(Neuf heures trente-quatre minutes)
Mme LeBel : Merci. Merci beaucoup.
Alors, bonjour à tous.
Je pense que c'est très clair, de par mes
propos et de par les propos de mes collègues du gouvernement, de par les propos
de la population également, qu'il y a un consensus très clair concernant les
éducatrices en milieu de CPE. Elles doivent être payées... mieux payées et
mieux rémunérées au quotidien pour leur travail. Et je pense qu'on l'a dit
abondamment, on est d'accord avec le fait qu'on doit valoriser.
D'ailleurs, les éducatrices, à l'instar
des enseignantes, des infirmières, à titre d'exemple, ce sont des postes, les
éducatrices qualifiées, qu'on a choisi de prioriser. Donc, pour nous, c'est
important. Ça prend des éducatrices qualifiées pour prendre soin de nos enfants
et les aider à se développer.
Le salaire actuel, force est de constater,
il n'attire pas de nouvelles éducatrices dans le réseau, pas plus qu'il ne
contribue à les retenir. On l'entend, on le voit, et c'est un message qui est très
bien compris de la part du gouvernement.
Donc, il est nécessaire de rendre justice
au travail qu'elles accomplissent tous les jours. Mon collègue, naturellement,
Mathieu, ministre de la Famille, va parler d'ailleurs plus en détail de la formation
des nouvelles éducatrices via le programme... Parcours, pardon, qui est un programme,
là, de... le programme de parcours études-travail en petite enfance. Et je
pense qu'il y a une nouvelle cohorte qui débute prochainement, on pourra vous
en donner plus de détails.
Le constat qui est fait, c'est qu'il est
urgent d'agir. Il faut avoir un impact maximum, rapide, et je dirais même
immédiat sur la rétention et les inscriptions aux formations qu'on met... qu'on
rend disponibles.
C'est également important de noter que,
bien qu'il faut respecter la négociation et qu'elle se poursuit, il y a quand
même 60 % de nos éducatrices dans le réseau de la petite enfance qui sont
non syndiquées. Donc, en attendant, dans l'intervalle, pendant qu'une entente
négociée continue de se travailler aux tables de négociation, on a décidé
d'aller de l'avant avec une mesure... des mesures temporaires.
Donc, le gouvernement a décidé que dès
maintenant on met en oeuvre les paramètres salariaux de l'offre qui a été
présentée en juillet dernier. Ces paramètres vont s'appliquer dès maintenant
pour ceux qui sont naturellement applicables pour les années en cours. Cette
offre, je l'ai mentionné à plusieurs reprises, pour les éducatrices qualifiées
va jusqu'à 17 % d'augmentation.
Je veux être claire, c'est important pour
moi de respecter la négociation. Ça ne met pas fin aux négociations.
D'ailleurs, j'ai rencontré les syndicats… mes équipes, pardon, ont rencontré
les syndicats ce matin pour leur annoncer qu'on allait de l'avant avec une
mesure administrative temporaire et aussi leur annoncer que, rapidement, dans
les prochains jours, notre offre gouvernementale va être bonifiée.
Donc, pour moi, c'est deux choses bien
distinctes, l'urgence et la nécessité d'agir dès maintenant pour avoir un effet
immédiat pour non seulement retenir, mais attirer des nouvelles éducatrices
dans le réseau, mais continuer également la négociation pour en arriver à une
entente sur les paramètres qu'on a mentionnés. Donc, naturellement, cette
mesure… J'ai mentionné qu'il y a 60 % des éducatrices qui sont non syndiquées.
Malgré tout ça, cette mesure s'applique à l'ensemble des éducatrices.
100 % des éducatrices qualifiées bénéficieront de cette mesure, que ce
soit dans les CPE publics ou les garderies subventionnées.
Donc, c'est important de poser ce geste
concret là. Je suis confiante que ça va réussir à rendre la profession beaucoup
plus attrayante. On le sent, on le voit, il y a une urgence d'agir, et je pense
qu'il était important de le mettre de l'avant. On a un plan de développement
pour de nouvelles places en CPE. Il faut qu'on attire des éducatrices. Mon
collègue également fera une annonce dans quelques semaines. Il aura quelques
éléments à vous partager. Mais, au coeur de ça, on l'a dit, la clé, c'est
d'avoir des éducatrices pour occuper ces postes et s'occuper de nos enfants.
L'accès aux CPE, aux places existantes, le développement de nouvelles places
est compromis présentement par la pénurie d'éducatrices. Cet enjeu est
également reconnu par la partie syndicale.
Donc, on est conscients aussi qu'il y a des
enjeux extrêmement importants qui demeurent à réfléchir, à discuter pour
améliorer les conditions de travail, les conditions d'exercice. Mais, de l'avis
de tous les syndicats rencontrés, la rémunération est un point majeur au coeur
de cet enjeu-là également. Mais les conditions de travail, on a entendu les
éducatrices, le soutien dont elles ont besoin, l'organisation du travail, ça
fait également partie des enjeux qui sont prioritaires aux tables de
négociation et sur lesquels on entend apporter et trouver des solutions.
Donc, je pense que c'est important de
réitérer notre volonté et notre disponibilité à conclure des ententes
rapidement, de réitérer que, pour moi, la négociation se continue. Ce n'est
qu'un premier geste concret, un geste pour démontrer la bonne foi du
gouvernement. Je serais fort étonnée que les syndicats, de toute façon,
négocient en bas de 17 %. Donc, je pense qu'il n'y a pas d'enjeu à avancer
déjà notre première offre. Mais maintenant je pense qu'il faut continuer à
travailler rapidement aux tables de négociation. C'est urgent d'agir pour nos
enfants, pour nos parents, pour nos éducatrices. Merci.
M. Lacombe : C'est à moi? Oui,
j'y vais. Donc, merci beaucoup, Sonia. Merci à tous d'être là. Bonjour à tous
ceux aussi qui sont avec nous, qui nous suivent en ligne, dont notamment beaucoup
d'éducatrices qui, certainement, seront très intéressées par l'annonce de ce
matin. Comme ma collègue le disait, on lance un message très clair ce matin, le
message que c'est urgent d'agir dès maintenant.
D'abord, je veux m'adresser aux
éducatrices. Je l'ai dit souvent, on est conscients, on est très, très
conscients que vous n'êtes pas assez bien rémunérées pour le travail que vous
faites et qu'un rattrapage salarial est nécessaire, ce qu'on s'est déjà, comme gouvernement,
engagés à faire. Aujourd'hui, même si les négociations se poursuivent, comme
l'a bien souligné Mme LeBel, on doit tout faire pour que vous, les
éducatrices, vous restiez dans le réseau.
Comme père, évidemment, c'est connu, j'ai un
enfant qui fréquente un CPE. Comme ministre de la Famille depuis plus de trois
ans, évidemment, je vois le travail que vous faites, les éducatrices, sur le
terrain, jour après jour, sans oublier tous les défis aussi qui se sont ajoutés
dans les 18 derniers mois, qui ont fait en sorte que votre travail s'est
complexifié avec la pandémie.
Comme ministre de la Famille, j'ai
partagé, évidemment, avec mes collègues ma grande préoccupation quant aux
conditions salariales des éducatrices, des éducateurs aussi. Il y en a quand
même dans notre réseau de services de garde éducatifs. Et c'est une
préoccupation qui est partagée par ma collègue la présidente du Conseil du
trésor, Sonia LeBel. D'ailleurs, vous avez vu que l'augmentation, ce rattrapage
salarial dont on parle, bien, c'est au coeur de la proposition du gouvernement
qui est actuellement à la table de négociation.
Mais, comme vous le savez, les deux
parties doivent être disponibles pour négocier. C'est quelque chose qui prend
du temps, et du temps, en ce moment, on n'en a pas. Je pense aux éducatrices
qui sont fatiguées, aux éducatrices qui se lèvent à chaque matin en se
demandant si elles ont envie de continuer, à ces éducatrices-là qui, malgré
tout, doivent concentrer toutes leurs énergies et toute leur concentration pour
s'occuper de ce qu'on a de plus précieux, nos tout-petits, dans le contexte de
la pandémie en plus, comme je le mentionnais. Je pense au mouvement Valorisons
ma profession, qui nous rappelle, depuis déjà quelques mois, avec raison, à quel
point c'est important d'effectuer ce rattrapage salarial, et on est bien
d'accord avec eux. Mais on ne peut pas attendre la fin des négociations, encore
six mois, par exemple, avant de vous offrir de meilleures conditions
salariales.
Donc, c'est pour cette raison-là qu'on a
pris la décision d'agir rapidement. J'ai envie de dire : C'est terminé, le
temps des demi-mesures, c'est terminé, le temps où les éducatrices étaient
prises pour acquises par le gouvernement du Québec. Maintenant, ce qu'on veut,
c'est régler le problème sur le fond, et vous avez un gouvernement sur qui vous
pouvez compter pour régler la situation. Évidemment, je sais, on sait très
bien, Sonia le sait encore plus que moi pour être à la table, qu'il reste du
travail à faire avec les négociations, que ces négos vont se poursuivre, les négociations
vont se poursuivre, c'est important de le souligner. Mais aujourd'hui, on vous
démontre, à vous, les éducatrices, qu'on a la volonté claire de prendre soin du
personnel dans notre réseau, on a besoin de vous, on a besoin de vous dans nos
CPE, dans nos garderies, et les parents du Québec aussi.
Justement, avec cette annonce-là, on lance
un message aussi aux parents québécois, que ce soit ceux qui ont une place présentement,
mais aussi ceux qui en attendent une, la conciliation famille-travail, elle est
difficile, je le sais, et c'est cette... c'est pour cette raison-là notamment
que, comme gouvernement, on s'est engagé à compléter notre réseau. Vous le
savez, il y a une annonce qui s'en vient à ce sujet-là, on veut que chaque
enfant puisse avoir une place, mais on revient à ce dont on parle depuis le
début de cette conférence de presse : Pour y arriver, on a besoin de
personnel, on a besoin d'éducatrices, d'en attirer des nouvelles, mais aussi de
s'assurer que celles qui sont là ne quittent pas.
Donc, comme ministre de la Famille, j'ai
déjà déposé un plan de 64 millions de dollars pour faire face à la pénurie
de main-d'oeuvre dans le réseau, c'est un premier geste important, mais il y a
d'autres gestes que je poserai aussi bientôt quand je déposerai mon plan
d'action. L'annonce de ce matin démontre, je pense, une fois de plus, toute la
volonté qu'on a d'arriver à cet objectif-là.
Donc, je termine là-dessus en remerciant, évidemment,
encore une fois, les éducatrices pour le travail qu'elles font et je souhaite vraiment,
je souhaite de tout coeur, qu'elles perçoivent ce geste-là, ce matin, comme un
geste de respect et de valorisation aussi de leur profession. Merci.
Le Modérateur
: On va maintenant
passer à la période de questions réservée aux journalistes. Je vous invite à
vous signifier si vous avez une question à poser. On va commencer avec Tommy
Chouinard de La Presse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Mme LeBel, vous avez dit... vous l'avez mentionné, mais vous
savez qu'il y a toujours une crainte que les éducatrices d'un autre secteur
décident d'aller travailler en CPE pour toucher les bonifications salariales.
Vous avez juste mentionné que les garderies privées, également, les éducatrices
dans les garderies privées vont toucher cette augmentation-là. Expliquez-moi
comment on arrive à ça. Et, dites-moi, également, si on met en oeuvre les
paramètres salariaux, ça veut dire c'est tout le pactole qui est prévu dans les
offres salariales, y compris, comme, par exemple, la rétro pour les années...
les deux années antérieures?
Mme LeBel : Ce qu'on met en...
tu pourras... peut-être que Mathieu pourrait répondre plus, là, aux différents
degrés du réseau, là. Moi, ce que j'ai mentionné, c'est des CPE publics et les
garderies subventionnées. Ce qui va s'appliquer présentement, naturellement,
ça, c'est la partie des offres salariales qui est applicable aux années en
cours, là. Donc, on... Je vais faire un parallèle qui est un peu... C'est comme
si on avait signé à 17 % aujourd'hui, disons-le comme ça. Mais, encore une
fois, je veux quand même rassurer tout le monde, la négociation se termine, ce
n'est pas la fin de la discussion.
D'ailleurs, je l'ai mentionné ce matin,
par le biais de mes équipes, quand on a rencontré les parties syndicales, les
associations d'employeurs, qu'on allait procéder à cette mesure administrative
là. Il y aura également un autre dépôt. On les a avisés qu'il y aura une offre
bonifiée au niveau du salaire qui s'en vient également, donc ce n'est pas
terminé. Mais ça va s'appliquer aux CPE publics et garderies subventionnées.
Je ne sais pas si, Mathieu, tu as une
précision un peu plus détaillée vu que c'est ton réseau.
M. Lacombe : Bien, c'est une
bonne question, parce qu'effectivement le réseau est assez, je dirais,
hétérogène. Donc, oui, ça s'applique effectivement aux centres de la petite
enfance, qui sont des OBNL, s'applique aussi aux garderies subventionnées,
parce qu'elles ont un lien financier évidemment avec le gouvernement du Québec.
Là où, évidemment, ça ne s'applique pas, c'est aux garderies non subventionnées,
qui sont des entreprises qui n'ont aucun lien financier avec le gouvernement du
Québec et qui ne font pas partie actuellement des discussions. Par contre, on
est bien conscients de la pression que ça va amener à ces garderies-là, et,
dans le cadre du plan d'action que je vais déposer prochainement, il y aura des
réponses à ça.
M. Chouinard (Tommy) :
Maintenant, vous avez mentionné, M. Lacombe, qu'on ne peut pas attendre la fin
des négociations encore six mois, bon. Donc, dans votre esprit, là, on va
continuer encore six mois les négociations, et le message... Est-ce que vous ne
craignez pas que message qui est envoyé aux syndicats, c'est : Bien,
continuez de faire la grève, les bonbons vont tomber au fur et à mesure, ça
marche?
M. Lacombe : Non. Bien, je
vais peut-être laisser Sonia compléter sur la partie négo, mais, sur l'urgence
d'agir, écoutez, chaque jour, on a des éducatrices qui quittent notre réseau.
Moi, là, mon voeu le plus cher, c'est qu'elles restent dans notre réseau. On
s'est engagés à faire un rattrapage salarial, ce que n'a pas un gouvernement,
là… qui a fait, là, dans les dernières années, dans les 25 dernières années ou à
peu près. Donc, on est très sérieux et, non, on ne peut pas attendre la fin des
négos, parce qu'à chaque semaine qui passe c'est des éducatrices en moins dans
notre réseau puis c'est des éducatrices en moins qui s'inscrivent pour joindre
notre réseau.
Donc, non, on ne peut pas attendre ça. Et
ce n'est pas un désaveu envers la négociation aucunement, parce que cette
négo-là, elle se poursuit. Mme LeBel l'a dit, il y aura même une bonification de
l'offre qui est actuellement sur la table. Ce qu'on dit aujourd'hui, là, c'est
que ce n'est pas vrai qu'on va attendre la fin des négociations pour poser un
geste important, alors que, d'ailleurs, il y a 60 % des éducatrices qui ne
sont pas syndiquées. Donc, il faut poser ce geste-là toute de suite. C'est important
de le faire et ça n'enlève rien non plus à la négo.
Mme LeBel : Ça va me permettre
aussi peut-être de faire une clarification. Bon, naturellement, on a tous la
volonté de régler le plus rapidement possible. On prendra le temps de faire des
discussions, mais on peut le faire dans un mode accéléré. Présentement, je le
réitère, parce qu'on a quand même attendu, là, pendant quelques mois que les
syndicats nous reviennent, et pas plus tard qu'hier...
Puis je vais prendre le temps de rectifier
les faits. Habituellement, je ne négocierais pas sur la place publique, mais je
pense qu'il faut rectifier les faits. Pas plus tard qu'hier, je pense que c'est
une représentante de la CSN qui disait que le gouvernement n'était pas prêt à
faire des offres à la table. Écoutez, c'est la CSN, hier, dans une rencontre,
qui nous a dit : On n'est pas prêts à vous revenir sur votre offre
salariale.
Donc, à un moment donné, quand je dis
qu'il faut être deux pour discuter, là… L'offre salariale du gouvernement a été
faite le 13 juillet. J'ai rencontré tous les chefs syndicaux il y a à peu près
deux semaines de cela en leur demandant de me revenir sur les enjeux salariaux.
Partout, sur les lignes de piquetage, on dénonce le salaire des éducatrices. Et
on est à la même place qu'eux. On pense qu'il faut une bonification. C'est pour
ça qu'on a offert 17 %, et c'est pour ça qu'on est tellement à la même
place qu'eux sur l'urgence d'agir qu'on décide de faire une première mesure
administrative, en attendant la fin de la négociation, pour qu'il y ait un
impact immédiat, pour permettre à mon collègue de mieux retenir ces
éducatrices, de mettre en place un plan et d'attirer de nouvelles éducatrices
dans les programmes qu'on met en place, de formation.
Donc, à un moment donné, quand un syndicat
me répond, après deux mois et demi, trois mois d'attente et presque d'absence
aux tables de négociation : Je ne suis pas prêt à vous revenir sur votre
offre salariale. Bien, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, quand, de
partout, les éducatrices dénoncent, à bon droit, leur rémunération. Ils nous
disent : C'est urgent, si ça ne fonctionne pas rapidement, puis si le
gouvernement n'en arrive pas rapidement à une entente, je vais quitter.
Bien, je reprends mon expression, il faut
être deux, là, il faut être deux. Donc, moi, je vais quand même continuer
d'avancer, faire une bonification parce que je pense que c'est extrêmement
important, mais l'enjeu est prioritaire. Donc, il faut qu'on en discute, et,
pour moi, c'est l'enjeu qu'on doit discuter prioritairement aux tables de
négociation, je le répète. Je vois ma négociatrice en chef qui est dans la
salle, elle le sait. Les équipes sont disponibles à vous rencontrer. Les
éducatrices, là, je vous parle, mais les équipes sont disponibles pour
rencontrer vos syndicats aussi souvent qu'ils le souhaiteront. Alors, on est à
la bonne place.
M. Lacombe : Et peut-être
juste pour ajouter rapidement, en 10 secondes, à ce que Mme LeBel dit,
moi, cet été, j'ai fait une tournée des CPE puis des garderies un peu partout
au Québec, dont beaucoup de ces établissements-là ne sont pas syndiqués. Et ce
qu'ils me disaient, là, c'est : Ça urge, augmentez-les, nos salaires. Et
pendant ce temps-là, bien, effectivement, il y a une négociation qui prend plus
de temps que ce qu'on souhaiterait.
Donc, ce qu'on dit, là, clairement,
aujourd'hui, c'est : On respecte le syndicat, on négociera, puis
évidemment, l'offre finale sera différente de celle d'aujourd'hui. Mais ce
n'est pas vrai qu'on va attendre la fin des négos pour régler le problème.
Le Modérateur
: Bon, on
m'indique qu'on a jusqu'à 10 h 5. Il reste donc un peu moins de 15
minutes, alors on va essayer d'y aller rondement, autant dans les questions que
dans les réponses. Claudie Côté.
Mme Côté (Claudie) : Bonjour.
Mme LeBel, hier, vous avez défendu l'offre que vous aviez. Aujourd'hui, vous
arrivez puis vous dites : Bon, le 17 %, il est déjà applicable, vous
allez y avoir droit. Qu'est-ce qui s'est passé en 24 heures, puis à quel point
vous avez de la marge de manoeuvre pour augmenter encore plus les salaires?
Mme LeBel : Je vais répondre
rapidement pour vous permettre... mais hier, j'ai déjà... même hier, j'ai dit
que j'étais prête à discuter sur bonifier des offres puis j'avais déjà lancé
des signaux très forts que j'étais prête à le faire. Donc, c'est sûr qu'on...
Vous connaissez, là... le gouvernement a fait une offre, une offre significative,
je pense, à 17 %. Et ce qui est important, c'est que, dès le départ, j'ai
toujours dit que j'étais prête à discuter de cette offre-là et de voir jusqu'où
on pouvait trouver un terrain d'entente.
Maintenant, ce que j'ai demandé également
aux chefs syndicaux, c'est de : eux autres aussi de faire un effort et de
venir discuter des paramètres salariaux. Et présentement, à part quelques
petites exceptions, on me dit qu'on n'est pas prêts à discuter des paramètres
salariaux. Donc, à un moment donné, il faut qu'on avance.
Mme Côté (Claudie) : Maintenant,
si je comprends bien, il y aura une augmentation pour les intervenantes, les
éducatrices qui décident de passer à 40 heures. C'est bien le cas?
Mme LeBel : Oui.
Mme Côté (Claudie) : Bon, je
ne veux pas faire de mauvais parallèles, là, mais ce n'est pas la première fois
qu'on délie les cordons de la bourse pour essayer que les gens soient à temps
plein, puis ça ne fonctionne pas toujours, surtout dans le cas des éducatrices
en garderie. Déjà, elles font des longues journées, déjà, 36 heures, c'est
difficile pour certaines éducatrices, de le faire au complet. Est-ce qu'on a
une idée… ou est-ce qu'on a mesuré l'effet que ça pourrait avoir, c'est-à-dire
combien d'éducatrices il manque puis combien on espère aller chercher avec
cette mesure-là?
Mme LeBel : Bon,
naturellement, on l'a fait dans tous les cas de figure, la grande, très grande,
très grande majorité, sinon presque totalité des éducatrices sont à 32 heures,
elles font huit heures par jour, ce qui ne veut pas dire que la lourdeur de ces
huit heures-là n'est pas réelle, O.K.? Mais je pense qu'il faut recadrer. Quand
elles parlent de leur salaire annuel, présentement, elles parlent d'un salaire
sur une base de 32 heures. Ce qu'on offre présentement dans les offres
salariales, ça va me permettre de le cadrer un peu, quand on parle d'une
semaine complète de cinq jours de travail, c'est plus de 60 000 $ par
année qu'une éducatrice pourrait recevoir.
Maintenant, on est encore en discussion, mais
ça, c'est la base de ce qui a été mis sur la table. On espère qu'il y aura un
effet parce qu'en parallèle de ça on est fort conscients qu'il faut également
avoir du soutien pour les éducatrices. Donc, ce n'est pas tout de leur demander
d'augmenter à 40 heures ou de faire une semaine de cinq jours de travail,
on est prêts aussi à discuter aux tables de négociation d'aménagement
d'horaire. Je parlais hier d'exemples, peut-être, d'horaires de 12 heures,
c'est un exemple que je lance, où elles peuvent faire peut-être le
36 heures en trois jours, et qu'on puisse aménager, avoir des espaces pour
les parents qui sont différents au niveau de l'offre de services. Mais là, on
rentre dans les détails. Mais, vous comprenez, il y a plein de choses qu'on
peut négocier et discuter dans l'organisation du travail.
Et on est également conscients que ça
prend du soutien. Je vais parler des enfants en difficulté qui sont souvent
aussi le même type d'élèves qui se retrouvent dans nos écoles par la suite. Ça
prend du soutien aux éducatrices également dans cette tâche. Parce que ce
qu'elles nous disent dans la lourdeur de la tâche, ce n'est pas nécessairement
le nombre d'heures, c'est vraiment le fait que, bon, quand elles ont un enfant
qui demande plus d'attention, puis qu'elles doivent s'en occuper, elles
manquent de soutien pour être capables de peut-être pallier à la tâche pendant
la petite demi-heure où elles ont besoin de donner plus d'attention à un
enfant. Je donne un cas de figure. Donc, on est aussi là-dessus.
Mais présentement, comme la négociation
n'est pas terminée, ce qu'on peut faire comme geste, premier geste de bonne
foi, c'est à tout le moins, puis je répète qu'il y a 60 % des éducatrices
qui sont non syndiquées, donc de verser la première offre salariale.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer à…
Mme LeBel : J'avais dit que je
raccourcirais, hein?
Le Modérateur
: Oui, ça
n'a pas marché, je pense. Hugo Lavallée.
Mme LeBel : Impossible.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Peut-être juste une précision parce que vous parlez d'éducatrices
spécialisées, sur le…
Mme LeBel : Qualifiées.
M. Lavallée (Hugo) :
Qualifées.
Mme LeBel : Excusez-moi, c'est
le terme.
M. Lavallée (Hugo) : Sur le
nombre total d'éducatrices, est-ce que vous pouvez nous dire combien sont
qualifiées? Puis est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, peut-être, de revoir les
critères de formation, là, si c'est si difficile, attirer des gens dans le
réseau?
Mme LeBel : Je pense que mon
collègue est mieux à même… C'est peut-être deux sur trois présentement? C'est
quoi, le ratio d'éducatrices, là?
M. Lacombe : Bien, il y a un
ratio d'éducatrices qu'on demande, là, c'est-à-dire… Légalement, donc, ce qui
est prévu au règlement, c'est deux éducatrices, habituellement, c'est deux
éducatrices formées sur trois dans notre réseau. Mais là vous savez, si vous
suivez un peu le dossier, qu'on a dû abaisser ça temporairement dans le cadre
de la pandémie et dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre qu'on connaît.
Mais, oui, vous avez raison qu'il y a plus… C'est une excellente question. Et
c'est la raison pour laquelle on a travaillé là-dessus, et les conclusions de
tout ça seront présentées dans notre plan d'action, dans nos plans d'action que
je vais présenter d'ici la fin du mois.
M. Lavallée (Hugo) : Quand
vous parlez, donc, de l'augmentation, là, qui peut atteindre 17 % pour les
éducatrices qualifiées, qu'en est-il, donc, de l'ensemble des autres employées?
On…
Mme LeBel : Bien, quand on
parle des éducatrices, c'est 3 % de moins pour les non-qualifiées parce
qu'il a fallu aussi… Comme pour nous, dans le réseau des CPE, comme pour mon
collègue, la qualification des éducatrices, c'est la plus-value du réseau qu'on
a mis en place, que le gouvernement a mis en place. Naturellement, on veut
faire une… Présentement, il n'y a pas… Bon, il y a certaines différences au
niveau du nombre d'échelons, mais, à terme, que vous soyez une éducatrice avec
une qualification, une formation avec le D.E.C., la formation appropriée, ou
une éducatrice qui n'a pas de formation, à terme, vous recevez le même salaire.
Et la valorisation du diplôme est un enjeu qui est fort, fort revendiqué à bon
droit par les éducatrices. Donc, on a effectivement, dans les offres actuelles,
et ça sera… ça fera l'objet de la poursuite des négociations, mais, dans les
offres actuelles, il y a une distinction qui est faite dans les échelles entre
les éducatrices non qualifiées et les éducatrices qualifiées. C'est à peu près
3 %.
Le Modérateur
: Vincent
Larin.
M. Larin (Vincent) : Pour M.
Lacombe. Avez-vous espoir qu'on revienne au ratio d'avant la pandémie une fois
que l'urgence sanitaire va être terminée? Est-ce qu'il y aura assez de
personnel?
M. Lacombe : Bien, c'est déjà
prévu. C'est-à-dire… Lorsque j'ai annoncé cette mesure-là, qui est une mesure
temporaire, l'échéancier de retour à la normale a déjà été annoncé et publié
aussi, donc ce qui fait que, dans un délai… C'est sûr qu'on se donne du temps,
là, parce que, sinon, ça voudrait dire des bris de service partout au Québec.
Mais je dirais, pour imager ça et rendre ça très simple, que, du moment où
l'urgence sanitaire va être levée, dans les deux années qui vont suivre, on
devrait être revenus à une situation normale dans notre réseau, parce
qu'évidemment la fin de l'urgence sanitaire va nous aider, la fin de la
pandémie, mais aussi parce qu'on aura, en cours de route, annoncé plusieurs
mesures. Donc, ça, c'est déjà connu.
M. Larin (Vincent) : O.K.
Est-ce qu'on sait les effectifs que ça va prendre, notamment pour revenir à un
ratio normal et aussi pour combler tous les besoins, là, créés par les
nouvelles places que… le 37 000?
M. Lacombe : On est en train
de finaliser ça, et ce sera dans le plan d'action que je vais déposer dans les
prochaines semaines.
Le Modérateur
:
Marie-Michèle Sioui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui. Bonjour. Je m'excuse, là, il manque des
nuances dans ce que vous proposez. Est-ce que les éducatrices doivent dès
maintenant ou dès l'entrée en vigueur de votre offre passer à 40 heures pour
avoir la prime? Si elles restent à 32 ou à 36, est-ce qu'elles ont une prime,
de combien? Pouvez-vous juste me préciser la fourchette?
Mme LeBel : Parfait. Bien,
l'offre qui était sur la table et qui va faire l'objet de la mesure temporaire…
la mesure, pardon, administrative est, naturellement, à deux niveaux. Donc, les
éducatrices qui ne sont pas à 40 heures, disons-le comme ça, ne reçoivent pas
le 5 %, donc c'est 12 %. Naturellement, je dis 12 %, mais là il
y a une année, là… parce que l'offre est sur trois ans, là. Donc, ils vont
recevoir ce qui est applicable cette année. C'est comme si la convention avait
été signée aujourd'hui, disons-le comme ça.
Donc, celles qui sont déjà à 40 heures
vont bénéficier du 5 %, celles qui décideront de passer à 40 heures
bénéficieront du 5 %, parce que c'est quand même une mesure volontaire.
Donc, c'est comme si on appliquait la… C'est comme si on avait signé avec ces
paramètres-là, disons-le comme ça. Naturellement, je veux continuer à mettre
l'accent sur le fait qu'on va continuer à négocier, là. Donc, c'est une mesure
administrative — on avance, là — qui est collée sur la
première offre gouvernementale.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Puis, même chose, vous avez parlé d'une
augmentation pour les non-qualifiés. Au départ, vous aviez dit que non, là,
mais l'augmentation pour les non-qualifiés, elle s'applique, elle aussi, dès
maintenant?
Mme LeBel : Oui, oui, elle
s'applique elle aussi. Mon «non» était plutôt de dire qu'elle n'était pas du
même ordre. C'est environ 3 % de moins. Il y a quand même… Il y a le même
mécanisme d'augmentation pour 40 heures, mais, sur le global, c'est un 3 %
de moins à peu près, au total.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : …moins 3 % pour les non-qualifiés?
Mme LeBel : Et voilà.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : O.K., c'est tout. Merci.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
À quel moment les éducatrices vont voir la différence sur leur chèque de paie?
M. Lacombe : Bien, certainement
qu'on fera le plus rapidement possible, mais, avec tout le processus qu'on doit
suivre, on pense que, d'ici la mi-novembre, donc, à la paie qu'elles recevront,
là, après la mi-novembre, elles devraient avoir ça dans les poches. Par contre,
ça s'applique à partir de maintenant. Donc, à partir de maintenant, à partir
de…
M. Bossé (Olivier) : Sur le
temps qu'elles travaillent maintenant?
M. Lacombe : Exactement, oui.
M. Bossé (Olivier) : O.K. Et
qu'est-ce que vous demandez en échange? Est-ce que vous demandez la levée des
moyens de pression? Est-ce que vous dites : Il faudrait que ça avance plus
dans les négos?
Mme LeBel : Il n'y a aucune
demande en échange. Je n'ai pas négocié de quiproquo avec les syndicats. Je
pense qu'il était important de faire un geste envers les éducatrices. C'est ça
qu'on fait ce matin. Naturellement, je continue à dire que c'est urgent d'agir.
La raison pour laquelle on le fait, c'est parce que c'est urgent. Donc, je
continue de demander qu'on agisse rapidement, qu'on s'assoie aux tables de
négociation pour parler des enjeux. Entre autres, les mesures salariales sont
au coeur de leurs revendications. Mais il n'y a pas eu de négociation. Les
syndicats font ce qu'ils ont à faire. Mais, au niveau du gouvernement, on fait
également ce qu'on pense approprié dans les circonstances.
M. Lacombe : …demande, c'est :
Restez avec nous. Moi, je vous dirais, c'est la seule demande aux éducatrices.
Mme LeBel : Ça, c'est aux éducatrices,
oui.
M. Lacombe : Restez avec
nous, on a besoin de vous dans le réseau.
Le Modérateur
: Maxime
Denis.
M. Denis (Maxime) :
Juste pour préciser, combien d'éducatrices ça peut toucher puis quelle somme ça
représente pour le gouvernement, cette hausse de 17 %?
Mme LeBel : Ah! Mon Dieu!
Je n'ai pas les chiffres, on pourra vous les fournir par la suite. Peut-être,
pour le nombre d'éducatrices, mon collègue est mieux à même, mais, pour la
globalité des chiffres, là, on pourra voir ce que je peux...
M. Lacombe : Oui. Bien,
le nombre d'éducatrices au Québec tourne autour de 50 000. Là-dedans, il y
en a qui sont dans le réseau non subventionné. On pourra vous fournir peut-être
les chiffres ventilés. Puis c'est une mesure, je pense, qui est autour de
11 millions de dollars par année.
Mme LeBel : Oui, c'est
ça, à peu près. Mais je ne voulais pas m'avancer parce que j'aime bien avoir
plus d'exactitude, là, mais...
M. Denis (Maxime) : Ne
craignez-vous pas de revivre un peu le scénario qu'on voit en santé, donc on
attire les infirmières avec des sommes, mais elles ne se présentent pas nécessairement?
Donc là, on y va avec l'urgence d'agir, avec de l'argent, mais qu'est-ce qui
pourrait aider dans les conditions rapidement, concrètement?
Mme LeBel : Oui. Bien, je
vais peut-être faire une différence, parce que chaque négociation est unique,
hein, chaque revendication de chaque groupe est différente.
Je pense que les infirmières, dès le
départ, d'ailleurs au coeur de la convention collective qu'on a signée, il y
avait des enjeux de rémunération, mais il y avait surtout des enjeux
d'organisation du travail, d'horaires autogérés, de temps supplémentaire
obligatoire, de faire recours aux agences externes, aux agences privées, alors
que... Et la rémunération, bien qu'elle avait son importance, si je peux me
permettre de le dire comme ça, n'était pas au coeur des enjeux.
Donc, je pense que la grande différence
avec les éducatrices, c'est que la rémunération... on les entend, on entend les
syndicats, la rémunération est au coeur de l'enjeu. Donc, on a confiance que
cette mesure-là va être à tout le moins comme un premier geste bien perçu par
les éducatrices comme étant un geste où on... j'allais... où on suit notre
intention de dire : Oui, on va valoriser et on vous offre... on a déjà une
offre à la... qui est passablement beaucoup plus élevée que ce que la moyenne
des gens ont reçu. Donc, elles sont priorisées. Dans l'offre, c'est démontré,
dans la mesure administrative qu'on fait ce matin, c'est démontré. Mais la
nuance, je pense qu'elle est peut-être là au niveau de la négociation, ce qui
ne veut pas dire qu'il n'y a pas des enjeux d'organisation, mais on va y
travailler également.
M. Lacombe : Amende
honorable, c'est...
Mme LeBel : Amende
honorable?
M. Lacombe : J'aurais dû
suivre ta prudence. Petit lapsus, j'ai dit 11 millions par année, c'est
par mois. Donc...
Mme LeBel : Ah! tu as dit
par année?
M. Lacombe : Oui.
Mme LeBel : Je n'avais
pas compris «par année».
M. Lacombe : J'aurais dû
suivre ton exemple de prudence.
Le Modérateur
: C'était
11 millions par mois?
Mme LeBel : Oui. On est
prudent au Trésor avec les chiffres.
M. Lacombe : Oui, par
mois, par mois.
Le Modérateur
: Par
mois, O.K. Jocelyne Richer.
Mme Richer (Jocelyne) :
Oui, bonjour à tous les deux. Est-ce que le véritable enjeu de cette
négociation-là, ce n'est pas la perception des gouvernements et du gouvernement
présent envers le travail des éducatrices? C'est-à-dire que traditionnellement
elles ont toujours été perçues comme des gardiennes d'enfants, et non comme des
professionnelles, d'où des salaires, des très bas salaires.
Est-ce que ce n'est pas cette reconnaissance-là
au départ qu'elles recherchent plus, au-delà du salaire?
Mme LeBel : Bien, c'est
cette reconnaissance-là qu'on est d'accord qu'elles ont besoin de cette
reconnaissance-là. D'ailleurs, dans les deux dernières conventions collectives,
je pense qu'elles ont eu autour de 5 % d'augmentation, ce qui est, je
dirais — encore une fois, je m'avance avec prudence dans les
chiffres — ce qui est ce que les gens ont reçu dans les dernières
conventions.
C'est la première fois, d'ailleurs, hein,
il faut le dire, on parlait de faire les choses différemment, c'est la première
fois qu'un gouvernement s'attaque à des offres différenciées. Ce n'est pas
simple. Ce n'est pas simple pour les syndicats non plus. Ce n'est pas simple
pour les réseaux. Ce n'est pas simple pour le milieu du réseau des éducatrices
non plus à gérer. Mais on est d'accord, ce postulat de base là, on l'affirme
comme eux. Maintenant, où est-ce qu'on va se rendre au terme de la négociation?
C'est à voir.
Mais c'est aussi la raison pour laquelle
on fait maintenant une différence dans les échelles salariales entre les
éducatrices qualifiées et les éducatrices non qualifiées. C'est très important.
Elles demandent une valorisation de leur diplôme. Elles affirment et elles
disent que c'est le D.E.C. le moins bien rémunéré. Mais il faut, à ce
moment-là, aussi travailler sur la structure à l'intérieur des CPE. Et ce n'est
pas normal, je pense, et c'est pour ça qu'on a fait une offre différente, que,
quand on a une qualification de l'ordre de la qualification qu'elles ont, quand
c'est une plus-value pour nos enfants et c'est la couleur, si on veut, de notre
réseau de petite enfance au Québec, qu'on ne fasse pas une différence entre une
éducatrice qualifiée et non qualifiée. Et le 3 % dont je parlais tantôt en
est un exemple.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais
est-ce que vous admettez que, pour avoir cette reconnaissance, vous avez dû
avoir le dos au mur, c'est-à-dire voir des éducatrices qui quittent tous les
jours, voir des grèves d'éducatrices?
M. Lacombe : Non, je ne suis
pas d'accord avec ça, je ne suis pas d'accord avec ça.
Mme LeBel : On l'a dit, c'est
un...
M. Lacombe : C'est notre
première négociation. Ça me choque, ça, là, parce que nous, là, on n'est pas
responsables de ce que tous les précédents gouvernements ont fait. Ça, ce n'est
pas notre bilan, ce n'est pas notre responsabilité. Notre responsabilité à
nous, c'est de régler le problème maintenant, pas faire comme les précédents
gouvernements puis régler une convention collective. Nous, ce qu'on veut, c'est
régler le problème.
Ce n'est pas vrai que c'est des gardiennes
d'enfants. Ce sont des éducatrices. J'en connais beaucoup personnellement, je
peux vous le dire. Puis, s'il y a bien quelqu'un ici, là, qui sait que ce ne
sont pas des gardiennes, c'est moi. On est le premier gouvernement, depuis le
début des années 2000, à offrir un rattrapage salarial à cette hauteur-là. On
va présenter un plan d'action pour compléter notre réseau de service de garde
éducatif à l'enfance.
Donc, moi, j'invite tous ceux qui ont
encore des doutes sur notre motivation profonde à faire de la petite enfance
une priorité au Québec à venir prendre un café avec moi. Parce que, je vous
dis, là, ce qu'on fait, c'est important, c'est honnête, c'est sincère parce
qu'on ne pense pas que ce sont des gardiennes puis on pense que les parents, au
Québec, ont le droit, maintenant, d'obtenir des services pour leurs enfants.
Puis c'est là-dessus qu'on s'est engagés. Puis on va livrer ça. Ça, là, s'il y
a bien une certitude que j'ai, c'est qu'on va être capables de livrer ça.
Mme LeBel : Et je m'excuse au
modérateur, mais je vais compléter. Il faut regarder dans l'ensemble, dans la
globalité de nos actions. Il y a... pas plus tard que la semaine passée, on a
annoncé que, suite à la mise en place d'un comité, avec une entente dans le réseau
des services de garde à l'enfance, on allait bonifier les subventions d'un
16 % supplémentaire. Donc, au total, on a ajouté 30 % pour les
services de garde en milieux familiaux.
Et même Mme Grenon l'a dit. Écoutez,
les gouvernements qui, habituellement, mettent en place des comités, bon,
traditionnellement, on sent que les comités ne sont pas suivis. On a mis en
place un comité, le comité a fait une recommandation, on a appliqué la
recommandation. Donc, c'est notre propre première négociation. Et, dans tous
les cas de figure, pour les CPE, pour les milieux familiaux, on a dit qu'on
allait faire plus et on a fait plus.
Le Modérateur
: On va
passer maintenant à l'anglais avec Jean-Vincent Verville.
M. Verville (Jean-Vincent) :
Why are you making such an offer? I mean, during… a collective
agreement, I mean, your negotiating now, why? What will it change?
Mme LeBel : Negotiation is not over. We were willing and available to negotiate
during the past month. We have to agree on the fact that there's an emergency.
I mean, we need more «éducatrices» for our children. They are tired, they want
to quit. We have a hard time recruiting them. So we decided that we had to put
this money on the table as a show of good faith. And we thought that having an
impact immediately on their paycheck would be something that would demonstrate
that we are serious, and the fact that we want to negotiate, negotiate
something that would be in the order of… really demonstrate that we think that
they are really important and that we need to make a substantial gesture for
them.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What is the message? Are you
asking them to stop the strike right now and go back to negotiation?
Mme LeBel : No, I'm not asking anything regarding the negotiation. They have to make that decision. The message is that we are there,
we are serious and we want to demonstrate that we are acting in good faith.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup. On ne s'en tire pas si mal, quatre minutes de plus... trois
minutes.
Mme LeBel : Finalement, on
rattrape à la fin.
Le Modérateur
: Exactement.
Merci beaucoup.
M. Lacombe : Merci, tout le
monde.
Mme LeBel : Merci, tout le
monde.
(Fin à 10 h 8)