(Dix heures quarante-sept minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle,
Mme Dominique Anglade, qui aujourd'hui est accompagnée par Mme Monique Sauvé, porte-parole
en matière d'aînés et de proches aidants, et du leader de notre formation
politique, M. André Fortin. Alors, Mme Anglade, à vous la parole.
Mme Anglade : Alors, bonjour à
tous. Et merci à Monique Sauvé et André Fortin de m'accompagner ce matin.
Aujourd'hui, je suis profondément troublée. Devant le coroner, la semaine
dernière, on nous avait dit que l'information qui était transmise était une
information qui était verbale. Le bureau de la ministre, la semaine dernière,
nous a dit que, dans le fond, il n'y avait pas de rapport qui avait été fait.
Aujourd'hui, on apprend que non seulement les rapports existent, mais qu'ils
ont été transmis.
Ce à quoi on assiste aujourd'hui, c'est une
véritable opération de camouflage. On n'a pas besoin d'avoir un ministre
responsable des Nordiques, ici, on a besoin d'avoir un ministre qui nous dit la
vérité sur ce qui s'est passé en CHSLD.
Je vais céder la parole à Monique Sauvé.
Mme Sauvé : Bon matin.
Honnêtement, ce matin, je réagis avec beaucoup de rage. Quand je lis les
nouvelles informations ce matin, dans l'article de M. Gerbet, je suis
complètement enragée et je trouve ça écoeurant d'apprendre à quel point on est
encore dans des contradictions. Des documents qui ont existé, qu'on a transmis.
Est-ce qu'ils ont été écrasés ou pas? Est-ce qu'ils ont été transmis
verbalement ou pas? Et je ne peux pas m'empêcher, depuis la semaine dernière,
je pense aux 6 000 familles qui ont perdu un être cher dans des
circonstances horribles. Ils ont écouté l'enquête de la coroner, la semaine
passée, ils lisent ça ce matin, et clairement, clairement, c'est dans la rage
qu'ils doivent se trouver parce qu'il n'y a aucune réponse de plus. Au
contraire, personne n'y comprend rien.
M. Bellerose (Patrick) :
…camouflage. Donc, qui a voulu cacher des choses? Et, selon vous, qu'est-ce
qu'on a voulu cacher?
Mme Anglade : Clairement, le
gouvernement veut nous cacher des choses parce qu'on nous a dit qu'il n'y avait
pas de rapports qui avaient existé, ensuite, on nous a dit qu'ils n'avaient pas
été faits, et on apprend que non seulement ils existent, mais qu'ils ont été transmis.
Donc, cette information-là n'était pas disponible la semaine dernière. Ça va
prendre combien d'articles de Thomas Gerbet pour que, finalement, on sache
exactement à quoi s'en tenir et qu'on sache la vérité?
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, ce qu'on pourrait apprendre, c'est la situation dans les CHSLD au moment
de la pandémie, c'est ça?
Mme Anglade : …le début de la
question.
M. Bellerose (Patrick) : Je
disais : Donc, ce qu'on pourrait apprendre, c'est la situation dans les
CHSLD au début de la pandémie. C'est ça qu'on pourrait nous cacher?
Mme Anglade : Ce qu'on
pourrait apprendre, par exemple, c'est de savoir où est-ce qu'il y a manqué de
l'équipement. Vous savez, combien de fois on est venu ici puis on s'est dit :
Il manque de l'équipement sur le terrain, on le sait. François Legault a répété
tout le temps qu'il n'y a jamais manqué d'équipement. Or, on apprend qu'on
aurait pu avoir l'information, envoyer de l'équipement là où c'était
nécessaire. Ceci n'est qu'un exemple de ce qu'on aurait pu savoir et ce qui
nous aurait permis d'agir pour sauver des vies.
M. Lavallée (Hugo) : On sait
que la gestion a été très concentrée au bureau du premier ministre, là, depuis
le début de la pandémie. Quand vous parlez de choses cachées, est-ce que vous
estimez que ça remonte jusque là?
Mme Anglade : Ça remonte
forcément jusqu'au bureau du premier ministre. C'est lui qui prenait les
décisions. C'est de l'information qui n'est pas disponible aujourd'hui.
Clairement, il y a quelqu'un qui ne nous dit pas la vérité. Le bureau de la
ministre nous a dit que les rapports n'avaient pas été faits, alors qu'on
apprend aujourd'hui que non seulement ils ont été faits, mais ils ont été
transmis.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
c'est donc à dire que la sous-ministre en question, quand elle a témoigné, on
lui a dit de dire que ces rapports-là n'étaient pas disponibles ou que
l'information avait été écrasée?
Mme Anglade : Il faudrait que
la sous-ministre vienne répondre à ces questions-là, et c'est la raison pour
laquelle, aussi, on demande à ce que François Legault soit devant le coroner
pour répondre à ces questions pour savoir ce qui s'est…
M. Bergeron (Patrice) : …vous
engagez le bureau du premier ministre, et puis c'est la sous-ministre qui a
répondu. Il faut qu'il y ait un lien entre les deux, là.
Mme Anglade : Il faut
absolument qu'il y ait un lien entre les deux puis il faut qu'il y ait une
cohérence dans les messages. Or, on nous dit une chose et son contraire. On
nous a dit : Il y a des analyses qui avaient été faites verbalement, des
rapports qui ont été faits verbalement. On nous a dit finalement : Il n'y
a pas eu de rapports qui ont véritablement été faits, pour savoir, finalement,
qu'ils existent. Ces contradictions, ça relève directement du bureau du premier
ministre.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que j'ai bien compris? Vous demandez au premier ministre d'aller témoigner?
C'est nouveau, ça.
Mme Anglade : On a demandé…
oui, on demande à François Legault d'aller témoigner devant le coroner, oui.
C'est une demande que l'on formule.
M. Carabin (François) :
Est-ce que ce qu'on a entendu dans les derniers jours... quelqu'un perde son
poste?
Mme Anglade : Ne pas dire la
vérité, là, mentir aux Québécois, c'est un enjeu majeur. On a besoin de
connaître la vérité. Cacher des informations pour ne pas que les gens sachent
ce qui s'est passé, c'est vraiment extrêmement troublant.
M. Carabin (François) : Vous
ne répondez pas à ma question. Est-ce qu'il y a quelqu'un est responsable? Qui
est responsable de ce qu'on a appris dernièrement? Puis est-ce que cette
personne-là devrait quitter son poste?
Mme Anglade : J'aimerais
pouvoir répondre à votre question de qui est responsable. Mais ultimement c'est
le premier ministre qui est responsable de ce qui se passe, c'est lui qui a
pris les décisions. Et moi, je m'attends à ce qu'on entende, de la part du
premier ministre, des réponses claires.
La réalité, c'est qu'il y a
6 000 familles aujourd'hui qui sont attente. Puis placez-vous à la
place de familles, aujourd'hui, qui n'ont pas de réponse. Moi, je le sais, je
l'ai vécu personnellement de ne pas être capable d'avoir de l'information puis,
finalement, de l'obtenir pour pouvoir faire le deuil de personnes qui sont
décédées. Ça fait une énorme différence dans la vie des gens. Puis je pense
qu'on a besoin d'avoir un gouvernement qui non seulement est empathique, mais
qui, également, dit la vérité.
Mme Lévesque (Fanny) :
Comment vous interprétez le fait qu'on tienne, d'ailleurs, cette annonce sur la
vaccination des cinq à 11 ans le même jour où la Protectrice du
citoyen dépose son rapport final sur la gestion en CHSLD?
Mme Anglade : C'est
visiblement une tentative de diversion qui est flagrante. On n'a pas besoin
d'avoir un point de presse pour la vaccination obligatoire des enfants.
D'ailleurs, elle est déjà disponible. André, peut-être tu veux faire quelques
mots par rapport à la vaccination, d'ailleurs.
M. Fortin :
La vaccination des enfants, d'abord, là, c'est une bonne chose, elle est déjà
disponible. Moi, j'ai inscrit mes enfants pour la vaccination ce matin. L'école
de mes enfants a déjà relayé l'information à savoir quel jour ça va être
disponible sur la place publique.
François Legault est passé maître dans
l'art de la distraction. La semaine dernière, c'était le retour possible des
Nordiques, puis il y a un ministre attitré à ça. Il ne peut pas utiliser la
vaccination des enfants comme distraction du scandale des CHSLD qui a lieu
aujourd'hui. Si, la semaine dernière, c'était le retour des Nordiques, la
semaine prochaine, ça va être quoi? Ça va être une commission d'enquête pour
savoir si le but d'Alain Côté était bon? Honnêtement, là, le gouvernement a des
questions à répondre, aujourd'hui, c'est par rapport au scandale des CHSLD,
point à la ligne.
M. Bergeron (Patrice) : …que
les Québécois prennent vraiment la pleine mesure, justement, de cette crise-là
qui s'est passée puisque ça fait longtemps, puisqu'il y a eu tellement
d'annonces du gouvernement, depuis ce temps-là, puisque maintenant le
gouvernement tente de tourner la page? Est-ce que les Québécois sont vraiment
encore à l'écoute ou ils veulent prendre la pleine mesure de ce qui s'est
passé?
Mme Anglade : Moi, je peux
vous dire une chose, c'est qu'il y a 6 000 familles aujourd'hui qui
sont à l'écoute. Les 6 000 familles, c'est des dizaines de milliers
de Québécois qui ont été touchés par ça. J'en connais personnellement, des gens
qui ont perdu leur père, leur mère en CHSLD pendant la crise de la COVID, à
cause de la COVID. Et eux, ils ont besoin de réponses et de vérités. Monique,
peut-être que tu peux dire quelques mots là-dessus.
Mme Sauvé : Quand on se ramène
à penser à ces 6 000 familles, c'est l'émotion qui nous anime parce
que ces familles aujourd'hui n'ont toujours pas de réponse. Moi, je pense entre
autres à mes aînés dans mon comté, à Fabre, donc l'ouest de Laval. Le CHSLD de
Sainte-Dorothée a été contaminé à 100 %, il y a eu de nombreux décès. Ces
familles pleurent encore, et aujourd'hui elles n'ont aucune réponse. Moi, ça
vient me chercher. Puis j'ai le goût de porter leur voix puis j'ai le goût de
poser toutes les questions pour qu'enfin ils puissent avoir des réponses.
M. Lavallée (Hugo) : …sur la
vaccination, Mme Anglade. Avez-vous quand même des attentes face à cette
annonce cet après-midi? Que doit faire le gouvernement? Comment ça doit se
passer?
Mme Anglade : Que les enfants
soient vaccinés, mais c'est déjà commencé. C'est déjà commencé. Alors, je
m'attends à ce qu'il y ait… Honnêtement, pour moi, ça m'apparaît évident que
c'est une tentative de diversion, ce point de presse là. Et on s'attend à ce
que les enfants soient vaccinés le plus rapidement possible. Tout le monde le
sait, c'est déjà en branle.
M. Laforest (Alain) :
Concernant la poursuite que vient d'entamer Nathalie Normandeau, il y a une
poursuite de Jean Charest, vous accueillez ça comment au Parti libéral?
Mme Anglade : C'est la prérogative
de Mme Normandeau d'aller de l'avant. Mais maintenant le tout est devant
les tribunaux, puis on va laisser les tribunaux faire leur travail.
M. Laforest (Alain) : Mais ça
dit quoi sur le travail de l'UPAC?
Mme Anglade : Ah! ça soulève
toutes sortes d'enjeux par rapport à l'UPAC, qu'on a déjà discutés puis qui
remettent en question la manière dont ce sont faites les choses. Mais, à la fin
de la journée, par rapport à cette poursuite-là, encore une fois, on va laisser
les tribunaux faire leur travail.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que le Parti libéral est ouvert à ce qu'on mette de l'argent public pour
ramener les Nordiques?
Mme Anglade : Honnêtement,
aujourd'hui, je ne pense pas que ce soit la priorité des gens... aujourd'hui,
là, lorsque l'on voit les rapports, que ce ne soit pas la priorité des gens.
M. Bellerose (Patrick) : ...très
sérieux, on en a parlé, mais, quand même, pour savoir, est-ce que votre parti
est ouvert à mettre de l'argent public pour ramener les Nordiques à Québec?
Mme Anglade : Encore une fois,
ce n'est pas la priorité aujourd'hui. Ça ne devrait pas être une priorité, aujourd'hui,
pour le gouvernement.
M. Bossé (Olivier) : Mais
pour vous, ce sujet-là, il n'existe pas vraiment, c'est juste un écran de fumée
du gouvernement?
Mme Anglade : Encore une fois,
une tentative de diversion de la part du gouvernement. On l'a vu avec les
Nordiques, mais on le voit aussi, aujourd'hui, avec la vaccination pour les
enfants : tentative de diversion pour ne pas avoir à répondre à des questions
qui sont fondamentales, qui sont liées à une crise que l'on vit depuis deux
ans.
M. Lavallée (Hugo) : Quand
vous dites : Ce n'est pas la priorité, là, juste pour être sûr, donc vous,
votre gouvernement n'investirait pas là-dedans parce qu'il y a mieux à faire
avec l'argent des Québécois?
Mme Anglade : Je pense qu'il y
a beaucoup de choses à faire avec l'argent des Québécois, beaucoup de
priorités. D'ailleurs, ça va me faire plaisir d'en parler puisqu'on va pouvoir
en discuter largement lors de notre congrès qui s'en vient cette fin de
semaine.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 10 h 58)