(Seize heures deux minutes)
Mme Richard : Merci. Bonjour.
Une brève réaction au rapport de la Protectrice des citoyens. La protectrice a
quand même fait un rapport qui nous interpelle tous. Elle a fait des blâmes
extrêmement importants envers le gouvernement. Moi, je lui dis bravo pour tout
le travail accompli.
Il y a une recommandation en particulier
que j'aime bien, c'est une recommandation à la toute fin, la
recommandation 27, où elle demande un suivi, elle demande des comptes
rendus annuellement, puis que ceci soit rendu public, de l'avancement, du
suivi, en fait, des recommandations. Mais je dois vous dire que, d'entrée de
jeu, ça ne fait pas en sorte qu'on ne continuera pas à demander une enquête
publique indépendante.
La Protectrice du citoyen a fait un
travail axé sur les institutions : qu'est-ce qui s'était passé, que, bon,
on n'avait pas eu du matériel suffisant, on n'avait pas eu des nombres
d'employés suffisants pour donner des soins dans les CHSLD. Mais sur toute la
chaîne de commandement de l'action gouvernementale, celle-ci n'est pas allée
jusque-là, ce que pourrait… On pourrait plus en apprendre avec une enquête
publique indépendante. Dans une enquête publique indépendante, vous le savez,
on peut contraindre fortement des témoins à venir témoigner, là, il y a une
obligation de venir témoigner.
Et on pourrait en apprendre davantage sur
toute l'action gouvernementale, la cellule de crise, durant la pandémie, où on
apprend que, bon, le seul scientifique qui faisait partie de la cellule de
crise, c'était Dr Arruda. Il y avait beaucoup de gens... ça en prend, des
gens en communication, mais il y avait beaucoup de gens en communication.
Est-ce que c'était vraiment une cellule de crise pour gérer le message qu'on
envoyait à la population ou une cellule de crise pour tenir compte vraiment de
tout ce qui se passait, que ce soit au niveau hospitalier, dans la pandémie en
général, dans la population, mais particulièrement, en ce qui nous concerne,
dans les CHSLD?
Donc, bon travail de la Protectrice du
citoyen, mais il reste encore énormément de questions pour lesquelles nous
n'avons pas de réponses. On va continuer à demander une enquête publique
indépendante afin de faire toute la lumière sur cette triste histoire, ce
triste bilan qui nous horrifie, hein? Moi, je suis encore horrifiée d'apprendre
comment ça s'est passé dans certains CHSLD : des aînés laissés à eux-mêmes
dans des conditions épouvantables. Et elle le souligne, d'ailleurs, hein :
«Le sort de nos aînés durant la pandémie n'a pas été une priorité pour le
gouvernement de la Coalition avenir Québec.»
Donc, vous comprenez qu'on va continuer à
réclamer que toute la lumière soit faite. Puis je vais céder la parole au chef
intérimaire, M. Joël Arseneau.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Lorraine. Effectivement, il reste encore beaucoup de zones d'ombre, suite à la
publication du rapport de la Protectrice du citoyen. Alors, on ne s'étonne plus
aujourd'hui que le gouvernement ait convoqué une conférence de presse comme
pour écraser la nouvelle et les révélations de la Protectrice du citoyen,
d'aujourd'hui, parce que ce rapport est effectivement dévastateur, parce que ce
rapport contredit des prétentions gouvernementales. Et on est aux prises
maintenant, là, avec un mystère encore plus épais qu'il ne pouvait l'être au
départ et on est en présence d'un gouvernement qui a menti deux fois
plutôt qu'une.
La première fois, c'est dans la question des
rapports d'enquête d'inspection dans les CHSLD. On a appris la semaine
dernière, lors de l'enquête de la coroner, que ces rapports-là étaient faits de
façon verbale, mais qu'il y avait des formulaires qui étaient remplis
manuellement, mais qui avaient été détruits. Ensuite, on a dit qu'en fait ils
avaient été écrasés lorsqu'un nouveau rapport était déposé. On apprend aujourd'hui,
de la bouche de la Protectrice du citoyen, qu'elle a eu accès à ces rapports.
Alors, ces rapports ont-ils été détruits? Ces rapports existaient-ils? Ils ont
été consultés par la Protectrice du citoyen. Mais, pour ajouter à la confusion,
le premier ministre, lui, contredit sa sous-ministre en disant que ces
rapports-là, ils sont et seront disponibles. Donc, ils existent toujours. Donc,
on aurait menti, la semaine dernière, à la coroner, Géhane Kamel.
Le deuxième élément, qui est encore non
seulement contradictoire, mais qui fait apparaître un mensonge de la part du
gouvernement, c'est lorsqu'il est question de savoir si des directives ont été
lancées aux établissements de santé, aux CISSS et aux CIUSSS, qui auraient à
leur tour averti les CHSLD, par exemple, qu'on était en temps de pandémie et
qu'il fallait s'y préparer. Est-ce que les directives ont été transmises, oui
ou non? La semaine dernière, devant le coroner, on disait que oui. Aujourd'hui,
la Protectrice du citoyen dit que ces directives n'ont pas été formulées. C'est
ce qui est le plus dévastateur dans le rapport de cet après-midi et qui,
justement, révèle à quel point le gouvernement manque de transparence et manque
carrément d'intégrité. C'est la confiance des Québécois qui maintenant
s'effrite, qui est ébranlée.
Et c'est la raison pour laquelle nous
continuons de demander qu'une enquête complète soit réalisée sur les décisions
qui ont été prises. Non pas seulement se tourner vers l'avenir, tirer des
leçons de la pandémie sur le plan de la gestion, là, administrative des
établissements, mais sur le plan, comme l'a dit Lorraine, de la gestion de
crise, de la chaîne de commandement. Qui a pris quelle décision? Quelles sont
les directives qui ont été émises? Y a-t-il eu, effectivement, des rapports?
Ces rapports existent-ils toujours ou ont-ils été détruits? Tout ça est
éminemment troublant, et le gouvernement devra faire preuve de la plus grande
transparence s'il veut regagner la confiance des Québécoises et des Québécois.
La Modératrice
: On va
prendre les questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Bourassa (Simon) :
Peut-être une question pour M. Arseneau. Bonjour. En plus de l'histoire
des documents, là, il y a la ministre McCann qui dit qu'il y a des directives
qui ont été données pour la préparation à la pandémie, dès janvier, alors que,
dans le rapport de la Protectrice... je vous cite, là : «Les informations
obtenues lors de l'enquête ne démontrent aucune action concrète et spécifique de
préparation sur le terrain avant la mi-mars 2020.» Comment on explique qu'il
y ait une si grande différence de temporalité entre…
M. Arseneau : Exactement. Il
faut faire la lumière sur la chronologie des événements et des pseudodirectives
qui auraient été données ou non. Mais ce qui semble clair, c'est quand la
ministre... ou l'ex-ministre McCann tente de faire porter le poids de la
décision ou de la suite des choses sur les administrations. Et ils ont réagi, d'ailleurs,
hier, en disant qu'ils étaient étonnées de voir qu'elle se dissociait de toute responsabilité,
alors qu'ils n'avaient pas eu ces directives-là. Et c'est ce que semble vouloir
prouver la Protectrice du citoyen aujourd'hui.
Donc, on est en face d'un gouvernement qui
n'a pas pris ses responsabilités, à cette époque-là, c'est ce qu'on peut
deviner, et aujourd'hui il refuse d'assumer les responsabilités qui,
évidemment, lui échoient lorsqu'on décide de s'arroger tous les pouvoirs dans
un état d'urgence où le pouvoir est concentré dans une cellule de crise
composée de gens de communication puis qu'aujourd'hui on ose nous dire que
c'est la faute des administrateurs sur le terrain des CISSS et des CIUSSS ou
encore des CHSLD qui, eux, n'avaient pas de directions.
Je pense qu'on ne peut pas accepter ça
comme une réponse satisfaisante pour comprendre ce qui s'est passé. Et ça, ce
sont, évidemment, tous les Québécois qui veulent savoir et, au premier chef,
les familles qui demeurent endeuillées et qui ont besoin de comprendre comment
tout ça s'est passé.
M. Bourassa (Simon) : Il y a
trois enquêtes, bon, y compris celle de la Protectrice du citoyen... qu'on a
reçu le rapport. Ça fait une quatrième enquête sur la situation et la crise
dans les CHSLD. Est-ce qu'on se perd en conjoncture, en enquête par-dessus enquête?
Maintenant, est-ce qu'on va en venir aux mêmes conclusions?
M. Arseneau : Bien, en fait,
ce qu'on voit, c'est que ça fait un peu plus d'un an qu'on réclame une enquête
qui aurait pu, justement, couvrir l'ensemble de la crise et de l'hécatombe dans
les CHSLD. Le gouvernement a voulu faire diversion en donnant un mandat à la Commissaire
à la santé et au bien-être, puis on sait que son rôle ne sera pas d'étudier la
chaîne de commandement, puis comment les décisions ont été prises, et sur
quelles bases.
On voit aujourd'hui, avec le rapport de la
Protectrice du citoyen, que ce n'est pas non plus son rôle. Elle regarde vers
l'avenir. Et c'est très bien, des recommandations qui sont fort importantes. Puis
Géhane Kamel, on voit que, devant elle, les gens soit ne comparaissent pas ou
comparaissent et offrent des versions, au mieux, contradictoires, au pire,
mensongères. C'est la raison pour laquelle on a besoin d'une enquête publique
et indépendante pour faire un peu la somme de tout ça.
On a dit, pendant toute la période de la
pandémie, que l'un des angles morts dans la première vague... l'angle mort, ça
avait été les CHSLD. À l'heure actuelle, l'angle mort des enquêtes, c'est la
chaîne de commandement, la chaîne décisionnelle, puis qu'est-ce qui s'est passé
dans la cellule de crise, et est-ce qu'on a effectivement donné des directives,
est-ce que des rapports ont été écrits, est-ce qu'ils ont été détruits ou non,
et à qui… bien, en fait, sur qui doit porter la responsabilité de ce qui s'est
passé.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Modératrice
: S'il n'y
a pas de question...
M. Authier
(Philip) : …Last one in English.
M. Arseneau :
To me?
M. Authier (Philip)
:
Do you think the Government will suffer any lasting consequence of this report
and what the ombudsperson revealed? Do you think there will be collateral
damage?
M. Arseneau :
Absolutely, because now it's the confidence in the Government that's shaken. Now, we know
that we cannot trust the Government in front of the cameras because they're obviously hiding facts,
hiding information and they're basically mixed up in their own lies. So, from a
citizen's point of view, there is nothing to be understood, but the fact that
they're hiding information.
They're not being transparent, and that will have long lasting effect on the
confidence that the people can have in the Government. Thank you.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Modératrice
: Bonne
journée.
(Fin à 16 h 13)