(Neuf heures vingt-cinq minutes)
Mme Dorion : Salut, tout le
monde. Je m'en vais en interpellation tantôt. Je devrais, comme bien du monde,
être supercontente que le projet de tramway ait débloqué puis qu'on puisse
aller de l'avant, en tout cas, c'est ce qui semble être avancé dans les médias.
Et, oui, je suis contente, sauf que j'ai quand même quelque chose en travers de
la gorge et je reste insultée.
Je pense que les citoyens de Québec, et là
je parle même au-delà de mes concitoyens dans Taschereau, ont le droit de
savoir qu'est-ce qui a fait qu'on a perdu, avec tout le niaisage, là, de la CAQ,
depuis son élection, par rapport au projet de tramway, qu'est-ce qui a fait
qu'on a perdu environ un an, à peu près 100 millions de dollars en retard,
en brettage, en niaisage?
Il y a eu plusieurs arguments invoqués. Il
y a eu l'argument que le fédéral ne donnait pas le financement. On a vu que
c'était n'importe quoi. Il y a eu l'argument que ça ne va pas assez dans les
banlieues. On a vu que c'était n'importe quoi. Et là le seul argument qui
reste, c'est celui qu'ils ont avancé quand ils ont dit : Bien, c'est dans
le caucus, c'est dans les discussions de caucus, c'est entre les ministres que,
là, il y a eu de la grogne.
Je pense que, comme citoyens de Québec,
puis je pense particulièrement aux citoyens de Charlesbourg... moi, j'ai vécu
10 ans à Charlesbourg, je connais pas mal de monde là-bas, et tout le
monde à Québec se demande qu'est-ce qui s'est passé. Qui a dit : Je ne
veux pas que ce projet-là marche? Qui, dans le caucus de la CAQ ou parmi les
ministres, a dit : Non, ça n'ira pas à Charlesbourg, non, ça n'ira pas à
Cap-Rouge? C'est des banlieues pourtant.
C'est-u Jonatan Julien qui fait passer ses
anciennes petites guéguerres avec le maire avant les intérêts des citoyens de
Charlesbourg? C'est-u ça? Si c'est ça... ce n'est peut-être pas ça, mais, si
c'est ça, les citoyens de Charlesbourg sont en droit de savoir, et on a
absolument besoin de savoir.
Est-ce que c'est Éric Caire, le vieux
militant anti-transport en commun, l'ancien chroniqueur à Radio X qui criait :
No way, tramway, qui a une trop une grosse voix dans le caucus? C'est-u ça? Si
c'est ça, les gens de Québec, les gens de La Peltrie ont le droit de
savoir.
C'est-u la ministre Guilbault qui n'a pas
pris son leadership de ministre de la Capitale-Nationale puis qui a laissé des
petites games personnelles jouer avant... ou des dogmatismes anti-transport en
commun jouer avant les intérêts des citoyens de Québec? Ça, je pense aussi que
les citoyens de Québec sont en droit de savoir, particulièrement les citoyens
des banlieues, qui ont donné une telle force au gouvernement de la CAQ aux
dernières élections et qui... On l'a vu à Cap-Rouge, il a fallu que le comité
citoyen sorte pour dire : Bien, nous, on défend les intérêts des citoyens
parce que notre propre ministre de la Capitale-Nationale et députée ne le fait
pas.
Alors, c'est ça que je vais aller
investiguer en interpellation. Comme d'habitude, je suis certaine que je vais
avoir une réponse claire, précise, avancée, mais... Voilà.
Mme Prince (Véronique) :
Donc, vous pensez que c'est la politique qui a coûté 100 millions de
dollars de plus...
Mme Dorion : Je me pose la
question c'est quoi. Puis je pense qu'il faut le demander. Il faut que vous le
demandiez à chacun des députés de la région de Québec. Il faut que nous, on le
demande à chacun des députés de la région de Québec. C'est le seul argument qui
est resté puis c'est l'argument qu'ils ont donné en dernier : Écoutez, ça,
c'est passé dans le caucus. Bon, bien, c'est qui? Les citoyens de Charlesbourg
ont perdu leur portion du tramway. Ils ne savent pas à quoi s'attendre. Est-ce
que leur député s'est battu pour eux? Qu'est-ce qu'il a dit? Pourquoi ils
n'auraient pas le droit de savoir, tu sais?
Journaliste
: Le tracé
pour l'instant propose de s'étendre de Saint-Roch jusqu'à D'Estimauville. On ne
connaît pas encore les impacts environnementaux à ce niveau-là. Croyez-vous
qu'on doit avoir de nouvelles audiences du BAPE?
Mme Dorion : Je n'ai pas suivi
de près cette portion-là depuis que c'est sorti. Moi, je laisserais le bureau
de projet voir où est-ce qu'ils en sont. Ça fait 20 ans que ce projet-là
est en marche et ça fait trois ans qu'il est en marche de façon extrêmement
concrète avec, contrairement à ce qu'ont dit certaines radios, beaucoup de
consultations auprès des citoyens de la ville. Il y a des choses qui ont été
prises en compte dans les consultations, il y a eu une grande ouverture. Là
est-ce qu'il faut voir... Je ne peux pas vous répondre, là. Je poserais la
question au bureau de projets.
M. Gagnon (Marc-André) : Le gouvernement
du Québec, là, en fait, le ministère des Transports, donc, promet de prendre
sous son aile toute la desserte des banlieues nord, dont Charlesbourg. Est-ce
que vous pensez que c'est une bonne idée, là? Ce qui est dans l'air, c'est
qu'ils veulent s'inspirer de ce qu'ils ont fait à Montréal avec le réseau de
voies réservées dans la métropole puis de faire ça sur les principaux axes
routiers de la capitale.
Mme Dorion : J'ai hâte d'en
savoir plus. Mais là on a du monde qui manifestement, d'après ce qu'ils nous
ont montré depuis qu'ils sont élus, connaissent très mal le dossier de
l'achalandage à Québec, de pourquoi les gens ne prennent pas le transport en
commun plus que ça, de qu'est-ce qui va faire qu'ils vont le prendre, à quel
coût, et tout ça. Et on a à côté une tonne d'experts, de professionnels, un
bureau de projet qui travaille de façon extrêmement professionnelle depuis des
années, qui a ces réponses-là. Personnellement, je fais beaucoup plus confiance
aux deuxièmes. Et j'ai l'impression, personnellement, que ce n'est pas une
bonne idée. Ceci dit, laissons la chance au coureur. S'ils arrivent avec un
truc extraordinaire qui va augmenter l'achalandage dans le transport en commun
et faire une réelle différence, tant mieux.
M. Gagnon (Marc-André) : Un
des dossiers dans lequel on n'a pas encore beaucoup de réponses, en tout cas,
il reste encore plus de questions que de réponses, c'est celui du troisième
lien, qui doit aboutir aux portes de votre comté qui est Taschereau. Est-ce que
votre position a évolué par rapport à ça, à partir du moment où ils disent :
Bon, il va y avoir une place importante au transport en commun, et le troisième
lien sera très fortement intégré, imbriqué à celui de tramway?
Mme Dorion : S'ils voulaient
faire un lien, un troisième lien qui était uniquement du transport en commun,
là il y aurait un super beau développement du centre-ville de Québec dans
l'endroit où ça va déboucher, et du centre-ville de Lévis. Ça pourrait faire
quelque chose d'extraordinaire, honnêtement. Et ça, moi, je serais pour,
j'appuierais ce projet-là. Puis, par contre, de ramener une autoroute, de
ramener une sortie d'autoroute, de ramener ce genre de projets qui ont brisé la
ville de Québec et tout particulièrement le centre-ville...
Tu sais, quand on entend parler les
citoyens quand ils viennent s'exprimer, là, par rapport au développement de la
ville de Québec, les citoyens du centre-ville, c'est des citoyens qui se sont
fait voler un quartier parce qu'il y a une autoroute qui passe à travers, qui se
sont fait voler un quartier parce qu'il y a une autoroute qui passe à quelques
mètres, finalement, ça a défait la ville en petits morceaux, qui ont beaucoup
de difficulté à passer sans avoir une automobile d'un bout à l'autre.
Et là la ville de Québec change, ce n'est
plus la ville de Québec d'il y a 10 ans. Le monde, à Québec, veut pouvoir
se promener dans des places qui sont agréables, qui ne sont pas vroum! vroum!
des gros boulevards où tu n'es plus capable d'avoir du plaisir à vivre ta
ville.
Ça fait que je suis avec ces citoyens-là,
moi. Je ne veux pas qu'on ne soit plus capable de marcher à Québec, de faire du
vélo à Québec. Il vient d'avoir quelqu'un qui est mort, là, récemment, dans les
derniers jours, à cause qu'un accident. Il faut que ce soit sécuritaire,
agréable.
Et une autoroute, une sortie d'autoroute,
plus de trafic, du développement urbain qui fait que des milliers d'automobiles
supplémentaires arrivent dans le centre-ville chaque matin et repartent chaque
après-midi, ça, ça va contre toute idée de la qualité de vie. Ça fait que je ne
comprends pas. Les pays les plus avancés dans le monde sont en train de prendre
une direction inverse à ce que la CAQ fait avec son idée de troisième lien.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, troisième lien, là, juste pour clarifier, qui serait 100 % transport
en commun, vous dites : Moi, je serais pour.
Mme Dorion : Oui.
La Modératrice
: On
prendrait une dernière question en français.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, moi, j'aimerais juste vous parler de la vaccination dans les entreprises,
parce qu'il va en être question aujourd'hui, là, on le lance avec l'entreprise
CAE. Est-ce que vous pensez que les grosses entreprises, là, devraient faire
preuve de leadership et toutes offrir la vaccination à leurs employés s'ils ont
déjà du personnel médical sur place?
Mme Dorion : Bien, ça serait
une bonne idée, s'ils respectent l'ordre. Parce que, là, il y a une question de
disponibilité de vaccins. Il faut que les gens les plus à risque soient
vaccinés en premier. Mais, si les entreprises ont envie de servir le public,
ils peuvent vacciner leurs propres employés qui sont dans la tranche d'âge, là,
qui passe en ce moment. Ils peuvent même ouvrir leurs portes à d'autres
personnes, puis dire : Sur notre lieu de travail, pourquoi pas.
M. Bossé (Olivier) : …j'ai
une question sur le principe de l'interpellation. Vous l'avez même évoqué, vous
l'avez déjà bien montré que vous ne croyez pas à l'importance ou l'intérêt du
résultat que ça donne. Vous allez faire quoi, ce matin? Votre but, est-ce que c'est
de prendre Mme Guilbault en défaut ou... Tu sais?
Mme Dorion : Il y a bien des
moments à l'Assemblée nationale, j'en ai vécu un hier, où il y a une pétition
de 13 000 personnes qui demandent à ce que les loyers des RPA ne
soient pas augmentés, puis on a demandé d'avoir un mandat d'initiative, puis ça
n'a rien donné, puis c'est tout, tu sais? 13 000 personnes, l'effort de
ceux qui ont fait signer la pétition, tout ça aux poubelles. Ça, là, c'est un
exemple de ce qui se passe, je dirais, peut-être… en tout cas, très, très, très
souvent à l'Assemblée nationale. Tantôt, ça va ressembler à ça, mais ça va être
filmé. C'est déjà ça.
Qu'est-ce que j'espère? C'est une très
bonne question. Mais j'ai toujours espoir que, dans le cerveau de la personne
qui m'écoute, même si c'est une ministre briefée puis qui dit : Tu ne vas
pas là, tu fais ça, tu fais ça, il y ait un déclic. J'ai toujours espoir dans
la capacité des mots de changer la rigidité d'une personne politique habituée à
se fermer puis que, même si elle ne me le montre pas, peut-être qu'au fond
d'elle il va y avoir quelqu'un en dedans qui va dire : Eh! il faudrait
faire attention puis ne pas trop aller là parce que ça va barder si on va là.
M. Bergeron (Patrice) :
Dans la terrible l'affaire qui s'est passée cette semaine à Joliette, on
apprend que le syndicat a aussi sa version des faits et là veut défendre ces
deux infirmières là qui, apparemment, étaient des professionnelles bien
dévouées qui avaient même été... il y en a une qui avait même été assignée à
s'occuper, donc, des Attikameks. Est-ce qu'on n'a pas jugé un peu trop rapidement
dans leur congédiement? Qu'est-ce que votre parti et qu'est-ce que vous en
pensez?
Mme Dorion : C'est sûr
que, là, on a une version, on a une autre version. C'est difficile, pour nous
comme pour vous, de savoir. Si on avait été là, on aurait peut-être même...
Moi, en tant qu'artiste, ça m'arrive de voir des situations où je dis : Je
comprends telle et je comprends telle. Elle s'est sentie méprisée, et l'autre,
non.
M. Bergeron (Patrice) :
...malentendu.
Mme Dorion : Oui, ça
pourrait être ça. Mais je ne sais pas, je n'étais pas là. Peut-être que ce n'est
pas un malentendu puis que... Bon, on ne le sait pas. Donc, ne le sachant pas,
quand quelqu'un dit : Je crois avoir été victime de racisme, j'ai
souffert, si c'est à moi qu'on le dit, moi, je m'excuse instantanément, même si
ce n'était pas mon intention.
Donc, comme parti, oui, de présenter nos
excuses, de dire : Désolé, on ne veut pas ça, ce n'est pas quelque chose
qu'on souhaite, je pense que c'est une bonne chose. Mais, oui, il faut savoir
le fond de l'affaire puis il faut aller voir un peu plus loin à chaque fois
puis ne pas se pitcher sur la première nouvelle qui sort parce qu'on sait qu'il
y en a d'autres qui sortent après.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Gagnon (Marc-André) :
Dernière petite question. Bon, vous êtes vous-même maman. Dans les derniers
jours, il y a des gens, notamment qui travaillent pour une certaine station de
radio, qui ont reproché à Mme Guilbault d'avoir raconté à Ève-Marie Lortie
qu'elle se trouvait chanceuse d'avoir pu compter sur l'aide de ses parents pour
faire garder son enfant. Vous pensez quoi de ça, qu'on lui ait reproché ça en
laissant entendre qu'elle avait enfreint les règles, ce qui n'est pas le cas, finalement?
Mme Dorion : Ce n'est pas
professionnel de la part de gens qui oeuvrent dans les médias de faire ça. Ils
savent c'est quoi, la situation sur le terrain. Que Mme Guilbault ait
besoin de ses parents, évidemment, elle est ministre. Puis elle a probablement
fait comme on a tous fait, le plus attention possible.
Après, Mme Guilbault, si on veut la
critiquer, pourquoi on ne la critique pas sur son leadership dans le tramway? C'est
superimportant. Personne ne l'a mise face à ça, c'est... Elle, si ce n'est pas
elle, qu'elle le dise, puis, si c'est elle, qu'elle le dise. C'est notre ministre
de la Capitale-Nationale, puis on dirait qu'elle laissait le leadership se
faire par je ne sais pas qui. Ou elle avait un leadership complètement négatif
puis elle voulait priver ses citoyens d'un truc qu'on attend depuis 20 ans.
Je trouve ça... Je ne comprends pas qu'on n'ait pas trouvé c'est quoi, le fond de
l'affaire. Il faut aller chercher ça.
La Modératrice
:
Génial. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 36)