(Neuf neures deux minutes)
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Merci d'être là ce matin. Aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle une
interpellation. C'est comme une période de questions, et surtout c'est un
moment pour s'assurer que le gouvernement rende des comptes. Et, s'il y a un
dossier sur lequel le gouvernement ne rend absolument des comptes à personne, c'est
bien le dossier du transport en commun dans la région de Montréal. Et on parle
évidemment du Réseau express métropolitain, où le gouvernement a
essentiellement abdiqué ses responsabilités en matière de planification, et de
développement, et de financement de transport. Quoique, pour le financement, on
va certainement passer à la caisse, comme Québécois et Montréalais.
Alors, cet exercice-là est fort important,
parce que, nous, ce qu'on craint, au Parti québécois, c'est qu'à un moment
donné il se développe, dans la culture populaire, une expression : On s'est
fait passer un REM, dans la mesure où, aujourd'hui, là, on n'a aucune idée de
la façon dont les Québécois vont finalement payer pour des décisions qui ont
été prises en vase clos par la Caisse de dépôt et de placement, Infra, qui est
maître d'oeuvre du projet et qui a essentiellement reçu les clés de la ville
par le gouvernement libéral, avec la bénédiction maintenant du gouvernement de
la CAQ, et ça, c'est inquiétant.
C'est inquiétant parce que ça se fait en
toute opacité. Ça se fait aussi à une vitesse grand V. Le premier REM, le REM
initial, n'est pas encore complété qu'on a annoncé un deuxième, un troisième et
un quatrième REM. On a vu, dans le dépôt du dernier budget, que les chiffres ne
correspondaient pas aux annonces qui ont été faites. On a posé des questions. On
a dit : Bien, effectivement, il y a un 2 milliards, 2 milliards
de dollars, qu'on ne sait pas trop, trop, là, à quoi il va servir, mais il est
inscrit au PQI.
Donc, il est important qu'on s'intéresse à
la question. Il n'y a jamais des projets d'infrastructure en transport public,
puis des projets d'infrastructure en général, d'une telle ampleur qui ont passé
outre à tout examen public, et ça, c'est particulièrement inquiétant.
Le dernier élément, c'est que le transport
en commun, évidemment, là, c'est d'abord et avant tout pour desservir une
population, et cette population-là, là, elle n'est pas au courant du projet
qu'on leur propose. Elle n'est pas mise à contribution. On ne sait pas encore
si sa voix pourra être entendue. Et le projet de REM… et on va se concentrer
aujourd'hui sur la portion de l'est de Montréal, où la population,
actuellement, a de grandes inquiétudes sur, bon, le tracé, sur le mode de
transport qu'on a choisi, par exemple le mode aérien, sur la cicatrice qu'il va
créer dans la portion est de la ville, le long de la rue Notre-Dame, notamment
là où les gens habitent. C'est leur milieu de vie qu'on va transpercer et leur
coeur, également, qu'on va atteindre, et ça, il faut en tenir compte. Et,
visiblement, ce n'est pas l'intention du gouvernement à l'heure actuelle, et
encore moins de la CDPQ.
Donc, on a des questions à poser sur la
gouvernance, sur le financement, sur l'intégration du REM dans l'environnement
urbain, le tracé, la technologie utilisée et, bien entendu, la participation
populaire à un projet qu'on voudrait positif, qu'on voudrait voir se réaliser,
oui, dans les délais les plus courts, mais avec des objectifs qui soient… qui
correspondent aux besoins et aux attentes de la population. Alors, c'est
l'exercice auquel on va se prêter tout à l'heure.
Si vous avez des questions, je suis prêt à
les entendre et à y répondre.
M. Bergeron (Patrice) : …sur,
donc, l'interpellation de ce matin, bon, on sait qu'il existe déjà un modèle
d'affaires, pour la caisse, pour ce qui est de la première phase du REM, celle
qui est en réalisation actuellement. Pour les autres phases, là, qui sont
encore en voie d'exploration, on ne sait toujours pas quel sera le niveau de
redevances qui sera versé, par exemple, par le gouvernement. Est-ce qu'il ne
serait pas le temps, par exemple, puisqu'on veut plus de transparence, de
convoquer en commission parlementaire le président de CDPQ Infra, par exemple,
et non pas le grand patron de la caisse, mais plutôt le président de CDPQ
Infra?
M. Arseneau : Votre question
est exactement dans le sens de la proposition que j'allais faire tout à l'heure
à la ministre Rouleau, qui sera présente lors de l'interpellation. En
fait, je voulais me réserver le punch pour tout à l'heure. Mais je pense que le
temps est venu, en termes de reddition de comptes, de faire asseoir le
dirigeant de CDPQ Infra pour pouvoir aller au fond des choses, parce que, je l'ai
dit, l'ampleur des investissements et les impacts que ça va avoir à court,
moyen et long terme… On parle de contrats, à la CDPQ, pour 198 ans. On est
pieds et mains liés à ce que la CDPQ va vouloir faire au cours des deux
prochains siècles. Est-ce qu'on peut en parler un petit peu devant les élus de l'Assemblée
nationale? Je pense que c'est... On a beaucoup trop attendu pour le faire.
Nous, on en fera la demande aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que, dans une hypothèse où on verserait le même niveau de redevances pour le gouvernement,
par exemple, au kilomètre ou au nombre de passagers, que ce qui est déjà versé
pour la première phase, pour ce qui est des autres phases, qu'on reporte le
même modèle, ça serait acceptable? Il s'agit quand même de milliards de
dollars, sur des dizaines d'années, en redevances pour que la caisse arrive à
atteindre son niveau de rentabilité.
M. Arseneau : Bien, c'est ça,
le modèle d'affaires de la CDPQ, c'est de faire un rendement de 8 %. Et,
pour s'en assurer, on a multiplié par quatre les redevances par passager par
kilomètre parcouru, si on compare avec le projet de Vancouver, par exemple. Et,
si, dans les phases II, III et IV qu'on veut développer, on va encore augmenter
la redevance, bien, évidemment, il y a quelqu'un qui va payer pour ça, ça va
être, d'une part, le passager, bien entendu, d'autre part, le gouvernement du
Québec. Et, plus généralement, l'ensemble de la planification du transport
collectif, transport en commun, à Montréal, va certainement écoper, parce qu'on
va avoir un effet de drainage de toutes les sommes vers la CDPQ. C'est, du
moins, ce qu'on craint.
Alors, il faut qu'on nous démontre le
contraire. Si toutes les sommes qui sont disponibles pour le transport en
commun à Montréal sont drainées vers les axes du REM, mais comment on va
développer des réseaux d'autobus, comment est-ce qu'on va prolonger le métro, comment
est-ce qu'on va s'assurer que les zones qui ne sont pas desservies par le REM
soient quand même desservies en matière de transport en commun? Ça, c'est une
inquiétude qui a été exprimée dans l'espace public à plusieurs reprises, à laquelle
on n'a pas pu répondre, et ça, c'est préoccupant.
Donc, si vous me dites : Le modèle
actuel, à 0,72 $ du kilomètre par passager par jour, est-ce qu'il devrait
augmenter… En fait, moi, je me pose même la question si, aujourd'hui, là, ce
montant-là qui est venu de nulle part, qui a été imposé par la CDPQ, est-ce que
c'est assez, est-ce que c'est trop? Est-ce qu'effectivement ça va créer ce
qu'on craint, c'est-à-dire une absence de revenus ou de ressources financières
pour tout autre projet? C'est le genre de question qu'on voudrait poser,
effectivement, à la fois au gouvernement... mais j'espère qu'il s'est posé les
questions. Mais, s'il a posé des questions et obtenu des réponses de la part de
la CDPQ, nous, on n'en a aucune idée, et ça, c'est inquiétant, c'est troublant.
M. Bergeron (Patrice) : Si
vous me permettez, en matière de vaccination, puisque vous êtes aussi
porte-parole en matière de santé, il y a eu une annonce hier, là, pour ce qui
est d'enfin débloquer la vaccination pour les personnes vulnérables, malades,
maladies chroniques, etc. Et aussi on a eu quelques indications en ce qui a
trait à la vaccination de masse. Quelle est votre évaluation du plan qui a été
ébauché et exposé hier par le gouvernement?
M. Arseneau : Bien, je vous
dirais que l'annonce d'ouverture de la vaccination aux personnes les plus
vulnérables, j'entends ici les personnes vivant avec un handicap, avec un
trouble du spectre de l'autisme ou avec une déficience intellectuelle, est en
retard d'au moins six semaines. Ça, c'est un fait. On avait demandé au ministre
Dubé, dès le départ, de considérer les personnes les plus vulnérables. Il nous
avait dit : Je suis pris, là, avec une liste qui a été déposée par la
Santé publique, l'INSPQ, si je me souviens bien. Il parlait de la liste de
décembre dernier, et c'était le carcan duquel il ne pouvait s'extirper, mais il
avait beaucoup d'empathie, disait-il, pour ces personnes. Et finalement, dans
les jours qui ont suivi, on a ouvert la vaccination à ces personnes-là, mais seulement
celles qui vivent en institution, en ressources intermédiaires, et ça a pris
six semaines pour l'annonce d'hier.
Donc, l'annonce d'hier, elle était
attendue. C'est une décision qui est la bonne. Simplement, selon nous, elle est
venue beaucoup trop tard, même chose pour les personnes vivant avec une maladie
chronique, où, encore une fois, pour revenir à la liste, on a dit : On a
cette liste et il faut s'y conformer. Et, quand on est arrivés à la catégorie
8, mais on a décidé de la segmenter, une partie des personnes que j'ai nommées tout
à l'heure, des personnes vulnérables, une partie des personnes vivant avec une
maladie chronique, mais seulement celles qui sont hospitalisées ou qui ont un rendez-vous
avec leur médecin, et selon une certaine liste qui était plus restreinte.
Alors, on nous dit aujourd'hui :
Bien, c'est parce qu'on n'avait pas suffisamment de vaccins, alors qu'il y a
six semaines on nous disait : C'est parce que la liste est telle qu'on ne
peut pas la modifier, et, encore une fois, je dirais, des décisions qui sont
prises sur le plan politique, parfois sous couvert de directives de la Santé
publique, puis c'est encore confus. Puis ce n'est surtout pas suffisamment
clair pour les populations qui, elles, sont en attente de ces décisions-là puis
qui vivent une anxiété depuis plus d'un an.
Alors, juste le fait qu'on reporte d'une
semaine la prise de rendez-vous pour les personnes vivant avec un handicap, un
TSA ou une déficience intellectuelle, c'est une semaine de plus à attendre, une
semaine de trop. Bien évidemment, c'est facilité aujourd'hui par l'arrivée des
vaccins Pfizer, qui augmenteront, ça, on en convient, mais on pense que, de ce
côté-là, on n'a pas été à l'écoute. Puis, quand on utilise le mot «empathie» à
toutes les trois phrases aujourd'hui, bien, on aurait pu le faire il y a six
semaines.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …the vaccination, quickly, M.
Paré yesterday said to Quebeckers that they'll get their second dose of vaccines during summer that
it's a privilege. I mean, don't you think it's a lack of empathy for those
people, those workers that have only two weeks, for example, of vacation, and
they will have maybe to not go on vacation because they have to specially take
their dose at that moment? Is that a lack of empathy from M. Paré?
M. Arseneau : I don't know if I would call it a lack of empathy, but it certainly
causes a problem. After the year that we've all gone through, and, especially,
you know, the workers, vulnerable people, now, to put one more burden upon
them, saying that, you know : Not only have you sacrificed part of your
year, and your social contacts, and whatever, but you'll have to sacrifice your
holidays in order to get your shot, that is a bit much to ask.
So what we asked… I think,
it's two weeks ago, I talked to Mr. Paré and said : You know, people
need to take a holiday, people need some kind of flexibility, and will you
allow these appointments to be changed in order to accommodate the people who
have given a lot in the past year? I didn't get any answer at that point. The
answer that you were given yesterday is insufficient and disappointing.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Mme Anglade will be… this
morning. I think she's putting out 27 propositions on the French language. What
do you think about that?
M. Arseneau : Well, we'll wait and see. It's about time that the Liberal Party, you know, takes good care of
the French language and Bill 101. They've always resisted any of our proposals.
So we're eager to look at what proposals they have. And, if they have evolved
in that file, you know, to come up with proposals, we'll certainly work
together if some of their proposals meet our own. So it looks like, you know, we're building a consensus in
Québec society that things need to be done. So now the burden will be upon the
CAQ Government to make a move after two and a half year of making all of Québec
wait for these strong measures that they say they will take, and we still have
no idea what they're going to be.
M.
Verville (Jean-Vincent) : One more, last question. What
are you hoping to hear from the announcement this afternoon? I think, it's
preventing violence against women.
M. Arseneau : Well, they've already leaked some of the information, more than $200 million
towards the cause. It's about time. We were asking for strong measures in the
last budget. We saw the reaction. People were outraged that, you know,
basically, the money didn't come with the words. So they changed their mind
days after the budget, added more money. Today, we'll see what it is and where
it's going to go, how it's going to be distributed.
So it's certainly good to
know that, finally, voices of all these women, all these community groups and
all of us have finally been heard. And people will appreciate the announcement
today. And, hopefully, the Government will not only announce a certain number of measures and money, but,
hopefully, the money will trickle down to the organizations quickly, because,
the last time, there was an announcement when it came to helping women's
shelters, it took months and months to get that money and get things going. So,
hopefully, today, not only will we be announcing money, but we will be
announcing quick action on the ground.
M.
Verville (Jean-Vincent) : Quickly, on the interpellation, M. Arseneau,
what are you going to say, ask, propose today?
M. Arseneau : Well, we want answers, people want answers. People from the East of
Montréal are eager to find out
what exactly they're up against, will there be a community transit system that
will meet their needs without taking out away some parts of their environment
or quality of life, how much it's going to cost to not only to the commuters, but also to Québec in the long run, how they're going to go about, you know, putting
together this project with other organizations that seemed to be, you know, put
away in the process. It seems like the Caisse de dépôt
et de placement has the keys of the city to decide what
they want, at what cost, in, you know, what way, and this is worrisome.
So today is basically
asking the Government to be
transparent. And, if they don't have the answers, that's going to be even more worrisome, because,
you know, we need to know where the money goes, and to what means, and with
what effect. And I think the population should not only be informed, but their
point of view should be taken into account, and we still don't know if it will
be that way.
M. Verville (Jean-Vincent) : Merci
beaucoup.
M. Arseneau : Merci.
(Fin à 9 h 18)