(Huit heures cinquante-deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, Mme
Méganne Perry Mélançon, notre porte-parole en matière d'économie, M. Martin
Ouellet, notre porte-parole en matière d'affaires autochtones… Ils seront
suivis du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à
vous.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bon matin. Aujourd'hui est une journée marquante, que je considère marquante
pour mon engagement politique et celui du Parti québécois, évidemment. On prend
l'engagement de déposer un projet de loi qui mettra un terme définitif à la
filière des hydrocarbures sur le territoire québécois.
Donc, on ne parle pas ici seulement des
nouveaux projets ou des futurs projets, mais évidemment ceux qui sont en cours
actuellement, comme c'est le cas chez moi, à Gaspé, le projet Galt, qui
s'est engagé dans une poursuite contre le gouvernement. Ce sont également des
intérêts autrichiens. Alors, on pense évidemment que c'est un projet qui ne
cadre plus du tout dans la transition énergétique que le Québec doit faire, et qu'il
est en mesure de le faire également, étant donné qu'on a un contexte
énergétique qui est unique chez nous et qu'on peut utiliser les énergies
renouvelables pour, effectivement, effectuer cette transition énergétique qu'on
a besoin en contexte de crise climatique.
Alors, ce matin, le Centre québécois du
droit de l'environnement du Québec, bien, en fait, le CQDE, a publié un rapport
qui nous confirme que l'État québécois est pleinement en mesure de le faire, de
légiférer en ce sens-là. Alors, on deviendrait un leader mondial en étant le
tout premier à légiférer de la sorte sur la scène internationale. Alors, comme
je le répète, pour moi, c'est un dossier que je consacre beaucoup d'énergie
depuis mon arrivée en politique. Et c'est un peu, là, en quelque sorte,
l'aboutissement, là, de notre position, qui est très claire, là, aujourd'hui. Pour
nous, les hydrocarbures, c'est derrière nous, et on doit focuser sur l'avenir
et sur les énergies vertes.
Alors, voilà. Et d'ailleurs je dépose une
pétition ce matin à l'Assemblée nationale, avec quelque 2000 signataires,
qui demande le retrait des investissements publics dans le projet Galt à
Gaspé. Alors, c'est en ce sens-là que, ce matin, je m'adresse à vous. Et le
projet de loi suivra prochainement. Merci.
M. Ouellet : Merci, Méganne.
Bon matin à vous tous. Ce matin, deux sujets importants touchant les affaires
autochtones.
Première chose, aujourd'hui commence la
prise en considération du projet de loi n° 79.
Et je veux juste qu'on se rappelle que, lors de cette procédure, il est
possible de déposer de nouveaux amendements, même si l'étude détaillée est
terminée, pour changer la nature du projet de loi. Donc, ce matin, j'annonce
que le Parti québécois va déposer quatre amendements pour inclure les séjours
dans les pensionnats afin de faire la lumière sur ce qui s'est passé. On a les
exemples du côté de Kamloops, mais effectivement ça a pu arriver ou ça aurait
pu arriver du côté du Québec.
Donc, on a trouvé la façon de le faire
dans le projet de loi. J'ai entendu le ministre des Affaires autochtones hier
nous dire : Bien, écoutez, ce n'est pas nécessaire, c'est de juridiction
fédérale. Quand vient le temps de légiférer pour la langue française et
d'obliger les entreprises à charte fédérale d'appliquer la langue française, on
est capables, au Québec. Donc, en le mettant dans le projet de loi, on va
tracer la loi et on va forcer une réponse du gouvernement fédéral à nos
demandes. Donc, pour nous, c'est la chose à faire.
Deuxième chose, j'avais déposé une motion
ce matin pour que les Premières Nations et la nation inuite puissent pleinement
s'identifier ou identifier leur enfant, dans leur relation avec l'État
québécois, par un nom ou un prénom comprenant un ou plusieurs graphèmes propres
au langage autochtone. Dans le fond, on va demander au gouvernement du Québec
de faire un geste de réconciliation en modifiant ses systèmes informatiques
afin de le permettre, et ce, d'ici les prochains mois.
Je fais référence à la situation vécue par
un ancien collègue député ici, à l'Assemblée nationale, M. Wawanoloath,
qui a dû insister auprès de l'état civil pour inscrire un «8», qui était à
consonance abénaquise, pour le nom de sa fille. L'état civil a dit oui. Mais,
quand la RAMQ s'est mis les deux mains là-dedans, on lui a retiré cette
reconnaissance-là, ce qui fait qu'il est en train de se battre pour faire cette
reconnaissance-là au nom de sa fille qui voulait avoir une identité abénaquise.
Donc, on pense que, dans un geste de
réconciliation, et surtout de permettre aux Premières Nations et aux Inuits
d'avoir leur propre identité… je pense que, pour des dédales administratifs et
surtout informatiques, le Québec peut faire mieux. Le Québec peut offrir mieux.
Et on leur doit assurément cette ouverture d'esprit.
Alors, sur ce, je laisse la parole à mon
chef, M. Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Martin. Bonjour.
Très rapidement, juste revenir sur la
situation pour le bal des finissants. Je reviens sur ce sujet-là parce que la
réponse du gouvernement est tellement insatisfaisante tant pour les élèves que
pour les parents. Ce n'est pas cohérent, ce n'est pas équitable que d'empêcher
toute forme de bal des finissants. Et là je vous le dis, là, si le gouvernement
ne change pas son fusil d'épaule et ne donne pas un meilleur effort pour offrir
quelque chose à des étudiants, à des élèves qui méritent ce moment-là dans leur
vie, on le sait, ce qui va arriver, les familles, les élèves vont s'organiser
dans des parcs ou dans des terrains privés, vont s'organiser leurs bals en
parallèle.
Donc, il y a quelque chose d'inéquitable
qui va entraîner des réactions ou des événements... des bals de finissants qui
vont avoir lieu de manière peut-être occulte, mais qui vont être beaucoup plus
risqués que si on s'entend sur un bal des finissants qui respecte certains paramètres
de prévention sur le plan de la santé publique, donne la chance à ces
élèves-là, à ces parents-là, de célébrer ce moment important là. Moi, je pense,
ça serait beaucoup plus intelligent d'arriver avec une nouvelle proposition, c'est
ce que je demande au gouvernement, plutôt que d'arriver avec une interdiction
mur à mur, qui, à mon avis, va donner le genre de débordement comme on a vu
dans certains parcs puis à certains endroits du Québec depuis le déconfinement.
Je pense que ce n'est pas vers là qu'on veut aller.
Donc, là-dessus...
M. Bélair-Cirino (Marco) : J'ai
juste une question sur… Vous demandez au gouvernement, dans le fond, de ne pas
suivre la recommandation de la Santé publique…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je demande à la Santé publique et au gouvernement de revoir leur travail et de
voir s'ils ne peuvent pas nous arriver avec une nouvelle proposition qui serait
dans le respect de mesures de sécurité, là, en matière de santé publique. C'est-à-dire
qu'on l'a vu plusieurs fois durant la crise, les mesures de santé publique ne
sont pas une science exacte. C'est du jugement situationnel, du jugement
circonstanciel, puis il y a une partie de médecine comportementale, des fois,
qu'on tend à oublier.
Moi, ce que je constate, c'est qu'on
déconfine les salles de spectacles, les cinémas. Les parcs sont remplis. Il y a
plein d'activités qui ont lieu. Puis là je ressens... Ma boîte courriel est
pleine. Je ressens un sentiment d'injustice, justifié, légitime, de la part des
parents et des élèves, et je lève le drapeau, là, avant qu'il soit trop tard.
Je dis au gouvernement puis à la Santé publique : Retournez donc à la
table de travail voir ce qui pourrait être possible, parce que moi, j'ai beaucoup
de difficulté à comprendre comment on peut être dans des parcs dehors, comme on
l'a vu. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre comment on peut être dans des
salles de spectacles, mais qu'on ne serait pas capables de conceptualiser un
bal de finissants où il y a de la distanciation puis des étapes. On serait
mieux d'être dans cet environnement-là, qui est normalisé, qui est contrôlé,
que de voir des débordements, parce que, de ce que j'entends, puis de ce qu'on
voit, là, de nos boîtes courriel, il y a quelque chose qui n'est pas bien
aligné à ce moment-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
vos boîtes courriel étaient pleines aussi, sauf erreur, cet hiver, où est-ce
que le gouvernement, sous la recommandation de la Santé publique, a décidé de
mettre fin aux activités, notamment dans les salles d'entraînement, les gyms.
Je pense que votre collègue avait participé à des manifestations aussi. Par la
suite, il y avait eu une réouverture des… puis il y avait eu des éclosions,
puis on dû tout fermer. Ce n'est pas…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, des éclosions, attention…
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vos boîtes courriel…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, attention. Premièrement, quand on est sortis sur la question des
gyms, on avait des études, notamment celle de la Santé publique de Montréal. Et
on a appris, par la suite, lorsqu'ils nous ont divulgué, plusieurs mois plus
tard, quels étaient les avis de Santé publique, qu'en effet il y avait une recommandation
de la Santé publique comme quoi l'activité physique devait continuer dans la
mesure du possible. Il y a eu un endroit extrêmement négligent, qui a été
condamné par tout le monde, mais, en général, les gyms n'avaient pas donné lieu
à des éclosions plus que les milieux de travail. On l'a vu, là, dans les
répartitions des origines des éclosions.
Donc, moi, ce que je dis par rapport aux
bals, c'est : Regardons la situation objectivement. Il y a des jeunes
adultes qui veulent avoir un souper ou une activité ensemble pour célébrer leur
graduation, et c'est un moment important. J'ai beaucoup de difficulté à croire
qu'on ne peut pas concevoir une telle activité dans le respect des normes de
distanciation, alors qu'en ce moment on a l'impression que le gouvernement, la
Santé publique, fait juste s'en laver les mains puis se dit : Il n'y en
aura pas, c'est plus simple comme ça. Nous, on répond : Attention, parce
qu'il y a un aspect de médecine comportementale. On a des indices comme quoi…
Puis je trouve ça légitime. Honnêtement,
je suis avec eux là-dessus. C'est un moment important. S'il y a une manière
d'organiser le bal et que ce soit responsable, que ce ne soit pas source
d'éclosion… Par exemple, les tests rapides, pourquoi on n'utiliserait pas les
tests rapides? On n'a jamais eu, d'ailleurs, la réponse, au cours des derniers
mois, de la part du gouvernement, à savoir pourquoi il n'utilise pas les tests
rapides, alors que, partout dans le monde, on l'utilise.
Bref, est-ce que chaque pierre a été
retournée pour tenter d'organiser quelque chose qui, à mon avis, serait
beaucoup plus responsable sur le plan de la santé publique que si on a déjà des
signaux de groupes qui vont juste s'organiser leurs propres fêtes? Moi, je
pense qu'il faut réfléchir pendant qu'il est encore temps, là.
M. Bergeron (Patrice) :
Dites-nous pourquoi c'est si important, alors que ça peut avoir l'air
complètement anecdotique, après tout ce qu'on a vécu, de faire un bal des
finissants. On n'est pas en train de faire une montagne avec quelque chose qui,
finalement, est bien secondaire, non?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est important parce que c'est une question d'équité. Tu sais, les jeunes ont
souffert du confinement tout autant que le reste de la population. Qu'est-ce
qu'ils voient en ce moment? Bien, ils voient des terrasses, des restaurants,
des gens dans le parc, toutes sortes de comportements qui… Même, des fois, là,
tu sais, on peut se demander, là… Heureusement que les chiffres sont très, très
bons en ce moment, mais on voit toutes sortes de débordements. Les jeunes
voient ça, là, puis, eux, c'est leur moment, la consécration de la persévérance
qu'ils ont eue au cours de la dernière année.
Si, vraiment, c'est impossible, là, si on
était à 1 500 cas par jour, là, je pense qu'ils comprendraient. Mais,
comme vous tous, ils voient le nombre de cas, le nombre d'hospitalisations, le
taux de vaccination, puis ils regardent le gouvernement en disant : Mais
comment ça se fait qu'à tel, tel, tel endroit vous déconfinez, puis, pour ce
moment-là qui nous tient à coeur puis qui est important dans notre vie, vous ne
faites vraisemblablement aucun effort, vous nous présentez seulement une
solution mur à mur? Moi, je pense qu'il y a tous ces éléments-là qui pourraient
être reconsidérés par la Santé publique, en collaboration avec le gouvernement.
M. Laforest (Alain) : Bien
là, l'automne, on est en train de présenter actuellement le plan de rentrée
scolaire, où on insiste énormément pour que les jeunes aient 75 % de
vaccination pour réduire les espaces, enlever le masque. Est-ce qu'on met de la
pression sur les jeunes actuellement?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il y aura toujours une pression légitime pour avoir le plus haut taux de vaccination
possible. Ce n'est pas un hasard si, en ce moment, le nombre de cas est en
chute libre. Il y a un lien de cause à effet. C'est pour ça qu'on se fait
vacciner. Donc, est-ce qu'on a intérêt à ce qu'il y ait le plus grand nombre de
jeunes vaccinés? La réponse, c'est oui. Est-ce que ça va donner lieu à une
règle ou à une autre lors de la rentrée scolaire? C'est beaucoup trop tôt pour
le dire. Mais, de la manière dont on se comporte au Québec, on est très bien
alignés pour avoir un automne normal.
Et, de ce point de vue là, j'encourage
tous les jeunes à se faire vacciner, tous les adultes qui ne l'ont pas été, parce
que c'est d'investir, avec les deux doses, là, dans notre automne puis dans la
suite des choses. On est déjà envieux, là. Quand on voit les événements
sportifs aux États-Unis, puis d'autres pays être en avance un peu sur le
déconfinement, on est envieux. Bien, justement, assurons-nous d'aller
exactement là, c'est-à-dire un retour à une vie normale, et ça passe par la
vaccination, et il n'y a pas 56 chemins.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
y a des États américains qui multiplient les initiatives pour inciter les gens
à aller se faire vacciner.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Des millions de dollars.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui,
des millions de dollars ou ils offrent des armes à feu. Est-ce que, justement,
vous dites qu'il faudrait peut-être couper la poire en deux ou revoir la
décision d'annuler le bal? Est-ce qu'on pourrait dire, dans le fond, aux jeunes :
Allez vous faire vacciner puis, dans trois semaines, vous allez pouvoir
participer à un bal, juste ceux qui sont vaccinés?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il y a plein de possibilités, mais, honnêtement, avec les chiffres…
M. Bélair-Cirino (Marco) : …selon
vous, ça devrait être considéré?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est parce que, dans le temps qui nous reste, les bals…
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bien, trois semaines, je pense qu'ils vont les prendre dans trois semaines s'il
peut y en avoir avant.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je pense que, dans le temps qui nous reste, les tests rapides me semblent beaucoup
plus versatiles. Puis, deuxième élément, c'est que le taux de vaccination au
Québec va bien, là, toutes choses étant égales, là, quand on compare. Moi, je
pense qu'avant de parler de… Tu sais, il y avait eu tout le débat de passeport
vaccinal, le débat… Avant de parler de mesures, là, on va juste continuer à
encourager notre population à se faire vacciner. On s'en va dans des
proportions parfaitement viables pour endiguer complètement l'épidémie. Donc, à
ce moment-là, moi, je vais juste continuer à encourager la vaccination. J'ai
l'impression qu'on va se rendre sans promettre d'armes à feu ou de millions de
dollars, là.
Mme Gamache (Valérie) : Un petit
mot, peut-être, sur le tunnel. Je ne sais pas si c'est M. le leader qui va
en parler ou pas, mais, ce matin, on comprend que la CAQ vous refuse cette
demande pour entendre le directeur de projet. Vous réagissez comment à ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On s'apprête à dépenser jusqu'à 10 milliards, peut-être plus, sur un
tunnel pour lequel on n'a aucune étude. Et à la question toute simple :
Est-ce qu'on peut au moins poser des questions à la personne en charge de ce
projet-là?, le gouvernement nous dit non. Ça ne peut pas sentir plus mauvais
que ça. Ce n'est pas possible de prendre autant de fonds publics et d'envoyer
autant de signaux comme quoi on cherche à cacher le fait qu'on gaspille
l'argent des gens, parce que c'est ça dont il est question.
Moi, investir dans les infrastructures de
la grande région de la Capitale-Nationale, j'en suis. Puis on est le premier
parti, on est le seul parti, à ma connaissance, à dire : Nous, on est très
ouverts à réinvestir l'argent dans des infrastructures porteuses sur le plan du
transport puis de l'économie dans la Capitale-Nationale. Mais, quand tu es
obligé de cacher les études ou l'information qui rend le projet justifiable, quand
tu es obligé de cacher la personne en charge du projet, c'est parce que tu as quelque
chose à cacher, c'est parce tu n'es pas honnête avec la population. Puis je
pense qu'on va découvrir assez rapidement… Plus les gens vont en apprendre,
plus les gens vont reculer puis vont se dire : Ce projet-là n'a pas de
sens, ne tient pas la route.
Je vois difficilement comment le
gouvernement, à travers les mois prochains, va pouvoir continuer de s'entêter
dans une approche aussi peu transparente, aussi peu génératrice de confiance.
Comment voulez-vous qu'on ait confiance si toute l'information est cachée, puis
qu'on dépense 10 milliards, on claque — c'est ça, le mot, là, on
claque — 10 milliards de dollars, pendant que nos écoles, nos
hôpitaux ont besoin de rénovations, pendant qu'il y a plein de besoins
d'infrastructures? Comment expliquer ça?
M. Laforest (Alain) : En
déposant votre projet de loi, est-ce que vous ne venez pas de dire que le
gouvernement Marois a erré en autorisant Pétrolia sur Anticosti?
Mme Perry Mélançon : Moi, ce
que je peux vous dire, c'est que, présentement, on a trois poursuites
judiciaires de compagnies, dont plusieurs sont installées chez nous, qui
veulent contester des règlements environnementaux qui sont pleinement légitimes
au Québec. Alors, moi, je regarde l'état actuel des choses et je vois qu'il n'y
a pas d'acceptabilité sociale sur le territoire pour ce type de projet. Alors,
c'est vraiment pour une…
M. Laforest (Alain) : …de
contourner ma question. Ce n'est pas ça, ma question, là. Le passé, et le fait
que le gouvernement a autorisé le fait qu'on puisse faire du forage sur l'île
d'Anticosti, puis aujourd'hui vous dites : C'est terminé, les
hydrocarbures, c'est un gros virage, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est le même virage que je vous ai annoncé dans les premières semaines quand
je suis devenu chef. C'est clair, il n'y a pas d'ambiguïté. Méganne milite sans
relâche pour un virage vert, un virage vers une économie verte et juste. C'est
ça que le Parti québécois incarne. C'est sur cette base-là que j'ai été élu
chef, et c'est ça qu'on va faire, puis ensuite…
M. Laforest (Alain) : …une
erreur à l'époque?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Mais, c'est ça, mais je n'étais pas là à cette époque-là. C'étaient d'autres
circonstances et…
M. Laforest (Alain) : …de
critiquer la loi 101, puis vous allez le faire, il y a 30 ans. Moi,
je vous demande est-ce que ça a été une erreur.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Mais justement est-ce que la loi 101, dans la mouture du gouvernement
Marois, telle qu'elle a été proposée, puis ensuite elle a été battue par la CAQ…
Est-ce que c'était une erreur d'inclure ça, de ne pas inclure ça? Moi, je ne
commenterais pas tout l'historique de mon parti et celui des autres. Je vous
dis : J'ai été élu chef avec des orientations limpides sur le plan
environnemental. Le passé n'existe plus. Ce qui est clair, c'est : Nous
sommes dans une démarche décidée vers une économie qui est propre, qui est
verte et qui est juste, et ça veut dire prendre les hydrocarbures et mettre
toute cette filière-là aux poubelles. C'est ça qu'on fait. Il n'y a pas
d'ambiguïté. Il n'y en a pas eu depuis que je suis chef. Il n'y en aura pas. Puis
tout ce qui est le passé, il y a eu plein de gouvernements, de chefs, je ne
commencerai pas à commenter chacune des époques du Parti québécois. Je pense que
nos orientations ne pourraient pas être plus claires que ça, puis c'est là
qu'on s'en va, puis c'est ça qu'on va faire.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Je
n'ai pas compris, là. Vous dites que les règles actuelles… Il n'y a pas
d'acceptabilité sociale. Pourquoi il faut une loi, dans le fond?
M. Bergeron (Patrice) : Alors
qu'il y a deux règlements sur les hydrocarbures qui ont été adoptés assez
récemment…
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…devant les tribunaux, oui.
Mme Perry Mélançon : Bien,
parce que, présentement, tant qu'il y a des activités liées aux hydrocarbures,
et qu'ils sont en mesure de le faire parce qu'ils ont des permis d'exploration…
Nous, ce qu'on veut, c'est… Bon, il y aura des balises à ça. Mais ce que le
CQDE nous confirme, c'est qu'il y a une manière de légiférer de façon tout à
fait légitime et de manière rétroactive. Donc, même les permis d'exploration
qui ont déjà été mis en circulation, et les prochains… et les projets, là,
déjà, d'exploitation, on veut mettre un terme à ces projets-là, en tant que
tel, et à tous les nouveaux projets. Alors, c'est ça, la nouveauté, c'est ce que
le CQDE nous dit.
M. Bélair-Cirino (Marco) : …à
l'État en compensation?
Mme Perry Mélançon : Bien,
nous, on considère qu'il n'y aura pas d'indemnisation, sauf si les lois en
vigueur et les accords internationaux le requièrent. Alors, ça coûtera
seulement à l'État ce qu'une entreprise aura dépensé, des dépenses réelles, et
non pas, là, qu'on ait des profits anticipés, que, là, dans les poursuites, on
puisse, encore une fois, là, faire état de profits qui n'ont pas encore été
réellement engagés.
M. Bélair-Cirino (Marco) : …va
être déposé avant celui que vous nous promettez pour renforcer la langue
française?
Mme Perry Mélançon : Il sera
déposé à l'automne, ce projet de loi là, à la prochaine session. On vient
d'avoir les résultats du rapport de recherche, et le temps qu'on mette tout ça
en branle… mais ça sera fait bientôt.
M. Bergeron (Patrice) : …les
activités de forage et d'exploration sont relativement marginales au Québec,
quand même, mais que, quand même, beaucoup de terminaux qui peuvent être
construits pour emmagasiner, par exemple, du gaz naturel ou… Il y a des
canalisations aussi qui peuvent être encore construites en vertu de la loi
fédérale. Est-ce que votre projet de loi va aussi limiter ce genre d'activité?
Mme Perry Mélançon : Le projet
de loi, vraiment, est sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Donc,
vraiment, on parle ici des projets pétroliers et gaziers.
M. Larin (Vincent) : Moi,
j'aurais une question, peut-être, pour M. Ouellet, sur Desjardins. On
apprend ce matin, bon, que, visiblement, Desjardins ne collabore pas avec les
autorités dans l'enquête, cherche plutôt, peut-être, à se sauver la face.
Est-ce que le gouvernement a des leviers pour forcer la caisse populaire à…
M. Ouellet : Je ne sais pas
si le gouvernement a des leviers, mais je pense que Desjardins doit montrer
patte blanche et collaborer avec les instances qui demandent de la
collaboration. Je veux dire, plusieurs Québécois se sont sentis floués avec le
dossier géré par Desjardins. Les gens attendent des réponses. Et c'est quand
même assez troublant ce matin d'entendre que, malgré les recommandations des
corps policiers, Desjardins en a fait outre et a décidé quand même d'obtempérer,
selon une ligne probablement administrative ou organisationnelle. Mais je ne
comprends pas pourquoi Desjardins a tenté de jouer cette carte-là pour obtenir,
je vous dirais, l'information qu'elle voulait obtenir pour la gérer à l'interne,
alors que la situation était à l'externe de Desjardins, c'est-à-dire que ça
touchait plusieurs Québécois et Québécoises. Donc, je suis extrêmement troublé
et je ne comprends pas pourquoi, aujourd'hui, Desjardins est tout à fait à
l'aise avec les comportements qui sont…
M. Larin (Vincent) : Vous,
vous dites : Il faut que Desjardins montre patte blanche. Mme Anglade
a dit la même chose. Il faut qu'ils soient exemplaires, mais, visiblement, ils
ne le sont pas. Moi, je suis un épargnant dont l'identité a été volée,
qu'est-ce que je dois penser de ça?
M. Ouellet : Bien,
évidemment, si j'étais un épargnant de Desjardins et je vois de la façon dont
ça a été traité… C'est un marché de l'offre et de la demande. Si je ne suis pas
satisfait du service d'une entreprise, je peux aller ailleurs. Ça fait que,
s'il y a des épargnants qui pensent que les pratiques organisationnelles de
Desjardins ne sont pas à la hauteur de ses attentes, il peut aller ailleurs. Cela
étant dit, moi, je pense que Desjardins doit rapidement démontrer toute la
collaboration dans cette enquête-là. Et, surtout, le gouvernement, et je pense
aux corps policiers et aux différents corps juridiques, on a des leviers pour
exiger ou demander… mais, si ça nuit à des enquêtes, je pense qu'il faut faire
la lumière là-dessus.
La Modératrice
: Une dernière
question en français, s'il vous plaît.
Des voix
: …
La Modératrice
: Ça
fait qu'il y a-t-il d'autres questions en français?
Mme Lévesque (Fanny) :
M. Ouellet, sur Air Canada, est-ce qu'Ottawa s'en est fait passer une
petite vite?
M. Ouellet : Oui, je pense
qu'Air Canada en a passé plus qu'une petite vite, là, plusieurs petites vites.
Je vous dirais, souvenez-vous, là, on est en début de crise, les gens avaient
des voyages. On a tergiversé sur les remboursements. Les gens avaient placé
leurs économies. Ça a été long. Il y a eu des négociations. Il y a eu des
protocoles d'entente justement pour le remboursement. Et là on voit des bonis à
la motivation. Encore une fois, Air Canada se fout des règlements, mais surtout
se fout de la population canadienne, en décidant d'opérer, dans un monopole, de
la même façon qu'ils ont toujours faite, «business as usual, it's my pocket
first».
Une voix
: …
M. Ouellet : Oui, bien l'Assemblée
nationale ne peut rien faire puisque ce sont des compagnies canadiennes. Donc,
ce sont des juridictions canadiennes, mais on peut décrier haut et fort ce
genre de comportement là. Et j'espère que le gouvernement du Québec sera à… pas
à l'écoute, mais sera avisé que, lorsqu'il viendra le temps de donner des
subventions, on sera plus serrés sur les conditions, et que les petits
caractères ne soient pas juste en bas de la page, mais qu'ils soient à l'entête,
en disant : Lorsqu'il y a contribution, on s'attend à x, y engagements,
dont les salaires, et voici de quelle façon c'est paramétré. Donc, des fois,
tout est dans les détails, dans les ententes, mais évidemment Air Canada a
utilisé une faille, et malheureusement c'est encore les Québécois… c'est
surtout, je vous dirais, les utilisateurs qui en font les frais.
Une voix
: …
M. Ouellet : Les travailleurs
aussi, oui.
La Modératrice
: Peut-être
une dernière intervention, en anglais ensuite.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je veux juste ajouter un point, c'est qu'en fait, en 2021, là, que des gouvernements
octroient de l'aide financière sans condition, c'est complètement insensé.
C'est vrai pour les paradis fiscaux, c'est vrai pour la protection des emplois
puis c'est vrai pour toute la question des profits qui peuvent être versés aux
actionnaires à même les fonds publics, là. C'est ça qui se produit. Donc, c'est
impensable. Et il est là, le problème. Après, on peut taper sur les compagnies,
mais en fait la source du problème, c'est le gouvernement fédéral qui prend de
l'argent des fonds publics et qui les octroie sans poser de conditions.
Qu'est-ce que vous pensez…
Une voix
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, les conditions n'empêchent clairement pas l'essentiel, que j'ai réclamé à
pareille date l'an dernier, là, durant la course, mais c'est de dire :
Interdiction de faire affaire dans les paradis fiscaux si on veut de l'aide puis
interdiction de prendre des fonds publics puis les transformer en dividendes ou
en bonis pour les hauts dirigeants. C'est facile, mettre ces conditions-là, si
on le veut. Si on ne les met pas, bien, c'est la négligence du gouvernement
dont il est question.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Gamache (Valérie) : …about the prom night, is there any risk at this point that the
youth and teenagers just hold their own parties?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, there is a risk. The risk is that, because there's no
flexibility, because, obviously, we haven't considered all the options that
will allow a prom to be held, to take place in the… while respecting the
sanitary measures, because we're not doing this… There is a very important risk
that students and parents just decide to do their own parties, and that's
something we've seen in the past weeks, in the past days. And, if we do not
come up with something more intelligent, more flexible, I'm afraid that there
will be parties, and those parties will be much more dangerous for public
health than a prom that would be under certain norms.
La Modératrice
:Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 18)