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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Version finale

Thursday, May 13, 2021, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures deux minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour à tous. Très contente d'être accompagnée de ma collègue Hélène ce matin.

Le gouvernement de François Legault va déposer son projet de loi sur la protection de la langue française dans les prochaines heures. Évidemment, je ne pourrai pas commenter un contenu dont je n'ai pas encore pris connaissance. Mais, d'entrée de jeu, je tiens à rappeler que le Parti libéral du Québec souscrit au consensus que nous ayons une responsabilité historique quant à la préservation et la pérennité du français en Amérique du Nord.

La langue française, c'est notre langue commune, mais c'est aussi le socle de notre vivre-ensemble. Et il est évident que des mesures de protection législatives et réglementaires qui doivent être revues et modernisées, ça doit se faire de manière ponctuelle, ça doit se faire de manière régulière, pour affronter les défis auxquels nous sommes confrontés.

C'est dans cet esprit que le Parti libéral du Québec a fait de la langue française la langue officielle du Québec et fait adopter la loi n° 178 sur l'affichage en français. C'est aussi pourquoi, dans les dernières semaines, avec ma collègue Hélène David, nous avons fait des propositions. Nous avons fait 27 propositions par rapport à la pérennité du français, la préservation, sa promotion. Et nombreux intervenants ont dit à quel point ils étaient positivement intéressés par les propositions qui sont faites par le Parti libéral du Québec. Ces mesures, selon nous, répondent aux besoins d'aujourd'hui, tout en préservant les droits de l'ensemble des Québécois.

Maintenant, le gouvernement va proposer aux parlementaires l'étude de son projet de loi afin de moderniser la loi 101. Je voudrais dire ceci au premier ministre du Québec. Quelles que soient les mesures qu'il juge opportun d'inclure dans son projet de loi afin de fortifier le bouclier dont le français a besoin pour assurer sa vitalité, il va trouver un Parti libéral à la fois ouvert et constructif. Je le répète, si la démarche du premier ministre est sincère, si la démarche du premier ministre est inclusive, empreinte d'écoute, d'ouverture, d'empathie, si la démarche du premier ministre tient compte de la réalité de tous les Québécois, alors il va trouver un Parti libéral, encore une fois, ouvert et constructif.

Cependant, on ne souhaite pas que cet exercice-là soit un exercice de division. On veut que tous les Québécois puissent travailler ensemble à faire en sorte que l'on renforce le fait français au Québec et qu'on aille de l'avant ensemble. Le gouvernement a le choix, et je l'invite à unir tous les Québécois. Jean Lesage, qui était un grand premier ministre, disait la chose suivante, et ses mots résonnent particulièrement dans ma tête aujourd'hui, il disait : «Nous ne résoudrons pas nos problèmes en cherchant des solutions qui divisent à une époque où partout des efforts sont faits pour chercher des raisons pour unir.»

La balle est désormais dans le camp de la CAQ et de son chef François Legault. J'espère que nous allons nous unir pour la langue française.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre les questions.

Mme Côté (Claudie) : Mme Anglade, qu'est-ce qui diviserait les Québécois? Vous faites explicitement référence à ça, là, mais…

Mme Anglade : Je veux qu'on aille dans le sens où tous les Québécois vont se sentir interpellés par cet enjeu. Dans les 27 mesures que nous avons déposées, il y a un des principes qui nous guident, de faire en sorte que tout le monde travaille dans la même direction, peu importent ses origines : anglophones, francophones, allophones. Tout le monde s'entend sur le fait français. Alors, je ne souhaite pas qu'il y ait de division, mais je n'ai pas vu le projet de loi.

M. Lacroix (Louis) : ...à la langue française?

Mme Anglade : Pardon?

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que ça prend un ministère dédié à la langue française?

Mme Anglade : Bien, on pense que...

M. Lacroix (Louis) : ...mais est-ce que ça prend véritablement un ministère de la Langue française?

Mme Anglade : Alors, la première chose que je vais vous dire, c'est qu'il y a plusieurs... On peut spéculer sur plusieurs choses qui vont être mises de l'avant aujourd'hui. Donc, je ne pourrai pas commenter chacune des spéculations. Par contre, nous...

M. Lacroix (Louis) : ...

Mme Anglade : Non, non, mais, par contre, dans les 27 propositions, on n'a pas parlé de mettre un ministère de la Langue française. On a parlé d'un commissaire, pourquoi — indépendant, nommé par l'Assemblée nationale — parce qu'on pense qu'on veut justement ne pas fonctionnariser ce rôle-là, puis s'assurer qu'il y ait un organisme indépendant qui soit chargé de faire les observations, de faire les rapports chaque année, puis qu'on puisse vraiment avoir l'heure juste par rapport à ce qui se passe en matière de langue française.

C'est pour ça que nous avons été dans cette direction-là. Sinon, on aurait choisi de prendre un ministère. Donc, on a fait le choix de ne pas aller dans cette direction-là parce qu'on pense que le commissaire va véritablement répondre à cet enjeu, et, par ailleurs, changer l'OQLF puis dire qu'on va lui donner un véritable conseil d'administration puis un véritable moyen de fonctionner également. Donc, ces deux pôles-là, c'est l'approche que nous avons proposée.

M. Lavallée (Hugo) : On parle d'exclusion. Est-ce que, selon vous, de restreindre l'accès à des services en anglais aux allophones… Je ne parle pas des anglophones, là, je parle des allophones. Si on restreint les services en anglais aux allophones, est-ce que ça fait partie de la division?

Mme Anglade : Ce qui est extrêmement important pour nous, c'est les services, qu'ils soient donnés à la communauté d'expression anglaise. C'est extrêmement important pour nous de dire : On va préserver les services à la communauté d'expression anglaise. Et on ne pense pas que ce soit ça qui fasse en sorte que le français ne rayonne pas ou ne puisse pas davantage être promu.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que vous incluez là-dedans les allophones?

Mme Anglade : La communauté d'expression anglaise, c'est 1 million de personnes au Québec. Je parle des 1 million de personnes qui vivent au Québec.

M. Bergeron (Patrice) : Quand vous parlez d'un commissaire plutôt que d'un ministère, c'est parce que vous craignez que ce soit un enjeu qui soit trop politisé?

Mme Anglade : On a besoin d'indépendance sur cet enjeu-là. On a besoin d'avoir un regard externe. On l'a présenté un peu comme une espèce de vérificateur général par rapport à la langue. Ce commissaire, l'objectif, c'est de dire : Il y a quelqu'un qui est nommé aux deux tiers par l'Assemblée nationale, donc une indépendance, et qui fait les études, fait les rapports, présente ça année après année. Ça ne relève pas d'un ministre qui décide si, oui ou non, on va présenter les résultats, c'est indépendant. Le français est suffisamment important au Québec pour qu'on puisse avoir cette distance avec un vérificateur général, mais on l'appelle «commissaire à la langue française».

M. Bergeron (Patrice) : …que vous souhaitez que ce ne soit pas un exercice de division, pourquoi vous dites ça? Vous dites... parce que vous craignez que le gouvernement s'en serve pour...

Mme Anglade : Je veux mettre la barre de manière très claire. On a une opportunité de s'unir. Vous voyez l'ouverture du Parti libéral, on a été ouverts. On a dit qu'on voulait des propositions qui soient audacieuses, qui soient constructives. On a fait part de nos propositions. Je veux qu'on aille dans le même sens, tous les Québécois, par rapport à la langue française. Je ne veux pas de division par rapport à cet enjeu-là. Et je pense que les Québécois sont prêts à avancer collectivement.

M. Lacroix (Louis) : Pour faire un peu de millage sur la question d'Hugo, quelle est l'approche qu'on doit adopter à l'égard des allophones? Je comprends que vous dites : Il faut préserver les droits des anglophones. Mais, à l'égard des gens qui arrivent d'autres pays, qui parlent d'autres langues, tout ça, et qui pourraient être, et qui sont souvent en fait, enclins à se tourner vers l'anglais quand ils arrivent ici, alors quelle approche on doit adopter auprès de ces gens-là? Est-ce qu'il faut avoir des mesures d'encadrement plus importantes pour faire en sorte que ces gens-là finalement se tournent ver le français plutôt que l'anglais?

Mme Anglade : Bien, justement, dans les mesures que l'on met de l'avant, au-delà de la loi dans nos écoles, mais de faire en sorte qu'il y a une francisation qui soit accrue, de faire en sorte qu'on donne les moyens aux gens de ne pas seulement d'apprendre notre langue, mais d'aimer notre langue, d'aimer l'entendre, de l'utiliser, de la promouvoir, d'aider les petites entreprises aussi — il y a ce volet-là, parce qu'on pense aussi que c'est en emploi qu'on arrive à franciser — donc tous ces éléments-là vont dans la direction de dire : Quelqu'un qui vient ici, qui est un allophone, qu'on vous donne tous les moyens d'apprendre le français, je pense que...

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'on doit le contraindre à apprendre le français?

Mme Anglade : Bien, je pense que les gens qui viennent s'installer au Québec doivent apprendre le français. On va mettre toutes les mesures en place pour faire en sorte qu'on puisse le faire.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant les municipalités bilingues, est-ce qu'il serait pertinent, donc, de revoir le statut des municipalités qui n'ont pas 50 % de leurs résidents qui sont anglophones?

Mme Anglade : Encore une fois, je ne vais pas spéculer sur toutes les mesures qui vont être mises de l'avant. Ce que je vais dire, c'est : Pour tout ce qui est des propositions qui sont faites, on veut s'assurer d'une chose, qu'on le fasse de manière à ne pas diviser et de faire en sorte que les services à la population anglophone puissent être maintenus.

Maintenant, les services à la population, dans le domaine de la santé, qu'ils puissent avoir les services qu'ils ont présentement… puis je pense que c'est un principe qui devrait nous guider. Le ministre lui-même a dit que la question des services à la population anglophone était importante et qu'il allait vouloir les maintenir. Dans les motions qui ont été adoptées à l'Assemblée nationale dans les derniers mois, on a nous-mêmes ajouté cet élément de services à la population pour la communauté d'expression anglaise, avec l'accord du gouvernement. Donc, on souhaite que ce soit toujours le cas.

M. Bergeron (Patrice) : M. Fortin, hier, disait que ce n'était pas une priorité pour le parti, là, la question des municipalités bilingues. Mais, si on pense plus spécifiquement… les services dans les municipalités, non pas santé, éducation… Mais est-ce que, par exemple, le compte de taxe va être en anglais? Quand on appelle quelqu'un à une municipalité, est-ce qu'il faut absolument qu'il y ait quelqu'un qui puisse parler anglais aux citoyens?

Mme Anglade : Je ne vais pas rentrer dans les détails de tout ça. Aujourd'hui, il y a des services… Et on aura l'opportunité de faire l'étude article par article au moment opportun. Mais aujourd'hui il y a des services qui sont offerts à une population d'expression anglaise qui compte environ 1 million de Québécois d'expression anglaise sur 8 millions. Ce que l'on dit, c'est que ces services-là, on veut s'assurer qu'ils soient maintenus, notamment dans le domaine de la santé.

M. Lavallée (Hugo) : …de diviser. Il y a des municipalités qui ont des statuts bilingues depuis des années. Les chiffres ont bougé un peu, mais, pour eux, il y a comme un compromis historique à pouvoir garder leur statut bilingue. Est-ce que ça ne vient pas déchirer…

Mme Anglade : Tout va être dans l'approche. Et surtout qu'est-ce qu'on essaie de faire? Qu'est-ce qu'on essaie de faire aujourd'hui avec la loi qui va être mise de l'avant? Ce qu'on veut s'assurer de faire, c'est de promouvoir le français, le protéger, faire en sorte que les gens aiment la langue et qu'ils soient nombreux à l'adopter, à la parler… la qualité de la langue. Ce sont les éléments, les principes qui devraient nous gouverner. Alors, toutes les mesures qui devraient être proposées devraient faire en sorte qu'on aille dans cette direction-là. Quand je parle de division, peut-être qu'il y a des batailles qui vont faire en sorte qu'on va se diviser, alors que ce n'est pas nécessairement… l'objectif ultime ne sera pas atteint.

M. Lacroix (Louis) : Je ne sais pas, vous allez penser que c'est un peu étrange comme question, mais, en 2012, le Parti québécois avait flirté avec l'idée d'imposer la loi 101 dans les CPE. Nicole Léger, qui était ministre de la Famille à l'époque, est arrivée avec ça. Finalement, la communauté anglophone s'était élevée contre ça, et Diane De Courcy, qui était ministre de l'Immigration, a dû reculer à un certain moment. Mais l'idée derrière ça, c'était de dire : Quand les personnes allophones arrivent au Québec, souvent, elles vont se tourner vers des garderies anglophones pour les enfants. Est-ce que ça va trop loin ou si est-ce que c'est quelque chose qu'on devrait justement, peut-être, envisager, compte tenu du fait que la loi, actuellement, pour les enfants, commence à partir de l'âge scolaire?

Mme Anglade : Oui, puis que ce n'est pas obligatoire non plus d'aller en CPE, est-ce que c'est ça qui fait en sorte qu'aujourd'hui on ne parle pas suffisamment le français au centre-ville de Montréal? Est-ce que c'est ça, aujourd'hui… À quel problème… Moi, je pense que chacune des mesures que l'on met de l'avant, puis c'est l'exercice auquel on s'est prêté, répond à une problématique réelle à laquelle on essaie de trouver une solution.

Alors, à quelle problématique est-ce que ça répond? Les enfants, quand ils vont à l'école, qu'ils se francisent dans nos écoles primaires et secondaires, c'est là qu'on voit l'effet réel de la loi 101. Donc, je ne sais pas si ça répond à un besoin réel, mais encore une fois… Elle n'est pas étrange, votre question. Mais, dans toutes les propositions qui sont adoptées ou qui sont proposées, il va falloir qu'on regarde en quoi est-ce que ça répond à un problème que nous avons aujourd'hui.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre les questions en anglais.

M. Grillo (Matthew) : Good morning.

Mme Anglade : Good morning.

M. Grillo (Matthew) : What are you concerned about specifically in this bill, or that may come out in this bill, that could be divisive?

Mme Anglade : So I don't know. I don't know what I don't know. We haven't seen the bill. However, I think it's a principle that should guide us. We are in favor of making sure that the French language is really… is reinforced with the support of all communities, and in the English community as well. But we want to make sure that one thing is clear: services to the English community are being maintained. That's really critical. Those are the principles that are guiding us.

And sometimes we know that the Government comes up with policies that are not necessarily inclusive. The message that we're sending is: if the Government is genuine and if the Government wants to move forward with something that's going to build consensus, that's going to motivate the different communities, we are in favor. But, if they want to divide the population on certain aspects, I think it would be a bad idea. It would be a very bad idea.

M. Grillo (Matthew) : Do you think, if the Government brought forward a part of the bill… let's say, would include removing the bilingual status of certain municipalities, do you think that would motivate Anglophones to want to promote French?

Mme Anglade : I honestly believe that... Again, what problems are we trying to fix? What issues are we trying to fix? If they decide to go down this path, what is it that they're trying to fix? And what is critical for us, what is critical for us is that services that are offered today to the anglophone community, which represents about a million Quebeckers, they are maintained. That is really the guideline that we're going to operate…

M. Grillo (Matthew) : Do you think that's the only point in this bill that could potentially be divisive when we talk about specifically the anglophone population?

Mme Anglade : It's hard for me to know because I haven't seen the bill. And that's why I think we need to be guided by principles. A lot of people, including the anglophone community, they understand the need for French. They understand the need for people to get more exposed to the French language, to learn, to be more fluent in French. The anglophone community is not opposed to that. But I think we need to take the momentum that everybody realizes that's important, that we're all in the same boat and that we do something that is... that we do this together not in a divisive way.

La Modératrice :Merci beaucoup.

Mme Anglade : Merci.

(Fin à 8 h 17)

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