Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
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Thursday, August 20, 2020
-
Vol. 45 N° 54
Examination of the 2019-2020 estimates of expenditure
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11 h (version non révisée)
(Onze heures)
La Présidente (Mme Chassé) :
Bonjour, tout le monde. Bienvenue. Je constate le quorum et je déclare la
séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à
tous ici de bien vouloir éteindre la sonnerie et le mode de vibration de leurs
appareils électroniques.
On est réunis ici pour procéder à l'étude
du volet Jeunesse des crédits budgétaires du portefeuille du Conseil exécutif
pour l'exercice financier 2020‑2021. Une enveloppe de
1 h 30 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Dansereau (Verchères) remplacée par M. Skeete
(Sainte-Rose); Mme Lecours (Les Plaines) est remplacée par M. Lefebvre
(Arthabaska); Mme Samson (Iberville) est remplacée par Mme Blais
(Abitibi-Ouest); Mme Sauvé (Fabre) est remplacée par M. Benjamin
(Viau); Mme Dorion (Taschereau) est remplacée par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques); M. LeBel (Rimouski) est remplacé par Mme
Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le secrétaire. Nous allons procéder aux échanges entre les groupes
d'opposition et le premier ministre par blocs d'environ 20 minutes pour
permettre à chaque groupe d'opposition d'écouler graduellement son temps de
parole. Le temps d'échange, je vous rappelle, inclut les questions et les
réponses.
M. le premier ministre, j'ai eu l'occasion
d'échanger avec tous, sauf vous, si vous le désirez, je peux permettre des
échanges en direct sans nécessairement intervenir à chacun des droits de
parole, tant et aussi longtemps, pour tous, que le ton est cordial, que ça
favorise des échanges constructifs.
Je rappelle à tous aussi la
proportionnalité question-réponse. Évidemment, il faut que les questions
permettent une réponse ayant du contenu. Ça fait que j'amène à la conscience de
tous ce principe de proportionnalité.
Alors, nous commençons avec notre premier
bloc d'échange pour une première intervention de l'opposition officielle. M. le
député de Viau, la parole est à vous.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Donc, M. le premier ministre, membres de la commission,
donc, très content d'être là pour cet échange. J'en profite pour saluer les
organismes jeunesse, qui sont nombreux et qui sont à pied d'oeuvre sur le
terrain, donc qui travaillent auprès des jeunes. Je salue l'ensemble des jeunes
Québécoises, des jeunes Québécois.
Alors, M. le premier ministre, ce n'est
pas avec étonnement que vous allez apprendre que le premier sujet que je compte
échanger avec vous, c'est sur l'enjeu de la santé mentale, l'enjeu de la santé
mentale des jeunes.
Le 7 mai dernier, M. le premier
ministre, il y a un article du journal LaPresse qui nous
apprenait qu'une nouvelle étude de l'Université du Québec en Outaouais... que
le tiers des jeunes Québécois, des adolescents, vivent une certaine forme de
détresse. Cette même étude ciblant les jeunes de 12 à 17 ans nous dit plus
spécifiquement...
M. Benjamin : …l'enjeu de la
santé mentale des jeunes. Le 7 mai dernier, M. le premier ministre, il y a
un article du journal LaPresse qui nous apprenait qu'une
nouvelle étude de l'Université du Québec en Outaouais… que le tiers des jeunes
Québécois, des adolescents, vivent une certaine forme de détresse. Cette même
étude, ciblant les jeunes de 12 à 17 ans, nous dit plus spécifiquement que
«58 % des garçons et 65 % des filles démontrent des symptômes
significatifs de dépression».
Sachant que les jeunes Québécoises, les
jeunes Québécois vivent une importante détresse et anxiété psychologique et
grandissante, M. le premier ministre, maintenant, ma question :
Qu'entendez-vous faire spécifiquement sur l'enjeu de la santé mentale des
jeunes?
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, d'abord, moi aussi je veux saluer le député de Viau, le co-chef de Québec
solidaire, la députée de Gaspé. Puis, bien sûr, notre super adjoint
parlementaire, député de Beauce-Sud, puis tous les gens qui travaillent, les
fonctionnaires, les gens qui nous aident au quotidien, entre autres à s'occuper
de nos jeunes.
Effectivement, la santé mentale des
jeunes, c'est un sujet qui me préoccupe beaucoup. Malheureusement, on voit les…
bon, à l'extrême, les suicides, on a, en plus, vécu une année qui était très
difficile avec la pandémie. Le fait qu'on ait demandé aux jeunes de rester à la
maison, incluant les enfants, ce n'est pas dans la nature d'un jeune d'être
tout seul puis de ne pas voir ses amis pendant plusieurs semaines. Donc, c'est
pour ça que c'est si important, malgré les faibles risques, de tout faire pour
que les jeunes retournent en classe.
Maintenant, concernant la santé mentale,
le 6 mai dernier, donc en pleine pandémie, on a annoncé un nouvel
investissement de 31 millions de dollars pour ajouter aux services
psychosociaux puis en santé mentale. On a aussi augmenté le budget des
organismes communautaires de 20 millions de dollars. On a aussi augmenté
le budget de la LigneParents puis de la ligne Tel-Jeunes, qui font un travail
extraordinaire pour écouter les jeunes. Et il faut en faire plus.
Il faut en faire plus, Mme la Présidente, parce
que c'est un grand négligé de la santé, la partie… le département Santé
mentale. Évidemment, il y a encore un peu de préjugés. Quand quelqu'un est
malade physiquement, on le sait puis on est équipés, quand quelqu'un a des
problèmes de santé mentale, bien, c'est aussi important, pour que les gens… les
gens doivent aller chercher du support. Donc, on augmente de façon générale les
budgets en santé mentale. On augmente de façon spécifique les budgets pour
aider les jeunes qui ont des problèmes de santé mentale, mais je suis très
conscient qu'il reste encore beaucoup de travail à faire…
M. Legault : ...gens doivent
aller chercher du support. Donc, on augmente de façon générale les budgets en
santé mentale. On augmente de façon spécifique les budgets pour aider les
jeunes qui ont des problèmes de santé mentale, mais je suis très conscient
qu'il reste encore beaucoup de travail à faire.
M. Benjamin : Alors, merci
pour votre réponse, M. le premier ministre. Bien, vous savez que, sur l'annonce
que vous aviez faite des 31 millions, sur ces 31 millions là, il n'y
avait montant spécifiquement pour les jeunes.
Et je vais vous citer, M. le premier
ministre, lorsque vous dites, et je suis d'accord avec vous, que «la santé
mentale est aussi importante que la santé physique», alors, comme vous venez de
dire, et je suis d'accord aussi avec vous, qu' il faille faire plus, que nous
devons faire plus. Alors, sachant que les droits, en santé mentale, doivent
être réalisés et respectés, est-ce que vous allez vous engager à ce que
l'accompagnement psychosocial et les alternatives à la médication soient
accessibles et gratuits pour tous?
M. Legault : Mme la Présidente,
il faut s'assurer d'avoir des ressources. On le sait, ce n'est pas facile dans
le réseau de la santé puis des services sociaux. Il y a des postes qui sont
affichés mais non comblés. Il faut continuer d'augmenter le nombre de postes
mais aussi de travailler à ce que les postes soient comblés. Parce que, oui, il
y a des gens, parce qu'ils ne reçoivent pas rapidement des services
psychosociaux, se tournent vers le privé. Donc, est-ce qu'on est capables?
Puis on y travaille. Le nouveau ministre
de la Santé y travaille. Le ministre délégué aussi à la Santé y travaille pour
qu'on voie comment on peut amener des gens qui étaient dans le privé au public
pour réduire les listes d'attente. Parce que les gens... Tous les jeunes ont le
droit à des services gratuits, des services psychosociaux, puis je suis très
conscient qu'il y a des listes d'attente.
Maintenant, on a aussi beaucoup d'organismes
qu'on aide à donner des services qui, parfois, sont plus appréciés parce que
donnés sous une forme un peu moins formelle. Donc, je pense, entre autres, à
l'Association québécoise de prévention du suicide, qu'on finance, le
Regroupement des Auberges du coeur, la Fondation Jasmin-Roy, la Coalition
montréalaise des groupes jeunesse LGBT, Marie-Vincent. Il y a beaucoup d'organismes
aussi qui nous donnent un coup de main, mais il faut en faire plus pour que les
services gratuits, publics soient accessibles dans des délais raisonnables.
M. Benjamin : Vous l'avez
évoqué, M. le premier ministre, la crise sanitaire que nous traversons, autour
de cette pandémie, a entraîné beaucoup d'effets secondaires, et, parmi les
effets secondaires, le bouleversement quotidien de la vie de millions de
Québécoises et de Québécois, changeant de façon importante nos habitudes de
vie, dont particulièrement les jeunes. Et c'est dans ce sens, M. le premier
ministre, que mes collègues le député de D'Arcy-McGee, donc, et la députée de Maurice-Richard ont déposé un mandat d'initiative afin que la
Commission de la santé et des services sociaux puisse se pencher sur les
effets, justement, de cette pandémie sur la santé mentale des Québécoises et
des Québécois, et particulièrement des jeunes.
Alors, la question. Vous êtes responsable
des dossiers...
M. Benjamin : ...député de
D'Arcy-McGee et la députée de Maurice-Richard ont déposé
un mandat d'initiative afin que la Commission de la santé et des services
sociaux puisse se pencher sur les effets, justement, de cette pandémie sur la
santé mentale des Québécoises et Québécois, et particulièrement des jeunes.
Alors, la question : Vous êtes responsable
des dossiers jeunesse, allez-vous appuyer ce mandat d'initiative? Comptez-vous
appuyer ce mandat d'initiative important pour... où la commission parlementaire
pourra regarder l'ensemble des effets secondaires au niveau de la santé
mentale, donc, pour la vie des jeunes des Québécoises et des Québécois?
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, ce qui est important pour moi, moi, je suis un homme d'action, de
résultats, pragmatique. Je veux bien, des comités, des commissions, des études,
des forums, des... tout ce qu'on voudra, mais ce qui est important, c'est de
passer à l'action, de mettre des budgets, de recruter des personnes.
• (11 h 10) •
Je donne l'exemple de la DPJ, où il y
avait des listes d'attente totalement inacceptable. Le ministre délégué à la
Santé et Services sociaux a investi plus de 90 millions de dollars pour
ramener les listes d'attente à des délais qui sont plus raisonnables dans
toutes les régions du Québec.
Maintenant... Bon, le Parti libéral a été
au pouvoir pendant 15 ans. Et là, aujourd'hui, le Parti libéral, presque à
toutes les semaines, ou au moins à tous les mois, demande des commissions
parlementaires pour que le Parti libéral participe à changer les choses.
Bien, j'aurais le goût de dire : Le
Parti libéral a été là pendant 15 ans. On a hérité de la situation
actuelle suite aux 15 années du Parti libéral, donc ce n'est pas vrai que
ça va être des députés du Parti libéral qui vont nous permettre de tout régler
les problèmes. Je pense qu'on a une excellente équipe gouvernementale.
Bien sûr, les commissions parlementaires
ont toute la latitude de prendre des mandats d'initiative. Mais je sais que le
Parti libéral en demande beaucoup, des mandats d'initiative dans les
commissions parlementaires, qui sont occupées, Mme la Présidente, à régler puis
à faire avancer aussi un certain nombre de projets de loi nécessaires pour
changer les choses.
M. Benjamin : Et
pourtant, pourtant, Mme la Présidente, nous avions bien commencé. Donc, je vois
que le premier ministre a choisi de se lancer dans la partisanerie. Or, le
dossier des jeunes commande que nous puissions nous élever au-delà de la
partisanerie.
Je suis d'accord avec vous, M. le premier
ministre, lorsque vous dites que vous êtes un homme d'action. Mais, vous savez,
M. le premier ministre, il y a des enjeux sociaux qui commandent aussi que nous
prenions le temps de comprendre. Il y a des enjeux, des décisions que vous avez
à prendre, que votre gouvernement a à prendre, qui sont nécessaires... que vous
ayez des études, que vous soyez bien documentés.
Cette pandémie, la COVID-19, elle est
tombée sur nous tous. Elle est tombée sur nous tous, dois-je vous rappeler.
Aujourd'hui, je comprends qu'il y a des actions qui ont été posées dans
l'urgence. Mais l'enjeu de la santé mentale, M. le premier ministre, à côté des
investissements qu'il faille faire, faut-il bien comprendre, faut-il bien
comprendre ce qui s'est passé par rapport à l'impact...
M. Benjamin : ...nous tous.
Elle est tombée sur nous tous, dois-je vous rappeler. Aujourd'hui, je comprends
qu'il y a des actions qui ont été posées dans l'urgence, mais l'enjeu de la santé
mentale, M. le premier ministre, à côté des investissements qu'il faille faire,
faut-il bien comprendre, faut-il bien comprendre qu'est-ce qui s'est passé par
rapport à l'impact de cette pandémie, pour comprendre les retombées en termes
de santé mentale, et quelles sont les décisions à venir que nous avons à
prendre.
Alors, je ne comprends pas que vous
puissiez me dire que la réponse à donner, c'est les actions. Et, non, vous
refusez des études, vous refusez de faire des analyses, vous refusez de
comprendre. Alors, j'essaie de comprendre, M. le premier ministre.
La Présidente (Mme Chassé) :
Je crois que je vais commencer... Je pense que je vais commencer à intervenir. Ça
va me faire plaisir de donner des petites respirations entre chacune des
interventions. Puis je vais vous demander de continuer à vous adresser à la
présidence.
M. Benjamin : Alors, M. le
premier ministre, voilà, justement...
La Présidente (Mme Chassé) : À
la présidence. On y va. Oui, on y va.
M. Benjamin : À la présidence.
Alors, Mme la Présidente, est-ce que M. le premier ministre peut nous dire... Est-ce
que les études, est-ce que des analyses, pour elle... pour lui, pardon, c'est
suranné, donc c'est inacceptable, puisqu'on ne parle que d'actions? Est-ce
qu'on n'a pas besoin d'études? Donc, moi, je pense que c'est important que,
pour lui, comme premier ministre qui doit prendre des décisions, il a besoin de
s'appuyer sur de l'expertise, sur la science, sur la compréhension, sur la participation
de tous.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre, allez-y.
M. Legault : Mme la
Présidente, je pense que le député de Viau confond les études, les forums et
les commissions parlementaires avec des députés libéraux. On a fait un forum
sur les jeunes et la santé mentale le 13 mai 2019. Donc, on a écouté tous les
groupes. On a écouté aussi les députés libéraux. Maintenant, il y a une
situation qui s'ajoute, qui est la situation de la pandémie, qui n'est pas
terminée. Il va falloir en tirer des conclusions.
Et évidemment, comme je le disais tantôt,
notre priorité au cours des prochaines semaines, ça va être de s'assurer d'avoir
une belle rentrée parlementaire dans nos écoles, nos cégeps, nos universités.
Mais on va continuer de consulter. Les propositions sont toujours le bienvenu.
Mais il faut distinguer entre des consultations puis des mandats d'initiative
parlementaires, de commissions parlementaires, qui doivent être décidés par les
parlementaires de la commission parlementaire.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau.
M. Benjamin : ...Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Chassé) :
6 min 44 s.
M. Benjamin :
6 mn 44 s? Parfait. M. le premier ministre, l'autre enjeu que
j'aimerais peut-être aborder avec vous, puisque vous dites que vous êtes un
homme d'action... et là donc, j'aimerais vous entendre sur...
La Présidente (Mme Chassé) : À
la présidence.
M. Benjamin : Donc, oui,
monsieur...Donc, Mme la Présidente, donc... Voila, ça va être compliqué, mais
que voulez-vous.
La Présidente (Mme Chassé) :
Bien, jusqu'à ce qu'on m'assure que le ton...
M. Benjamin : Bien, le ton est
bon, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) :
Fantastique.
M. Benjamin : Le ton est
fantastique.
La Présidente (Mme Chassé) :
«Yes».
M. Benjamin : Il est
excellent. Alors, M. le premier ministre nous a dit qu'il est un homme
d'action, alors j'aimerais savoir quel est... Il y a une loi qui existe, qui
est la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, afin de favoriser la
présence des jeunes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État.
Est-ce que le premier ministre peut nous dire combien de...
La Présidente (Mme Chassé) :
...le ton...
M. Benjamin : Bien, le ton est
bon, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Chassé) :
Fantastique.
M. Benjamin : Le ton est
fantastique.
La Présidente (Mme Chassé) :
Yes.
M. Benjamin : Il est
excellent. Alors, M. le premier ministre nous a dit qu'il est un homme
d'action, alors j'aimerais savoir quel est... Il y a une loi qui existe qui est
la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État afin de favoriser la présence des
jeunes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État. Est-ce que le
premier ministre peut nous dire combien de jeunes, depuis les deux dernières
années, donc... ou depuis la dernière année, donc, ont été nommés, donc, sur la
gouvernance des sociétés d'État?
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président...
La Présidente (Mme Chassé) : Mme
la Présidente.
M. Legault : Mme la Présidente,
excusez-moi. Quelle grave erreur.
La Présidente (Mme Chassé) :
Ouf.
M. Legault : Écoutez, quand on
regarde les sociétés d'État, le 31 mars 2018, donc au moment où le Parti
libéral formait le gouvernement, il y avait 15 jeunes sur les conseils
d'administration. Il y en a aujourd'hui... Bien, en date du 31 mars 2020, il y
en a maintenant 19. Donc, on a ajouté quatre personnes sur les gouvernances des
sociétés d'État.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, dois-je comprendre qu'à ce compte-là, au terme du mandat de
la CAQ, donc, il y aura huit personnes si je me fie... puisque ça fait deux ans
que vous êtes là? Donc, il n'y a que quatre personnes qui ont été nommées, donc
probablement on s'enligne vers huit personnes. L'action... Donc, on aimerait
avoir un peu plus d'action, donc, à ce niveau-là.
Et un autre enjeu qui m'intéresse
beaucoup, Mme la Présidente, c'est l'enjeu de l'environnement. Et cet enjeu-là
préoccupe au plus haut point les jeunes Québécoises et les jeunes Québécois.
J'ai entendu... et avec... le premier ministre en parler avec beaucoup de
ferveur, et puis ça m'avait vraiment touché lorsqu'il en parlait, de
l'importance, donc, pour lui, pour ses enfants et ses petits-enfants
éventuellement de laisser une planète plus propre, etc.
Sauf qu'on est préoccupés et les jeunes
Québécois sont préoccupés, Mme la Présidente, lorsqu'hier, pas plus tard
qu'hier, le ministre de l'Environnement n'a pas été en mesure de nous dire ses
intentions au sujet de... puisque les rumeurs courent qu'il veut abolir le
Conseil québécois de l'eau. Lorsqu'on voit la ministre des Affaires...
La Présidente (Mme Chassé) :
Le conseil québécois de?
M. Benjamin : Pardon?
La Présidente (Mme Chassé) :
Le conseil québécois de?
M. Benjamin : De l'eau, de
l'eau. Lorsqu'on entend la ministre des Affaires municipales intervenir sur le
fait que... sur feu l'ancien projet de loi n° 61, donc, que les milieux
humides... il faut construire dans les milieux humides. Et j'aurais pu
poursuivre encore sur beaucoup d'orientations de son gouvernement.
La question que je pose maintenant pour le
ministre au nom de l'ensemble des jeunes Québécoises et jeunes Québécois,
c'est : Quel legs qu'il compte laisser en matière de réduction des GES?
Quel legs qu'il compte laisser en matière de protection de l'eau, notre plus
grande richesse collective?
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, le ministre de l'Environnement a confirmé que, cet
automne, il va déposer son plan pour une économie verte. Maintenant,
concrètement, on a...
M. Benjamin : ...en matière de
protection de l'eau, notre plus grande richesse collective.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Bon, d'abord, le ministre de l'Environnement a confirmé que, cet
automne, il va déposer son plan pour une économie verte. Maintenant,
concrètement, on a actuellement six projets de train tramway. Évidemment, et
puis le député de Viau en parle, on aurait souhaité que le projet de loi n° 61 soit adopté pour accélérer ces six projets, accélérer
aussi le prolongement de la ligne bleue à Montréal. Mais les six projets de
tramway, là, si on réussit à les réaliser rapidement, jamais, au Québec, il n'y
aura eu autant d'investissements dans l'Est de Montréal, à Laval, en
Montérégie, en Outaouais pour le transport en commun.
On est en train aussi d'avoir des
discussions avec certaines entreprises pour avoir plus de camions électriques
puis plus d'autobus électriques au Québec. Je pense que le premier défi qu'on a
quand on parle de réduction de GES, c'est d'électrifier nos transports. On a,
en plus, des surplus d'électricité au Québec, on ne produit pas de pétrole,
donc c'est un avantage pour l'environnement, pour l'économie de convertir notre
mode de transport vers le transport électrique puis, bien sûr, le transport en
commun.
J'aimerais d'ailleurs que le député de
Viau nous explique comment ils ont pu voter contre le projet de loi n° 61, qui accélérait le projet de prolongement de ligne
bleue à Montréal, qui accélérait la réalisation du projet de tramway dans l'Est
de Montréal. Pourquoi est-il contre l'accélération des projets de transport en
commun?
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau, il reste un peu plus d'une
minute à votre bloc d'échange.
• (11 h 20) •
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je crois qu'à ce stade-ci, le premier ministre répond de ces
crédits, et c'est ce que nous faisons. Et je poursuis. Et quand je parle
d'écoanxiété des jeunes, et je les mets en lien avec certaines orientations de
ce gouvernement. Je pense entre autres à l'annulation du programme RénoVert,
qui était un programme reconnu et apprécié pour l'amélioration de son
efficacité énergétique. Actuellement, il y a le projet de loi n° 44
où il y a l'abolition de TEQ. Donc, quand on parle de réduction des GES, voilà
une mesure concrète qui ne va pas dans le sens de l'efficacité, de l'agilité,
si on veut vraiment réduire les GES. Alors, qu'est-ce que le premier ministre
peut nous dire par rapport à l'écoanxiété, ces orientations de son gouvernement
et en matière de lutte contre les changements climatiques, en matière de
réduction effective et efficace des GES?
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le premier ministre, en 20 secondes.
M. Legault : Oui. Bien, Mme la
Présidente, on a eu, durant la période libérale, une augmentation des GES. Le
Fonds vert, qui était supposément géré par un conseil d'administration, a été
utilisé par une dizaine de...
La Présidente (Mme Chassé) :
...ministre, en 20 secondes.
M. Legault : Oui, bien, Mme la
Présidente, on a eu, durant la période libérale, une augmentation des GES. Le Fonds
vert, qui était supposément géré par un conseil d'administration, a été utilisé
par une dizaine de ministères pour à peu près n'importe quel projet. Donc, on
va réformer la gestion du Fonds vert puis on va avoir un vrai plan pour réduire
les GES.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention pour son premier bloc, son bloc d'intervention, à la
seconde opposition. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la parole est
à vous.
Mme Massé : Merci. On parle de
combien de minutes?
La Présidente (Mme Chassé) :
On parle de 14 min 40 s. Est-ce que vous désirez revenir dans un mode
d'intervention ou je continue à être au centre des conversations? Je vais être
au centre des conversations.
Mme Massé : Bien, on va
discuter.
La Présidente (Mme Chassé) :
C'est bon.
Mme Massé : Merci.
Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour, tout
le monde. Heureuse d'être là pour parler des crédits concernant la jeunesse.
Vous en avez fait mention, c'est sûr, puisque les morts étaient surtout chez
les aînés, je pense que c'est normal qu'on ait beaucoup parlé des aînés.
La protection... Je pense qu'hier, j'ai eu
l'opportunité de vous questionner, d'échanger avec vous là-dessus. Aujourd'hui,
c'est sûr que, malheureusement, d'une certaine façon, les grands oubliés de
cette première phase de crise, c'est les jeunes. Grands oubliés, pourquoi?
Bien, c'est parce que le retour à l'école a été difficile, si je parle des
enfants. Si je parle des jeunes, bien encore aujourd'hui, il y a moins
d'inscriptions dans les postsecondaires.
On ne sait pas comment on va faire ça, on
manque d'indications, d'ailleurs, pour la suite des choses. Suivre un cours à
distance quand tu as 19 ans, 18 ans, ce n'est pas facile, parce que ta gang,
elle est où ta gang? Bon, ça fait partie du développement humain, on en sait
quelque chose et je pense qu'avec la deuxième vague qui s'annonce, disons qu'on
peut commencer à parler d'une génération COVID, génération qui va réfléchir
l'avenir différemment que nous l'avons fait et même les générations un peu plus
tôt.
C'est sûr que toute la question de la
santé mentale est donc au coeur, inévitablement. Et donc, dans ce sens-là, je
vous ai entendu répondre à mon collègue de Viau, qu'il y avait des efforts qui
avaient été faits parce que les jeunes prennent des canaux parfois différents
et vous avez parlé des groupes communautaires. J'en suis, mais c'est vrai que
le 31 millions, de façon générale, a été dans les 6 000 groupes
communautaires du Québec. Diviser ça, ça ne fait pas beaucoup.
Moi, ce que j'aimerais, M. le premier
ministre, c'est d'avoir un engagement clair de votre part, parce que les
jeunes, ils ont des impacts qui ne sont pas...
Mme Massé :15421 ça ne fait pas beaucoup. Moi, ce que
j'aimerais, M. le premier ministre, c'est d'avoir un engagement clair de votre
part, parce que les jeunes, ils ont des impacts qui ne sont pas qu'aujourd'hui,
ils vont être à long terme. Alors, je pense, bien sûr, faire par rapport à ça.
Mais je pense, bien sûr, aussi aux maisons des jeunes, il y en a partout à
travers le Québec. Je pense aussi aux maisons de la famille, parce que ces
lieux recommencent à ouvrir et recommencent à offrir des services, notamment au
niveau des maisons des jeunes. Je pense qu'il faut donner un effort particulier
pour ces groupes
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Oui, merci,
Mme la Présidente. Oui, absolument. Moi, je suis venu en politique puis je suis
en politique pour les jeunes bien sûr, d'abord, pour les deux miens qui ont 26,
27 ans, mais pour tous les jeunes du Québec. On travaille pour eux autres pour
essayer de leur laisser un Québec qui est en santé. Et, dans ce sens-là, je
suis très conscient, comme l'a dit la cocheffe de Québec solidaire, que, durant
la pandémie, on a parlé beaucoup des personnes âgées, entre autres, dans les
CHSLD, mais, pour moi, ça a toujours été une priorité, entre autres, le retour
à l'école.
Il faut quand même reconnaître, là, que le
Québec est la seule province où il y a eu un retour à l'école important
partout, sauf dans la CMM. Il y avait un certain risque politique, il y avait
des députés qui s'opposaient à ce retour à l'école, qui craignaient les impacts
sur les enfants. Pourtant, ça s'est bien passé.
Là, on se prépare pour d'ici quelques
semaines, là, est-ce qu'il y a un retour généralisé de tous les enfants à
l'école. Je pense que ça va être important pour leur santé mentale, mais, oui,
il faut faire des efforts. Comme je le disais tantôt, on a augmenté les budgets
de Tel-Jeunes, de Tel-Écoute. On a reporté le remboursement de la dette des
études et on analyse d'autres projets.
Mon adjoint parlementaire continue à
parler à Tel-Jeunes. On leur a donné 500 000 $, mais on va regarder
si on peut en faire plus, parce qu'effectivement, malheureusement, il y a une
augmentation des appels. On a fait une campagne qui visait juste les jeunes
aussi, «Propage l'info, pas le virus». Merci, on a eu l'aide de beaucoup de
jeunes artistes et puis, comme je le disais tantôt, pour les plus mal pris chez
les jeunes, bien, le travail s'est poursuivi, malgré la pandémie, dans les DPJ
où il y avait vraiment des listes d'attente qui étaient totalement inacceptables.
On a...
M. Legault : ...virus. Merci,
on a eu l'aide de beaucoup de jeunes artistes. Et puis, comme je le disais
tantôt, pour les plus mal pris chez les jeunes, bien, le travail s'est
poursuivi, malgré la pandémie, dans les DPJ où il y avait vraiment des listes
d'attente qui étaient totalement inacceptables.
On a bonifié aussi... Puis je pense qu'on
a tous, comme députés, des maisons des jeunes ou des maisons de la famille dans
nos comtés, puis on sait ce qu'ils font d'extraordinaire. Donc, on va continuer
d'augmenter le financement.
Et de façon générale, mon adjoint
parlementaire est très, très demandant pour les budgets. Puis je vous montre
juste un petit peu les budgets du Secrétariat de la jeunesse, là. On a la
première partie qui est la partie libérale, et puis on a la partie depuis que
la CAQ est au pouvoir. On a fait passer de 40 millions par année à
60 millions par année les budgets pour aider, entre autres, les organismes
jeunes grâce à mon adjoint parlementaire qui est très — comment je
dirais pour être gentil — persévérant, oui.
La Présidente (Mme Chassé) :
...ministre. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, allez-y.
Mme Massé : Merci. Bien,
effectivement, on nageait, avant la pandémie, dans les surplus budgétaires,
alors j'espère qu'il a réussi à aller chercher 20 millions. Sa persévérance
aura capté ça, je dirais.
Ceci étant dit, je pense que là, on le
sait maintenant, avec la deuxième vague qui arrive, que les jeunes ont besoin
d'un soutien particulier, et que là où le bât blesse, entre guillemets, le
plus, c'est au niveau de la santé mentale. Alors là, je me joins à votre
adjoint parlementaire pour dire que, dans le fond, on a besoin de plus d'argent
pour ces ressources que j'appellerais alternatives que sont les maisons de
jeunes, les groupes communautaires, etc.
Mais, vous savez, vous vous rappellerez,
M. le premier ministre, qu'en pleine pandémie, alors qu'il n'y avait pas que
les jeunes, mais ça les incluait aussi, qui avaient des défis de santé mentale
parce que le télétravail, ça a été un sacré défi pour tout le monde et le
réseau public avait été délesté. Il y avait des travailleuses sociales qui
travaillaient en CHSLD, pas pour faire leur travail de travailleuses sociales,
mais venir aider là où le bât blessait le plus.
• (11 h 30) •
Je vous vous avais fait la proposition de
soutenir un vaste réseau au Québec qui s'appelle le Service populaire de
psychothérapie, qui sont, dans les faits, des services offerts par des
professionnels qui décident de mettre l'épaule à la roue, de ne pas charger le
125 $ de l'heure qu'ils font en cabinet privé, mais pour soutenir les
besoins de la population, dont notamment les jeunes. Parce que quand on parle
de jeunes, là, on ne parle pas juste d'adolescents, là, puis on ne parle pas
des enfants, on parle des jeunes, des adultes... Alors, est-ce que... Puisqu'on
le sait qu'il y aura des besoins spécifiques, est-ce que vous pouvez vous
engager à regarder de ce côté-là? Parce que ces gens-là, ce qu'ils font, c'est
extraordinaire. C'est des professionnels, mais plus que ça, c'est qu'ils
acceptent de contribuer. Et moi, je pense que...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Massé : …puis on ne parle
pas des enfants, on parle des jeunes, des adultes…
Alors, est-ce que… puisqu'on le sait,
qu'il y aura des besoins spécifiques, est-ce que vous pouvez vous engager à
regarder de ce côté-là? Parce que ces gens-là, ce qu'ils font, c'est
extraordinaire, c'est des professionnels. Mais plus que ça, c'est qu'ils
acceptent de contribuer, et moi, je pense qu'une belle façon de soutenir, c'est
de soutenir les organismes qui regroupent ces psychothérapeutes-là, qui offrent
ces services-là. Est-ce que vous pourriez me dire si vous avez l'intention de
regarder de ce côté-là?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le premier ministre.
M. Legault : Oui, je prends
bonne note. Services populaires, psychothérapie. Mais quand même, je veux quand
même donner quelques exemples pour voir qu'il y a des choses quand même qui se
font. On a donné 482 000 $ aux Auberges du coeur, on a donné
419 000 $ à la Fondation Jasmin-Roy, on a donné 455 000 $
aux maisons des jeunes.
Donc oui, il y a beaucoup d'organismes,
là, j'en ai au moins une dizaine devant moi, mais je suis prêt à regarder,
effectivement, parce que je pense, c'est une bonne idée tant qu'on n'aura pas réussi
à éliminer les listes d'attente pour les services psychosociaux, bien, c'est
important d'avoir des organismes comme Services populaires pour offrir ces
services-là. Je vais regarder ça.
Mme Massé : Oui, parce qu'on
le sait puis on l'a vu dernièrement dans les médias, il y a des jeunes qui
finissent par aller sur l'Internet et trouver sur l'Internet des façons
simplifiées de se suicider. Alors, peut-être qu'un côté… puis je… il faudrait
regarder aussi les services en ligne qui font de la prévention sur l'Internet
parce que malheureusement, l'Internet, il y a de tout, du meilleur et du pire.
Je vais changer de sujet, parce qu'il me
reste à peine quelques minutes, pour vous parler bien sûr de… mon collègue
avait commencé, au niveau de l'environnement. En fait, il faut voir que cette
génération COVID additionne l'anxiété. Et donc, on a une grande responsabilité…
puis je le sais, vous avez parlé du projet de loi n° 61… Projet de loi
n° 61 a des éléments qui étaient extrêmement inquiétants, c'est les
éléments qui appauvrissaient les filets de sécurité qu'on s'était donnés, tant
au niveau démocratique qu'au niveau de l'anticorruption qu'au niveau de
l'environnement.
Alors, donc moi, j'ai compris… Vous l'avez
retiré vous-même, donc vous en convenez qu'il y avait quelque chose qui
n'allait pas dans ce projet de loi là. Ceci étant dit, on va être très ouverts
pour la prochaine étape qui s'en vient, vous l'avez annoncée. Mais surtout,
surtout, ce que les jeunes nous disent, hein, je nous rappelle, avant l'arrivée
de la crise de la COVID, là, il y avait une crise planétaire, on en a même
déclaré l'urgence climatique, ici même, au Parlement.
Cette crise planétaire là, elle n'est pas
terminée, on l'a bien vu cet été avec l'ensemble de la séquence, je dirais, des
canicules qu'on a vues. Et donc ce que ça veut dire, c'est qu'il faut changer
les paradigmes. Il faut changer les paradigmes, on ne peut plus faire de
l'économie comme avant. Ça fait que vous avez raison…
Mme Massé : ...cette crise
planétaire là, elle n'est pas terminée, on l'a bien vu, cet été, avec
l'ensemble de la séquence, je dirais, des canicules qu'on a vues.
Et donc ce que ça veut dire, c'est qu'il
faut changer les paradigmes. Il faut changer les paradigmes, on ne peut plus
faire de l'économie comme avant. Ça fait que vous avez raison, les tramways,
c'est parfait. D'ailleurs, il ne faut pas mettre des bâtons dans les roues dans
des projets comme ceux-là, j'en suis. Absolument. Mais c'est aussi... il faut
être ferme sur l'alignement. C'est ça que les jeunes nous demandent. Pour
diminuer leur anxiété, pour faire en sorte qu'ils puissent se voir dans 20 ans,
30 ans, 40 ans, avec leurs familles, ils ont besoin qu'on leur dise :
Regardez, vous avez raison, les jeunes, le système économique tel qu'on le
faisait, avec l'extractivisme, avec les hydrocarbures, avec le gaz dit naturel
qui a des impacts sur les changements climatiques, il faut que ça change. Ça, M.
le premier ministre, j'ai l'impression qu'on n'arrive pas à s'entendre
là-dessus.
Encore, même sur GNL, vous dites : On
ne sera pas tout seuls là-dedans. Non. Il faudrait dire : On n'ira pas là.
Les jeunes ont besoin qu'on n'aille pas là. Parce que, oui, le Saguenay—Lac-Saint-Jean
a besoin de jobs, ça, j'en suis, mais les jeunes ont besoin d'une planète dans
20 ans, 30 ans, 40 ans. Alors, sur ces changements de paradigmes, est-ce qu'il
y a un espace où vous et moi, on va réussir à trouver une entente, notamment
sur la question des hydrocarbures?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Oui. Mme
la Présidente, bon, d'abord, la cocheffe de Québec solidaire vient de parler du
projet de loi n° 61. Bon, je veux quand même rappeler
la séquence. On a déposé un projet de loi en fin de session, qui avait été
écourtée à cause de la pandémie. L'opposition, dont Québec solidaire, nous ont
fait des suggestions, on a déposé des amendements. On avait deux choix,
travailler avec l'ancien projet de loi et les amendements ou déposer un nouveau
projet de loi. On a choisi de déposer un nouveau projet de loi, qui va inclure
les amendements. Donc, je veux être bien clair, là, on n'a pas changé d'idée,
on n'a pas changé d'objectif.
Puis je veux revenir sur les six projets
de tramway puis le projet de la ligne bleue. Ce qu'on me dit, concrètement, là,
c'est que, si on a n'a pas le projet de loi n° 61 ou
son équivalent, on parle d'à peu près quatre ans avant de commencer les
travaux. Quatre ans pour avoir toutes les autorisations. Bon. On peut
dire : Ah bien, on va attendre quatre ans, parce qu'il faut bien étudier
l'environnement, les expropriations, etc., ou on peut dire : Écoutez, là, il
y a une urgence de réaliser ces travaux de transport en commun. Puis, oui, le
tramway de l'est de Montréal, qui va s'en venir au centre-ville, ça va
peut-être déplaire à certains, mais, à un moment donné, il faut réaliser ces
projets-là. Même chose avec la ligne bleue, même chose avec le tramway sur la
Rive-Sud, à Laval. Donc, là, on a...
M. Legault : ...réaliser ces
travaux de transport en commun. Puis, oui, le tramway de l'est de Montréal, qui
va s'en venir au centre-ville, ça va peut-être déplaire à certains, mais, à un
moment donné, il faut réaliser ces projets-là. Même chose avec la ligne bleue,
même chose avec le tramway sur la Rive-Sud, à Laval.
Donc là, on a une différence d'opinions. Québec
solidaire préfère dire : On garde les lois puis les règlements comme ils
étaient. Puis, écoutez bien, là, je ne pense pas que ni Sonia LeBel... c'est-à-dire
ni la présidente du Conseil du trésor ni moi, là, on veut retomber dans la
corruption qu'on a connue pendant les années libérales. Donc, ça, là, ce n'est
pas là qu'on veut aller. Mais ce qu'on veut, c'est qu'on dit : Ça n'a pas
de bon sens qu'avant de commencer à construire un tramway, ça prenne quatre ans
pour avoir les autorisations.
Est-ce que le BAPE... Par exemple, est-ce
qu'on peut réduire la durée du BAPE? Est-ce qu'on est capables de faire ça sur
quelques mois plutôt que de faire ça sur quelques années? Nous, on pense que
c'est possible de le faire sans réduire les exigences, réduire les délais.
J'espère que la nouvelle mouture du projet de loi n° 61
va plaire davantage à Québec solidaire puis qu'on va avoir l'appui de Québec
solidaire pour enfin les construire, nos tramways.
La Présidente (Mme Chassé) :
Ça conclut le bloc d'échange, M. le premier ministre. Merci. Nous revenons maintenant
au député de Viau pour son bloc d'échange avec le premier ministre. Allez-y.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Mme la Présidente, donc, vous savez, dans plusieurs dossiers — donc,
je porte les dossiers jeunesse ici aujourd'hui — dans les dossiers
environnementaux, je constate aussi et je redoute l'improvisation caquiste
aussi dans divers dossiers, je redoute l'improvisation caquiste. Et
aujourd'hui, je crois que la réponse que ma collègue vient d'avoir témoigne
d'une certaine improvisation. Je pense que, quand on s'engage en matière de
lutte contre les changements climatiques, quand on s'engage à laisser un Québec
plus vert avec la réduction des GES, on se doit de poser les bons gestes et les
bonnes actions.
Mais je veux parler d'éducation, je veux
parler au premier ministre d'éducation. Le premier ministre avait parlé de
faire de l'obligation de fréquenter l'école jusqu'à 18 ans un engagement pour
contrer le décrochage scolaire, comme l'Ontario. Est-ce que c'est encore une
idée qu'il a, un projet qu'il a ou est-ce qu'il a renoncé à cela?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Je n'ai
renoncé, Mme la Présidente, à aucune de mes promesses, à aucune de nos
promesses électorales. Par contre, il y a une question de priorités. Il y a
aussi... Il faut comprendre ce qui est arrivé avec la pandémie. Je le disais
tantôt, la priorité, c'est de s'assurer que les élèves retournent en toute
sécurité à l'école dans les prochaines semaines. Mais de rendre l'école
obligatoire jusqu'à 18 ans, je pense que c'est un minimum dans une société du
savoir. Donc, on est toujours en accord avec notre promesse, oui.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Donc, la
question que je poserais au premier ministre, Mme la Présidente : Donc, puisque
c'est une promesse électorale que M. le premier ministre compte réaliser, quand
est-ce qu'il... Il est à mi-mandat. Quand est-ce qu'il compte la réaliser?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Mme la Présidente,
évidemment...
M. Legault : ... toujours
en accord avec notre promesse, oui.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Donc, la question
que je poserais au premier ministre, Mme la Présidente, donc : Puisque
c'est une promesse électorale que M. le premier ministre compte réaliser, quand
est-ce que.... Il est à mi-mandat. Quand est-ce qu'il compte la réaliser?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, évidemment, avec la pandémie, là, les priorités concernant la
réalisation sont en révision actuellement. Notre première responsabilité dans
les prochains mois, c'est la rentrée à l'école, mais c'est aussi la relance
économique. On a bien fait jusqu'à présent. Le mois dernier, on a réussi à
baisser le taux de chômage à 9,5 %, alors que dans le reste du Canada on
est à 10,9 %. Donc, on a mieux réussi notre relance jusqu'à présent. Mais
9,5 %, on va tous convenir, même si c'est mieux que dans les autres
provinces, c'est inacceptable. Donc, il faut vraiment s'occuper, entreprise par
entreprise, à s'assurer que les jeunes, entre autres, retrouvent les emplois
qu'ils avaient.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci.
Donc, sur la question du travail des jeunes, on y reviendra tantôt, M. le
premier ministre. Pour le moment, on va rester dans le champ de l'éducation.
Comme vous le savez, donc, la stratégie
jeunesse du gouvernement du Québec, un des axes importants, c'est l'axe de
l'éducation. Or, plusieurs parents et spécialistes s'inquiètent du risque réel
d'une importante augmentation du taux du décrochage scolaire.
Quelle est la réponse que vous entendez
donner à cet enjeu-là, puisque c'est non seulement un enjeu, c'est un enjeu
documenté? Alors, quelle est la réponse que vous comptez donner par rapport à
cet enjeu?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, je
m'excuse de le répéter, Mme la Présidente, là, mais la priorité, c'est d'abord
le retour en classe.
Maintenant, bon, j'ai été ministre de
l'Éducation pendant trois ans. C'est un dossier, là, qui, dans mon coeur, aura
toujours la première place. Le défi, c'est de mieux s'occuper des enfants qui
ont des difficultés d'apprentissage. Actuellement, on a à peu près 20 % à
25 % des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, que ça soit
autisme, dyslexie, dysphasie, troubles d'attention, etc., et ce qu'il faut, le
meilleur remède, la meilleure solution pour que ces enfants-là réussissent,
parce qu'actuellement la majorité de ces enfants-là ne réussissent pas à
obtenir un diplôme de secondaire V, c'est d'agir tôt.
Donc, c'est pour ça que j'ai convaincu un
collègue, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, qui était à
Sainte-Justine, spécialiste auprès des enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage, pour qu'il y ait une évaluation des enfants qui soit faite dès
l'âge de deux ou trois ans. C'est pour ça aussi que, contrairement au Parti
libéral, moi, je suis partisan d'offrir la maternelle quatre ans à tous les
enfants du Québec, parce que non seulement la maternelle quatre ans permet de
donner des services dans la classe, mais aussi permet…
M. Legault : ...hein? Puis
c'est pour ça aussi que, contrairement au Parti libéral, moi, je suis partisan
d'offrir la maternelle quatre ans à tous les enfants du Québec parce que non
seulement la maternelle quatre ans permet de donner des services dans la classe,
mais aussi permet aux enfants qui ont des difficultés d'apprentissage d'avoir
accès à tous les services professionnels des écoles, c'est-à-dire
orthophoniste, orthopédagogue, et autres.
Donc, je ne sais pas pourquoi le Parti
libéral s'oppose à la maternelle quatre ans. Peut-être que le député de Viau,
lui, est d'accord avec la maternelle quatre ans. Parce que, quand on est...
quand on fait de l'éducation une priorité, la maternelle quatre ans, ça devrait
être la priorité.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. J'ai le goût de dire au premier ministre, Mme la Présidente :
Lorsqu'on fait de l'éducation une priorité, il faut agir en amont et en aval.
Or, la préoccupation que je mets aujourd'hui devant le premier ministre, c'est
la préoccupation, portée non seulement par les professionnels du milieu
scolaire, par les organismes communautaires, qui appuient, qui aident les
jeunes au niveau de la persévérance scolaire, au niveau du décrochage, sur la
forte probabilité qu'un grand nombre, un trop grand nombre, hélas, de jeunes
Québécoises et de jeunes Québécois décrochent au niveau scolaire.
Maintenant, ce que j'aimerais savoir, à
côté de la pub financée par le gouvernement, à côté de cette publicité, quelles
sont les actions concrètes... Puisque le premier ministre se dit un homme
d'action, j'aimerais savoir quelles sont les actions concrètes qu'il a posées
afin de prévenir le décrochage scolaire suite à cette pandémie que nous vivons
tous actuellement encore?
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je pense qu'il y a une précision… il faut peut-être que j'apporte,
là, puis je me rappelle très bien, quand j'étais ministre de l'Éducation,
d'avoir eu de la difficulté au début à faire le lien entre le décrochage au
secondaire puis agir tôt dans les premières années des enfants.
Le parcours d'un enfant qui va décrocher,
c'est un enfant qui va arriver à l'école avec un certain retard, qui n'a pas
toujours été stimulé, qui va avoir de la difficulté, qui va redoubler, qui va
perdre ses amis, perdre sa confiance en lui, puis qui va attendre l'âge de
16 ans — on espère que ça va devenir 18 — pour
décrocher. Donc, il ne faut pas négliger d'agir tôt comme étant probablement la
meilleure mesure pour limiter le décrochage scolaire.
Évidemment, il y en a d'autres. Le sport à
l'école, très important. Mais si on parle de la pandémie, bien, la priorité,
c'est le retour en classe, d'être présent en classe le plus rapidement
possible, et c'est ce que j'ai essayé de faire. Comme je le disais tantôt, on a
été la seule province, à l'extérieur de la CMM, à retourner les enfants en
classe. Ça ne s'est pas fait dans les autres provinces, puis là, il faut le
faire pour tous les enfants du Québec. C'est ma priorité des prochaines
semaines.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, ce que j'essaie d'expliquer aussi au premier ministre, donc,
ce que j'essaie de faire comprendre, c'est que nous…
M. Legault : ...en classe. Ça
ne s'est pas fait dans les autres provinces puis là, il faut le faire pour tous
les enfants du Québec. C'est ma priorité des prochaines semaines.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, ce que j'essaie d'expliquer aussi au premier ministre, donc,
ce que j'essaie de faire comprendre, c'est que nous sommes actuellement,
collectivement, dans une situation particulière. Nous sommes dans une situation
exceptionnelle. Cette pandémie-là, personne ne l'avait vue venir, avec les
effets qu'on a actuellement. Et ce que nous disent les professionnels, ce que
nous disent les intervenants en matière scolaire, au niveau de l'éducation,
nous disent que la pandémie pose un risque aggravant par rapport au décrochage
scolaire.
Alors, moi, ma question spécifiquement sur
cet enjeu-là, face au risque aggravant que pose la pandémie par rapport au
décrochage, quelles sont les actions que le premier ministre entend prendre
pour, justement, pour éviter d'aggraver le décrochage scolaire?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le premier ministre.
M. Legault
: Mme la
Présidente, bon, d'abord, je me rappelle au printemps, quand on a réouvert les
écoles à l'extérieur de la CMM, qu'il y avait certains députés qui s'y
opposaient, je ne sais pas si le député de Viau était pour ou contre le retour
en classe, mais, en tout cas, bon, j'aimerais qu'il nous le dise, mais il reste
que le retour en classe, c'est ce qu'il y a de plus important. Donc, bien sûr,
on peut parler des services. La semaine dernière, le ministre de l'Éducation a
annoncé un plan pour avoir plus d'orthophonistes, plus d'orthopédagogues, plus
d'enseignants pour aider au rattrapage.
Le 20 %, 25 % des enfants qui
ont des difficultés d'apprentissage, qui ne sont pas allés à l'école depuis le
mois de mars, bien, c'est un défi effectivement de faire un rattrapage pour ces
enfants-là, mais il faut commencer à le faire le plus rapidement possible en
classe, c'est ce qu'on va faire.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Et là cette fois-ci, donc je vais presque me taire, Mme la
Présidente, pour laisser parler un jeune, un jeune de ma circonscription du
quartier Saint-Michel, un jeune membre du Forum jeunesse de Saint-Michel.
Alors, il s'appelle… c'est un jeune membre du Forum jeunesse de Saint-Michel et
qui aimerait poser la question suivante au premier ministre. Sa question, M. le
premier ministre : M. le premier ministre, la rentrée, la semaine
prochaine, se fera à distance dans plusieurs cégeps. Comment feront les jeunes
qui sont à leur première année, s'ils n'ont pas d'ordinateur, un espace calme
pour étudier, se concentrer? C'est sa question.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre, allez-y.
M. Legault
: Oui, M. le
Président… Mme la Présidente, je m'excuse, je vais finir par y arriver, là. Je
viens juste de faire les crédits avec un président, donc je vais m'habituer.
La Présidente (Mme Chassé) :
Je ne prends pas ça personnel.
M. Legault
: Merci.
Bon. Évidemment, quand on parle des cégeps, des universités, bon, pour être
passé par là, vous vous rappelez tous des amphithéâtres avec des centaines de
personnes collées les uns sur les autres, on ne peut pas penser…
M. Legault : ...un président,
donc... puis je vais m'habituer.
La Présidente (Mme Chassé) :
Ne prends pas ça personnel.
M. Legault : Merci. Bon, évidemment,
quand on parle des cégeps, des universités, bon, pour être passés par là, vous
vous rappelez tous des amphithéâtres avec des centaines de personnes collées
les uns sur les autres. On ne peut pas penser que ça soit possible de le faire.
Donc, ce qu'on a demandé, ce que la ministre de l'Enseignement supérieur a
demandé à nos cégeps, nos universités, c'est d'avoir un équilibre entre les
présences puis l'enseignement à distance.
Puis on leur a demandé aussi de porter une
attention particulière aux étudiants qui arrivent d'un nouveau niveau, c'est-à-dire
les étudiants qui arrivent au cégep, qui passent du secondaire au cégep, et les
étudiants qui passent du cégep à l'université. Parce que le député de Viau a
raison, il y a un défi particulier pour ceux qui commencent le cégep ou ceux
qui... et celles qui commencent l'université. Donc, on a demandé aux dirigeants
de nos établissements de porter une attention particulière pour qu'il y ait de
la présence le plus possible au cégep, à l'université chez les nouveaux
étudiants qui commencent.
Donc, évidemment, on essaie, avec les contraintes
que nous amène ce virus, de faire ce qu'il y a de mieux pour les jeunes, mais
ça pose des problèmes quand même, et on essaie de trouver un équilibre.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Mme la Présidente, il reste combien de temps?
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui. Sept minutes.
M. Benjamin : Sept
minutes. Merci.
Alors, je pense qu'on va revenir sur l'éducation,
mais je voulais vous parler d'un groupe de jeunes dont on ne parle pas assez,
je crois, et je pense que vous allez être d'accord avec moi, M. le premier
ministre, c'est les jeunes travailleurs. Les jeunes travailleurs. Vous en avez
parlé tout à l'heure, et les derniers chiffres que j'ai, dans le cas des jeunes
du Québec, juin 2020, de Statistique Canada sur le taux de chômage, 23,2 %.
23,2 %.
• (11 h 50) •
Maintenant, je crois qu'on peut s'entendre
là-dessus, que nous avons... nous devons faire plus pour nous assurer que les
jeunes puissent, celles et ceux qui veulent travailler, qui peuvent travailler
puissent le faire.
Est-ce que vous avez une orientation?
Est-ce que vous avez une planification? Comment... Qu'est-ce que vous comptez
faire pour contrer cette augmentation fulgurante du taux de chômage chez les
jeunes, M. le premier ministre?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Le député de Viau a raison, les jeunes travailleurs ont été plus
touchés que l'ensemble des travailleurs suite à la pandémie.
Évidemment, on a mis en place un certain
nombre de mesures pendant la pandémie. Rappelons-nous les primes qu'on donnait
aux employés des services essentiels. On a vu aussi le gouvernement fédéral
offrir ce qu'on a appelé la PCU, donc le 2 000 $ par mois pour les
jeunes travailleurs, entre autres, qui avaient perdu leur emploi. Le...
M. Legault : ...nous, les
primes qu'on donnait aux employés des services essentiels. On a vu aussi le gouvernement
fédéral offrir ce qu'on a appelé la PCU, donc le 2 000 $ par mois
pour les jeunes travailleurs, entre autres, qui avaient perdu leur emploi.
Le défi numéro un qu'on a actuellement,
c'est la requalification. On a des secteurs... Moi, je suis confiant que, dans
la majorité des secteurs, les emplois qui existaient avant la pandémie, d'ici
un an, devraient être retrouvés dans la majorité des secteurs, donc incluant
les emplois pour les jeunes. Par contre, il va y avoir des difficultés dans
certains secteurs. Je pense, entre autres, à la restauration, l'hôtellerie. De
ce côté-là, on a un défi de requalifier ces gens-là. Jean Boulet travaille très
fort. On sait qu'il y a beaucoup de demande, entre autres, en informatique,
beaucoup de demande dans le secteur de la santé, beaucoup de demande dans le
secteur de la construction. Donc, ce qu'on essaie de faire, c'est de
requalifier les personnes, entre autres les jeunes travailleurs qui étaient
dans les secteurs, qui, dans la prochaine année, ne reverront pas, malheureusement,
leur emploi.
M. Poulin : Est-ce que je peux
compléter...
La Présidente (Mme Chassé) : Est-ce
qu'on autorise... Il faut...
M. Benjamin : Oui, rapidement.
La Présidente (Mme Chassé) :
On autorise l'adjoint parlementaire à... M. le premier ministre, vous autorisez
votre adjoint parlementaire à prendre la parole?
M. Legault : Bien, oui.
La Présidente (Mme Chassé) :
Fantastique.
M. Poulin : Merci, M. le
premier ministre. Je salue la députée de Gaspé, le député de Viau également, et
les gens du Secrétariat à la jeunesse qui nous accompagnent. J'aurais beaucoup
de choses à dire. Malheureusement, la formule des crédits ne nous le permet pas
cette année. Mais, les carrefours jeunesse-emploi sont super importants, M. le
député de Viau, pour répondre aux changements qu'on a vécu au cours des
derniers mois. On est déjà avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité
sociale à une révision du financement pour faire que chaque jeune au Québec
puisse avoir des services dans les carrefours jeunesse-emploi tels qu'ils le
veulent. Vous n'êtes pas sans savoir que, dans les dernières années, ce n'était
pas possible. C'est pour ça qu'on est en train de réviser le financement. Et
c'est une force de frappe qui est très importante pour nous.
Puis je me permets parce que je sais que
ça vous tient à coeur, M. le député de Viau, le sommet pour la communauté des
jeunes noirs, je me suis rendu au forum en début d'année. Et au Secrétariat à
la jeunesse, on va continuer à les supporter parce qu'il y a des enjeux
d'employabilité très spécifiques qu'ils nous ont partagés. Puis je peux vous
dire qu'on est des alliés, déjà, à ce niveau-là, et on va continuer de l'être
également.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Donc, je
remercie M. le député, donc, de Beauce-Nord...
La Présidente (Mme Chassé) :
Sud.
M. Benjamin : ...de
Beauce-Sud, de Beauce-Sud, donc, pour ces éléments de réponse. Mais sur l'enjeu
de la requalification, donc, qui est l'enjeu, donc, que le premier ministre
nous a dit qui était une des pistes. J'ai entendu parler de plusieurs secteurs.
Et je reviens encore à mes études de crédits hier, où je soumettais, donc, au
ministre de l'Environnement, cette étude réalisée par environnement
compétences, qui nous disait clairement : Dans des secteurs... C'est un
secteur porteur le secteur de l'environnement, un secteur où il y a pénurie de
main-d'oeuvre. On parle d'études réalisées en mai 2020, des études qui sont
récemment réalisées, et qui soulignent à grand trait la sous-représentation des
jeunes dans ce secteur-là, que ce soit au niveau de l'eau, par exemple...
M. Benjamin : …clairement, dans
des secteurs, c'est un secteur porteur, le secteur de l'environnement, un
secteur où il y a pénurie de main-d'oeuvre. On parle d'études réalisées en mai
2020, des études qui sont récemment réalisées et qui soulignent à grand trait
la sous-représentation des jeunes dans ces secteurs-là, que ce soit au niveau
de l'eau, par exemple, c'est une étude réalisée par EnviroCompétences, ou
encore une autre étude sur le centre… les matières résiduelles, qui recèlent
qu'il n'y a pas d'actions, il n'y a pas assez d'actions qui ont été entreprises
pour attirer des jeunes vers ces secteurs-là. Ce sont des secteurs qui sont
obligés d'aller chercher de la main-d'oeuvre, de la qualification, à
l'extérieur du Québec, à l'étranger, sur la scène internationale.
Alors, M. le premier ministre, ce que
j'aimerais vous demander, est-ce que… quelles sont… vous nous avez parlé du
travail que fait votre ministre du Travail, est-ce que, vous ne pensez pas, sur
l'enjeu de la question des jeunes travailleurs, qui est un enjeu crucial,
justement, actuellement, pour le développement économique du Québec, pour la
relance économique, qu'il faille avoir un chantier, un chantier où, justement,
on pourrait regarder de manière plus large, quels sont les facteurs reliés à
ces enjeux-là pour inclure davantage de jeunes travailleurs?
La Présidente (Mme Chassé) :
Il reste deux minutes au bloc d'échange, M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, je ne suis
pas certain… Est-ce que vous parlez des jeunes travailleurs en environnement
ou…
M. Benjamin : Des jeunes
travailleurs en environnement, où les deux études d'environnement compétences
font état du fait qu'il y a pénurie de main-d'oeuvre, on parle d'études
réalisées en mai 2020, les deux études, manque de professionnels, donc au
niveau de l'eau et au niveau des matières résiduelles.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : O.K. Oui. Bien, Mme la Présidente, les études que j'ai vues,
où on regardait les pénuries de personnel, il y avait surtout trois
secteurs : l'informatique, la santé, la construction. Bon. Peut-être qu'il
y a une pénurie mais moins grande dans le secteur de l'environnement. C'est
quelque chose que je vais regarder.
Évidemment, l'environnement, au sens large,
ça doit devenir une priorité. On sait que, dans la stratégie jeunesse 2016‑2021,
il n'y avait pas un axe sur l'environnement. Mon adjoint parlementaire s'est
assuré, puis m'a dit : Dans la stratégie 2021‑2026, il y aura un axe,
donc, une section complète sur l'environnement.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Viau, 45 secondes.
M. Benjamin : Merci. Parlant
justement de la Stratégie action jeunesse, je pense… Est-ce que je peux vous
demander, M. le premier ministre, une facile, quand est-ce que… c'est pour
quand, le lancement de la nouvelle Stratégie action jeunesse?
M. Legault : Bien, écoutez,
nous autres aussi on est fébriles, on a hâte de l'annoncer. Bon, comme je le
disais, il y a une stratégie 2016‑2021 qui est était la stratégie
libérale. Il y aura une stratégie 2021‑2026 où on va ajouter l'axe de
l'environnement puis on va ajouter aussi un axe culture, donc il va y avoir
deux axes supplémentaires. Je pense que, d'ici le début... d'ici le
printemps 2021, la nouvelle stratégie va être déposée. Je le disais
tantôt, déjà, nos crédits...
La Présidente (Mme Chassé) :
En concluant.
M. Legault : ...sont passés de
40 à 60 millions. Puis je sais que l'adjoint parlementaire…
M. Legault : ...axe culture,
donc il va y avoir deux axes supplémentaires. Je pense que, d'ici le début...
d'ici le printemps 2021, la nouvelle stratégie va être déposée. Je le disais
tantôt, déjà nos crédits...
La Présidente (Mme Chassé) :
En concluant.
M. Legault : ...sont passés de
40 à 60 millions. Puis je sais que l'adjoint parlementaire trouve que ce
n'est pas assez, une augmentation de 50 %, là, donc on continue les
discussions.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. Ça termine... ça conclut le bloc d'échange... le deuxième bloc d'échange
avec l'opposition officielle. La parole est maintenant à la députée de Gaspé.
Allez-y.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, je tiens à saluer M. le premier ministre, son
adjoint parlementaire, député de Beauce-Sud, et l'ensemble finalement des
employés du Secrétariat à la jeunesse et les nombreux organismes jeunesse qui
vous accompagnent dans votre travail, également les collègues des oppositions.
Alors, dossiers jeunesse, c'est large. Il
y a de ces dossiers au national comme la Jeunesse, comme la Condition féminine,
dont je suis responsable également, dont parfois on a l'impression que ceux qui
pilotent, qui sont en charge de ces dossiers-là ne s'impliquent pas
nécessairement dans tous les enjeux qui concernent spécifiquement, dans le cas
qui nous concerne ici, les jeunes.
Il y a un dossier que je ne peux pas
passer sous silence aujourd'hui parce qu'il me préoccupe au plus haut point, et
c'est la preuve parce que je l'adresse ici devant vous, M. le premier ministre.
Ce dossier-là, c'est celui du manque de places en garderie. Je pourrais
certainement parler au nom de bien des circonscriptions aujourd'hui en évoquant
cet enjeu-là mais je vais me concentrer sur la ville de Gaspé. Il y a une liste
d'attente de 185 enfants, Mme la Présidente, 185 enfants. Puis là je ne parle
pas de la région de la Gaspésie, je ne parle du comté de Gaspé, ça peut des
fois être mêlant, là, je parle ici de la ville de Gaspé. Puis ça, c'est bien
avant la pandémie, M. le premier ministre.
Donc, derrière ces 185 enfants là, il y a
des parents. Il y a des jeunes adultes dans la fleur de l'âge qui ont dû mettre
leurs carrières en veille très longtemps, que leurs carrières sont en péril,
même, parce qu'ils sont sur des congés sans solde qui vont prendre fin, qui
sont... C'est des femmes majoritairement sans salaire qui sont retenues au
foyer, qui rêvent d'avoir... qui puissent offrir une éducation, là, à leurs
enfants, la meilleure éducation possible. Ces femmes-là sont angoissées et ont
peur pour leur avenir professionnel et se sentent à bout de ressources et
abandonnées pas le système.
Là, je vous épargne, M. le premier
ministre, tous les troubles que ça occasionne sur la marché du travail en
pleine pénurie de main-d'oeuvre, puis une région qui essaie, je vous le
rappelle, d'attirer des nouvelles familles pour y vivre.
Alors, là, ma première question, ce serait
de savoir, M. le premier ministre : Est-ce que cet enjeu-là vous paraît
grave à vos yeux? Est-ce que c'est... est-ce qu'on en comprend l'ampleur de la
gravité d'un tel enjeu?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
• (12 heures) •
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Oui, c'est un enjeu important, les places pour les enfants.
D'ailleurs, on l'a vu pendant la pandémie, comment ça pouvait être difficile
quand les CPE et les garderies sont fermés...
12 h (version non révisée)
Mme Perry Mélançon : ...à vos
yeux, est-ce que c'est... est-ce qu'on en comprend l'ampleur de la gravité d'un
tel enjeu?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Oui, Mme
la Présidente. Oui, c'est un enjeu important, les places pour les enfants.
D'ailleurs, on l'a vu pendant la pandémie, comment ça pouvait être difficile,
quand les CPE et les garderies sont fermées, de pouvoir continuer à fonctionner
comme société. On a, grâce à la présence des CPE, réussi, au Québec, quelque
chose qui est unique, un taux de participation qui est à peu près égal entre
les femmes puis les hommes au marché du travail.
Maintenant, il manque de places dans le
réseau des CPE. Mon collègue le ministre Lacombe a commencé à annoncer des
places depuis un an et demi, et évidemment... Bon, puis je sais que le Parti
québécois n'est pas d'accord avec les maternelles quatre ans, mais l'ouverture
des maternelles quatre ans va libérer des places de CPE. À partir du moment où
on ouvre des classes pour les enfants de quatre ans qui actuellement sont dans
des CPE ou des garderies, bien, ça va libérer des places. Mais notre objectif,
c'est que tous les enfants de moins de cinq ans aient accès à une place soit
dans une garderie soit dans une maternelle quatre ans. Donc, on a déjà
progressé, depuis un an et demi, puis on va continuer de le faire et fur et à
mesure du mandat.
La Présidente (Mme Chassé) :
Mme la députée de Gaspé
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais rappeler ici qu'on ne pourra pas régler une liste
d'attente de 185 enfants avec les maternelles quatre ans. Il n'y a pas 185
enfants de quatre ans, là, qui vont permettre au réseau, là, d'avoir un second
souffle à Gaspé même. Cette liste-là, elle était de 150 enfants avant la
pandémie, en janvier 2020, et là on se retrouve à 185 enfants, actuellement, ça
ne fait qu'augmenter.
Le ministre de la Famille est en train
d'annoncer des projets, mais m'a confirmé... parce que j'ai eu plusieurs
représentations de faites auprès du ministre de la Famille et également de la
région de la Gaspésie, et puis il n'y a pas de solution, aucune solution
d'amenée. Et, en plus, on me dit : Vous êtes vert sur la... la zone de la
Gaspésie est verte dans la mise à jour, la dernière mise à jour du ministère de
la Famille, c'est-à-dire que l'offre et la demande balancent. Moi, ça me
préoccupe énormément, parce que j'ai peur que la prochaine mise à jour dise
encore que Gaspé n'est pas une zone à risque et n'aura pas de projet d'appels.
Alors, je demande vraiment l'engagement du premier ministre sur ce dossier-là,
qui est responsable de la jeunesse, parce que... il doit prendre sous son aile
le dossier de Gaspé. Pour moi, c'est vraiment important qu'on ait un engagement
clair, parce qu'on ne s'en sortira pas. C'est une question de développement
économique, relance économique, c'est le frein majeur à Gaspé, présentement.
J'ai besoin de l'appui du premier ministre dans ce dossier-là.
M. Legault
: Bien,
écoutez, je prends l'engagement effectivement de voir avec le ministre de la
Famille la situation de Gaspé. Il manque 185 places, selon la députée. Elle a
raison, on ne pourra pas tout régler les problèmes avec la maternelle quatre
ans, donc je vais revoir puis je vais demander au ministre de la Famille de
communiquer avec la députée de Gaspé pour voir où on en est dans le...
M. Legault : …la situation
spécifique de Gaspé, il manque 185 places, selon la députée, elle a raison, on
ne pourra pas tout régler les problèmes avec la maternelle quatre ans. Donc, je
vais revoir… puis je vais demander au ministre de la Famille de communiquer
avec la députée de Gaspé pour voir où on en est dans le dossier de ces 185
enfants à Gaspé, qui n'ont pas accès à une place de garderie.
La Présidente (Mme Chassé) : Mme
la députée de Gaspé, poursuivez.
Mme Perry Mélançon : Bien,
merci, merci, M. le premier ministre, parce qu'effectivement je pense que le
mandat du Secrétariat à la jeunesse, il est clair, c'est de favoriser
l'employabilité, la conciliation travail-famille chez les jeunes. Donc, c'est
un travail qui doit se faire de pair avec le ministre de la Famille. Je suis
donc très contente d'entendre cette réponse aujourd'hui. Je pense que ça va
donner un second souffle et un peu d'espoir à nos, à peu près, 185 femmes de Gaspé
qui sont en détresse.
Alors, je vais poursuivre, disons, sur la même
lancée que mes collègues, c'est certain qu'on ne peut pas passer à côté des
gros enjeux majeurs de la jeunesse. La génération COVID-19 maintenant, on a un
terme pour cette génération-là, c'est assez triste de voir ce qui se passe,
parce qu'ils ont été… ils ont subi de plein fouet les conséquences de l'arrêt
et du ralentissement des activités. Alors, il y a même une étude qui confirme
que 30 % des étudiants pourraient abandonner leurs études postsecondaires
et le tiers des adolescents viveraient une détresse psychologique liée au
confinement.
La ministre McCann, depuis sa nomination,
n'a pas donné de directive aux établissements concernant la pédagogie, les
cours à distance, les cours en présentiel et même a été interpellée pour des
coûts fixes qui se retrouvaient sur les factures des étudiants, alors que ce ne
sont pas des services qui étaient donnés, là, par les établissements scolaires.
Donc, il y a vraiment… on arrive à l'aube… et ça commence les cours, là,
présentement, pour les études postsecondaires, et on le sait que la précarité
financière est un facteur majeur du décrochage scolaire.
Alors, j'aimerais savoir c'est quoi, les
mesures pour éviter le décrochage scolaire. On en a parlé, mais si on pense à
la précarité financière, l'endettement des étudiants, est-ce qu'on pourrait
avoir encore des précisions à ce niveau-là?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Oui, Mme
la Présidente, bon, évidemment, je répète ce que j'ai dit tantôt, la priorité
pour aider les enfants puis les jeunes qui ont des difficultés puis qui ont
vécu un moment difficile entre le mois de mars… dans le fond, quand on regarde
ça, de ne pas avoir été à l'école entre mars et septembre, c'est six mois,
c'est énorme. Puis on se rappelle, en tout cas, moi, je me rappelle que, quand
on avait deux mois de vacances l'été, des fois, on arrivait en septembre, on ne
se souvenait plus de ce qu'on avait appris jusqu'au mois de juin. Donc,
imaginez-vous, six mois, c'est vraiment critique comme situation.
C'est pour ça que j'ai tant insisté pour
le retour à l'école. Puis je me rappelle, la députée du Parti québécois de
Joliette, qui s'opposait au retour à l'école, je dis juste ça.
Mme Perry Mélançon :
J'aimerais savoir où ça a été indiqué spécifiquement, là, ce que vous prêtez
comme intention à ma collègue, mais, bon, on n'ira pas sur ce sujet-là.
M. Legault
: Bien, il y
a eu plein d'interventions publiques de la part de la députée de Joliette…
M. Legault : ...je me rappelle
la députée du Parti québécois de Joliette qui s'opposait au retour à l'école,
je dis juste ça.
Mme Perry Mélançon : Au fond,
j'aimerais savoir où est-ce que ça a été indiqué spécifiquement, là...
M. Legault : O.K.
Mme Perry Mélançon :
...cette... ce que vous prêtez comme intention à ma collègue, mais, bon, on
n'ira pas sur ce sujet-là.
M. Legault : Bien, il y a eu
plein d'interventions publiques de la part de la députée de Joliette,
porte-parole en éducation, qui s'opposait puis faisait peur un petit peu au
monde sur le retour à l'école. En tout cas, bref, je tourne la page. Mais ce
qu'on a besoin, évidemment, pour ces jeunes, c'est du rattrapage. Donc, la
semaine dernière, le ministre de l'Éducation a annoncé que, pour le 20 %, 25 %
d'enfants qui ont des difficultés... Puis là on n'a pas besoin de mettre des
ressources à ne plus finir sur l'évaluation puis la bureaucratie. Donc, j'étais
très content que le ministre annonce qu'on va pouvoir donner les services sans
être obligés d'avoir, avant, une évaluation professionnelle qui vient confirmer
qu'il y a un trouble d'apprentissage. On va pouvoir tout simplement donner les
services, donc orthophoniste, orthopédagogue. Il faut effectivement s'occuper
des jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage, poursuivre le développement
de la maternelle quatre ans, même si le Parti québécois est contre. Je pense
que c'est important d'agir tôt. Ces enfants-là, quand on s'en occupe, on dit...
Il y a un fameux livre qui a été écrit, Tout se joue avant 6 ans. Une
intervention avant six ans est 10 fois plus efficace qu'une intervention
après six ans. Donc, maternelle quatre ans, très important, j'invite la députée
de Gaspé à en jaser avec la députée de Joliette.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci, M. le premier ministre. Allez, Mme la députée de Joliette. Non! De
Gaspé.
Mme Perry Mélançon : La
députée de Joliette avait des inquiétudes sur les modalités, mais elle ne s'est
jamais opposée, là, au retour en classe, alors sachez-le.
M. Legault : C'est bon.
Mme Perry Mélançon : Et là
moi, je ne parle plus des enfants, là. C'était dans la question d'avant. Là, je
vous parle de précarité financière, surtout, là, l'endettement par les jeunes.
Ce n'est pas juste le retour en... Le problème existait avant la fin des
classes, là. Puis là le retour, c'est une bonne chose selon le premier
ministre, mais il y a quand même encore des enjeux, là. Précarité financière,
est-ce qu'on a des engagements, des mesures qui vont venir réduire le fardeau
financier pour les étudiants qui veulent apprendre mais qui ne veulent pas
s'endetter pour le restant de leurs jours? Parce qu'on n'a pas tous la même
chance dans la vie, alors je veux parler en leurs noms.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, j'ai le
goût presque, Mme la Présidente puis Mme la députée de Gaspé, de vous donner un
scoop, là, hein? Donc, je vous annonce que la ministre de l'Enseignement
supérieur va faire une annonce importante pour réduire l'endettement des
étudiants au cours des prochains jours. Donc, comme ils disent en anglais,
«Stay tuned».
Mme Perry Mélançon : Bonne
nouvelle. Oui. Merci. Très... On a très hâte de voir ça. Et on commentera en
temps et lieu, voir si c'est une annonce majeure et révolutionnaire.
Accès au sport, vous en avez parlé que
c'est une façon aussi pour le décrochage scolaire. Je vais aller rapidement
parce qu'on a parlé beaucoup de relance économique, en parlant
d'infrastructures, ligne bleue… Je n'irai pas sur la ligne bleue puis je ne
veux pas en entendre parler en ce moment. Je veux plutôt… Il y a
620 demandes présentement qui sont en analyse pour le PAFIRS. Ça...
Mme Perry Mélançon : …accès au
sport, vous en avez parlé que c'était une façon, aussi, pour le décrochage
scolaire. Je vais aller rapidement parce qu'on a parlé beaucoup de relance
économique en parlant d'infrastructures, ligne bleue… Je n'irai pas sur la
ligne bleue puis je ne veux pas en entendre parler en ce moment. Je veux
plutôt… Il y a 620 demandes présentement qui sont en analyse pour le
PAFIRS, ça, c'est le Programme pour l'aide financière aux installations
récréatives et sportives. Et là, moi, je voyais cela… là une occasion de
relancer l'économie et, en plus, d'aider les jeunes à s'accrocher au sport et à
réduire les problèmes de santé mentale durant la COVID.
Je n'ai pas saisi pourquoi on n'est pas
allés en ce sens-là, alors peut-être que le premier ministre pourra répondre à
cette question-là parce que c'est… ça a probablement été décidé dans les hautes
instances, tout ça.
M. Legault : Oui. Bien, ce
n'est pas encore… Oui, Mme la Présidente, ce n'est pas encore décidé, mais
effectivement, on a des discussions avec la ministre responsable des Sports, ministre
déléguée à l'Éducation, qui a reçu, effectivement, plus d'un milliard de
dollars de demandes en vertu du PAFIRS, donc, pour avoir toutes sortes
d'installations. Il y a des piscines, des arénas, des pistes de course et tout
ce qu'on voudra.
Et, bon, il y a des dossiers que c'est
juste avec les écoles, il y a d'autres dossiers, c'est avec les municipalités.
Encore là, sans sortir un gros scoop, on va aider beaucoup les municipalités au
cours des prochaines semaines, puis il y aura…
Mme Perry Mélançon :
…prochaines semaines, une…
• (12 h 10) •
M. Legault : Pardon?
Mme Perry Mélançon : Bien, il
y a beaucoup de gens qui attendent ça, 620 demandes, donc est-ce qu'on a
une date? Un autre scoop?
M. Legault : Oui, oui, c'est
dans les prochains jours, les prochaines semaines. Mais effectivement, il y a
une opportunité, un peu comme le projet de loi n° 61, de devancer la
construction d'infrastructures sportives. Moi, j'y crois, le sport pour
améliorer la réussite scolaire. D'ailleurs, on va ajouter du temps dans les
écoles secondaires. On est en train déjà de le faire, entre autres pour le
sport et les arts.
Donc, je comprends très bien, là, qu'on
atteint deux objectifs si on bonifie l'aide pour les installations
sportives puis je peux vous dire que… un peu comme mon adjoint parlementaire en
Jeunesse, on a une ministre du Sport qui me talonne pour qu'on augmente le
budget qui va être réservé pour les installations sportives, puis on devrait annoncer
ça dans les prochaines semaines.
Mme Perry Mélançon : Donc, ce
programme-là, vous m'annoncez qu'il sera bonifié…
M. Legault : Ce que je dis…
Mme Perry Mélançon : …et
éventuellement, parce que la demande est trop élevée, vous ne pourrez pas aller
aider le maximum de gens, là, avec ce qui est sur la table.
M. Legault : Il y a plusieurs
façons de…
La Présidente (Mme Chassé) :
…secondes au bloc d'échange.
M. Legault : Il y a plusieurs
façons de bonifier le financement d'installations sportives, ça peut être par
les municipalités ou par les centres de services. Donc, on est en train de
regarder différents scénarios pour plus aider à construire ces installations.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme Chassé) :
Bravo! Merci, Mme la députée de Gaspé. Alors, nous revenons, pour le dernier
bloc d'échange, avec l'opposition officielle. M. le député de Viau, la parole
est à vous.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. À ce stade-ci, j'aimerais parler, échanger avec le premier
ministre sur un enjeu important, l'équité intergénérationnelle…
M. Legault
:
...construire ces installations.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme Chassé) :
Bravo! Merci, Mme la députée de Gaspé. Alors, nous revenons, pour le dernier bloc
d'échange, avec l'opposition officielle. M. le député de Viau, la parole est à
vous.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. À ce stade-ci, j'aimerais parler, échanger avec le premier
ministre sur un enjeu important, l'équité intergénérationnelle. M. le premier
ministre aime beaucoup parler du bilan libéral, et je vais essayer de lui faire
plaisir, je vais lui en parler un peu. C'est un gouvernement libéral qui a mis
en place les piliers de l'équité intergénérationnelle à travers le Fonds des
générations, M. le premier ministre, en 2006. C'est un gouvernement libéral qui
a mis en place la Loi favorisant le maintien et le renouvellement des
infrastructures publiques en 2007, M. le premier ministre. C'est aussi un
gouvernement libéral qui a mis en place cette loi que nous venons de discuter,
la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État afin de favoriser la présence des
jeunes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État. Je pourrais
continuer.
Mais ce que je constate, actuellement,
c'est que l'iniquité intergénérationnelle est l'éléphant dans la pièce dont on
évite de parler. Alors, au nom des générations actuelles et futures, M. le
premier ministre, pouvez-vous nous expliquer qu'est-ce que vous faites
actuellement pour travailler sur le dossier de l'équité intergénérationnelle?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Oui. C'est
une question effectivement qui me fait plaisir. Je suis certain que ça fait
plaisir aussi à mon directeur de cabinet, dont le surnom est non pas Koskinen
mais «Koskidette», parce que lorsqu'il était président de Force Jeunesse,
c'était le dossier numéro un. Même chose pour notre ministre à l'Éducation, qui
a été aussi président de Force Jeunesse, qui ont convaincu entre autres le
Parti libéral d'adopter le projet de loi sur le Fonds des générations, avec
lequel je suis totalement d'accord.
On était dans une situation, depuis
longtemps, où la dette du Québec en pourcentage du PIB était beaucoup plus
élevée au Québec que dans les autres provinces. Heureusement, grâce aux efforts
de tout le monde, incluant des gouvernements libéraux, je le dis, on a atteint
aujourd'hui à peu près la moyenne canadienne, quand on regarde la dette en
pourcentage du PIB. Donc, la situation s'est améliorée. Elle n'est pas réglée.
Bon, on l'a dit, cette année,
malheureusement, on va avoir à peu près 15 milliards de déficit, ce qui
est quand même moins que ce qu'on voit dans les autres provinces, toutes
proportions gardées, puis on se donne cinq ans pour revenir à l'équilibre
budgétaire. Mais dans les états financiers du gouvernement, on va continuer
d'avoir un versement annuel de 2,5 milliards, 3 milliards par année
au Fonds des générations. Je pense que c'est important qu'on laisse à nos
jeunes, à nos enfants puis nos petits-enfants, une situation financière équitable.
Parce qu'il y a effectivement un problème d'équité. Si aujourd'hui on dépense
de l'argent avec la carte de crédit de nos enfants, bien, il y a un problème
d'équité intergénérationnelle, puis j'ai du monde autour de moi qui me rappelle
ça, constamment, et c'est quelque chose...
M. Legault : ...situation
financière équitable. Parce qu'il y a effectivement un problème d'équité ici. Aujourd'hui,
on dépense de l'argent avec la carte de crédit de nos enfants. Bien, il y a un problème
d'équité intergénérationnelle, puis j'ai du monde autour de moi qui me rappelle
ça constamment, et c'est quelque chose qui m'interpelle.
Donc, je veux être très clair, là, on va
garder le Fonds des générations puis on va tout faire pour revenir à l'équilibre
budgétaire le plus rapidement possible.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Donc, vous avez évoqué Force Jeunesse. J'allais dire :
C'est une organisation, donc il y a des gens autour de la table... nommés, et qui
le connaissent très bien. Alors, justement, une des questions de Force
Jeunesse, que je vous soumets, M. le premier ministre. À défaut d'avoir un
plan ou une intention de régler ce dossier-là, est-ce que vous vous engagez, par
exemple... prenons le domaine de la santé, par exemple, à prendre ce dossier au
sérieux afin de mettre un vrai... un comité d'experts pour réfléchir au financement
des soins de santé?
M. Legault : Bon. Écoutez,
c'est une question vaste, là, je pourrais vous en parler pour quelques heures.
M. Benjamin : Nous
n'avons que 20 minutes.
M. Legault : Oui, je
comprends. Mais, vous savez, le problème avec la santé, c'est que, pour offrir
les mêmes services, il faut augmenter les budgets de 5 %, 6 % par
année. Pourquoi ça augmente plus vite que l'inflation? Bien, à cause des
impacts du vieillissement de la population, à cause des nouveaux médicaments
puis à cause des nouvelles technologies.
Avec le Conseil de la fédération, ce sera
l'enjeu principal. Vous savez qu'à partir du mois de septembre, c'est moi qui
sera le président du Conseil de la fédération, donc pour toutes les provinces.
Et on s'est déjà entendus, il va y avoir une rencontre au mois de septembre
pour revendiquer auprès du gouvernement fédéral une augmentation des transferts
en santé. Parce qu'on a une situation actuellement où on a une dépense de la
santé qui augmente de 5 %, 6 % par année, qui déjà été financée 50-50
entre les provinces puis le fédéral, qui aujourd'hui est financée 80 % par
le Québec pour 20 % par le fédéral. Donc, étant donné qu'on envoie des
impôts et à Ottawa et à Québec, ce n'est pas normal que le fédéral se soit
désengagé autant du financement de la santé.
Puis, tant qu'on n'aura pas une meilleure
contribution du gouvernement fédéral, ça sera difficile de garder un équilibre,
parce que l'argent qu'on met en santé, indirectement, si on veut atteindre
l'équilibre budgétaire, c'est de l'argent qu'on ne peut pas investir en
éducation. Pourtant, l'éducation devrait être la priorité de notre société.
Donc, il y a vraiment, là, tout un défi
avec le financement de la santé. Il faut qu'il y ait une plus grande
contribution du gouvernement fédéral pour faire face à ce défi majeur que
toutes les sociétés ont. C'est le même problème en Ontario, c'est le même
problème dans les autres provinces.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Je compte utiliser peut-être le reste de mon temps
pour poser des questions venant de groupes parce que...
M. Legault : ...à ce défi
majeur que toutes les sociétés ont. C'est le même problème en Ontario, c'est le
même problème dans les autres provinces.
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Je compte utiliser peut-être le reste de mon temps pour vous
poser des questions venant de groupes, parce que je pense que, quand nous
sommes là, nous représentons chacun nos circonscriptions, mais nous portons les
dossiers, nous parlons aussi au nom des organisations et des organismes.
Une première question du ROCAJQ. Le
ROCAJQ, M. le président, compte 64 organismes membres qui rejoignent
annuellement environ 300 000 jeunes aux parcours de vie différenciés.
C'est un organisme qu'on retrouve un peu partout avec des organismes affiliés
dans nos régions. La première question : Considérant les choix budgétaires
que votre gouvernement devra prendre dans les prochains mois et les prochaines
années, considérant le manque à gagner estimé à 370 millions de dollars
pour les organismes communautaires en santé et en services sociaux, est-ce que le
gouvernement a l'intention de répondre aux demandes des organismes
communautaires se finançant au PSOC, c'est-à-dire augmenter le financement à la
mission des groupes communautaires, indexer les subventions sur la base de la
hausse des coûts et assurer l'équité dans le financement des traitements et des
groupes?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Bon, oui, effectivement, je connais cet organisme. Et puis, bon, ça
me rappelle des bons souvenirs quand j'ai organisé avec Lucien Bouchard le
Sommet du Québec et de la jeunesse. Et c'est d'ailleurs là que j'ai rencontré
mon actuel directeur de cabinet qui était à l'époque président de Force
Jeunesse.
Et je comprends que le ROCAJQ demande une plus
grande augmentation du financement des organismes communautaires. Déjà on a
augmenté le financement des organismes communautaires. Bon, je comprends qu'ils
voudraient un 300, un 400 millions additionnels.
Mais là on revient à la question qu'on
avait tantôt. Si on ne veut pas avoir de déficit, si on veut être capable de
laisser des états financiers, une situation financière en bonne santé aux
jeunes, bien, je souhaiterais peut-être que le député de Viau nous donne une
indication d'où je pourrais trouver ce 370 millions de dollars.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. M. le premier ministre, en attendant, vous êtes le premier
ministre, vous êtes un homme d'action, c'est ce que vous nous avez dit. Et ce
que nous attendons de vous, c'est de l'action dans ce dossier-là, dans le
soutien aux organismes communautaires autonomes jeunesse.
Une deuxième question du ROCAJQ
toujours : Considérant les choix budgétaires que le gouvernement devra
prendre dans les prochains mois et les prochaines années, considérant le manque
à gagner de 83 millions de dollars estimé par les organismes
communautaires autonomes jeunesse, est-ce que le gouvernement à l'intention
d'augmenter le financement des organismes communautaires autonomes jeunesse qui
rejoignent des centaines de milliers de jeunes chaque année?
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Bien sûr, on souhaiterait augmenter le financement. La priorité, ça
demeure de bien financer le réseau de l'éducation. Je pense que c'est le
meilleur investissement qu'on ne puisse pas faire pour les jeunes au Québec. Je
ne veux pas qu'on reste trop longtemps en situation de déficit pour ne pas
laisser aux jeunes une carte de crédit pleine. Donc, oui, mais, en même
temps...
M. Legault : …de l'éducation,
je pense que c'est le meilleur investissement qu'on ne puisse pas faire pour
les jeunes au Québec. Je ne veux pas qu'on reste trop longtemps en situation de
déficit pour ne pas laisser aux jeunes une carte de crédit pleine. Donc, oui,
mais, en même temps, tout est une question d'équilibre.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Une autre question, cette fois-ci d'un organisme que vous
connaissez très bien. Vous avez parlé tout à l'heure du Sommet du Québec et de
la jeunesse, je pense qu'on s'est manqués de peu, M. le premier ministre,
parce que j'y étais aussi au Sommet du Québec et de la jeunesse, comme jeune,
donc, à l'époque, donc, voilà.
Mais cette question, cette fois-ci…
M. Legault : Ça ne rajeunit
pas personne.
M. Benjamin : Ça ne rajeunit
pas personne, en effet. Force Jeunesse, c'est un organisme que vous connaissez
très bien. Une question de Force Jeunesse, encore, M. le premier ministre.
Afin de s'assurer que l'ensemble des jeunes aient accès aux ressources en
matière de santé mentale au Québec, le gouvernement est-il prêt à faire face à
ce problème en ajoutant la psychothérapie dans la liste des services assurés
par la RAMQ?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Écoutez,
j'en ai parlé tantôt. Quand on veut garantir un service, il faut s'assurer
qu'on ait la main-d'oeuvre pour garantir un service. Dans un monde idéal, oui,
la réponse, ça serait oui, mais on a tout un défi en santé mentale. On a déjà
commencé à augmenter les budgets en santé mentale, mais je suis très conscient
qu'on doit en faire plus, puis il n'y a rien qui m'arrache plus le coeur quand
j'entends un jeune qui ne reçoit pas tous les services puis que, parfois, ça
mène jusqu'au suicide. Il faut effectivement travailler sur la santé mentale.
Il y a beaucoup de jeunes qui vivent des problèmes d'anxiété, des problèmes de
dépression, des problèmes de toutes sortes. Donc, oui. Sur quelle période?
C'est ça qu'il faut regarder.
La Présidente (Mme Chassé) :
Allez-y.
M. Benjamin : Il reste combien
de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Chassé) :
Neuf minutes.
M. Benjamin : Neuf minutes.
Parfait. Parlons-en, M. le premier ministre, encore, de l'enjeu de la
santé mentale, parce que je pense que… et on n'en parlera jamais assez, on n'en
parlera jamais assez, surtout sur les enjeux de santé mentale des jeunes.
Ma collègue, la cheffe de la deuxième
opposition, en avait parlé tout à l'heure, de ces sites qui sont quasiment des
sites de la mort et qui proposent des recettes à des jeunes pour se suicider.
C'est troublant, c'est très troublant, pour nous tous et pour nous toutes.
Quelle action votre gouvernement prend… doit prendre? Quelle action que vous
comptez prendre pour lutter contre ces phénomènes qui rongent notre société et
qui s'attaquent à ce que nous avons de plus précieux, c'est-à-dire nos jeunes,
qui sont, comme vous le disiez une fois, d'ailleurs, le présent et l'avenir du
Québec? Quelles sont les actions que vous allez prendre par rapport à ces
phénomènes-là?
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Bon. D'abord,
c'est important de dire que ce n'est pas un nouveau problème. C'est un problème
qui existe depuis plusieurs années, le sous-financement des services en santé
mentale. Bon, au début, on pouvait parler peut-être de problèmes de préjugés
dans la société, mais là je pense qu'on peut parler…
La Présidente (Mme Chassé) :
...M. le premier ministre.
M. Legault : Bon. D'abord,
c'est important de dire que ce n'est pas un nouveau problème. C'est un problème
qui existe depuis plusieurs années, le sous-financement des services en santé
mentale. Bon, au début, on pouvait parler peut-être de problèmes de préjugés
dans la société, mais là, je pense qu'on peut parler effectivement d'une
décision politique. Les gouvernements doivent augmenter le financement de la
santé mentale. On a commencé à le faire. On va continuer de le faire. Mais effectivement
c'est le grand négligé de notre réseau de la santé. Donc, il faut que tout le
département, là, santé mentale, services sociaux, services, bon, quand c'est
rendu plus grave, à la DPJ, il faut investir davantage. On a commencé à le
faire, puis on va continuer de le faire.
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Je comprends que, oui, il y a un travail à faire au niveau de la
santé mentale. Mais, est-ce que vous ne croyez pas, M. le premier ministre,
qu'il y a aussi un leadership à assumer pour s'attaquer à ces marchands de la
mort qui sont sur le Web et le «dark Web»? Et, est-ce que vous ne pensez pas...
J'aimerais vous entendre et puis réfléchissons, j'aimerais vous entendre
réfléchir avec moi à haute voix sur cet enjeu-là. Qu'est-ce que vous voyez
comme piste parce que c'est un enjeu terrible qui nous guette.
M. Legault : Oui. Avec votre
permission, je sais que c'est un sujet qui préoccupe beaucoup mon adjoint
parlementaire, là, puis les solutions ne sont pas simples, là, parce qu'on voit
beaucoup de choses qu'on n'aimerait pas voir sur le Web, là, donc peut-être
donner la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Rapidement, en
tout respect, il y a toute la formation des sentinelles qu'on finance déjà, qui
aident dans les écoles à prévenir l'identification de jeune qui a des idées
suicidaires. Effectivement, ce qui se retrouve sur Internet, il va falloir
l'identifier mieux que ça. Et j'ai eu des discussions, entre autres, avec mon
collègue, le ministre de la Justice, ma collègue, la ministre de la Sécurité
publique, pour voir de quelle façon on peut identifier qui est derrière ces
sites Internet, là, qui inciteraient des jeunes à commettre l'irréparable.
Et l'AQPS, l'Association québécoise de
prévention du suicide, que vous connaissez, on les finance déjà, que ce soit
via le ministre de la Santé, via le Secrétariat à la jeunesse. Et là, on est en
train de regarder avec eux ces nouvelles réalités-là, surtout la détresse
psychologique qui est très présente chez des jeunes, puis vous le savez, avec
ce qu'on a vécu au cours des dernières semaines, des derniers mois, pour voir
de quelle façon on peut le faire davantage. Mais sachez qu'on est déjà au
travail pour mieux le faire. On n'est pas sans savoir qu'il y a des groupes qui
proviennent... en dehors du Québec, que ce soit des États-Unis ou ailleurs, qui
sont là, mais on est extrêmement sensibles à ça. Puis avec le réseau scolaire
aussi, les enseignants, il y a un travail à faire à ce niveau-là pour mieux les
sensibiliser également.
La Présidente (Mme Chassé) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Cette fois-ci, M. le premier ministre, j'ai une question
d'intendance pour vous, une facile, je crois. Donc, j'ai une note ici, vous
avez récemment engagé David Couturier, l'ancien attaché de presse de
Jean-Marc Fournier et de Jacques Dupuis, pour former votre personnel
politique en communication....
La Présidente (Mme Chassé) : …M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Cette fois-ci, M. le premier ministre, j'ai une question
d'intendance pour vous, une facile, je crois. Donc, j'ai une note ici, vous
avez récemment engagé David Couturier, l'ancien attaché de presse de
Jean-Marc Fournier et de Jacques Dupuis, pour former votre personnel
politique en communications. M. Couturier, très compétent par ailleurs…
j'aimerais savoir quand est-ce que cette formation a eu lieu, était-elle reliée
à la crise de la COVID-19?
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le premier ministre.
M. Legault : Oui. Donc,
M. Couturier, même s'il a travaillé pour le Parti libéral, on me dit que
c'est un gars très compétent et il a donné une formation aux conseillers
politiques juste avant la pandémie.
M. Benjamin : Alors, est-ce
que vous jugez, à ce moment-là, que vos gens de communications n'étaient pas
assez compétents pour former vos conseillers politiques?
M. Legault : Oui, moi, je suis
un grand, grand partisan de la formation continue. On n'est jamais assez
compétent puis on a toujours besoin des conseils, même des libéraux.
M. Benjamin : Et ce sont
souvent les meilleurs conseils.
M. Legault : Je n'ai pas dit
ça.
M. Benjamin : J'ai…
La Présidente (Mme Chassé) :
Allez-y.
M. Benjamin : Il me reste
combien de temps?
La Présidente (Mme Chassé) :
Trois minutes.
M. Benjamin :
Trois minutes, c'est parfait. J'ai le goût de vous parler d'un autre
sujet, M. le premier ministre, c'est les jeunes artistes. Les jeunes artistes
qui sont dans un genre de no man's land, passez-moi l'anglicisme. Alors,
qu'est-ce que… que comptez-vous faire? Parce que quand ils ne sont pas
professionnels, donc, ils n'ont pas accès à des subventions, comment vous
comptez… quelles mesures vous comptez déployer pour accompagner, pour soutenir
les jeunes artistes?
M. Legault : Bien, c'est un
sujet qui me touche beaucoup. Ça fait partie de nos cinq priorités, la
culture. On a eu une augmentation du budget de la culture de 12 %, c'est
historique, l'augmentation. Suite à la pandémie, on a donné un budget spécial
de 400 millions de dollars à la ministre de la Culture puis il y a des
programmes qui touchent les jeunes artistes.
Donc il y a, dans les différentes formes
d'art, que ça soit le théâtre, que ça soit l'écriture, toutes sortes de
programmes d'appel de propositions. Mais effectivement, là, il faut aider nos
jeunes artistes, qui vivent souvent de la précarité. Donc, on a aussi ajouté
l'axe culture, donc, dans la stratégie qui va être déposée, 2021‑2026, et on a…
on me signale qu'on a 20 projets, donc, qui sont en analyse.
La Présidente (Mme Chassé) : M.
le député de Viau, deux minutes.
M. Benjamin :
Deux minutes?
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui.
• (12 h 30) •
M. Benjamin : Bien, écoutez,
un autre sujet qui me préoccupe, M. le premier ministre, donc, j'aimerais
peut-être aborder avec vous... Vous avez vu cet article ce matin sur les
données renversantes sur les enfants immigrés devenus adultes. Et dans cet
article-là, paru dans le journal LaPresse, Francis…
12 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Chassé) :
...M. le député de Viau, deux minutes.
M. Benjamin : Deux minutes?
La Présidente (Mme Chassé) :
Oui.
M. Benjamin : Bien, écoutez, un
autre sujet qui me préoccupe, M. le premier ministre, donc, j'aimerais peut-être
aborder avec vous... Vous avez vu cet article ce matin sur les données
renversantes sur les enfants immigrés devenus adultes. Et dans cet article-là,
paru dans le journal LaPresse, Francis Vailles nous dit que
le Québec fait moins bien, donc, que le reste du Canada, donc, pour ce qui a
trait... Comment vous expliquez cela, M. le premier ministre?
M. Legault
: Oui, bien,
écoutez...
La Présidente (Mme Chassé) : ...prolonger
d'une minute ou deux. On a eu comme un petit problème de calcul.
M. Legault
: O.K. Bien,
écoutez, je n'ai effectivement pas pris connaissance de cette étude, donc on va
regarder l'étude puis voir s'il y a des gestes à poser en particulier. Mais on
sait qu'on a un défi du côté de l'immigration des immigrants, de façon
générale, que ce soit le taux de chômage, donc l'emploi, que ça soit l'apprentissage
du français. Il y a effectivement du travail à faire. Mais je n'ai pas lu, pour
être bien honnête, l'étude en question, là, je vais en prendre connaissance.
M. Benjamin : Écoutez, le
temps qu'il me reste, donc... Je prends le temps de remercier, donc, vous
remercier d'avoir été là pour répondre aux questions. Je remercie l'ensemble
des membres de la commission et aussi le personnel qui les accompagne. Donc, je
veux continuer à vous encourager, M. le premier ministre, à prendre des gestes
forts, à poser des gestes courageux, notamment au nom des jeunes du Québec pour
tout ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, la réduction
des GES. C'est important, c'est la priorité numéro un des jeunes du Québec, et
ils ne s'attendent pas à moins de vous, donc, pour l'avenir du Québec et
l'avenir de l'ensemble de la collectivité. Merci, tout le monde.
La Présidente (Mme Chassé) :
Merci. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition, et compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 14 h 45, où nous entreprendrons l'étude du portefeuille
Famille. Bon dîner, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 32)