Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Monday, June 3, 2019
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Vol. 45 N° 18
Clause-by-clause consideration of Bill 2, An Act to tighten the regulation of cannabis
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Benjamin, Frantz
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Carmant, Lionel
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Gaudreault, Sylvain
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Provençal, Luc
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Rousselle, Jean
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Weil, Kathleen
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Carmant, Lionel
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Fortin, André
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Provençal, Luc
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Benjamin, Frantz
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Carmant, Lionel
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Gaudreault, Sylvain
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Rousselle, Jean
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Weil, Kathleen
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Lemieux, Louis
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Fortin, André
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Blais, Suzanne
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Picard, Marilyne
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Lecours, Isabelle
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Guillemette, Nancy
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Tremblay, François
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Carmant, Lionel
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Weil, Kathleen
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Rousselle, Jean
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Gaudreault, Sylvain
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Rousselle, Jean
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Provençal, Luc
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Benjamin, Frantz
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Carmant, Lionel
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15 h 30 (version révisée)
(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 2, Loi resserrant
l'encadrement du cannabis.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Alors, M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par
M. Lemieux (Saint-Jean); M. Thouin (Rousseau) est remplacé par
Mme Blais (Abitibi-Ouest); M. Ciccone (Marquette) est remplacé par
M. Rousselle (Vimont); Mme David (Marguerite-Bourgeoys) est remplacée
par Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce); M. Zanetti (Jean-Lesage) est
remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Lors de l'ajournement
de nos travaux, le 31 mai dernier, le débat portait sur un amendement proposé à
l'article 1 par le député de Pontiac. M. le député, compte tenu qu'on a quand
même de nouvelles personnes, j'apprécierais que vous preniez le temps de relire
votre amendement et, par la suite, si vous avez des interventions, que vous les
fassiez.
M. Fortin :
Si c'est votre souhait, M. le Président, ce sera un plaisir de m'exécuter. Je
salue tout le monde. Bonjour, M. le ministre, chers collègues. Je vois des
collègues qu'il me semble ça ne fait pas très longtemps qu'on s'est vu. Mais,
quand même, ça fait plaisir de vous voir.
Effectivement, M. le Président, avant la
fin des travaux, vendredi, j'avais déposé un amendement à l'article 1. Et je le
lis, pour bien répondre à votre demande. Modifier l'article 1 du projet de loi
par l'ajout, après le paragraphe 2°, du paragraphe suivant :
2.1° par l'ajout, après le deuxième alinéa,
du suivant :
«Les dispositions du deuxième alinéa ne
s'appliquent pas aux personnes en situation d'itinérance, toutefois, ils auront
droit à des mesures extrajudiciaires applicables.»
Et la courte, très courte explication, M.
le Président, et je pense que tout le monde l'a compris vendredi dernier, notre
point, c'est : essentiellement, souvent les personnes en itinérance, et là
on parle des personnes entre 18 et 21 ans, là, sont des personnes qui
n'ont pas une vie facile, qui n'ont pas nécessairement les moyens de payer des
amendes comme celle de 100 $ qui est stipulée dans le projet de loi.
Alors, notre demande au ministre, à ce moment-là, c'était : Est-ce que
c'est possible de retirer ces personnes-là, qui effectivement ont une vie
difficile, n'ont pas les moyens de se payer des amendes, souvent ne paient pas
les amendes qu'ils reçoivent dans d'autres circonstances et qui finissent par,
bien malgré eux, ce n'est pas leur souhait principal, mais retarder le
processus judiciaire pour bien d'autres causes.
Alors, voilà, c'était le point principal
qu'on voulait faire. Et c'est un point que le député de Viau, là, à mes côtés,
avait quand même défendu au niveau des populations les plus vulnérables et du
fait qu'ils sont tout de même affectés, selon nous, là, de façon
disproportionnée par le projet de loi qui est à l'étude aujourd'hui. Alors,
effectivement, voilà, c'est un peu ce dont on parlait au moment de la fin des
travaux vendredi.
Pour l'instant, je vous dirais, M. le
Président, je crois que, peut-être, le député de Viau, si je ne m'abuse, a
quelques mots à dire. Mais, pour l'instant, ça va pour moi, M. le Président.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je cède la parole au député de Viau.
M. Benjamin : Merci, merci
beaucoup, M. le Président. <Donc, je salue M. le ministre. Donc, mes
collègues membres de cette commission. Donc, très heureux de vous retrouver...
M. Fortin :
...le député de
Viau, si je ne m'abuse, a quelques mots à dire, mais
pour l'instant, ça va pour moi,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:
Alors, je cède la parole au député de
Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci
beaucoup,
M. le Président. >Donc, je salue M. le ministre, donc, les
collègues membres de cette commission. Donc, très heureux de vous retrouver,
donc, pour ce qui s'annonce être une bonne semaine, donc, autour de cette
consultation à l'étude détaillée, donc très, très importante, je crois, pour le
projet de loi.
Voilà un amendement, M. le Président, je
crois, qui cadre parfaitement, je crois, même, à la vocation du ministère que
le ministre porte, le ministre délégué à la Santé et les Services sociaux. Le ministère
de... ce ministère-là, c'est un ministère qui a à répondre aux besoins des
clientèles vulnérables. Pensons, par exemple, aux enfants qui sont, en vertu de
la Loi sur la protection de la jeunesse… pensons aux personnes handicapées,
pensons aux personnes âgées.
Et, ici, on a, devant nous, un amendement,
un amendement qui vise à répondre à une particularité, à une particularité qui
n'est pas, contrairement à ce qu'on pourrait entendre, contrairement à ce qu'on
pourrait croire, M. le Président, qui n'est pas une particularité montréalaise,
qui est une particularité que nous... c'est une situation que nous vivons, peut-être
dans une échelle beaucoup plus grande dans la région... à Montréal, mais
partout au Québec.
Il y a quelque deux ans, M. le Président,
il y a eu un exercice qui a été fait dans une... près d'une quinzaine de
régions du Québec, c'est un exercice de dénombrement, de dénombrement des
personnes en situation d'itinérance. Et cet exercice-là, c'est un exercice qui
a donné de bons résultats, qui a permis... L'objectif de cet exercice-là,
c'était de comprendre, quand on parle d'itinérants, de qui parle-t-on, de
quelles personnes parle-t-on, au niveau des hommes, au niveau des femmes, au
niveau des jeunes.
Et plusieurs éléments sont sortis. Il y a
des cas classiques d'itinérants qu'on connaît, et donc, c'est-à-dire, c'est des
personnes qui sont... éprouvant... vivant avec la maladie mentale et des
personnes qui vivent des dépendances de drogue, etc., qui se retrouvent, pour
toutes sortes de raisons, itinérants.
Mais il y a aussi... et ce que ce
dénombrement a permis de constater, notamment dans deux régions, donc la région
de Montréal, entre autres, c'est que, de plus en plus, de plus en plus, il y a
un nombre croissant de personnes d'origine immigrante qui se retrouvent dans la
cohorte des personnes dites itinérantes.
On pense qu'il... on a dénombré quelque
6 000... 6 000, de personnes, de cas classiques d'itinérants. Mais,
cependant, il y a des cas d'itinérance qu'on n'a pas réussi à dénombrer. Par
exemple, le cas de certains jeunes qui vivent de maison en maison. Cette
semaine, ils vont coucher... ils vont chez l'ami, un tel, une semaine plus
tard, ils se rendent chez d'autres amis, donc on n'a pas réussi à les
dénombrer.
Ce qui nous intéresse ici, dans... en
lien, c'est particulièrement la situation des jeunes. Quand on parle de jeunes,
c'est... quand on parle des jeunes, l'itinérance des jeunes… et ça, ça a été
démontré, d'ailleurs, dans le portrait, M. le Président, donc... et je me
réfère, d'ailleurs, à des extraits de ce portrait qui est présent sur le site
du ministère de la Santé et des Services sociaux pour en parler… l'itinérance
des jeunes de la rue s'installe tôt dans leur vie, c'est ce qu'on apprend. Leur
présence dans la rue et dans les autres espaces publics est de plus en plus
visible. Les facteurs qui expliquent leur arrivée dans la rue, sont, entre
autres, la violence familiale et sexuelle, la négligence vécue durant l'enfance
ou l'adolescence, les séjours répétitifs dans les services de protection et de
réadaptation pour les jeunes en difficulté d'adaptation ou les familles
d'accueil durant l'enfance, les fugues répétées, les ruptures familiales, par
exemple, la séparation de parents, par exemple, les maladies mentales, la
toxicomanie, le décrochage scolaire. Vous voyez, c'est un peu ça, donc, ces
raisons-là. Des fois, ça peut être une raison que je viens d'évoquer, ça peut
être une addition aussi, des fois, de ce que je viens d'évoquer, qui explique
qu'un jeune se ramasse très tôt comme itinérant.
Alors, une des premières questions que je
poserais à M. le ministre, si vous permettez, M. le Président, c'est que, face
à cette situation particulière, donc, des conditions de vie des jeunes
itinérants, ne croyez-vous pas, M. le ministre, opportun... que nous devrions
mettre en place des balises pour permettre que ces jeunes-là ne se retrouvent
pas, encore une fois de plus, alourdis, leur fardeau de vie alourdi, par un
projet de loi comme celui-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre
M. Carmant : Merci beaucoup,
M. le Président. Effectivement, la situation d'itinérance est un problème
important. Puis, comme vous dites, on estime, à peu près, que 20 % des
itinérants sont des jeunes adultes de moins de <29 ans. Nous, on a
cependant une approche vraiment, encore une fois, différente...
Le Président (M. Provençal)
:
M. le ministre.
M. Carmant :
Merci
beaucoup,
M. le Président.
Effectivement, la
situation
d'itinérance est un problème important, puis, comme vous dites, on estime
à
peu près que 20
% des itinérants sont des jeunes adultes de moins
de >29 ans.
Nous, on a cependant l'approche vraiment,
encore une fois, différente. Nous, ce qu'on veut faire, c'est... Et, comme vous
l'avez su, comme vous l'avez mentionné, la plupart de ces itinérants viennent
de nos centres jeunesse ou ont côtoyé, à un moment donné, nos centres jeunesse,
et c'est pour ça que nous, on essaie de modifier la dynamique au niveau de la
protection de la jeunesse. Moi, j'ai visité plusieurs centres jeunesse, là,
depuis mon introduction, et ce que la plupart des gens me demandent, en fait,
puis c'est un petit peu en lien avec notre loi, c'est que la plupart des gens
demandent de rester au centre jeunesse passé l'âge de 18 ans. Ils veulent
rester jusqu'à l'âge de 21 ans, ou même plus, pour, justement, s'adapter. Tu
sais, quand on parle de jeunes adultes en difficulté, là, ils sont là, ces
jeunes-là, ils sont vraiment là. Et là, pour le moment, la seule façon qu'ils
ont de rester en centre jeunesse passé l'âge de 18 ans, c'est en restant aux
études jusqu'à l'âge de 21 ans. Donc, nous, on aimerait déployer d'autres
façons de les garder en centre jeunesse, parce que l'histoire typique, c'est :
18 ans, kickés dehors du centre jeunesse, se trouvent dans la rue.
Présentement, il y a beaucoup d'emplois disponibles, ils trouvent un emploi,
mais, dès qu'ils le perdent, ils sont vraiment dans la rue.
Maintenant, l'autre partie de votre
question, c'est à propos, bon, de la pénalité. Mais, encore une fois, je le
répète, ça, c'est une des choses que l'on veut voir dans une façon plus globale
avec un travail qui est en cours pour ne pas pénaliser ces jeunes-là et pour ne
pas les judiciariser, et ça, ça va passer dans le projet plus global dont je
vous parlais depuis les deux dernières semaines.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le ministre. Est-ce que je dois comprendre, à partir des éléments de réponse
que M. le ministre vient de donner, qu'il y a une ouverture à exclure,
justement, ces jeunes-là afin qu'ils ne soient pas pénalisés, c'est-à-dire
qu'ils ne reçoivent pas de contravention additionnelle, mais qu'ils vont plus
regarder une autre voie, une autre alternative pour ces jeunes-là, donc les
jeunes itinérants?
M. Carmant : Alors, tout à
fait. Ce que je dis, c'est qu'on ne veut pas les judiciariser, on veut leur
donner une option, qui reste à définir et qui va être possible, et aussi une
option à ceux que... comme vous avez mentionné, qui vont accumuler les
pénalités. Mais ce ne sera pas inclus dans le projet de loi n° 2,
comme ce n'était pas inclus dans le projet de loi n° 157.
Ça va venir à part.
M. Benjamin : D'accord. En
fait, j'entends bien M. le ministre, mais j'aimerais pouvoir mieux comprendre,
surtout lorsqu'on sait, M. le Président, que ces jeunes-là, ce sont des jeunes,
souvent, qui n'ont pas d'emploi, qui ont une condition de vie socioéconomique
très précaire, ce sont des jeunes... Parmi eux, vous et moi, vous conviendrez
qu'il y a sûrement un certain nombre d'entre eux qui fument et... qui ont fumé
ou qui fument, qui fumeront le cannabis. Donc, est-ce que je dois comprendre,
M. le Président, que le ministre est en train de regarder une solution ou, du
moins, voudrait bien nous présenter une solution qui permettrait d'exclure ces
jeunes-là, à faire en sorte qu'on attraperait un jeune, donc, en train de fumer
le cannabis, au lieu de lui donner une contravention à 100 $, donc, ce
serait autre chose qu'on regarderait? Et, si c'est oui, j'aimerais savoir,
cette autre chose, qu'est-ce que c'est précisément. Est-ce qu'il s'agit tout
simplement de le déférer, comme nous l'avions proposé antérieurement... de les
référer vers des services d'éducation et de sensibilisation? Qu'en est-il
précisément?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Alors, M. le
Président, c'est exactement ça, c'est de retrouver une alternative à l'amende,
et la façon dont ils vont être... dont le processus va se faire ne sera pas,
cependant, pas définie dans le projet de loi n° 2. On
veut une approche plus globale, on veut éviter le pièce à pièce.
M. Benjamin : M. le ministre
vient d'évoquer quelque chose qui m'apparaît intéressant. Donc, c'est une idée,
pour moi, nouvelle, l'idée que les jeunes puissent... Vous êtes en train de
travailler sur l'idée que les jeunes, par rapport aux centres jeunesse,
puissent rester jusqu'à 21 ans. Donc, j'aimerais peut-être entendre le ministre
là-dessus. Quel est donc ce projet-là? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Écoutez, la
commission commence son travail. Ça va être une commission non partisane. Je
crois que vous allez être informé aussi rapidement que moi sur le suivi, sur
les options. Il va y avoir un représentant de tous les partis qui vont siéger à
cette commission-là, et, moi, mon rôle, ça va être de faire le suivi de cette
commission.
• (15 h 50) •
M. Benjamin : Actuellement,
qu'en est-il de la situation, par exemple, pour des jeunes qui se retrouvent...
en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui se retrouveraient dans
cette situation-là? Parce que, nous aussi, ce sont les jeunes vulnérables.
Donc, vous comprendrez que toutes les vulnérabilités... Donc, dans le cadre de
cette étude détaillée, nous voulons nous attarder à tous les jeunes Québécois,
mais particulièrement, particulièrement celles et ceux qui vivent dans des
situations de <vulnérabilité, donc pour lesquels nous ne souhaitons
pas...
M. Benjamin : ...vous
comprendrez que toutes les
vulnérabilités, donc,
dans le cadre de
cette étude détaillée, nous voulons nous attarder à tous les jeunes
Québécois,
mais
particulièrement,
particulièrement celles et ceux qui vivent
dans des
situations de >vulnérabilité, donc pour lesquels nous ne
souhaitons pas que cette loi devienne un fardeau additionnel dans leur vie, que
ce soit, par exemple, comme nous l'avions abordé un peu plus tôt, dans le cas, par
exemple, des jeunes adultes qui décident de retourner aux études, qui ont été
des décrocheurs, parce qu'on sait que l'enjeu de la persévérance scolaire, c'est
un enjeu fondamental pour l'ensemble de la société québécoise, que ce soit, par
exemple, aujourd'hui… en fait, dans le cadre de cet amendement-là, ce qui nous
concerne et ce que nous regardons, c'est la situation particulière des jeunes
itinérants. Mais qu'en est-il précisément pour des jeunes qui se retrouvent...
qui sont, en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, au niveau de la
DPJ? Est-ce qu'il y a une avenue que vous regardez pour ces jeunes aussi par
rapport à ce projet de loi là?
M. Carmant : Non, il n'y a
rien qui sera inclus dans le projet de loi n° 2. Cependant, la
non-judiciarisation des causes pénales est à l'étude dans un travail qui est en
cours au niveau du gouvernement actuellement.
M. Benjamin : Vous comprenez
aussi que, comme je l'ai souvent rappelé ici, autour de cette table, M. le
Président, que, lorsque les règlements ou les lois sont muets, donc c'est dans
leur utilisation, c'est dans leur instrumentalisation que ces lois-là ou ces
règlements-là deviennent ou peuvent devenir des fardeaux, donc, dans la
pénalisation et pénalisation qui mène vers la judiciarisation. Donc, si cette
loi-là, si elle est muette dans sa forme, si elle est muette, donc, au niveau
de cette contravention qui va... donc, si la loi dit qu'il faut, donc, tout
jeune contrevenant aura une contravention de 100 $, de 200 $, peu
importe le montant, ça devient, à ce moment-là, un levier de pénalisation.
Donc, moi, j'aimerais savoir précisément quel
est l'outil que le ministre compte utiliser précisément... quel est l'outil que
le ministre compte utiliser pour faire en sorte qu'une loi qui dit quelque
chose de précis, donc, une fois que cette loi-là devrait être appliquée par les
autorités compétentes pour les appliquer… fera en sorte que, puisque la loi dit
quelque chose, donc, moi, je serai... Et, je le répète encore, M. le Président,
et, pour avoir côtoyé plusieurs policiers… et je salue le travail des
policiers, le travail des policiers, c'est un travail complexe, c'est un
travail complexe, être policier, ce n'est pas un travail facile, donc. Et,
d'ailleurs, l'Association des directeurs de police s'est questionnée sur
l'applicabilité. Et donc nous avons comme responsabilité de faire en sorte que,
si nous devons adopter une loi, que cette loi-là puisse être applicable, que
cette loi-là puisse ne pas être une loi contraignante à la fois, dans un
premier temps, ce qui nous intéresse, évidemment, les jeunes, mais aussi pour
celles et ceux qui ont à appliquer cette loi, c'est-à-dire les policiers.
Comment est-ce que... Donc, j'aimerais...
Je vais illustrer, si vous permettez, M. le Président, et le ministre pourra me
dire comment il va y répondre. Moi, je suis un policier, j'attrape un jeune, je
lui donne une contravention, parce que je l'ai attrapé en train de fumer du
cannabis, j'applique la loi et je lui donne une contravention. C'est ce que la
loi me dit de faire. Alors, ce jeune-là, c'est un jeune itinérant ou c'est un
jeune de la DPJ. Comment... qu'est-ce qu'on va faire, à ce moment-là, pour
éviter que ce jeune-là ne se retrouve pas avec ce fardeau de 100 $,
pénalisation, judiciarisation? Donc, comment est-ce qu'on va faire à ce
moment-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, à travers
le projet de loi n° 2, il n'y a rien de plus à dire sur ce sujet-là, mais
nous travaillons sur un document qui va permettre de non judiciariser les
amendes pour les gens en situation vulnérable ou ceux qui ont des... ou même,
en fait, pour ceux qui ont des contraventions en lien avec la consommation du
cannabis.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Benjamin : Alors, ce
document-là, est-ce que c'est un document que le ministre compte nous déposer
prochainement dans le cadre de cette étude détaillée ou, du moins, c'est un...
Quand est-ce que vous prévoyez peut-être nous déposer ce document, M. le
ministre?
M. Carmant : Non, je crois
qu'il est vraiment trop prématuré, c'est des mesures administratives qui sont
en cours et en temps et lieu.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, je ne sais pas si mon collègue... si un de mes collègues
voudrait bien intervenir.
Le Président (M. Provençal)
: Avant, je veux valider si le député
d'Hochelaga-Maisonneuve ou le député de Jonquière... parce que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve ou le député de Jonquière... Alors, M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, M.
le Président. Alors, le député de Pontiac a déposé un amendement faisant en
sorte qu'on n'applique pas le deuxième alinéa de l'article 1 aux personnes en situation
d'itinérance, mais on précise qu'ils vont pouvoir avoir des mesures <extrajudiciaires
qui vont... qui leur seront applicables...
M. Gaudreault : ...alors, le
député de
Pontiac a déposé un
amendement faisant en sorte qu'on
n'applique pas le deuxième alinéa de
l'article 1 aux personnes en
situation
d'itinérance, mais on précise qu'ils vont pouvoir avoir des mesures>
extrajudiciaires qui leur seront applicables. Moi, je suis favorable à cet amendement
qui est proposé par le député de Pontiac.
Mais, en même temps, je vois qu'il y a
comme un... On a un problème, là, avec l'étude de ce projet de loi, parce que,
chaque fois qu'on essaie d'en savoir un petit peu plus de la part du ministre
quant aux mesures extrajudiciaires, aux programmes sociaux, à l'encadrement des
jeunes, notamment entre 18 et 21 ans, qui seraient pris en défaut, là, en
raison du projet de loi discriminatoire du ministre, de consommer du cannabis,
à chaque fois qu'on essaie d'en savoir un petit peu plus pour les mesures
accessoires mais néanmoins extrêmement importantes qui seraient mises en place,
le ministre nous dit que c'est toujours à venir, que ce n'est pas encore assez
avancé, que c'est des travaux préliminaires. Ça fait que ça devient un peu
insultant ou, à tout le moins, on a l'impression de tourner en rond.
Parce que je constate que mes collègues de
l'opposition officielle font des propositions d'amendement pour encadrer les
choses. Le ministre nous dit tout le temps : Ah! je ne peux pas adopter l'amendement
qui est proposé par le député de l'opposition officielle parce qu'on est en
train de travailler là-dessus, puis, vous allez voir, vous serez contents. Bon,
ça fait que, là, on essaie d'en savoir un petit peu plus, en quoi on serait
contents en fonction des travaux dont le ministre parle, mais on ne l'a jamais,
parce que c'est des travaux préliminaires. Ça fait que, là, s'il nous dit que
c'est des travaux préliminaires, je vais vous dire : C'est de nature à
nous inquiéter encore plus. En tout cas, moi, c'est de nature à m'inquiéter
encore plus.
À la limite, s'il disait : Je ne peux
pas adopter les sous-amendements ou les amendements de l'opposition officielle
parce qu'on est en train de travailler là-dessus, mais ça va bien, on est assez
avancés, je vous dépose des documents, vous allez voir comment on avance,
comment on est sérieux dans les mesures extrajudiciaires, ça serait plus
rassurant. Mais là le gouvernement refuse à la fois les amendements que
l'opposition officielle fait, et il refuse, en plus, de nous rendre publique
l'évolution des travaux qu'il fait à cet égard à l'intérieur de son ministère,
derrière des portes closes.
Ça fait que là on est dans une situation
où c'est «lose-lose» pour le côté des partis d'opposition. Et le gouvernement,
à lui seul, détient l'information, et on n'est pas capable d'avancer. Donc,
moi, c'est là que j'en suis.
J'aimerais savoir, de la part du ministre,
qu'il nous donne un petit peu plus... Je sais que c'est un homme de peu de
mots, mais c'est correct, je comprends ça puis je respecte ça. Mais, dans les
mots qu'il nous dit, il pourrait préciser un peu plus sa pensée pour nous
permettre d'avancer. Parce que, moi, tant que je n'ai pas de document plus
explicatif sur les procédures qu'il est en train de mettre en place soi-disant
pour encadrer davantage les jeunes, pour aller vers des mesures extrajudiciaires,
pour soutenir des jeunes qui sont en situation d'itinérance ou qui sont en
situation de pauvreté ou de problèmes de santé mentale, tant qu'il ne nous
donnera pas ça, moi, c'est sûr que je vais être favorable à des amendements ou
des sous-amendements qui vont viser, nous, comme législateurs, à faire le
travail qu'il nous refuse d'un point de vue public. Donc, c'est... Je pense que
c'est comme ça qu'il faut le voir.
L'autre argument, c'est que, s'il nous dit :
Ah! bien, vous allez voir, justement, concernant les jeunes en lien avec la
protection de la jeunesse puis les jeunes en lien avec les centres jeunesse...
Il y a justement une belle commission non parlementaire... non partisane,
pardon, qui va commencer ses travaux, on est favorable à ça, on y participe,
comme les autres formations politiques. Mais, en même temps, c'est un aveu de
sa part que son projet de loi, il va peut-être un peu trop vite, qu'il serait
peut-être mieux de le suspendre, d'attendre que la commission présidée par Mme
Laurent entame ses travaux, commence à élaborer un certain nombre de
recommandations, d'entendre des groupes, puis on y reviendra. Je sais qu'il y a
déjà eu une motion de report qui a été déposée par l'opposition officielle.
Bon, bien, c'est une raison de plus, là, pour laquelle on devrait reporter les
travaux autour du projet de loi n° 2. Parce qu'il
nous l'a dit lui-même tantôt, le ministre, il dit : Il y a une commission
qui va commencer bientôt sur les services à la jeunesse, qui est présidée par
Mme Laurent. O.K. Super. Nous aussi, on y participe. Bien, on va attendre
qu'elle ait avancé un petit peu plus pour faire notre travail ici correctement,
comme parlementaires, au projet de loi n° 2.
• (16 heures) •
Donc, ce que je veux dire, <c'est :
Soit que le ministre, en disant qu'il refuse les amendements...
>
16 h (version révisée)
<1001
M.
Gaudreault : …présidé par Mme LaurentV.
O.K., super. Nous
aussi, on y participe… Bien, on va attendre qu'elle ait avancé un peu plus pour
faire notre travail ici correctement, comme parlementaires au projet de loi
n° 2.
Donc, ce que je veux dire, >c'est :
Soit que le ministre, en disant qu'il refuse les amendements pour encadrer,
parce qu'on est hyper… dans le projet de loi, là, quand l'opposition officielle
amène des propositions, on est hyper dans le projet de loi, là, parce que c'est
resserrer l'encadrement du cannabis. Quand l'opposition officielle ou le député
d'Hochelaga-Maisonneuve — à date, qui a fait des
amendements — arrive avec des mesures d'encadrement, ça peut être de
l'encadrement pour soutenir les jeunes qui sont pris avec des problèmes de
consommation, par exemple. C'en est, de l'encadrement. On est en plein dans le
sujet, sauf que…
Ce que je veux dire, c'est : Soit le
ministre accepte les amendements qui sont faits par l'opposition ou soit qu'il
nous donne un peu plus d'information sur les procédures qu'il dit qu'il est en
train de mettre en place. On ne peut pas constamment juste avoir des non, non,
non à la fois sur les mesures qu'il met en place, parce que c'est de nature à
ne pas nous rassurer, ou soit de refuser les amendements. Alors, moi, c'est
pour ça que je fais appel à un petit peu plus d'ouverture, un petit peu plus de
collaboration pour que le gouvernement rende publique l'évolution de ses
travaux là-dessus. Parce que, moi, au moment où on se parle, je ne suis pas
rassuré, parce que ce que le gouvernement est en train de nous dire, c'est dire :
Bien nous, on va de l'avant, on fonce, on va vous convoquer à temps plein
jusqu'à la fin de la session parlementaire pour adopter ce projet de loi là,
mais moi, ce que je sens depuis le début, là, c'est qu'on est beaucoup dans des
sables mouvants.
On pose beaucoup de questions, le ministre
apprend au fur et à mesure, c'est nous qui avons appris qu'il y avait des
produits sur le site de la SQDC qui étaient identifiés zéro THC, puis avec du
CBD. Il a été obligé d'intervenir par après pour changer le site Web puis les
informations de la SQDC. Ça, c'est juste un exemple que je vous donne, là, mais
ce n'est pas la première fois qu'on arrive avec des propositions sur la
question de l'encadrement des jeunes qui consomment, avec des mesures
extrajudiciaires. Puis à chaque fois, il y a un…
À un moment donné, c'était un comité
interministériel, à un moment donné, c'était un groupe de travail. Là, on est
encore là-dedans. Ça fait que ce n'est pas rassurant comme législateurs. Alors,
voilà. C'est les éléments que je voulais communiquer à ce stade-ci sur à la
fois l'amendement qui est proposé par le député de Pontiac, mais aussi à la
fois sur l'état d'esprit qui nous anime dans cette commission, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Ça va? Est-ce que… M. le député de Vimont.
M. Rousselle : Merci. Je fais
suite à mon collègue de Jonquière et de Viau. Effectivement, c'est une affaire
que je trouve malheureuse ce matin, c'est qu'à un moment donné il y a plusieurs
projets qui fonctionnent ensemble et il y a comme un manque d'orchestration
quelque part à un moment donné. On est tous ici pour le bien-être des jeunes.
Ça, là, je n'ai aucun doute, tout le monde ici, on est tous pour le bien-être
des jeunes et c'est ça qu'on veut. Ça, là, je n'ai aucun, aucun doute.
L'affaire où que je ne comprends pas, mais
vraiment pas, c'est que, là, il y a d'autres commissions qui partent, puis c'est
correct, parce qu'on va régler, justement, des problèmes qui existent puis c'est
ça faut faire. Mais là, en même temps, on amène une proposition pour, justement
resserrer un endroit où on me dit : Faites-vous en pas, il y a quelque
chose qui s'en vient. Moi, par l'expérience que j'ai, avec mes cheveux gris,
là, c'est que fais-toi-z-en pas, il y a quelque chose qui s'en vient,
excusez-moi l'anglicisme, mais ça me met un frein un peu. Je mets un doute, un
doute, parce qu'on est des législateurs. On est ici pour essayer d'avoir la
meilleure loi. C'est là-dessus qu'on travaille. Oui, on peut avoir des opinions
différentes, ça, c'est correct, là. Je veux dire, c'est fait… d'ailleurs, c'est
pour ça qu'on débat et on est au bon endroit pour débattre, justement.
Mais là où je ne comprends pas, c'est que,
là, on amène un amendement qui va resserrer… Vous savez comme moi, les jeunes,
dans la rue, là, qui sont en itinérance — puis là, on parlait des
jeunes de 18, 19, 20 ans — vous savez comme moi, il y a des mineurs,
vous devez le savoir sûrement, qui sont dans la rue, qui viennent de familles
éclatées. Oui, qui viennent de plusieurs endroits au Québec, puis ça peut venir
aussi de résidences, ou ça peut venir… ils habitent d'une maison à l'autre,
puis ils se promènent, puis…
Il y en a d'autres qui sont affectés par
des maladies, maladies mentales, des… et de tout ça, et vous le savez comme
moi, ce n'est pas … Là, actuellement, on parle de cannabis, mais vous savez
comme moi, là, ça va consommer de l'essence, ça va consommer de la colle dans
rue, ça va consommer plein de choses, là, tu sais. On pense que ça va être
juste du cannabis, mais vous le savez comme moi, ce n'est pas <juste ça.
Il y a vraiment de la cochonnerie dans la rue, vous les savez comme moi.
Donc, quand on veut aider ces
jeunes-là, on veut faire quoi? Leur mettre une amende? Bien non, on le sait
tous, qu'ils ne la paieront pas, l'amende, ils n'auront pas l'argent pour cette
amende-là. Puis d'ailleurs, s'ils ont de l'argent, bien
M. Rousselle : ...ce n'est
pas >juste ça. Il y a vraiment de la cochonnerie, dans rue, vous le
savez comme moi.
Donc, quand on veut aider ces jeunes-là,
on veut faire quoi? Leur mettre une amende? Bien non, on le sait tous, qu'ils
ne la paieront pas, l'amende, ils n'auront pas l'argent, cette amende-là. Puis,
d'ailleurs, s'ils ont de l'argent, bien, qu'est-ce qu'ils vont faire? Ils vont aller
en acheter d'autre. C'est ça qui se passe, dans rue, là, écoutez, j'ai fait 30
ans de police, c'est ça qui se passe dans rue. Tu sais, on peut bien faire des
études un peu partout, là, mais, dans la rue, dans le quotidien, c'est ça qui
se passe. Donc, si on veut vraiment travailler pour les jeunes, moi, je pense
qu'à un moment donné il va falloir soit accepter des amendements soit, comme
mon collègue de Jonquière dit, bien, mettre un arrêt pour ce projet de loi là,
dire : Regarde, on va attendre, justement, que l'autre projet... que la commission
qui va être mise en place, justement, qui va faire un travail sûrement
incroyable... on va attendre les résolutions, on va attendre les résultats de
ces études-là. Après ça, on pourrait continuer.
Parce que, là, on fonctionne... Oui, oui, il
y a quelque chose qui s'en vient. Mais, moi, comme législateur, aujourd'hui,
qu'est-ce que je comprends, c'est que les jeunes en itinérance, là, ils vont
avoir des amendes. C'est ça que je comprends et c'est ça qu'on s'en va
là-dessus. Et, tout à l'heure, à un moment donné, on va voter, à un moment
donné, là-dessus, puis on va voter comme quoi que ces jeunes-là vont avoir des
amendes. C'est ça qu'on va faire ici, là. C'est-u ça qu'on veut? Bien non, je
vous le dis, ils n'ont pas l'argent pour payer. Il faut juste être conscients,
réalistes, dans le sens... dire : Bien là, il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas. Soit qu'on attend, qu'on laisse passer, justement, l'autre commission
puis qu'ils vont nous éclairer sur des manières, se rendre à bon port, ou
encore un dit : Regarde, d'une manière ou l'autre, il devrait s'en aller
là-dedans, il n'y aura pas d'amende, on va la passer d'une manière ou l'autre.
Parce que, là, c'est encore pire, là, on va mettre des amendes, puis, après ça,
eux autres, ils vont... Oui, mais peut-être qu'il ne devrait pas y avoir
d'amende, effectivement. Parce que ces jeunes-là, ils ont besoin de l'aide,
vous le savez comme moi, hein, vous êtes médecin, vous le savez, c'est de
l'aide qu'ils ont besoin, pas des amendes.
Donc, je pense, déjà, ici, on est capable
de décider que ces jeunes-là reçoivent de l'aide et qu'ils ne soient pas, justement,
pénalisés par des montants... bien, pénalisés, c'est un grand mot, pénalisés,
parce que, comme je vous dis, ils ne paieront pas. Vous savez comme moi, il y a
des gens qui reçoivent des amendes à répétition puis ils s'organisent d'entrer
en prison dans les périodes de froid, hein? Vous savez ça. Ils vont-u faire ça,
ils vont... tu sais. Ce n'est pas ça qu'ils ont besoin, ils ont vraiment besoin
d'aide. Puis, comme je vous dis, là, on parle, tu sais, de 18 à 21 ans, mais
faites-vous-en pas, là, il y en a, des mineurs, là-dedans, il y en a beaucoup,
de mineurs, là-dedans, là. Moi, je pense qu'on devrait plus travailler sur la
base du problème, et puis d'enlever, tout simplement, les amendes qui... Je
vous le dis, c'est comme... mettez ça puis ne mettez rien, c'est la même
affaire, donc moi, je pense qu'on est mieux de mettre tout de suite une
assistance ou une manière de fonctionner pour les aider, ces jeunes-là. Le
policier dans rue, là, il va faire quoi? C'est vrai qu'il y a la loi puis
l'application, hein, il y a un policier qui va regarder ça... regarde, je vais
donner un ticket, 100 $, tu sais. Mais le policier dans rue, là, lui
aussi, à chaque jour, il est confronté à ça, puis lui, il le sait aussi, que ça
n'a pas d'allure, cette affaire-là. Je suis sûr que... Je ne sais pas s'il y a
des directeurs de police ou des gens de police qui ont venu en parler, sur
l'application, mais je vous le dis, là, ça n'a aucun sens, qu'est-ce qu'on
fait, actuellement.
Ça fait que moi, je pense que soit qu'on
accepte ça, si on veut vraiment aider les jeunes, ou soit qu'on met un arrêt,
comme mon collègue l'a dit, puis on attend, si on veut vraiment aider les
jeunes correctement. Sinon, bien, je ne comprends pas pourquoi qu'on est ici.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vais céder la parole à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Oui. Il y a
un programme, à Montréal, et mon collègue y a fait référence, qui s'appelle le
programme d'accompagnement justice—itinérance, à la cour municipale de
Montréal. C'est un tribunal spécialisé, ancré dans le communautaire, justement,
pour éviter que les gens en situation d'itinérance accumulent des
contraventions qu'ils ne pourront jamais payer. Et, souvent, ces personnes, au
fil des années, choisissaient d'aller en prison pour s'acquitter de cette
dette, finalement, et donc la ville de Montréal a décidé de ne plus les
emprisonner. Mais c'est un programme qui connaît un réel succès, un réel
succès.
• (16 h 10) •
Et on parle d'itinérance, donc, dans cette
population, c'est sûr qu'il y a des jeunes adultes qui pourraient être en
possession ou qui sont en possession d'alcool, souvent, souvent, c'est de
l'alcool, ils ont fait du bruit, bon... de la quiétude pendant la nuit du
voisinage, donc ils sont arrêtés, puis on leur donne des infractions pour
toutes sortes de raisons. Est-ce que ce programme va s'appliquer, donc, à
Montréal, notamment, à des jeunes qui sont en situation d'itinérance qui
possèdent le cannabis, donc ces jeunes adultes? Normalement, ça devrait
s'appliquer, mais j'aimerais avoir la <certitude que ça va s'appliquer,
parce que ce serait quand même une solution, parce que c'est très ancré dans le
communautaire...
Mme Weil
: ...à
des jeunes qui sont en
situation d'itinérance qui possèdent le cannabis,
donc, ces jeunes adultes.
Normalement, ça devrait s'appliquer, mais j'aimerais
avoir la >certitude que ça va s'appliquer, parce que ce serait quand
même une solution, parce que c'est très ancré dans le communautaire. Et je
pense que le ministre devrait regarder attentivement le programme,
premièrement, pour répondre, parce que je pense que c'est la réponse qu'on
cherche, et, par ailleurs, que ça soit un modèle ailleurs au Québec dans des
villes où on peut trouver des sans-abri, des itinérants. Et, souvent, c'est
l'alcool, la drogue ou autre chose... c'est souvent la santé mentale, hein, je
pense que le ministre le sait, à l'origine de tout ça. Mais peut-être que le
ministre pourrait répondre pour voir si, dans les discussions, lorsque vous
parlez de voies alternatives, cette voie-là...
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le
Président, plusieurs de ces initiatives sont effectivement locales, mais celle
dont elle parle, par exemple, c'est une belle approche, parce que ça n'inclut
pas juste le cannabis mais plusieurs autres substances. Puis, je pense, ça va
un petit peu dans la lignée dont on parle, qu'on veut une approche plus
globale, pas juste sur une substance dans un projet de loi. On veut vraiment
quelque chose qui va, le plus possible, tout englober les causes de
judiciarisation que l'on peut éviter.
Mme Weil
: Mais,
pour la transcription, c'est important, parce que toute interprétation... C'est
sûr que, quand on vous pose des questions... M. le Président, quand on pose des
questions au ministre, c'est très utile d'avoir des réponses aussi, parce que,
dans l'interprétation du projet de loi n° 2, si le programme n'existe pas
encore, n'a pas été mis sur pied, mais que l'intention du ministre est
exprimée, ça a une valeur. Évidemment, mieux avoir un programme déjà tout
préparé et adopté... Mais, ici, il y a un programme qui existe, alors ce serait
important de pouvoir confirmer. Je pense... ça passerait peut-être... bien...
vérification avec le ministère de la Justice, car ça viendrait répondre à ces
jeunes personnes qui auraient... qui seraient en possession. Parce qu'on parle
d'itinérance, c'est un programme tout désigné pour l'itinérance à Montréal, et,
comme je le dis, qui a eu... qui a connu un grand succès.
Je pourrais déposer le document. Donc, ce
serait important de le regarder et de nous revenir, parce qu'on parlait de
l'imprécision alors qu'on est dans un domaine de droit qui est nouveau, qui est
nouveau pour nous, parce qu'on touche, premièrement, le cannabis dans un
contexte de légalisation, mais là on vient cibler un groupe d'âge, comme on l'a
dit souvent, qui est assez extraordinaire par rapport à notre droit, surtout
dans la judiciarisation, des préoccupations qu'on a déjà soulevées. Alors,
voilà une solution qui pourrait être intéressante. Bon, c'est Montréal, c'est
quand même la grande ville, mais il y a quand même d'autres villes qui
pourraient bénéficier d'un programme... Alors, on dépose... M. le Président,
avec votre consentement, on pourrait déposer le programme.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Oui, il n'y a pas de problème.
Mme Weil
: Donc,
il faudrait faire une autre copie.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement. On va suspendre deux... pour le dépôt du
document de l'opposition officielle.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
>
(Reprise à 16 h 19)
Le Président (M. Provençal)
:Nous pouvons reprendre.
Document déposé
Alors, j'accepte le dépôt du document, le
programme d'accompagnement justice—itinérance à la cour municipale de Montréal,
PAJIC, un tribunal spécialisé ancré dans le communautaire, qui a été déposé par
le parti de l'opposition officielle.
Oui, excusez, madame...
• (16 h 20) •
Mme Weil
: Bien, hier,
écoutez, je n'ai pas eu le temps de parcourir le tout, mais j'invite vraiment
le ministre à consulter ce document. D'ailleurs, le juge Morton Minc, c'est
celui qui a <vraiment piloté tous ces efforts de
déjudiciarisation, de voies alternatives en justice. Je suis allée visiter en
fait sa cour pour comprendre, c'est beaucoup de gens qui vivent de santé
mentale, et ce qu'il dit, c'est : Le phénomène de la récidive était particulièrement
préoccupant et démontrait deux choses...
Mme Weil
:
...qui a >vraiment piloté tous ces efforts de déjudiciarisation, de voie
alternative en justice. Je suis allée visiter, en fait, sa cour pour comprendre…
beaucoup de gens qui vivent de santé mentale. Et ce qu'il dit, le phénomène de
la récidive était particulièrement préoccupant et il démontrait deux choses. D'une
part, le traitement judiciaire classique et strict avait peu d'impact sur les
accusés et ne jouait pas le rôle escompté au niveau de la dissuasion. D'autre
part, les victimes renouvelaient leurs plaintes et perdaient confiance dans le
système judiciaire, qui avait pour mission de les protéger.
En tout cas, c'est un succès. Le juge a
reçu le Prix de la justice en 2016, je crois, 2016, pour... 2014...
Une voix
: 2014.
Mme Weil
:
...justement, pour tous ses efforts en matière de réhabilitation sociale. Et je
pense que ce sous-amendement est très pertinent pour une frange, évidemment,
une frange importante de la clientèle dont on parle, de ces consommateurs. Et,
si le ministre ne souhaite pas l'adopter, il nous dit... J'abonde, en fait,
dans le sens du député de Jonquière. On essaie d'avoir des réponses, car c'est
important, surtout si la loi est adoptée, important que les gens sachent à quoi
s'en tenir. Nous, comme législateurs, on est dans le flou. On trouve des
éléments intéressants. Mais là c'est très concret. Et donc c'est un document
important. Comme je vous dis, il y a beaucoup de commentaires, mais je pense
que je me réserverais le temps, peut-être, dans le cadre... je vais bien le
lire, mais j'invite le ministre aussi, pour voir quels sont les éléments qui se
collent réellement à la réalité dont on parle aussi, de ces jeunes de 18, 19,
20 ans qui seraient itinérants et qui sont... qui seraient peut-être...
qui consomment. Certains consomment de l'alcool. On donne l'alcool comme... Ça
a été publié en 2017, donc, juste avant la légalisation. Je suis pas mal sûre
que l'équipe est en train déjà de regarder la situation avec la légalisation du
cannabis, c'est certain. Alors, ça serait que l'équipe de Justice, l'équipe de
Santé et Services sociaux puissent se parler pour voir... Évidemment, ici, c'est
vraiment une initiative plus locale de la Cour municipale de Montréal, mais je
pense que ça peut inspirer autant le ministère de la Justice que le ministère
de la Santé et des Services sociaux.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, est-ce que vous avez un commentaire suite
au dépôt de ce document?
M. Carmant : Non. Je vais
prendre le temps de le lire, cependant. Merci.
Mme Weil
: Et,
comme je vous dis, M. le Président, je me réserve le privilège de revenir avec
des éléments, une fois que j'aurai bien lu et analysé à un autre moment.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. À ce moment-ci, je reconnais le député de Pontiac.
M. Fortin :
Bien, je vous remercie de me reconnaître. Mais… (Interruption) …mon Dieu!
J'ai dit, d'entrée de jeu, que
j'appréciais de plus en plus, je pense, le député de Jonquière. Mais le point
qu'il a fait est valide. Et je pense qu'il a mis le doigt sur le bobo jusqu'à
maintenant dans l'étude du projet de loi. C'est effectivement que le projet de
loi va à l'encontre un peu de l'objectif global à long terme, disons, le moyen
ou long terme, là, du gouvernement. On a un gouvernement qui nous dit qu'il
peut faire un peu le contraire de ce qui est dans le projet de loi, ce pour
quoi eux votent en faveur, là, depuis le début de notre commission
parlementaire. Puis, entre-temps, bien, on n'a pas vraiment de réponse sur ce
qui s'en vient. Puis je pense que c'est un peu dû à ça qu'on est là où on est,
qu'on est ici un lundi, là, pour, si je comprends bien l'objectif
gouvernemental, pour tenter de faire avancer les choses, ce qui est correct,
mais... Mais, en même temps, M. le Président, ce serait tellement plus simple
si on avait toutes les réponses à ces questions-là, si on avait une idée.
Puis c'est vrai, ce que le député de
Jonquière a dit, que l'impression qu'on a comme parlementaire en ce moment, c'est
qu'on n'était juste pas prêt, qu'on n'était pas prêt à déposer le projet de loi
n° 2, qu'on n'avait pas pensé à tout ce qu'on voulait réellement faire. C'est
impossible de penser qu'on était prêt, M. le Président, quand présente quelque
chose qui va à l'encontre de ce qu'on veut vraiment faire. Puis c'est correct.
C'est bien, même, ce que le ministre nous dit, là, depuis le début. Je pense
que c'est très bien. Ses objectifs sont louables. Il veut déjudiciariser. Il
veut trouver des solutions alternatives, entre autres pour les itinérants. On
est content de l'apprendre aujourd'hui. Je pense que c'est une bonne nouvelle,
ce que le ministre nous dit. Le problème, c'est que ce n'est pas dans son
projet de loi. Le problème, c'est que son projet de loi fait le contraire de
son objectif.
Alors, effectivement, je pense que le
député de <Jonquière a raison quand il dit que, nous, de notre côté,
quand on essaie de faire un travail parlementaire, quand on essaie de
comprendre exactement ce que ça veut dire pour le citoyen, on n'a pas toutes
les réponses pour l'instant. Puis c'est ça qui est un petit peu décevant...
M. Fortin :
...le problème, c'est que ce n'est pas dans son
projet de loi. Le
problème, c'est que son
projet de loi fait le contraire de son
objectif.
Alors,
effectivement, je pense que le député de >Jonquière
a raison quand il dit que, nous, de notre côté, quand on essaie de faire un
travail parlementaire, quand on essaie de comprendre exactement ce que ça veut
dire pour le citoyen, on n'a pas toutes les réponses pour l'instant. Puis c'est
ça qui est un petit peu décevant, M. le Président, qui est un peu, disons,
inquiétant. Parce qu'il y a des citoyens qui vont se retrouver pris dans la
tourmente, là, de ce projet de loi là, si effectivement le projet de loi
devient loi, qui vont avoir des conséquences, puis ce ne sera pas celles que
nous, on aura voulues, ce ne sera pas celles que le gouvernement aura voulues.
Et donc c'est pour ça que c'est difficile, en ce moment, je pense, autour de la
table, parce que ce n'est pas clair, ce qu'il est en train de se passer.
Mais autant j'apprécie, bien,
nouvellement, ou de plus en plus, disons, le député de Jonquière. Ça fait vraiment
du bien d'avoir le député de... bien, oui, de plus en plus, bien, oui, O.K.
Mais le député de Vimont, M. le Président,
je pense, apporte une voie intéressante. J'ai noté, je pense que plusieurs
collègues l'ont noté, l'INSPQ, là, quand ils sont venus... et ça me faisait
penser à ça, le député de Vimont. L'INSPQ, là, c'est un peu... ce qui est
intéressant, c'est qu'ils vivent dans le vrai monde, hein. Ils prennent la
recherche scientifique puis ils essaient de voir, bien, comment est-ce que le
monde l'applique, hein, comment est-ce que ça... si on prend juste la
recherche, puis on en fait une loi, qu'est-ce que ça va donner dans le vrai
monde. Puis c'est un peu ce que le député de Vimont fait à travers son
expérience policière. Il nous dit : Bien, c'est bien beau, vous avez des
lois en place, là, mais les itinérants, ça ne marche pas tout le temps comme la
loi spécifie que ça devrait marcher. Puis c'est ça qui va se passer avec le projet
de loi n° 2. C'est pour ça qu'on a présenté l'amendement
au sujet de l'itinérance. Alors, je voulais juste revenir, parce que je pense
que ça va au coeur de la raison pour laquelle on a déposé cet amendement-là.
Mais, comme je vous le dis, M. le
Président, on entend... bien, on entend des choses qui ne sont pas inintéressantes
de la part du ministre. Quand le ministre nous a dit un peu plus tôt, là :
Bien, oui, dans notre prochain projet de loi qu'on va voir un jour, il va peut-être
avoir des mesures pour la population itinérante, on aime ça. Ce qui est
inquiétant, c'est le «prochain», «probablement», «un jour». Puis là on y
travaille puis on commence à y travailler, donc on n'a pas de détail.
Mais, M. le Président... et moi, je suis
membre suppléant sur la commission à laquelle le ministre fait référence, je ne
suis pas membre à part entière, je ne m'attends pas à avoir tous les détails,
mais je suis content d'entendre que le ministre a déjà quelques idées, disons,
pour... entre autres, pour les jeunes en situation de santé mentale. Il fait
référence à la DPJ aussi, tu sais, deux... c'est deux travaux qui sont lancés,
là, qui, des fois, vont se... des fois, ils vont travailler en parallèle, des
fois, ils vont se toucher un peu, mais qu'il y a déjà des enjeux, des idées
pour la DPJ. Et c'est vrai, ce qu'il dit, il y a comme une période de... une
période entre 18 et 21 ans où il y a peut-être un manque de services en ce
moment pour tous ces jeunes-là qui se trouvent... bien, le jour où vous avez
18 ans, bien, bonne chance, hein? Ce n'est pas facile à vivre, ça, quand
on est encadré pendant un certain temps. Et l'encadrement a beau ne pas être
parfait, loin de là, mais, quand on tombe à zéro, ce n'est pas évident.
Alors, j'étais content d'entendre le ministre
ouvrir la porte, qu'il ait déjà des idées. En même temps, bien, il faut
entendre ce que les membres de la commission vont dire, il faut entendre ça va
être quoi, leurs idées, leurs recommandations, ce que les experts vont venir
dire, et tout ça. Mais je veux juste... et je ne veux pas m'éterniser sur le
point, mais le ministre a ouvert la porte un petit peu, et je ne passerai pas
des heures à le questionner là-dessus, mais est-ce que c'est une idée qui
trotte dans la tête du gouvernement, ça, d'allonger jusqu'à 21 ans l'accès
à la DPJ? Je ne pense pas que c'est une mauvaise chose, je pense qu'il y a des
gens qui ont besoin de services qui n'en ont pas à cet âge-là. Je veux juste
essayer de comprendre ce que le ministre a avancé de façon assez rapide et
sommaire un peu plus tôt.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
en fait, moi, tous les dossiers que je porte sont vraiment pour aider nos
jeunes les plus vulnérables. Ça part avec
Agir tôt, qui regarde le 0-5 ans, ça va avec
la protection de la jeunesse, qui regarde les 6 à 18 ans, et puis le projet
de loi du cannabis était dans cette foulée-là, pour vraiment tenter de ce qu'on
veut... En fait, la raison pour le projet de loi n° 2,
c'est vraiment de retarder l'initiation du cannabis. Et, oui, nous, ce qu'on
veut, c'est protéger les 18, 19, 21 ans et ceux en centre jeunesse particulièrement,
parce que c'est nos plus vulnérables. En centre jeunesse, là, c'est 90 %
et plus qui consomment du cannabis. Tu sais, on n'est pas dans les 30 %,
là, on est dans le 90 % et plus. Et, oui, ça prend des mesures spéciales
pour ces enfants-là et ces jeunes adultes-là, excusez-moi.
• (16 h 30) •
M. Fortin :
Mais le ministre a raison quand il dit ça, M. le Président, puis on ne va pas
s'obstiner là-dessus, là, si... et je n'ai pas de raison de ne pas croire la
statistique qu'il avance, 90 % des jeunes en centre jeunesse consomment ou
ont consommé du cannabis. Si, effectivement, à 18 ans, il y en a beaucoup
qui n'ont plus accès aux services du centre jeunesse, vont se retrouver
potentiellement, pas tous, évidemment, là, mais il y en a qui risquent de se
retrouver dans la rue, mais ils n'arrêteront pas de consommer du cannabis, à ce
moment-là. Donc, c'est exactement, là, les gens qui sont visés par le projet de
loi et les gens qui sont visés à l'autre extrême, là, par notre amendement. <Je
pense que tout le monde veut s'assurer...
>
16 h 30 (version révisée)
<15383
M. Fortin : ...centre jeunesse vont se
retrouver potentiellement, pas tous,
évidemment, là, mais il y en a qui
risquent de se retrouver dans la rue, mais ils n'arrêteront pas de consommer du
cannabis à ce moment-là. Donc, c'est
exactement, là, les gens qui sont
visés par le
projet de loi et les gens qui sont visés à l'autre extrême,
là, par notre
amendement. >Je pense que tout le monde veut
s'assurer... et le ministre invoque des solutions à long terme. Nous, on veut
s'assurer qu'à court terme ils ne se retrouvent pas dans une situation
difficile à vivre, une situation de judiciarisation, une situation où ils
doivent payer une amende qu'ils n'ont pas... une amende d'un certain montant
qu'ils n'ont pas. Alors, je pense qu'on dit tous un peu la même chose.
Et j'en reviens au point du député de Jonquière,
c'est : malheureusement, à court terme, ces gens-là, malgré l'objectif à
long terme du ministre, ils vont tomber dans cette craque-là, dans ce trou-là.
Ils vont tomber dans cet abysse-là et ils vont se retrouver avec des amendes
qu'ils vont être incapables de payer, avec des dossiers qui sont judiciarisés,
et il est là, tout l'enjeu de la nécessité d'un amendement comme celui-là.
Je reconnais, et je pense que tout le
monde, de notre côté, va reconnaître la volonté du ministre d'agir à long terme
là-dessus, mais on ne va pas faire du tort à court terme pour le réparer à long
terme, M. le Président, puis c'est un peu de la... Malheureusement, là, c'est
un peu la situation dans laquelle on se retrouve ou dans laquelle ces
personnes-là vont se retrouver.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. À ce moment-ci, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Oui. Merci.
Merci, M. le Président. Et j'aimerais souligner à grands traits, M. le
Président, l'intervention combien pertinente du député de Vimont, donc,
lorsqu'il a rappelé, à partir de ses 30 ans d'expérience sur le terrain, sur le
terrain, son travail directement auprès des jeunes et où il nous a relaté aussi
d'une très belle façon les enjeux auxquels... quand on parle de problématiques
de consommation auxquelles font face, par exemple, beaucoup de jeunes
itinérants. Il nous a parlé, bien sûr, de cannabis. Il nous a parlé de colle
aussi. Il y en a qui fument de la colle, etc. Et voilà encore un autre
argument, je pense, qui viendrait... qui vient appuyer l'importance de cet
amendement, je crois. Donc, c'est une opportunité, je crois, pour une loi comme
ça, donc, si... pour la volonté affichée, affirmée du ministre, de mieux
soutenir, mieux accompagner nos jeunes, donc de faire des interventions qui
vont pouvoir donner des résultats.
Je pense que, par exemple, intervenir
auprès des jeunes, auprès des jeunes de la rue, auprès des jeunes itinérants,
lorsqu'on arrive, on ne sait pas ce qu'ils consomment, que... toutes sortes de
choses illicites. Et il n'y a pas si longtemps, il y a déjà deux ans, j'entends
parler, de plus en plus, dans la région de Montréal, par exemple, d'une crise
d'opioïdes, de consommation. Donc, voilà pour nous, je pense que... une
intervention qui permettrait de saisir une approche globale, humaine en même
temps.
Je vais aborder un élément important. Ma
collègue la députée de Notre-Dame-de-Grâce a évoqué tout le travail qui a été
fait au niveau de la justice alternative, notamment pour contribuer à éviter
toute la spirale de la judiciarisation pour nombreux jeunes, et j'aimerais
rappeler, à partir de... notamment, d'un mémoire de l'organisme qui s'appelle
le RAPSIM... Le RAPSIM, c'est un regroupement de plusieurs organismes
communautaires qui viennent en aide aux personnes itinérantes, et qui s'est
attardé notamment sur le travail qui a été accompli au cours des 10 dernières
années pour mieux accompagner les personnes itinérantes, les jeunes aussi,
entre autres, évidemment, favoriser non seulement... travailler sur la
déjudiciarisation, mais favoriser aussi la réinsertion sociale de ces
personnes.
Et le RAPSIM, dans ce bilan-là, constate
que, oui, il y a des choses intéressantes qui ont été réalisées, notamment sur
le plan de la déjudiciarisation, mais aussi, en même temps, donc, pour... au
niveau réglementaire. Par exemple, la ville de Montréal a accepté, donc, et le
fait actuellement, cet exercice-là, de revoir certains de ses règlements,
certains de ses règlements qui pourraient ou qui ont pu avoir des portées,
notamment en termes en stigmatisation des jeunes itinérants, donc des
règlements qui étaient souvent utilisés, donc, pour donner des contraventions à
des jeunes.
Et le sous-amendement que nous proposons,
justement, vise à ce que nous n'avons pas à aller dans cette dynamique. Nous
visons à prévenir tout de suite. Et je reçois très bien, je reçois très bien
l'intention du ministre, qui est d'éviter, qui est d'éviter, donc je pense que
c'est ce que nous voulons tous, d'éviter cette judiciarisation, donc, notamment
des jeunes itinérants, des jeunes qui ont, c'est le cas de le dire, M. le
Président, presque tout contre eux dans la vie, donc, quand, lorsqu'on est
jeune, on consomme, on vit des problématiques, tel que je l'ai évoqué tout à
l'heure, toutes sortes de problématiques qui peuvent être des problématiques
additionnelles successives. Donc, on conçoit bien que notre devoir, notre
responsabilité, c'est de tout faire pour éviter que ces jeunes-là se <retrouvent
encore une fois...
M. Benjamin : ...tout contre
eux dans la vie, donc,
lorsqu'on est jeune, on consomme, on vit des
problématiques,
tel que je l'ai évoqué
tout à l'heure, toutes sortes de
problématiques
qui peuvent être des
problématiques additionnelles ou successives. Donc,
on conçoit bien que notre devoir, notre
responsabilité, c'est de tout
faire pour éviter que ces jeunes-là se >retrouvent, encore une fois...
Mais ma question que j'ai le goût de poser
à M. le ministre, M. le Président, si vous permettez, donc, c'est sur les
actions. Quand on regarde... J'aimerais savoir son plan. On ne parle pas des
jeunes de la DPJ, mais on parle des jeunes adultes itinérants qui sont dans la
rue. Qu'est-ce qu'il compte nous annoncer comme option, comme orientation en
dehors de la loi? Donc, j'aimerais peut-être l'entendre là-dessus, sur ce qu'il
compte nous annoncer comme orientation.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
ce n'est pas pour faire de l'obstruction, mais je ne peux pas m'avancer sur ce
sujet-là. Ça fait plusieurs fois que je le mentionne. Je ne peux juste rien... à
ce moment-ci, je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va?
M. Benjamin : J'ai tenté.
Le Président (M. Provençal)
:À ce moment-ci, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député de Jonquière, ça va?
M. Gaudreault : Pas à ce
stade-ci.
Le Président (M. Provençal)
: C'est assez clair. M. le député de Vimont.
M. Rousselle : Oui. Quand, tout
à l'heure, je parlais de colle, hein, ce n'était pas de la colle à bois, hein,
vous allez bien comprendre, hein, je parlais de la colle contact, des choses
comme ça. Et, quand les gens sont rendus à des drogues dures, c'est que, là, à
ce moment-là, ils se prostituent pour en obtenir. Donc, moi, quand je parle
d'itinérance, c'est vraiment les jeunes, des gens qui n'ont vraiment pas de
sous et puis qui vont faire n'importe quoi, puis ils vont prendre des
contenants d'essence... je vous dis, c'est incroyable. Puis vous devez avoir
été dans les urgences, en tout cas, moi, je sais que j'en ai déjà amené dans
les urgences, puis c'est comme pas évident de regarder ça, voir notre jeunesse
se détruire comme ça, parce qu'ils se détruisent, mais totalement. Puis, comme
je le disais tantôt, bien souvent, ils viennent de familles éclatées et, plus
qu'éclatées, vraiment dysfonctionnelles. Donc, vraiment, ces jeunes-là
cherchent quelque chose et puis, malheureusement, bien souvent, ils sont mal
entourés et puis ils tombent là-dedans.
Donc, moi, je reviens toujours... ou ça ne
me rassure pas toujours, si vous n'acceptez pas cet amendement-là, c'est que
vous dites toujours qu'il y a quelque chose qui s'en vient, mais il n'y a rien
de concret, il n'y a rien. Puis je le sais, vous dites : Bien, je ne peux
pas parler, je ne peux pas dire, mais, comme législateur, quand tu votes sur quelque
chose, bien, tu veux être rassuré. Et là on ne l'est pas du tout, rassurés,
comprenez-vous? C'est comme je vous disais tantôt : Fais-moi confiance,
là, ça s'en vient. Bien oui. Moi, dans ma vie, il y a bien du monde qui m'ont
dit ça, puis, par expérience, ce n'est pas... ça ne marche pas toujours comme
ça, vous le savez comme moi.
Donc, c'est pour ça que moi, je pense que
ça serait important que vous regardiez ça. Je sais que... Je demandais à mes collègues,
parce que c'est la... comme vous le savez, c'est la première journée que je me
trouve à être ici, à cette commission-là, et je voulais voir si... parce qu'on
essaie de trouver le mieux pour ces jeunes-là, voir... j'ai dit : Le gouvernement,
il a-tu accepté des amendements qu'on a amenés? Parce que, de part et d'autre,
on veut le bien-être des jeunes, on veut le bien-être des gens, mais
l'ouverture, elle ne semble pas être là, M. le Président, comprenez-vous? Puis
c'est ça qui ne me rassure pas, surtout quand on me dit : Ça s'en vient,
mais on ne sait pas quand. Donc, il y a-tu quelque chose que vous pouvez nous
dire pour nous rassurer vraiment? Parce que, là, jusqu'à date, au moment qu'on
est actuellement, là, à cette heure-là, moi, je ne suis pas rassuré, mais pas
du tout.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
le gouvernement a effectivement proposé des amendements, là, principalement sur
les lieux publics. Quant à l'âge, je reviens vraiment, c'est vraiment des
opinions d'experts, la santé publique, santé mentale. Puis nous, on fait le
choix d'aller du côté de la santé mentale et de rehausser l'âge à 21 ans. Il
n'y a pas de donnée probante sur le cannabis. Il y a des données probantes que
rehausser l'âge, parce que vous n'étiez pas là, là, que rehausser l'âge à 21
ans retarde l'âge d'initiation du tabac, de l'alcool. Donc, nous, on prend le
pari que ça va être également le cas pour le cannabis.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Vimont.
M. Rousselle : M. le Président,
ma question, c'était vraiment toujours sur l'itinérance, là. Pour qu'est-ce qui
est de l'âge de 18 à 21 ans, je reviendrai, parce que j'ai... on a... je
réalise qu'on a vraiment deux écoles de pensée complètement différentes. Mais c'est
juste voir... ma question était vraiment sur cet amendement-là, voir s'il
pouvait nous rassurer là-dessus. Parce que, là, vous dites depuis tantôt qu'il
y a des choses qui s'en viennent, mais là il y a-tu quelque chose de plus
concret que vous pouvez me dire pour nous rassurer?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Comme j'ai dit au
député de Viau, il n'y a rien que je peux ajouter, à ce moment-ci, dans la
conversation.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de <Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Merci, M.
le Président. J'aurai une question, puis ça va être au juriste de répondre.
Dans ce document, on parle de la procédure pénale, donc des gens qui cumulent
des infractions et...
Le Président (M. Provençal)
:
...
est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de >Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Merci,
M. le Président. J'aurai une question puis ça va être au juriste de répondre.
Dans ce document, on parle de la procédure pénale, donc des gens qui cumulent
des infractions, et, finalement, donc, la ville de Montréal qui a pris la
décision de ne pas les incarcérer. On explique le déroulement, on rencontre un
procureur de la couronne, mais, à cause des délais dans le système de justice,
ça peut prendre des mois.
Ceci étant dit, est-ce que quelqu'un qui
accompagne peut-être le ministre pourrait nous dire... est-ce que, dans
d'autres villes… donc, là, les itinérants ne sont pas emprisonnés, qui ne
payent pas leurs dettes. Est-ce que c'est la même chose dans les autres villes
actuellement?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, après consentement, on va céder la parole à
Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) :
En fait, je ne suis pas au courant de l'ensemble des programmes. Actuellement,
les programmes, c'est des programmes d'initiative plus municipales, là. Ces
programmes-là, on sait qu'à Montréal il y en a à peu près... il y a huit
programmes à peu près... le programme Troque ton ticket, c'est un programme de
la ville de Longueuil. Mais est-ce qu'il y a d'autres programmes qui
s'adressent spécifiquement aux problèmes d'itinérance? Je ne le croirais pas.
Mais on pourrait faire une vérification, mais je ne le crois pas. Je pense que
c'est un programme de la ville de Montréal uniquement.
Mme Weil
: Bon,
ça, c'est l'itinérance, donc c'était dans un contexte d'infraction, dans un
premier temps, mais de personne en itinérance, donc. Et, d'ailleurs, je ne sais
pas quels sont... si, en fait... j'ai entendu dire que soit c'est rare ou que
partout au Québec, l'emprisonnement, si on ne paie pas ses dettes, n'est pas
nécessairement ce qu'il se fait maintenant. Si on ne paie pas ses infractions,
même si... je ne sais pas qu'est-ce que vous êtes capable de nous dire... parce
que, là, on parle de... c'est au-delà de l'itinérance, là, on parle de ces
questions de quels sont... quelle est la situation pour quelqu'un qui n'aurait,
disons... en possession de cannabis, plusieurs infractions, vingtaine,
trentaine, sans payer sa dette, sans rembourser sa dette, quelle est la suite
des choses, actuellement?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) :
Est-ce que la question, c'est à savoir est-ce que ça pourrait aller jusqu'à
l'emprisonnement ou...
Mme Weil
: Oui.
Parce qu'avant, juste dans ce cas-là d'itinérance ou en possession d'alcool,
par exemple, c'est l'exemple qu'ils donnent ou d'autres infractions. Donc,
c'est comme toute infraction, responsabilité stricte, mais vous avez dit aussi,
donc, le renversement du fardeau de la preuve, donc c'est juste de voir ce qui
en est.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) :
On va faire les vérifications, là. On n'est pas des spécialistes en droit
pénal, nous autres, ici, là. Ceci étant dit, oui, je pense qu'il y a
possibilité d'aller jusqu'à l'emprisonnement pour certaines infractions. Mais
ce n'est pas ce qui est favorisé dans la plupart des cas, là. On recherche des
alternatives.
Mme Weil
: C'est
quand même une conséquence grave pour un jeune qui serait, disons, aux études,
de 20 ans, qui peut-être n'habite pas Montréal et qui n'aurait pas acquitté
ses... bon, tu sais, je comprends qu'on est dans un sous-amendement... on va
être discipliné, M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Weil
: ...sur
l'amendement sur l'itinérance. Mais c'est une question éventuellement pour savoir
quelle est la pratique. Ça nous donnerait le temps, d'ici notre prochaine
séance, de voir à répondre à cette question, parce que ça, c'est des
conséquences très, très graves pour des jeunes pris en infraction.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) :
Effectivement, c'est sûr qu'il y a des directives là-dessus, etc., qu'on
pourrait vérifier, là. Mais un jeune de 18 ans qui ne paie pas une
contravention de 100 $, là, la première chose à laquelle il s'expose, ce
n'est pas l'emprisonnement, puis ça prendrait vraiment du temps avant qu'il se
rende là. Puis il y a des directives, là, que, là, je ne suis pas capable
vraiment de vous expliquer dans les fins détails actuellement. Donc, je ne veux
pas m'avancer, là. Mais c'est quelque chose qui serait extrêmement
exceptionnel, là, puis ce n'est pas quelque chose qui est un risque réel, à mon
avis, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. À ce moment-ci, est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement de l'article 1 du député de Pontiac?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la... Oui, excusez,
M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, je
voulais juste être sûr, parce que le ministre a répété tantôt que, bon, il
parle des études, là, qui démontrent que l'augmentation de l'âge de
consommation a diminué la consommation chez le tabac. C'est ce que dit le
ministre?
Le Président (M. Provençal)
: M. le <ministre...
M. Gaudreault : ...il
parle des études, là, qui démontrent que
l'augmentation de l'âge de
consommation
a diminué la
consommation chez le tabac. C'est ce que dit le
ministre?
Le Président (M. Provençal)
:
M. le >ministre.
M. Carmant : Oui. J'ai
déposé le document du Institute of Medicine, là, le document de
400 quelques pages, là.
M. Gaudreault : Oui, le Public Health Implications of Raising the Minimum Age of
Legal Access to Tobacco Products. C'est ça?
M. Carmant : Oui.
M. Gaudreault : O.K. Mais
c'est parce que ce... Je voulais juste m'assurer qu'on était sur la bonne
étude, là. C'est parce que, quand il dit ça, le ministre, c'est parce que l'étude
porte sur le tabac. Mais comment il fait pour dire : Parce que l'étude
porte sur le tabac, c'est nécessairement les mêmes conclusions pour le
cannabis?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : On ne peut
pas dire à 100 % que ce sera les mêmes conclusions, mais le but du projet,
c'est vraiment de retarder l'âge d'initiation. Donc, on prend toutes les
chances. En amont, en faisant de l'éducation. On pourrait dire que l'éducation
aussi ne changera rien. Et l'autre option, c'est en rehaussant l'âge. Donc, on
met toutes les chances de notre côté de retarder l'initiation, parce que les
dommages surviennent à l'adolescence.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : O.K. Donc
là, je comprends qu'il se base sur cette étude-là qui portait sur le tabac pour
dire de... Cette étude démontrerait que, en haussant l'âge de consommation du
tabac, ça retarde la... voire même ça diminue ladite consommation de tabac. Et,
à cause de cette étude-là, il fait un saut pour dire : Ce serait la même
chose avec le cannabis.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Comme on
fait le même saut en disant que des mesures éducatives vont diminuer l'utilisation
du cannabis.
M. Gaudreault : Bien, ce
n'est pas la même chose, là. Les mesures éducatives... Bon, on sait bien que
les mesures de prévention, les mesures de sensibilisation ont des impacts, ont
des effets. Ça fait partie, je dirais, plus globalement d'un projet de société,
là. Mais donc... Puis, en plus, il peut avoir aussi, en aval, des mesures
extrajudiciaires de prise en charge des jeunes, etc. Mais là il nous dit bien
que cette étude est la base, au fond, ou fait partie de la base de sa réflexion
pour dire : Si cette étude-là le dit pour le tabac, ça doit être la même
chose pour le cannabis.
M. Carmant : Est-ce qu'il
y a une question?
M. Gaudreault : Oui. Il y
avait un point d'interrogation. Vous nous dites : Si vous... Ce que le
ministre... Est-ce que le ministre nous dit que, si c'était la même chose...
que, si l'étude dont il nous parle dit que de hausser à 21 ans a fait en
sorte de diminuer la consommation de tabac, donc, ce serait la même chose avec
le cannabis? Est-ce qu'il nous dit ça, le ministre, sur la base de cette étude
dont il nous parle, qu'il nous a déposée, qu'on a devant nous, là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Moi, ce que
je dis, c'est qu'il n'y a pas de donnée probante sur le cannabis. Donc, c'est
un choix de société, de rehausser l'âge à 21 ans pour essayer de retarder
l'initiation à la consommation de cannabis.
M. Gaudreault : Donc, il
n'y a pas d'étude en soi à part celle-là sur le tabac. Mais, sur le cannabis, il
n'y en a pas.
M. Carmant : Mais ça, c'est
un groupe d'experts qui ont analysé la problématique dans le contexte du phénomène
de vapotage. Maintenant, j'ai mentionné aussi qu'on a vu la même chose avec la consommation
d'alcool. Mais j'avoue qu'il n'y a pas d'étude probante pour le cannabis. Mais
ça, comme je vous dis, il y a deux groupes. Nous, on prend... Le choix de société
qu'on fait, c'est de rehausser l'âge pour diminuer l'initiation chez les
adolescents.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : O.K. Mais,
si on continue dans son parallèle entre cannabis et tabac, le ministre
reconnaît qu'il n'y a pas eu de législation au Canada pour diminuer l'âge...
pour augmenter, plutôt, l'âge de consommation du tabac.
M. Carmant : Bien, en
fait, ça avait proposé par la Santé publique, mais ça a été refusé par ma
prédécesseure.
M. Gaudreault : Donc, on
peut consommer du tabac à 18 ans au Québec depuis toujours.
M. Carmant : Bien, pas
depuis toujours.
M. Gaudreault : Bien,
depuis toujours, mais depuis...
M. Carmant : L'âge avant,
c'était 16 ans.
M. Gaudreault : Oui, c'est
ça.
M. Carmant : Ça a été
rehaussé à 18 ans, justement, parce qu'avant les jeunes consommaient la
cigarette à partir de 11 ans, l'âge moyen de consommation de la cigarette.
Maintenant, est rendu à 14 ans.
• (16 h 50) •
M. Gaudreault : Mais ce
que je veux dire, c'est que la consommation... Les statistiques nous démontrent
qu'il y a eu une diminution importante au Canada de consommation de tabac, mais,
pourtant, les jeunes de 18 à 21 ans peuvent continuer de <consommer
du tabac.
Une voix
: Question
de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:
Oui, M. le député de...
M. Gaudreault : ...les
statistiques nous démontrent
qu'il y a eu une diminution importante au
Canada
de
consommation de tabac, mais pourtant les jeunes de 18 à 21 ans
peuvent continuer de >consommer du tabac.
M. Lemieux : Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : L'article 211.
Je me demande si on est toujours sur l'amendement ou si on est sur la discussion
générale par rapport à ce que le député a déposé comme amendement à ce
stade-ci, s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
:L'amendement porte vraiment sur les
personnes en situation d'itinérance...
M. Lemieux : Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: ...et de 18 à 21 ans, et on demande qu'ils aient
droit à des mesures extrajudiciaires applicables. Effectivement, présentement, le
député de Jonquière semble s'éloigner du sujet, à moins que j'aie une mauvaise
perception. Et là c'est à vous de me l'expliquer, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Bien,
en tout respect, vous avez une mauvaise perception, parce que c'est le ministre
lui-même, dans une réponse au député de Vimont, je pense... a ramené l'étude.
Donc, moi, je reviens sur un élément qu'il a plaidé, là, ou, en tout cas, un
élément de sa réponse sur le sous-amendement. Il a parlé de l'étude. Alors,
moi, j'essaie de comprendre un petit peu plus où il veut aller avec l'étude.
Puis là je fais le lien entre le fait que... en fait, qu'il n'y a pas de lien
entre une étude sur le tabac et sa prétention qu'il faut hausser l'âge pour
réduire la consommation de cannabis, la preuve en étant qu'il y a eu une
diminution de consommation du tabac en général sans pour autant qu'on ait
besoin d'agir pour rehausser l'âge.
Alors, je veux dire, on est dans le sujet,
parce que ça découle du sous-amendement qui est proposé par le député de Pontiac,
sur lequel les autres sont intervenus et pour lequel le ministre lui-même a
répondu en nous citant encore l'étude. Alors, si c'est le ministre qui cite
l'étude, j'ai le droit d'en parler dans le cadre de cet amendement, là. Donc,
je reçois le règlement, mais... l'appel au règlement, mais ça ne tient pas la
route, là.
Donc, c'est vraiment... je suis sur l'amendement
parce que c'est le ministre lui-même qui nous donne cet élément de réponse là.
Alors, c'est tout simplement ça, là.
Donc, je veux juste faire la démonstration
qu'on peut avoir des mesures qui touchent, comme le demande l'amendement, là,
les personnes en situation d'itinérance, etc. Mais, pour bien comprendre cet amendement-là,
on a besoin de savoir où on s'en va. Puis, là où on s'en va, bien, je fais
référence à des études, là, parce que c'est le ministre lui-même qui nous a ressorti
comme argument ou, en tout cas, comme élément de réponse, cette fameuse étude
de New York, je pense. Donc, voilà. Ça, c'était ma réponse à l'appel de règlement.
Le Président (M. Provençal)
: Et vous avez effectivement raison sur le point que, lorsque
le ministre cite un document, vous pouvez y référer directement. Alors, je
reconnais que ma perception était erronée. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Merci, M.
le Président. Donc, tout ça pour dire que la consommation de tabac au Canada a
diminué tout en maintenant l'âge de consommation à 18 ans, et continue de
diminuer, tant mieux. Puis c'est quoi, les mesures? C'est qu'on fait beaucoup
de prévention, on change les emballages des paquets de cigarettes, on met des
photos-chocs sur les cancers de la langue, etc., et ça a fait en sorte que ça
a... Pas rien que ça, là, mais un paquet d'éléments... Culturellement aussi, je
veux dire, ça fumait dans les partys de famille dans les années 70, puis
dans les congrès du PQ, en tout cas, ça fumait allègrement... dans les hôpitaux.
Des anciens profs de cégeps à Jonquière me disent qu'il y avait même des
cigarettes sur les tables dans les salles de cours, puis ainsi de suite. Ça
fumait dans les voitures, on se souvient tous de ça.
Puis tant mieux si ça a diminué, mais ça n'a
rien à voir, ce changement de pratiques sociales, avec le rehaussement de l'âge
de consommation. Moi, il n'y a rien qui me démontre ça, et surtout pas l'étude
dont nous a parlé… en réponse à une intervention sur l'amendement — pour
vous dire à quel point je suis sur le bon picot — du député de
Vimont. Ça n'a rien à voir avec l'étude qui est citée par le ministre. C'est
ça, mon point. C'est ça que je veux dire.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député de Jonquière. À ce moment-ci, est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée.
Mme Weil
: Si je
comprends bien, donc, parce que je ne veux pas perdre de vue... le ministre va
nous revenir avec une réponse quant à ce programme, précisément, le programme <d'accompagnement
justice—itinérance à la cour municipale de Montréal, donc... s'appliquerait,
notamment dans le contexte de quelqu'un qui serait un itinérant pris... ou qui
reçoit une contravention...
Mme Weil
: ...avec
une réponse quant à ce
programme précisément, le
programme >d'accompagnement
justice—itinérance à la cour municipale de Montréal, donc, s'appliquerait, notamment
dans le contexte de quelqu'un qui serait un itinérant pris… ou qui reçoit une
contravention pour possession de cannabis.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : ...la parole à la
juriste, qui me dit que...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, Mme Lavoie, s'il vous plaît.
Mme Lavoie (Christine) : Bien,
en fait, le programme, il s'appliquerait. Ça, oui, il s'appliquerait, on est
certain de ça. Mais c'est un programme, quand même, qui s'adresse à l'égard de
multiples infractions, mais il ne s'applique pas pour les infractions au
cannabis en particulier. C'est ça, puis c'est un programme qui n'est pas
inscrit à la loi en que telle, c'est un programme qui... c'est une initiative
municipale, il n'est pas inscrit à la loi non plus, là, ce programme-là. Mais,
oui, il s'appliquerait, parce que, dans le fond... pour des infractions qui...
il s'applique pour les infractions qui concernent des personnes itinérantes.
Juste pour revenir sur... tantôt, vous
m'avez posé une question, j'ai dit : Ah! je vais regarder un petit peu mes
affaires. Mais, effectivement, là, une peine d'emprisonnement est possible,
mais, avant une peine d'emprisonnement, là, il faut quand même que plusieurs
mesures aient été prises, dont l'offre de travaux compensatoires, là... puis
qui a été refusée, puis il y a eu plusieurs étapes, là, qui ont mené au fait
que la personne veut ou ne peut vraiment pas payer son amende. Juste pour
préciser.
Mme Weil
: M. le
Président, moi, j'avais vu ça aussi sur le site Web, je pense, du gouvernement.
Mais, dans le contexte des discussions que nous, on a eues, je pense que ce
qu'on disait... Au lieu de travail communautaire, l'objectif du gouvernement,
ce serait de l'amener vers un programme désigné, tout désigné pour quelqu'un
qui aurait consommé du cannabis. Éventuellement. Donc, dans cette liste-là,
éventuellement, on verrait : notamment aussi dans le cas de cannabis. Je
ne sais pas si, pour d'autres produits consommés ou d'autres cas
d'infraction... je pense que tout ce que j'ai vu, c'est : travaux communautaires.
Mais, ici, on rajouterait à cette liste : dans le cas du cannabis. Comment
vous le... puisqu'on est là-dessus, comment est-ce que ça serait inscrit?
M. Carmant : M. le Président,
je n'ai vraiment pas de détail sur la mécanique des choses. Comme je vous dis,
c'est des travaux qui impliquent plusieurs groupes, donc, pour le moment, on
est vraiment à la partie administrative, donc je n'ai pas de détail
additionnel, je ne veux pas m'avancer sur des choses que...
Mme Weil
: Mais la vision...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, je suis obligé de vous dire que vous...
Vous n'avez plus de temps. Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui voudraient
faire une intervention concernant l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement...
M. Fortin :
...on peut procéder comme à l'habitude, s'il vous plaît, par appel nominal?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, mais c'est parce que j'étais pour dire : Est-ce
que l'amendement du député de Pontiac à l'article 1 est adopté? Mais là vous
avez demandé un appel nominal, on va le faire. Merci.
La Secrétaire
: Alors :
M. Fortin (Pontiac)?
M. Fortin :
Pour.
La Secrétaire
: M.
Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil
: Pour.
La Secrétaire
: M. Rousselle
(Vimont)?
M. Rousselle : Pour.
La Secrétaire
: M.
Carmant (Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire
: Mme
Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme
Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme
Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme
Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire
: M.
Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)? Ah! excusez-moi... M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Et M.
Provençal (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Rejeté à la majorité. Maintenant, nous
revenons à nos discussions qui portent sur l'article 1. À ce moment-ci, est-ce
qu'il y a quelqu'un qui veut intervenir concernant l'article?
M. Fortin :
...M. le Président. Sur l'article, là, M. le Président... Et je vois que je
n'ai pas eu beaucoup de succès, encore une fois, à convaincre les membres du gouvernement
du bien-fondé de nos propositions.
Mais on a parlé de beaucoup de choses,
hein, sur l'article 1, au cours des dernières heures, des derniers jours, on a
parlé... Bien, évidemment, l'article 1, c'est l'âge, hein, M. le Président,
donc, évidemment, là, on a eu un débat sur la science autour du 18 ans ou du 21
ans. On a parlé de ce qui arriverait, ce qui arriverait à une personne de 18-21
ans, 18, 19, 20 ans en possession de cannabis. Ce n'était pas exactement clair,
M. le Président.
• (17 heures) •
On a parlé des intentions du gouvernement,
des intentions à l'intérieur et des intentions à l'extérieur de ce projet de
loi là. Effectivement, je pense qu'on a fait la démonstration que le projet de
loi, l'article 1, à tout le moins, on espère que ça ne sera pas comme ça tout
le temps, va à l'encontre de l'objectif poursuivi par le projet de loi. On a
parlé de la judiciarisation autour, de l'impact de la judiciarisation. <On
a tenté d'avoir des données...
>
17 h (version révisée)
<15383
M. Fortin : ...de ce
projet de loi
là. On a...
Effectivement, je pense qu'on a fait la démonstration que le
projet de loi,
l'article 1, à tout le moins, on espère que ça ne
sera pas comme ça
tout le temps, va à l'encontre de l'
objectif
poursuivi par le
projet de loi. On a parlé de la judiciarisation autour,
de l'impact de la judiciarisation. >On a tenté d'avoir des données sur
l'impact sur le système de justice.
Une des choses dont on n'a pas parlé,
c'est le renversement du fardeau de la preuve. Mais, juste de même, je
comprends que c'est assez usuel, ça, le renversement du fardeau de la preuve
dans un projet de loi comme celui-là?
M. Carmant : M. le Président,
je laisserais la parole à la juriste qui...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la juriste.
M. Carmant : Cette procédure
facilite l'applicabilité, là.
M. Fortin :
Bien, je comprends, là. Ni moi ni le ministre on n'est avocats. Alors, je... on
peut l'entendre, la juriste, avec grand plaisir.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) : Bien,
ce n'est pas une première, effectivement, M. le Président, une telle
disposition, là. On a exactement la même disposition dans la Loi concernant la
lutte contre le tabagisme. Le mineur qui entrerait dans... qui achèterait du
tabac est aussi lui-même tenu de prouver qu'il était alors majeur, puis la même
disposition aussi, là, existe dans la Loi sur les infractions en matière de
boissons alcooliques.
M. Fortin :Dans le fond, là, si je comprends bien, la personne doit
prouver qu'elle a un certain âge, là. Vous me parlez du tabac. Donc, la personne
doit prouver qu'elle a effectivement 18 ans. Dans ce cas-ci, la personne doit
prouver qu'elle a 21 ans. Mais ça arrive... qu'est-ce qu'il se passe avec cette
personne-là? Moi, si je n'ai pas... par exemple, je n'ai pas mon permis de
conduire, là. J'ai 20 ans. Je n'ai pas d'identification. Je comprends qu'on est
toujours supposé d'avoir une identification, on a entendu ça plus tôt, mais, si
je ne l'ai pas, qu'est-ce qu'il se passe? Est-ce que je reçois l'amende normale
pour une infraction pour posséder le produit en question, que ce soit le tabac,
le cannabis ou autre, là, ou est-ce que c'est une amende pour ne pas être en
possession de mes cartes d'identité, que... Comment ça fonctionne dans le
concret?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) : En
fait, le renversement du fardeau de la preuve, il n'est pas au niveau, là, du
moment où vous vous faites carter ou pas, il est au niveau de la poursuite en
tant que telle. Quand on dit : Quand on est rendu à la poursuite, c'est à
vous, durant le cadre de la poursuite, de renverser... de prouver votre âge. Mais,
non... C'est sûr que, là, si les policiers ont des motifs raisonnables de
croire qu'une infraction est en train de se commettre, ils peuvent toujours
demander à une personne de s'identifier, là. Ça, c'est une possibilité.
M. Fortin :
Mais, si, justement, si cette personne-là n'a pas d'identification au moment où
il va recevoir l'amende... Donc, mettons que le... Mettons, je ne le sais pas,
moi, quelqu'un est en train de fumer à l'extérieur d'un campus universitaire.
Donc, ça se peut que le policier dise : Bien, je pense que cette
personne-là a en bas de 21 ans, je vais aller voir. La personne n'est pas
capable de s'identifier, son âge. Donc, elle va recevoir l'amende pour la
possession de cannabis, c'est ça? Et c'est au moment de... qu'il se présente en
cour, là, qu'il doit prouver à la cour qu'il a un certain âge.
Mme Lavoie (Christine) :
Exactement.
M. Fortin :
Ça ne se fait pas normalement? Ça ne se fait pas naturellement? Si la cour
dépose une accusation contre quelqu'un, il a idée de quel âge il a.
Mme Lavoie (Christine) :
L'idée d'un renversement de fardeau de preuve comme ça, c'est justement
d'inciter les gens à le prouver, leur âge, immédiatement, puis qu'on ne se
rende pas dans une poursuite.
M. Fortin :
...qu'on amène vraiment les gens jusqu'en cour pour ça? Ça arrive-tu? Je veux
dire, si la personne n'a pas cette... Est-ce que ça arrive, que quelqu'un se
rend en cour et qu'il prouve à la cour : Bien, effectivement, j'ai l'âge
légal pour posséder quelque chose? Ça, ça me semble de la judiciarisation à
outrance et de la... justement, là, de l'engorgement de notre système
judiciaire assez inévitable, merci.
Mme Lavoie (Christine) : Le
but de...
M. Fortin :
...pardon.
Mme Lavoie (Christine) : Le
but de l'introduction de ça, c'est justement qu'on ne se rende pas là. Mais
c'est ça. Bien, c'est sûr qu'un procureur de la couronne... des... je veux
dire, des poursuivants vont quand même tenter de regarder, là, l'ensemble de la
preuve, puis c'est sûr que, s'ils se rendent compte que la personne a
effectivement l'âge légal, bien, ils n'entameront pas des poursuites pour rien,
là.
M. Fortin :
O.K. Donc, ça ne se rend pas en cour habituellement. C'est ce que vous me
dites, hein?
Mme Lavoie (Christine) : Ça ne
devrait pas se rendre en cour, effectivement.
M. Fortin :
Ça ne devrait pas. O.K. Tu sais, je vois votre collègue en arrière qui hoche la
tête. Donc, j'ai deux opinions, deux opinions distinctes qui semblent aller
dans la même direction. Ça me rassure un peu.
O.K. Donc, on a parlé de tout ça, là. On a
parlé du fardeau de la preuve puis on a parlé de l'amende, on a parlé des gens
en situation d'itinérance, on a parlé des mesures extrajudiciaires. Le ministre
a fait référence à la DPJ, quelque chose auquel on pourra revenir
éventuellement. Mais une des choses qu'on a élaborées, la députée de
Notre-Dame-de-Grâce y a fait référence à quelques reprises… mais on n'est pas
rentrés dans le détail de la chose, d'après moi, c'est vraiment ce qu'il va se
passer au niveau des contestations, au niveau des contestations.
Et le Barreau du Québec, là, le Barreau
nous a dit, dans leur mémoire, de façon assez claire, que tant la charte
québécoise que la charte canadienne... ou que le projet de loi était, disons,
contraire à la charte québécoise et à la Charte canadienne des droits et
libertés. <J'y reviens, M. le Président. N'importe quelle fixation d'un
âge minimal dans une loi est susceptible est d'être contestée sur la base d'une
discrimination fondée sur l'âge, tant en vertu de la charte canadienne que la
Charte des droits et libertés de la personneT, mais que le droit pouvait être
restreint par la règle de droit fondée sur un objectif législatif important.
Ça, c'est... Le ministre peut toujours...
M. Fortin :
...droits et libertés. >J'y reviens, M. le Président : «N'importe
quelle fixation d'un âge minimal dans une loi est susceptible d'être contestée
sur la base d'une discrimination fondée sur l'âge, tant en vertu de la Charte
canadienne que la Charte des droits et libertés de la personne», mais que le
droit pouvait être restreint par la règle de droit fondée sur un objectif
législatif important — ça, c'est... le ministre peut toujours
justifier qu'il y a un objectif législatif important — et la
justification peut se démontrer dans le cadre d'une société libre.
Mais, là où on parle de la mesure qui
restreint le moins possible le droit garanti et la proportionnalité de l'effet
bénéfique de la règle pour la société en général, c'est là, M. le Président,
que ça devient intéressant, l'argument du Barreau, un argument qu'on a évoqué,
mais on n'a pas vraiment eu la chance de questionner le ministre sur cette
partie-là. Le ministre a vu ce mémoire-là du Barreau, je n'en ai aucun doute,
il a lu que le Barreau considère qu'il doit y avoir proportionnalité entre
l'effet bénéfique de la règle pour la société en général et l'effet préjudiciable
sur le droit garanti. Le droit garanti, on le connaît. La proportionnalité sur
l'effet bénéfique, le ministre admet qu'il veut son projet de loi ou qu'après
son projet de loi, là, il y ait un effet zéro sur la consommation de cannabis.
C'est correct, on sait qu'il y a d'autres facteurs qui jouent là-dedans aussi.
Mais est-ce que, réellement, on peut parler d'une proportionnalité entre
l'effet bénéfique et l'effet préjudiciable? Est-ce que c'est la... Est-ce que
le ministre, dans son interprétation légale de la chose, que ce soit à travers
les avis légaux qu'il a reçus ou autres, est-ce qu'il considère que l'effet
bénéfique est à ce point-là important de son projet de loi que le préjudice
qu'il cause?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
nous, on considère que, dans le contexte, là, d'augmentation de la prévalence
puis des problèmes de santé mentale chez les jeunes, le bénéfice qu'apporterait
ce projet de loi n° 2 est significatif et qu'on est dans tout notre
pouvoir de légiférer par rapport... avec le p.l. n° 2.
M. Fortin :
Mais est-ce qu'il est capable de le prouver, M. le Président? Est-ce qu'il est
capable de prouver que son projet de loi va avoir cet effet bénéfique là? C'est
là qu'on... c'est ça qu'on n'a pas entendu, M. le Président, c'est la preuve
qu'il y aura un effet bénéfique à son projet de loi. Lui-même nous dit :
Je veux qu'il y ait zéro consommation, zéro augmentation de consommation, que
ce serait une victoire. Est-ce que, réellement, le ministre peut nous dire :
Oui, c'est sûr, ça va marcher, on a la preuve comme on doit l'avoir?
M. Carmant : Bien, je pense
que des chercheurs comme Dre Gobbi sont venus nous amener cet élément de preuve
là en disant qu'au Canada il y avait des problèmes de dépression et de suicide
liés à la consommation de cannabis chez les adolescents. Ça, c'est des
nouvelles informations qui viennent ajouter à ce qu'on savait déjà sur les
psychoses et sur les syndromes amotivationnels. Donc, nous, on pense que c'est
dans notre pouvoir de légiférer et que, oui, on peut aller de l'avant.
M. Fortin :
Oui. Malheureusement, les recherches de la Dre Gobbi avancent aussi beaucoup
d'arguments, beaucoup d'éléments qui sont un peu contraires à ce que le
ministre avance, donc... Et c'est là que ça... c'est là que l'argument légal
devient intéressant. L'argument légal dit essentiellement : On doit
s'assurer que ce qu'on met de l'avant, c'est ce qui cause le moins de
préjudices possible, qu'il n'y ait pas de mesure alternative possible. Est-ce
que le ministre pense que des mesures de prévention peuvent avoir un effet
aussi important que simplement l'augmentation de l'âge?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Non. Nous, on
pense que, vraiment, la solution, c'est la combinaison des deux :
l'augmentation de l'âge et les mesures de prévention.
M. Fortin :
Mais, si on fait plus de prévention, si on fait encore davantage de prévention
que ce que le ministre prévoit... Le ministre nous a sorti toutes sortes de
chiffres, là, au cours des derniers jours. On a compris, son 20 millions,
là, ça ne va pas nécessairement directement vers la prévention de tout ça, du
cannabis, et qu'il y a beaucoup d'autres choses d'incluses là-dedans. Mais, si
on en faisait encore plus sur la prévention, si on en faisait encore plus sur
l'éducation, si on en faisait plus sur la sensibilisation, et peut-être qu'il y
a d'autres sociétés, là, à travers le monde, où ils en font davantage,
peut-être qu'il y en a d'autres, endroits, au Canada, où ils en font plus que
nous et qu'eux disent : Bien, nous, on mise là-dessus. Très certainement,
il y aurait un effet bénéfique, il n'y a pas... Le ministre est-u en train de
nous dire, là, qu'il y a un effet plateau, à un certain point, sur l'éducation
ou ça ne fonctionne juste plus?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Le seul endroit
où on a vraiment fait des mesures préventives, c'est aux États-Unis, et, ce
qu'on a démontré, en mettant l'âge à 21 ans et en faisant des mesures
préventives, la consommation chez les adolescents a été stabilisée.
M. Fortin :
Mais le ministre nous dit : Le seul endroit où on a fait des mesures
préventives, c'est les États-Unis. Mais il y en a d'autres ailleurs, des
mesures préventives, non? Il doit y en avoir. En Europe, ils doivent faire des
campagnes de sensibilisation ou de l'éducation par rapport au cannabis. En
Australie, ailleurs, ça n'existe juste pas?
• (17 h 10) •
M. Carmant : Les deux endroits
où il est légal de consommer du cannabis... bien, en fait, les trois endroits,
c'est : Uruguay, États-Unis... bien, certaines régions des États-Unis et
le <Canada.
M. Fortin :
Oui, mais là vous me... O.K., vous me parlez des endroits où c'est
nécessairement légal de consommer, là, mais je vous le concède, on peut faire
cet...
M. Fortin :
...par rapport au cannabis. En Australie et
ailleurs, ça n'existe juste
pas?
M. Carmant : Les deux
endroits où il est légal de consommer du cannabis... bien, en fait, les trois
endroits, c'est : Uruguay,
États-UnisT... bien, certaines régions
des
États-UnisT et le >Canada.
M. Fortin :
Oui, mais là vous me... O.K., vous me parlez des endroits où c'est nécessairement
légal de consommer, là. Mais, je vous le concède, on peut faire cet
argument-là. Mais, si, dans ces endroits-là... Je comprends, il y a des
endroits qui ont dit : O.K., on peut augmenter l'âge, des endroits où on
dit : On veut faire de la sensibilisation. Mais vous ne pensez pas qu'avec
davantage de mesures de sensibilisation, on peut arriver à zéro augmentation?
La seule façon d'arriver à zéro augmentation de consommation, c'est à travers
ça?
M. Carmant : Disons que, moi,
ce que je peux dire, c'est qu'on va mettre toutes les chances de notre côté.
M. Fortin :
Mais il est là, l'argument, là, il est là, le problème avec l'argument légal,
c'est que les chartes, là... Ils disent : Ce n'est pas juste de mettre les
chances de notre côté, c'est qu'il faut qu'il y ait une proportionnalité entre
l'effet bénéfique et l'effet préjudiciable. L'effet préjudiciable, là, il y en
a un, c'est clair, on passe de 18 ans à 21. Donc, il y a un effet préjudiciable
dans la mesure où il y a une discrimination basée sur l'âge, elle existe. Mais
c'est de savoir : Est-ce que la mesure à laquelle fait référence le projet
de loi, le 18-21 ans, est-ce que cette mesure-là est aussi bénéfique que
n'importe quoi d'autre qui peut être fait?
L'argument, M. le Président, l'argument — et
je l'entends déjà, l'argument des juristes qui vont plaider cette cause-là — c'est
qu'il y en a d'autres, des options. Il y en a d'autres, des options, on n'est
pas obligés de prendre le 18-21 ans. Le ministre dit : On met toutes les
chances de notre côté. Mais, justement, c'est ça, l'argument légal, c'est :
S'il y a d'autres options, il faut les prendre avant de porter préjudice au
droit qui est garanti par la charte québécoise et la charte canadienne. Et il
est un peu là, le problème, parce que ce que la charte dit, essentiellement,
c'est que non seulement il doit y avoir la proportionnalité, mais que la mesure
devra se faire sur la base de données scientifiques probantes, et il n'y en a
pas, de donnée scientifique probante, par rapport au cannabis. Le ministre fait
référence au tabac, mais il n'y en a pas, de donnée scientifique probante.
Alors, est-ce qu'il considère...
Légalement, là, est-ce que son interprétation légale, c'est qu'il a les données
scientifiques probantes nécessaires?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Les données
probantes ne sont pas disponibles. Tout ce qu'on a, c'est Uruguay, augmentation
de la consommation; aux États-Unis, stabilité. Nous, on croit que notre projet
de loi, on est confiants qu'il soit... qu'il va réussir à faire ce qu'il doit
faire.
M. Fortin :
Bien, M. le Président, le ministre vient de donner raison à tous ceux qui vont
faire une contestation, il vient de dire : Les données scientifiques
probantes ne sont pas disponibles. Il a l'obligation... Le gouvernement a
l'obligation, le ministre a l'obligation, en déposant ce projet de loi là, en
voulant porter atteinte aux droits garantis par les chartes, c'est-à-dire qu'il
n'y a pas de discrimination basée sur l'âge, de le faire sur la base de données
scientifiques probantes, et le ministre nous dit qu'il n'en a pas, M. le
Président. Et là se dessine très clairement un enjeu de... une contestation
évidente de la part de différents groupes, puisqu'on n'a pas ces données
scientifiques probantes. On en a d'autres, on a des données sur l'effet sur le
cerveau jusqu'à 25 ans, effectivement, et peut-être que, si le ministre avait
établi un âge minimal différent, peut-être que ce serait plus clair dans la
tête d'un juriste. Mais, quand le ministre nous dit : Je n'ai pas de
donnée scientifique probante, il donne raison, d'entrée de jeu, à tous ceux qui
vont contester le projet de loi, M. le Président. Et, je vous l'ai dit, je ne
suis pas avocat, je ne présumerai pas de ce que la cour va faire avec ça, mais,
à entendre ces mots-là, je pense qu'il y a un cas très évident pour une
contestation judiciaire, M. le Président.
Je vais laisser certains de mes collègues
s'exprimer sur la question également, eux qui sont avocats et qui peut-être
pourront en... élaborer davantage.
Le Président (M. Provençal)
: Je reconnais la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Oui. Bien,
je trouve que mon collègue a très bien résumé, c'est le test de l'arrêt Oakes.
Alors, il y a plusieurs éléments, mais c'est justement l'absence de donnée probante,
de donnée scientifique probante. Et ce n'est pas ce que le ministre connaît de
sa science, c'est vraiment : Est-ce qu'on est capable de faire la preuve
de cette proportionnalité, surtout à la lumière des risques, des grands
risques — on en a beaucoup parlé — donc des grands risques
que ces jeunes adultes iront se causer plus de dommages, nécessairement, en
allant s'approvisionner auprès de personnes criminalisées? Donc, c'est ça,
comme légiste et comme ministre… doit le préoccuper, pas juste la science du <cerveau,
mais plutôt des données qui vont convaincre un tribunal. Et...
Mme Weil
: ...en
allant s'approvisionner auprès de personnes criminalisées, donc c'est... ça,
comme légiste et comme ministre, doit le préoccuper. Pas juste la science du >cerveau,
mais plutôt des données qui vont convaincre un tribunal.
Et c'est un cousin de l'applicabilité, le Barreau
a aussi parlé d'applicabilité. Alors, ça revient à nos commentaires sur le fait
que c'est très précipité, ce projet de loi, au-delà du fait qu'on n'a pas de
réponse à des questions bien importantes, fondamentales, en fait. Comment
est-ce que la police va... ceux qui ont le mandat de faire respecter la loi,
comment est-ce qu'ils vont appliquer cette loi-là? D'une part, justement, parce
que ce flou qui existe, il existe pour une raison, parce que c'est très... on est
vraiment dans un domaine très nouveau, un domaine social, au-delà du domaine du
droit, très nouveau, mais domaine social où, finalement, au Canada, la
possession de cannabis, certains montants, est légalisée. Donc c'est... Et la
contradiction que beaucoup soulèvent par rapport à la position du Québec et la
position du gouvernement CAQ, c'est que, dans un contexte où on a légalisé, on
vient rendre ça extrêmement difficile pour des jeunes adultes, et, au lieu de
le mettre sur la bonne voie, et la voie où cette personne serait bien encadrée,
on le met sur une autre voie, dangereuse. Et le tribunal va regarder toutes ces
questions-là, ils sont très directement reliés à la proportionnalité et le bien
et le mal qu'on puisse en faire.
Donc, on n'est pas convaincu du tout que
ça passera le test. Mais ce n'est pas le fait, tout simplement, que ça ne passe
pas le test, c'est que, dans une société libre et démocratique, il y a des
règles, il y a des règles. Le ministre a des arguments pour des dommages au
cerveau, etc., mais, au-delà de ça, quand on fait de la législation, il faut
regarder le tout et l'équilibre. Donc, le projet de loi est vulnérable, est
vulnérable, c'est ce qu'on dit, le Barreau fait une mise en garde, et c'est
bien... C'est venu comme leur projet de loi n° 2, on
s'en souviendra toujours, 2, donc ça veut dire que ça a été vraiment dans les
priorités du gouvernement qui avait fait ses promesses. Mais je pense qu'ils
n'ont pas pris le temps de regarder attentivement... juste le fait qu'on ne
puisse pas vraiment avoir des réponses sur quelles sont les mesures
alternatives qu'on propose. Donc, ces questions légales vont hanter, je crois.
Ce n'est pas le seul projet de loi,
d'ailleurs, actuellement du gouvernement qui se retrouvera assez rapidement
devant les tribunaux. Il y a un autre gros, gros projet de loi qui va se
trouver devant les tribunaux aussi.
Donc, ces débats sont difficiles. Je pense
que je comprends... ici, c'est très différent, on comprend l'intention du ministre
comme étant tout à fait légitime, il n'y a personne qui remet ça en question du
tout, mais on a l'oreille attentive à tous ceux qui sont préoccupés par les
conséquences.
Et, d'ailleurs, on n'a pas non plus beaucoup
parlé du fait que ces jeunes adultes, ils sont partout au Canada. Ils peuvent
étudier en Ontario, qu'il y a une règle, ils peuvent étudier en Colombie-Britannique,
et la mobilité qui est en jeu... je ne sais pas, l'applicabilité en cette
matière, donc, c'est sûr que la loi... le droit... la loi va s'appliquer ici,
au Québec quand cette personne sera au Québec, mais c'est pour ça que le gouvernement
fédéral avait vraiment fait une recommandation forte qu'il y ait une
uniformité. Il y a presque une uniformité à travers le pays, c'est-à-dire qu'on
a fait la concordance entre l'alcool et la consommation de cannabis ou la
possession de cannabis. Mais le Québec... je pense que c'est une autre question
qui sera regardée par le tribunal. Parce que, c'est une chose... et,
d'ailleurs, le ministre l'aura vu, quand on prépare un mémoire, il y a une
section dans un mémoire qu'un ministre doit compléter, c'est la comparaison
avec d'autres provinces. Alors, quand on compare aux autres provinces, c'est
sûr que ça a sûrement jailli de la page, quand on fait la comparaison, et ce
qui rend l'applicabilité encore plus difficile.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. À ce moment-ci, est-ce
qu'il y a une autre personne qui veut intervenir sur l'article 1?
M. Rousselle : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, je cède la parole au député de Vimont.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. Écoutez, vous allez m'excuser si je refais un retour en arrière
parce que dû au fait... vous savez que je n'étais pas présent. J'ai
l'impression de vivre la journée de la marmotte, dans le sens... c'est que...
• (17 h 20) •
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Rousselle : Oui, c'est
qu'on a vécu ça dans la <41e législature et là on l'a revit dans
celle-là. Oui...
M. Rousselle : ...parce que
dû au fait... vous savez que je n'étais pas présent. J'ai l'impression de vivre
la journée de la marmotte, dans le sens... c'est que...
Des voix
: Ha, ha,
ha!
M. Rousselle : Oui, c'est
qu'on a vécu ça dans la >41e législature et là on la revit dans
celle-là. Oui, c'est vraiment... Le débat, il a eu lieu, tout a eu lieu, je
n'ai pas gagné, bien, je me réessaie. Et c'est ça, je trouve malheureux. Parce
que, comme je disais tantôt, on est ici pour qui? On est ici pour les jeunes,
on est ici pour aider la jeunesse. Là, c'est là que je me... c'est là que vous
me perdez, vraiment, parce que je suis comme : voyons, on en a déjà parlé,
on a tout passé ça. Mais là, dû au fait que... C'est comme un petit gars qui
tape sur la terre, là, je n'ai pas eu mon jouet, je veux l'avoir.
Je suis un grand-père, puis la dernière
chose que je veux, là, c'est que mes petits-enfants fument. Comprenez-vous, là?
Donc, on est tous dans ce sens-là, on a eu cette loi-là du fédéral, un cadeau
qui... dedans, mais, comprenez-vous, c'est qu'on l'a eu comme ça. Donc, de
base, moi, personnellement, comme grand-père, je regarde ça, je regarde les
effets que des spécialistes en laboratoire, ils vont parler, justement, que c'est
25 ans, avant 25 ans, le cerveau n'est pas complètement... bon, je comprends.
Je comprends tout ça.
Mais, quand on arrive, à un moment donné,
dans la vraie vie, dans la vraie vie, quand on sort du laboratoire puis qu'on
s'en va dans la rue, puis qu'on s'en va voir, justement, qu'est-ce qu'il se
passe dans la rue, j'ai hâte de voir côté... comment ça va s'appliquer, ça,
cette affaire-là. Vous savez que les jeunes, quand ils vont être sur le...
excusez l'anglicisme, j'allais dire «border», mais sur la ligne Ontario-Québec,
ils vont faire quoi... le jeune de 19 ans. Bien oui, c'est 19 ans, l'autre
côté. Bien, il va aller de l'autre côté. Comme ma collègue, elle vient de dire,
en plus, dans les études, ils vont se promener partout au Canada. Oui, je comprends
qu'on fait des lois pour protéger nos gens du Québec, ça, je l'entends, là, je
vous entends réfléchir, là, c'est sûr que c'est ça qu'on fait.
Mais là, là, je pense qu'on a réussi à
baisser la consommation de tabac vraiment par de la prévention, par de la
formation, par de l'éducation. Puis, je pense, c'est cette ligne-là, faut vraiment
garder. On parle-tu... Je n'ai même pas entendu, puis, peut-être, vous en avez déjà
parlé, mais, moi, par expérience, j'ai déjà été dans des appartements, puis ça
fumait fort. Puis il y avait des jeunes enfants là-dedans. On fait quoi, là,
avec ces jeunes enfants là? On... Ah non! C'est 21 ans. Là, ça ne sera pas
18 ans. Ces jeunes-là ne sont pas affectés. Moi, je pense qu'on manque
notre... Tu sais, ils ont le droit de fumer, ils ont le droit de boire. Puis
là... Peut-être à moins que vous arrivez avec une loi, à un moment donné, pour
l'alcool, chose que j'ai déjà entendue à un moment donné, mais je trouvais ça
incroyable, là. Mais regardez... Non, mais je l'ai entendu, ça. Et puis...
Donc, est-ce qu'on va mettre une loi que... Bon, à 18 ans, O.K., ils
sont-u encore majeurs, ces jeunes-là, à 18 ans? Bien, je pense qu'elle
l'est, à moins que vous ayez des idées de ramener ça à 21 ans.
Mais moi, je pense que c'est par la
prévention et l'éducation. Aie! Ces jeunes-là peuvent être danseurs, danseuses
dans les clubs. Ils peuvent faire qu'est-ce qu'ils veulent. Mais on va les
protéger en mettant ça... en mettant la loi à 21 ans. Bien, moi, je pense
qu'on est totalement à côté, parce que ces jeunes-là vont continuer à
consommer. Puis, malheureusement, ils vont continuer à consommer, ils vont
acheter dans la rue. Est-ce que c'est le bon produit qu'ils vont acheter dans
la rue? Je ne suis pas sûr. Moi, j'aime bien mieux qu'ils consomment... Comme
je vous dis, j'aime mieux qu'ils ne consomment pas pantoute moi non plus.
Comprenez-vous, là, de base, là? De base, là, j'aime bien mieux qu'ils ne
fument pas. Mais, vous le savez comme moi, la vraie vie, ce n'est pas ça. Ils
vont en consommer. Certain. Et c'est pour ça d'ailleurs que la prévention puis l'éducation,
elles rentrent en jeu.
Vous savez, ces jeunes-là qui vont dans
des partys ou quoi que ce soit, ils vont avoir de jeunes de... des amis de
21 ans, ou encore ils vont aller dans des endroits qu'ils ont le droit de
fumer. Ils n'ont pas de carte sur eux autres. Le policier va appliquer ça
comment, là? Parce que les... Comme l'alcool, là, tu n'as pas le droit d'avoir
de l'alcool dans les... Tu sais, dans les lieux publics, tu n'as pas le droit d'avoir
d'alcool. Ça, c'est facile. Que tu aies 21 ans, 18 ans, tu n'as pas
d'affaire là. Mais là consommer de la marijuana, là... Là, là, de la mari, là,
c'est comme... Wo! Il a-tu 18 ans, lui? Il a-tu 21 ans? Ouin. O.K.
Là, je vais essayer de voir. Il n'y a pas de carte. Je fais quoi? Que c'est que
vous pensez que le policier va faire? Il va se fier et dire : Bien, il
doit avoir 21 ans, là, tu sais.
M. Gaudreault : Au pif.
M. Rousselle : Au pif. C'est
ça. C'est en plein ça. C'est au pif qu'il va... Oui, le cas de le dire qu'il va
y aller au pif avec l'odeur aussi, mais... Mais effectivement... Mais, tu sais,
ça va être au pif effectivement, tu sais. Il va y aller comme : Bah! Écoute,
là... Je vais le laisser aller. Puis c'est de même que ça va fonctionner. Moi,
c'est là-dessus que... Ouf! Tu sais, je veux dire, on parle des études depuis
tantôt. Vous parlez d'études, justement, de <consommation de
cigarette, de tabac. Puis on a réussi à baisser. Bien...
M. Rousselle : ...je vais le
laisser aller, puis c'est de même que ça va fonctionner. Moi, c'est là-dessus
que... tu sais, je veux dire, on parle des études depuis tantôt, vous parlez d'études,
justement, de >consommation de cigarette, de tabac, puis on a réussi à
baisser, bien, continuons comme ça.
Là, vous amenez une loi qui est
difficilement applicable sur la route, vraiment, là, difficilement applicable.
C'est bien beau qu'on veut, là, être plus blanc que blanc puis que, là, nos
jeunes... tout le kit. Je comprends toutes les études qui se sont passées en
laboratoire, tout le kit, mais ces gens-là, est-ce qu'ils ont été voir... Justement,
il y a eu des études, justement, de gens qui sont dans la rue, puis ils ont dit
l'inverse, justement, ils ont dit le côté pervers de ça. Mais on ne semble pas
les écouter. Je ne sens pas d'ouverture, en tout cas, mais pas pantoute.
Comprenez-vous? C'est ça, l'affaire, que je trouve malheureux, c'est qu'on est
ici pour échanger, on est ici pour essayer de trouver des solutions pour amener
à ces jeunes-là justement... de leur faire comprendre. Mais là, jusqu'à date,
là, il y a des jeunes qui vont consommer, qui vont consommer, parce que, là,
ils sont dans des maisons. Il va falloir aussi faire de la prévention au niveau,
là, des... on s'en vient avec des muffins puis toutes sortes de produits
dérivés, justement, là. D'ailleurs, vous l'avez vu sûrement, là, il y a une
petite fille ou un enfant qui était à Sainte-Justine, là. Bien, ça, c'est juste
le début.
Bien, moi, je pense qu'on est bien mieux
de s'enligner bien plus sur des problèmes comme ça que dire : Aïe! C'est
18-21 ans, là. On est dans le faux débat, là. Moi, je pense vraiment, là...
on devrait vraiment s'en aller dans le débat, dire : Bon, O.K., là, il
faut remettre les gens conscients, il faudrait penser à ces jeunes-là puis
penser surtout à leurs familles.
Vous savez, comme je vous disais tantôt,
moi, je préfère que mes... Puis, d'ailleurs, c'est sûr que je vais faire mon
devoir de grand-père, puis mon fils, il va faire son devoir de père, ça, je n'en
ai aucune inquiétude. Il est policier, en passant, lui aussi. Donc, on est en
lien de même chez nous, on est des générations de policiers. Mais lui, tu
sais... le monde n'est pas parfait, hein? Mais c'est ça, tu sais, c'est que
dans le sens, c'est qu'on le sait, qu'on va lui faire comprendre, tout le kit.
Mais mon petit-fils puis ma petite-fille n'ont pas...
M. Gaudreault : Il va
être policier aussi?
M. Rousselle : Non, je... bien
non, il va être ingénieur, qu'il m'a dit. Puis c'est correct, hein? Mais, dans
le sens, c'est que, je pense, ces enfants-là, ils vont avoir une chance d'avoir
des parents, des grands-parents qui vont comme les éduquer, qui vont les amener
à la bonne place. Mais, malheureusement, pas tous les enfants qui ont cette
chance-là, vous le savez autant que moi. Et c'est là-dessus, moi, je dis que,
bien beau faire un débat sur le 18 à 21 ans, mais on est dans le faux débat.
Puis, encore une fois, je pense qu'on joue
à la journée de la marmotte, c'est que là je pense qu'on a bien d'autres choses
à attaquer à la place de l'âge. On est bien mieux d'attaquer, sur le terrain,
les problématiques qui existent actuellement sur le terrain puis vraiment de
travailler avec les gens qui sont sur le terrain, tu sais. Je comprends qu'il y
a des gens qui font des études, tout le kit, puis, oui, puis c'est ça qui fait
avancer d'ailleurs notre côté médical, puis j'ai... tu sais, je veux dire, là,
ce n'est pas contre ces gens-là qui font des études, là, au contraire, tu sais.
Mais, à un moment donné, il faut que tu arrimes ça avec la réalité, et c'est ça
que je sens... c'est là qu'on a de la difficulté à arrimer les deux ensemble.
Puis, en plus, là, tout à l'heure... je
reviens encore pour la commission jeunesse au niveau des jeunes, oui, comme ma collègue
l'a dit, je pense qu'on a été trop vite pour faire le projet de loi n° 2,
on avait hâte de le mettre, là. On était-u prêts? Pas sûr. Je pense qu'on a
commencé à l'envers : on a pris le bébé du mauvais côté, là. Je pense
qu'on aurait dû commencer, justement, par la commission de jeunesse, on va
commencer comme ça puis voir. Puis il y a bien d'autres priorités, voyez-vous,
la commission jeunesse aurait dû commencer avant la loi n° 2,
ça. Tu sais, loi n° 2, aïe! 18-21 ans. Puis là, je
vous le dis, là, 18-21 ans, là, c'est de faire le retour en arrière, là, tu
sais : Oui, lui, il a le droit de consommer de l'alcool puis... Regardez,
là, faites un recul, là, dire : Regarde, tu vas consommer à 21 ans,
maintenant.
Les gens, ils vont se cacher, ils vont
continuer à consommer, puis ce n'est pas là, faut faire, faut vraiment y aller
sur la prévention. Puis vous en avez parlé, de la prévention, puis j'abonde
vraiment plus dans ce sens-là, quand vous en avez parlé. Prévention, éducation,
c'est là, faut mettre nos sous, c'est là, faut mettre notre travail vraiment,
ce n'est pas au niveau de 18-21 ans, faire... Encore une fois, je n'en reviens
pas. Puis l'affaire que je trouve malheureux, vous n'écoutez pas les gens qui
sont dans la rue, en tout cas, je prétends que vous ne les écoutez pas, parce
qu'il n'y a pas de modification, il n'y a pas d'autres amendements qui ont été
amenés, acceptés. Et je suis sûr que c'est des amendements qui étaient pour
essayer de modifier ça.
• (17 h 30) •
Moi, je pense, votre projet, ce projet-là,
il devrait être mis temporairement au rancart, attendre les choses qui
arrivent. Je le sais, que ce n'est pas cette mission-là qu'on vous a donnée,
mais... ça, j'en comprends, hein, j'en conviens, mais, quelque part, il y a-tu
quelqu'un qui va comprendre qu'on est dans le mauvais chemin, là, tu sais,
complètement? C'est là-dessus que je trouve malheureux, parce que, pendant ce
temps-là, les jeunes vont continuer à consommer. <Malheureusement, les
jeunes vont consommer du mauvais...
>
17 h 30 (version révisée)
<12167
M.
Rousselle : ...mais ça, j'en comprends, hein, j'en conviens, mais
quelque
part,
il y a-tu
quelqu'un qui va comprendre qu'on est dans le
mauvais chemin, là, tu sais,
complètement? C'est là-dessus que je trouve
malheureux parce que pendant ce temps-là, les jeunes vont continuer à
consommer. >Malheureusement, les jeunes vont consommer du mauvais stock,
mais, regardez, m'a parler vraiment comme eux, là, ils vont fumer du mauvais
stock et, je pense, ce n'est pas ça qu'on veut vraiment.
Comme je l'ai dit tantôt, on ne veut pas
qu'ils fument. Bien d'accord avec vous. Moi, je ne veux vraiment pas qu'ils
fument. Mais, regardez, là, on a tous été jeunes puis on sait comment... moi,
je me rappelle la fois que mon père m'a pris à prendre une de ses bières dans
son frigidaire. Je peux vous dire que je m'en rappelle encore,
comprenez-vous...
Des voix
: …
M. Rousselle
: Oui...
oui... aussi? Oui... Bien, je peux vous dire que j'ai lâché son frigidaire,
O.K., là. C'est comme j'ai bien compris ça.
Mais comprenez-vous? On a la chance, on a
la chance, tu sais, j'ai eu la chance d'être éduqué par quelqu'un qui voulait
avoir mon bien, et tout, mais, comme je vous disais tantôt, pas tout le monde
qui ont cette chance-là.
Et puis ce n'est pas en mettant la loi à
21 ans qu'on va les protéger, mais pas du tout, parce que ces jeunes-là,
bien souvent, vous savez comme moi, on en a parlé tantôt, ils viennent de
familles bien souvent éclatées. Ils viennent souvent de familles qui ont des
problèmes tellement grands qu'eux autres, bien souvent, ils vont aller se
réconforter malheureusement dans la drogue. Puis, comme je vous ai dit, ce
n'est nécessairement de la bonne drogue qu'ils vont prendre. Ça va être des
drogues... malheureusement, qu'ils vont se retrouver à l'hôpital et puis, des
fois, malheureusement, il y en a qui en meurent.
Donc, c'est pour ça, moi, je pense qu'on
n'est vraiment pas dans le bon chemin. Moi, je pense qu'on devrait repenser à
ça, mettre ce projet de loi là de côté puis d'attendre, tu sais. Tu sais, veux
dire, je les ai lus, les mémoires, parce que je les ai lus dans l'autre
législation puis je peux vous dire que j'en ai regardé quelques-uns puis, ouf!
il n'y a pas grand changement vraiment. C'est juste les mêmes acteurs qui
viennent redire...
Bien, moi, je pense que, dans mon avis,
vous devriez prendre plus en considération les gens qui travaillent avec les
jeunes dans la rue, avec les problèmes qu'ils ont et puis, à place de jouer à
18-21 ans... D'une manière ou une autre, nos jeunes qui veulent fumer, qui
vont consommer, ils vont consommer «anyway». Ils vont se promener soit dans une
autre province ou soit qu'ils vont l'acheter tout simplement dans un pusher du
coin. Ça va être ça.
Puis, malheureusement, puis vous devez le
savoir, hein, bien souvent, moi, je demeure, je reste à Laval, mon secteur est
à Laval puis, bien souvent, les pushers, ils se tiennent où? Ils se tiennent
pas loin des écoles où les enfants, ils ont de l'argent. Donc, bien souvent,
c'est dans des collèges privés, bien souvent, parce qu'ils savent qu'ils ont de
l'argent. Quand t'es pusher, là, là, je ne parle pas de 18 ans, là, là, je
parle des jeunes de 13, 14, 12 ans, comprenez-vous? C'est que, là, là,
nous autres, on parle de 18 à 21 ans, là, tu sais. En tout cas. M. le
Président, je trouve ça incroyable, la journée de la marmotte.
Le Président (M. Provençal)
: J'ai reconnu le député de Viau, qui m'avait signifié qu'il
voulait prendre la parole.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, M. le Président, je tiens à saluer votre presque légendaire
patience, donc, à nous écouter, depuis maintenant quelques jours, débattre de
ce projet de loi. C'est important pour nos jeunes. La patience... je dois
reconnaître aussi celle du ministre aussi et la nôtre à essayer d'avoir
quelques accommodements, quelques aménagements dans l'intérêt de l'ensemble des
jeunes.
Nous avons tenté, au cours des derniers
jours, M. le Président, à essayer d'attirer l'attention du ministre sur des
différents enjeux qui concernent les jeunes qui seraient touchés, voire ciblés
par ce projet de loi. Donc, le mot n'est pas trop fort.
Mais nous avons l'article 1 devant nous,
l'article qui concerne l'âge. Mon collègue de Pontiac l'a rappelé tout à
l'heure, à travers non seulement le mémoire du Barreau du Québec, ce qui est
très clair, qui est très clair sur la portée de cette loi-là ou qui peut être
facilement contestée, parce que c'est une loi et, si adoptée telle quelle… qui
pourrait être perçue… et je ne doute absolument pas qu'il va y avoir des
personnes, des adultes, des citoyennes et citoyens québécois qui vont le
contester comme étant une atteinte aux droits de la personne.
Mais, selon moi, il y a une autre atteinte
qui est potentielle aussi que ce projet de loi a aussi en son sein, même dans
son esprit. C'est aussi… et ça, c'est une atteinte importante, c'est sur le
droit d'accès à des produits de qualité. Donc, il y a quelque <110 000 jeunes
comme le rappelait dans un mémoire, donc c'était celui de la ville de
Montréal...
M. Benjamin :
...importante, c'est sur le droit d'accès à des produits de qualité. Donc,
il
y a
quelque >110 000 jeunes, comme on le rappelait dans
un mémoire, donc, c'était celui de la ville de Montréal, quelque
110 000 jeunes âgés de 18 à 20 ans qui, si ce projet de loi se
retrouvait adopté tel quel, donc, se verraient tout simplement refuser leur
droit d'accès à des produits de qualité.
Et, moi, ce que je suis sûr aussi, c'est
ce que le ministre ne souhaite pas cela. Donc, aucun de nous ne souhaite cela.
Et je fais miens d'ailleurs les mots de notre collègue de Vimont, qui rappelle
qu'à mon sens tout jeune devrait s'abstenir de fumer du cannabis. Ce n'est pas
un bon produit, on est d'accord. Sauf qu'au-delà de ce voeu, au-delà de cette
déclaration, toujours est-il qu'il y a des jeunes, et une grande proportion au
niveau du groupe d'âge 18 à 21 ans qui est ciblé, qui ont fumé, qui
fument et qui vont continuer de fumer. Et c'est là, je pense, qu'il y a cet
enjeu-là sur le droit d'accès à des produits de qualité.
Mon collègue de Vimont rappelait, tout à
l'heure, que c'était un projet de loi présenté dans une forme de précipitation.
Je veux bien, mais il y a un éléphant. Il y a un éléphant dans la pièce, M. le
Président. Il y a un éléphant dans cette pièce législative. Et l'éléphant, ce
sont les directeurs de santé publique, c'est l'INSPQ, qui, bien avant que ce
projet de loi ait été déposé, ils ont fait leur travail de scientifiques. Ils
ont fait leur travail de scientifiques. Et je pèse le mot. Ils ont fait leur
travail de scientifiques, c'est-à-dire non seulement de regarder l'aspect de la
santé, mais l'aspect de la santé publique et l'aspect aussi de la réduction des
méfaits. Et ils ont proposé... Et leur mémoire, c'est une pièce que je
qualifie... que je qualifie... qui pourrait être même une pièce à conviction
éventuellement face à une éventuelle contestation, parce que le mémoire des
directeurs de santé publique est éloquent sur les recommandations. Éducation,
prévention, sensibilisation, pièces maîtresses de toute action de n'importe
quel gouvernement qui veut réduire la consommation du cannabis chez les jeunes
âgés entre 18 à 21 ans
Deuxième élément. Pour le groupe qui
concerne les 18 à 20 ans, l'INSPQ et les directeurs de santé publique
sont... Je trouve ça extraordinaire qu'ils disent : Écoute, nous... Ils
sont conscients que ce n'est pas une loi qui va empêcher... Il y a une loi...
Quand c'était criminel, ces jeunes-là fumaient. Ce n'est pas quand c'est devenu
pénal qu'ils vont arrêter de fumer. Il y a des jeunes qui vont continuer de
fumer. Alors, ils disent : Écoutez... Ils proposent, pour les jeunes de 18
à 20 ans, que ces jeunes-là puissent avoir accès à des produits plutôt à faible
teneur en THC, à des produits de qualité, justement, justement pour permettre à
ce jeune-là d'avoir une passerelle pour accéder à plutôt à un marché régularisé
et non pas se retrouver chez le pusher du coin avec un produit avec n'importe
quelle composante dedans.
Ou, justement, ou, justement… On parle de
110 000 jeunes, M. le Président, âgés de 18 à 20 ans. Ou, justement, les
risques, notamment, notamment, quand on parle de problématiques de santé
mentale, auxquelles le ministre tient beaucoup, et nous y tenons aussi
beaucoup, et ces risques-là sont réels, mais, dans le cas de ces 110 000
jeunes, 110 000 jeunes Québécoises et Québécois âgés de 18 à 20 ans qui
vont se retrouver dans une situation où ils n'ont pas... ils ne peuvent plus
aspirer à accéder à un marché régularisé, contrôlé, avec des produits de
qualité, ces jeunes-là, qu'est-ce qu'ils vont faire?
• (17 h 40) •
Ce n'est pas une loi... Je doute fort que
c'est une loi, puisque, quand c'était criminalisé, M. le Président, ils
fumaient. Est-ce que vous pensez que c'est une loi pénale avec une portée
pénale qui va les empêcher de fumer? Non. Probablement, ces jeunes-là, comme
ils le font, ils vont se retourner vers un marché illicite avec des produits de
très mauvaise qualité, toutes sortes de composantes dedans, toutes sortes
de — pardonnez-moi l'expression, M. le Président — toutes
sortes de <cochonneries dedans et...
M. Benjamin : ... Non.
Probablement,
ces jeunes-là, comme ils le font, ils vont se retourner vers un marché illicite
avec des produits de très mauvaise qualité, toutes sortes de composantes
dedans, toutes sortes de
— pardonnez-moi l'expression, M. le
Président — toutes sortes de >cochonneries dedans, et ils vont
être beaucoup plus à risque. Et ça, à ce moment-là, ça va être, pour nous, et
je le déplore de manière anticipée, ça va être, pour nous, un échec, à ce
moment-là, par rapport à l'objectif que nous voulions tous, c'est-à-dire
prévenir des problématiques de santé mentale. Ça sera un échec pour nous,
puisque l'objectif, je crois, de tout gouvernement, l'objectif des législateurs :
il ne faut pas qu'on puisse échapper un jeune. Un jeune qu'on perd, c'est un
jeune de trop. Or, nous avons, visiblement, devant nous, un projet de loi qui
dit : Écoutez — pour 110 000 jeunes, donc, qui vont
continuer de fumer — arrangez-vous avec vos troubles, puisque vous
n'aurez pas accès à des produits de qualité.
Et, vraiment, je tiens, une fois de
plus — je l'ai déjà fait — à féliciter les scientifiques de
la Direction de la santé publique et de l'INSPQ de s'être penchés de manière
sérieuse sur cet enjeu-là pour notre société, notamment par rapport aux
objectifs de santé publique, réduction des méfaits, mais aussi, mais aussi, M.
le Président, comme les autres scientifiques qui ne sont pas du même avis
qu'eux, sur les enjeux de santé mentale et sur les portées... donc, et sur les
portées que pourrait avoir ce projet de loi là.
M. le Président, je vais... je l'ai
rappelé lors des consultations que nous avions eues, et je déplore, en fait,
que nous n'avions pas eu beaucoup de groupes de jeunes qui sont venus
s'exprimer. Moi, je crois beaucoup dans la jeunesse québécoise. Moi, je crois
dans notre jeunesse. Moi, quand je rencontre des jeunes de plusieurs régions du
Québec dans différentes organisations, associations, dans ma circonscription,
moi, je suis très confiant pour la suite des choses pour le Québec quand je
regarde nos jeunes. Je suis très confiant.
Ce sont des jeunes allumés, ce sont des
jeunes qui, dans la majorité des cas, prennent leur destin en main, inventifs,
responsables. Quand je compare les jeunes Québécois avec des jeunes d'autres
sociétés que j'ai connues, nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons
réalisé par rapport à la jeunesse québécoise. Au contraire, je pense que ce que
nous avons fait au cours des décennies, c'est de donner confiance, c'est que
ces jeunes-là puissent avoir confiance en eux, dans leur potentiel, c'est
d'assumer aussi pleinement très tôt aussi leur capacité de prendre leurs
responsabilités.
Et je vais me référer à ce mémoire, un des
rares groupes de jeunes d'ailleurs, M. le Président, qui a présenté un mémoire
dans le cadre de ces consultations et je trouve très à propos de continuer à
les citer. Je vais les citer jusqu'à la fin de cette étude détaillée. Parce que
c'est quand même les jeunes... On veut parler d'eux, alors eux, ils ont choisi
de parler pour eux-mêmes. Moi, je préfère les citer au lieu d'avoir à parler
pour eux. Je préfère les citer.
Comme, par exemple, dans ce mémoire de la
Fédération étudiante collégiale du Québec, regroupement de
78 000 étudiants répartis dans 26 cégeps. Et je cite cet extrait de
leur mémoire, où ils disent : «Il est donc de mise que toute modification
à la loi respecte les principes et n'empêche pas l'achat de marché légal pour
les personnes qui appartiennent à une population qui consomme déjà plus de
cannabis. Cela aurait pour effet de refiler les moins de 21 ans à l'achat dans
le marché noir qui existe toujours au Québec. Au-delà d'alimenter
financièrement le crime organisé, aucune assurance-qualité du produit ne serait
possible pour les plus grands consommateurs de cannabis.»
J'aimerais demander, M. le Président, à M.
le ministre : Qu'est-ce qu'il répond à cet élément que... C'est des jeunes
qui parlent. Qu'est-ce qu'il dit? Qu'est-ce qu'il a envie de dire à ces jeunes?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
moi, je suis... Depuis que je suis arrivé en position, je suis les chiffres de
la SQDC. Encore une fois, c'est des chiffres qui sont limités à la vente en
ligne, là, je comprends ça. Mais les chiffres sont copiés-collés depuis le
début, là, 18-20 ans, c'est 2 %, 18-24 ans, qui est le vraiment le plus
gros groupe qui consomme, c'est 10 %. <Donc, si on dit qu'on vit
dans le vrai monde, là, la réalité, c'est que ces jeunes-là qu'on a besoin de
protéger, puis je comprends que le concept d'augmenter à 21 ans, l'impact sur
les plus jeunes, c'est quelque chose...
M. Carmant : ...qui est
vraiment le plus gros groupe qui consomme, c'est 10
%. >Donc,
si on dit qu'on vit dans le vrai monde, là, la réalité, c'est que ces jeunes-là
qu'on a besoin de protéger… puis je comprends que le concept d'augmenter à
21 ans l'impact sur les plus jeunes, c'est quelque chose qui ne semble pas
facile, là, à assimiler, mais ce qu'on dit, c'est que le fait de remonter à
21 ans, c'est vraiment pour les plus jeunes qu'on veut faire, pas juste
les 18,19, 20 ans, et que, quand on prend l'habitude de consommer dès
l'adolescence, à 18, 19, 20 ans, ces jeunes-là ne semblent pas aller à la
SQDC actuellement. C'est ça, l'habitude qu'il faut changer. C'est vraiment l'initiation
de la consommation. C'est de ça qu'on parle depuis le début, que nous, on parle
depuis le début.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Viau.
M. Benjamin : Alors, je
suis bien d'accord avec M. le ministre, mais, vous savez, M. le Président, M.
le ministre a évoqué un chiffre de 2 %. Soit. Mais je pense que c'est le
ministre aussi qui a évoqué, autour de cette table, et je suis d'accord avec
lui lorsqu'il l'évoquait, que nous n'avons pas le... nous ne pouvons pas nous
permettre d'échapper un de nos jeunes. Fût-il 2 %, M. le ministre, ne
vaut-il pas la... Est-ce que ça ne vaut pas la peine que 2 % des jeunes
Québécoises et des jeunes Québécois… qu'on puisse s'attarder puis qu'on puisse
s'assurer que ces jeunes-là ne se retrouvent pas dans le marché illicite,
fût-il 2 %?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Mais donc
nous, on... Alors, ce 2 %... Les gens qui commencent à consommer à
18 ans actuellement, c'est des gens qui, comme Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce l'a mentionné, sont probablement des gens qui respectent
les lois. Et nous, on pense que ces gens-là vont accepter d'attendre à
21 ans si on déplace la loi à 21 ans.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Viau.
M. Benjamin : M. le
Président, je pense que l'INSPQ… et j'ai parlé de citer les jeunes beaucoup,
mais je vais beaucoup citer l'INSPQ, parce que je pense que l'INSPQ, bien avant
qu'il y ait eu un projet de loi n° 2, l'INSPQ a oeuvré dans ce chantier
et, vraiment, a fait un travail de défricheur extraordinaire, donc, pour aider
l'ensemble de la société, l'ensemble des acteurs impliqués et qui veulent
s'engager pour la lutte contre le cannabis, contre l'usage du cannabis par nos
jeunes. Et le travail est éloquent. Lorsque l'INSPQ nous dit, dans ses travaux,
que — les observations qu'on fait d'ailleurs, M. le
Président — lorsque c'était criminel, les jeunes fumaient, alors, j'aimerais
savoir, j'aimerais que le ministre nous dise qu'est-ce qu'il compte faire,
donc, avec une loi ayant une portée pénale pour réduire, voire, espérons-le,
empêcher à tout jeune âgé entre 18 à 20 ans d'âge de fumer? J'aimerais
savoir qu'est-ce qu'il compte faire. Bon. Moi, j'essaie de voir quel genre de
levier qu'il a. Je n'en vois pas. Peut-être qu'il a quelque chose. J'aimerais
l'entendre.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Alors,
toujours le même concept, de retarder l'âge d'initiation à la consommation et
d'améliorer la prévention, l'éducation et le repérage. Ce sont ces deux
tactiques ensemble qui nous semblent être gagnantes.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Viau.
M. Benjamin : M. le
Président, mon collègue de Vimont a évoqué... a parlé de son expérience. Et
moi, je pense que c'est toujours... Moi, j'ai toujours eu, là, comme posture à
la fois de travailler avec des chercheurs, des gens qui cherchent, qui se
documentent et des gens de terrain, donc, pour se faire une bonne tête sur les
bonnes actions à prendre, surtout en matière de politique publique. Je pense
que c'est important de travailler avec des chercheurs et des personnes de
terrain. Et mon collègue de Vimont a été on ne peut plus éloquent lorsqu'il
parlait des pratiques de consommation qui commencent très tôt. Donc, notamment,
il a parlé aux abords des collèges privés, souvent même des... tôt, dès le
primaire.
• (17 h 50) •
Et, parlant de ça, je vais vous parler...
M. le Président, vous savez, j'aime toujours parler de ce qui se fait
d'extraordinaire dans la circonscription de Viau, donc, où il y a eu un enjeu
autour duquel il y a deux groupes communautaires. Je veux parler, entre autres,
d'un organisme extraordinaire que probablement M. le ministre connaît, la
Maison d'Haïti, donc, qui fait un travail extraordinaire. Et, notamment, c'est
un projet autour de l'hypersexualisation. <C'est un projet qui a commencé
absolument parce qu'il y avait des enjeux par rapport à nos jeunes filles...
M. Benjamin :
...extraordinaire que
probablement
M. le ministre connaît, la
Maison d'HaïtiV, donc, qui fait un travail
extraordinaire, et
notamment
c'est un projet autour de l'hypersexualisation. >C'est un projet qui a
commencé absolument parce qu'il y avait des enjeux par rapport à nos jeunes
filles, et on a travaillé pour accompagner, soutenir nos jeunes filles. Et ça,
on l'a fait dès le primaire, on le fait dès le primaire. Donc, l'enjeu de la
sensibilisation, l'enjeu de la prévention, l'enjeu de l'éducation, tout comme
en matière de l'usage du cannabis, l'INSPQ l'a identifié, qu'il fallait
commencer très tôt, très tôt. Et, ça, là-dessus, nous sommes d'accord, sur
l'importance de l'éducation, de la prévention, de la sensibilisation. Très tôt.
Mais là l'enjeu... et ça, si ce projet de loi visait à investir davantage en
matière d'éducation, à investir davantage en matière de prévention, investir
davantage en matière de sensibilisation, mieux coordonner le travail de tous
les acteurs, les composantes de la société qui interviennent dans cet enjeu-là,
que ce soient les institutions, les organismes communautaires, le gouvernement,
etc., je pense que, de ce côté-ci, je pense qu'on serait quand même prêts à
accompagner l'action gouvernementale.
Mais l'enjeu n'est pas là, M. le
Président. L'enjeu est sur un projet de loi qui vise à enfreindre les droits de
la personne, de jeunes adultes. C'est là l'enjeu, et c'est là aussi qu'on dit,
qu'on ne cesse de répéter au ministre qu'il... s'il n'a pas réussi quand... si
on n'a pas réussi quand c'était criminalisé, ce n'est pas en devenant pénal
qu'on va réussir, comme par une baguette magique, à faire en sorte que,
soudainement, les jeunes Québécoises et les jeunes Québécois ne fument plus.
Nous, nous réitérons... moi, je réitère au ministre qu'il est bon, c'est vrai,
il faut faire davantage dans la sensibilisation, dans la prévention, dans
l'éducation, mais en empêchant 110 000 jeunes âgés de 18 à 20 ans — 2 %,
je veux bien — d'accéder à des produits de qualité, c'est un frein
qu'on met à nos objectifs qui sont poursuivis.
Moi, ce que je demande à... la question
que je pose au ministre : Qu'est-ce qu'il dit à ces 110 000 jeunes
aujourd'hui, 110 000 jeunes Québécoises et Québécois qui ne pourront plus,
si cette loi-là viendrait à être adoptée, accéder à la SQDC éventuellement
s'ils devraient le faire?
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député de Viau. Alors, je reconnais le député
de Vimont.
M. Rousselle : J'écoutais le
ministre : l'objectif, c'est de retarder l'âge d'initiation, si j'ai bien
compris. Sauf que l'âge d'initiation, ce n'est pas 18 ans, c'est plus de bonne
heure que ça. Et c'est pour ça qu'il faut travailler là-dessus, parce
qu'actuellement, là, les jeunes, ça fume. Mon collègue de Viau, il en a parlé,
il a parlé d'un montant, puis ça va continuer, ça là, là. Ne pensez pas que ça
va arrêter. Et si on veut que ça modère puis qu'on veut comme faire le même
travail qu'on a fait avec la cigarette pour mettre les gens conscients, bien
c'est par la prévention, c'est au niveau... travailler auprès des écoles,
auprès des jeunes. Ça va être vraiment ça, le travail. Comme mon collègue l'a
dit, justement, il est souvent avec des associations de jeunes, et il le sait,
il le vit. Et, sûrement, vous en faites, de la tournée, sûrement, vous l'avez
faite, la tournée des jeunes. Ils en consomment déjà, ils sont déjà dans
l'illégalité, ça, ça ne changera pas. Là, on s'obstine juste sur l'âge de 18 à
21 ans. Actuellement, là, un jeune de 18 ans, ça peut être député. Ça peut être
ministre. Vous allez dire : Non, mais il n'a pas assez de maturité pour
comprendre la formation puis l'information qu'on va lui donner. Voyons!
Puis, d'ailleurs, on le sait que c'est le
cerveau, puis ça, selon des études que j'ai vues à un moment donné dans l'autre
législature, que le cerveau, il n'est pas complété jusqu'à l'âge de 25 ans.
Puis ça, c'est vous, vous allez pouvoir me dire ça, là, moi, je ne suis pas
médecin. Donc, il y a toujours un problème entre le 21 puis le 25 ans. C'est
pour ça que moi, je dis : Globalement — puis vous sortez souvent
ce mot-là, globalement — bien, globalement, je pense qu'il faut le
voir au complet, ce problème-là, puis il faut y aller vraiment avec la
prévention.
D'ailleurs, mon ancienne collègue, Lucie
Charlebois, elle avait, si je ne me trompe pas, dans cette loi-là, il y a... on
était pour la revoir après cinq ans. Pourquoi qu'on l'a mis, ça? Parce <qu'on
ne l'a pas, l'expertise, on n'a pas l'expérience là-dedans. On va le vivre, tu
sais, on va le vivre chez nous, au Québec, là, parce que les études
actuellement, c'est des études vous sortez que oui, peut-être, puis là, oui,
ça, c'est la cigarette, puis c'est peut-être une connotation pareille, puis
bon. Mais il n'y en a pas une précise...
M. Rousselle : ...on l'a
mis, ça, parce >qu'on ne l'a pas, l'expertise. On n'a pas l'expérience là-dedans.
On va le vivre, là. Tu sais, on va le vivre chez nous, au Québec, là. Parce que
les études, actuellement, c'est des études... Vous sortez que, oui, peut-être,
puis là, oui, ça, c'est la cigarette, puis c'est peut-être une connotation
pareille puis... Bon. Mais il n'y en a pas une précise là-dessus. On est en
train de la faire actuellement, là. On est dans le cinq ans justement. On est
en train de la vivre, ce cinq ans-là.
Moi, je pense que ce projet de loi là, n° 2, a été mis sur table trop vite, trop rapidement. Puis,
d'ailleurs, il y avait, avec la commission jeunesse que je voulais... je
parlais tantôt... Donc, on aurait dû attendre ça aussi... un petit peu. Mais,
en même temps, d'attendre le cinq ans, que ça... qu'on puisse avoir le résultat
de ça… À un moment donné, il va y avoir une résultante de ça. Il va y avoir un
rapport, dire : O.K., c'est ça, le portrait. C'est dans cinq ans qu'on va
avoir le portrait.
Là, je ne vois pas l'objectif, pourquoi...
Comme je vous dis, si c'est un objectif, à un moment donné, pour faire de la
prévention, puis qu'on travaille ensemble puis qu'on essaie vraiment de faire
comprendre aux gens : Tu sais, il ne faut pas consommer, dans le fond,
totalement, puis... Bon, «alright». Là, j'embarque là-dedans. Mais ce n'est pas
ça, là, qu'on fait. Là, là, on est comme : non, non, il faut vraiment
l'amener à 21 ans parce qu'on veut vraiment retarder l'âge de l'initiation.
L'âge d'initiation, elle n'est pas à 18, 21 ans, là, elle est avant, là. Là,
quand on parle, on veut retarder l'âge d'initiation, là, je veux dire, oui, là,
mais on n'est pas... on n'est pas là, là. On n'est pas là pantoute.
Moi, je trouve ça bien malheureusement,
encore une fois, qu'on ait toujours... qu'on n'ait pas attendu le cinq ans
d'étude que le projet de loi actuel, là, donne. Donc, on va... On aurait eu la
chance de voir le résultat puis, de ça, on aurait pu, justement, en venir avec
un portrait correct. Tu sais, actuellement, on se fie dans d'autres pays. Mais,
dans d'autres pays, il y a d'autres moeurs, il y a d'autres... c'est différent
puis, tu sais, ce n'est pas totalement pareil aussi, là. Tu sais, il faut
prendre ça en considérant.
Je regardais le Pays-Bas, là, tantôt, là. Vous
n'avez pas mentionné le Pays-Bas, mais il y a le Pays-Bas qui est différent.
Parce que c'est pour ça, j'ai été regarder ça puis j'ai été aux Pays-Bas, puis,
il me semble, j'avais vu pas mal de...
Une voix
:
Consommateurs.
M. Rousselle : ...de... bien,
pas... bien, consommateurs, je n'en ai pas vu, mais c'était dans des genres de
cafés puis... Ça se passe dans des cafés, là. En tout cas, c'est ça que j'ai
vu. Je n'en ai pas vu à l'extérieur. Je pense, ça se passe dans des cafés aux
Pays-Bas. Mais il y en a plein. Donc, là aussi, c'est comme un autre règlement,
une autre manière de vivre puis un autre... On est en Europe puis avec d'autres
manières de penser.
Ici, on est au Québec, puis je pense qu'on
pourrait tout simplement regarder, attendre. Comme je vous dis depuis tantôt,
là, je pense, ce projet de loi là, il a été lancé trop rapidement avec... en
trompe et tout, mais je pense qu'on fait fausse route puis on l'aurait dû
attendre justement le cinq ans, au moins avoir un portrait parfait.
Parce qu'actuellement on fait des
modifications, on est des législateurs, et on n'a pas non plus... tu sais,
on... il faut vous croire sur parole, là, mais, tu sais, on n'a pas rien. Là,
on va voter puis on n'a pas rien pour me rassurer qu'il va y avoir des choses
tantôt pour les jeunes en itinérance ou quoi que ce soit. On vote mais sans
savoir. Puis, moi, quand je ne sais pas, bien, je m'abstiens. Je vote contre,
c'est sûr. Je ne le sais pas. Je ne le sais pas, où on s'en va.
Comme je vous ai dit tantôt, je suis le
premier qui dit : Consommation, là... Moi, je suis le premier que...
J'espère que mes petits-enfants ne consommeront pas, là. Comprenez-vous? Puis
je pense qu'il y a bien des grands-parents qui nous écoutent, là, ils doivent
être la même affaire, tu sais. Non, non, puis... Comment ça se fait que c'est
arrivé, ça, au Québec, là, le droit de consommer, tu sais? Il y a beaucoup de
gens qui... On a fait le porte-à-porte. Je ne sais pas si vous avez fait du
porte-à-porte. Moi, j'en ai fait beaucoup et puis je peux vous dire qu'une des
discussions, c'était ça. Mais ce n'était pas l'âge de 18 à 21 ans, c'était le
fait que le... que ça arrivait, là. C'est le fait qu'il y avait... c'était
légalisé. C'était ça, l'affaire. 18-21 ans, là, ce n'est pas ça pantoute.
C'était vraiment : C'est à cause que, aïe! ça arrive, ça, là, là. Comment
ça qu'on a ça chez nous, tu sais? Surtout les personnes âgées, ils étaient
vraiment inquiets, là. Je peux vous dire, là, c'était comme : Voyons donc!
Comment ça le pot, là, ça arrive chez nous, là, puis c'est... on peut acheter
ça au magasin, là? Tu sais, comment ça se fait, là, tu sais?
L'autre affaire que je me posais tantôt,
c'est : Les jeunes qui ont 18 ans, qui travaillent pour vendre du
cannabis, ils vont-u conserver leur travail? Ils vont-u conserver leur job? Tu
sais, est-ce que vous allez en embaucher d'autres? Parce que, là, il y a des
droits là-dedans, là. Le jeune, lui, veut travailler, veut travailler là, là. O.K.,
toi, tu as 18 ans, tu ne peux pas venir travailler là. Là, on ne parle pas de
consommer, là, on parle de vendre, là. J'aimerais ça savoir du ministre si les
jeunes de 18 ans qui travaillent à la SQDC, ils vont perdre leur emploi ou
encore vous allez continuer à en embaucher.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous donne un droit de réponse, puis après ça on va
clore.
M. Carmant : Au cas où il soit
là demain, on a déposé les amendements que vous pouvez aller lire, qui incluent
ce dont vous parlez.
Le
Président (M. Provençal)
: Alors, je vous
remercie de votre collaboration.
Compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 4 juin,
10 heures. Merci beaucoup de votre collaboration.
(Fin de la séance à
18 heures)
>
18 h (version révisée)
<17829
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors, je vous remercie de votre
collaboration.
Compte tenu de l'heure, la
commission
ajourne ses travaux au mardi 4 juin 10 heures.
Merci beaucoup, de
votre
collaboration.
(Fin de la séance à 18 heures)
>