(Huit heures vingt-neuf minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Content d'être de retour à l'Assemblée nationale, je me suis absenté pendant à
peu près un mois. Je trouve qu'en un mois, il y a beaucoup de choses qui ont
changé, ici, beaucoup de choses qui ont évolué en politique québécoise. Quand j'ai
quitté l'Assemblée, il y a un mois, François Legault faisait des pieds et des
mains pour se créer une image verte. Eh bien, aujourd'hui, on a une opération
de sabotage en règle contre un projet de transport en commun tellement
important pour la Capitale-Nationale, une opération de sabotage en règle du
tramway. Je reviens ici, à l'Assemblée nationale, et on parle de privé en
santé, de privatisation de la santé, on parle de privatisation du logement
social et on envoie des chèques de 500 $ à des familles qui font 200 000 $
par année. De toute évidence, il y a un vent de droite qui souffle sur le
Québec, et ça souffle, ce vent-là, aussi dans les voiles de François Legault.
Pourtant, pendant la pandémie, François Legault utilisait le mot «solidarité» à
peu près toutes les deux phrases. Les choses ont bien changé depuis.
À l'approche des élections, à quelques
mois des élections, moi, ce que je constate, c'est que François Legault tourne
à droite. Ça m'inquiète. Je ne pense pas que c'est le Québec dans lequel les
familles du Québec veulent vivre, je ne pense pas que c'est de ce Québec-là
dont on est fiers. Mais en même temps, je regarde cette situation-là puis ça me
motive. Ça me motive parce qu'à Québec solidaire on est en train de construire
une équipe exceptionnelle, une équipe redoutable, pour faire face à cette
montée de la droite au Québec. Vous avez vu, comme moi, les différentes
candidatures qui se sont annoncées récemment, il y en a d'autres qui s'en
viennent. Et donc, ce qu'on peut dire, c'est qu'à quelques mois des élections
au Québec, les choses n'ont jamais été aussi claires. Il y a une équipe qui est
en mesure de faire face à cette montée de la droite, puis c'est l'équipe de
Québec solidaire.
M. Laforest (Alain) : Ça fait
que Duhaime vous fait peur?
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Duhaime
vous fait peur?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
constate, c'est que la droite est en montée au Québec comme ailleurs. C'est
vrai au Canada, on l'a vu dans les derniers mois, on le voit aux États-Unis, on
le voit en Europe, il y a un vent de droite qui souffle. Le Québec n'est pas
épargné et François Legault se fait influencer par cette montée de la droite.
Ce n'est pas pour rien qu'on entend parler de privé en santé puis ce n'est pas
pour rien que, tout d'un coup, on a tous les gros canons de la CAQ, dans la
région de Québec, qui sortent pour saboter un projet de transport en commun. On
est en pleine crise climatique, là, ce n'est pas rien.
Mme Plante (Caroline) : ...c'est
de la droite ou c'est de l'électoralisme?
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que c'est de la droite, vraiment, ou c'est de l'électoralisme?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
saboter un projet de transport en commun que réclame pourtant toute une région
depuis des années, là, c'est irresponsable sur le plan climatique et c'est l'agenda
politique de la droite.
M. Lacroix (Louis) : Mais
comment vous l'expliquez, cette montée de la droite là, M. Nadeau-Dubois?
Qu'est-ce qui amène ça? Vous avez parlé... Parce que, là, ça dépasse — selon
ce que vous dites, là, si j'analyse ce que vous dites, là — ça
dépasse le simple contexte de Québec électoral où il y a une montée de la
droite, là, parce que vous l'étendez à la grandeur de l'Amérique, là, voire, du
monde, là. Alors, qu'est-ce qui explique, dans notre société, en ce moment, qu'il
y a cette montée de la droite, à votre avis?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que la pandémie a épuisé les gens, la pandémie a inquiété les gens, la pandémie
a déstabilisé le quotidien d'à peu près tout le monde, à peu près toutes les familles.
Puis dans ces moments-là, ça peut être tentant de se replier sur l'individualisme,
de se replier sur le chacun pour soi. Moi, ce que j'ai envie de dire aux gens
qui sont peut-être tentés par ces idées-là, c'est que si on a traversé la
pandémie, si on y est arrivés pas trop amochés, c'est à cause de la solidarité,
c'est parce qu'on s'est tenus ensemble, et que la pire chose à faire au sortir
de la pandémie, ce serait d'abandonner la solidarité puis de se lancer dans l'individualisme.
Ce qu'il faut faire, c'est le contraire.
M. Gagnon (Marc-André) : ...les
Québécois se sont désolidarisés?
M. Nadeau-Dubois : La
question de M. Lacroix portait sur le contexte général et je dis, de manière
générale, à travers... on le voit au Québec, au Canada, aux États-Unis, on voit
cette montée de la droite là, on la sent, elle se mesure de plein de manières
différentes. Puis ce que je dis, c'est... On me demandait pourquoi ça arrive.
Une de mes hypothèses, une des raisons que je pense qui peut expliquer ça, c'est
le fait que, quand il y a des chocs comme une pandémie, bien, ça déstabilise le
quotidien des gens. Puis, dans ces moments-là, ça peut être tentant de se
replier sur le chacun pour soi pour protéger ce qu'on a, dans le fond. Moi, j'ai
envie d'avoir un message d'espoir, j'ai envie d'avoir un message positif. Puis
c'est ce qu'on va faire à Québec solidaire, dire à ces gens-là : On sait
que ça a été difficile, les deux dernières années, là, on sait que ça a été
tough, mais là, ce n'est pas le temps de se lâcher, ce n'est pas le temps de se
diviser, ce n'est pas le temps de se battre les uns contre les autres, c'est le
temps d'être encore plus solidaires qu'on l'a été durant la pandémie.
M. Lacroix (Louis) : Mais ça
peut mener à quoi, cette perte de solidarité, ultimement? Quel est le danger de
la droite, dans notre société, à votre avis?
M. Nadeau-Dubois : Vous me
posez des questions profondes ce matin.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
vous avez amorcé une réflexion sur la montée de la droite.
M. Nadeau-Dubois : Oui, oui.
Tout à fait, tout à fait, je ne vous le reproche pas. Qu'est-ce que ça peut
amener... Pouvez-vous me répéter ça?
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que ça peut amener comme risques, pour notre société, la montée de la droite?
Ça peut aller jusqu'où, là, ultimement? Pourquoi il faut éviter ça à tout prix?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
parce que je pense qu'une des raisons pour lesquelles on est fiers, au Québec,
là, c'est qu'on s'est donnés des institutions, des programmes, des services
publics qui nous permettent d'avoir une meilleure qualité de vie. Puis c'est ça
qui peut être mis en danger par une montée de la droite, c'est tout ce qu'on s'est
donné collectivement pour favoriser la conciliation travail-famille, pour s'occuper
de l'environnement, pour s'assurer que tout le monde a accès aux soins de
santé, que tout le monde a accès à l'éducation, peu importe l'épaisseur de son
portefeuille. Puis ce que la droite nous dit, c'est que ça coûte trop cher, ces
affaires-là, puis que ça ne sert à rien. Puis à Québec solidaire, on est d'accord
que le modèle québécois, il n'est pas parfait, il a besoin d'une rénovation en
profondeur, mais abandonner nos valeurs de justice sociale, abandonner la
solidarité puis se lancer dans l'individualisme, c'est la pire des solutions.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que le Parti conservateur menace Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Pas plus
que les autres partis politiques, non.
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi
ça ne vous menace pas plus que les autres?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
parce que... J'ai envie de vous renvoyer la question : Pourquoi ça nous
menacerait plus que les autres?
M. Robillard (Alexandre) : Bien
non, mais moi, je vous renverrais la question, là.
Des voix : ...
M. Robillard (Alexandre) : Non,
mais, excusez-moi, M. Nadeau-Dubois est en train de répondre. Donc, allez-y.
Donc, pourquoi?
M. Nadeau-Dubois : Non, moi,
je ne sens pas de menace particulière de la part du Parti conservateur du
Québec. Je pense qu'il y a maintenant... Tu sais, il y a quatre ou cinq partis
qui vont se présenter aux prochaines élections au Québec. Les électeurs, là,
vont faire leur choix. Je ne nous sens pas plus menacés par le Parti
conservateur que par...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
pourquoi? Qu'est-ce qui vous distingue des autres face au Parti conservateur?
M. Nadeau-Dubois : Qu'est-ce
qui nous distingue des...
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
vous dites : On ne se sent pas plus menacés que les autres.
M. Nadeau-Dubois : Non, c'est
ça. Moi, je pense que chaque parti va faire valoir son projet de société, chaque
parti va faire valoir son programme, et il y a des différences importantes entre
les différents projets de société qui vont être présentés aux Québécois. Puis,
tu sais, moi, quand je vois un parti avec des candidats antiavortement, avec
des candidats climatosceptiques, un parti propétrole, c'est, de toute évidence,
un parti qui propose un projet de société complètement, mais complètement
différent de celui de Québec solidaire.
M. Robillard (Alexandre) : ...vous
expliquez le fait que vous avez, en tout cas, au moins une ancienne candidate,
là, qui s'est ralliée à M. Duhaime?
M. Nadeau-Dubois : Très
ancienne candidate, que je ne connaissais pas, elle était à Québec solidaire
avant que j'y arrive. Donc, je m'explique mal sa trajectoire puis je ne connais
pas la personne personnellement.
M. Bossé (Olivier) : ...retour
hâtif, M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : Hâtif? Ce
qui explique le retour hâtif, c'est la naissance hâtive, parce que j'avais
prévu de prendre quatre semaines de congé parental, et l'accouchement était
prévu pour la mi-mars. Le bébé nous a surpris, il était pressé, il retient de
son père un peu, je pense. Donc, j'ai pris quatre semaines, mais ça a commencé
plus tôt, donc je suis de retour un peu plus tôt.
M. Laforest (Alain) : Parlant
de pétrole, qu'est-ce que vous pensez de la poursuite qui a été engagée par une
pétrolière à l'endroit de votre co-porte-parole? Comment vous allez vous
gouverner là-dedans?
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
d'abord, je veux être très clair, Québec solidaire ne se rétractera pas. C'est
hors de question. Puis, moi, j'ai un message très clair, ce matin, là :
Jamais Québec solidaire ne va arrêter de jouer le rôle, qui est le sien en
politique québécoise, celui d'être le chien de garde de l'influence de l'argent
en politique. Depuis qu'Amir Khadir a mis le pied à l'Assemblée nationale, c'est
ce que Québec solidaire fait, et on va continuer à jouer ce rôle sans relâche.
Il n'est pas question qu'on se fasse intimider par une entreprise pétrolière
qui n'aime pas les propos qu'on tient.
M. Bossé (Olivier) : L'Université
Laval qui réserve une chaire de recherche pour des minorités, des femmes, des
autochtones, donc qui exclut les hommes blancs, est-ce que vous êtes d'accord?
M. Nadeau-Dubois : Nous, à la
dernière campagne électorale, ce n'est pas ce qu'on proposait. Je pense, c'est
important d'avoir des cibles de représentation de la diversité puis des
minorités dans les institutions publiques. C'est important que ces cibles-là
soient contraignantes, mais il y a des manières plus progressives d'atteindre
ces cibles-là, puis nous, c'est ce qu'on proposait, à Québec solidaire. Nous, c'était
une embauche sur quatre jusqu'à l'atteinte de la cible pour l'organisme en
question, donc, c'est important d'avoir des cibles. C'est important que nos
institutions soient plus représentatives de la société, mais notre manière d'y
arriver, notre proposition pour arriver à cette représentativité-là, c'est une
manière plus progressive.
M. Laforest (Alain) : On ne
parle pas de ça, là, on parle de l'Université Laval. Vous en pensez quoi, de
cette offre d'emploi là? C'est correct, pas correct, acceptable?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
dis, c'est que sur l'objectif d'avoir des institutions plus représentatives, je
pense que c'est absolument essentiel. Sur les moyens pour arriver à cette
représentation-là, nous, l'approche qu'on préfère, c'est une approche plus
progressive, comme en témoignent les propositions qu'on a faites lors de la
dernière campagne électorale.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
l'approche de l'Université Laval, ce n'est pas la bonne?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
préfère une approche plus progressive où on fait...
M. Gagnon (Marc-André) : Non,
on vous questionne sur l'approche de l'Université Laval.
M. Nadeau-Dubois : Oui, je
vous dis que, nous, on préfère une approche plus progressive.
Une voix : Donc, ce n'est pas
la bonne.
M. Nadeau-Dubois : Selon nous,
une approche plus progressive est préférable, c'est-à-dire, nous, ce qu'on
proposait, là, c'est une embauche sur quatre jusqu'à l'atteinte de l'objectif
de représentation dans l'organisme en question. C'est...
M. Gagnon (Marc-André) : ...vous
ne voulez pas condamner l'approche de l'Université Laval dans ce dossier-là.
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a
une approche différente de celle-là, et nous, on pense que, la bonne approche,
c'est une approche plus progressive que celle de l'Université Laval.
M. Gagnon (Marc-André) : Juste
revenir brièvement sur le cas des conservateurs. Vous avez vu l'histoire de
cette organisatrice au Bas-Saint-Laurent, elle a été arrêtée par la police
parce qu'elle embourbait le système de prise de rendez-vous pour la
vaccination. Vous pensez quoi du fait qu'Éric Duhaime s'entoure de gens comme
ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est des accusations qui sont graves, c'est des gestes qui sont graves, là,
embourber volontairement le système de santé en pleine pandémie. C'est
épouvantable, ça manque beaucoup de compassion, je trouve. Puis moi, ça
m'inquiète que des gens comme ça tournent autour de gens qui aspirent à
gouverner le Québec.
Mme Plante (Caroline) : On
voit que la COVID est entrée au Parlement. Est-ce que ça complique les travaux,
alors qu'on est pratiquement en fin de session, en fin de législature?
M. Nadeau-Dubois : Oui. Je
viens d'arriver, je vais prendre le temps de constater comment se déroulent les
travaux à l'Assemblée avec la nouvelle réalité, les 125 députés. En même
temps, une résurgence des cas de COVID, c'est sûr que ça m'inquiète. Moi-même,
je n'ai, ces temps-ci — c'est le moins qu'on puisse dire — pas
du tout envie de ramener le virus à la maison. Donc, oui, j'ai une certaine
inquiétude. Puis j'espère que tous les députés vont être prudents puis qu'on va
être capable de continuer à travailler ici, à l'Assemblée, en toute sécurité.
Mme Plante (Caroline) : Les
120 heures de crédits budgétaires, là, qui ont été annoncés hier, est-ce
que c'est suffisant? Parce que, peut-être que je me trompe, mais d'habitude,
c'est 200 heures. Est-ce que, sur le 120 heures, là, est-ce que ça va
être suffisant, là, pour l'étude des crédits?
M. Nadeau-Dubois : Ce sont
des dispositions qui ont été négociées dans les dernières semaines, en mon
absence, et par ma collègue Christine, donc je vais vous référer à elle pour
cette question-là. Je ne suis pas certain d'être au courant des tout derniers
développements.
M. Lacroix (Louis) : Si les
Sénateurs décidaient de venir jouer cinq matchs à Québec, ça ferait
probablement plaisir aux fans, mais est-ce que ce serait acceptable que le
gouvernement du Québec, par exemple, fasse une espèce de garantie pour qu'il
n'y ait pas de, comment dire, de déficits reliés à ça? Est-ce qu'on devrait
s'impliquer financièrement, en d'autres termes, là-dedans?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je suis
un grand fan de sport professionnel, mais je pense que ce sont des activités
privées qui devraient être financées par de l'argent privé. On est dans une
situation où on a un système de santé à reconstruire, où il faut s'occuper de
l'environnement, où il faut s'occuper des aînés. Je pense que c'est à ça que
doit servir l'argent public, pas à soutenir des entreprises privées, qui sont,
par ailleurs, très profitables.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
qu'il y a l'émergence d'un parti pour la défense des droits des anglophones,
particulièrement à Montréal? Ça serait un allié objectif pour Québec Solidaire
qui veut faire des percées, là, par exemple Verdun. Est-ce que vous voyez ça
comme une bonne nouvelle pour vous?
M. Nadeau-Dubois : Il y a
toujours eu, autour de certains lobbys anglophones, une frange très radicale
qui a toujours été contre toute forme, à peu près, de protection de la langue
française au Québec. Ces voix-là ont toujours existé. Moi, je pense que ce
n'est pas des gens qui sont représentatifs de la communauté anglophone du
Québec, pas celle que je connais, pas celle que je rencontre où, maintenant, je
pense, une bonne partie des anglophones au Québec reconnaissent tout à fait que
c'est légitime puis normal de protéger le français au Québec et que ce n'est en
rien une marque d'hostilité envers les anglophones. Ça fait que, pour moi, ce
sont des... Selon moi, ce sont des voix marginales, puis je serais même bien
surpris qu'un tel parti voit le jour puis connaisse un succès significatif.
M. Gagnon (Marc-André) : ...Mme
Jennings, par exemple, pour vous, représente une... Ce n'est-ce pas la...
M. Nadeau-Dubois : Moi, je la
connais peu, personnellement, mais ce que je sais, c'est que ce genre de
discours là, ça a toujours existé. Je pense qu'on leur donne beaucoup
d'attention, mais moi, quand je rencontre des anglophones, des Québécois qui
parlent anglais, notamment des jeunes, c'est très, très rare qu'ils tiennent ce
discours-là, très, très rare.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
qu'est-ce que ça dit de la relation entre le Parti libéral et une partie de sa
base électorale?
M. Nadeau-Dubois : Bien là,
ça, je vais laisser Mme Anglade faire l'analyse de l'état de ses troupes, là.
Bien, moi, je n'ai jamais été membre du Parti libéral. J'imagine, vous être
surpris d'apprendre ça, je n'ai jamais été membre du Parti libéral, je ne le
serai jamais, donc je ne suis jamais allé dans une instance, je ne connais pas
leur base militante. Donc, je ne suis pas en mesure d'analyser.
M. Laforest (Alain) : ...bon
pour la CAQ, vous voyez les mouvements dans les sondages.
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
parti-là n'existe pas encore. On va attendre avant de faire des analyses
politiques.
M. Gagnon (Marc-André) : ...dans
les sondages chez les non-francophones, les libéraux ont reculé pas mal quand
même, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je le constate comme vous puis c'est des choix stratégiques qui appartiennent
aux libéraux. Je n'ai pas une grande opinion, une grande analyse à vous offrir,
ce matin, là-dessus.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...de
COVID, M. Nadeau-Dubois, les primes aux travailleurs de la santé qui devaient
prendre fin à la mi-avril vont être maintenues, finalement, un mois de plus.
Qu'est-ce que vous en pensez, c'est une bonne façon de fonctionner?
M. Nadeau-Dubois : Bien, tant
mieux pour les gens qui bénéficient de ces primes-là, mais il faut rappeler,
quand même, le cafouillage monumental qui a eu lieu au gouvernement de la CAQ
quand est venu le temps de donner ces primes-là, d'une part, puis d'autre part,
retenir les gens, puis ramener des gens, les travailleurs, travailleuses, dans
le réseau de la santé, là, ça va prendre pas mal plus que des primes
rafistolées sur un coin de table. Ça va prendre un changement de culture, ça va
prendre un changement profond dans les relations entre le système de santé puis
ses travailleurs, travailleuses, ça va prendre une révolution de respect, de
compassion, puis de considération. Parce que depuis des décennies, les réformes
libérales ont instauré une culture autoritaire, parfois même violente, envers
les travailleurs, travailleuses de la santé. Puis cette approche, souvent, carrément
inhumaine là, là, c'est de ça dont il faut se débarrasser pour ramener les gens
puis retenir les gens dans notre système de santé. Des primes monétaires, c'est
bien, personne ne va les refuser, mais le nœud du problème, c'est la culture
organisationnelle, et là-dessus, le gouvernement de la CAQ n'a rien à proposer.
M. Laforest (Alain) : Ça fait
que le plan Dubé...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
Christian Dubé, les Québécois, Québécoises commencent à le connaître, c'est un
champion des bonnes intentions, mais c'est un plan qui n'a pas d'objectif
chiffré, c'est un plan qui n'a pas d'échéancier clair. C'est un exercice de
communication préélectoral et ce n'est, en aucun cas, une nouvelle vision pour
notre système de santé, puis c'est de ça dont on a besoin.
Mme Senay (Cathy) :
So, Mr. Nadeau-Dubois, the new party
that Colin Standish wants to put in place, because there's so much frustration
with Bill 96, you think that this is just a minority of angry Anglos?
M. Nadeau-Dubois : Well, what I… You know, we'll see if this party really gets
started, we'll see, and we'll see who it will attract. But what I was saying is
that I think there has always been a small portion of people, you know, in some very hardcore lobbies that
have been against pretty much any protection of French in Québec. But what I
want to put the emphasis on is the fact that, from what I see, it is a
minority, a very small, small minority of people who think like that. When I
meet young Anglophones, and I meet a lot of them in Montréal, where I live,
they don't think that the Bill 101 is an attack against them, they understand
that it's normal for a society like Québec society to protect its language, and
they don't think it's an act of hostility towards them. And those people seem
to think that anything to protect French language is an attack on the
anglophone community. I think this is an old way to think about those issues
and I think a lot of people, including inside the anglophone community, are
ready to have that discussion in a more open and nuanced way.
Mme Senay (Cathy) :
Just, because, if you read LaPresse's article this morning, Marlene Jennings, who's at the head of
the Quebec Community Groups Network, is basically warning the Liberals
about the seriousness of having a new political party that will represent
better the interest of English Quebeckers. So, it's not just a small minority,
and when you have the president of, like, the group, the QCGN, representing
Anglophones, I think it's another level, don't you think?
M. Nadeau-Dubois : Honestly, it's probably a question for Mrs. Anglade. I mean, it's
her that is being pointed by those declarations. The anglophone community I
know, and the ones I meet with, do not talk to me about the fact that they
think that, for example, Bill 101 is an attack against them. I don't think it's
a largely held view inside English-speaking Quebeckers. That's not what I
personally experienced.
Mme Senay (Cathy) : And one last thing, on another topic, COVID-19. Mr. Bonnardel could not do his consultations for his own bill this
week because he has COVID-19, Premier Legault is not
there, Geneviève Guilbault is not there, you have… Émilise is not there. So,
how do you see this? You just... I know you're coming
back, but you have not a lot of weeks left before the end of the session, and
you have a newborn at home.
M. Nadeau-Dubois :You know, I think a lot of Quebeckers, right now, are
worried about the number of cases going up. I am, too, a little bit worried. I
don't like to see that, here, in the National Assembly. These days, I really don't want to bring back the virus at home, so,
of course, I'm a little bit worried, but I trust all MNAs here to act
accordingly, I trust them to respect the rules, and I trust the Public health
to give us advices if we need to do some modifications to the way we work here.
M. Brennan (Andrew) : But are you concerned that, by having the virus potentially
circulating in... keeping people out of the National
Assembly, there's only 25, 26 days left for... not only
just for question period, but
also to be having committees meet. So, there's not a lot of time left through
Bill 1, Bill... Bill 11, Bill 15, a lot of things that need to get done. Are
you worried that we may be invoking closure on things that are very important to Quebeckers?
M. Nadeau-Dubois :
It would be a huge, huge failure for the Coalition avenir Québec if they impose
closure to end this session, and COVID-19 should not be used as an excuse to
impose closure. I trust Public health authorities to give us the advice we need
in order to fulfill our mandate, here, in the last weeks. To my knowledge,
there has been no outbreak of COVID-19 inside the National Assembly since the
beginning of the pandemic. That means the Assembly, as an institution and as a
workplace, was able to organize things in order to prevent that. So, I trust we
will be able to continue in that direction. But, yes, we have to stay... we
have to be aware; we have to... How do you say «prudent»? I'm looking for that
word since, like...
Une voix :
Careful.
M. Nadeau-Dubois :
Careful, so easy.
Une voix :
...
M. Nadeau-Dubois :
Prudent, yes. So, we have to stay careful. I think that's the main thing to
say.
M. Brennan (Andrew) : The other thing is, just looking at... as Cathy was eluding to with
the nuances of the anglophone community, and you talk about the CAQ being
pushed to the right. What do you see, heading into election, the major… What's the right word? This is where a French
word would be better — the major gripes,
maybe, that people are having? There's nuances amongst the anglophone
community, but you also see that the CAQ will be to the right. What do you see
in the portrait of the Québec electoral base, going into the election?
M. Nadeau-Dubois :
There are two big crises in Québec today: the climate crisis and the cost of
living crisis. I think the question for the next election has to be: Which
party and which team is able to solve those crises and to help Quebeckers going
through those two crises? I think, at Québec solidaire, we are building a team
that can be an alternative to the Coalition avenir Québec, a progressive
alternative to that Government that is being pushed to the right by the rise of
conservative right in Québec and Canada. So, for me, those are the two main
issues of the next election and, I think, at Québec solidaire, on those two
issues, we have the best solutions and we have the best team.
Mme Henriquez
(Gloria) : So, you mentioned that you don't
meet a lot of Anglophones that feel threatened by the defense of French
language. So, do you think this new party that could be coming up has no place,
that it's not needed?
M. Nadeau-Dubois :
I'm a hardcore democrat. So, I think that everyone who feels not represented by
a party has the right to create a new party. Québec solidaire was founded by
people who did not feel represented by traditional political parties. So, it's
not my job to say : You should not create a new party. If people feel they
need one, they have the right, in a democracy, to do so. But what I think is
that we are at a point, in the history of Québec, where we are able to debate
about language and French in Québec without going back into old, very tense
wars, and old divisions, an old way of seeing the protection of French in
Québec as a threat to the anglophone community. It is not a threat to the anglophone
community, and, I think, a large portion of English-speaking Quebeckers think
that way. They are ready to move forward to fight side to side with Francophones
against climate change, they are ready to fight side by side with Francophones for a more just society. They are not held up in
the conflicts of the past.
Mme Henriquez
(Gloria) : Such a party, then, would create
more division in our society?
M. Nadeau-Dubois :
Once again, I think, if some people
feel they need a new party, they can create one, it's their right, it's not my
job to tell them it's a bad idea. But I think that, at Québec
solidaire, we have a modern, a nuanced way to intervene
in the debate about French and English in Québec. I think we are a party that is very clear on the importance of
protecting French, without it being an attack to the historic and important
rights of English-speaking Quebeckers.
Mme Henriquez
(Gloria) : I have to ask you… of a phantom
trial that took place, the leaders of media, of news rooms across Québec wrote a letter saying… asking for an
intervention, for a review, an in-depth review of the justice system because it
erodes public confidence. What do you think of that?
M. Nadeau-Dubois : I support them. I support them 100%. Justice has to be public, it's
one of the pillars of our democracy, of our society, of right, of law. And yes,
I support them. I think it's important for citizens to know what is going on
inside our justice system. There are some exceptions that can be acceptable in
very specific circumstances, but total obscurity should not be acceptable.
Merci.
(Fin à 8 h 50)