Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
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Friday, October 30, 2020
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Vol. 45 N° 67
Interpellation by the Member for D’Arcy-McGee to the Minister for Health
and Social Services on the following subject: The need for public coverage
of mental health care in Québec
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Birnbaum, David
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Carmant, Lionel
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Provençal, Luc
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Poulin, Samuel
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Birnbaum, David
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Carmant, Lionel
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Foster, Émilie
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Provençal, Luc
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Guillemette, Nancy
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Derraji, Monsef
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Carmant, Lionel
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Foster, Émilie
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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Carmant, Lionel
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Poulin, Samuel
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Birnbaum, David
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10 h (version révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député de D'Arcy-McGee au ministre délégué à la Santé et
aux Services sociaux sur le sujet suivant : La nécessité d'une couverture
publique des soins de santé mentale au Québec. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Ciccone (Marquette), par M. Derraji (Nelligan); Mme Montpetit
(Maurice-Richard), par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je comprends qu'il y
a une entente à l'effet que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors
de la troisième série d'interventions, alors que le troisième groupe
d'opposition interviendra lors de la cinquième série d'interventions.
M. le député de D'Arcy-McGee, je vais vous
céder la parole pour qu'on puisse débuter cette interpellation. À vous.
Exposé du sujet
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Je salue mes collègues, mon collègue de Nelligan, M. le ministre,
l'équipe du ministre, chers collègues députés du côté ministériel ainsi que de deuxième
opposition. Je veux reconnaître la présence et la disponibilité du ministre
délégué pour cette interpellation que j'espère, et je m'attends à ce que ça
soit constructif et à la taille de la problématique devant nous. Les Québécoises
et le Québécois ne s'attendent à rien de moins de leurs élus qu'une approche
concertée, des échanges des fois musclés, mais vers des réponses constructives
aux difficultés devant nous.
Et évidemment, quand on parle des difficultés,
nous sommes dans un contexte jamais vu dans nos vies, du jamais vu sur le plan
de la crise sanitaire qui nous touche, et, de façon parallèle, de plus en plus
évidente, une crise en tout ce qui a trait à la santé mentale. Ce n'est pas
pour rien que notre formation a jugé nécessaire de poser, et c'était surtout
moi, cinq questions au fil du dernier mois à ce sujet, qu'on a demandé des débats
de fin de séance à trois reprises, un débat sur une motion du <mercredi...
M. Birnbaum : ...
formation
a jugé
nécessaire
de poser, et c'était surtout moi, cinq
questions
au fil du dernier mois à ce sujet, qu'on a demandé des
débats de fin de
séance
à trois reprises, un débat sur une motion du >mercredi
pour mettre l'accent sur cette crise-là et l'importance des solutions. Ce n'est
pas pour rien qu'on entend, dans les tribunes libres, presque chaque jour, des interventions
des experts, et le monde sur le terrain qui parle de leurs difficultés.
Je vais me permettre juste de prendre quelques
exemples pour qu'on soit tous clairs sur l'ampleur de ce qui est devant nous et
sur l'importance des réponses concertées, alimentées de débats, une recherche transparente
assortie du diagnostic et des données probantes et assurées par une évaluation
les dépenses appropriées et le déploiement du personnel approprié.
Quand on parle de l'ampleur du problème,
on entend chaque jour qu'il y a quelque 60 % de nos jeunes qui sont en
détresse, 34 % de nos enseignantes et enseignants qui songent quitter
cette profession tellement importante, M. le Président, dû aux circonstances
actuelles et le stress qu'ils vivent, 70 % des psychologues qui voient le
retour de leurs anciens clients — ce n'est pas d'hier, les
difficultés de santé mentale, on va en convenir, mais des gens qui reviennent
avec des problèmes et des problèmes de l'ordre assez majeur. Ce n'est pas sans
signification d'apprendre qu'il y a une augmentation de 20 % des demandes
d'antidépresseurs. Premièrement, ce n'est souvent pas la bonne solution, mais
la demande indique des problèmes majeurs. Ça serait probablement beaucoup plus
élevé s'il n'y avait pas la liste d'attente pour avoir les médecins de famille
et de voir les médecins, surtout en période de pandémie. Il y a des études,
maintenant, qui démontrent que les nouveaux arrivants, les travailleurs,
travailleuses de première ligne, ainsi que les Québécois d'expression anglaise
qui démontrent des taux... le double d'anxiété, détresse, de penser au suicide,
que la population en générale, pour ne pas parler de nos aînés qui vivent, en
quelque part, toujours un quasi-confinement, M. le Président, et qui l'auraient
vécu pour des mois, au total, comme plusieurs autres, et ce que ça signifie pour
quelqu'un, souvent, atteint d'Alzheimer ou autonome, mais pas en mesure de voir
leurs petits enfants. Je tiens à <noter que...
M. Birnbaum : ...
qui
l'auraient vécu pour des mois, au total, comme plusieurs autres, et ce que ça
signifie pour quelqu'un, souvent, atteint d'Alzheimer ou autonome, mais pas en
mesure de voir leurs petits enfants. Je tiens à >noter que les femmes
sont surreprésentées dans toutes ces catégories que je viens d'identifier.
Alors, l'étendu du problème devrait être... et est de plus en plus évident.
Donc, est-ce qu'on va commencer, de façon structurée, à impliquer tout le monde
dans les solutions?
Premièrement, et je comprends qu'on va
parler des initiatives de prises, M. le Président, par le ministre et son
équipe et le ministère, sont-ils, dans un premier temps, à la taille? Est-ce
qu'ils répondent aux délais? Nous avons des questions sur les listes d'attente.
Il y avait des constats de faits, mais pas tout à fait à l'appui de la
documentation, de toute façon, la documentation connue et distribuée. Les
délais, j'en ai plusieurs, lettres, qui parlent d'une grande inquiétude
là-dessus. À titre d'exemple, Charles Roy, président de l'Association des
psychologues, lors d'une correspondance avec moi, a dit, et je le cite :
«Pour l'instant, la population est grandement pénalisée. [À titre d'exemple] il
faut parfois plus d'un an d'attente afin de consulter un psychologue. Ces
délais entraînent trop souvent des conséquences graves et parfois irréversibles
[telle une tentative] de suicide, [de la] violence envers les enfants, [l'anxiété]
qui empêche d'apprendre ou de travailler, [le] développement d'une dépendance,
etc. [...]lorsque la personne réussit à rencontrer un psychologue, elle doit
souvent faire le constat que le suivi est raccourci...»
Bon, alors, il y a des délais, et je veux
prendre une seconde, on va en parler plus. Oui, oui, moi, je vais parler
souvent des psychologues. Je comprends et je respecte le voeu du ministre
d'assurer que les gens sont répondus quand ils ont un problème et que la
solution soit à la taille. Et j'en conviens, j'en conviens, ce n'est pas
toujours un psychologue qui est indiqué, mais, quand on parle des problèmes
majeurs, oui, c'est souvent le cas. Et je trouve ça inquiétant qu'on n'en parle
pas trop souvent, des psychologues. Il y en a plein qui aimeraient se
rebrancher au secteur public, mais il faut que les conditions soient à la
taille. Nous avons assez de psychologues, il faut qu'ils soient déployés de la
bonne façon.
Le ministre, par ses actions, et sa bonne
foi, et son expertise, m'indique qu'il comprend qu'on est devant un enjeu
énorme. En même temps, il n'était pas prêt, l'autre jour, à qualifier ce qui
est devant nous comme une crise. Il parlait des premiers pas quand il parlait
de son programme <d'intervention...
M. Birnbaum : ...
et
sa bonne foi, et son expertise, m'indique qu'il comprend qu'on est devant un
enjeu énorme. En même temps, il n'était pas prêt, l'autre jour, à qualifier ce
qui est devant nous comme une crise. Il parlait des premiers pas quand il
parlait de son programme >d'intervention de 25 millions de dollars.
Oui, nous sommes devant une crise, et j'espère que le ministre responsable va
rectifier le tir en tout ce qui a trait à ça.
• (10 h 10) •
Quand on parle d'une crise, et je veux
revenir là-dessus et je vais en parler davantage, hier, les députés de la CAQ, évidemment
sur les instructions de leur leader, ont refusé notre main tendue pour un
mandat d'initiative, devant cette commission, avec l'idée non partisane
d'assurer que les experts, les chercheurs, les intervenants, les usagers, les
parlementaires soient au rendez-vous pour accompagner ce gouvernement et ce
ministre dans les gestes à poser. La réponse a été non. Et la réponse, «non»,
n'était pas juste offerte à moi, au député de Gouin, au député des
Îles-de-la-Madeleine, qui étaient là, ça a été offert, pour commencer, aux 43 ordres,
des psychologues, pédiatres, travailleurs et travailleuses sociaux, infirmiers,
infirmières, qui m'ont écrit avec des lettres publiques pour dire comment
c'était important d'aborder cette question de façon systémique. En tout cas,
nous, on ne va pas lâcher, mais je tiens à noter qu'on a été très déçus par la
réponse.
Bon, l'autre chose, et on va en parler,
nous avons une proposition structurante et structurée pour l'accès à la
psychothérapie universelle publique, et on va en parler, et on va être à la
recherche des réponses, M. le Président, parce que ce n'est pas la panacée,
mais les gens sont en crise, et nous sommes à la recherche des réponses. Le
premier ministre nous invite, il nous donne le défi d'avoir des propositions
claires et nettes. En voilà deux : notre mandat d'initiative, qui a été
refusé, deuxième, cette proposition pour l'accès universel à la psychothérapie.
On va être à la recherche des réponses ce matin. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre, je vous donne un
droit de réplique.
Réponse du ministre
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, tout le monde. Je tiens à saluer le député
de D'Arcy-McGee, qui nous invite ce matin à une belle discussion, et j'apprécie
le ton, et je vais faire de même, son collègue de Nelligan aussi, toujours un
plaisir, député de Gouin, coleader, enchanté, Mme la députée de Roberval,
plaisir de vous revoir ici ce matin, merci de m'accompagner, députée de
Charlevoix, merci d'être là, et le député de Beauce-Sud, je vous remercie
d'être là, ainsi que les gens du ministère qui nous accompagnent.
Oui, le problème d'accès aux soins en
santé mentale, M. le Président, c'est un problème majeur. C'est un problème qui
m'interpelle <beaucoup. C'est un problème...
M. Carmant : ...
députée
de Charlevoix, merci d'être là, et le député de Beauce-Sud, je vous remercie
d'être là, ainsi que les gens du ministère qui nous accompagnent.
Oui, le problème d'accès aux soins en
santé mentale, M. le Président, c'est un problème majeur. C'est un problème qui
m'interpelle >beaucoup. C'est un problème qu'il faut réussir à régler.
Ce qu'il est important de savoir, c'est : Le problème d'accès aux soins,
d'où vient-il? Puis, si on veut trouver des solutions, il faut comprendre le problème.
Le gouvernement précédent a fait une
révolution de structure dans le réseau de la santé. Moi, j'ai accepté l'appel
du premier ministre pour faire une révolution de culture dans le réseau de la
santé. Puis ce que j'aimerais vous parler, pour répondre à la première question
du député de D'Arcy-McGee, c'est un concept qu'on appelle
l'interdisciplinarité, un concept que le Parti libéral a toujours ignoré.
Comment on est arrivés à des listes
d'attente aussi importantes? Moi, je pense que la première chose... et, si la santé
mentale était si importante, moi, je pense qu'il faut regarder les investissements
qui ont été faits au fil des ans en santé mentale. 2015‑2016, après le Plan
d'action en santé mentale 2015‑2020, aucun investissement, M. le
Président, zéro, pas un sou. Quand même particulier. Quand on dit que le tiers
des consultations sont pour des problèmes de santé mentale, comment, en une
année, un gouvernement peut décider de ne pas investir un sou en santé mentale?
Je suis tombé de ma chaise, quand j'ai vu ça, vraiment tombé de ma chaise.
2016‑2017, 30 millions de dollars
pour des places en santé mentale, ça, c'était intéressant, 50 millions
l'année suivante et un 25 millions en 2018‑2019. Et là-dedans, il y avait
un 15 millions qui était investi pour les jeunes, pour l'accès aux
psychologues pour les jeunes.
Là-dedans aussi, il y avait un projet
qu'ils ont... que je vais revenir un peu plus tard dans le cours de mes
discussions, qui s'appelle le PQPTM. C'est important de le positionner, le
PQPTM. À l'époque, ça s'appelait le plan québécois de psychothérapie pour les
troubles mentaux, et le but, c'était vraiment d'offrir des services en
psychothérapie pour ceux qui avaient des troubles de santé mentale. Un petit
peu ce qu'ils vont nous proposer aujourd'hui à un coût de 300 millions de
dollars. Ce qu'il faut noter, c'est que, quand ça avait été proposé par les
libéraux, à l'époque, l'investissement prévu était de 35 millions de
dollars. Donc, comment concilier ces deux... ce qu'ils nous proposent
aujourd'hui avec ce qu'ils avaient budgété auparavant?
Donc, moi, le travail que je me suis
mis... ce que j'ai décidé de faire, puis j'ai pris mon expérience de clinicien
quand j'étais neurologue à l'Hôpital Sainte‑Justine, c'est
l'interdisciplinarité. Moi, quand j'ai commencé mon travail, je m'occupais des
enfants avec des épilepsies très sévères, qu'on devait opérer pour contrôler
leurs crises d'épilepsie. Puis j'ai remarqué, après 15 ans de pratique,
que, oui, les <enfants...
M. Carmant : ...
pris
mon expérience de clinicien quand j'étais neurologue à l'Hôpital Sainte‑Justine,
c'est l'interdisciplinarité. Moi, quand j'ai commencé mon travail, je
m'occupais des enfants avec des épilepsies très sévères, qu'on devait opérer
pour contrôler leurs crises d'épilepsie. Puis j'ai remarqué, après 15 ans
de pratique, que, oui, les >enfants étaient guéris de leur problème
épileptique, mais ils étaient pris avec des lourds problèmes de santé mentale,
de très lourds problèmes. 35 % à 50 % des patients épileptiques ont
des problèmes de santé mentale.
Je me suis mis à réfléchir à comment on
peut améliorer ça, et la façon qui était la plus intéressante, c'était de créer
des équipes multidisciplinaires, donc avec de nombreux spécialistes qui peuvent
aider au niveau de la santé mentale, mais qui travaillent ensemble, pas une
personne qui fait tout puis qui décide tout, des intervenants, des travailleurs
sociaux, des psychologues, des psychoéducateurs, des éducateurs spécialisés,
des infirmières, des infirmières spécialisées qui travaillent ensemble. Et
chacun a son rôle dans l'équipe, chacun voit le fameux... le bon patient au bon
moment. Donc, c'est ça qui est important pour améliorer le service et pour
améliorer l'accès aux soins pour ces gens qui ont des problèmes de santé
mentale.
Alors, quand on est arrivé et qu'on a
voulu améliorer le réseau pour les patients qui ont des problèmes de santé
mentale, on a voulu voir quelle est la liste d'attente pour introduire ce
changement de mentalité. Bien, quand on a ouvert la porte, on a trouvé
28 000 personnes en attente de services en santé mentale,
28 000. C'est spectaculaire. Comment est-ce arrivé? Par manque
d'investissement, M. le Président. Par manque d'investissement au cours des
années précédentes. Alors, d'entrée de jeu, et ça, ça montre notre intérêt pour
la santé mentale, dès le premier forum qui a été effectué, on a investi un
20 millions de dollars pour s'attaquer à cette liste d'attente là.
Et je suis très heureux de dire qu'on a
réussi à la diminuer, mais elle est encore beaucoup trop longue. Elle est
rendue à 16 millions... 16 000 personnes sur la liste d'attente.
Mais qu'est-ce que l'on veut faire pour complètement l'éliminer? Alors, c'est
ce changement-là qu'on veut introduire, l'interdisciplinarité. Ce qu'on dit, c'est
qu'actuellement 70 % des gens qui sont sur les listes d'attente en santé
mentale sont en attente pour un service en psychologie ou en psychiatrie. Donc,
c'est pour ça que les délais d'attente sont si longs pour le psychologue ou
pour le psychiatre. Les gens avaient créé les guichets d'attente en santé...
les guichets d'accès en santé mentale, mais les portes ou les différentes
options thérapeutiques sont relativement minimes.
Donc, nous, ce qu'on veut, c'est
introduire cette interdisciplinarité-là, ajouter des gens dans les équipes de
santé mentale pour qu'ils puissent voir les patients le plus rapidement
possible. On veut inverser ce ratio de 70 %-30 % pour que 70 %
des gens aient des services rapidement en première ligne. Et c'est pour ça qu'on
a <modifié...
M. Carmant : ...
ajouter
des gens dans les équipes de santé mentale pour qu'ils puissent voir les
patients le plus rapidement possible. On veut inverser ce ratio de
70 %-30 % pour que 70 % des gens aient des services rapidement
en première ligne. Et c'est pour ça qu'on a >modifié le fameux PQPTM, un
programme québécois pour les troubles mentaux, qui va nous permettre de
vraiment donner un accès beaucoup plus rapide à toutes les personnes qui
désirent avoir des services en santé mentale.
Maintenant, c'est sûr que la pandémie, c'est
quelque chose qui nous a affectés et qui a augmenté les besoins, comme l'a si
bien souligné le député de D'Arcy-McGee, mais, d'entrée de jeu, comme je vous
dis, nous, on avait déjà investi 20 millions de dollars en santé mentale
la première année, en 2019‑2020, et, cette année, on a fait un investissement
dans notre budget régulier de 90 millions de dollars, un investissement
significatif. Donc, en deux ans, on a investi plus que lors des quatre des
années précédentes.
Même ma collègue, qui est maintenant
ministre de l'Éducation supérieure et qui est travailleuse sociale de carrière,
elle avait vu venir le coup de l'impact de la pandémie sur la santé mentale des
Québécois. Elle l'avait bien vu venir. Donc, d'emblée, dès le 6 mai 2020,
elle avait déposé un plan d'action pour la santé mentale dans un contexte de
pandémie. Et ce plan d'action là était soutenu d'un budget de 31,1 millions
de dollars, M. le Président, ce qui nous a permis de recruter 320 ressources
interdisciplinaires en santé mentale : des travailleurs sociaux, des infirmières,
des psychologues, des psychoéducateurs, toute la panoplie de gens qui sont
requis pour soigner rapidement les Québécois.
• (10 h 20) •
En plus, on a investi dans les lignes
d'accès téléphoniques, le 8-1-1, Info-Social, Tel-Jeunes, les ressources
importantes, parce que ce ne sont pas les troubles mentaux qui sont accrus par
la pandémie, c'est la détresse psychologique, et l'anxiété, et le stress, donc
des choses dont on a besoin d'avoir de l'aide rapidement, et ces ressources-là,
rapides, sont disponibles au téléphone pour tous les Québécois, et l'accompagnement
se fait suite à ces appels, soit à Tel-Jeunes, soit à la ligne Info-Social, 8-1-1.
Par exemple, pour Tel-Jeunes, on a spécifiquement
investi 1,4 million de dollars depuis le début de la pandémie. Pour les
femmes et pour le réseau de la santé, on a investi 14 millions de dollars pour
la santé psychologique des travailleurs du réseau de la santé, en augmentant
l'accès au plan d'aide aux employés, en augmentant les séances de cinq à huit
et, encore une fois, je le redis, les ressources sont disponibles, il faut que
tous les Québécois se sentent à l'aise de les utiliser. N'attendez pas, si vous
sentez de la détresse, si vous connaissez quelqu'un qui ressent de la détresse,
dites-leur d'utiliser ces ressources-là, dites-leur d'appeler le 8-1-1, <Info-Social...
M. Carmant : ... et, encore
une fois, je le redis, les ressources sont disponibles, il faut que tous les
Québécois
se sentent à l'aise de les utiliser. N'attendez pas, si vous sentez de la
détresse, si vous connaissez quelqu'un qui ressent de la détresse, dites-leur
d'utiliser ces ressources-là, dites-leur d'appeler le 8-1-1, >Info-Social,
dites-leur d'appeler Tel-Jeunes, dites-leur de regarder au niveau des plans
d'aide aux employés. Nous avons commencé à investir et nous allons continuer à
investir. Et là on a fait une mesure ciblée pour les jeunes parce qu'on a pris
un certain retard pour améliorer la condition des jeunes.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je me dois de céder maintenant la
parole au député de D'Arcy-McGee.
Argumentation
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, écoutez, le ministre responsable a pris quelques minutes pour
faire le procès de l'ancien gouvernement. Je ne vais pas embarquer. Je serais
très fier de le faire, mais on est ici pour regarder de l'avant. Je me
permettrai deux seuls commentaires, que les racines du programme très
prometteur qu'on propose ont été semées de façon assez rigoureuse lors de notre
mandat. Et on peut regarder toutes nos actions et trouver des racines de
données probantes d'un genre de processus scientifique, ce qui est souvent
absent dans les réponses, qui sont un petit peu à la pièce, actuellement. Mais
on va rester sur ce qui est devant nous, parce que la question est trop
sérieuse.
Je veux juste faire quelques autres
allusions à l'étendue du problème, parce que quelques-uns des programmes dont
le ministre responsable parle sont sûrement importants et nécessaires, mais,
une autre fois, est-ce qu'il s'adresse... Trois choses. Est-ce qu'il s'adresse
à ce qui est de plus en plus une réalité triste, c'est ce que nous sommes,
devant une pandémie qui va perdurer? Deuxièmement, sont-ils conçus suite à un
diagnostic avec deux caractéristiques : étendues et claires, et transparentes
et disponibles aux experts, pour ne pas dire aux parlementaires? Nous avons
quelques questions là-dessus. Et il faut se rappeler que la raison pourquoi on
pose ces questions, M. le Président, c'est parce que ça commence à être
difficile de voir du monde touché par la crise sanitaire, c'est-à-dire...
presque 5 millions de Québécoises et Québécois, qui ne sont pas à la fois
touchés par la crise de santé mentale.
M. le Président, je vais convenir avec le
ministre que c'est primordial de faire un triage. Oui, des lignes 800, des
Tel-Jeunes, ces services de même sont d'une importance capitale, et je n'aurai
rien de mal à dire, c'est très important. Mais, deux choses, le <suivi...
M. Birnbaum : ...
Oui,
des lignes 800, des Tel-JeunesV, ces services de même sont d'une
importance capitale, et je n'aurai rien de mal à dire, c'est très important.
Mais, deux choses, le >suivi, à l'autre bout du téléphone, est-ce que c'est
évident? On parle d'avoir à rejoindre 325 000 personnes. Au bout du
téléphone, est-ce que le suivi est documenté? Est-ce qu'il y aurait des délais
très dangereux pour faire en sorte que ces gens ont des risques de voir leur
condition s'empirer? Voilà les questions. Et voilà pourquoi on cherche une
réponse globale et à la taille de cette crise, comme je dis, qui va être avec
nous pour long terme.
Ce n'est pas anodin, quand on voit les
témoignages chaque jour qui touchent aux gens qui sont des piliers de notre
société. Juste cette semaine, dans LaPresse, et je cite :
«Devant des statistiques troublantes sur la santé mentale et le suicide chez
les policiers, l'une des plus importantes associations policières du Québec
exige que le gouvernement [...] mette en place au plus vite une réforme afin
d'offrir une aide psychologique adéquate à ses membres.» C'est la Fédération
des policiers et policières municipaux du Québec, et ça regroupe quelque
5 000 personnes.
Un expert en santé mentale d'Université
McGill, et je le cite : « Au-delàde l'impact traumatique sur les familles
dans les populations les plus touchées par le nouveau coronavirus, aînés,
personnes souffrantes de maladie chronique, population en situation de
précarité, les mesures de confinement des derniers six mois ont entraîné une
perturbation sans précédent de la vie de tous les jours de nos citoyens.
L'isolement, la peur, la polarisation et, pour beaucoup de Québécois et de
Québécoises, la perte des moyens de subsistance, du support de leurs proches,
de leur liberté de mouvement et du cadre de signification et fierté que leur
vie leur apportait doivent être considérés comme une véritable urgence de santé
publique dont l'ampleur surpasse de très loin la menace de la maladie. Dans ce
contexte, il est d'une importance cruciale de déployer des ressources, du
personnel, de la recherche et des campagnes d'information publiques pour
remédier à la détresse de nos concitoyens.» Et ça continue, c'est Samuel
Veissière.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci, M. le député. Alors, M. le ministre, à vous
la parole.
M. Carmant : Oui, merci
beaucoup. J'aimerais alors expliquer un petit peu à tout le monde ici qu'est-ce
qu'on veut faire comme changement avec ce Programme québécois pour les troubles
mentaux, et ça va faire du sens avec ce que je viens de vous expliquer.
Donc, on a un budget de 35 millions
de dollars. On a beaucoup de personnes à voir. On a des délais d'attente.
Comment on peut améliorer les choses? Alors, on parle de données probantes. Ce
que les données <probantes...
M. Carmant : ...
québécois pour les troubles mentaux, et ça va faire du sens avec ce que je
viens de vous expliquer.
Donc, on a un budget de
35 millions de dollars. On a beaucoup de personnes à voir. On a des délais
d'attente. Comment on peut améliorer les choses? Alors, on parle de données
probantes. Ce que les données >probantes et la recherche ont montré en
santé mentale, c'est que beaucoup des problèmes peuvent être réglés par ce
qu'on appelle des autosoins. Beaucoup d'individus ont en eux des... malgré les inquiétudes
ou malgré la détresse qu'ils ont, ils ont en eux beaucoup, très souvent, la
solution pour répondre à leurs problèmes de santé mentale. Et, pour ça, il faut
apprendre à travailler sur ses forces et à changer son approche face aux problématiques
que l'on vit dans notre vie quotidienne.
Donc, ça... Donc, des programmes
d'autosoins ont été développés, et nous, on veut les mettre de l'avant comme
première étape de la prise en charge des problèmes de santé mentaux. Et, en
plus, on a développé également des applications, des applications d'autosoins,
qui sont disponibles. D'ailleurs, on a profité de la pandémie pour mettre la
première sur notre site Web, qui s'appelle Aller mieux à ma façon, qui permet
justement de reconnaître nos forces et de travailler dessus pour améliorer nos
problèmes de santé mentale. Donc, avec ça, on pense qu'on va déjà régler une
bonne proportion des problèmes que les gens vivent actuellement.
Ensuite, la deuxième étape, ça devient la
thérapie individuelle ou de groupe, qui ne nécessite pas nécessairement des
psychologues. Ça peut être fait par des travailleurs sociaux, ça peut être fait
par des psychoéducateurs, ça peut être fait par des éducateurs spécialisés, des
infirmières en santé mentale, des infirmières praticiennes également. Donc, on
a un gros bassin de professionnels qui peuvent venir nous aider à régler les
problèmes de santé mentale. Puis c'est évidemment... Je me suis informé à
propos des thérapies de groupe. Malgré la pandémie, plusieurs ont transformé
ces thérapies de groupe là en séances virtuelles, et ça fonctionne très bien.
On a des données probantes claires là-dessus.
Et là, en troisième étape, arrive la
psychothérapie. Et là, effectivement, on a besoin de l'aide des psychologues.
D'ailleurs, je me suis fait un devoir de contacter Mme Grou, la présidente
de l'Ordre des psychologues, et je lui ai expliqué ça. Je lui ai dit :
Deux choses que je veux voir avec vous. Pourquoi les psychologues ne se
joignent pas au réseau public? Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider? Et
ensuite comment vous allez nous aider à vider cette liste d'attente, qui, je
l'avoue, est beaucoup trop longue? Mais, sur 16 000, il y en a peut-être
juste 5 000 qui ont besoin de psychologues. Pas 15 séances pour tous
les Québécois, M. le Président, là. 15 séances pour tous les Québécois,
c'est... je veux dire, moi, je vais être le premier à me mettre en ligne si
c'est offert, là. Mais ce qu'on veut, c'est vraiment aider ceux qui en ont
besoin, avec les bonnes caractéristiques du soignant.
• (10 h 30) •
Donc, j'ai parlé à Mme Grou. On va
travailler ensemble. Ce qu'on a décidé, c'est que, un, on allait... Elle m'a
beaucoup parlé du manque d'autonomie des psychologues dans le réseau de la
santé. Puis ça, je l'avoue, je l'ai vu moi-même quand j'étais neurologue,
souvent, il se font imposer des approches, ils se font <limiter leur...
>
10 h 30 (version révisée)
<17893
M.
Carmant : ...j'ai parlé à Mme Grou. On va travailler ensemble. Ce
qu'on a décidé, c'est que, un, on allait... Elle m'a beaucoup parlé du manque
d'autonomie des psychologues dans le réseau de la santé. Puis ça, je l'avoue,
je l'ai vu moi-même quand j'étais neurologue, souvent, il se font imposer des
approches, ils se font >limiter leur liberté professionnelle, et moi, je
suis d'accord avec elle, c'est quelque chose qu'on doit changer. Et je leur ai
demandé de travailler sur une requête pour avoir accès aux services de psychologie
dans le réseau public.
L'autre chose aussi, je leur ai dit qu'on
allait travailler également pour les intégrer, incluant les psychologues qui
sont dans le réseau privé, pour nous aider avec le programme PQPTM. D'ailleurs,
le premier geste que j'ai fait — elles avaient offert un certain
nombre d'heures pour nous aider avec le dépistage et la vaccination dans le
contexte de la COVID — je leur ai dit, encore une fois : Ce n'est
pas la meilleure façon d'utiliser vos caractéristiques et votre éducation. Nous,
ce qu'on veut, c'est que vous veniez nous aider dans la santé mentale, et on
s'est entendus là-dessus également. Donc, ça va être deux choses très
importantes pour le déploiement du PQPTM au cours des prochains mois et parce
que c'est un changement de culture qui va se faire sur à peu près une période
d'un an ou deux.
Maintenant, juste pour aborder, parce que
le temps passe vite, l'aspect «travailler ensemble», moi, M. le Président, j'ai
été le premier à travailler avec les oppositions. Sur tous mes dossiers, on
avait des rencontres régulières pendant la première vague et, tout récemment,
on a eu un appel avec les différents membres de l'opposition pour parler du
plan d'action interministériel en santé mentale. C'est ce qu'on avait débuté
avec les forums et c'est ce qu'on va continuer tout le monde ensemble. J'ai
mentionné mes objectifs, et je veux qu'on continue à travailler ensemble.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je dois céder, maintenant, la parole au député de...
Beauce-Sud, excuse-moi, pour la première intervention.
M. Poulin : C'est vous, M., le
député de Beauce-Nord.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Beauce-Sud, s'il vous plaît.
M. Poulin : Mais, vous savez,
c'est une grande Beauce, plus de 40 municipalités, deux comtés fort
intéressants . Content de vous retrouver, chers collègues. Je veux saluer,
évidemment, M. le ministre, les gens qui l'accompagnent... la personne, en fait
qui l'accompagne, son directeur de cabinet, Mme la députée de Roberval, Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, les gens qui nous accompagnent. M. le
député de D'Arcy-McGee, merci pour cette demande de nous réunir. M. le député
de Nelligan, M. le député de Gouin, très content d'être avec vous aujourd'hui,
effectivement, pour parler d'un sujet dont on a trop peu parlé au cours des
dernières années à l'Assemblée nationale.
Et j'entendais le député de Gouin, ce
matin, parler de fast-food de la santé mentale, qu'il attribuait au précédent
gouvernement, et, effectivement, on n'a pas suffisamment abordé cette
question-là au cours des dernières années, et on se trouve dans une situation,
aujourd'hui, comme nouveau gouvernement, parce que, oui, après deux ans, on
demeure quand même un nouveau gouvernement, de mettre en place toutes les
balises afin de s'assurer qu'on puisse répondre aux besoins criants en matière
de santé mentale au Québec.
Aujourd'hui, il y a deux circonstances qui
sont assez importantes. Tout d'abord, vous savez, nous sommes la première
journée précédant le jour du Souvenir, où les vétérans, nous leur rendons, de
façon assez <importante...
M. Poulin : ...
mettre
en place toutes les balises afin de s'assurer qu'on puisse répondre aux besoins
criants en matière de santé mentale au Québec.
Aujourd'hui, il y a deux circonstances
qui sont assez importantes. Tout d'abord, vous savez, nous sommes la première
journée précédant le jour du Souvenir, où les vétérans, nous leur rendons, de
façon assez >importante hommage. Alors, ça, je tiens à le souligner, M.
le Président, parce que, lorsqu'on parle, évidemment, de santé mentale, de choc
post-traumatique, de l'impact... qu'on peut avoir vécu certaines choses dans
notre vie et qui nous suit par la suite, eh bien, nos vétérans, M. le
Président — et je sais que vous êtes très près de votre légion également — sont
des gens assez exceptionnels qui font beaucoup pour nos militaires ayant vécu
des troubles dans différentes missions à l'étranger, ou autres. Alors, je tiens
à saluer tout d'abord nos vétérans et nos militaires, et notre gouvernement, et
je sais que le gouvernement fédéral aussi souhaitent être à leur écoute sur
leurs besoins, surtout des gens qui ont combattu pour nos droits et libertés.
Alors, ça, c'est un des premiers volets.
L'autre volet, bien, évidemment, on le
sait, on est dans une pandémie mondiale assez importante, et la jeunesse québécoise
a évidemment, comme nos aînés mais comme l'ensemble de la population, été extrêmement
touchée par cette pandémie, peut-être pas au niveau du virus qu'est la
pandémie, mais évidemment au niveau de la détresse et de l'anxiété.
Le souhait que les jeunes puissent trouver
leur place dans la société québécoise, M. le Président, est un souhait qu'on
doit tous partager, à la fois au niveau de l'éducation, à la fois au niveau du système
de santé, et si l'anxiété a monté chez la jeunesse québécoise au cours des
dernières années et que la pandémie vient exacerber ça, c'est qu'on doit
davantage guider nos jeunes vers l'atteinte d'objectifs. Et, vous savez, je
suis adjoint parlementaire au premier ministre, responsable des dossiers
jeunesse — on déposera un plan dans les prochains mois — et,
lorsque je rencontre les jeunes, la question qui revient souvent, c'est : Qu'est-ce
que je veux faire dans la vie? C'est quoi, mon rêve? C'est quoi, mon objectif? Est-ce
qu'on a suffisamment de modèles pour nos jeunes à travers le Québec? Est-ce
qu'on sait exactement ce qu'ils veulent faire dans la vie? Et tout ça amène une
anxiété et une détresse si on n'est pas capable très tôt, et parfois même dès
l'école primaire ou dès l'école secondaire, comme on dit, d'aligner nos jeunes
dans la vie, donc, et les jeunes nous disent : Comment voulez-vous que je
fasse un choix de carrière en cinquième secondaire quand je ne me connais même
pas? Et je trouve ça assez probant et assez important.
Alors, c'est pour ça qu'il faut mettre un
climat, des outils autour de la jeunesse québécoise très tôt face à
l'intimidation, face à la cyberintimidation, face au harcèlement que nos jeunes
vivent, parce que, vous savez, il y a longtemps, l'intimidation à l'école, ça
se terminait à 15 heures, 15 h 30, aujourd'hui ça se poursuit
après 15 heures, après 15 h 30, et toute la soirée, et très tôt
le matin. Je voyais récemment un humoriste qui disait : On devrait fermer
Twitter à minuit. Je trouvais l'idée tout de même pas mauvaise de dire :
On devrait se déconnecter le plus souvent possible. Et d'ailleurs mon collègue
le ministre a fait un forum, justement, qui porte sur la santé mentale chez les
jeunes mais aussi sur tout l'enjeu de déconnexion des jeunes, qui est aussi
important et qui nous permet de nous rééquilibrer dans la vie, et ça, c'est
important de le rappeler.
Le <ministre...
M. Poulin : ...pas mauvaise de
dire : On devrait se déconnecter le plus souvent possible. Et
d'ailleurs
mon collègue le
ministre a fait un forum,
justement, qui porte
sur la santé mentale chez les jeunes mais aussi sur tout l'enjeu de déconnexion
des jeunes, qui est aussi important et qui nous permet de nous rééquilibrer
dans la vie, et ça, c'est important de le rappeler.
Le >ministre y a fait allusion,
Tel-Jeunes, je les ai rencontrés, l'été dernier, et j'ai visité leurs bureaux,
une équipe exceptionnelle. Le ministre a ajouté 500 000 $ lors de la première
vague. On vient d'ajouter un autre 900 000 $. Ce sont des
professionnels à l'écoute, qui détiennent des données importantes pour les
jeunes du Québec. On doit les appeler, on doit faire appel à eux. Et un service
qui est peu connu, c'est la ligne info-parents. Parce que, quand les jeunes ont
de l'anxiété, très souvent aussi les parents se posent des questions sur...
comment agir, comment être à l'écoute, quoi faire. Alors, j'invite vraiment les
gens à aller faire un tour sur le site Internet de Tel-Jeunes. On les supporte,
on met les sommes financières au rendez-vous pour pouvoir les aider. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. Alors, M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Le ministre responsable a parlé d'avoir tendu la main, qu'on a
acceptée. Nous avons un briefing, une discussion, mais pour que le ministre de
la Santé, en période de questions, m'offre ça et suggère, précis, comme réponse
à notre demande, comme je dis, appuyée par toutes sortes d'intervenants pour le
mandat d'initiative pour nous assurer que nos réflexions globales, y compris
avec les parlementaires, sont à la taille du problème, de répondre qu'il y
avait un appel très apprécié, et j'espère qu'il y en aura d'autres,
constructifs, j'en conviens, ce n'est pas une réponse à notre demande. J'espère
qu'il y aura d'autres opportunités de même. Mais de là, de là à impliquer du
monde pour aider ce gouvernement à trouver les bonnes solutions à ce qu'il soit
transparent, ça nous interpelle tous. Alors, je reste très déçu de la réponse
de la CAQ contre un mandat d'initiative, surtout quand je me permets de citer
le ministre responsable dans une autre intervention en Chambre.
Oui, il a noté que les conséquences
psychosociales spécifiques à la pandémie de la COVID-19 sont actuellement
inconnues. Premièrement, il y a de plus en plus de recherches là-dessus, mais
est-ce que ce n'est pas un constat que nous avons la responsabilité, tous, de
se mettre à l'oeuvre pour avoir les solutions qui vont toucher les gens en
région, les agriculteurs, les entrepreneurs, dont va parler mon collègue
tantôt? Y a-t-il des réponses systématiques? Le ministre responsable parlait de
ces discussions, à juste titre, avec Mme la Présidente de l'Ordre des
psychologues. Il faut... Il n'y a pas... Qu'on s'entende, et je ne suis pas ici
pour livrer la <marchandise pour des psychologues…
M. Birnbaum : ...
mon collègue tantôt? Y a-t-il des réponses systématiques? Le ministre
responsable parlait de ces discussions, à juste titre, avec Mme la Présidente
de l'Ordre des psychologues. Il faut... Il n'y a pas... Qu'on s'entende, et je
ne suis pas ici pour livrer la >marchandise pour des psychologues, je
suis ici, comme est notre responsabilité, pour voir comment on peut être au rendez-vous
pour les Québécoises et les Québécois en détresse.
• (10 h 40) •
Mme Grou a constaté publiquement que l'initiative
annoncée par le ministre responsable cette semaine n'était pas assez et probablement
trop tard. Donc, c'est un départ. Oui, c'est un départ, mais elle-même a
constaté que ce n'était pas une réponse étendue et complète. On ne cherche pas
des résultats miracles chaque matin, mais on cherche à savoir que chaque geste
est fait de façon systémique, réelle et réaliste.
Et ça va coûter de l'argent. On parle du
31,1 millions de dollars qui a été, en quelque part, annoncé ou réannoncé
le 6 mai par la vice-première ministre et ensuite redéfini et encadré dans
les mois qui suivaient. Et, comme je dis, on parlait d'un objectif atteint de
joindre quelque 325 000 personnes, mais de quelle façon, par qui?
J'entends le ministre. J'entends le ministre, je ne veux aucunement dénigrer la
qualité, le professionnalisme et le rôle à jouer des travailleurs,
travailleuses sociales, des intervenants de première ligne, même les gens
sensibles et bénévoles au sein de leur communauté qui sont à l'autre bout du
téléphone, mais, quand on est devant de plus en plus d'exemples de dépressions
majeures, il y a des réponses qui s'imposent. Pas nécessairement
15 sessions de psychothérapie — souvent, oui — mais
que cette personne en crise soit identifiée et suivie de façon importante.
Des dons qui... des subventions qui ont
été données à Tel-Jeunes, justement, très important, pour les maisons
d'hébergement pour les femmes victimes de violence, très important, mais nous
entendons sans arrêt des délais énormes. La ligne de Montréal, d'urgence,
constate une augmentation de clientèle de 260 %. Ils parlent des délais de
plus qu'une heure pour avoir une réponse au téléphone. Quand nous sommes en
détresse, M. le Président, ce n'est pas suffisant. Donc, une autre fois, est-ce
qu'on peut identifier les mesures de façon pérenne et nécessaire qui vont avoir
leur étendue partout au Québec?
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Peut-être... J'aimerais quand même dire deux petits points de
correction ou d'ajustement, là. Je <comprends...
M. Birnbaum : ...
de
façon pérenne et nécessaire qui vont avoir leur étendue partout au Québec?
Le Président (M. Provençal)
:
Merci,
M. le député.
M. le ministre.
M. Carmant :
Merci,
M. le Président. Peut-être... J'aimerais quand même dire deux petits points de
correction ou d'ajustement, là. Je >comprends ce que le député de D'Arcy-McGee
a dit, mais il y a également des organismes communautaires qui nous ont demandé
d'aller de l'avant et de continuer ce qu'on avait débuté l'an dernier pour
arriver avec un plan d'action interministériel le plus rapidement possible.
Puis, à la rencontre qu'on avait eue avec les oppositions, j'avais clairement
établi c'est quoi, le... Parce qu'ils nous disent toujours... ils nous disent
souvent qu'on n'a pas de vision à long terme, qu'on y va coup par coup ou petit
bout par petit bout, mais la vision, elle est là. Et ce qu'on veut vraiment, c'est
trois grandes choses : améliorer l'accès aux soins pour tous les Québécois
en santé mentale, puis je vous ai expliqué un peu comment on voyait ça, à
travers le PQPTM, intégrer, et c'est ça, l'aspect interministériel qui est si important,
mieux intégrer les gens qui ont des problèmes de santé mentale dans toutes les
sphères d'activité de la vie, et ça, ça va demander vraiment beaucoup de
travail entre nous, et le troisième point, qui était très important pour moi, également,
c'était l'aspect de déstigmatisation des problèmes de santé mentale, surtout en
tenant compte de la composante ethnoculturelle, qui fait que beaucoup des gens
des différentes communautés n'osent pas consulter pour des problèmes de santé
mentale.
Maintenant, pourquoi avoir fait une action
spécifique cette semaine, ciblée pour les jeunes? Encore une fois, il faut
regarder les chiffres et voir qu'au cours des dernières... de la dernière
année, nous avons diminué la liste d'attente de façon significative, comme je
disais, de 28 000 à 16 000, mais la grande partie de cette diminution
des listes d'attente s'est faite dans la clientèle adulte, où ça a reculé de
près de 48 %. Malheureusement pour les jeunes, l'amélioration est plus
d'autour de 20 %. Donc, nous, ce qu'on voulait, c'est vraiment entraîner
un rattrapage très rapide de l'accès aux services pour les jeunes. Donc, il
fallait vraiment ajouter des professionnels dans ces équipes-là pour, encore
une fois, donner plus facilement l'accès aux services à tous les jeunes que
l'on peut rencontrer avec des problèmes de santé mentale, qui vont du trouble
d'attention jusqu'à la dépression, comme on a mentionné.
Puis l'autre chose qui était
superimportante pour moi et puis qui n'est pas mentionnée dans l'investissement
en santé mentale, parce que c'est plus un investissement en santé publique, c'est
l'aspect éducatif sur la santé mentale. Moi, je pense que... Puis un des objectifs
que j'avais dans ce changement de culture dont on parle, c'est d'apprendre à
nos jeunes à mieux gérer leur santé mentale, leur apprendre c'est quoi, les six
émotions de base, leur apprendre comment interagir avec les autres jeunes ou
avec les adultes, leur apprendre à reconnaître ce qui est des signes
temporaires d'avoir... de tristesse versus des signes plus <permanents...
M. Carmant : ...leur
apprendre c'est quoi, les six émotions de base, leur apprendre comment
interagir avec les autres jeunes ou avec les adultes, leur apprendre à
reconnaître ce qui est des signes temporaires d'avoir... de tristesse versus
des signes plus >permanents de dépression, leur apprendre à améliorer
leur estime de soi, qui est quelque chose de superimportant pour nos jeunes si
on veut lutter contre les problèmes de santé mentale, leur apprendre leurs
droits à certains aspects fondamentaux de la vie.
Donc, c'est pour ça qu'avec le ministre de
l'Éducation on travaillait depuis deux ans sur un plan, qui a finalement été
approuvé cette année, de 30 millions de dollars pour amener des
intervenants psychosociaux et des intervenants en dépendance dans toutes les
écoles publiques et privées du Québec. Et pourquoi les deux aspects santé
mentale et dépendance? C'est parce que c'est deux aspects qui sont extrêmement
interreliés, M. le Président. Beaucoup de nos jeunes font de l'autosoin, quand
ils ont des périodes difficiles, avec... en consommant des substances, et beaucoup
de... bien, pas beaucoup, mais un nombre significatif de jeunes qui consomment
très tôt vont avoir des problèmes de santé mentale. Donc, on voulait vraiment
avoir un impact sur les deux aspects, et là je pense que, pour le long terme,
ça regarde très bien pour nos jeunes. On compte déployer les services le plus rapidement
possible, d'ici la fin de l'année scolaire ou, au pire, au début de la
prochaine année scolaire, mais on veut vraiment avoir un impact sur la santé
mentale de tous nos jeunes, donc leur apprendre à mieux comprendre ce qu'ils
vivent à tous les jours et à combattre cette détresse qu'ils ressentent.
Donc, à ce niveau-là, c'est un gain significatif
pour moi, et, encore une fois, je pense qu'on veut inclure les psychologues
dans la lutte contre les délais d'attente pour les jeunes.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je vais céder la parole à la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Merci, M. le
Président. Très heureuse de vous retrouver, chers collègues, ce matin.
Salutations au ministre et à son chef de cabinet. Salutations également à la
députée de Roberval, le député de Beauce-Sud, les personnes qui accompagnent,
également les collègues de l'opposition, donc député de Nelligan, M. le député
de D'Arcy-McGee, qui nous permet ce matin, là, de se réunir pour parler du
sujet très important qu'est la santé mentale, et M. le député de Gouin.
Vous savez, l'importance de
l'interpellation ce matin, c'en est une, bon, qui parle de la santé mentale,
mais, vous savez, pendant longtemps, là, les problèmes de santé mentale, là, ça
a été tabou. Et, là-dessus, je rebondis sur ce que le ministre disait tout à
l'heure, la déstigmatisation, parce que, vous savez, pendant longtemps, ça a
été tabou, mais, encore aujourd'hui, tous les combats ne sont pas gagnés. Il
suffit d'avoir quelqu'un... d'avoir une expérience personnelle, d'avoir
quelqu'un dans nos proches, quelqu'un qu'on voit s'enfoncer, quelqu'un qu'on
voudrait aider, mais qui ne veut pas consulter, pour toutes sortes de raisons...
<Ce ne sont pas...
Mme Foster : ...
la
déstigmatisation, parce que, vous savez, pendant longtemps, ça a été tabou,
mais, encore aujourd'hui, tous les combats ne sont pas gagnés. Il suffit
d'avoir quelqu'un... d'avoir une expérience personnelle, d'avoir quelqu'un dans
nos proches, quelqu'un qu'on voit s'enfoncer, quelqu'un qu'on voudrait aider,
mais qui ne veut pas consulter, pour toutes sortes de raisons... >Ce ne
sont pas des situations humaines qui sont nécessairement faciles. Ce n'est pas toujours
facile de parler de sa détresse. Ce n'est pas toujours facile, parfois,
d'admettre qu'on a besoin d'aide. Ce n'est pas toujours facile.
Vous savez, comme gouvernement, on est très,
très sensible à la santé mentale. M. le ministre a eu l'occasion de vous
décrire toutes les actions qu'on pose. On est dans le concret pour aider les
gens. Mais je veux vous parler aussi de santé mentale avant de rebondir sur ce
qu'on fait comme gouvernement.
L'Institut national de santé publique, au Québec,
estime qu'il y a 12 % de la population qui est aux prises avec des
troubles, des problèmes de santé mentale. C'est quand même un chiffre
important. À l'international, l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé,
estime qu'il y a une personne sur quatre qui est aux prises avec des problèmes
de santé mentale. Et les problèmes de santé mentale se retrouvent, là, dans les
principales causes de morbidité, d'incapacité, entre autres pour le travail, à
l'échelle planétaire, et ces chiffres-là, c'est en temps normal. Alors,
imaginez maintenant, dans le contexte de la COVID, avec l'isolement qui est
généré par les mesures de confinement, ce n'est pas toujours évident. Encore
là, comme je le disais, ce n'est pas unique au Québec, là, c'est une situation
qui est internationale. Donc, on peut imaginer que les proportions peuvent être
encore plus importantes suite à cette pandémie. Ça ne crée pas des conditions
favorables, on va se le dire, à la santé mentale. D'ailleurs, selon l'OMS
toujours, là, ils ont fait une enquête sur 130 pays, puis la pandémie, là,
ça a causé des perturbations ou une interruption de services en santé mentale
dans 93 % des pays, donc c'est quand même assez important. Mais à une
échelle plus micro, c'est-à-dire dans nos comtés, on le sent, on le sent, ça,
ce sont des chiffres nationaux, internationaux, que je vous ai cités, mais on
le sent dans nos comtés, ce n'est pas évident, on sent la détresse chaque jour.
Je pense que chaque collègue ici a certainement des exemples en tête, qui nous
viennent en tête, bon, des gens atteints de schizophrénie qui voient, par
exemple, leur situation se détériorer, qui refusent d'ajuster la médication,
des femmes, aussi, qui sont aux prises avec des problèmes de violence conjugale
et qui ne savent pas comment contrer l'isolement, des jeunes, également, sans
antécédents, qui réussissaient bien, mais qui sombrent dans la dépression. Mon
collègue de Beauce-Sud, tout à l'heure, a eu l'occasion de parler de la santé
mentale chez les jeunes. Alors, ce sont des enjeux... Des gens qui nous
appellent avec des idées noires, qu'on réfère à des centres de prévention du
suicide, malheureusement, donc des gens, également, qui ont des attitudes plus
agressives qu'à l'ordinaire. La pandémie crée des situations qui ne sont pas
évidentes.
• (10 h 50) •
Et j'en profite au passage parce que, pour
moi, c'est bien important, avant de rebondir sur ce qu'on fait comme
gouvernement, je veux vraiment saluer mes gens sur le terrain, dans la
circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré : La Marée, à La Malbaie,
L'Éveil Charlevoisien, qui est à Clermont et à Baie-Saint-Paul, le Centre de
prévention du suicide de Charlevoix, Libre Espace, sur la Côte-de-Beaupré, à
Sainte-Anne-de-Beaupré. Bravo à toutes ces équipes-là qui se dévouent, parce
que c'est vraiment exceptionnel. On leur parle régulièrement. Bien sûr, comme
députés... comme <gouvernement, on donne des...
Mme Foster : ...
Charlevoix—Côte-de-Beaupré :
La Marée, à La Malbaie, L'Éveil Charlevoisien, qui est à Clermont et à
Baie-Saint-Paul, le Centre de prévention du suicide de Charlevoix, Libre
Espace, sur la Côte-de-Beaupré, à Sainte-Anne-de-Beaupré. Bravo à toutes ces
équipes-là qui se dévouent, parce que c'est vraiment exceptionnel. On leur
parle régulièrement. Bien sûr, comme députés... comme >gouvernement, on
donne des sous, mais comme députés, également, nous avons des montants de
soutien à l'action bénévole, qu'on leur octroie, parce que c'est important de
pouvoir les soutenir. Et bravo, chapeau à ces gens-là qui, dans ma
circonscription, se dévouent tous les jours. Votre travail est extrêmement
précieux, il est très, très, très précieux. Continuez votre beau travail.
Vous savez, tous ces organismes-là de ma
circonscription me le disent, la COVID, ça a amené... bon, ça a amené des... ça
a amené une exacerbation de tout ce qui est problèmes de santé mentale, et,
comme gouvernement, on a réagi. On avait déjà fait des investissements avant la
pandémie, comme le ministre l'a bien décrit. Il y a eu un 90 millions dans
notre budget normal. Le 6 mai dernier, on a déposé un plan d'action en
santé mentale. Il y avait un 31 millions qui était soudé, là, cette
enveloppe-là, au plan. On peut rehausser l'accès aux services psychosociaux et
en services de santé mentale avec ça. On a annoncé cette semaine un
25 millions pour la santé mentale pour les jeunes. Il y a un plan
interministériel qui est en cours. On a une vision. Alors, comme gouvernement,
on agit. On sait que la détresse, la santé mentale... la pandémie, ça a
augmenté la détresse chez les gens, la détresse psychologique. Et on agit,
comme gouvernement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de la deuxième opposition, le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Je veux remercier d'abord le député de D'Arcy-McGee, qui a pris
le leadership de convoquer cette interpellation ce matin. Je suis capable,
c'est bien connu, d'être très critique des décisions de sa formation politique
par le passé, mais il faut donner au député ce qui revient au député. D'initier
ce débat aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, c'est une bonne idée. Je suis content
d'y prendre part.
Je remercie, bien sûr, l'ensemble des
députés présents, et le ministre, bien sûr, un ministre à qui je reconnais
d'entrée de jeu qu'il est sensible à la question de la santé mentale. Je sens
que c'est important pour lui. Par contre, je remarque un gouffre entre son
niveau de sensibilité pour l'enjeu et les moyens qu'il prend, et c'est de ça
dont je veux lui parler aujourd'hui. Je sens qu'il trouve ça important, d'un
point de vue personnel, mais je constate que les actions qu'il prend pour
atteindre ses objectifs sont absolument insuffisantes. Je pense qu'il faut être
capable de nommer nos désaccords clairement sur cette question-là.
Le ministre a annoncé, plus tôt cette
semaine, 25 millions de dollars d'investissement en santé mentale pour les
jeunes. C'est une annonce que j'ai pris la peine de souligner, en disant que
c'était une bonne nouvelle et que c'était une première réponse, une première
étape. Ce dont je veux lui parler aujourd'hui, c'est des prochaines étapes.
Parce que je suis convaincu qu'il est d'accord avec moi que cet
investissement-là, à lui seul, ne <réglera pas la crise...
M. Nadeau-Dubois : ...
et
que c'était une première réponse, une première étape. Ce dont je veux lui
parler aujourd'hui, c'est des prochaines étapes. Parce que je suis convaincu
qu'il est d'accord avec moi que cet investissement-là, à lui seul, ne >réglera
pas la crise historique de santé mentale qu'on vit actuellement au Québec.
Sinon, il ne serait pas en train de préparer un plan d'action pour l'année
prochaine s'il croyait que cet investissement-là réglerait tous les problèmes.
Ça fait que je prends pour acquis qu'on est d'accord là-dessus et qu'on
convient ensemble que c'est un geste intéressant, mais qu'il faut continuer, puis
qu'il faut continuer à faire des annonces, puis qu'il faut continuer à poser
des gestes.
Et la prochaine étape, selon nous, selon
ma formation politique, c'est de s'assurer que, quand on annonce des sommes
pour embaucher des gens dans le réseau public, puisque c'est ce qu'il a fait
plus tôt cette semaine, bien, qu'on prenne les moyens pour qu'on embauche
réellement ces gens-là et qu'on prenne les moyens pour que ces gens-là restent
dans le réseau public, parce qu'entre 2008 et 2018 on a perdu des gens. Sous la
gouverne libérale, là, on estime à, à peu près, 450 psychologues qui ont
quitté le réseau public. Donc, il ne suffit pas de réouvrir des postes, il faut
se poser la question : Pourquoi les gens qui sont partis sont partis, puis
qu'est-ce qu'on fait pour les ramener et les garder cette fois-ci dans notre
réseau public?
Et quand on tend l'oreille, quand on
écoute ce que les psychologues et tous les professionnels de la santé mentale
nous disent, ils nous nomment deux choses, deux facteurs importants pour les
ramener dans le réseau public puis les garder dans le réseau public. Le premier
facteur, c'est les salaires. Il y a un écart de 30 % en ce moment entre
les psychologues qui pratiquent au public et ceux qui pratiquent au privé, qui
est un écart trop grand. Et ça tombe bien, les conventions collectives sont
ouvertes en ce moment.
Alors, ma première question, c'est :
Qu'est-ce que va faire le ministre pour sensibiliser sa collègue du Conseil du
trésor à l'importance d'écouter les revendications des professionnels de la
santé mentale d'améliorer leurs salaires pour que, pour le dire très
simplement, le secteur public soit plus attractif pour les psychologues et les
professionnels de la santé mentale au Québec? Comment on fait pour les ramener?
Bien, il y a les salaires, puis moi, je veux savoir, de la part du ministre,
puis je pense qu'une interpellation doit servir à répondre à nos préoccupations
respectives, qu'est-ce qu'il va faire pour améliorer les salaires.
L'autre enjeu, c'est l'autonomie,
l'autonomie professionnelle, et je suis content qu'il en ait parlé lui-même.
Qu'est-ce qu'il va faire pour améliorer l'autonomie professionnelle des
psychologues et des professionnels de la santé mentale? Deux propositions que
je lui fais, puis j'aimerais ça qu'il prenne la peine de me répondre là-dessus.
D'abord, les limites de séances. On impose aux psychologues et aux
professionnels de la santé mentale des limites de séances. On leur dit :
Après 10 séances, après 15 séances, ton patient, il est censé être
correct, tu fermes le dossier, puis, souvent, c'est très difficile d'obtenir
une prolongation. Il faut argumenter, il faut justifier. Pourquoi ne pas
respecter l'autonomie professionnelle et laisser les professionnels décider
quand la psychothérapie est terminée?
Deuxième proposition : les quotas de
patients. Ça aussi, c'est un héritage du règne libéral. Dans certains CLSC, on
impose aux psychologues de prendre plus de 80... là, moi, on m'a indiqué,
dans certains milieux, 82 nouveaux patients à chaque année. Est-ce qu'il
est prêt, lui, à <rompre avec cette logique...
M. Nadeau-Dubois : ...
quand
la psychothérapie est terminée?
Deuxième proposition : les quotas
de patients. Ça aussi, c'est un héritage du règne libéral. Dans certains CLSC,
on impose aux psychologues de prendre plus de 80... là, moi, on m'a
indiqué, dans certains milieux, 82 nouveaux patients à chaque année.
Est-ce qu'il est prêt, lui, à >rompre avec cette logique du fast-food de
la santé mentale? Est-ce qu'il est prêt à ce qu'on sorte de cette logique où on
met la pression sur les professionnels de la santé mentale comme s'ils étaient
sur une chaîne de montage? On parle de services sociaux, pas de fabrication de
voitures. Est-ce qu'il est prêt à sortir de cette logique-là?
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Alors, bien
sûr que je vais répondre aux questions. Ça me fait plaisir d'être là pour
répondre à toutes vos questions. Puis moi aussi, je vois que le député de Gouin
a une grande sensibilité à la cause de la santé mentale de la population.
La raison pourquoi je n'ai pas dit qu'on
était en crise, c'est que je pense qu'il faut voir à plus long terme.
Actuellement, comme j'ai mentionné, on est en train de rattraper les listes
d'attente. Les choses sont en train de s'améliorer, malgré une croissance de la
demande. Et ce qu'il faut prévoir, c'est que la demande, elle va continuer à
croître pendant quelque temps. Ça s'est vu après toutes les autres catastrophes
naturelles qu'on a vues au cours des dernières années, que la demande en santé
mentale continue à croître jusqu'à deux ans après la fin de l'événement. Donc,
effectivement, l'investissement qu'on a annoncé cette semaine ne peut pas être
le dernier parce qu'il faut continuer à prévoir qu'il va y avoir de plus en
plus de besoins.
Maintenant, je pense qu'il faut y aller...
ça, c'est peut-être mon côté médical, là, mais il faut y aller de façon ciblée.
Chaque chose doit avoir son intention, puis c'est ce qu'on a montré dans
d'autres dossiers. Si je peux vous rappeler qu'avec le dossier de la protection
de la jeunesse, votre collègue nous avait demandé un investissement de
270 millions dès le début, là, nous, on a préféré y aller point par point
pour améliorer les choses. Puis, effectivement, on a réussi à faire un
rattrapage majeur au niveau des listes d'attente. Et c'est pour ça qu'ici on
vise vraiment la problématique des jeunes en premier parce que c'est là où le
principal problème est.
• (11 heures) •
Maintenant, comment on ramène les
psychologues? Très bonne question. Moi, je pense que l'aspect que j'ai approché
beaucoup avec la présidente de l'ordre, c'est l'aspect de l'autonomie. Puis
moi, comme directeur du service de neurologie, dans mon ancienne vie, c'était
quelque chose qui était très important pour moi. On doit leur permettre de
faire l'intervention qui est adéquate selon leur sens clinique, comme vous
dites, et ne pas nécessairement l'arrêter après un nombre fixe de séances. On
doit également leur permettre de voir les bons patients. Mais, encore une fois,
vous seriez... on serait... M. le Président, on serait surpris de voir, quand
on leur donne le choix, de voir le nombre de patients qui nous disent :
Ah! mais ça, ce n'est pas pour moi. Ça, ce serait plus approprié d'être vu par
la travailleuse sociale. Ça, ce serait plus approprié d'être vu par le <psychoéducateur...
>
11 h (version révisée)
<17893
M.
Carmant : ...de voir les bons patients. Mais, encore une fois, vous
seriez... on serait... M. le Président, on serait surpris de voir, quand on
leur donne le choix, de voir le nombre de patients qui nous disent : Ah!
mais ça, ce n'est pas pour moi. Ça, ce serait plus approprié d'être vu par la
travailleuse sociale. Ça, ce serait plus approprié d'être vu par le >psychoéducateur,
pour des troubles de comportement, par exemple. Donc, c'est pour ça que le gros
attrait qu'on veut mettre dans le système public, c'est cet aspect de multidisciplinarité
et d'interdisciplinarité. Puis la bonne nouvelle ou la nouvelle qui m'encourage
un petit peu, c'est qu'avec cette approche-là, parmi les 320 personnes
qu'on a recrutées avec l'investissement du 31 millions, il y en a quand
même 30 qui sont des psychologues, à peu près 10 %, donc c'est quand même
encourageant, certains même qui sortaient... qui sont revenus du privé vers le
public.
Bon, le dernier point qu'on mentionne,
c'était au niveau de l'apport salarial, et ça aussi, j'en ai parlé avec Mme Grou.
C'est un enjeu qui est très important, là, je pense que la disparité est
significative. Mais je pense que notre... Comme je vous dis, le réseau public a
quand même un certain attrait pour les psychologues, et la preuve, c'est qu'un
des endroits où le recrutement se passe bien, c'est dans les centres
hospitaliers universitaires, où la clientèle est... où le travail
multidisciplinaire, interdisciplinaire est plus établi, où les problématiques
sont plus ciblées, où chacune des intervenantes, peut-être, trouve mieux son
rôle, et c'est ce qu'on veut étendre à tous les CISSS et les CIUSSS
disponibles.
Maintenant, quant à la négociation, je ne
veux pas commencer à négocier sur la place publique, mais j'ai extrêmement
confiance que la présidente du Conseil du trésor se rend compte de cette
disparité-là et qu'elle va travailler pour s'assurer que... bien, d'avoir une
solution équitable pour tous les membres de... pour tous les professionnels du
réseau de la santé, puis c'est quelque chose qui va être important pour nous
pour la suite des choses.
Donc, je pense qu'en général on a un plan
sur le long terme. On vient de régler la problématique pour les jeunes. Il
reste beaucoup de choses à faire pour les aînés et pour les professionnels
autres que ceux du réseau de la santé, et on compte regarder les choses à
partir de maintenant selon l'évolution de la pandémie, évidemment, parce que ça
pourrait changer d'un moment à l'autre, et c'est difficile de prédire la suite
des choses. Mais, clairement, on veut faire plus d'investissements en santé
mentale puis on veut améliorer le réseau à long terme.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Je vais maintenant
céder la parole à la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président. Salutations au collègue le député de Taillon et ministre délégué à
la Santé et Services sociaux, un homme de coeur, une personne véritablement
investie pour améliorer la qualité de vie concrète dans la situation en matière
de santé mentale au Québec, puis je me considère très chanceuse de pouvoir
collaborer avec ce collègue-là. Il a une vision à long terme qui va nous
permettre de défaire les silos dans lesquels les gens sont habitués de
travailler sur le terrain <directement et qui va aussi...
Mme Guillemette : ...pour
améliorer la
qualité de vie concrète dans la
situation
en
matière de santé mentale au
Québec, puis je me considère très chanceuse
de pouvoir collaborer avec ce collègue-là. Il a une vision
à long terme
qui va nous permettre de défaire les silos dans lesquels les gens sont habitués
de travailler sur le terrain >directement et qui va aussi motiver les
gens dans leur travail.
J'aimerais aussi prendre un petit moment
pour saluer mes collègues, député de Beauce-Sud, députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
ainsi que les gens qui nous accompagnent, les collègues de l'opposition, député
de Gouin, député de Nelligan et député de D'Arcy-McGee, très agréable d'être
ici avec vous ce matin, M. le Président, Mme la secrétaire.
Donc, j'aimerais
vous dire, suite à des choses que j'ai entendues ce matin, que le gouvernement
est déjà en action. On a un groupe de travail interministériel qui a déjà
rencontré une vingtaine de groupes, puis ça, ce n'est pas terminé. Pour ce qui
est des agriculteurs, on a déjà investi 300 millions en décembre... 300 000 $
en décembre 2019, et 400 000 $ en juillet 2020, et ce
400 000 $ là est récurrent, M. le Président. Donc, oui, on est là.
Oui, on est sur le terrain.
Vous savez, les
soins de santé mentale sont un sujet qui mérite qu'on discute franchement,
qu'on s'y attarde, surtout avec la situation qu'on vit présentement. Comme vous
tous, j'ai passé une partie de mon printemps et l'entièreté de mon été dans ma
circonscription, dans Roberval, et j'ai demandé à mon équipe pour être sur le
terrain — et ce, dans les règles de la santé publique — de
me concocter une tournée. C'est ce qui m'a permis de discuter avec les gens de
mon terrain et de bien saisir les enjeux de la santé mentale qu'on vit
présentement en contexte de pandémie.
Donc, M. le
Président, les troubles de santé mentale, là, ça ne vient pas avec la pandémie,
on les vit depuis longtemps. La dépression, l'anxiété, les troubles
obsessionnels compulsifs, le stress post-traumatique, les troubles
d'adaptation, et j'en passe, tout le monde, tout le monde ici est à risque un
jour d'en souffrir. Un divorce, une perte d'emploi, la perte d'un être cher, un
accident, une surcharge de travail, plusieurs facteurs peuvent influencer notre
santé mentale, peuvent influencer notre équilibre.
Ça m'amène à
vous parler de promotion et de prévention en santé mentale. C'est une avenue
importante pour faire diminuer les listes d'attente aussi. En passant, depuis
notre arrivée au gouvernement, comme l'a dit tout à l'heure le collègue, les
listes d'attente ont diminué significativement, et on continue notre travail.
Mais revenons à la promotion et la prévention. C'est des outils très
importants. La promotion, c'est la capacité des individus et des collectivités
de se prendre en main et d'améliorer leur santé mentale, c'est d'accroître les
forces, les ressources et les connaissances en santé mentale. La prévention,
elle vise à réduire et composer avec la présence de certains facteurs de
conditions de vie.
J'aimerais vous
ramener sur le terrain, sur ce que je connais bien et vous présenter <deux...
Mme Guillemette :
...
les ressources et les connaissances en santé mentale. La prévention,
elle vise à réduire et composer avec la présence de certains facteurs de
conditions de vie.
J'aimerais vous ramener sur le terrain,
sur ce que je connais bien et vous présenter >deux organismes en santé mentale.
Donc, les organismes que... Et ces organismes-là, M. le Président, ils sont
soutenus par du personnel de qualité et dévoué, si je ne pense qu'à Revivre, au
niveau de l'organisme... le programme de J'avance! au niveau de l'organisme
Revivre, qui a un programme d'autosoin, de gestion de l'anxiété, de la
bipolarité et de l'estime de soi et qui est offert via des organismes
communautaires. Si vous voulez avoir plus de détails, vous pouvez aller sur le
site javance.revivre.org. Vous voulez plus de renseignements sur la promotion,
la prévention? Je vous invite à visiter Mouvement Santé mentale Québec, un organisme
communautaire qui fait de la promotion et de la prévention sur les territoires
Et, en terminant, M. le Président, j'aimerais
terminer en vous rappelant que c'est important d'écouter, parce que tout le
monde, ici, on est à risque de santé mentale, qu'il est important d'en parler.
Il est important de parler de notre santé mentale, de la nôtre, de celle des
autres et de la vôtre. Le temps où demander de l'aide était tabou, bien, c'est
révolu, ça. Aujourd'hui, je souhaite encourager tout le monde, ceux et celles
qui en ressentent le besoin, à demander de l'aide. On a rien à gagner à jouer
au plus fort. Donc, aujourd'hui, là, vous, vous êtes...
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci, Mme la députée. Je cède la parole au député
de Nelligan maintenant.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je salue M. le ministre. Je salue aussi mon collègue pour son
leadership. Je salue l'ensemble des collègues, que... je suis convaincu qu'on
partage tous la même préoccupation par rapport à la santé mentale de nos
concitoyens, concitoyennes québécois.
C'est mon premier face-à-face avec le ministre.
Je sais que c'est un homme de science, je vais baser beaucoup mon intervention
sur la science, et j'interpelle le neurologue en lui. Les faits sont les
suivants, et je tiens à dévoiler l'angle mort que nous avons en face nous. Il
le sait, M. le ministre, M. le Président, que je suis porte-parole des PME, et,
pour moi, la situation des entrepreneurs me préoccupe énormément. Même chose
pour mon autre dossier, emploi et travail, la santé mentale de nos travailleurs
et nos travailleuses est aussi très préoccupante.
En 2015, quatre chercheurs de l'Université
de Berkeley, Stanford et de la Californie à Los Angeles se sont intéressés à la
question de la santé mentale des fondateurs de start-up. Pour ce faire, ils ont
comparé un échantillon de 240 entrepreneurs avec un autre échantillon de
93 personnes choisies au hasard. Les résultats, sans conteste : les
problèmes de santé mentale autodéclarés étaient présents chez 72 % des
entrepreneurs de l'échantillon, une proportion considérablement plus élevée que
celle observée dans le groupe comparatif. Pour les entrepreneurs, 49 % ont
rapporté avoir vécu au moins un <problème de santé mentale au cours de
leur vie. Pas besoin de vous...
M. Derraji : ...
les
problèmes de santé mentale autodéclarés étaient présents chez 72 % des
entrepreneurs de l'échantillon, une proportion considérablement plus élevée que
celle observée dans le groupe comparatif. Pour les entrepreneurs, 49 % ont
rapporté avoir vécu au moins un >problème de santé mentale au cours de
leur vie, pas besoin de vous le dire, il le sait, M. le ministre,
30 % beaucoup plus susceptibles de rapporter un épisode de dépression,
TDAH, 29 %, abus de drogues, 12 %, troubles bipolaires, 11 % que
leur groupe témoin. M. le Président, ça, c'est les faits. C'est une étude
scientifique, utilisée par qui? Le ministère de l'Économie du Québec. Un autre
fait. Devant l'ampleur du problème, le ministère de l'Économie a lancé un appel
à projets de l'ordre de 150 000 $.
• (11 h 10) •
M. le Président, nos entrepreneurs
souffrent, même avant la pandémie. La revue de presse, elle est énorme. On
parle beaucoup de détresse psychologique au niveau de nos entrepreneurs. Nos
PME ferment. Moi-même, j'ai vu beaucoup d'appels, sur les réseaux sociaux, de
détresse de plusieurs entrepreneurs.
Je salue l'initiative du ministre, qui
était un bon pas, un bon premier pas, mais, M. le Président, ce que je demande
aujourd'hui, c'est une vision humaine à la problématique, la problématique de
la santé mentale, et non pas une vision comptable. Quand je dis «une vision
humaine», c'est que je sais que le ministre, il est sensible, et je le dis
sincèrement. Je le sens dans ses paroles, je le sens dans la façon avec
laquelle il traite la question, mais il y a des angles morts, M. le Président.
Aujourd'hui, avec l'annonce qu'il a annoncée cette semaine, on répond
probablement à un groupe particulier, les jeunes en bas de 25 ans. Mais,
M. le Président, la détresse, elle est très présente chez nos entrepreneurs. Et
ça date d'avant la pandémie, mais elle s'est exacerbée après la pandémie.
Un autre fait, M. le Président, et ça,
j'en suis sûr et certain, que M. le ministre le sait, c'est l'utilisation des
antidépresseurs. Ça a augmenté. Je vais chercher le chiffre exact. C'est
11 % à travers tout le pays, je parle au niveau du Canada, mais on parle
de 20 %, l'augmentation du nombre de réclamations pour antidépresseurs
effectuées auprès d'assureurs privés au Québec entre janvier et août 2020.
Donc, on peut faire des comparaisons avec
le passé. C'est un homme de science. Quand on compare, on compare des choses
comparables. La pandémie est factuelle, elle est présente en 2020. Est-ce qu'on
s'est donné les moyens pour aider nos entrepreneurs et accompagner ceux qui
créent la richesse au Québec? M. le Président, vous m'avez vu, depuis le retour
dans cette session, me lever, parler au nom des entrepreneurs. Ce que nous
entrepreneurs vivent, au Québec, est une réelle détresse. J'ai entendu la
collègue parler, tout à l'heure, du programme pour les agriculteurs. C'est
excellent, c'est très bien, mais ça, encore une fois, c'est un exemple concret
qu'il y a un problème, parce que, s'il n'y a pas un problème, on ne va pas
mettre de l'argent et d'une manière récurrente. Mais est-ce qu'on répond à
100 % à leurs doléances? Non. Et c'est là où j'interpelle l'homme de <science...
M. Derraji : ...
parler,
tout à l'heure, du programme pour les agriculteurs. C'est excellent, c'est très
bien, mais ça, encore une fois, c'est un exemple concret qu'il y a un problème,
parce que, s'il n'y a pas un problème, on ne va pas mettre de l'argent et d'une
manière récurrente. Mais est-ce qu'on répond à 100 % à leurs doléances?
Non. Et c'est là où j'interpelle l'homme de >science mais aussi le
ministre à avoir plus d'humanisme dans le traitement de cette question et non
pas uniquement une vision comptable. Et je sais qu'il y a plusieurs demandes, et
je sais que l'ampleur, elle est énorme, la pression est énorme sur nos finances
publiques, mais je pense, M. le Président, le temps, il est venu de prendre en
considération que la pandémie a des effets, qu'il y a des angles morts au
niveau de la santé mentale, et l'angle mort que je vois aujourd'hui, c'est la
détresse psychologique de nos entrepreneurs. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
j'apprécie les commentaires du député de Nelligan et son inquiétude pour les
entrepreneurs qui, je l'avoue, sont habitués à vivre un grand stress, quand on
démarre une entreprise, c'est vraiment quelque chose, et qui actuellement sont
effectivement en train d'avoir une augmentation de ce stress-là. Mais, M. le
Président, parmi cette liste d'attente dont je vous parlais tantôt, qui était,
à notre arrivée, de 28 000, il y a probablement des entrepreneurs
là-dedans, des pères de famille, des gens qui font partie de cette liste
d'attente, et qu'il est important pour nous de voir le plus rapidement
possible.
Puis, encore une fois, outre... ce n'est
pas des considérations mercantiles qui nous animent ici, c'est vraiment une
façon de modifier l'approche de l'offre de services et de permettre l'accès aux
soins aux plus de Québécois possible. Parce qu'on s'entend que tout simplement
offrir de la psychothérapie, on sait qui vont être les premiers servis, pas
nécessairement ceux qui en ont le plus besoin. Nous, on a une sensibilité
particulière pour les populations vulnérables, et c'est souvent les derniers
qui ont accès à ce type de service là.
Donc, moi, encore une fois, je pense que
l'approche que l'on a est la bonne. Ces gens-là vont pouvoir avoir accès à tous
les programmes d'autosoins qu'on est en train de mettre sur pied, à toutes les
applications d'autosoins qu'on est en train de mettre sur pied. C'est souvent
des gens performants et, comme on mentionnait tantôt, qui sont craintifs du
stigma associé avec la santé mentale.
Et c'est pour ça qu'on a investi,
également, dans les organismes communautaires, 17,6 millions de dollars pour
les aider à traverser l'augmentation de demandes qui viennent avec la pandémie.
En fait, les chiffres sont assez marquants. On dit que 50 % des gens qui
présentent de la détresse seulement vont oser consulter. <Et c'est
pour...
M. Carmant : ...
pour
les aider à traverser l'augmentation de demandes qui viennent avec la pandémie.
En fait, les chiffres sont assez marquants. On dit que 50 % des gens qui
présentent de la détresse seulement vont oser consulter. >Et c'est pour
ça que, depuis le début, je le répète encore et encore, qu'il faut ne pas
hésiter à consulter, utiliser les outils qui sont disponibles, incluant la
ligne 8-1-1, Info-Social, et Tel-Jeunes pour nos plus jeunes.
Maintenant, ce qui est important aussi, c'est
de voir comment on peut aider à plus long terme ces individus et changer la
donne sur le réseau. Puis là, c'est... je pense qu'on rentre dans notre fameux
plan d'action interministériel en santé mentale. Et, encore une fois, je compte
poursuivre les discussions avec le député de D'Arcy-McGee, avec le député de
Gouin, avec le député des Îles-de-la-Madeleine. Notre ministère a rencontré une
vingtaine de groupes de représentants de patients, on a rencontré les
différents experts lors des deux forums précédents. Et ce qu'il faut, c'est
trouver des solutions robustes qui vont permettre d'offrir un accès rapide à
tous les individus qui en ont besoin à travers... quelle que soit leur situation.
M. le Président, un autre point que
j'aimerais mentionner, également, à ce moment-ci, parlant d'étude, c'est les
travaux du Dre Généreux, qui est la spécialiste en santé publique qui a géré la
crise du Lac-Mégantic. Et les quatre points qu'elle nous a soulevés, qu'elle
nous a demandé de regarder, parce qu'on a demandé au ministère de la contacter
et de travailler avec elle, c'est de déployer des équipes spécialisées en santé
mentale au sein de la population, c'est de mieux outiller les services de
première ligne, c'est de renforcer le soutien communautaire et d'adapter les
services de base en implantant des mécanismes pour répondre aux besoins
psychosociaux des groupes en situation de vulnérabilité. M. le Président, je
pense que c'est exactement sur ces quatre points-là que nous focussons. C'est
exactement ces quatre points-là que nous voulons remplir. En aucun temps ne
mentionne-t-elle le besoin d'ajouter un programme universel d'accès à la
psychothérapie. Moi, je pense que l'important, c'est de donner l'accès, à la
population, aux psychologues au bon moment et pour le bon patient.
Le Président (M. Provençal)
:...députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Merci beaucoup,
M. le Président. Dans ma dernière intervention, j'ai eu l'occasion, un peu, de
vous jaser de la situation en santé mentale au Québec, ailleurs dans le monde,
dans ma circonscription, également, également, un peu... J'ai fait état
rapidement de quelques mesures que notre gouvernement avait mises en place pour
la santé mentale. Maintenant, <j'aimerais...
Mme Foster : ...
Dans
ma dernière intervention, j'ai eu l'occasion, un peu, de vous jaser de la
situation en santé mentale au Québec, ailleurs dans le monde, dans ma
circonscription, également, également, un peu... J'ai fait état rapidement de
quelques mesures que notre gouvernement avait mises en place pour la santé
mentale. Maintenant, >j'aimerais m'attaquer un petit peu plus au vif du
sujet de l'interpellation, donc, à savoir la nécessité de mettre en place une
couverture publique de santé mentale.
C'est évident que, depuis le début de la
pandémie, on l'a tous mentionné ici ce matin, les sources d'anxiété se
multiplient. La détresse psychologique est en hausse chez les Québécois. Il y a
un sondage, cette semaine, de l'Ordre des psychologues qui a révélé que, bon, il
y a près de 86 % des psychologues qui ont noté une hausse de la détresse
chez leur clientèle, il y a 70 % qui disent avoir revu d'anciens clients
qui reviennent en raison de la pandémie. Il n'y a personne ici qui est surpris
de ces chiffres-là qui sont évoqués dans ce sondage. On sait tous que le
contexte qu'on vit en ce moment, il n'est pas évident, et que tous les
changements apportés par la pandémie peuvent forcer les gens à vouloir
consulter, et ça augmente la détresse également. Mais, si on se permet de lire
aussi entre les lignes, en observant le deuxième chiffre, on va constater quand
même qu'il y a la volonté de plusieurs Québécois à vouloir utiliser des
ressources d'aide psychologique pour les accompagner dans le traitement des
maux dont ils souffrent. C'est quelque chose quand même qui est positif, selon
moi, parce qu'on parlait tantôt de la déstigmatisation, ça fait qu'il faut que
les gens puissent admettre leur détresse et demander de l'aide.
C'est certain qu'en premier lieu on
s'interroge sur les services qui devraient être rendus à la population. Bon, la
réponse immédiate de notre gouvernement, ça a été de commencer par augmenter la
disponibilité, comme le ministre le disait, de certains services qui sont déjà
offerts pour répondre à la hausse de la demande qui avait été observée. Bon,
par exemple, lors de la première vague, on nous rapportait qu'il y avait un
nombre plus élevé d'appels reçus aux lignes téléphoniques comme Info-Social
8-1-1, Tel-Jeunes, on en discutait tantôt, la ligne info-parents également.
Bon, ça avait augmenté de façon considérable, soit près de 35 %. On a donc
alloué un demi-million de dollars à ces deux organismes-là pour prévoir des
ressources humaines supplémentaires, maintenir l'accessibilité du service.
• (11 h 20) •
Il y a une attention particulière qui a
été accordée aux organismes communautaires également, parce que c'est la
première ligne. J'en discutais tout à l'heure, c'est une ligne très importante,
que nos services communautaires offerts, dans notre communauté, aux gens. Ils
sont sur la ligne de front. Donc, il y a une aide de 17,6 millions qui a
été prévue pour ces organismes-là, puis ça répond à une cible qu'on s'était
fixés, d'ailleurs, dans le plan d'action en services psychosociaux et services
en santé mentale en contexte de COVID-19.
Les lignes téléphoniques, vous savez, ça
agit un peu à titre de soupape, si on peut dire, pour les individus qui vivent
un moment difficile. Les lignes téléphoniques, c'est là pour écouter les gens,
leur donner du réconfort, des conseils mais aussi, lorsque nécessaire, référer
les individus en détresse à des organismes communautaires ou aux organisations
adéquates pour leur situation. Donc, les organismes communautaires possèdent
des expertises variées pour aider ceux qui font appel à leurs services à faire
face à des situations spécifiques.
Maintenant que la disponibilité de ces
services-là a été augmentée, on peut se poser des questions sur la possibilité
d'inclure de <nouveaux services dans la...
Mme Foster : ...
adéquates
pour leur situation. Donc, les organismes communautaires possèdent des expertises
variées pour aider ceux qui font appel à leurs services à faire face à des
situations spécifiques.
Maintenant que la disponibilité de ces
services-là a été augmentée, on peut se poser des questions sur la possibilité
d'inclure de >nouveaux services dans la couverture publique de la santé
mentale. Est-ce qu'on devrait, par exemple, fournir des services de
psychothérapie à la population? Dans le sondage de l'Ordre des psychologues, je
mentionnais plus tôt, là, bien, il était avancé que si un vaste plan d'aide
psychologique public financé par le gouvernement venait à voir le jour, bien,
une majorité de psychologues accepteraient de travailler encore plus pour
soutenir la population. C'était le cas de 51 % des psychologues du réseau
public, 58 % des psychologues du réseau privé. Bon, cette possibilité-là,
on pourrait en débattre longtemps, j'espère qu'on aura l'occasion de le faire
dans le futur, mais, dans le contexte de la pandémie du moment, ça semble être
difficile à envisager dans un futur proche. Comme le ministre le disait, on
vise davantage une vision avec des actions ciblées. Notre vision :
augmenter l'accès aux soins, intégrer les gens avec les problématiques santé
mentale dans toutes les sphères de la vie. Également, déstigmatiser les problèmes
de santé mentale et mettre des sous pour que les gens aient accès immédiatement
à des services.
Vous savez, la santé mentale, c'est notre
capacité vraiment à pouvoir ressentir, à penser, à agir de manière à améliorer
notre aptitude à jouir de la vie et relever les défis. C'est aussi notre
capacité à tracer des lignes pour éviter d'en donner plus que ce qu'on est
capable de donner, mais aussi à se relever quand la vie met sur notre chemin
des obstacles qui ne sont pas toujours faciles à contourner. Donc, vous savez,
la santé mentale, c'est quelque chose qui concerne tout le monde, ce n'est pas
juste ceux qui concernent... qui passent des mauvaises périodes de leur vie.
Comme gouvernement, on va continuer d'être
sensible à ça et on est vraiment en action, avec le plan d'action
interministériel qu'on est en train d'élaborer et également avec les sommes
qu'on met de l'avant pour augmenter les services.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de la troisième
opposition, le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, je remercie mon collègue de D'Arcy-McGee de nous donner l'opportunité,
encore une fois, d'aborder le dossier de la santé mentale.
Ça fait plusieurs fois qu'on en parle au
cours des dernières semaines, et heureusement, parce qu'on l'a dit à plusieurs
reprises, c'est un peu l'angle mort de la pandémie, à l'heure actuelle. Et je
pense qu'on n'en parle jamais suffisamment. Parce que, contrairement à l'évolution
de la situation dans le cas de la COVID, on ne peut pas chiffrer le nombre de personnes
qui sont atteintes, on ne peut pas chiffrer à chaque jour l'évolution du nombre
de personnes qui s'ajoutent soit sur les listes ou dont la détresse
psychologique s'accentue. Alors, c'est important d'en discuter, c'est important
de trouver des solutions. Et j'apprécie la présence du ministre ici pour en
discuter encore une fois, pour essayer de dégager des pistes de solution.
Alors, oui, on est d'accord, au Parti
québécois, avec la mise sur pied d'une couverture publique la plus complète
possible, la plus accessible, également, en santé mentale. Et j'en profite pour
<souligner également aujourd'hui, là, en plus...
M. Arseneau : ...
des
pistes de solution.
Alors, oui, on est d'accord, au Parti
québécois, avec la mise sur pied d'une couverture publique la plus complète
possible, la plus accessible, également, en santé mentale. Et j'en profite pour
>souligner également aujourd'hui, là, en plus de saluer mes collègues
qui collaborent aussi à l'exercice, souligner la grande résilience des Québécois
et des Québécoises en ces temps difficiles, extrêmement anxiogènes et
incertains.
Alors, je pense qu'il faut admettre qu'il
y a beaucoup de signes à l'heure actuelle qu'il existe véritablement une crise
en santé mentale au Québec. Elle est perceptible dans différents secteurs, que
ce soit dans le secteur évidemment de l'éducation, tant chez le personnel
enseignant que chez les étudiants, dans le milieu hospitalier, bien entendu,
qui sont évidemment au front depuis des mois, tout le domaine de l'entreprise,
particulièrement celles qui sont touchées en zone rouge par des fermetures, les
entrepreneurs qui voient l'ensemble, finalement, de leur investissement en
temps et en argent, le capital d'une vie qui est menacé. Alors, il y a tout un
contexte qui amène évidemment de l'inquiétude, de l'anxiété et qui suscite
également, malheureusement, là, des périodes de déprime ou de dépression.
Donc, on a mis en place des moyens, on le
reconnaît, que ce soit les fonds qui ont été investis pour permettre aux gens
d'avoir accès à des lignes téléphoniques d'urgence, d'aide, de soutien,
d'écoute, c'est bien. Les 25 millions qui ont été annoncés encore cette
semaine, c'est un pas dans la bonne direction, mais je pense qu'il faut,
au-delà de ça, admettre que le problème, il est très vaste et qu'on ne peut pas
non plus strictement, là, à partir d'indicateurs comme les listes d'attente,
dire que les choses sont sous contrôle, parce que ça lance, à mon point de vue,
un message qui consiste un peu à nier la réalité des gens qui sont touchés par
la situation qu'on décrit aujourd'hui. Donc, il faut voir plus loin que ces
listes. Et d'ailleurs, moi, j'aimerais qu'on puisse vérifier, là, combien de
gens ont quitté les listes parce que l'attente était trop longue, par exemple.
C'était le cas déjà avant la pandémie et c'est sûrement le cas encore
aujourd'hui. Et, quand on dit que les listes se sont réduites, quel genre de
traitement leur a-t-on offert? En discussion avec certains psychologues, on m'a
dit que la psychothérapie qui était offerte aujourd'hui était un peu une espèce
de campagne à rabais qui visait effectivement à voir le plus de monde possible
dans le moins de temps possible, mais avec des résultats assez aléatoires. Et
il faut avoir une qualité de service aussi qui soit disponible pour l'ensemble
des Québécois, et ça ne se fait pas du jour au lendemain, mais il faut pouvoir
y travailler.
La <question du...
M. Arseneau : ...
à
rabais qui visait effectivement à voir le plus de monde possible dans le moins
de temps possible, mais avec des résultats assez aléatoires. Et il faut avoir
une qualité de service aussi qui soit disponible pour l'ensemble des Québécois,
et ça ne se fait pas du jour au lendemain, mais il faut pouvoir y travailler.
La >question du délestage aussi,
dont on entend parler de temps en temps, elle doit être abordée, et on doit
lancer le message que soigner les gens dans leurs problèmes physiques, c'est
une chose, mais dans leurs problèmes de santé mentale, c'est tout aussi important.
Il faut travailler sur les deux fronts, déployer les équipes des deux côtés. Et
je pense qu'il est important de tendre la main aux Québécois avec des services
efficaces, rapides, les plus complets possible et évidemment couverts. Et on a
proposé certaines solutions. Des escouades d'intervention psychosociale dans
des milieux à risque, on pense que c'est encore une bonne solution. Si on peut
déployer ce genre de moyens, ce serait certainement apprécié des Québécois les
plus vulnérables.
Je vois que mon temps est écoulé, c'est
bien ça?
Le Président (M. Provençal)
: C'est terminé.
M. Arseneau : Ça a passé tellement
vite! Mon préambule étant terminé, je vais vous céder la parole.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez, merci
beaucoup pour les commentaires, cher collègue. Je tiens à vous rassurer, on en
a discuté, puis je vais revenir là-dessus, la qualité des services, c'est un
enjeu primordial pour nous. On veut redonner plus d'autonomie aux psychologues pour,
justement, les attirer dans le réseau public. Je pense que c'est une des
grandes plaintes qu'elles ont, et on est très sensibles à cet aspect-là, à leur
donner plus de place à leur jugement clinique, à leurs décisions cliniques. Et
c'est le but de les intégrer dans des équipes interdisciplinaires où chacun, au
mieux de ses connaissances, pourra influencer sur le... voir le bon patient au
bon moment.
Un autre point sur lequel je tiens à vous
rassurer, c'est l'aspect du délestage. Encore une fois, dès que j'ai su qu'on
envisageait d'utiliser les gens... les psychologues dans le privé pour faire...
pour offrir des services en santé publique, que ce soit la vaccination ou le
dépistage, j'ai retiré les psychologues, les psychoéducateurs et autres intervenants
en santé mentale de l'arrêté ministériel, parce que nous, on les veut... S'ils
viennent dans le réseau public nous donner un coup demain, il faut que ce soit
pour la santé mentale. Ça, c'est primordial.
• (11 h 30) •
Puis, encore une fois, je pense que le
message d'aujourd'hui que je veux passer, ce qu'on veut, c'est modifier la
façon dont les soins en santé mentale sont offerts. Puis je vais vous donner un
autre exemple de cette modification que l'on veut amener, puis le député de D'Arcy-McGee
va être heureux, parce que c'est un modèle que le Parti libéral avait commencé
à implanter, les aires ouvertes. Ça, c'est un modèle pour les ados de 12 à 25
ans. Une des grandes problématiques, <M. le Président...
>
11 h 30 (version révisée)
<17893
M.
Carmant : ...Puis je vais vous donner un autre exemple de cette
modification que l'on veut amener, puis le député de D'Arcy-McGee va être
heureux, parce que c'est un modèle que le Parti libéral avait commencé à
implanter, les aires ouvertes. Ça, c'est un modèle pour les ados de 12 à 25 ans.
Une des grandes problématiques, >M. le Président, c'était qu'à l'âge de
18 ans, souvent, il y avait une interruption dans les services pour les
gens en santé mentale. Parce que, quand on a une problématique adolescent,
souvent, elle ne disparaît pas quand on devient... à l'âge de 18 ans, et
on a besoin d'un suivi plus prolongé de cette clientèle-là. Donc, quand on est
arrivés, il y avait un projet pilote en cours dans trois régions pour une
période de trois ans, et c'est des projets conçus par les jeunes, pour les
jeunes. Donc, c'est eux qui choisissent le lieu, c'est eux qui choisissent
l'approche qui est faite. Il y a des pairs aidants, qui sont des jeunes de 12 à
25 ans, qui accompagnent d'autres jeunes qui ont des problèmes de détresse
psychologique ou de santé mentale, santé sexuelle, également, qui sont souvent
abordés par nos jeunes.
Puis ça, ça a été vraiment un modèle coup
de coeur, et on a accéléré le déploiement de ces aires ouvertes là. D'emblée,
dès la première année, on a rajouté quatre autres sites. On a fermé l'aspect
pilote et on veut l'implanter à travers la province. Donc, il y en avait un au
nord de Montréal, il y en avait un à Sept-Îles et il y en avait un troisième...
en tout cas, j'oublie, ça va me revenir, mais on a ajouté quatre autres projets
pilotes... trois, quatre autres projets qui devraient ouvrir sous peu en Montérégie,
en Gaspésie... bon... Attendez-moi, là, je m'excuse, un blanc de mémoire. Mais,
en tout cas, on a ajouté quatre autres projets, d'emblée, pour le déployer, et
on a envoyé des ressources pour que ce soit national, pour nationaliser le
projet des aires ouvertes, parce que c'est exactement ce que les jeunes
demandent et ce qu'on veut leur offrir.
Sur place, quand ils se présentent aux
heures d'ouverture, ils trouvent des psychologues qui sont présents sur place,
ils trouvent des intervenants psychosociaux qui sont présents sur place. Et le
fameux syndrome de la porte close disparaît. Donc, dès qu'ils arrivent, dès
qu'ils ont besoin, ils trouvent de l'aide. Puis c'est vraiment le modèle qu'on
veut mettre sur pied pour les jeunes adultes et pour les plus vieux.
D'ailleurs, j'aime beaucoup le point que
vous avez mentionné, c'est un petit peu le point que Mme Généreux
mentionne, d'envoyer des équipes sur le terrain. Parmi les équipes
d'Info-Social qu'on a déployées avec l'investissement au début de la pandémie,
une équipe, vraiment, ressort du lot, c'est celle de Mauricie—Centre-du-Québec,
puis il y a eu beaucoup d'articles sur cette équipe-là, qui vont justement sur
le terrain, interagissent avec les communautés, que ce soient les personnes
vulnérables dans les parcs, qui vont dans les différents centres pour
rencontrer les...
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci, <M. le ministre, je dois céder la
parole...
M. Carmant : ...ressort du
lot, c'est celle de Mauricie—Centre-du-Québec, puis il y a eu beaucoup
d'articles sur cette équipe-là, qui vont justement sur le terrain,
interagissent avec les communautés, que ce soient les personnes vulnérables
dans les parcs, qui vont dans les différents centres pour rencontrer les...
Le Président (M. Provençal)
:
Merci. Merci, >M. le ministre, je dois céder
la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : J'aurais laissé
continuer M. le ministre, mais malheureusement je ne peux pas vous céder mon
droit de parole. Merci, M. le Président.
Il y a beaucoup de choses qu'on a dites, quand
même, depuis le début de l'interpellation, et je pense que ce qu'on peut
retenir, c'est que la santé mentale ne dépend pas seulement... les enjeux de
santé mentale ne dépendent pas seulement du ministère de la Santé et des
Services sociaux, c'est interministériel, tout comme la jeunesse, ce n'est pas
seulement l'affaire du premier ministre, ce n'est pas seulement l'affaire du
ministre à la Santé ou le ministre de l'Éducation, ça concerne éventuellement
la Santé publique, l'Environnement, la Culture, parce que l'enjeu de santé
mentale, il déborde les salles de classe, il déborde le réseau de la santé. Et
je pense à des professionnels, entre autres, la Sûreté du Québec, qui sont très
présents sur notre territoire, et qui ont à intervenir souvent dans des situations
de santé mentale, et qui travaillent avec le CLSC de l'endroit puis avec les
différents intervenants du réseau de la santé. Et on ne réussira jamais à
avancer dans la lutte... je dis la lutte à la santé mentale... peut-être pas le
meilleur mot, mais la lutte à ces problèmes-là si on n'a pas de travail qui se
fait en amont mais aussi de travail de collaboration avec les forces de l'ordre
et également, les différents professionnels du réseau de la santé qui
travaillent ensemble.
Et j'inclus le réseau de l'éducation,
également. Ma collègue de Roberval, qui est issue du milieu communautaire puis
qui a travaillé, j'allais dire toute sa vie ou presque, dans le réseau
communautaire le sait très bien : quand un organisme communautaire appelle
la Sûreté du Québec parce qu'il y a une urgence, parce qu'il y a un état de
crise, il doit y avoir quelqu'un au bout de la ligne qui répond. Alors, le
mandat que nous avons, qui n'a pas été fait dans les dernières années, c'est
aussi celui de l'interministériel et de travailler ensemble.
Évidemment, on parlait des projets en
prévention, en postdépendance, en milieu scolaire, c'en est un où on fait appel
à l'interministériel. 17,6 millions pour les organismes communautaires,
3 millions pour les ressources communautaires ou privées offrant de
l'hébergement en dépendance, ça fait aussi partie des outils pour pouvoir se
sortir des problèmes de santé mentale. J'ai été sur le conseil
d'administration, M. le Président, vous connaissez bien La Croisée des chemins,
à Saint-Georges, qui est un organisme qui existe depuis plusieurs années, qui
vise justement à remettre, entre autres, les gens atteints de toxicomanie ou
d'alcool sur le droit chemin. Je salue Maryo Larouche, qui fait un travail
exceptionnel depuis des années. 240 000 $ pour le programme spécial
pour soutenir les personnes endeuillées, parce que, et mes collègues en
parlaient tout à l'heure, par moment, il y a un choc dans notre vie qui fait en
sorte qu'on développe un problème de santé mentale et auquel on ne s'y
attendait pas. Alors, c'est important également de prendre en compte tous les
gens qui sont autour des personnes endeuillées. J'ajouterais 2,5 millions
pour les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale
aussi, parce qu'on a eu des drames épouvantables au Québec au cours des
derniers mois et des dernières années qui <touchaient...
M. Poulin : ...
c'est
important également de prendre en compte tous les gens qui sont autour des
personnes endeuillées. J'ajouterais 2,5 millions pour les maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale aussi, parce qu'on a
eu des drames épouvantables au Québec au cours des derniers mois et des
dernières années qui >touchaient la violence conjugale et le rôle que
jouent ces maisons d'hébergement là auprès des femmes du Québec, et, encore une
fois, en collaboration avec la Sûreté du Québec, parce qu'on sait qu'ils sont
des alliés dans l'objectif des mandats des maisons de femmes victimes de
violence conjugale, alors, l'interministériel, ce 2,5 millions là est
important.
Et un sujet qui me tient énormément à
coeur, et je sais, vous aussi, M. le Président, c'est le dossier des banques
alimentaires du Québec où, encore une fois, notre collègue, le ministre, a
annoncé 2 millions de dollars pour les banques alimentaires. C'est bien
vous, hein, M. le ministre? Oui. O.K., c'était juste pour être certain, parce
que... pour vous démontrer à quel point le dossier alimentaire mais le dossier
de la santé mentale est important chez les jeunes, chez les jeunes mais chez
notre gouvernement en général. Et quand on a une famille qui vit des moments
difficiles et qui n'est pas capable de s'alimenter, M. le Président, c'est
la base, on ne pourra pas régler nos problèmes de santé mentale, on ne pourra
pas avoir accès à un psychologue et être prêt à accueillir ce que les
professionnels ont à nous dire si on n'est pas en mesure d'avoir de la
nourriture sur la table pour nourrir notre famille. Et le réseau des banques
alimentaires, qui est dans toutes les régions du Québec, qui supporte également
d'autres organismes, des Saint-Vincent-de-Paul ou autres, qui permet d'avoir de
la nourriture sur la table, et, pendant la pandémie, on sait que les demandes
ont été plus élevées au niveau des banques alimentaires, surtout à cause de la
situation économique, bien, je peux vous dire une chose, M. le Président, le
gouvernement demeure à l'écoute de la suite des choses au niveau des banques
alimentaires. Vous comprenez qu'actuellement l'économie n'est pas la même que
lors de la première vague. Les fermetures ne sont pas les mêmes, mais on reste
attentif aux besoins qui se retrouvent dans toutes les régions du Québec. Puis
je veux saluer les banques alimentaires parce que ce sont des bénévoles qui
sont à l'écoute également des familles et qui peuvent détecter des problèmes de
santé mentale à l'intérieur même des familles.
Et je sais que le ministre a également
énormément à coeur le dossier de la DPJ, des centres jeunesse. Là aussi il y a
un travail à faire afin d'accompagner nos jeunes qui ont des problèmes de santé
mentale. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le député de D'Arcy-McGee, deux
minutes.
M. Birnbaum : Oui. Merci.
Bon, les contraintes frustrantes de nos règles parlementaires, je n'ai que deux
minutes. Je veux bien vite saluer le constat très clair du ministre responsable
sur le délestage, là, une garantie que les gens en place vont rester en place.
C'est important et apprécié.
Je me permets d'utiliser le peu de temps
pour reposer quelques questions sur les listes parce que ça continue à me
troubler. Je cite le ministre délégué. En Chambre, premièrement, ce qu'on a
annoncé ce matin, c'est basé sur les listes d'attente, il y a des données
claires qui montrent qu'au niveau de la population adulte les listes d'attente
en santé mentale sont en train de diminuer malgré l'augmentation de la demande,
ont diminué de 50 % depuis la dernière année, 20 % depuis le début de
la pandémie.
Je veux comprendre comment on aurait pu
venir à ce constat pour trois raisons. Dans un premier temps, la Vérificatrice
générale, dans son <rapport, a noté...
M. Birnbaum : ...
diminuer
malgré l'augmentation de la demande, ont diminué de 50 % depuis la
dernière année, 20 % depuis le début de la pandémie.
• (11 h 40) •
Je veux comprendre comment on aurait pu
venir à ce constat pour trois raisons. Dans un premier temps, la Vérificatrice
générale, dans son >rapport, a noté qu'il n'existe actuellement aucun
système d'information permettant d'avoir une vue complète de tous les services
de santé mentale reçus par un même patient, et donc de suivre son cheminement.
Deuxièmement, il n'y a pas une liste qui a été dévoilée sur le statut des
chiffres en 2019. Alors, ces comparaisons se font comment? Troisièmement,
d'être enlevé de la liste signifie quoi? Est-ce que c'est aussitôt qu'on aurait
fait appel à 8-1-1 ou à Tel-Jeunes? Est-ce que c'est une fois qu'on est
soulagé? Est-ce que c'est une fois qu'on aurait consulté tout simplement un
site Web? Est-ce que c'est une indication qu'on a eu de l'aide sérieuse et
compréhensive? Comment se confectionnent ces listes? Et comment le ministre est
capable de faire son constat qu'ils sont réduits par 50 % dans le contexte
actuel?
Conclusions
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre, votre conclusion, 10 minutes.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : D'accord. Dernier
droit de parole? C'est vrai? O.K. Bien, écoutez, je vais commencer par répondre
aux questions du député de D'Arcy-McGee. Effectivement, quand on a demandé...
quand on a ajouté le 20 millions au budget de 2019‑2020, on s'est rendu
compte qu'il n'y avait pas de liste d'attente centralisée en santé mentale. Les
listes d'attente étaient dispersées à travers les différents guichets d'accès
en santé mentale. Donc, on a dû centraliser toute l'information au niveau du
ministère pour obtenir une liste d'attente centralisée et fiable. Donc, on
reçoit cette liste d'attente depuis un an de façon mensuelle, et c'est ainsi
que ça nous permet de suivre, sur une base mensuelle, l'impact de nos
interventions sur les problèmes de santé mentale. D'ailleurs, c'est à se
demander comment on faisait pour les suivre auparavant.
Maintenant, comment les gens sont retirés
de la liste d'attente? C'est effectivement quand leur dossier est pris en
charge. Puis, en fait, le député de D'Arcy-McGee soulève un bon point, est-ce
que toutes ces interventions entraînent une résolution de la problématique, et
je ne peux pas le garantir. Je vais être très transparent là-dessus.
D'ailleurs, la chose que j'ai demandée à plusieurs CISSS et CIUSSS, c'est de
fusionner deux directions, qui sont celle de la santé mentale avec celle des
services sociaux généraux. Parce que la porte d'entrée est souvent via les
services sociaux généraux, et on a besoin de savoir quel pourcentage sont <résolus...
M. Carmant : ...
fusionner
deux directions, qui sont celle de la santé mentale avec celle des services
sociaux généraux. Parce que la porte d'entrée est souvent via les services
sociaux généraux, et on a besoin de savoir quel pourcentage sont >résolus
à ce moment-là ou quel pourcentage ont besoin d'un suivi en santé mentale. Malheureusement,
actuellement, les données sur une base informatique sont très difficiles et j'ai
demandé à notre direction générale des TI de pouvoir nous permettre de faire ce
suivi-là pour qu'on sache effectivement si on résout le problème à la première
étape ou si on doit aller plus loin. Évidemment, c'est dans cette deuxième
étape-là qu'il y a des délais d'attente au guichet d'accès en santé mentale
dont tout le monde parle depuis ce matin. Je pense que ça répond à vos
questions.
Deuxième point que je voulais faire, je
voulais m'excuser, là, de l'oubli tantôt. Donc, le troisième site des aires
ouvertes qui est disponible, c'est celui de Laval, qui a été le premier, qui
fonctionne très bien, et ceux qui sont en train de venir, il y en a un qui va
être au Saguenay, à Jonquière, et puis un en Estrie également, en plus de la
Gaspésie et de la Montérégie, mais, comme je vous dis, c'est un concept qu'on
veut étendre dans toutes les régions.
Donc, pour conclure, ce que j'aimerais
vous dire, c'est que le problème de la santé mentale, c'est un problème qui
nous préoccupe depuis le tout début de notre mandat. C'est un problème qu'on
veut... pour lequel on veut une approche vraiment non partisane, parce que tout
le monde est affecté par ce problème dans chacun de nos comtés. Tout le monde
veut des solutions qui sont durables et robustes pour tous les Québécois,
quelle que soit leur localisation, quel que soit leur statut.
Peut-être un... (Interruption)...
excusez-moi, peut-être un groupe dont on n'a pas parlé ce matin, c'est nos plus
vulnérables, les personnes en situation d'itinérance. Moi, j'ai deux dossiers
qui... trois dossiers, en fait, qui sont un peu interconnectés par la santé
mentale : la protection de la jeunesse, l'itinérance et la santé mentale.
Puis il ne faut pas voir ces dossiers de façon séparée, parce que chaque
intervention consolide l'autre, et le plus bel exemple, je pense, c'est nos
efforts qu'on a annoncés hier pour trouver des refuges pour les personnes en
itinérance, mais, à plus long terme, ce qu'on veut, c'est vraiment de trouver
des logements supervisés pour la proportion qui sont en état d'itinérance, mais
qui ont également un problème de santé mentale. Je travaille très fort avec ma
collègue à l'Habitation pour trouver des logements abordables, trouver des
logements sociaux pour ces gens en situation d'itinérance et pour leur
permettre, avec une supervision minime souvent, de pouvoir contribuer de façon optimale
à notre société.
Une autre chose qui est importante aussi
pour ces personnes itinérantes, c'est le syndrome des portes tournantes en
santé mentale, une autre chose dont on n'a pas parlé beaucoup aussi. Puis on le
voit tout le <temps dans...
M. Carmant : ...
de pouvoir
contribuer de façon optimale à notre société.
Une autre chose qui est importante
aussi pour ces personnes itinérantes, c'est le syndrome des portes tournantes
en santé mentale, une autre chose dont on n'a pas parlé beaucoup aussi. Puis on
le voit tout le >temps dans nos journaux, là, trop souvent,
malheureusement, des gens qui ont consulté, par exemple, à l'urgence, et qui
sont retournés chez eux, et qui n'ont pas de services ou n'ont pas rapidement
les services par la suite. Donc, ça aussi, c'est quelque chose qu'on veut
collaborer entre le réseau de la santé et les organismes communautaires pour
s'assurer que ces portes tournantes là disparaissent, que quand quelqu'un
consulte pour un problème de santé mentale, qu'il soit pris en charge rapidement,
dès sa sortie de nos salles d'urgence. Donc, ça également, ça va demander une
réflexion et un partenariat qui est important, un travail interdisciplinaire, qui
est le mot clé de ce matin pour moi, qui va être important.
Un autre aspect également, au niveau de
l'itinérance puis des portes tournantes, c'est la collaboration que l'on
commence à voir s'établir et que j'aime beaucoup dans le réseau des CISSS et
des CIUSSS entre la sécurité publique et nos intervenants psychosociaux. Je
pense que les patrouilles mixtes qui s'étendent, là, qui ont commencé à
Montréal, qui sont dans mon comté à Taillon, à Longueuil en général, et qu'on
voit dans de plus en plus de régions, c'est un autre bel exemple de
collaboration qui peut nous aider à résoudre des problèmes. Le chef de police
de la ville de Longueuil m'expliquait que 70 % des appels qu'il recevait
étaient pour des problèmes de santé mentale, que souvent ses officiers sont mal
équipés pour répondre à ces situations-là. Donc, plaçons nos intervenants au bon
endroit, en compagnie de ces patrouilleurs de la sécurité publique, et eux
pourront intervenir au bon moment et s'assurer qu'au niveau des portes
tournantes on puisse prendre en charge le patient pour le besoin qu'il ressent,
qui n'en est pas nécessairement un de sécurité publique, mais plutôt de santé
mentale.
Donc, pour conclure, moi, je reviendrais
sur l'interdisciplinarité. Donc, ce qu'on veut, à long terme puis à court terme
également, c'est d'établir ce programme qui va permettre de donner des soins
par étape, qui va permettre de renverser la tendance qui veut qu'actuellement
70 % des gens soient vus par des psychologues ou des psychiatres, alors
qu'on est en pénurie des deux, du moins dans le réseau public, parce que
j'avoue qu'il y a suffisamment de psychologues au Québec en général. Et, pour
ce faire, on va vraiment prioriser les autosoins en premier, que ce soit par
des applications... et vous allez voir qu'on veut travailler sur un site Web du
ministère qui va mettre en évidence ce type d'application, qui va mettre en
évidence les <endroits...
M. Carmant : ...
prioriser
les autosoins en premier, que ce soit par des applications... et vous allez
voir qu'on veut travailler sur un site Web du ministère qui va mettre en
évidence ce type d'application, qui va mettre en évidence les >endroits
où on peut aller chercher les soins de façon adéquate au niveau du CLSC ou de
différents... ou d'autres institutions, qui va mettre en évidence tous les
liens que l'on peut faire pour avoir des services en santé mentale.
La deuxième étape, les thérapies
individuelles. On a parlé beaucoup des psychologues pour la psychothérapie,
mais il y a d'autres professionnels de la santé qui peuvent donner de la
psychothérapie. Mais, avant ça, il y a d'autres professionnels qui peuvent
donner des soins individuels ou des soins de groupe, et beaucoup de données
probantes montrent que la situation peut se stabiliser, s'améliorer et même
arrêter de façon terminale à ce niveau-là. Puis ce que ça va nous permettre de
faire pour la problématique que l'on veut discuter aujourd'hui, vraiment, ça va
nous permettre de donner vraiment les soins appropriés, la psychothérapie aux
individus qui en ont le plus besoin et le plus rapidement possible, et là on
pourra pleinement mettre en valeur le service de nos psychologues au Québec, de
qui je reconnais tout à fait la compétence. Et d'ailleurs, lors de notre
conversation avec Mme Grou, Mme Grou me disait : Oui, mais les
psychologues peuvent aider au niveau de l'infosocial, les psychologues peuvent
aider avec la psychothérapie en première ligne. Oui, je le comprends, elles ont
toutes les compétences pour le faire, mais on veut vraiment s'en servir là où
elles vont être le plus utiles au réseau de la santé, c'est-à-dire à cette
étape de psychothérapie. Puis on pense que c'est de cette façon-là qu'on va
pouvoir diminuer la consommation de médicaments, d'anxiolytiques ou autres par
les Québécois. C'est un problème important. Mais je comprends nos médecins de
famille qui, souvent, face aux délais, préfèrent prescrire des médicaments.
Donc, pour nous, la clé, encore une fois, et
je terminerai là-dessus, c'est le bon soin au bon moment par le bon
professionnel, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. La dernière intervention
appartient maintenant à M. le député de D'Arcy-McGee, pour 10 minutes.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président, et merci, M. le ministre responsable. Je n'ai aucun doute sur la
sincérité ni le sérieux de vos réponses, et c'est apprécié. Vous allez
comprendre que je ne reste quand même pas tout à fait satisfait des réponses.
Dans un premier temps, je veux qu'on
s'entende sur une évidence, c'est-à-dire que c'est une crise devant nous. C'est
important, les mots sont importants, et il y a des choses qui en découlent,
c'est-à-dire des dépenses importantes de l'État. Il y en a... Je faisais partie
d'un gouvernement. Il y a des demandes sans <fin...
M. Birnbaum : ...
crise
devant nous. C'est important, les mots sont importants, et il y a des choses
qui en découlent, c'est-à-dire des dépenses importantes de l'État. Il y en a...
Je faisais partie d'un gouvernement. Il y a des demandes sans >fin et
des limites sur les ressources de l'État. Mais, quand on appelle une chose par
son nom, une crise, il y a des choses qui en découlent et des gestes importants
et à la taille de cette crise-là.
Des éléments de cette crise qui ont besoin
de réponses? Des délais raisonnables, et j'ai toujours quelques questions là-dessus.
Une offre de réponse à la taille de l'ampleur de la crise. Une offre de réponse
avec des détails sur la disponibilité des ressources appropriées en région,
pour les agriculteurs, les entrepreneurs, pour les aînés, oui, pour les jeunes,
dont on a un geste structurant et sérieux de la CAQ cette semaine, pour les
femmes, pour ne pas mentionner les cibles qui ont été identifiées cette semaine
comme plus à risque, c'est-à-dire des Québécois de langue anglaise, des nouveaux
arrivants, des femmes, des communautés autochtones, pour en parler, de
quelques-uns, les travailleurs et travailleuses de première ligne, et tout
ainsi.
Nous sommes devant une annonce cette
semaine, comme d'autres annonces qui ont été faites à la semaine, de
25 millions de dollars pour les jeunes — à juste titre, les
jeunes sont en crise, il y a toutes sortes de données à l'appui. Mais cette
annonce-là les adresse et n'adresse pas les autres populations. Les autres
dépenses qui s'ajoutent se chiffrent, en quelque part, à peut-être
125 millions de dollars, les dépenses annoncées par la CAQ. Intéressantes
et importantes, mais, une autre fois, je ne sais pas si c'est à la taille du
problème, et on va en parler dans les quelques minutes qui restent. Ce que nous
proposons, pas une panacée, mais une solution majeure qui, même dans son
implantation, donnerait le signal aux Québécoises et Québécois que nous les
avons compris quand ils parlent de leur détresse, exprimée de toutes sortes de
façons.
L'autre dépense du gouvernement, bon,
quelque 31 millions suite au programme pour les troubles de santé mentale.
Et, à plusieurs reprises, le ministre parle d'un virage pour assurer une
approche multidisciplinaire. D'accord, d'accord, dans une crise, il faut que
tout le monde soit mis à l'oeuvre et que les gens avec une capacité soient
invités de l'exploiter. Nous... Je ne suis pas... Comme j'ai dit, je ne suis
pas le <porte-étendard des psychologues...
M. Birnbaum : ...
d'accord,
dans une crise, il faut que tout le monde soit mis à l'oeuvre et que les gens
avec une capacité soient invités de l'exploiter. Nous... Je ne suis pas...
Comme j'ai dit, je ne suis pas le >porte-étendard des psychologues,
mais, si les problèmes sont majeurs, il faut que l'expertise soit majeure, et
disponible, et au rendez-vous, et souvent, souvent c'est des psychologues.
En ce qui a trait à la...
multidisciplinarité de l'affaire — vous me comprenez, je n'ai toujours
pas eu le mot — un psychologue qui serait invité à diagnostiquer, selon
notre proposition, pas juste un médecin avec tous les délais, là. Un
psychologue a la capacité de décortiquer le problème. Je crois que le ministre
responsable va en convenir avec moi, si on constate que la personne à l'autre
bout du téléphone ou, suite à une consultation, a les deux pieds sur terre, a
des ressources autour de lui ou elle, est capable de se débrouiller avec des
ressources, oui, multidisciplinaires et d'une haute qualité, tout de suite,
qu'on le fasse, tout de suite, qu'on le fasse, mais que, comme je dis, une
solution globale soit à la taille des grandes difficultés devant nous.
Et je tiens à noter qu'actuellement, en ce
qui a trait à la psychothérapie, qui est indiquée quand on parle de la
dépression majeure qui se manifeste partout, qui est indiquée quand on parle de
l'augmentation de la toxicomanie, qui est indiquée quand on parle des femmes
violentées qui sont devant des crises qui s'amplifient dans la pandémie
actuelle, il faut que cette réponse sérieuse soit à une seule vitesse. Tous les
groupes que je viens d'énumérer, il y en a une petite portion qui ont la chance
d'avoir de l'assurance, de chercher de l'aide au privé, mais là on parle actuellement
d'un système, dans ce cas-ci, qui est à deux vitesses.
La crise n'est pas moins amplifiée pour
les gens qui ont des... certains moyens. Le besoin d'aide n'est pas plus
amplifié parce que, oui, on a accès aux services privés. Il faut que ça soit à
une seule vitesse, et, pour le faire, le ministre y a fait quelques allusions, il
y a du travail à faire pour rapatrier les professionnels aptes au secteur
public. En bonne foi, ils sont... ils vont être au rendez-vous si les
conditions de l'exercice sont améliorées, et les lacunes là-dessus sont
présentes depuis longtemps.
We've had an important exchange, and I respect and accept
the seriousness and the sincerity of the answers the Minister responsible has
offered, but we're before a <crisis, and the Minister was not…
M. Birnbaum :
...sont présentes depuis
longtemps
.
We've had an
important
exchange, and I respect and
accept the seriousness and the sincerity of the answers the Minister
responsible has offered, but we're before a >crisis,
and the Minister was not quite prepared to call it that, a mental health
crisis. And that requires, M. le Président, clear and long standing and permanent solutions. We've put one
forward, which is for universal access to psychotherapy. Yes, it's expensive.
It would cost an estimated $300 million a year. All of the measures put
together — and they're
being kind of piecemeal in our estimation — from the CAQ are about 125 million. This is a crisis. Our
independent workers, our small businesses, women under stress and facing
conjugal violence, seniors, young people, there are deep, deep needs and deep
indications of widespread depression, and anxiety, and other mental illnesses.
And the response has to be at the level of that crisis.
Notre deuxième
demande très concrète, on répond présent. On n'avait pas besoin du premier
ministre pour nous inviter de le faire, mais on répond présent avec des propositions
concrètes, concrètes dans ce dossier ainsi que dans les autres.
L'autre proposition concrète, et je tiens
à le souligner en concluant, c'était pour une enquête en commission, un mandat
d'initiative appuyé par les formations de l'opposition et, à juste titre,
appuyé par les ordres des psychologues, des pédiatres, des travailleurs
sociaux, par tout le monde afin que, devant cette crise qui risque d'être
présente pour longtemps, on évoque l'expertise, dans un premier temps, je me
permets de le dire, les parlementaires, les psychologues, les chercheurs, les
usagers dans une discussion transparente et structurante, pas à fins partisanes,
pour équiper comme il faut le ministre responsable et son équipe avec la
meilleure des pratiques, avec les données probantes, avec les outils pour avoir
une évaluation, un diagnostic étendu à chaque reprise, et de le faire en toute
transparence, parce que c'est nécessaire pour avancer et faire avancer le
dossier.
• (12 heures) •
Écoutez, M. le Président, je me permets
l'arrogance, au nom de mes collègues des formations de l'opposition, de dire
que, peut-être à ce côté de la Chambre, nos interventions, depuis un mois et
demi, ont renforcé et vont renforcer la main du ministre responsable lors de
ces discussions avec le premier ministre du Québec, lors de ses interventions
au Conseil des ministres pour que les réponses à cette crise, et je suis
confiant que le ministre est <capable...
>
12 h (version révisée)
<15371
M.
Birnbaum : …depuis un mois et demi, ont renforcé et vont renforcer la
main du ministre responsable lors de ces discussions avec le premier ministre
du Québec, lors de ses interventions au Conseil des ministres pour que les
réponses à cette crise, et je suis confiant que le ministre est >capable,
pour que les réponses à cette crise soient à la taille des attentes des
Québécoises et des Québécois qui nous écoutent. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Merci à tous.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance.
Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Je
vous souhaite un bon retour en circonscription puis un bon week-end. Merci de
votre collaboration et de votre contribution.
(Fin de la séance à 12 h 01)