.
Lorsqu'il y a un territoire qui est visé ou qui est considéré, le dialogue
s'effectue avec la nation qui est présente sur le territoire. Est-ce que c'est
la bonne façon de faire ou vous nous proposez de passer par votre assemblée? En
fait, on est les premiers conscients que, pour cette protection du territoire
là, il faut compter sur la collaboration et il faut que ça soit une démarche
qui soit partagée, qui soit commune. On ne veut que bien faire. Donc, quelle
est la suggestion, à ce niveau-ci, que vous nous feriez?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, je reprendrais les propos de M. Ross, un peu
plus tôt, qui disait que l'institut a la capacité voulue pour coordonner une
démarche qui soit sur plusieurs fronts à travers les différentes nations qui
sont représentées à notre table. Mais il y a moyen également de finalement
répondre à cette réalité-là sur deux fronts, c'est-à-dire, d'un côté, qu'on
puisse convenir de principes qui sont rassembleurs, qui font consensus chez
nous, et ça, il y en a, mais ça n'empêche rien, ça n'empêche pas finalement le gouvernement
à procéder avec une nation et/ou une communauté en particulier. Je pense que
c'est un peu ça, la clé. Alors, c'est de s'assurer qu'on couvre finalement tous
les fronts.
M. Charette : C'est bien
gentil, merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Bourget. Il vous reste neuf minutes.
M. Campeau : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Je trouvais ça un peu comique quand je voyais
que vous aviez de la difficulté à vous connecter, ça me...
M. Picard
(Ghislain) : ...qu'on couvre finalement tous les fronts.
M. Charette : C'est bien gentil,
merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Bourget. Il
vous reste neuf minutes.
M. Campeau : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Je trouvais ça un peu comique quand je voyais
que vous aviez de la difficulté à vous connecter, ça me rappelle qu'au moins je
ne suis pas le seul quand vient le temps d'utiliser la technologie, qui a de la
misère à se connecter.
Je vais vous parler d'une chose qui n'a
pas l'air reliée mais qui finalement, je pense, l'est beaucoup. J'ai mentionné un
peu plus tôt, lors d'une autre présentation, que mon background est dans les
pâtes et papiers et qu'à l'intérieur de ça, bien, on a été obligés, à un
certain moment, de mettre un système d'assurance qualité, qui s'appelait un
système ISO. Je me souviens que, quand j'ai commencé à parler de ça, on m'a
dit : Ah! c'est compliqué, ton affaire, c'est long, c'est... Oui, mais
c'est démontrable et c'est ça qu'il fallait démontrer à nos clients, qu'on
avait atteint ce niveau d'ISO 9002. Et par rapport à ça, quand on parle de 17 %
à atteindre de territoire d'aires protégées, ça aussi, il faut le démontrer au
niveau international.
• (16 h 50) •
Alors, ma question, c'est : Quand
vous parlez d'aires protégées autochtones, est-ce que vous comptez le faire
vraiment en suivant les règles de l'UICN et d'une façon complètement
démontrable à ce moment-là? Parce que c'est aussi de ça qu'on a besoin, de le
démontrer, parce qu'on a quand même une situation où on a relié les aires
protégées qu'on n'a pas suffisamment protégées, c'est le cas de le dire, et à
même à la santé humaine.
M. Picard
(Ghislain) : Bien, je peux peut-être tenter une partie de la
réponse et j'inviterais évidemment Michael à compléter. Je ne crois pas que les
communautés cherchent à s'isoler des tendances, je veux dire, au niveau du
Québec et même au niveau international. Mais, en même temps, je crois quand
même que la science a beaucoup évolué et a très certainement eu tendance à
reconnaître qu'il y a des connaissances traditionnelles chez nous qui méritent
leur place. Donc, on a, à mon sens, parcouru, et je le dis bien humblement,
beaucoup de chemin, là, de ce côté-là. Et on essaie nous aussi avec des
capacités réduites ou limitées, là, de participer à tous ces grands forums au
niveau international, là, qui touchent évidemment le climat mais aussi la
question territoriale et en essayant de trouver une façon d'y contribuer. Et je
pense que ce n'est pas étranger également à la volonté des communautés, des
nations au Québec, là, d'en faire autant.
Et d'ailleurs, à cet effet-là, il y a des
communautés, malgré les limites et malgré, finalement, une démarche qui est
bien cadrée, que les communautés prennent la peine aussi de regarder le
territoire, de regarder...
M. Picard
(Ghislain) : ...nations au Québec lors... d'en faire autant. Et
d'ailleurs, à cet effet-là, il y a des communautés, malgré les limites et
malgré, finalement, une démarche qui est bien cadrée... que les communautés
prennent la peine aussi de regarder le territoire, de regarder son présent, son
avenir aussi et de trouver des façons d'assurer sa protection. Je ne sais pas
si Michael aurait d'autres choses à ajouter ici.
M. Ross (Michael) : Oui.
Merci, chef régional. Effectivement, je veux dire, je ne crois pas que les Premières
Nations ont des objectifs différents par rapport... des autres acteurs du
milieu par rapport aux aires protégées. L'objectif, numéro un demeure
effectivement la conservation. Ça fait que, de ce côté-là, je n'y vois pas
d'enjeu, là, c'est un concept, là, qui prend de plus en plus d'ampleur au
Canada et ailleurs dans le monde, et l'objectif partout reste, demeure la
conservation. C'est certain que, comme le chef Picard disait, il y a quand même
de l'utilisation autre qui peut se faire à l'intérieur de ça, surtout en lien
avec la culture, les pratiques traditionnelles, etc., là. Il y a quand même un
historique, au Canada, là, justement, de perte le territoire, de perte de
droits en lien avec les parcs qui ont été créés, surtout avant les... dans les
années 70, 80. Par contre, là, c'est certain que, de notre côté, je pense que
l'objectif coïncide avec l'objectif du Québec et ailleurs au Canada, et ça
demeure la conservation, la priorité.
M. Campeau : Vous parlez de
l'aspect traditionnel et de l'aspect autonomie, et je peux comprendre. Mais
c'est juste un commentaire, dans le fond, qui se veut très positif, c'est que
je continue à dire qu'il faudra démontrer, et pas juste au reste du Québec,
mais à l'ensemble de la terre, l'ensemble de la planète, que nous avons atteint
ce pourcentage-là. Et ça, je pense qu'il faut le faire ensemble.
Mais une chose que j'apprécie beaucoup
dans ce que vous apportez aujourd'hui, c'est que vous cherchez à vous... à en
prendre soin et faire attention à une aire quelconque et à vouloir en être
responsables. Et si on pouvait amener ce même concept là à d'autres endroits
qui ne seraient pas une aire protégée autochtone, et que les gens en prennent
charge, et en deviennent conscients, et, pour eux autres, que ce soit cher à
eux autres, je pense que c'est... là, le concept d'aire protégée redevient
extrêmement important, et ça donne énormément de valeur à ce concept-là à ce
moment-là.
Ça va, je n'ai pas vraiment de question, à
moins que vous vouliez commenter.
Le Président (M. Ciccone) :
...
M. Picard
(Ghislain) : Non, bien... Non, je pense que c'est un peu l'approche, évidemment,
que nous préconisons. Je pense que c'est vraiment que les Premières Nations
sentent qu'elles ont une place et qu'elles sont écoutées, mais également
entendues par rapport à leurs volontés. Parce que, vous savez, il y a un énorme
défi parce qu'on sous-estime souvent...
M. Picard
(Ghislain) : ...je pense que c'est vraiment que les Premières
Nations sentent qu'elles ont une place et qu'elles sont écoutées mais également
entendues par rapport à leurs volontés. Parce que, vous savez, il y a un énorme
défi parce qu'on sous-estime souvent le niveau d'activités traditionnelles en
territoire chez nous, et avec cela, bien, vient le défi de conjuguer, là,
activité traditionnelle et protection du territoire. Et ça, ça représente quelque
chose d'extrêmement important pour, en tout cas, un grand nombre de communautés.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil. Il vous reste
2 min 20 s.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Ça ne sera pas très long, chef Picard, M. Ross. Je lisais,
dans votre mémoire, lorsque vous définissez, là, les aires protégées de
conservation autochtones, ce qui m'attire grandement, là, c'est : «le
principe fondamental transversal vise la conservation des valeurs culturelles
autochtones et leur lien étroit avec la nature». Est-ce que vous... Quelle est
la différence que vous faites avec les paysages humanisés, entre les deux?
M. Picard (Ghislain) :
Il n'y a pas beaucoup de temps. Michael, je te laisserais peut-être répondre à
celle-ci.
M. Ross (Michael) : Une bonne question.
Je vous dirais que je n'ai pas nécessairement la réponse, à ce stade-ci, de la
différence entre les deux. Mais certainement, là, je vous dirais, que ce soit
dans un contexte de paysage humanisé ou que ce soit dans un autre contexte un
peu plus nordique, on va dire où est-ce qu'il y a un peu moins d'intervention
humaine, c'est quand même des projets, les APCA, qu'on souhaite mettre de
l'avant, c'est que ça soit mené par les Premières Nations, qu'il y ait un
engagement de conservation puis que ça met en valeur les volets culture,
langue, les aspirations des Premières Nations en lien avec l'aire protégée.
Puis l'autre chose peut-être, c'est que ça
permet aussi de conserver les espèces, là, clés qui sont au coeur de la culture
des Premières Nations. Ça fait que ce n'est pas parce qu'on est en paysage
humanisé qu'il n'y en a plus, de ces espèces-là. Alors, c'est vraiment, vraiment
important parce qu'en même temps les espèces clés servent aussi, là, de
sécurité alimentaire pour nos nations, là, alors c'est vraiment important. Peu
importe le contexte ou l'habitat qui en est, là, que ça soit des APCA.
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, je me permettrais, M. le Président,
peut-être juste d'ajouter un petit point à ce que Michael vient de vous
partager. Et je pense que le défi, c'est de faire en sorte que notre propre
définition de paysage humanisée puisse également trouver sa place. Parce qu'on
peut y avoir d'autres... il peut y avoir d'autres considérations par rapport
aux territoires qui font partie de notre histoire. Le territoire du Québec a
été foulé de long en large par les Premières Nations, et il y a des endroits
sur ce territoire-là, qui est tellement vaste, qui occupent une place vraiment
importante non seulement dans l'histoire de nos nations, mais dans leur présent
également. Et je pense qu'il y a cet aspect-là aussi qui mérite...
M. Picard
(Ghislain) : ...de long en large par les Premières Nations, et il
y a des endroits sur ce territoire-là, qui est tellement vaste, qui occupent
une place vraiment importante, non seulement dans l'histoire de nos nations,
mais dans leur présent, également. Et je pense qu'il y a cet aspect-là aussi
qui mérite très certainement sa place.
Sans compter le fait que, bon, lorsqu'on
parle de territoire protégé, bien... on parle d'aire protégée, bien, on parle
aussi de la possibilité de continuer à exercer ce que nous considérons comme
étant nos activités traditionnelles. L'exemple qui me vient à l'esprit, c'est
la récolte des médecines traditionnelles, par exemple. Et ça, il y a également énormément
de littérature là-dessus au sein de nos nations.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, chef Picard. Maintenant, je suis prêt à entendre un membre de l'opposition
officielle. M. le député de Viau, vous avez une durée de paroles de
11 minutes.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. «Kwe», chef Picard. Mes salutations à M. Ross aussi. Chef Picard,
vous avez parlé, en début d'intervention, de la communauté d'Anishnabe. Et il y
a quelques mois, avec d'ailleurs un membre de la commission, le député
d'Ungava, nous étions à Lac-Simon dans le cadre de notre mandat, donc, où nous
avions rencontré la chef Adrienne Jérôme, donc, qui a pu nous instruire, donc,
sur beaucoup d'enjeux reliés à la communauté de Lac-Simon, et aujourd'hui
encore.
Merci pour votre mémoire. Je prends note
de votre mémoire, des récriminations en début de mémoire, que vous avez
portées, notamment pour ce qui a trait à la façon de concocter ce projet de loi.
Mais je prends note aussi, en même temps, de l'ouverture que vient d'exprimer d'ailleurs
le ministre, donc, quand viendra le temps pour nous de travailler sur l'étude
détaillée, donc, article par article, de voir quels sont les amendements que
nous allons pouvoir apporter ensemble.
Mais avant tout, j'aimerais vous poser une
première question. Quelles sont actuellement les difficultés que vous
rencontrez, par exemple, au niveau de la désignation des aires protégées s'il y
avait, ou, du moins, lorsqu'il y a une initiative provenant des Premières
Nations?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, là, je vais tenter une réponse, encore
une fois. Je demanderai à Michael de poursuivre. Et c'est là finalement que
prend toute son importance ce qu'on disait un peu plus tôt à l'effet que le processus
d'engagement avec les communautés vont bien au-delà des présentations que nous
faisons aujourd'hui, hein, qui se veulent évidemment fondées sur des consensus
qui existent déjà au sein de nos communautés.
• (17 heures) •
Mais il y a énormément de diversité, comme
je le disais, et c'est d'ailleurs en partie ce qui fait notre force, mais, en
même temps, lorsqu'on parle d'un cadre législatif comme celui qui est à l'étude
aujourd'hui, bien, la diversité prend toute son importance. Et d'où, ce que je
dirais, l'incontournable nécessité de bien...
17 h (version non révisée)
M. Picard
(Ghislain) : ...c'est d'ailleurs en partie ce qui fait notre
force, mais en même temps, lorsqu'on parle d'un cadre législatif comme celui
qui est à l'étude aujourd'hui, bien, la diversité prend toute son importance,
et d'où, ce que je dirais, l'incontournable nécessité de bien consulter les
communautés, et je pense que les communautés ne demandent que cela.
D'ailleurs, à cet effet-là, je pense que, par
rapport à notre présence aujourd'hui, je pense que tout le monde, on a été pris
de court, même si le ministre disait plus tôt que, bon, il y a eu déjà des
rencontres avec un certain nombre de nations. Mais il faut savoir que le
processus, je veux dire, comme vous le dites si bien vous-même, bon, ne se
termine pas ici. Donc, il y a encore une opportunité, là, de vraiment aller
sonder les communautés ou les nations pour savoir un peu, là, leur situation par
rapport au projet législatif que nous avons devant nous aujourd'hui. Michael.
M. Ross (Michael) : Oui.
Merci. Effectivement, je n'ai pas l'ensemble des réponses, comme le chef Picard
vient de le mentionner, là, mais, clairement, pour avoir discuté avec quelques
nations sur différents projets, là, comme je vous disais plus tôt, là, il y en
a que ça fait 10, 15 ans qu'il essaient de faire reconnaître des
territoires. S'il y a eu des changements de règles du jeu en cours de route,
des changements de gouvernement, des... toutes sortes de choses qui ont mené à
des délais... Est-ce qu'il y a plus que cela? Peut-être, probablement, mais,
sans vouloir en dire plus à cette étape-ci, là, clairement, c'est des délais
qui sont insatisfaisants pour nos communautés, là, d'attendre des 10,
15 ans pour déterminer des endroits pendant que la foresterie... pendant
qu'il y a d'autres activités anthropiques qui se développent sur le territoire
pour miner un peu le territoire qu'ils visaient initialement. C'est d'une
aberrance.
M. Benjamin : ...poser ma
deuxième question, je dois quand même prendre le temps de saluer le fait que plusieurs
groupes qui sont passés ici en consultations avant vous ont tenu à nous
rappeler, avec raison d'ailleurs, qu'il appartient aux Premières Nations de
définir le cadre, donc, de ce qu'on appellerait éventuellement les aires
protégées et de conservation autochtones. Ça y est, nous sommes avec vous.
Alors, quelle définition vous souhaiteriez
voir apparaître, dans le cadre de ce projet de loi, par rapport à... Quand on
dit une «aire protégée de conservation autochtone», comment est-ce que vous le
voyez? Quel cadre serait à privilégier à ce moment-là?
M. Ross (Michael) : Oui.
Merci. Non, bien, effectivement, comme que je mentionnais plus tôt, il faut quand
même que ce soit une définition qui reste flexible. La réalité de nos
41 communautés des Premières Nations au Québec, là... ont des réalités
culturelles, économiques, sociales, environnementales différentes. Ça fait que,
bref, on doit s'assurer que ça demeure flexible.
Mais, comme que je disais aussi plus tôt,
je pense que...
M. Ross (Michael) : ...la
réalité de nos 41 communautés des Premières Nations au Québec, là... ont des
réalités culturelles, économiques, sociales, environnementales différentes. Ça
fait que, bref, on doit s'assurer que ça demeure flexible.
Mais comme que je disais aussi plus tôt,
je pense que la base reste la même. C'est des projets qui sont menés par les Premières
Nations, qui sont soit les seuls ou des principaux acteurs dans le développement
des APCA. C'est un projet, comme je disais, qui représente un engagement long
terme envers la conservation. C'est des projets qui mettent en valeur la
culture, la langue, les aspirations puis qui permettent de conserver les
espèces-clés pour les communautés. Je pense que ça, ça pourrait servir de base,
de base de définition pour une APCA. Mais, en même temps, comme je vous dis,
cette démarche-là doit demeurer flexible et répondre aux réalités des
différentes nations.
M. Benjamin : Un concept qui a
été longuement débattu, donc, tout au long de ces consultations et jusqu'à présent,
c'est le concept des aires protégées d'utilisation durable. Pour vous, est-ce
que vous voyez que ce serait admissible, par exemple, qu'il y ait des activités
industrielles qui soient permises dans une aire protégée d'utilisation durable?
M. Ross (Michael) : Je peux me
lancer à nouveau. C'est encore une fois à définir avec les communautés. J'ai
mon opinion personnelle, mais, en même temps, je ne suis pas là pour parler au
nom des communautés. Je vous dirais que c'est quelque chose... l'aire
d'utilisation... excusez, l'aire protégée d'utilisation durable, tant qu'à moi,
devrait être un outil qui peut être disponible aux communautés si elles veulent
mettre en oeuvre des APCA.
Est-ce que, là, il devra y avoir de
l'activité industrielle ou non? Ce sera à définir avec elles, mais clairement
il y en a qui souhaitent des aires de conservation beaucoup plus strictes, il y
en a d'autres qui justement sont peut-être ouvertes à une certaine forme de développement,
mais tout le temps dans un objectif de conservation, là. Je pense que c'est ça,
la clé. Il y a certainement des activités... certaines activités qui peuvent
être compatibles, d'autres moins, mais ça demeure aux communautés de déterminer
cela.
M. Benjamin : Au cours du projet
de loi n° 46, dans cette consultation, donc, vous
comprendrez qu'il a été beaucoup question de registre et, tantôt, de
cartographie. Est-ce que... quand on pense aux aires protégées de conservation autochtones,
est-ce que, chez vous, au niveau de l'institut, avez-vous la chance de peut-être
avoir une cartographie, donc, sur ce que ça pourrait représenter, les aires
éventuelles protégées de conservation autochtones?
M. Ross (Michael) : Notre
équipe travaille avec plusieurs premières nations, justement, pour développer
des projets pour promouvoir aussi les projets, pas juste les développer. Il y
en a beaucoup qui se sont fait sans notre apport, là. Je sais que la SNAP en a
mentionné plusieurs plus tôt aujourd'hui...
M. Ross (Michael) : ...notre
équipe travaille avec plusieurs Premières Nations justement pour développer des
projets, pour promouvoir aussi les projets, pas juste les développer. Il y en a
beaucoup qui se sont faits sans notre apport, là. Je sais que la SNAP en a
mentionné plusieurs plus tôt aujourd'hui, il y en a certainement d'autres, là,
qui n'ont pas été mentionnés qui sont... qui travaillent depuis un bout de
temps. C'est certain que les communautés qui collaborent avec nous, on peut
faire ce travail-là sans problème. On en a déjà beaucoup de données sur les
aires protégées que les communautés aimeraient avoir. Ça fait que la réponse,
c'est effectivement, c'est possible de notre côté de faire ce genre d'exercice
là.
M. Benjamin : Merci. Merci
beaucoup, monsieur.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je passe maintenant la parole à la députée de Mercier
pour un temps global de 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci, M. Picard, M. Ross, pour votre présentation et
votre présence ici. Et vous avez raison dès le début d'avoir souligné l'importance
de faire des consultations en amont. Vous savez, à Québec solidaire, le
principe de relation de nation à nation est extrêmement fondamental, très
important. Il ne suffit pas d'attendre que des groupes demandent à être reçus
en commission parlementaire, c'est important que vous soyez consultés, et pas
une communauté ou deux, je ne sais pas, on ne sait pas qui avait été consulté,
mais de le faire pour toutes les communautés. D'ailleurs, on a eu des lettres
de gens qui étaient déçus de ne pas avoir été invités ou dans des très courts
délais.
On a ici un projet de loi sur la
conservation des milieux naturels, et, même si le ministre dit qu'il a
consulté, le principe d'aire protégée de conservation autochtone ne s'y trouve
pas, et c'est un problème. Évidemment, ce n'est pas terminé, comme le dit le
ministre, il va y avoir l'étude détaillée. Pour ne pas que ça se fasse de façon
unilatérale et qu'il y ait des amendements peut-être qui seraient apportés par
le ministre, comment est-ce qu'on peut collaborer avec vous et travailler
ensemble pour que ça soit dans le projet de loi, ne pas manquer cette
opportunité-là d'aire protégée de conservation autochtone? Comment est-ce qu'on
peut travailler ensemble? Et combien de temps ça pourrait prendre pour mettre les
amendements qui soient... après une vraie consultation avec les autochtones,
avec les communautés et les nations?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, moi, je vais tenter encore une fois
une réponse qui pourra être complétée par Michael. L'institut de développement
durable a été mis sur pied au début des années 2000. Et, écoutez, c'est un
commission qui existe chez nous qui est extrêmement, extrêmement importante par
l'étendue de son mandat qui touche le territoire, qui est un aspect fondamental
chez nous. Mais ce qu'on doit également avouer, c'est que l'institut n'a pas
les moyens dont disposent d'autres entités qui ont peut-être des
responsabilités comparables. Et, je veux dire...
M. Picard
(Ghislain) :
...un aspect fondamental
chez nous, mais ce qu'on doit également avouer, c'est que l'institut n'a pas
les moyens dont disposent d'autres entités qui ont peut-être des
responsabilités comparables. Et, je veux dire... je veux dire, l'institut, bon
an mal an, tient sur deux pattes pour moi, c'est important que ce soit reconnu.
Mais, ceci étant dit, il y a toujours
moyen, à partir de maintenant, comment on peut mieux engager les communautés
et, à cet effet-là, l'institut peut très certainement être appelé à coordonner
la meilleure implication possible de leur part.
Mme Ghazal : Très bien, parce
que...
Une voix
: ...
Mme Ghazal : Oui, très bien.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Ciccone) :
Je suis vraiment désolé.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Vraiment
désolé. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine. La
parole est à vous pour 2 min 45 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Merci pour votre présentation, Chef Picard, M. Ross.
J'aimerais tout d'abord vous demander, sur
la question, là, des aires protégées de conservation autochtones, vous parlez,
dans votre recommandation, d'établir des balises de ce concept. Est-ce que vous
avez déjà pensé à certaines balises?
M. Ross (Michael) : De notre
côté, je vous dirais qu'avec, puis sans vouloir porter de jugement avec les
délais de consultation qu'on a eus et les délais pour se présenter en
commission parlementaire, ce travail-là n'est toujours pas fait. Par contre, clairement,
s'il y a une volonté du gouvernement de le faire, on peut facilement travailler
ensemble avec les Premières Nations, là, pour les déterminer, ces balises-là.
M. Arseneau : D'accord, merci.
Dans le deuxième... la deuxième question que je
voulais poser sur l'aire protégée d'utilisation durable, vous vous inquiétez de
voir qu'on pourrait dénaturer le concept d'utilisation durable. Est-ce que vous
pouvez préciser quelles sont vos inquiétudes à cet égard?
M. Ross (Michael) : Oui, effectivement,
bien, on a parlé d'activités industrielles plus tôt. C'est certain que ce genre
d'activité là sème des inquiétudes chez la plupart des communautés. Encore, une
fois, sans se prononcer, de dire : Non, on n'en veut pas ... (panne de
son) ... qu'il y a certaines activités. On peut penser à un trou de mine en
plein milieu d'une aire protégée. C'est difficile d'être compatible avec une
aire protégée.
Foresterie, encore une fois, il y a une
différence entre foresterie industrielle et foresterie dans un objectif de
conservation. Ça fait que c'est ce genre d'activités là qu'Il faut regarder
avec nos communautés pour être certains qu'elles sont à l'aise avec l'APUD.
Une voix
: 40 secondes.
M. Arseneau : J'ai 40 secondes
pour vous demander... C'est une vaste question, mais quand on oppose la délégation
de pouvoirs, la cogestion, un mot sur la cogestion. Comment vous envisageriez
cette possibilité-là?
Le Président (M. Ciccone) :
...
M. Ross (Michael) : Chef
Picard, voulez-vous y aller?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, c'est des concepts qu'on a déjà avancés il
y a près d'une vingtaine d'années. C'est...
M. Arseneau : ...un mot sur la
cogestion. Comment vous envisageriez cette possibilité-là?
Le Président (M. Ciccone) :
...
M. Ross (Michael) : Chef
Picard, voulez-vous y aller?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, c'est des concepts qu'on a déjà avancés il
y a près d'une vingtaine d'années. C'est vraiment que les Premières Nations se
sentent partie prenante à tout processus, et ça inclut également le processus
dans lequel vous êtes engagés actuellement avec le projet de loi n° 46.
Ça peut... C'est un peu ça qu'on veut dire quand on parle d'être partie
prenante en amont...
M. Arseneau : En amont.
M. Picard
(Ghislain) : Et finalement ne pas être appelés à commenter un
produit qui est tout fait, là, qui est prêt à sortir de la manufacture. C'est
un peu ça. Je pense que la cogestion, c'est vraiment que les Premières Nations
trouvent leur place. Et lorsqu'il s'agit des territoires, là, c'est primordial.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, chef Picard. Merci beaucoup, M. Ross. Je vous remercie pour votre contribution
aux travaux de la commission. Je suspends maintenant les travaux quelques
instants afin de permettre aux représentants de Forest Stewardship Council de
prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 13)
(Reprise à 17 h 17)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de Forest Stewardship
Council. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole
est maintenant à vous.
M. Dufresne (François) :
Bonjour, Mmes, MM. députés et membres de la Commission des transports et de
l'environnement. Mon nom est François Dufresne et je suis le président et
P.D.G. du Forest Stewardship Council ou FSC au Canada. Présente avec moi aujourd'hui,
Mme Elaine Marchand et directrice régionale Est du Canada.
Nous aimerions remercier la commission de
nous avoir inclus dans ses consultations particulières afin de discuter du projet
de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel. La pandémie actuelle nous rappelle à tel point l'importance de
préserver ce patrimoine qui est vital à la lutte aux changements climatiques.
Récemment, le Fonds mondial pour la nature, le WWF, a émis un rapport alarmant
sur la perte significative de la biodiversité au pays. D'entrée de jeu, nous
aimerions reconnaître notre présence sur le territoire non cédé de la nation
huronne.
FSC est une organisation mondiale...
M. Dufresne (François) : ...récemment,
le Fonds mondial pour la nature, le WWF, a émis un rapport alarmant sur la
perte significative de la biodiversité au pays. D'entrée de jeu, nous aimerions
reconnaître notre présence sur le territoire non cédé de la nation huronne.
FSC est une organisation mondiale présente
dans plus de 89 pays avec 213 millions d'hectares de forêts
certifiées. Il a été créé en 1993 après le Sommet de la Terre de Rio en tant
que système de certification volontaire. Sur la base d'un consensus obtenu avec
les parties prenantes, sociales, autochtones, environnementales et économiques,
nous établissons des normes strictes pour garantir que les produits forestiers
certifiés FSC sont issus de forêts gérées de manière responsable.
Il existe 48 millions d'hectares
certifiés FSC au Canada, dont environ la moitié, soit 22 millions
d'hectares, est ici, au Québec, ce qui en fait la juridiction la plus certifiée
au monde en pourcentage de son territoire forestier sous aménagement. FSC
Canada a publié une nouvelle norme d'aménagement forestier pour le Canada et
celle-ci rentrait en vigueur en janvier 2020, donc cette année. Cette nouvelle
norme est le fruit de plus de sept ans d'effort, de consultation, de
collaboration et surtout de consensus entre nos quatre chambres représentant
les intérêts sociaux, environnementaux, économiques et autochtones.
FSC Canada compte grandement sur les
connaissances et l'expertise scientifique de gens respectés, de praticiens
forestiers, de représentants des peuples autochtones ayant une expertise ou une
expérience en gestion forestière. Nous avons également un personnel qui prend
très au sérieux la responsabilité d'organiser des discussions, des dialogues et
parfois aussi des débats difficiles sur des sujets tels que l'approvisionnement
du réseau d'aires protégées, la protection du caribou ou la mise en oeuvre du
consentement libre, préalable et éclairé de la Déclaration des Nations unies
sur les droits des peuples autochtones.
• (17 h 20) •
Avec cette nouvelle norme, nous avons maintenant
la possibilité de mettre en oeuvre des solutions uniques et progressives pour
aborder quelques-uns des principaux problèmes forestiers de la forêt canadienne
du jour. Et nous croyons que ces solutions aideront à montrer la voie à
l'échelle mondiale. Nous pensons que cette nouvelle norme changera vraiment la
donne en mettant en évidence des caractéristiques clés permettant, par exemple,
de protéger l'habitat du caribou forestier, proposer des solutions pour
l'aménagement à l'échelle de grands paysages forestiers comprenant la
conservation de la biodiversité et respecter les droits des peuples
autochtones.
La solution concernant le caribou
forestier a été élaborée en fonction des connaissances actuelles les plus à
jour et du programme de rétablissement du caribou des bois de 2012
d'Environnement Canada. En 2017, le délai de cinq ans prescrit par la Loi
sur les espèces en péril arrivait à expiration et, en 2018...
M. Dufresne (François) : ...le
caribou forestier a été élaborée en fonction des connaissances actuelles les
plus à jour et du programme de rétablissement du caribou des bois de 2012
d'Environnement Canada. En 2017, le délai de cinq ans prescrit par la Loi
sur les espèces en péril arrivait à expiration et, en 2018, malheureusement, le
Vérificateur général fédéral a souligné l'absence de plan de rétablissement au
niveau provincial. Ainsi, actuellement, certaines hardes de caribous sont dans
un état critique et des poursuites judiciaires sont en cours dans certains cas,
notamment en Colombie-Britannique. Nous croyons que notre nouvelle exigence sur
le caribou forestier comprenant trois options représente vraiment une solution
non seulement robuste, mais aussi réalisable — et ça, c'est
important — pour la protection de l'habitat de cette espèce.
Le gouvernement canadien s'est engagé à
protéger 17 % de sa zone terrestre d'ici la fin de 2020, donc à la fin de
cette année. Nos forêts sont essentielles pour atteindre cet objectif, et le
gouvernement canadien a participé à l'établissement des critères et des
indicateurs internationaux pour promouvoir les objectifs de gestion durable des
forêts des Nations unies ici, au Canada. FSC apporte beaucoup d'importance à
l'établissement d'un réseau d'aires de conservation et a établi un seuil mondial
minimal de 10 % par unité d'aménagement, et nous sommes les seuls à
l'exiger. FSC encourage cependant à dépasser ce seuil, entre autres, avec la
considération des hautes valeurs de conservation et des autres éléments de
conservation de la biodiversité. Bien que FSC n'exclut pas la possibilité
d'accepter un aménagement forestier sur ces territoires, il est à noter que,
dans notre définition de réseau d'aires de conservation, ces activités doivent
avoir comme objectif principal le maintien des valeurs environnementales et
culturelles. Pour les grandes unités d'aménagement du côté canadien, les
parties prenantes de la norme ont demandé que le réseau d'aires de conservation
soit composé d'aires protégées telles que définies actuellement ainsi que de
zones de conservation pour lesquelles on encourage le détenteur du certificat à
travailler avec le gouvernement à obtenir un statut légal d'aire protégée.
Un élément partiellement couvert actuellement
par la norme est encore en développement et y sera intégré à un moment
ultérieur, il s'agit des paysages forestiers intacts ou PFI et des paysages
culturels autochtones. Ce sujet est d'une grande importance étant donné que la
forêt boréale canadienne englobe 25 % des paysages forestiers intacts
restants au monde. Nous établirons les exigences pour la gestion de ces
paysages forestiers intacts tout en respectant les droits ancestraux des
paysages culturels autochtones. Cette initiative permettra de bonifier l'effort
de conservation tout en maintenant l'activité économique.
FSC Canada est aussi impliqué actuellement
dans des discussions avec le gouvernement fédéral et autres partenaires sur le
développement de ce qu'on appelle autres mesures de conservation efficaces ou
AMCE basées sur la...
M. Dufresne (François) : ...permettra
de bonifier l'effort de conservation, tout en maintenant l'activité économique.
FSC Canada est aussi impliqué actuellement
dans des discussions avec le gouvernement fédéral et autres partenaires sur le
développement de ce qu'on appelle autres mesures de conservation efficaces, ou
AMCE, basées sur la superficie.
Plus de 80 % des 600 communautés
autochtones au pays dépendent des forêts canadiennes pour leur subsistance
culturelle et économique. En 2014, le rapport de la commission royale d'enquête
sur la vérité et la réconciliation a été publié, ouvrant la voie à
l'approbation officielle de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des
peuples autochtones par le Canada.
L'obtention du consentement libre,
préalable et éclairé, ou le CLPE, l'un des principes clés du droit international
des droits de l'homme pour protéger les droits des peuples autochtones, est une
exigence importante des nouvelles normes d'aménagement forestier du FSC. Ici,
encore, nous sommes les seuls à l'exiger.
Il a fallu des années pour élaborer un
guide pragmatique sur le CLPE, qui considère le contexte canadien, et nous
croyons fermement qu'il représente une solution unique et, encore une fois,
faisable pour améliorer le respect des droits des peuples autochtones et ainsi
créer des partenariats durables.
Donc, voici nos avis et recommandations
sur le projet de loi n° 46. FSC Canada salue l'ajout
des communautés autochtones à certains articles du projet de loi, mais cela
est-il suffisant? Nous n'avons pas été en mesure d'en faire l'analyse
exhaustive, et nous laisserons les peuples autochtones s'exprimer à cet effet
car ils sont ceux qui ont l'expertise et qui sont en mesure de bien faire cette
évaluation en ce qui a trait à leurs droits ancestraux.
Le statut d'aire protégée d'utilisation
durable est un concept intéressant. Il s'apparente à la notion des forêts à
hautes valeurs de conservation des catégories 5 ou 6, tel que défini par
le FSC, et ce depuis longtemps. La reconnaissance de l'apport de conservation
de ces territoires est certainement positive, mais il faudra s'assurer de mettre
en place les garanties nécessaires pour ne pas diluer le concept d'aire protégée
en voulant à tout prix atteindre l'objectif de 17 %.
Au lieu de permettre l'aménagement forestier
dans les aires protégées telles que nous les connaissons maintenant, il serait
peut-être préférable de prévoir une nouvelle catégorie. Celle-ci pourrait reconnaître
des forêts gérées de façon exemplaire et pourrait contribuer à une nouvelle
cible de gestion durable correspondant à l'actuelle cible 7 de l'AICHI,
cible qui se concentre sur la bonne gestion des forêts et des écosystèmes.
En terminant...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, M. Dufresne. S'il vous plaît, en terminant.
M. Dufresne (François) : Oui,
dernière phrase. Nous souhaitons voir le gouvernement du Québec intégrer dans
ce projet de loi une protection efficace des habitats du caribou forestier, et
ce, préférablement en harmonie avec la nouvelle norme de FSC Canada. Merci de
votre attention.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Dufresne, pour votre exposé. Maintenant, nous allons
passer à la période d'échange en débutant avec M. le ministre, avec toujours
16 min 30 s...
M. Dufresne (François) : ...une
protection efficace des habitats du caribou forestier, et ce, préférablement en
harmonie avec la nouvelle norme de FSC Canada. Merci de votre attention.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Dufresne, pour votre exposé. Maintenant, nous allons
passer à la période d'échange en débutant avec M. le ministre, avec toujours
16 min 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux. Merci d'être avec nous cet après-midi. Je dois
vous avouer, je me confesse auprès de vous cet après-midi, il n'y a pas si longtemps,
je ne vous connaissais pas comme association. Donc, très heureux d'avoir
l'occasion, là, d'approfondir ma connaissance de votre expertise qui semble
bien réelle. Donc, merci d'être avec nous cet après-midi.
Deux, trois petites questions, ensuite je
laisserai la parole à mes collègues. Vous mentionniez le souhait d'une septième
catégorie, en quelque sorte. On en a cinq déjà strictes au Québec. Le projet de
loi n° 46 en introduit une sixième au niveau... ce
qu'on va appeler les aires protégées d'utilisation durable, et vous
souhaiteriez en avoir une septième qui serait davantage en fonction, là, de vos
critères de reconnaissance, là.
L'idée n'est pas mauvaise. Cependant, à
partir du moment où on s'éloigne de cette sixième catégorie qui sera aussi,
selon les règles établies par l'UICN... on aurait cette septième catégorie,
mais qu'on ne pourrait pas comptabiliser dans nos registres pour des fins de
reconnaissance internationale. Quel serait le mérite, selon vous, de cette
démarche-là si on ne peut pas la comptabiliser comme aire protégée en bonne et
due forme?
M. Dufresne (François) : Bien,
notre souhait, c'est de la faire reconnaître, c'est bien sûr. FSC Canada a des
membres des quatre chambres, dont des membres de la chambre environnementale.
Ce sont eux qui sont les mieux placés pour conseiller à ce propos, dont...
(panne de son) ...Québec, la société de la nature, qui ont des idées très
précises à cet effet-là.
Nous, on pense qu'il y aurait possibilité
d'une harmonisation avec une autre catégorie qui permettrait plus de
flexibilité, bien, tout en ayant une certaine activité sur ces aires protégées
là et en protégeant aussi la biodiversité, qui pourrait aussi se conformer aux
exigences internationales. Mais, outre ça, c'est quelque chose qu'il faut
approfondir avec les experts avec lesquels vous conversez en ce moment.
• (17 h 30) •
M. Charette : On a reçu la
SNAP justement un petit peu plus tôt aujourd'hui, et, pour eux, ils accueillent
très favorablement cette catégorie d'aire protégée d'utilisation durable. Cependant,
ils s'opposeraient à ce qu'il y ait une exploitation intensive ou industrielle
de la foresterie sur cette aire protégée. Et, dans les faits, la négociation se
poursuit actuellement, au niveau international, pour les règles qui vont
s'appliquer, en quelque sorte, pour la prochaine décennie...
17 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...à ce qu'il y
ait une exploitation intensive ou industrielle de la foresterie sur cette aire
protégée. Et dans les faits, la négociation se poursuit actuellement, au niveau
international, pour les règles qui vont s'appliquer, en quelque sorte, pour la
prochaine décennie, et il n'est pas du tout acquis que des activités intensives
de foresterie y seront permises pour cette reconnaissance.
Donc, pour vous, vous vous situez où? Vous
essayez... Est-ce que vous êtes impliqués auprès aussi de l'UIN... Un jour, je
vais l'avoir. En fait, je vais le dire au long, c'est plus facile, l'union...
oui... on est en fin de séance... l'Union internationale pour la conservation
de la nature. Des fois, j'accroche et je vais probablement y arriver à la
toute, toute fin de l'étude du projet de loi. Bref, quelle est votre relation
avec cette instance-là, si vous en avez une? Et dans quelle mesure vous êtes en
mesure de faire valoir, justement, une foresterie qui soit durable, avec les
critères et avec la certification que vous êtes en mesure, là, d'octroyer?
M. Dufresne (François) :
Bien, je vous dirais que le… notre relation avec l'UICN est au niveau de
FSC International, à Bonn, en Allemagne. Donc, ils ont des relations très
proches en ce moment pour augmenter la conservation de la nature puis de la
biodiversité tout en étant certifiés. C'est clair que dans un cas comme
celui-ci, l'objectif premier est un objectif de conservation, qui n'est pas
nécessairement aussi strict qu'une protection d'aire protégée, mais c'est des
conservations d'abord, en premier lieu, des valeurs environnementales et de
biodiversité, tout en permettant une activité économique en second plan. Ça
devient… ce n'est pas, donc, une opération, ici, intensive d'aménagement
forestier, mais vraiment secondaire. Et là, des critères pourraient être émis à
ce moment-là, et FSC peut être un acteur constructif à cet effet-là.
Mme Marchand (Elaine) : Est-ce
que vous me permettez…
M. Charette : Oui, bien sûr.
M. Dufresne (François) : Oui,
vas-y, Élaine, j'aimerais… Élaine pourrait… aimerait compléter ici.
Mme Marchand (Elaine) : Merci,
M. le ministre. Ce que… FSC, et dans le concept des aires de conservation,
reconnaît différents types de conservation. Donc, le statut d'aire protégée
d'utilisation durable est quelque chose qui va aussi dans la… Nous, en tant que
FSC Canada, avec des consultations, on a remarqué que la population
canadienne préférait avoir un concept d'aires protégées comme on le connaît
actuellement, donc avoir vraiment des aires représentatives, là, de rester au
naturel. C'est pour ça qu'on dit, bien, soyons prudents en disant, bien, ce
n'est pas… Il ne faut pas tout transformer ces aires-là en des multiusages qui,
oui, sont… peut avoir…
Mme Marchand (Elaine) : ...là,
de rester au naturel. C'est pour ça qu'on dit : Bien, soyons prudents en
disant, bien, ce n'est pas... Il ne faut pas tout transformer ces aires-là en
des multiusages qui, oui, sont... peut avoir un certain effort de conservation,
mais qui n'était pas nécessairement de la conservation intégrale. Donc, il faut
juste avoir un bon balancier et s'assurer qu'on a aussi des... qu'on conserve
aussi des aires comme des aires protégées comme on les connaît maintenant, là,
des aires avec une protection intégrale de ce qu'il y avait là dans le passé et
qu'on puisse le voir dans le futur, et aussi avoir, et pourquoi pas, oui,
d'autres sites de conservation qu'on peut reconnaître, qu'on peut reconnaître
si les efforts qu'on met... On ne fait pas tout comme d'habitude sur ces territoires-là,
on fait... Mais il faut juste s'assurer d'avoir ces aires-là où l'objectif
qu'on avait, l'objectif premier qu'on avait avec ces aires protégées, là, qu'on
continue à en avoir.
M. Charette : Merci, là,
de ce commentaire. Peut-être vous rassurer, par contre, les engagements
actuels, 17 %, 10 % de protection, c'est réellement en vertu des
critères des cinq catégories existantes. Donc, cette protection plus stricte,
elle sera naturellement maintenue pour atteindre ces objectifs-là.
Et je terminerai par une question plus
générale : Quelle est votre relation avec les forestières québécoises? On
a reçu un petit peu plus tôt les représentants de l'industrie. Je comprends que
le concept d'aires protégées n'est pas un concept naturel pour eux parce que,
dans certains cas, ça semble les priver des territoires qu'ils convoitent.
Mais, pour notre propre pédagogie, quelle est le... Comment dirais-je? Comment
l'industrie forestière québécoise évolue au fil des ans? Quelle est votre
relation avec ces entreprises, qui demeurent fondamentales, là, pour plusieurs
régions du Québec, dans un esprit d'exploitation, oui, mais durable, avec
éventuellement une volonté de se faire certifier par vous? Donc, comment
chemine notre industrie forestière, là, au fil des ans?
M. Dufresne (François) :
Bien, je vous dirais, comme je vais l'ai dit au début de mon intervention, M.
le ministre, s'il y a 22 millions d'hectares de certifiés FSC au Québec
sur à peu près 32 millions, ce qui est une très grande proportion. Nous
avons une très bonne relation avec toutes les grandes papetières au Québec,
dont Rayonier, Domtar, Arbec, Résolu, et beaucoup d'autres, Et tous
reconnaissent... je pense, l'avancée que FSC fait, en termes de certification,
dans des domaines d'environnement, qui permet un accès à un marché externe. La
très grande majorité des produits québécois qui vient de la forêt sont
exportés...
M. Dufresne (François) : …tous
reconnaissent, je pense, l'avancée que FSC fait, en termes de certification
dans des domaines d'environnement, qui permet un accès à un marché externe. La
très grande majorité des produits québécois qui vient de la forêt sont
exportés, et celle-ci permet d'ouvrir ces marchés-là qui sont de plus en plus
exigeants, que ce soit en Amérique du Nord ou ailleurs, en Europe ou en Asie, sur
d'autres continents.
Et c'est là que le partenariat que FSC
propose à l'industrie, c'est d'offrir une réputation des plus exigeante à des
produits qui sont de plus plus en plus coûteux à produire et de haute qualité
et innovatifs. Alors, je pense que nous faisons partie de la solution pour le
secteur forestier au Québec, pour les décennies à venir, surtout avec la
nouvelle norme que nous venons d'implanter qui fait face à des crises majeures aujourd'hui,
dont le caribou forestier, les aires protégées, les droits autochtones, pour
ne nommer que ceux-ci.
Mme Marchand (Elaine) : On
peut peut-être aussi ajouter que l'industrie forestière fait partie de ce qu'on
considère la chambre économique et une des quatre chambres au niveau
décisionnel. Toutes les décisions qui sont prises chez FSC et lors d'élaboration
de nouvelles normes, bien, il y avait une voix pour eux sur les quatre
chambres, et ont notamment très participé dans les essais de la norme, à
commenter la norme et à cette élaboration de la nouvelle norme.
M. Charette : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Bourget
pour un temps de six minutes.
M. Campeau : Merci. La
comparaison qu'on vient d'entendre, en fait, ce qui a été mentionné par le CIFQ
et ce que vous mentionnez là, il faut faire attention de dire : Est-ce que
l'industrie aime beaucoup avoir à certifier des forêts? Dans le processus de
vente, c'est une étape de plus, donc c'est une complication de plus. Mais, en
même temps, comme on est l'endroit où on a le plus de forêts certifiées, on
devrait être fiers de ça et de voir qu'il y a eu un effort énorme dans ce
sens-là. Si je comprends bien, c'est que vous avez déjà comparé les critères de
l'UICN versus…
Une voix
: …
M. Campeau : — Il y
a quelqu'un qui me dit que je m'accroche, moi aussi, dans le… avec
raison — et puis par rapport à vos propres critères, et ça ne rentre
pas donc, de là, une catégorie VII à ce moment-là. Est-ce que je comprends
bien?
M. Dufresne (François) : Non,
la catégorie VII peut avoir une amélioration pour l'implantation de notre
norme, mais aider l'industrie forestière à avoir des aires protégées adaptées,
mieux adaptées à leur situation. Mais nous avons déjà, outre cette potentielle
nouvelle catégorie, ce qu'il faut, au sein de la certification FSC, pour…
M. Dufresne (François) : …pour
l'implantation de notre norme et aider à l'industrie forestière à avoir des
aires protégées adaptées, mieux adaptées à leur situation. Mais nous avons
déjà, outre cette potentielle nouvelle catégorie, ce qu'il faut au sein de la
certification FSC pour atteindre les pourcentages que le gouvernement se… vise,
notamment 17 % d'ici… dans les plus brefs délais, si ce n'est pas cette
année.
M. Campeau : J'aimerais
savoir, et je ne le sais pas trop comment poser ma question, les forêts
certifiées québécoises, elles sont plus au nord ou plus au sud ou…
• (17 h 40) •
M. Dufresne (François) : Merci
de la question, M. le député de Bourget. Elles sont vraiment distribuées à la
grandeur du Québec, tant pour les fédérations des propriétaires privés en
Gaspésie ou dans l'Estrie, dans l'Outaouais, au sud, autour de la Capitale-Nationale
ou dans les Laurentides, où qu'il y a des grandes unités de… forestiers au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ou sur la Côte-Nord, ou en Abitibi. Alors, nous sommes bien répartis au travers
tout le Québec, M. le député.
M. Campeau : L'avantage que je
vois, vu qu'il y en a quand même plus au sud… il y en a plus, j'interprète…
quand même une portion importante dans le sud. Si on donne de la visibilité à
ce concept-là, ça donne de la visibilité pour les citoyens du concept d'aire
protégée. Et est-ce que ça rencontre tous les critères de l'UICN? C'est une
chose, mais ça contribue quand même à la biodiversité et à montrer aux citoyens
l'importance de la biodiversité. Et, comme c'est au sud, bien, c'est plus
visible que quand c'est au nord. Puis ça, il me semble que je vois un avantage
assez important par rapport à ça, qu'il rentre dans le calcul du 17 % ou
non, on peut toujours en parler longtemps, mais je vois quand même un avantage
par rapport à ça.
M. Dufresne (François) : Oui,
tout à fait, je suis d'accord avec votre hypothèse, M. le député de Bourget,
c'est en étant proche des communautés ou des propriétaires forestiers, la
notoriété de la protection de la biodiversité va augmenter. Ça n'empêche pas
qu'il est essentiel aussi de démontrer une meilleure protection au niveau des
grands territoires parce que c'est là qu'est l'impact sur la biodiversité dans
la forêt boréale québécoise, avec la fragmentation que le secteur forestier a
eue de façon cumulative au cours des 40, 50 dernières années, et c'est là
la tendance qu'il faut inverser, et de recréer des massifs de connectivité pour
que la biodiversité puisse se remettre en place.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député de Bourget. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil.
Il vous reste 1 min 45 s.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, rapidement, et là je suis encore plus pressée que les
collègues de l'opposition qui ont deux minutes, là, est-ce que... vous parlez,
là, de... vous avez... je ne maîtrise…
Le Président (M. Ciccone) :
...d'Argenteuil, il vous reste 1 min 45 s.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, rapidement, et là, je suis encore plus pressé que les collègues
de l'opposition qui ont deux minutes, là. Est-ce que... vous parlez, là, de...
vous avez... je ne maîtrise pas très bien les normes que vous avez, FSC, par
contre, vous faites le lien entre utilisation durable, l'aire de protection,
utilisation durable, et vous pensez que ça s'apparente à la notion... aux
catégories 5 et 6 de votre norme. Pourtant, il y a des, le ministre en
parlait, des experts en biodiversité qui considèrent que même ces
certifications-là ne seraient pas acceptables en termes de biodiversité
stricte. Est-ce que vous avez réfléchi... parce qu'il existe des réflexions de
plus en grandes sur les servitudes de conservation forestière, est-ce que vous
faites des liens avec ça?
M. Dufresne (François) : Merci
de votre question pour... députée d'Argenteuil. Je vais laisser répondre
Mme Marchand, je pense qu'elle a déjà une réponse là-dessus.
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes. En 30 secondes, s'il vous plaît, Mme Marchand.
Mme Marchand (Elaine) : Je
vais essayer de faire ça. Merci, Mme la députée. Les servitudes, écoutez, ce
n'est pas nous qui s'occupons nécessairement de cette mécanique-là, mais des
servitudes, oui, effectivement, c'est un outil pour aller chercher certains
statuts de protection. Là, quand vous parlez des catégories 5 et 6, c'est
de notre concept de forêt à haute valeur de conservation et il y a toutes
sortes de choses là-dedans dont certains éléments. C'est un élément différent
des aires protégées, là, c'est deux concepts différents dans le monde de FSC,
là. Donc, en 30 secondes, je ne peux pas tout vous réexpliquer, mais les 5
et 6, c'est vraiment le côté culturel et le côté des communautés locales.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup, Mme Marchand. Je cède maintenant la parole au député
de Viau pour un temps alloué de 11 minutes.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, merci pour votre présentation. Ma première question concerne
la protection du caribou forestier. Comment assurer une véritable protection du
caribou forestier? Est-ce qu'il y a des critères qui doivent être présents pour
réussir cette protection, là, ou, du moins, sur la protection de toutes les
espèces vulnérables, quels sont les critères?
M. Dufresne (François) : M. le
député de Viau, le choix du caribou forestier est très simple, c'est
l'indicateur parapluie pour préserver la santé de la biodiversité dans la
grande forêt boréale. Si le caribou forestier ou l'habitat du caribou forestier
est en santé, l'ensemble de la biodiversité va suivre. Et ça a été démontré
scientifiquement par de nombreux scientifiques. FSC se base sur la Loi sur les
espèces en périls, hein, et l'exigence d'un plan de rétablissement des habitats
du caribou forestier d'Environnement Canada. Et c'est la base des trois options
que nous avons soumises avec...
M. Dufresne (François) :
…de nombreux scientifiques. Le FSC se base sur la Loi sur les espèces en péril
et l'exigence d'un plan de rétablissement des habitats du caribou forestier
d'Environnement Canada.
Et c'est la base des trois options que
nous avons soumises avec notre nouvelle norme, et qui a été acceptée et
entérinée par les quatre chambres de FSC Canada, incluant la chambre
économique, donc les compagnies forestières, et aussi les groupes
environnementaux les plus exigeants comme Greenpeace, ou le WWF, ou la société
des parcs, CPAWS, et la SNAP au Québec.
Donc, nous croyons fermement que ce
compromis-là va rétablir les habitats du caribou forestier sur de grands
territoires. Pour permettre un succès, par contre, de plus en plus, ce qu'on
observe, et pas seulement au Québec, mais aussi en Ontario et dans l'ouest du
pays, c'est que la collaboration des gouvernements est de plus en plus
souhaitable afin d'établir de vastes territoires qui vont au-delà des unités
d'aménagement et avec des zones de protection pour rétablissement de la
connectivité des grands massifs de la forêt boréale afin que les habitats du
caribou forestier soient restaurés et remis en fonction selon la loi fédérale
sur les espèces en péril. Ce faisant, avec cette collaboration-là, l'industrie
forestière pourra aussi assurer sa survie au niveau économique pour
approvisionner ses usines.
M. Benjamin : Vous parlez
de compromis. Est-ce que, selon vous, le concept d'aire protégée d'utilisation
durable serait un compromis?
M. Dufresne (François) :
Bien, la Loi sur les espèces en péril, sur le caribou forestier, exige un
minimum… ou plutôt un maximum de 35 % de perturbations de l'habitat
naturel du caribou forestier, donc 65 % de protection. Alors, le compromis
est sur la façon d'y arriver et le temps que cela peut prendre et sur le
territoire à restaurer en collaboration avec le gouvernement. Mais l'objectif
comme tel, c'est un objectif scientifique, et lui n'est pas un compromis.
M. Benjamin : Est-ce que
vous avez des craintes pour ce qui est des termes de reconnaissance qui
seraient peut-être trop importants, qui pourraient diluer le concept d'aire
protégée?
M. Dufresne (François) :
Je pense que l'objectif ici, en termes d'aires protégées, c'est de pouvoir
débuter une implantation sur le terrain qui va pouvoir... qui sera acceptable à
l'ensemble de la société. Et il ne s'agit pas de diluer le concept, c'est de
faire un pas en avant dans la bonne direction sur une base d'amélioration
continue et de s'assurer que la restauration de la biodiversité est efficace et
sera bien encadrée. Donc, ce n'est pas une question de compromis ou de diluer
le concept, c'est une question d'avancer, de trouver un cheminement qui fait
l'unanimité au sein d'opinions divergentes de la société...
M. Dufresne (François) :
…la restauration de la biodiversité est efficace et sera bien encadrée. Donc,
ce n'est pas une question de compromis ou de diluer le concept, c'est une
question d'avancer, de trouver un cheminement qui fait l'unanimité au sein
d'opinions divergentes de la société.
M. Benjamin : Et selon
les études que vous avez faites jusqu'à maintenant, quels critères assuraient
la réussite de la mise en place des autres mesures de conservation efficaces?
M. Dufresne (François) :
Pour nous, il s'agit ici d'utiliser des solutions que nous sommes en train de
développer, notamment notre nouveau système sur… ou notre nouvelle procédure
sur les services écosystémiques, par exemple, pour mettre de côté des
territoires de conservation ou de protection qui pourront rehausser les valeurs
qui ne sont pas nécessairement l'extraction de produits forestiers. Ce sont ce
genre de discussions là que nous avons avec le gouvernement fédéral parce que
nous avons des solutions qui pourraient s'adapter dans ce contexte-là.
M. Benjamin : À la
page 4 de votre mémoire, dernier paragraphe, donc tout ce qui est des avis
et des recommandations, l'avant-dernière ligne, et vous nous dites : «Il
faudra s'assurer de mettre en place les garanties nécessaires pour ne pas
diluer le concept d'aire protégée.» Comment voyez-vous… comment peut-on
s'assurer de ces garanties-là?
M. Dufresne (François) :
Mme Marchand va vous répondre sur cette question-là.
• (10 h 50) •
Mme Marchand (Elaine) :
Écoutez, le diable est dans les détails, M. le député, on n'a pas la réponse.
Nous, on mettait plus une mise en garde. Je veux dire, on regarde c'est quoi
l'objectif des aires protégées, on regarde est-ce que le nouveau concept
atteint les mêmes objectifs, et c'est mettre des balises pour s'assurer qu'on atteint
toujours les objectifs et qu'on ne met pas… que ce ne soit pas un bar ouvert où
qu'on peut mettre à peu près n'importe quoi, dire : Bien, moi, je fais une
petite protection ici, puis c'est beau, on rentre ça dans la catégorie. Donc,
c'est plus une mise en garde, ça, c'est un grand mot. C'est plus dire :
Bien, porter attention. Et comme on vous l'a précisé au début de la
présentation, on n'a pas eu le temps de regarder le projet de loi dans tous ses
détails, et probablement peut-être que la réponse y est déjà dedans, mais on
fait juste réitérer notre message, c'est que, bien, l'idée est bonne, mais il
faut juste s'assurer, là, que ça ne soit pas la porte ouverte pour mettre
n'importe quoi.
M. Benjamin : Vous êtes
un organisme de certification, donc vous êtes porteur, comme organisme, des
bonnes pratiques en la matière. Donc, il y a un groupe avant vous qui nous dit
entre autres, et je cite : «Il fallait intensifier l'aménagement forestier
sur une portion du territoire.» Pensez-vous que c'est conciliable avec les…
M. Benjamin : …donc vous êtes
porteurs, comme organisme, des bonnes pratiques en la matière. Donc, il y a un
un groupe avant vous qui nous a dit, entre autres, et je cite, qu'«il fallait
intensifier l'aménagement forestier sur une portion du territoire». Pensez-vous
que c'est conciliable avec les bonnes pratiques?
M. Dufresne (François) : En
théorie, oui, M. le député. L'intensification de l'aménagement forestier sur
une superficie qui est contrôlée en termes de grandeur peut être parrainée ou
mise en parallèle avec une stratégie beaucoup plus vaste de conservation et de
protection d'aire protégée, qui devra être, à ce moment-là, chapeautée par le gouvernement
pour les générations à venir. Donc, sur les meilleurs territoires productifs
forestiers, il pourrait y avoir un aménagement intensif qui pourrait même être
certifiable avec FSC, en autant qu'il y a peut-être 90 % de territoires
beaucoup plus grands qui, eux, vont faire l'objet de protection.
Alors, c'est là l'idée, c'est d'avoir un
ratio en termes d'aménagement intensif versus la protection de territoire de
biodiversité.
M. Benjamin : Merci.
M. Dufresne (François) :
Bienvenue.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Nous passons maintenant la parole à la députée de
Mercier pour 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. J'aime beaucoup quand vous
dites : Il ne faut pas diluer, là, le concept d'aire protégée et faire
attention qu'est-ce qu'on met dedans pour protéger justement ce concept-là. Et
on a eu SNAP-Québec tout à l'heure qui recommandait, lui aussi, d'ajouter une
autre catégorie à l'extérieur des aires protégées pour reconnaître, dans le
fond, les efforts de conservation et de bonne gestion qui est faite par la
forêt… par l'industrie forestière.
Donc, moi, ce que je comprends, c'est que
c'est la même proposition que vous faites quand vous dites, puis vous avez eu
la discussion avec le ministre, d'ajouter une autre catégorie en la sortant de
la définition d'aire protégée et en la sortant des cibles du gouvernement.
M. Dufresne (François) : Oui,
c'est une proposition que nous épaulerons avec la SNAP, en termes de
faisabilité.
Mme Ghazal : Très bien. Je
voulais être sûre que c'était la même chose, oui.
M. Dufresne (François) : Oui, tout
à fait.
Mme Ghazal : Parfait. Et puis,
à la page 3, vous parlez de réseau d'aires de conservation. C'est quoi exactement?
Là, ce n'est pas la même chose qu'aires protégées.
M. Dufresne (François) :
Non.
Mme Ghazal : Peut-être
nous en dire un peu plus. Puis est-ce qu'on devrait considérer ça dans le projet
de loi ou c'est juste pour notre information?
M. Dufresne (François) :
Ça fait longtemps que ce réseau d'aires protégées... de conservation là,
plutôt, existe chez FSC. Et c'est pour partager avec la commission notre
expérience, qui ne date pas d'hier, dans un sujet qui est très complexe et qui
demande un consensus au sein des parties prenantes de la société, qui sont
souvent très divergentes, notamment, aussi les Premières Nations, et les
groupes environnementaux, et les groupes sociaux, en plus de l'industrie. Donc,
notre réseau d'aires de conservation, pour nous, est une...
M. Dufresne (François) :
...un consensus au sein des parties prenantes de la société, qui sont souvent
très divergentes, notamment aussi les Premières Nations, et les groupes environnementaux,
et les groupes sociaux, donc... en plus de l'industrie. Donc, notre réseau
d'aires de conservation pour nous est une source ou une base de connaissances
qui date depuis longtemps qui peuvent servir d'exemple pour les gouvernements
d'instaurer des zones d'aires protégées.
Aussi, ... ce réseau-là, il y a une
portion que nous avons toujours encouragée auprès de nos détenteurs de certificats
de faire des démarches avec le gouvernement pour... de façon légale, pour...
qu'ils en deviennent, des aires protégées, parce que ce sont des candidats pour
le devenir.
Mme Ghazal : Puis ça, ça
ne diluerait pas, là, la définition d'aire protégée. C'est que, quand on dit
«aire de conservation», ça respecterait les normes de l'UICN ou c'est autre chose?
M. Dufresne (François) :
La partie qui... Oui, c'est... Bien, c'est autre chose... ça serait... selon le
concept d'aire protégé tel que vous l'entendez, là, sous sa forme
traditionnelle. Parce que c'était avant qu'on parle de cette nouvelle catégorie-là...
nous avons toujours favorisé une discussion... entre nos détenteurs de
certificats et le gouvernement pour légiférer en termes d'aires protégées au
sein de leurs forêts certifiées.
Mme Ghazal : O.K. Très
bien, merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine pour 2 min 45 s.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. M. Dufresne, Mme Marchand, merci.
Question de nature générale. Plusieurs des
mémoires qui ont été déposés déplorent le fait que le processus est très, très
lent et long pour développer un réseau d'aires protégées. Est-ce que vous
partagez ce sentiment-là? Je ne vois pas d'urgence, je ne lis pas
d'appréciation des processus dans votre mémoire. Est-ce que vous avez une
opinion là-dessus?
M. Dufresne (François) :
Ah! les processus, chez FSC, ils sont longs. Donc, je ne suis pas étonné que
celui-ci soit aussi très long. De trouver un consensus au sein de la société
civile lorsque, bien, chacun... comme Elaine... Mme Marchand l'expliquait,
tient le même pouvoir de vote, 25 % chacun, le consensus est très
difficile à obtenir. Et, au bout de la ligne, c'est un consensus qui est
extrêmement fort, mais qui prend du temps. Et donc je ne suis pas étonné.
Mais c'est... Il faut bien faire les
choses pour s'assurer que la solution va être implantée, et surtout durable, et
efficace. Et c'est là, la force de FSC, c'est que nos solutions sont efficaces,
durables et robustes. Et, quand Mme Marchand dit: Il faut faire
attention de ne pas diluer le concept puis d'inventer un peu n'importe quoi,
c'est que les balises de FSC ont toujours été extrêmement efficaces pour
s'assurer, justement, que nos solutions rencontrent l'objectif. Mais le processus
peut être long, malheureusement.
M. Arseneau : Est-ce que,
dans vos processus, la société civile, justement, est consultée ou partie
prenante? Parce que je voyais, là, que vous avez...
M. Dufresne (François) : ...de
FSC ont toujours été extrêmement efficaces pour s'assurer justement que nos
solutions rencontrent l'objectif, mais le processus peut être long,
malheureusement.
M. Arseneau : Est-ce que dans
vos processus, la société civile justement est consultée ou partie prenante?
Parce que je voyais, là, que vous avez certainement des relations, là, avec les
experts et les scientifiques et ainsi de suite.
M. Dufresne (François) : Oui,
nous avons des relations étroites avec le monde académique, les Premières
Nations, les grands syndicats, les grandes centrales syndicales, les
municipalités et les groupes environnementaux les plus exigeants, là, non
seulement ici au Canada, mais ailleurs dans le monde.
M. Arseneau : D'accord. Maintenant,
tout à l'heure on a rencontré les représentants des Premières Nations, le chef
régional notamment. On parlait des aires protégées de conservation autochtones.
Vous faites aussi largement référence au droit des peuples autochtones. Est-ce
que ça, c'est compatible? Parce que quand on a demandé certaines balises, là,
on nous a dit qu'on voudrait travailler en amont de ça, est-ce que c'est le
genre de travail que vous faites actuellement?
Le Président (M. Ciccone) :
Rapidement, s'il vous plaît, M. Dufresne.
M. Dufresne (François) : Oui,
tout à fait. Je vais prendre deux secondes. Notre nouvelle forme a été
fortement impactée par l'aspect autochtone, non seulement dans un principe
qu'on avait autrefois, mais maintenant à travers toute la norme, dans les
principes de protection environnementale, les droits autochtones sont enchâssés
dans nos indicateurs plus que jamais. Donc, les droits ancestraux des
autochtones est enchâssé très fortement dans notre nouvelle norme.
Le Président (M. Ciccone) :
Mme Marchand, M. Dufresne, je vous remercie énormément pour votre
contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30. Bon souper.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 31)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de l'environnement
reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la sonnerie de
vos appareils électroniques, s'il vous plaît. Nous poursuivons les auditions
publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi
n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et
d'autres dispositions. Ce soir, nous entendrons M. Louis Bélanger,
professeur au Département des sciences du bois et de la forêt à l'Université
Laval et l'Association minière du Québec. Je souhaite maintenant souhaiter la
bienvenue à M. Louis Bélanger, professeur au Département des sciences de
la forêt à l'Université Laval. Je vous rappelle, M. Bélanger, que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
procéder à votre exposé. La parole est à vous.
M. Bélanger (Louis) :
Alors, merci. Alors, bonsoir, M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs les députés dans cette belle soirée d'automne. Vous constaterez
d'ailleurs qu'il y a eu un coucher de soleil assez magnifique aujourd'hui.
Alors, je me nomme Louis Bélanger et je suis professeur en environnement à
l'Université Laval. Je suis aussi membre de la Commission mondiale des aires
protégées de l'UICN. J'ai donc participé à ce titre à l'élaboration des
fameuses lignes directrices de l'UICN dont on parle tellement souvent. Je vous
remercie pour votre invitation et le privilège de participer à cette commission
parlementaire, mais je dois vous avouer que j'en suis un peu gêné. En effet,
plusieurs de mes collaborateurs membres de Premières Nations n'ont pas
bénéficié de ce privilège, et cela, même si leur communauté est fortement
impliquée dans le dossier des aires protégées. J'espère qu'ils auront l'occasion
de vous faire part de leur vision d'un nouveau statut d'aire protégée
autochtone. Il serait tellement désolant que le gouvernement du Québec rate
cette opportunité. Un tel statut contribuerait puissamment à avancer la
réconciliation avec les peuples autochtones du Québec.
Ce soir, ma présentation portera
essentiellement sur le nouveau statut d'aire protégée d'utilisation durable.
Vous allez constater que ma compréhension des lignes directrices de l'UICN
diffère quelque peu de celle de certains groupes…
M. Bélanger (Louis) : …la
réconciliation avec les peuples autochtones du Québec. Ce soir, ma présentation
portera essentiellement sur le nouveau statut d'aire protégée d'utilisation
durable. Vous allez constater que ma compréhension des lignes directrices de
l'UICN diffère quelque peu de celle de certains groupes.
Donc, c'est avec enthousiasme que j'appuie
la création du nouveau statut d'aire protégée d'utilisation durable. Je vous
félicite, M. le ministre, d'avoir pris cette initiative importante, importante
notamment pour la conservation de l'île d'Anticosti. En effet, ce nouveau
statut permet d'introduire une toute nouvelle forme de conservation que nous
appelons dans notre milieu la conservation bioculturelle. Cette dernière vise à
conserver à la fois les valeurs naturelles et les valeurs culturelles d'un
système socioécologique. Là où l'humain a développé par le passé ou essaie de
développer pour le futur, et celle-là, c'est important, une relation équilibrée
exemplaire avec la nature. Comme l'exprime l'UICN dans l'accord de Durban de
2005, le rôle de ce type d'aire protégée est de forger une synergie entre la
conservation de la biodiversité, le maintien des services écologiques et le
développement durable des communautés.
Au Québec, l'aire protégée d'utilisation
durable serait le pendant du paysage humanisé. Le paysage humanisé a été conçu
pour le territoire rural et urbain, tandis que l'aire protégée d'utilisation
durable serait conçue pour la forêt publique. Si l'approche de la conservation
bioculturelle est nouvelle pour le Québec et le Canada, elle bénéficie d'une
longue tradition en Europe. Dans le cas du grand réseau européen des parcs
naturels régionaux, par exemple, la conservation bioculturelle est utilisée
pour établir des territoires modèles de conservation et de développement
durable.
Toutefois, il est important, pour rassurer
les gens, puisque c'est un nouveau modèle d'aire protégée, que la définition
d'utilisation durable indique bien les intentions du gouvernement. Je
recommande en conséquence d'ajouter trois précisions à l'article 46.
Premièrement, il est important de préciser que le rôle de l'utilisation durable
est de maintenir et de restaurer les valeurs naturelles et culturelles ciblées
dans l'aire protégée. Il faut donc y intégrer, dans la définition, le principe
d'établir pour chaque aire protégée d'utilisation durable un énoncé des valeurs
naturelles et culturelles qui y seront spécifiquement ciblées. Enfin, pour
assurer son acceptabilité sociale au Québec, il faut préciser que l'utilisation
des ressources naturelles ne concerne que les ressources naturelles
renouvelables.
Je recommande aussi, comme une autre
balise, que l'on ajoute un nouvel article à la loi qui introduirait le fameux
principe de l'UICN, le principe de la priorité à la conservation. Ce
principe-clé des lignes directrices de l'UICN se lit ainsi : «Pour l'UICN,
seules les aires protégées dont le principal objectif est de conserver…
M. Bélanger (Louis) : ...qui
introduirait le fameux principe de l'UICN, le principe de la priorité à la
conservation. Ce principe-clé des lignes directrices de l'UICN se lit
ainsi : «Pour l'UICN, seules les aires protégées dont le principal objectif
est de conserver la nature peuvent être considérées comme des aires protégées.
Cela peut inclure de nombreuses aires protégées qui ont d'autres buts de même importance.
Mais en cas de conflit, la conservation de la nature sera prioritaire.»
Ceci m'amène à répondre à une question
maintes fois soulevée par cette commission parlementaire : Est-ce que la
foresterie est acceptable et appropriée dans les aires protégées d'utilisation
durable? Pour vous rendre la vie compliquée, si je me fie aux lignes
directrices adoptées en 2008 par l'UICN, il y a deux réponses à votre question.
Cela peut être oui et cela peut être non, dépendant de la catégorie d'aire
protégée dans laquelle le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques inscrira ce nouveau statut. Si le Québec décide que
l'aire protégée d'utilisation durable sera inscrite dans la catégorie 5 de
l'UICN, alors la réponse est oui. Une certaine forme de foresterie peut être
une activité appropriée dans cette catégorie, mais à la condition de contribuer
aux objectifs de conservation de la biodiversité de l'aire protégée.
Dans le cas du Québec, il pourrait s'agir
d'une foresterie écosystémique exemplaire, mais une foresterie qui va vraiment
plus loin que le régime forestier actuel. En Europe, l'exemple du tout nouveau parc national de Forêts de la France, établi l'an
passé, confirme cette opinion. Je vous invite d'ailleurs d'aller voir son site
Web. Voici comment l'Office français de la biodiversité<VTi> présente ce
nouveau parc national. Donc : «La cohabitation entre les fonctions de
préservation, de loisirs et de production forestière contribuera de faire du
parc national de Forêts une vitrine de la gestion forestière française. Donc,
on parle bien d'un parc qui a comme objectif de faire une foresterie exemplaire.
Par contre, si le Québec décide que l'aire
protégée d'utilisation durable sera inscrite dans la catégorie 6 de l'UICN,
comme le suggérait par exemple ce matin la SNAP, alors la réponse sera non. Une
foresterie, même écosystémique, même relativement douce, n'est pas compatible
avec les lignes directrices de cette catégorie. Elles établissent explicitement
qu'il ne devrait pas y avoir d'utilisation industrielle. Et je vais vous dire
que de la foresterie, quand il arrive de la machinerie, ça a tout l'air d'une
activité industrielle. Ainsi, même la foresterie de restauration écologique sur
l'île d'Anticosti ne respecterait...
M. Bélanger (Louis) : ...elles
établissent explicitement qu'il ne devrait pas y avoir d'utilisation
industrielle. Et je vais vous dire que de la foresterie, quand il arrive de la
machinerie, ça a tout l'air d'une activité industrielle. Ainsi, même la
foresterie de restauration écologique sur l'île d'Anticosti ne respecterait pas
les lignes directrices de la catégorie VI.
En conclusion donc, les lignes directrices
de l'UICN permettent de faire de la foresterie dans le cas bien particulier des
aires protégées de catégorie V. La foresterie est d'ailleurs une activité
courante, même dans des aires protégées aussi prestigieuses que les parcs
nationaux de la Grande-Bretagne et de la France. Vous comprenez donc, mesdames,
messieurs, que le choix de la catégorie dans laquelle sera inscrit le futur
statut d'aire protégée d'utilisation durable est une question clé pour votre commission.
Pour ma part, je pense que, si l'aire protégée d'utilisation durable est
classée dans la catégorie VI, elle ne sera pas de grande utilité pour répondre
aux enjeux de conservation bioculturelle du Québec. Je recommande donc que l'aire
protégée d'utilisation durable s'inscrive dans la catégorie V de l'UICN.
• (19 h 40) •
J'en profite pour vous présenter deux cas
qui illustrent l'intérêt du statut d'aire protégée d'utilisation durable. Le
premier est le projet de l'aire protégée multicatégorie du Ya'nienhonhndeh, et j'espère que mes amis hurons
considéreront que j'ai bien prononcé le terme. Donc, c'est l'aire protégée du
Ya'nienhonhndeh, initié par la nation huronne-wendat depuis déjà six ans. Cette
aire protégée comprendrait, d'une part, une aire protégée stricte pour
conserver la dernière forêt boréale intacte au sud du Québec. La nation
huronne-wendat propose d'y adjoindre, d'autre part, une aire protégée
d'utilisation durable. Elle viserait à mettre en oeuvre une gestion intégrée
exemplaire tout en protégeant un patrimoine culturel huron-wendat exceptionnel.
Comme l'explique la nation huronne-wendat, elle propose une approche de
conservation qui n'exclut aucun groupe. Son approche bioculturelle reconnaît
que le Ya'nienhonhndeh se retrouve dans une région où le mode de vie repose sur
les activités liées à la forêt, dont les activités fauniques récréatives
forestières et coutumières.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, M. Bélanger, s'il vous plaît. En terminant.
M. Bélanger (Louis) : Alors...
Oupelaïe! Donc, ça a été plus loin... Alors, ce que je terminerais, c'est... Par
ailleurs, M. le ministre, vous pourrez me poser la question sur la fameuse
société de gestion que vous a recommandée les gens de l'île d'Orléans. Comme
d'habitude, je parle... je dis trop et pas assez vite.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Bélanger. Merci pour votre exposé. Nous débutons
maintenant la période d'échange en commençant avec M. le ministre, toujours
pour une durée de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci, M. Bélanger. Vous avez deviné dans mes pensées, c'est la
question que je voulais vous poser justement. Donc, je vous laisse y aller avec
votre réponse.
M. Bélanger (Louis) : Bien,
justement, alors je suis membre...
Le Président (M. Ciccone) :
…nous débutons maintenant la période d'échange en commençant avec M. le
ministre, toujours pour une durée de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci, M. Bélanger. Vous avez deviné dans mes pensées, c'est la question
que je voulais vous poser justement. Donc, je vous laisse y aller avec votre
réponse.
M. Bélanger (Louis) : Bien, justement,
alors je suis membre, par ailleurs, de la Table UNESCO Anticosti, et cette
table-là vous a envoyé, cet été, M. le ministre, une recommandation pour une
nouvelle structure de gouvernance pour la réserve de biodiversité d'Anticosti,
ce qu'on appelle une société de gestion, qui permettrait ce qu'on appelle une gouvernance
conjointe entre, d'une part, le gouvernement du Québec et, d'autre part, les communautés
locales d'Anticosti, d'Ekuanitshit et de Nutashkuan, ainsi que la communauté
régionale de la Minganie. Cette formule-là, c'est une... implique la création d'un
organisme gouvernemental jouissant d'une autonomie de décision et de gestion.
Cette formule s'inspire de celle utilisée en France pour mettre en oeuvre la
gouvernance régionale des parcs nationaux.
Et là, M. le ministre, les gens
d'Anticosti me disent de vous dire qu'ils ont grand espoir pour avoir une
réponse positive à leurs recommandations.
M. Charette : ...c'est bien
gentil, c'est bien gentil. J'aurai le plaisir d'aller les saluer bientôt, donc
on aura l'occasion, là, de poursuivre la réflexion. Sincèrement, merci. Je vois
que vous avez suivi les travaux à travers les différents groupes qui se sont
présentés devant nous. Effectivement, la grande question qui est posée systématiquement
est en regard avec la foresterie, avec les différentes interprétations que
chaque groupe peut en avoir. Mais sinon, j'ai le sentiment, vous me dites si je
me trompe ou pas, mais le projet de loi, il est bien reçu, j'ai le sentiment
que la base, elle est intéressante, voire très intéressante. C'est certain que certains
groupes aimeraient avoir des éléments supplémentaires, d'autres en enlever,
c'est bien, bien normal à l'étape où on est rendu.
Mais votre présentation, à mon sens,
représente un petit peu le point de rencontre de ces différents groupes là.
Vous avez parlé de la SNAP, on aurait pu parler de d'autres groupes aussi qui
se sont présentés. Donc, vous incarnez bien ce point de rencontre possible que
peut représenter le projet de loi n° 46. Vous avez
parlé de l'importance de se référer à l'UICN — cette fois-ci, je l'ai
eu, si vous nous avez suivis, vous avez remarqué qu'à chacune des fois, je
m'accroche sur l'acronyme en question — c'est fondamental, et étant
donné que vous êtes associé à leurs travaux, d'autant plus heureux de vous
avoir ce soir.
Vous êtes bien placé pour confirmer qu'il
y a des discussions qui se poursuivent à l'échelle internationale pour fixer,
en quelque sorte, les nouveaux paramètres qui devront s'appliquer, là, au cours
de la prochaine décennie. On a de bonnes idées des orientations qui risquent
d'être retenues, mais il y a encore des éléments de discussion. Certains
groupes, vous l'aurez entendu aussi, auraient aimé que, dans le projet de loi,
on précise les activités qui sont permises et les activités qui ne sont pas
permises au niveau des aires protégées d'utilisation...
M. Charette : …on a de bonnes
idées des orientations qui risquent d'être retenues, mais il y a encore des
éléments de discussion. Certains groupes, vous l'aurez entendu aussi, auraient
aimé que dans le projet de loi, on précise les activités qui sont permises et
les activités qui ne sont pas permises au niveau des aires protégées
d'utilisation durable.
Pour nous, compte tenu de cette
discussion-là qui se poursuit à l'échelle internationale, ça devient difficile
d'entrer dans cette catégorisation-là, c'est la raison pour laquelle on se
réfère à l'article 2 du projet de loi qui dit que dans tous les cas, les
aires protégées devront correspondre aux principes de cette convention
internationale. Pour vous, est-ce que c'est un élément qui est rassurant ou on
devrait se risquer dans une énumération qui ne sera forcément pas complète ou
exhaustive?
M. Bélanger (Louis) : À ce
niveau-là, je vous fais deux recommandations. C'est un nouveau statut pour le Québec
et je vous recommande de partir de projets concrets sur le terrain, donc passer
par une phase d'expérimentation qui permettra, là, de voir concrètement c'est
quoi les enjeux, et à partir de là, établir des recommandations. Bien entendu,
le terrain utilisera les balises… existantes, mais c'est également, le Québec
devra établir ses propres balises, ce qui est acceptable ou pas dans le
contexte actuel où en est la population au Québec.
Par exemple, nulle part l'UICN ne dit
qu'il est interdit de faire nécessairement des activités d'utilisation de
ressources non renouvelables dans les catégories 5. Mais c'est clair qu'au Québec,
ça ne passerait pas la rampe. Alors, ça, ce sont des éléments et plutôt que de
partir sur des principes théoriques, je vous recommande de partir de projets
concrets, et donc d'amorcer un programme d'une couple d'années, commençant par
le dossier Anticosti, qui nous permettrait vraiment de voir sur le terrain
comment on exprime ce qui est acceptable ou pas.
M. Charette : Je comprends. En
même temps, on doit composer avec certaines limitations. Si on fait référence à
une loi versus un règlement, c'est plutôt rare qu'on a l'occasion… dans le
temps, là, j'entends, c'est plutôt rare qu'on a l'occasion de remanier une loi,
donc c'est la raison pour laquelle on se laisse, généralement, une certaine
latitude ou une certaine marge de manoeuvre à travers la réglementation. C'est
là où si on est trop spécifique dans la loi, on n'aura vraisemblablement pas la
souplesse pour faire cette expérimentation-là que vous proposez.
M. Bélanger (Louis) : Ce que
vous devez nous dire, M. le ministre, c'est : L'aire protégée
d'utilisation durable, vous pensez l'inscrire dans quelle catégorie? La
catégorie 5 ou la catégorie 6? Et les lignes directrices de ces deux
formes d'aires protégées polyvalentes sont très différentes. Alors, ça, c'est votre
question clé. Une fois… puis comme je vous dis, si c'est une 6, c'est beaucoup
plus restrictif, tandis que si c'est une 5, ça vous donne plus de marge. Mais
clairement, actuellement, il y a un débat sur le terrain. C'est quoi votre
intention? On est-u une 5 ou on est-u une 6? Et…
M. Bélanger (Louis) : ...votre
question clé une fois, puis comme je vous dis, si c'est une 6, c'est beaucoup
plus restrictif, tandis que, si c'est une 5, ça vous donne plus de marge. Mais
clairement, actuellement, il y a un débat sur le terrain. C'est quoi votre
intention, on est-u une 5 ou on est-u une 6? Et là il faudra... je vous
recommande, d'étudier la question puis de nous arriver avec une réponse.
M. Charette : Parfait, c'est
bien gentil. J'ai mes collègues qui veulent intervenir, mais encore une fois,
très, très apprécié. J'ai le sentiment que vous êtes le point de rencontre, là,
des différents groupes, là, qu'on a pu entendre au cours des dernières séances.
Merci beaucoup. Une belle fin de journée à vous.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le ministre. Maintenant je passe la parole au député de Bourget. Il
vous reste 9 m 50 s.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Oui, moi aussi, j'ai l'impression que vous êtes un point de rencontre entre
plusieurs groupes qu'on a entendu jusqu'à maintenant. Quand vous parlez de
valeur culturelle propre à une aire protégée d'utilisation durable, vous voulez
dire qu'à chaque aire qu'on va identifier, il pourra y avoir des valeurs
culturelles reliées à chacune. Et à ce moment-là, on parle plus, ou
presqu'exclusivement d'aire protégée autochtone.
• (19 h 50) •
M. Bélanger (Louis) : Non,
non, pas du tout.
M. Campeau : Non?
M. Bélanger (Louis) : Je vous
donne, par exemple, le premier... le départ de toute la réflexion qu'on a
amorcé au Québec sur ce dossier-là, c'est sur les réserves fauniques, et là
dans les réserves fauniques, c'est des valeurs fauniques de chasse et de pêche,
de récréation. Tu sais, les réserves fauniques, là, elles datent du début du
XXe siècle, alors c'est notre patrimoine québécois ça, ces territoires-là,
et c'est d'ailleurs une spécificité canadienne où on a voulu établir une chasse
et une pêche sur la base d'un rendement soutenu durable. Alors, ça, c'est nos
valeurs québécoises à nous qui peuvent être identifiées.
M. Campeau : O.K. O.K. Il y a
une question que j'ai essayé de poser aujourd'hui puis finalement... à un groupe
précédent, je suis un peu resté sur mon appétit ou j'ai mal compris. Quand on
parle des aires protégées autochtones, si je compare les critères qui seraient
appliqués, je ne connais pas, est-ce que ça serait en ligne avec l'UICN?
M. Bélanger (Louis) : Là, dans
mes discussions... je vais oser vous rapporter ce que j'ai dans la discussion à
ce niveau-là, je travaille avec les Innus, avec les Hurons-Wendat puis avec les
Cris, donc ce que je perçois, c'est qu'une aire protégée autochtone pourrait
aller d'une catégorie 1 à une catégorie 6. Donc, dépendant de la
communauté, de son besoin puis du territoire, la nature de la catégorie
pourrait changer, mais je pense que les communautés avec lesquelles je
travaille sont toutes à l'aise de s'insérer dans les balises de l'UICN...
M. Bélanger (Louis) :
...donc, dépendant de la communauté, de son besoin puis du territoire, la
nature de la catégorie pourrait changer. Mais je pense que les communautés avec
lesquelles je travaille sont toutes à l'aise de s'insérer dans les balises de
l'UICN parce qu'à travers les six catégories elles peuvent se retrouver. Par
exemple, à Pessamit, c'est clair qu'eux veulent une aire protégée de catégorie
deux, tandis que les Hurons-Wendat étaient prêts à avoir une catégorie cinq
dans une partie de leur territoire. Ce qu'il faut, c'est qu'il faut permettre à
chaque aire protégée autochtone de définir, quand on va la définir par décret,
dans quelle catégorie elle se situe. Et là ça se négocie, ça se discute, aire
protégée, projet par projet, nation par nation.
M. Campeau : O.K. Et, de
la façon dont vous avez terminé votre présentation en disant que vous n'avez
pas eu le temps de tout dire, y a-tu d'autres questions que je devrais vous
poser?
M. Bélanger (Louis) :
Bien là, la question, c'est de savoir... que je n'ai pas eu le temps,
c'est : Est-ce qu'on est prêts, nous, à élaborer des balises pour une aire
protégée d'utilisation durable? Je vais vous dire, ça fait 10 ans qu'on
travaille sur le dossier. On a déjà eu des projets pilotes dans la réserve
faunique de Matane, dans la réserve faunique de Mastigouche. Donc, oui, on est relativement
en mesure de le faire. Cependant, ce qu'on a besoin de faire, c'est d'établir
des projets pilotes. Et donc votre question est de dire : Ça devrait
ressembler à quoi, une phase d'expérimentation puis une aire protégée d'utilisation
durable?
Alors, ça prend... Moi, je... Il faut
éviter l'erreur des paysages humanisés. On a mis un statut, mais ne s'est pas
donné les moyens pour au moins mettre le premier. C'est important de mettre le
premier qui va servir de référence aux autres. Donc, il faut mettre au point...
puis moi, je dirais, avec le mandat du Conseil des ministres, parce que, là, il
faut que l'ensemble des ministères soient impliqués. Clairement, par exemple,
le MMFP, si on ne lui donne pas le mandat, si le MMFP n'a pas d'avantage ou de
gain en lui-même pour mettre ... forme d'aire protégée d'utilisation durable.
Donc, il va falloir lui donner le mandat de contribuer à... Et là il faudrait
identifier deux, trois projets comme ça à expérimenter pour qu'on puisse vous
revenir dans un an ou deux pour vous faire une recommandation pour compléter
les balises de cette aire protégée là.
M. Campeau : O.K. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Je passe maintenant la parole à la députée
d'Argenteuil. Il vous 4 min 45 s.
Mme Grondin : Merci, M.
le Président. M. Bélanger, effectivement, là, je suis très contente que
vous mettiez l'accent sur tout ce qui c'est... ou vous définissiez davantage un
peu comme vous voyez l'aire d'utilisation durable. Vous avez répondu à mon
collègue député de Bourget, des exemples en termes de... c'était une de mes
questions, à valeur culturelle, qu'est-ce que ça veut dire. Vous demandez, dans
le fond, ce que je comprends, dans le...
Mme Grondin : ...vous
définissiez davantage un peu comment vous voyez l'aire d'utilisation durable.
Vous avez répondu à mon collègue député de Bourget des exemples en termes de...
C'était une de mes questions, «à valeur culturelle», qu'est-ce que ça veut
dire. Vous demandez, dans le fond... ce que je comprends dans le milieu,
c'est : Est-ce que cette aire protégée là va être de catégorie 5, où, là,
il pourrait y avoir de la foresterie, c'est bien ça? Ou ça va être de catégorie
6, qui est une aire protégée plus stricte?
On sait que l'un des grands enjeux de la biodiversité
au Québec, c'est l'interconnectivité entre les différents noyaux de
conservation ou d'aires protégées. Est-ce que l'aire d'utilisation durable
vient jouer un rôle dans cette AFE pour faciliter cette interconnexion-là?
M. Bélanger (Louis) : Bien,
pour elle, je vais vous répondre à deux niveaux. En forêt publique, où on a
moins de problèmes d'interconnectivité, oui, elle pourrait jouer un rôle, mais
on sait qu'on est déjà dans une grande forêt continue. Là où on a besoin de
corridors, c'est dans le Québec rural, et là c'est le paysage humanisé qui va
jouer un rôle. Et là, malheureusement, on n'a pas mis assez d'efforts pour qu'il
y ait des paysages humanisés, et c'est là qu'ils joueraient un rôle vraiment important
dans la connectivité. Je sais qu'il y a eu des projets à ce niveau-là, là,
autour du parc national Frontenac, par la SEPAQ, mais le paysage humanisé ne
décolle pas pour différentes raisons, qu'on vous a expliquées.
Mme Grondin : Parfait. Et
vous, là, si j'ai bien compris, ce que vous recommandez, ce serait qu'on classe
l'aire protégée d'utilisation durable dans la catégorie 5. C'est bien ça que
j'ai compris, pour...
M. Bélanger (Louis) : C'est
bien ça.
Mme Grondin : Et donc... Par
contre, ce que vous dites, c'est qu'il va falloir faire plus d'efforts en
termes de foresterie que celle qui existe actuellement. Oui?
M. Bélanger (Louis) : Bien,
le... C'est que... Oui, tout à fait, parce que, même si le Québec dit qui'il
fait de l'aménagement écosystémique, c'est un écosystémique de compromis, avec
un nivellement par la base. Tu sais, à l'époque, j'ai participé à la rédaction
de ça, puis, tu sais, c'est un écosystémique minimum qu'on a fait. Puis même, à
l'époque, on voulait essayer de mettre des territoires qui auraient été
exemplaires, un écosystémique exemplaire, et on n'a pas réussi en... avec le
nouveau régime. C'est une deuxième tentative d'essayer de faire d'une
foresterie... écosystémique exemplaire quelque part au Québec, comme modèle
pour le reste de la forêt publique.
Mme Grondin : Est-ce que vous
pensez qu'on va y arriver?
M. Bélanger (Louis) : Oh!
oui. Je vous donne un exemple. On a réussi à la forêt Montmorency. J'ai été
responsable du comité scientifique de la forêt Montmorency pendant 30 ans, puis
on a réussi. Alors, c'est possible.
Mme Grondin : Donc, c'est un
exemple qu'il faudrait répéter, la forêt Montmorency?
M. Bélanger (Louis) :
Exact...
Mme Grondin : …qu'on va y
arriver?
M. Bélanger (Louis) : Oui,
oui. Je vous donne un exemple. On a réussi, à la forêt Montmorency.
Mme Grondin : Oui.
M. Bélanger (Louis) :
J'ai été responsable du comité scientifique de la forêt Montmorency pendant
30 ans, puis on a réussi. Alors, c'est possible.
Mme Grondin : Donc, c'est
un exemple qu'il faudrait répéter, la forêt Montmorency?
M. Bélanger (Louis) :
Exact.
Mme Grondin : Parfait.
M. Bélanger (Louis) : Tout
à fait.
Mme Grondin : Merci
beaucoup.
M. Bélanger (Louis) :
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Il vous reste une minute. C'est beau? Merci beaucoup.
Maintenant, je passe la parole au député
de Viau de l'opposition officielle pour une période de 11 minutes. À vous
la parole, M. le député.
M. Benjamin : Merci, M.
le Président. Merci, M. Bélanger, pour votre présentation.
Écoutez, vous avez parlé avec beaucoup de
clarté des enjeux relatifs aux aires protégées de conservation autochtones,
mais j'aimerais revenir encore là-dessus pour vous entendre parce que, quels
seraient, selon vous à ce moment-là, les critères pour que ce type d'aires
protégées puisse être efficace pour la conservation de la biodiversité?
M. Bélanger (Louis) : Ça
prend… la nature de la gouvernance et la nature de l'engagement de la
communauté vis-à-vis les objectifs de conservation est l'élément central. C'est
pour ça que c'est un concept qui doit partir de la base, qui doit partir des
gens de la communauté, qui doit correspondre à de réels besoins et de volonté
de conservation qui vont permettre ensuite à la communauté de les mettre en
place. Alors, si cette volonté de la base est là, bien là, il faut leur donner
le moyen. Puis je regarde la nation huronne-wendat, là, ça fait des années
qu'ils essaient de protéger le Ya'nienhonhndeh. Alors, c'est
clair que cette communauté-là n'a aucun problème à respecter les balises que
l'UICN pourrait poser. Ce qu'elle a des problèmes, c'est de trouver des
interlocuteurs gouvernementaux ouverts à ses aspirations.
M. Benjamin :
Je comprends que vous en avez fait part tout à l'heure. Est-ce qu'on a
actuellement des modèles qu'on peut suivre actuellement ? Ou du moins vous
semblez nous dire qu'il n'y a pas vraiment de modèle, il faut plutôt aller vers
des projets pilotes.
• (20 heures) •
M. Bélanger
(Louis) : Bien, ça, c'était pour l'aire protégée d'utilisation
durable. Pour les aires protégées autochtones, il faut savoir qu'au Canada il y
a un processus gigantesque qui a été amorcé, pancanadien, de réflexion dans les
fameuses… qu'on appelle les aires de conservation et de protection autochtones.
Donc, un processus canadien qui donne déjà certains éléments de balises et de
processus. Il y a certaines provinces qui sont avancées. L'Australie a déjà mis
en place des aires protégées autochtones depuis déjà bon nombre d'années. Mais
là il faut que, pour que ça soit légitime, qu'on enclenche un processus avec
nos propres communautés, ce ça soit elles qui définissent ce qu'elles ont
besoin, ici au Québec, ce qui répond à leurs besoins. Alors, il faut qu'il y
ait une appropriation par l'ensemble des nations autochtones. Mais, là encore,
je regarde les Cris, là, ils sont prêts à la cogestion des parcs nationaux du
Nord, là. Ils sont en train déjà de négocier. Alors, il y en a…
20 h (version non révisée)
M. Bélanger (Louis) : ...ça
soit elles qui définissent ce qu'elles ont besoin, ici au Québec, ce qui répond
à leurs besoins. Alors, il faut qu'il y ait une appropriation par l'ensemble
des nations autochtones. Mais là encore, je regarde les Cris, là, ils sont
prêts à la cogestion des parcs nationaux du Nord, là, ils sont en train déjà de
négocier. Alors, il y en a plusieurs, communautés qui sont déjà prêtes, ils ont
juste à... vous avez juste à les inviter, ils vont vous donner plein d'idées.
M. Benjamin : Formidable.
Écoutez, plusieurs intervenants ont mis sur la table la problématique de la
conservation de la désignation des aires protégées qui sont davantage dans le
Nord et non dans le Sud. Avez-vous cette crainte?
M. Bélanger (Louis) : On l'a toujours
eu puis ça a toujours existé. C'est clair, là, que... Soyons francs, le ministère
de la Forêt, de la Faune et des Parcs a plus oui moins la balise à elle qu'il
ne faut plus qu'il y ait de baisse de possibilité. Donc, chaque fois qu'on
essaie de développer un projet d'aires protégées dans la forêt commerciale, ça
n'avance pas avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Alors,
oui, oui, on est... c'est clair. Et ce qu'on s'attend tous, là... vous
m'excuserez, M. le ministre, mais on est un peu cyniques puis on s'attend tous
que l'essentiel pour passer au 17 % soit dans le Nord ou au nord de la
limite nordique des forêts.
M. Benjamin : Alors, est-ce
qu'on... Je comprends votre réponse, M. Bélanger. Est-ce qu'on laisse
tomber le Sud pour atteindre nos objectifs.
M. Bélanger (Louis) : Non, il
ne faut pas.
M. Benjamin : Alors...
M. Bélanger (Louis) : Et c'est
la bataille dans laquelle on est.
M. Benjamin : Alors,
comment... Est-ce que vous auriez des pistes à nous suggérer pour le Sud?
M. Bélanger
(Louis) : Bien, c'est pour ça qu'il faut... Ce que ça prend dans le
Sud, c'est des stratégies diversifiées. Je ne suis pas sûr que le dossier des
paysages humanisés, le dossier des aires protégées d'utilisation durable, c'est
des outils pour diversifier les idées, mais il faut qu'il y ait une certaine
volonté pour... il y des noyaux d'aires protégées stricts à créer encore dans
le Sud. Je pense au Ya'nienhonhndeh c'est la dernière forêt boréale vierge au
sud du Québec, on doit la protéger, mais il y a plein... Tu sais, le
Bas-Saint-Laurent, les aires protégées, c'est bloqué, là, depuis nombre
d'années à cause de la prospection pour le gaz naturel. Alors, il faut
débloquer ces dossiers-là. Alors... Mais... Puis c'est clair que, quand...
c'est un dossier qui ne partira pas, là, le mouvement environnemental qui, des
fois, va continuer à lutter pour avoir un réseau représentatif d'aire protégée
stricte dans l'ensemble du sud du Québec, là. Alors, ça prend une ouverture au
gouvernement, puis d'explorer projet par projet, puis voir où les compromis
sont possibles.
M. Benjamin : Merci beaucoup,
M. Bélanger, merci.
M. Bélanger (Louis) : Je vous
en prie.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, je passe la parole à la députée de
Mercier pour un temps de 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Par rapport aux aires protégées
d'utilisation durable puis ce que vous amenez comme définition puis de
précisions qu'il faut mettre dans le projet de loi, est-ce que ça suit les critères
de l'UICN?
M. Bélanger (Louis) : Tout à
fait. Et moi, j'ai... Ma recherche...
Mme Ghazal : ...merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Par rapport aux aires protégées
d'utilisation durable, ce que vous amenez comme définition puis de précisions
qu'il faut mettre dans le projet de loi, est-ce que ça suit les critères de
l'UICN?
M. Bélanger (Louis) : Tout à
fait. Et moi, j'ai... Ma recherche universitaire a été faite pour étudier ces
formes d'aires protégées là. J'ai passé quelques années sabbatiques très
misérables en Europe à étudier les aires protégées en Europe, mais c'est
clair... J'ai fait des stages à l'UICN. C'est clair, cependant, il y a un débat
international sur la légitimité des aires protégées de catégorie 5 et 6.
Ce n'est pas juste propre au Québec. Ce débat-là qui existe en dehors existe et
ça a toujours créé des genres de compromis. Entre autres, c'est pour ça que
plus ou moins, l'aire protégée 6 est bloquée en dehors de l'Amazonie. Ça
ne décolle pas. Par contre, l'aire protégée de catégorie 5, c'est elle qui
explose le plus à l'échelle de la planète. Ce que je vous propose est en ligne
un peu avec cette catégorie-là. Et je vous... Si vous vous posez des questions,
allez voir le cas du parc national de Forêts. Tu sais, c'est un parc national,
c'est en France et ça respecte les normes d'une catégorie 5. Vous pourrez
le regarder comme référence.
Mme Ghazal : Très bien, merci.
Puis pour les aires protégées de conservation autochtone, là, le ministre
semble ouvert à l'ajouter dans le projet de loi, parce que ce n'était pas là.
J'ai senti ça en tout cas. Qu'est-ce qui devrait être fait? C'est-à-dire, parce
que vous dîtes que c'est important qu'il y ait une consultation. Même dès le
début, vous avez souligné que vous étiez déçu qu'ils n'aient pas été assez
consultés. Donc, qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous proposez au ministre de
faire pour que ce soit fait de la bonne façon?
M. Bélanger (Louis) : Une
grande rencontre. Deux étapes. Bien, c'est déjà mes amis autochtones qui me
l'ont dit. Première étape serait de demander à tout le monde, une invitation
directe pour leur demander un mémoire. Et là, dans un principe de négociation
de nation à nation, un grand atelier, une grande rencontre où on pourrait
discuter, débattre puis aboutir à des recommandations.
Mme Ghazal : Donc il faut
faire ça avant l'adoption du projet de loi... du p.l. 46, bien sûr?
M. Bélanger (Louis) : Bien,
oui. Bien sûr, comme vous dîtes.
Mme Ghazal : Très bien, c'est
de la musique à mes oreilles. Je ne sais pas si c'est le cas aux oreilles du ministre.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Maintenant, je passe la parole au député des Îles-de-la-Madeleine
pour 2 min 45 s, mais on a accumulé du temps. Si vous voulez en
prendre un peu plus, je suis persuadé que M. le ministre me donne son
consentement.
M. Arseneau : C'est la joie, aujourd'hui.
Merci de ce beau cadeau. M. Bélanger, fort intéressant, vous avez commencé
votre présentation en parlant d'une nouvelle façon de protéger qui est
introduite dans le projet de loi ici et vous faites référence à 2005, l'année
où ça a été mis en place suite à une conférence, si j'ai bien compris, là, à
Durban. Pourquoi on est 15 ans en retard sur le reste de l'humanité
maintenant?
M. Bélanger (Louis) : Bien, on
ne l'est si pas tant que ça. On a... Il faut retourner au paysage humanisé. Le...
M. Arseneau : ...et vous faites
référence à 2005, l'année où ça a été mis en place suite à une conférence, si
j'ai bien compris, là, à Durban. Pourquoi on est 15 ans en retard sur le
reste de l'humanité maintenant?
M. Bélanger (Louis) : Bien, on
ne l'est pas tant que ça. On a... Il faut retourner au paysage humanisé. Le
paysage humanisé était la première tentative de l'affaire, puis ça date déjà
d'une dizaine d'années. Alors, on n'était pas si tard que ça. Par ailleurs,
vous savez quand est-ce que j'ai fait le premier groupe de travail de réflexion
sur l'aire protégée d'utilisation durable? 2010. Ensuite, on a fait, en 2015,
un projet interministériel où on a fait une réflexion qui a abouti à des recommandations,
mais pas tout à fait ce qu'on veut. Alors, on est quand même en train d'en
travailler beaucoup.
Mais fondamentalement, c'est tout
simplement : Les aires protégées au Québec suivent la tradition, le
paradigme des parcs nationaux stricts de l'Amérique du Nord. Puis on a fait un
travail magnifique avec les parcs nationaux. Alors, au Québec, là, on n'a pas à
être gênés de nos parcs nationaux. Là, maintenant, il faut apprendre à faire
des aires protégées polyvalentes. Et là c'est une nouvelle tradition qu'il faut
qu'on acquière. Et là il faut qu'on convainque tout le monde que c'est
légitime.
M. Arseneau : J'aimerais vous
entendre davantage parler du projet auquel vous avez fait référence en France.
Parce qu'à ce que je sache, là, la dichotomie entre le sud et le nord n'existe
pas là-bas, en Europe en général. Encore une fois, j'ai l'impression que c'est
possible en Europe alors qu'on a beaucoup une population beaucoup plus dense
qu'ici. Il y a quelque chose qu'on peut faire même au sud du Québec, je
l'imagine, on a des modèles à suivre.
M. Bélanger (Louis) : Bien, le
parc national de Forêts de France, par exemple, est pour peut-être le tiers en
forêt puis les deux tiers en forêt privée. Et c'est clair que les forêts
publiques, gérées par l'Office national des forêts, doivent reconsidérer toute
leur foresterie pour faire une foresterie plus écologique, exemplaire. Dans le
cas de la forêt privée, l'idée, c'est qu'ils vont accompagner les propriétaires
privés qui se sont quand même engagés pour respecter les principes d'une aire
protégée. Alors, c'est du volontariat.
M. Arseneau : Oui. J'ai une
dernière petite question puisqu'aujourd'hui c'est ma fête. Alors, je... Vous
avez parlé d'utiliser les ressources naturelles pourvu qu'elles soient
renouvelables. C'est une condition que... en fait, c'est à l'article 46, vous
voulez préciser ça. Moi, j'avais l'impression que c'était un peu induit. Vous
souhaitez le préciser pour quoi?
M. Bélanger (Louis) : C'est justement...
beaucoup de vos commentaires, c'est que ce n'est pas clair, ce qu'on entend par
une aire protégée d'utilisation durable. Je vais vous avouer, puis vous le
savez bien, que l'exploration pour des gaz de schiste, ça ne passe pas dans la
société québécoise. Alors, malgré que le ministère de l'Énergie et Ressources...
M. Bélanger (Louis) : ...c'est justement...
beaucoup de vos commentaires, c'est que ce n'est pas clair, ce qu'on entend par
une aire protégée d'utilisation durable. Je vais vous avouer, puis vous le
savez bien, que l'exploration pour des gaz de schiste, ça ne passe pas dans la société
québécoise. Alors, malgré que le ministère de l'Énergie et Ressources aimerait
bien qu'on puisse faire de l'exploration dans les aires protégées d'utilisation
durable, je vous garantis que si vous essayez de faire ça, là, dans la moindre
région de la Vallée-du-Saint-Laurent, vous allez avoir des pancartes puis des
manifestations qui vont se faire puis vous allez perdre toute crédibilité avec
votre concept d'aire protégée.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. M. Bélanger, merci beaucoup pour votre
contribution aux travaux de la commission. Vous êtes un homme passionné. Pour
votre science, bravo! Extraordinaire de voir ça. Et vos étudiants, M. le
professeur, je suis persuadé qu'ils sont vraiment, vraiment choyés. Merci
beaucoup d'avoir été là.
M. Bélanger (Louis) : Je pense
qu'ils ne sont pas tous d'accord avec vous.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Ciccone) :
Non. Merci beaucoup. Merci beaucoup. Au revoir. Alors, on prend... Je suspends quelques
instants pour permettre à l'Association minière du Québec de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 20 h 10)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Ciccone) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
de l'Association minière du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé. Nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à
votre exposé. La parole est maintenant à vous.
Mme Méthot (Josée) : MM. et Mmes
les députés, bonsoir. Je suis... Vous m'entendez bien?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui. Là, on vous entend bien.
Mme Méthot (Josée) : Oui? Ah!
Oui, excusez-moi. Donc, je suis Josée Méthot, présidente-directrice générale de
l'Association minière du Québec, et je suis accompagnée de Mme Micheline Caron,
qui est directrice Environnement et développement durable également de
l'association.
Alors, avant de commencer, permettez-moi
de vous remercier pour l'invitation à...
Mme Méthot (Josée) : ...vous
m'entendez bien?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, là, on vous entend bien.
Mme Méthot (Josée) : Alors,
oui, excusez-moi. Donc, je suis Josée Méthot, présidente-directrice générale de
l'Association minière du Québec. Et je suis accompagnée de Mme Micheline Caron,
qui est directrice Environnement et développement durable, également de
l'association.
Alors, avant de commencer, permettez-moi
de vous remercier pour l'invitation à participer aux travaux de cette
commission. Comme notre temps est compté, je vais sauter, donc, dans le vif du
sujet, mais sachez au moins que l'Association minière du Québec a pour mission
de promouvoir, soutenir et développer de façon proactive une industrie minérale
québécoise responsable, engagée et innovante et qu'évidemment, nous nous sommes
dotés d'outils pour remplir cette mission. Nous représentons l'ensemble des
producteurs miniers du Québec, les installations d'affinage, les entrepreneurs
miniers, les compagnies d'exploration et la majorité des projets de
développement minier actuels.
Sachez, d'entrée de jeu, que nous
accueillons favorablement ce nouveau projet de loi dans sa forme actuelle. Nous
comprenons que le but est d'accélérer la désignation de nouvelles aires
protégées afin d'atteindre les cibles que s'est fixées le gouvernement du
Québec. Quatre éléments retiennent quand même notre attention.
• (20 h 20) •
Premièrement, en ce qui concerne les
nouveaux registres. Tout d'abord, nous voyons d'un bon oeil l'implantation de
nouveaux registres compilant les renseignements relatifs à l'ensemble des
territoires bénéficiant de mesures de conservation. Toutefois, nous croyons
peut-être qu'un seul registre unifié serait plus pertinent et plus convivial
pour les utilisateurs. À tout le moins, une carte interactive qui permettrait
de visualiser les territoires visés par lesdits registres, ça donnerait une
vision d'ensemble, une meilleure vision d'ensemble de toutes les conditions de
conservation déjà applicables sur le territoire ainsi que tous les territoires
désignés par cesdites conditions, donc rendant ainsi plus simple la vie des
utilisateurs.
Deuxièmement, nous accueillons aussi
positivement la désignation des territoires de conservation nordique. Selon
notre compréhension, cette nouvelle désignation aidera certainement le GT30, le
groupe de travail sur l'affectation prioritaire de 30 % du territoire du
Plan Nord, à compléter ses travaux. D'ailleurs, c'est un groupe de travail
auquel l'Association minière du Québec participe depuis le tout début.
Troisièmement, un des éléments du projet
de loi qui nous préoccupent est la façon dont seront consultés les utilisateurs
du territoire. En fait, nous espérons qu'ils seront impliqués dès le début du
processus, et non pas une fois que le plan de territoire désigné est établi.
Selon nous, il est essentiel que ceux qui seront affectés au premier chef par
cette décision soient mis à contribution le plus tôt possible dans le processus.
C'est ce que le gouvernement exige de nos membres dans le cadre de
développement de leurs projets, et c'est ce à quoi nous adhérons, et c'est ce à
quoi nous nous attendons évidemment du gouvernement. Nous sommes toujours
inquiets quand même, puisque, dans le processus de...
Mme Méthot (Josée) : ...à
contribution le plus tôt possible dans le processus. C'est ce que le gouvernement
exige de nos membres dans le cadre de développement de leurs projets, et c'est
ce à quoi nous adhérons, et c'est ça à quoi nous nous attendons évidemment du gouvernement.
Nous sommes toujours inquiets quand même puisque,
dans le processus de désignation des aires protégées, nos membres ou les
détenteurs de claims seraient consultés au même moment que le grand public,
soit lors de la période de 30 jours prescrite à cet effet. Nous craignons
évidemment que ce modèle-là soit aussi appliqué aux territoires de conservation
nordique, même chose en ce qui concerne la sélection des territoires, le choix
des statuts de protection privilégiés et la détermination des objectifs de
conservation. Nous espérons que des modifications soient apportées en ce sens
au projet de loi n° 46 ou que les règlements d'application puissent
corriger cette lacune.
Quatrièmement, ce qui nous préoccupe
particulièrement est évidemment notre accès au territoire qui est crucial pour
la pérennité de notre industrie. C'est important pour nous de travailler avec
le gouvernement afin de ne pas restreindre indûment l'accès au territoire. Nous
avons besoin de continuer à explorer le territoire afin de trouver la mine de
demain et de pouvoir l'exploiter avec les infrastructures nécessaires, soit les
infrastructures énergétiques, les énergies renouvelables et les infrastructures
de transport.
L'industrie minière adhère à l'objectif de
préservation de 20 % du territoire du Plan Nord en aires protégées, mais
elle souhaite pouvoir continuer à intervenir sur le 80 % du territoire qui
reste, soit le 50 % du territoire sans restriction supplémentaire à la
législation en vigueur évidemment et sur le 30 % du territoire avec des
restrictions selon les exigences ou les différents critères de conservation
identifiés.
Vous savez, puisque moins de 15 % du
sous-sol québécois est actuellement connu, il y a encore un potentiel minier
énorme à découvrir, mais en restreignant davantage l'accès, actuellement, on
décompte approximativement 18 % du territoire québécois qui est déjà
couvert par des restrictions à l'exploration et à l'exploitation minière.
Alors, tu sais, on se prive de cette façon assurément de belles découvertes et
de la mise en production de mines créatrices de richesse, créatrices de
prospérité socioéconomique pour les communautés locales et l'ensemble des
Québécois.
Et je me permets d'ouvrir une parenthèse
parce que c'est d'autant plus vrai en ce qui concerne les minéraux critiques et
stratégiques essentiels à l'électrification des transports ou à la demande
grandissante des minéraux nécessaires aux technologies faibles en carbone
permettant la transition énergétique mondiale. Le Québec est riche en métaux
critiques et stratégiques. Et certains gisements découverts sont de classe
mondiale. Voilà vraiment un avantage non négligeable pour le Québec. Pour en
tirer profit, bien, il faut toutefois pouvoir y avoir accès. Il est donc
impératif de réduire les contraintes à l'exploration et à l'exploitation
minière.
C'est ici qu'entre en ligne...
Mme Méthot (Josée) :
...découverts sont de classe mondiale. Voilà vraiment un avantage non
négligeable pour le Québec. Pour en tirer profit, bien, il faut toutefois
pouvoir y avoir accès. Il est donc impératif de réduire les contraintes à
l'exploration et à l'exploitation minière. C'est ici qu'entre en ligne... en
fait, en ligne de compte toute l'importance de découvrir de nouveaux gisements,
évidemment, si le Québec est réellement sérieux dans son intention de jouer un
rôle de leader dans sa transition énergétique, puis je ferme maintenant ma
petite parenthèse.
L'AMQ est aussi d'avis qu'un important
travail de caractérisation et d'acquisition de connaissances s'avère essentiel
avant de procéder à quelque protection que ce soit. Il est essentiel de
s'assurer que le potentiel minéral est pris en compte dans tous les processus
de soustraction de territoire afin que les intervenants, les détenteurs de
droit et les gouvernements disposent de toutes les données et toute
l'information nécessaires pour prendre des décisions éclairées. Il ne faut pas
oublier non plus que les travaux d'exploration, qui intègrent des études environnementales
également, contribuent aussi grandement à bonifier ces connaissances.
L'association prône donc l'approche qualitative à la quantitative. Ne
protégeons pas une superficie mais bien ce qui doit être protégé. Il importe
donc de se donner la chance de mieux connaître les richesses présentes afin
de... avant de geler une portion du territoire à tout jamais.
C'est la position que nous avons toujours
tenue, notamment dans le cadre des travaux du groupe de travail mandaté de
proposer des pistes de solution pour l'atteinte de la cible gouvernementale de
conservation visant à consacrer, d'ici 2035, 50 % du territoire du Plan
Nord à des fins autres qu'industrielles et de veiller à la protection de
l'environnement et à la sauvegarde de la biodiversité. Nous l'avons été et
continuons évidemment d'être des partenaires collaborateurs des travaux du
GT30, le Groupe de travail sur l'affectation prioritaire de 30 % du
territoire du Plan Nord. Nos membres sont de réels partenaires des milieux où
ils s'implantent, participent à la vie communautaire et font une différence.
Nous générons d'importantes retombées économiques pour tout le Québec. En 2018,
on parle de plus 10 milliards de dollars de dépenses, de plus de 1 milliard
de dollars en paiements au gouvernement du Québec. C'est également plus de
48 000 emplois directs, indirects et induits partout au Québec.
Mais, pour assurer la pérennité de notre
industrie et la prospérité des régions, il faut aller sur le terrain et aller
explorer pour renouveler les ressources et les réserves minérales. Il faut
garder ça à l'esprit, surtout lorsqu'on sait qu'il peut s'écouler plus de
10 ans entre une découverte et la mise en production d'une mine. Nous
espérons donc que le gouvernement n'apporte pas de modification au projet de
loi n° 46 qui pourrait mettre en péril ce crucial accès au territoire pour
notre industrie et pour tout le Québec et ses régions.
Évidemment, nous offrons toute notre
collaboration au gouvernement et à la commission pour tous les travaux à venir
en matière de conception réglementaire...
Mme Méthot (Josée) :
...n'apporte pas de modification au projet de loi n° 46,
qui pourrait mettre en péril ce crucial accès au territoire pour notre industrie
et pour tout le Québec et ses régions.
Évidemment, nous offrons toute notre
collaboration au gouvernement et à la commission pour tous les travaux à venir
en matière de conception réglementaire découlant des modifications législatives
apportées par le projet de loi n° 46.
Alors, je vous remercie pour votre
attention, et évidemment, nous sommes disponibles à répondre à vos questions.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme Méthot, pour votre exposé. Nous débutons maintenant la
période d'échange en débutant avec M. le ministre pour... toujours pour une
période de 16 min 30 s. À vous la parole.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Mesdames, bonsoir, merci de vous joindre à nous. Peut-être quelques
petites précisions par rapport à vos propos. Une inquiétude que vous nous
partagiez au niveau du registre, bien honnêtement, ce sera facile de vous
rassurer. On parle de registre, mais c'est des catégories, en fait, aires
protégées ou d'information, qui vont se retrouver, là, dans un document accessible
de façon très, très conviviale. Donc, je n'ai pas d'inquiétude à ce niveau-là.
Cependant, oui, il y a une certaine catégorisation, là, qui devra être faite et
tenue, là, à travers ce registre-là.
Vous avez mentionné les cibles. C'est vrai
qu'on est contraints à des ententes internationales. On a un échéancier, soit à
la fin de l'année 2020, pour faire des pas sans doute substantiels. On est à
17 %, en termes d'objectifs, pour le terrestre, 10 % pour le maritime
et, dans les faits, on est encore loin de ces chiffres-là. Ce qui fait que,
dans les prochaines semaines, les prochains mois, d'ici la fin de l'année, à
tout le moins, il faudra obtenir les ententes pour convenir des territoires
nécessaires. Mais dans ces cas-là, on parle de territoires qui sont déjà
discutés depuis plusieurs années. Donc, il n'y a pas d'éléments nouveaux. On
parle des catégories qui sont en place actuellement. Donc, le projet de loi n° 46 ne vise pas à faciliter l'atteinte de ces cibles-là,
mais bien nous positionner pour la suite des choses, en quelque sorte.
Et je ne sais pas si vous avez entendu les
groupes précédents, mais il y a l'industrie forestière qui s'est présentée un
petit peu plus tôt cet après-midi, et il y a différents intérêts, et tous ces
intérêts-là sont légitimes. Naturellement, l'industrie forestière va vouloir
protéger les terrains qui lui semblent... les territoires qui lui semblent les
plus propices. L'industrie qui est la vôtre va vouloir faire de même selon ses intérêts.
Au niveau environnemental, on va vouloir faire de même en fonction de nos intérêts.
Donc, on parle de trois intérêts qui ne sont pas forcément toujours
convergents. Donc, un terrain que la foresterie serait prête à concéder n'est
pas forcément un terrain que votre industrie serait prête à concéder, ou un
terrain qui nous intéresserait, nous, à l'Environnement. Donc, il y a de ces
discussions-là qui sont nécessaires, il y a de ces collaborations-là qui sont
nécessaires.
• (20 h 30) •
Là où, sans vouloir vous décevoir... Vous
dites : On aurait tout intérêt à...
20 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...terrain que
votre industrie serait prête à concéder ou un terrain qui nous intéresserait,
nous, à l'environnement. Donc, il y a de ces discussions-là qui sont
nécessaires, il y a de ces collaborations-là qui sont nécessaires. Là où, sans
vouloir vous décevoir, vous dites : On aurait tout intérêt à attendre
avant de créer de nouvelles aires protégées, le temps que l'ensemble à
catégorisation se fasse, c'est là où, vraisemblablement, on ne pourra pas
attendre pareils délais. L'année 2020 en est une, je vous disais, là,
importante en termes d'échéancier à atteindre, donc mettre toute cette
procédure-là sur «hold» ou sous forme de moratoire, c'est impensable. Mais les
données... la connaissance est suffisamment établie, autant en foresterie qu'au
niveau des ressources naturelles pour convenir des territoires qui pourraient
être reconnus, là, le plus rapidement possible.
Sinon, par rapport au projet de loi
lui-même, on a eu ce débat-là au niveau des aires protégées d'utilisation
durable. On a beaucoup parlé de foresterie dans ce type de territoire là. Très
peu encore... et on vous attendait pour parler justement de l'exploitation des
ressources naturelles sinon minières. Est-ce que vous avez un point de vue par
rapport à ce type de territoire et quel pourrait être votre rôle ou quel
devrait être votre rôle sur ces territoires-là?
Mme Méthot (Josée) : Bien, en
fait, si j'y vais par ordre de ce que vous venez de mentionner, évidemment, ça
nous fera plaisir de collaborer avec l'industrie forestière et avec vous aussi,
avec le gouvernement, pour partager l'information pour les différents
territoires. Vous nous avez rassurés en nous disant que, bon, le 20 % ou
le 17 % d'aires protégées exigé par le gouvernement est quand même... des
territoires qui sont déjà connus, qu'on connaît depuis déjà de nombreuses
années. Donc, dans ce cadre-là, comme je vous l'ai dit d'entrée de jeu pendant
mon allocution, nous adhérons quand même à l'objectif de 20 % d'aires
protégées, donc, et connaissons déjà les différents territoires visés. Alors,
pas d'inquiétudes de ce côté-là.
Maintenant, pour ce qui est des
territoires de... vous m'avez dit de conservation durable, bien, évidemment,
vous savez que l'industrie minière, on emprunte le territoire. Une installation
minière, lorsqu'on vient exploiter une mine, on a l'obligation, après avoir
fini notre exploitation, de restaurer le site et de le remettre dans l'état où
il était auparavant. Donc, à long terme, l'impact est donc minime sur le
territoire. Alors, on se voit très bien s'inscrire, là, dans cette conservation
de territoire durable. Également, vous le savez, qu'on a besoin des matières,
des minéraux et des métaux pour tous les...
Mme Méthot (Josée) :
...sur le territoire. Alors, on se voit très bien s'inscrire, là, dans cette
conservation du territoire durable. Également, vous le savez, qu'on a besoin
des matières, des minéraux et des métaux pour tous les besoins que je vous ai
mentionnés dans notre allocution. Alors, c'est certain qu'on pourrait
s'inscrire et travailler avec vous, justement, pour travailler si on y met des
critères de conservation particuliers. Comme je le disais, nous sommes prêts à
travailler et à regarder comment est-ce qu'on peut travailler avec les
différents critères de conservation sur une partie du territoire donné, dont le
30 %. Alors, dépendant où est-ce que vous les classifiez et vous les
classez, ces aires de conservation durables, on sera disposé à travailler avec
vous.
M. Charette : C'est bien
gentil. On pourra se partager le temps. Donc, c'est tout pour moi, là. Et merci
pour votre présence avec nous ce soir.
Mme Méthot (Josée) : Ça
fait plaisir.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je passe maintenant la parole à M. le député de
Bourget pour une période de 10 minutes.
M. Campeau : Merci. Ma
première... Premier sujet. Par rapport aux consultations, vous mentionnez qu'on
devrait consulter dès le début et vous parlez surtout que les propriétaires de
claims craignent d'être consultés en même temps que le public. Comment
voyez-vous qu'on devrait arranger les choses, alors?
Mme Méthot (Josée) :
Bien, la façon qu'on voit ça, tout simplement, c'est qu'on nous implique dès le
début, dès le début du processus. On travaille déjà sur des tables. Vous le
savez, on travaille déjà sur des tables avec le gouvernement, qu'on appelle la
table du GT-30. Il y a moyen de créer d'autres tables où on pourrait
participer, où on pourrait évidemment contribuer à la discussion avec la
connaissance que nous avons du territoire. Mais aussi ce qu'on a besoin, c'est
que les détenteurs de claims actuels peuvent avoir de la prévisibilité pour leurs
travaux et pour évidemment, on sait très bien, pour les investisseurs de notre
industrie. Alors, ce qu'on a besoin, c'est qu'on nous implique dès le départ,
qu'on nous inclue dans les tables de discussion.
M. Campeau : L'autre
chose que vous mentionnez, puis j'avoue que je suis sympathique avec l'idée que
les minéraux stratégiques, c'est important et qu'on veut aider l'économie du
Québec en pouvant y avoir accès. En même temps, même si le projet de loi là n'a
pas d'effet sur les 17 % qu'on recherche d'ici la fin de l'année, comme
vous savez, on parle d'augmenter à, certains disent 30 %, mais disons que
c'est vrai, 30 % pour 2030. Si on veut vous laisser le temps de connaître
le territoire, d'accéder aux minéraux stratégiques, et d'autres groupes qui
nous disent qu'on devrait prioriser l'environnement avant de regarder les
minéraux stratégiques, j'ai comme l'impression qu'on va avoir de la
difficulté...
M. Campeau : ...à... Certains
disent 30 %, mais disons que c'est vrai, 30 % pour 2030, si on veut
vous laisser le temps de connaître le territoire, d'accéder aux minéraux
stratégiques, et d'autres groupes qui nous disent qu'on devrait prioriser
l'environnement avant de regarder les minéraux. Tu sais, j'ai comme l'impression
qu'on va avoir de la difficulté à avoir 100 % d'heureux là-dedans,
c'est... J'ai l'impression qu'on ne pourra pas avoir accès à la connaissance du
territoire avant... au niveau minier avant vraiment de faire des aires, sinon
il n'arrivera jamais. On dit déjà que le temps est extrêmement long. Je pense
qu'il y a un immense problème là qui est dur à régler, à moins que vous voyiez
une piste de solution.
Mme Méthot (Josée) : Bien,
écoutez, nous, on trouve qu'il est crucial qu'on se donne le temps de bien
connaître le territoire, on trouve qu'il est crucial de tenir compte évidemment
du potentiel minéral du territoire pour ne pas se priver, là, de gisements de
classe mondiale pour le développement, évidemment, socioéconomique du Québec.
Le gouvernement veut s'engager et s'engage dans une voie, dans une
planification de la filière de la batterie. On parle qu'on veut s'impliquer
davantage dans la transition énergétique. Bien, on a une... notre industrie est
une source des matières nécessaires. Donc, il ne faut pas faire fi de ce
potentiel-là, et nous croyons à ce moment-là qu'il faut travailler ensemble
puis se donner le temps.
Et là, vous me parlez des objectifs 2030.
Actuellement, on a des objectifs 2020 qui ne sont pas remplis parce que les
travaux prennent, vous l'avez dit tantôt, prennent le temps qu'il faut.
Maintenant, à ce que je sache, nous ne nous objectons pas au 20 % d'aires
protégées, comme je l'ai dit d'entrée de jeu durant notre allocution, et ces
territoires, la majorité sont déjà connus et déjà préidentifiés. C'est plus au
niveau des territoires qu'on dirait plus de... que j'appelle plus des
territoires de conservation, le 30 % du territoire du Plan Nord où, nous
croyons, évidemment, là, l'objectif, c'est 2035, le... et nous voulons continuer
à travailler sur le mécanisme, justement, d'identification des critères de
conservation. Et là-dessus, on est en mesure de participer et d'aider le
gouvernement à progresser, tout comme les autres partenaires du milieu, les
communautés autochtones et les partenaires des différents groupes
environnementaux.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député d'Ungava.
Bienvenue, M. le député.
M. Lamothe : Merci, M. le
Président. Vous auriez fait un très bon juge, soit dit en passant.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
M. Lamothe : Madame, vous avez
parlé tantôt d'investissements du Plan Nord autres qu'industriels. J'aimerais
vous entendre là-dessus.
Mme Méthot (Josée) : Investissements
du Plan Nord autres qu'industriels?
M. Lamothe : Vous avez dit
tantôt, vous avez mentionné tantôt que le Plan Nord va investir, mais autre
qu'industriel. C'est ce que vous avez dit.
Mme Méthot (Josée) : Oui.
M. Lamothe : C'est pour ça,
là. Sur le coup, j'ai dit : J'aimerais entendre...
M. Lamothe : ...Plan Nord
autres qu'industriels. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Méthot (Josée) :
Investissements du Plan Nord autres qu'industriels?
M. Lamothe : Vous avez dit
tantôt, vous avez mentionné tantôt que le Plan Nord va investir, mais autre
qu'industriel. C'est ce que vous avez dit.
Mme Méthot (Josée) : Oui.
M. Lamothe : C'est pour ça,
là. Sur le coup, j'ai dit : J'aimerais entendre.
• (20 h 40) •
Mme Méthot (Josée) : En fait,
je parlais justement du Plan Nord de consacrer 50 % du Plan Nord à des
fins autres qu'industrielles, à la préservation de la nature, des milieux
naturels et à la biodiversité. Donc, on parle ici de tout le 50 % du
territoire... de tout le Plan Nord. Je ne suis pas certaine que je saisis bien
votre question.
M. Lamothe : Pardon?
Mme Méthot (Josée) : Je ne
suis pas certaine que je saisis bien votre question.
M. Lamothe : Non, mais
tantôt... Vous avez mentionné tantôt que le Plan Nord investirait dans des
domaines autres qu'industriels. C'est ce que vous avez dit tantôt. Vous avez
mentionné ça tantôt, à moins que je l'aie rêvé, mais je ne pense pas, là, il
est de bonne heure encore.
Mme Méthot (Josée) : O.K. Je
suis désolée. Tantôt, j'ai parlé des objectifs, oui...
M. Lamothe : C'est correct,
non, non. C'est correct, mais c'est parce que vous avez mentionné aussi que...
Ce que vous venez de dire aussi, c'est vous avez dit que 50 % étaient pour
la biodiversité puis ces choses-là. C'est ce que vous venez de dire.
Mme Méthot (Josée) : La
conservation, oui.
M. Lamothe : La conservation,
50 %?
Mme Méthot (Josée) : En fait,
l'objectif, là, qui avait été visé par le Plan Nord, puis si je retrouve exactement
le texte que je vous ai mentionné, c'est... Comme vous savez, on travaille, on
collabore au groupe de travail qui est mandaté de proposer des pistes de
solutions pour l'atteinte de la cible gouvernementale de conservation visant à
consacrer d'ici 2035 50 % du territoire du Plan Nord à des fins autres
qu'industrielles et de veiller à la protection de l'environnement et à la
sauvegarde de la biodiversité. C'est là où j'ai fait allusion, donc, au
territoire du Plan Nord.
M. Lamothe : Parfait. Ça
répond à ma question. Merci beaucoup, madame.
Mme Méthot (Josée) : Oui,
merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Je passe maintenant la parole à la députée
d'Argenteuil, il vous reste trois minutes exactement.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Méthot. Je voudrais savoir, et peut-être que vous
allez avoir... Ça va être difficile de me convaincre, mais je vous donne la
chance. Vous avez parlé de l'importance, là... vous avez mis en valeur tout
l'apport significatif que l'industrie minière peut amener en matière de
retombées économiques au Québec. Tout accès au potentiel minéral, comment c'est
important. Toute l'approche des minéraux stratégiques avec lesquels je suis moi
aussi tout à fait d'accord dans ce sens-là.
Par contre, on voit également qu'il y a un
passif écologique au niveau de l'industrie minière qui est assez alarmant. On
voit un impact assez significatif des résidus miniers sur les nappes
phréatiques, et donc sur tous les biens et services écologiques. Donc, à mes
yeux, l'industrie minière est carrément incompatible avec les objectifs de
conservation. Donc, je vous lance ce défi...
Mme Grondin : …assez significatif
des résidus miniers sur les nappes phréatiques, et donc sur tous les biens et
services écologiques. Donc, à mes yeux, l'industrie minière est carrément
incompatible avec les objectifs de conservation. Donc, je vous lance ce défi-là
de me convaincre. En quoi, par exemple, dans une aire d'utilisation durable,
vous pourriez apporter quelque chose?
Mme Méthot (Josée) :
Bien, en fait, vous savez qu'au Québec nous sommes encadrés. Notre industrie
est encadrée par plus de 100 lois et règlements, puis vous savez que nous
sommes encadrés autant par le gouvernement fédéral que par le gouvernement
provincial. Alors, dans ce sens-là, nous opérons dans le respect des gens et
dans le respect de l'environnement.
Alors, comment on s'inscrit à l'intérieur
de cette conservation durable? Comme nous l'avons toujours dit… dans le
30 % qui serait dédié donc à des aires de conservation, nous avons
toujours dit qu'on mette des critères de conservation, qu'on nous mette des
exigences de conservation et qu'on nous laisse innover en fait. Actuellement,
on travaille à respecter les lois et les règlements actuels. On met en place…
on a des initiatives, l'initiative Vers le développement minier durable qui, en
fait, lève la barre justement pour nous inciter à toujours améliorer, hein,
dans un processus d'amélioration de nos pratiques environnementales et sociales
et qui exige en fait que, la barre minimale, c'est le respect des règles, donc
le respect des lois et règlements. Alors, dans ce sens-là, nous-mêmes…
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, Mme Méthot, s'il vous plaît.
Mme Méthot (Josée) : …on
s'autoréglemente à toujours faire mieux dans le but justement de travailler
dans le respect des gens et de l'environnement.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je passe maintenant la parole au député de Viau
pour une durée de 11 minutes. À vous la parole, M. le député.
M. Benjamin : Merci, M.
le Président. Merci beaucoup, mesdames, pour votre présentation. Évidemment, j'aurais
aimé… et j'espère que vous allez pouvoir nous faire parvenir votre mémoire
parce que j'aurais aimé lire votre mémoire parce qu'il y a… il me semble que
vous avez dit plein de choses très intéressantes autour desquelles j'aurais
aimé vous entendre et peut-être, par la suite, approfondir aussi notre
réflexion.
Ma première question. Il y a plusieurs
groupes qui nous ont informés de leurs craintes quant à la protection trop
importante du Nord par rapport au Sud, et donc votre industrie, c'est une
industrie qui est dans les territoires du Nord. Ils sont plus sujets à un
potentiel minier. Alors, comment voyez-vous cet enjeu de la protection de la
biodiversité dans votre situation spécifique…
M. Benjamin : ...trop
importante du nord par rapport au sud. Et donc, votre industrie, c'est une
industrie qui est surtout dans les territoires du nord, son... donc plus sujets
à un potentiel minier. Alors, comment voyez-vous cet enjeu de la protection de
la biodiversité dans votre situation spécifique?
Mme Méthot (Josée) : Bien, en
fait, nous savons qu'actuellement, les territoires, en fait, identifiés pour
les aires protégées sont partout sur le territoire du Québec, et il y a actuellement
beaucoup de restrictions dans le sud également du Québec par rapport aux
installations ou à l'exploitation minière. On le sait très bien, là, on sait
qu'au niveau municipal il y a les territoires incompatibles. En matière
d'aménagement du territoire, le monde municipal a donc la possibilité, là,
d'identifier des territoires sur lesquels l'industrie minière est considérée
incompatible avec les usages du territoire. Donc, pour nous, actuellement, les
objectifs qui sont les cibles actuelles portent autant sur les deux
territoires. Nous opérons dans le sud également. Comme vous le savez, nous
opérons également en Abitibi-Témiscamingue et certaines installations beaucoup
plus au sud que ça. Donc, le territoire au complet est important pour l'industrie
minière.
M. Benjamin : Il y a un enjeu
qui semble jusqu'à présent, si on regarde les personnes ou les groupes qui sont
passés avant vous, faire... c'est quasiment un consensus, c'est l'enjeu des
aires protégées de conservation autochtones. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Quelle est votre position?
Mme
Méthot (Josée) : Bien, actuellement, notre position est toujours la
même : que de notre côté, l'industrie minière, on adhère à 20 %... à
l'objectif de 20 % des aires protégées sur le territoire du Plan Nord,
alors... et, évidemment, nous considérons qu'il est important que les
communautés autochtones, que les premières nations participent justement à l'identification
des aires protégées et à l'identification des critères de conservation du
territoire.
M. Benjamin : Mais, lorsqu'il
s'agit à proprement parler des aires protégées de conservation autochtones — donc,
je comprends ce que vous dites — où est-ce que vous en êtes sur cet
enjeu-là précisément? Est-ce que, pour vous, c'est une bonne orientation
gouvernementale qu'il puisse y avoir des aires protégées de conservation
autochtones?
Mme Méthot (Josée) : En fait,
ce que... je me répète, nous, notre enjeu est plus d'avoir accès au territoire,
alors, de limiter le total des aires protégées à 20 % du territoire sur le
territoire du Plan Nord, et ce qui est important pour l'industrie minière,
c'est de pouvoir avoir accès, c'est de pouvoir aller explorer sur le territoire
du Plan Nord, qu'on sait très, très bien où il y a déjà des restrictions à
l'exploration sur les territoires autochtones...
Mme Méthot (Josée) : ...du
territoire sur le territoire du Plan Nord. Et ce qui est important pour
l'industrie minière, c'est de pouvoir avoir accès, c'est de pouvoir aller
explorer sur le territoire du Plan Nord qu'on sait très, très bien où il y a
déjà des restrictions à l'exploration sur les territoires autochtones.
M. Benjamin : Vous disiez ne
pas seulement miser sur la superficie protégée, mais aussi sur notre capacité
de protéger les aires plus nécessaires avec une biodiversité plus forte.
Pouvez-vous nous donner de plus amples précisions, nous aiguiller là-dessus?
Mme Méthot (Josée) : Bien, en
fait, ça revient tout au concept d'acquisitions des connaissances. C'est de
savoir, de connaître, de mieux connaître le territoire afin de protéger des
espèces qui ont besoin d'être protégées, donc ce qui doit être protégé et non
de se dire : On doit absolument atteindre un objectif de superficie du
territoire à protéger. On croit que ce n'est pas l'objectif et la superficie
qui est importante, mais bien ce qui doit... ce que l'on doit protéger, la
biodiversité, etc.
M. Benjamin : Écoutez, j'ai
été sur votre site, le site de l'Association minière du Québec, et il y a un
extrait d'un article de Mme Nathalie Tremblay qui est une de vos
collaboratrices, un article qui porte le titre : Vers le développement
minier durable. Et dans cet article-là, donc, à la fin, il est dit :
«Il est vrai que l'exploitation minière peut avoir des répercussions sur les
espèces fauniques en raison de l'altération des habitats». Alors, comment
pouvez-vous... comment que vous arrivez à concilier cet enjeu-là puisque cette
reconnaissance des impacts, donc, sur les habitats et les enjeux de
biodiversité?
• (20 h 50) •
Mme Méthot (Josée) : Bien, écoutez,
comment est-ce qu'on peut concilier, c'est sûr que je vous dirais qu'on ne fait
pas d'omelette sans casser des oeufs. Et évidemment, quand on installe une
mine, quand on exploite une mine, il y a des impacts. Il y a des impacts. Notre
travail, c'est de minimiser ces impacts. Notre travail, c'est de s'assurer de
minimiser ces impacts, et que, lorsqu'on arrivera à la fin de vie utile de la
mine, qu'on pourra restaurer le site et redonner le site à la nature afin que
les espèces puissent revenir.
Et, dans notre contexte, vous savez que
nous avons des obligations de restauration, nous avons même des obligations de
mettre les sommes, en fait, de verser des garanties financières au gouvernement
dans le but justement de nous assurer que le gouvernement, si jamais
l'industrie minière ou l'entreprise minière avait des problèmes, dans le but
d'assurer que le gouvernement puisse payer pour cette restauration des sites
là.
Et on l'a vu, on a plein de beaux exemples
de restauration de site où la nature a repris place, a réclamé le site, donc
c'est comme ça que nous croyons que nous pouvons...
Mme Méthot (Josée) :
...d'assurer que le gouvernement puisse payer pour cette restauration des sites
là. Et on l'a vu, on a plein de beaux exemples de restauration de site où la
nature a repris place, a réclamé le site dans... Donc, c'est comme ça que nous
croyons que nous pouvons concilier, en fait, l'usage et évidemment nos impacts
sur l'environnement, mais évidemment tous les travaux que nous faisons de
restauration pour redonner le site à la nature et remettre le site dans son
état initial.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je passe maintenant la parole à la députée de Mercier
pour un total de 2 min 45 s. À vous la parole.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. À la fin de votre présentation, vous
avez dit au ministre que vous espérez qu'il n'y ait rien qui change dans le projet
de loi n° 46, qu'il reste tel quel. Est-ce que ce que
je comprends, c'est que les dispositions qui sont dans le projet de loi ne
viennent pas à l'encontre des intérêts de l'industrie minière s'il reste tel
quel puis qu'il n'ajoute pas d'autres éléments comme d'autres groupes lui
demandent?
Mme Méthot (Josée) : En fait,
dans sa forme actuelle, comme vous avez pu m'entendre, les préoccupations que
nous avions par rapport au projet de loi dans sa forme actuelle sont mineures.
Mme Ghazal : Puis... Mais, en
fait, c'est ça, c'est qu'il y a des gens qui trouvaient, d'autres groupes, qu'il
y avait des définitions floues, par exemple, puis qu'il y avait un risque, si
ça reste comme ça, que les aires protégées soient diluées, qu'il puisse y avoir
d'autres activités qui iraient à l'encontre du principe de protection. Donc, je
vous ai entendue, tout à l'heure, si le ministre décide de mettre aire protégée
de conservation autochtone, vous vous opposerez à ça.
Mme Méthot (Josée) : Non, ce
n'est pas ce que j'ai dit, que je m'opposerais. Ce n'est pas que nous nous
opposerions à ça, au contraire. Il y a, je dirais, plusieurs catégories d'aire
protégées, actuellement, alors une catégorie comme celle-là ne nous cause pas
problème. En fait, nous, ce que nous continuons de dire, c'est que nous
adhérons à l'objectif de 20 % d'aires protégées pour le territoire du Plan
Nord. Donc, c'est les objectifs que le gouvernement veut atteindre, alors si,
pour les atteindre, le gouvernement veut mettre en place des...
Mme Ghazal : Des aires
protégées pour les autochtones...
Mme Méthot (Josée) :
...désigner des aires protégées autochtones... C'est ça.
Mme Ghazal : Puis j'avais une
question. Vous parliez beaucoup du développement minier durable, qu'il y a des
outils qui ont été développés. Est-ce que c'est bien fait, en ce moment, ou
est-ce qu'il y aurait une critique à faire, ou une amélioration que l'industrie
minière pourrait faire en cette matière de développement durable ou protection
de l'environnement?
Mme Méthot (Josée) : Écoutez,
l'initiative vers le développement durable, c'est une initiative d'amélioration
continue. On peut toujours faire mieux, mais... on travaille toujours à faire
mieux. Et c'est ce qui est particulier de notre industrie. Notre industrie est
dynamique et...
Mme Ghazal : Un exemple de
quelque chose de mieux...
Mme Méthot (Josée) : ...veut
toujours regarder en avant...
Mme Méthot (Josée) :
...écoutez, l'initiative vers le développement durable, c'est une initiative
d'amélioration continue. On peut toujours faire mieux et on travaille toujours
à faire mieux. Et c'est ce qui est particulier de notre industrie. Notre
industrie est dynamique et veut toujours regarder en avant.
Mme Ghazal : Un exemple
de quelque chose de mieux.
Mme Méthot (Josée) :
Quelque chose... Écoutez...
Mme Ghazal : Un exemple
où... non... il y a des choses...
Le Président (M. Ciccone) : Rapidement,
rapidement, s'il vous plaît, rapidement.
Mme Méthot (Josée) :
Écoutez, dans notre initiative vers le développement minier durable, on
travaille sur tous les risques environnementaux ou sociaux liés à l'industrie
minière ou à l'exploitation minière, et à l'intérieur de tous nos critères et
de nos protocoles, évidemment, il y a des gradients. Ce que nous, on a comme objectif,
c'est toujours de viser les hauts standards, de viser l'excellence. Et
d'ailleurs...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci, Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : ...on
est au travail avec nos membres.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je passe maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine
pour 2 min 45 s. À vous la parole.
M. Arseneau : Merci. Bonsoir,
Mme Méthot. Merci pour votre présentation. Vous avez réitéré encore à la
dernière question que vous étiez favorable au projet de loi tel qu'il a été
déposé. Lorsqu'il est question d'aires protégées, évidemment on parle de
surfaces protégées, donc d'étendues de territoire, et, tout à l'heure, je vous
ai entendu dire : Bien, ce n'est pas une question de superficie, l'objectif
devrait être de protéger la biodiversité, mais pas nécessairement en le
calculant sur une superficie. J'aimerais comprendre. Ça me semble
contradictoire avec l'affirmation à l'effet que vous êtes d'accord sur le 20 %.
Mme Méthot (Josée) : Bien, en
fait, c'est que la priorité devrait être mise sur ce qu'on veut protéger, pas
sur l'atteinte d'un chiffre. C'est ce que je voulais dire. Alors, ce n'est pas
contradictoire, évidemment, ce n'est pas contradictoire. Mais ce que nous
continuons de dire, c'est... On parle de protection de la biodiversité, on
parle de protection, évidemment, de la nature, donc, dans ce contexte-là, de
mettre l'objectif, oui, il faut se mettre un objectif, mais il ne faut pas
prioriser la superficie par rapport à ce qu'on doit protéger. Est-ce que c'est
plus clair?
M. Arseneau : Bien, en fait,
on n'a pas beaucoup de temps, là, je vais passer à une autre question qui est
de l'ordre du... justement du pourcentage. À partir du moment où l'activité
minière n'est pas considérée comme l'exploitation d'une ressource renouvelable,
on peut imaginer que les 20 % qui seront protégés seront maintenant
retirés, là, de votre capacité d'exploitation. C'est comme ça que vous le voyez
également, là, vous n'avez pas de velléité à l'effet d'exploiter dans les aires
protégées.
Mme Méthot (Josée) : Non,
non. C'est ce qu'on dit depuis le début. Nous adhérons au 20 % de
territoire en aires protégées.
M. Arseneau : Donc, vous êtes
prêts, entre guillemets, à sacrifier le 20 % qui vous échapperait pour
l'exploitation minière avec le projet de loi.
Maintenant...
M. Arseneau : ...c'est comme ça
que vous le voyez également, là. Vous n'avez pas de velléité à l'effet
d'exploiter dans les aires protégées.
Mme Méthot (Josée) : Non,
non, c'est ce qu'on dit depuis le début. Nous adhérons au 20 % de
territoire en aires protégées
M. Arseneau : Donc, vous êtes
prêts, entre guillemets, à sacrifier le 20 % qui vous échapperait pour
l'exploitation minière avec le projet de loi.
Maintenant, quand vous parlez d'évaluer le
potentiel minéral avant d'aller de l'avant avec des aires protégées, à quoi
pensez-vous? Parce qu'évaluer le potentiel minéral, ça peut être long. Si on ne
connaît pas encore le potentiel minéral, au Québec, puis qu'on a l'intention de
le découvrir ensemble avant de faire quoi que ce soit, il me semble que ça peut
être long.
Mme Méthot (Josée) : Oui,
vous avez raison. On peut accélérer l'exploration, évidemment, et le
gouvernement, on le sait aussi, fait des travaux pour... le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles fait également des travaux pour
accélérer cette connaissance du territoire. C'est que...
M. Arseneau : Mais vous le
voyez comme un préalable absolu, c'est ça?
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : Oui, on
voit l'importance effectivement d'avoir une meilleure connaissance du
territoire. Donc, ce qu'on veut protéger, pour nous, inclut également le
potentiel minéral.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme Méthot et Mme Caron. Merci
pour votre contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux au
mercredi 23 septembre, après les affaires courantes. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 20 h 58)