(Onze heures deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à cette conférence de presse de la Vérificatrice
générale du Québec, qui présente le tome de mars 2021 de son rapport à l'Assemblée
nationale. Mme Guylaine Leclerc est accompagnée aujourd'hui d'Alain
Fortin, directeur général d'audit, et de Christine Roy, sous-vérificatrice
générale. Mme Leclerc, la parole est à vous.
Mme Leclerc (Guylaine) :
Merci. Alors, mesdames, messieurs, bonjour. C'est avec plaisir que je suis avec
vous aujourd'hui pour vous présenter les travaux résultant de notre audit des
comptes publics, de même que nos travaux en lien avec l'impact financier de la
COVID-19 et des mandats que nous ferons en relation avec cette pandémie. Vous
trouverez les détails de ceux-ci dans le tome de mars 2021 qui a été
déposé ce matin à l'Assemblée nationale. Pour l'occasion, je suis accompagnée
de Mme Christine Roy, sous-vérificatrice générale, et M. Alain
Fortin, directeur général par intérim.
Cette année a été toute spéciale et, vous le
savez, la pandémie de COVID-19 a bouleversé les activités et l'économie de tous
les gouvernements. Le Québec n'y a évidemment pas échappé. La pandémie a eu des
effets sur le délai de production des états financiers consolidés du
gouvernement qui ont été publiés plus de huit mois après la fin de l'année
financière. La pertinence et l'utilité des états financiers reposent sur leur
disponibilité en temps opportun. C'est pourquoi le gouvernement du Québec doit
continuer ses efforts afin de publier ses états financiers dans un délai
raisonnable et comparable à celui des autres provinces et du gouvernement
fédéral.
J'aimerais rappeler toute l'importance pour
le gouvernement du Québec de se doter d'un mécanisme de contrôle indépendant à
l'égard de ses états financiers. Ce mécanisme rendrait plus transparent ce
processus de surveillance et permettrait aux parlementaires d'entendre les
parties concernées et de discuter avec celles-ci des enjeux qui y sont liés.
Comme vous le savez, une divergence
d'opinions existait entre le gouvernement du Québec et le Vérificateur général
concernant la comptabilisation dans les états financiers consolidés du
gouvernement de certaines subventions octroyées à des tiers. Comme l'a annoncé
hier le ministre des Finances, le gouvernement a adhéré à notre recommandation
et entend modifier l'application de la norme sur les paiements de transfert dès
le 31 mars 2021. Considérant que cette pratique a des impacts importants et
qu'il ne s'agit pas ici que d'un simple débat comptable, il est raisonnable
d'expliquer en quoi cette décision était nécessaire.
Pour une huitième année consécutive, j'ai
exprimé une opinion avec réserve dans mon rapport de l'auditeur indépendant
portant sur les états financiers consolidés du gouvernement en raison des
effets significatifs découlant de la comptabilisation inadéquate de certaines
subventions par le gouvernement du Québec. Rappelons qu'un paiement de
transfert est un don en argent ou en immobilisation effectué par un
gouvernement à un tiers, soit une entité qui n'est pas incluse dans le
périmètre comptable du gouvernement. Il s'agit, par exemple, de subventions
octroyées à des municipalités ou à des universités à charte pour la
construction d'immobilisations comme un aréna ou une bibliothèque. Pour
expliquer simplement cette divergence d'opinions, c'est comme si une personne
qui considère que sa dette se limite au montant minimum à verser sur sa carte
de crédit et qu'elle ne tient pas compte du montant total inscrit à son relevé.
Le calcul de sa dette est donc inadéquat. Il devrait correspondre au montant
total du relevé, puisque cette dernière existe en totalité.
Bref, en ce qui concerne les paiements de
transfert, le gouvernement du Québec est le seul gouvernement au Canada parmi
les gouvernements des autres provinces et du fédéral à différer la
comptabilisation de ces types de subventions sur plusieurs années après la fin
de la construction des immobilisations subventionnées. En raison de la
comptabilisation inadéquate de ces subventions, au 31 mars 2020,
5,8 milliards de dollars de dettes sont manquantes dans les états
financiers du gouvernement et 6,6 milliards d'actifs y sont inscrits alors
qu'ils n'ont aucune valeur. C'est donc plus de 12,4 milliards de dollars
de dettes nettes et de déficits cumulés qui ne figurent pas dans les états
financiers du gouvernement. Par cette pratique, le gouvernement a sous-évalué
son taux d'endettement, il a surévalué sa performance, notamment lorsqu'il
compare sa dette avec celles des différentes provinces et avec celle du
gouvernement fédéral, il ne donne pas un portrait juste et transparent de sa
situation financière dans ses états financiers. Ces conséquences ne permettent
pas une appréciation adéquate de l'état des finances publiques ni de l'atteinte
des objectifs du gouvernement. Il était de mon devoir de rappeler que des
correctifs soient apportés dès maintenant.
Nous saluons la décision importante prise
par le ministère des Finances, car en effectuant les correctifs appropriés, le gouvernement
présentera désormais un portrait juste et transparent des finances publiques
et, par le fait même, il augmentera la crédibilité de ses états financiers.
Pour le chapitre III, étant donné
l'ampleur des sommes prévues par le gouvernement du Québec pour faire face aux
conséquences de la pandémie de COVID-19, nous avons réalisé différents travaux
nous permettant d'identifier des sujets d'audits potentiels relatifs à cette
crise. Comme vous le savez, le 13 mars 2020, le gouvernement du Québec
déclarait l'urgence sanitaire pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Il a
annoncé différentes mesures pour freiner la propagation du virus et pour aider
les entreprises, ainsi que la population, à faire face à cette crise.
Selon l'information non auditée que nous
avons recueillie, en quatre ans, soit de 2019‑2020 à 2022‑2023, près de
21 milliards de dollars auront été investis dans les mesures mises en
place par le gouvernement du Québec. Ces mesures prennent différentes formes,
dont des prêts, des subventions ou l'achat d'équipement.
Nous avons pris connaissance de l'ensemble
de ces mesures puis nous avons analysé l'impact de la pandémie sur les
principaux secteurs touchés afin de cerner les enjeux qui lui sont associés.
Cette approche nous a permis de sélectionner des sujets ayant une plus grande
valeur ajoutée. Quelques-uns d'entre eux avaient déjà été sélectionnés par le Vérificateur
général avant la pandémie et ont été révisés pour intégrer un volet de
celle-ci.
Voici les neuf sujets d'audit retenus par
le Vérificateur général du Québec : les mesures d'aide aux entreprises
touchées par la pandémie; les équipements de protection individuelle; la planification
de l'hébergement de longue durée; la gestion des centres de congrès; la gestion
des délais d'attente en chirurgie; l'enseignement à distance; la santé mentale;
la télésanté; et la cybersécurité. Les constats et recommandations qui
émaneront de ces travaux permettront d'informer les parlementaires et la population
sur plusieurs aspects liés à la pandémie de COVID-19 et d'améliorer certains
des processus en place.
Je suis maintenant prête à répondre à vos
questions en lien avec ma présentation.
Le Modérateur
: Très
bien. Nous allons commencer avec Alain Laforest, de TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. Bonjour à Mme Leclerc.
Revenons sur l'audit que vous allez faire,
là, concernant la pandémie de COVID-19. Qu'est-ce qui vous inquiète particulièrement
où il pourrait y avoir eu de la mauvaise gestion, compte tenu de la situation
de crise?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je vous dirais qu'on y va toujours par une gestion de risque. Donc, dans un
premier temps, on a voulu voir où les sommes avaient été prévues être
dépensées. Donc, on a vérifié auprès... demandé auprès de 24 ministères et
organismes les sommes qui avaient été considérées comme mesures. Et, de ces
sommes-là, on a identifié certains secteurs qui pouvaient être plus
intéressants pour les parlementaires et la population d'être mis au courant, et
c'est neuf secteurs qu'on a présentés. Mais, entre autres, parmi les sommes qui
sont... tous les sujets qu'on a identifiés, pour moi, sont très importants à
différents niveaux.
Donc, certains, c'est à cause des sommes
qui sont impliquées. Dans d'autres cas, bien, c'est l'impact pour la
population, par exemple, au niveau de l'éducation, l'éducation à distance, O.K.,
dans quelle mesure est-ce qu'il y avait conformité d'un endroit à un autre.
Dans un autre cas, ça va être la télésanté, dans quelle mesure c'est... on a
atteint les objectifs qu'on souhaitait et à quel coût. Dans d'autres cas, ce
sont les prêts aux entreprises, dans quelle mesure est-ce que les entreprises
ont pu en bénéficier en toute équité. Dans d'autres cas, ça va être les
équipements de protection personnelle. Bon, est-ce qu'on est en mesure de
connaître... Premièrement, est-ce que les achats ont été faits adéquatement, à
un prix acceptable, compte tenu de la crise? Est-ce que les inventaires sont correctement
comptabilisés, sécurisés? Est-ce qu'ils ont été versés, distribués de façon
équitable entre les établissements?
Alors, c'est une série de questions qu'on
va souhaiter répondre, mais qu'on... pour l'instant on n'est pas en mesure de
répondre, mais on... Si on les a identifiées, c'est qu'on les a considérées
comme suffisamment importantes.
M. Laforest (Alain) : Il y a
d'autres enquêtes qui se font actuellement, Mme la Vérificatrice, là. À un
certain moment donné, est-ce qu'il y a un risque de chevauchement ou vous vous
êtes parlé entre les différents acteurs qui font des enquêtes pour ne pas aller
dans les mêmes platebandes?
Mme Leclerc (Guylaine) : On
suit toujours l'actualité, hein? Alors, lorsqu'on a pris connaissance que, par
exemple, la Protectrice du citoyen faisait un audit particulier au niveau des
CHSLD, bien, on s'est dit : Bien, on n'ira pas là. Lorsque le coroner a
décidé de faire des enquêtes dans certains établissements... ce n'est pas ce
qu'on va faire. Donc, c'est pour ça qu'on a pris connaissance de ce qui était
fait par les autres organisations puis on s'est attardé à des secteurs où ces
organisations-là ne sont pas présentes.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous croyez en la nécessité d'une enquête publique concernant ce qui s'est
passé durant la pandémie ou vous croyez que ce que vous faites et ce que les
autres vont faire, c'est suffisant?
Mme Leclerc (Guylaine) : Oh!
je ne suis pas en mesure de dire quoi est suffisant. Tout ce que je peux vous
dire, c'est : ce que nous faisons, nous le faisons pour avoir une valeur
ajoutée, tant pour la population que pour les parlementaires.
M. Laforest (Alain) : Votre
objectif ultime, c'est quoi, pour vos audits, là?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
comme toujours, c'est de s'assurer que les sommes ont été dépensées de manière
efficiente, efficace et économique.
Le Modérateur
: Merci.
Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui.
Bonjour, Mme Leclerc. C'est assez rare que le Vérificateur général du Québec
décide de choisir des sujets d'audit où il pense qu'il n'y a pas de problème.
Donc, est-ce que vous soupçonnez des problèmes particuliers dans l'un ou
l'autre des sujets d'audit que vous avez identifiés?
Mme Leclerc (Guylaine) : Dans
tous les sujets d'audit, on souhaite toujours qu'il y ait une valeur ajoutée
pour les parlementaires. Alors, c'est notre première préoccupation, donc c'est
pour ça qu'on a voulu faire un portrait financier, où les sommes étaient
dépensées. Donc, pour s'assurer que là où il y a des sommes fort importantes
qui sont prévues être dépensées, bien, qu'on puisse aller faire un audit.
Mais aussi, il y a les préoccupations des
parlementaires et de la population. On suit toujours l'actualité et on voyait,
par exemple, qu'il y a des préoccupations au niveau de l'éducation, il y a
diverses préoccupations. Donc, c'est comme ça qu'on choisit nos audits. Donc,
c'est toujours en fonction d'un risque et de la valeur ajoutée que pourront
apporter nos audits dans le futur.
M. Chouinard (Tommy) :
Pouvez-vous étayer un petit peu sur les préoccupations que vous avez constatées
dans la population et qui vous amènent à faire des audits à ce sujet-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
par exemple, en éducation, l'éducation à distance, il y avait des
préoccupations sur le... je n'ai peut-être pas le bon terme, là, mais le manque
de succès, là, le succès qui n'était pas...
M. Chouinard (Tommy) : Le
taux d'échecs?
Mme Leclerc (Guylaine) : ...le
taux d'échecs, excusez-moi.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
ça, j'aurais dû y aller sur l'autre sens. Le taux d'échecs pour les secondaire
IV, secondaire V. Donc, on voit que c'est une préoccupation, donc on a voulu
voir dans quelle mesure est-ce que l'éducation à distance avait été mise en
place de façon appropriée.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que...
Mme Leclerc (Guylaine) :
Alors, c'est un exemple. Un autre exemple, ça peut être au niveau des subventions
ou des prêts aux entreprises en difficulté. Donc, au niveau des prêts aux
entreprises en difficulté, bien, il n'y a pas tant de sommes que ça qui ont été
versées. Premièrement, on va se poser la question pourquoi qu'il y en a si peu
qui ont été versées, mais aussi... pour l'instant, mais c'est peut-être parce
qu'ils vont être versés incessamment. Ils l'ont peut-être été, à venir jusqu'à
maintenant, mais on va s'assurer qu'il y a une forme d'équité et que les
critères pour que ce soit versé, bien, que ce soit acceptable compte tenu de la
situation.
M. Chouinard (Tommy) : Vous
parlez aussi, entre autres, là, de... Je souhaite savoir si vous touchez à la
gestion contractuelle, à proprement parler, parce que vous parlez de l'achat
d'équipements de protection. Donc, peut-être sur cet aspect-là, est-ce que vous
touchez, donc, à la gestion des contrats à proprement parler? Puis je vais
avoir une dernière question, là.
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
oui, absolument. Ça fait partie de l'axe qu'on veut couvrir, c'est-à-dire voir
dans quelle mesure les achats ont été
faits adéquatement. Mais il faut tenir compte
d'une situation de crise. Donc, c'est toujours plus difficile... C'est toujours
facile a posteriori de critiquer, hein? Alors, ce qu'il faut que nous fassions,
c'est qu'a posteriori on regarde la situation a priori et dans quelle mesure est-ce
que, malgré la situation d'urgence, on a mis des contrôles qui étaient adéquats
compte tenu de la situation d'urgence.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Mais donc, vous ne voulez pas jouer au quart arrière du lundi, comme on dit.
Mme Leclerc (Guylaine) : Absolument
pas. Absolument, on a conscience de la situation de crise. D'autre part, il y a
minimalement des choses à faire, et c'est ces choses-là qu'on va vouloir
regarder.
M. Chouinard (Tommy) :
Dernière chose. Sur la planification de l'hébergement des personnes âgées, moi,
il y a une chose, là, que je veux bien comprendre, là. C'est quoi, l'angle, exactement,
de votre audit par rapport à ça, qui touche la pandémie, là?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Bien, on sait que le gouvernement a prévu devancer beaucoup des sommes pour la
construction d'infrastructures ou la rénovation d'infrastructures, soit des
CHSLD ou des maisons des aînés. On veut s'assurer que, dans sa planification,
il tienne compte de ce qu'on a vu au niveau de la crise. Par exemple,
grandeur... Je donne ça en exemple, là, mais on a... On n'a pas fait l'audit
encore, là, mais, par exemple, la grandeur des chambres, la ventilation. Est-ce
qu'on a encore besoin d'un certain nombre de CHSLD par rapport... ou de maisons
des aînés compte tenu de la situation actuelle? Est-ce qu'on a planifié en
fonction de ce qu'on a vécu au niveau de la crise? Donc, c'est l'axe dans
lequel on veut s'orienter.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, Mme la vérificatrice. Justement, sur les centres de soins de longue
durée, là, je comprends qu'il y a aussi d'autres enquêtes, entre autres la
Commissaire à la santé, Mme Castonguay, qui fait son bout de chemin. Vous,
si je comprends bien, vous n'allez pas retourner sur la gestion ou ce qui a
causé, justement, cette espèce de drame épouvantable qu'on a connu dans les CHSLD.
Vous n'allez pas vous attarder à ça.
Mme Leclerc (Guylaine) :
Ce n'est pas ce qu'on a prévu de faire.
M. Lacroix (Louis) :
O.K. Est-ce que vous croyez avoir tous les moyens nécessaires pour pouvoir
évaluer la gestion du gouvernement dans tous les aspects de cette crise-là?
Parce que les partis d'opposition disent que ça prend absolument une enquête
publique parce que vous n'avez pas les moyens nécessaires. M. Plamondon,
hier, a dit... St-Pierre Plamondon, a dit que votre liste d'épicerie est déjà trop
chargée pour que vous puissiez mener une enquête approfondie sur la gestion de
la pandémie. Est-ce que vous avez ce sentiment-là ou, à votre avis, vous avez
toutes les ressources et les moyens nécessaires pour pouvoir retourner toutes
les pierres?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Bien, je vous dirais que ça dépend de l'étendue, hein? Si on demande de refaire
ou revoir l'entièreté de la gestion du périmètre gouvernemental, qui comprend
les centres hospitaliers, les écoles... je ne pense pas qu'il y ait une organisation
qui soit à même de le faire, là. Par contre, ça dépend de l'étendue et du
mandat. Donc, si le gouvernement considérait qu'il y avait un mandat
particulier qui serait important qui soit fait, bien, je serais tenue de le
faire. Outre ça, j'ai la liberté de choisir mes mandats et c'est certain que,
quand je choisis mes mandats et que je choisis l'étendue, je tiens compte du
nombre d'effectifs que j'ai en main.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous pourriez, justement, en ce sens-là, avoir besoin davantage d'effectifs
et demander justement des ressources supplémentaires? Parce que, là, ce que je
vois, là, dans votre périmètre de vérification, là, les neuf axes que vous
voulez vérifier, il y a énormément de boulot là-dedans, là. Est-ce que ça se
pourrait que vous demandiez des ressources supplémentaires pour pouvoir vous
acquitter de toute cette tâche-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Pour
l'instant, lorsqu'on l'a planifié, c'est avec les ressources qu'on a actuellement
et on est corrects. D'autre part, j'ai beaucoup de gens qui partent à la
retraite. Alors, ça, c'est un autre défi que j'ai au Vérificateur général, puis
je pense que c'est un défi pour l'ensemble du gouvernement. Donc, dans
l'éventualité où j'aurais des difficultés de recrutement, comme on a vécu dans
les années passées, ça se peut que je revienne voir le gouvernement pour avoir
des subsides supplémentaires. Mais, pour l'instant, ce qu'on a planifié, c'est
avec les ressources qu'on a actuellement puis c'est réalisable, d'autant plus
qu'on l'a étendu sur un certain nombre de chapitres, là, automne 2021,
printemps 2022 et automne 2022.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous croyez que votre rapport doit être complet, là, votre vérification
complète doit être déposée, rendue publique avant la prochaine élection? Parce
qu'on le voit, là, depuis quelques années, vous faites des vérifications, des
états financiers des différents gouvernements en prévision des élections.
Est-ce que vous croyez, là, que cette vérification-là doit être déposée avant
la prochaine élection?
Mme Leclerc (Guylaine) : Pas nécessairement.
Puis j'en ai qui vont être déposés avant les élections et j'en ai qui vont être
déposés normalement après. Parce que les chapitres qui sont prévus à
l'automne 2022, qui sont santé mentale et enseignement à distance, bien,
les élections vont être normalement en octobre 2022 et la session ne siégera
pas, là, avant. Alors, on va déposer après les élections. Mais, pour ce qui est
des sept autres rapports, ça devrait être déposé avant les élections.
M. Lacroix (Louis) : Merci.
Le Modérateur
: J'ai
reçu des questions du journaliste François Carabin de Métro. Donc,
première question : Votre audit sur l'hébergement de longue durée évoque
la nécessité de tenir compte des leçons de la pandémie. Quelles sont ces
leçons?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je vous dirais que, entre autres, c'est : Est-ce qu'on a encore besoin
d'autant de CHSLD et de maisons des aînés? C'est quelque chose qu'on va regarder.
On va regarder leur planification. Est-ce qu'ils ont planifié en tenant compte
des besoins futurs? Les besoins de... ventilation, effectivement, donc, les
besoins de ventilation, dans quelle mesure est-ce qu'on a tenu compte de ce
qu'on a appris pendant la pandémie, là, donc la proximité de certaines
personnes dans des CHSLD, la ventilation dans les CHSLD, pour s'assurer que la
construction de ces infrastructures-là va tenir compte de ce qu'on a appris.
M. Lacroix (Louis) : ...une
précision, justement, sur ça. En fait, vous dites : Est-ce qu'on a encore
besoin d'autant de CHSLD, de maisons des aînés? Pourquoi vous vous posez cette question-là?
Il me semble que la pandémie a démontré, au contraire, qu'on a des problèmes,
qu'on manque de places et de ressources dans ces milieux-là, non?
Mme Leclerc (Guylaine) : Je ne
suis pas en mesure d'y répondre, c'est justement. Est-ce que, lorsqu'on l'a
planifié, la planification qui en est faite, parce qu'on va devancer les
travaux, est-ce qu'on a tenu compte qu'on a besoin d'accroître ou qu'on devrait
diminuer? Je ne sais pas. Est-ce qu'on s'en va plus vers des soins à domicile?
Alors, ce sont ces questions-là qu'on va souhaiter qui soient répondues dans la
planification avant de débuter la construction des infrastructures.
M. Lacroix (Louis) :
D'accord.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
je vais faire du millage puis ensuite je vais poser la deuxième question de
François Carabin là-dessus. Mais en quoi c'est un sujet d'intérêt pour la Vérificatrice
générale du Québec? Ce n'est pas un sujet politique ou d'experts en santé qui
devraient s'attarder à ce sujet-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Tous
nos sujets, O.K., sont... On pourrait toujours se poser la question : Dans
quelle mesure ça intéresse la Vérificatrice générale? Lorsqu'il y a un sujet
qui est particulier... qui nécessite des connaissances particulières, on va
chercher les spécialistes et les experts, toujours. Puis je peux vous donner
l'exemple de F.-A.-Gauthier. On n'est pas des architectes navals, mais on est
allés chercher des experts qui nous ont bien expliqué puis qui nous ont
assistés tout au long du processus. Alors, c'est la même chose pour la
construction de ces infrastructures-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Deuxième question de François Carabin. Vous n'allez pas analyser les différentes
dimensions de la stratégie de vaccination contre la COVID-19 au Québec.
Pourquoi? Et comptez-vous surveiller le dossier de près?
Mme Leclerc (Guylaine) :
C'est certain que c'est un dossier qui est important, mais on est en plein
dedans, là. Alors, peut-être que ça va bien aller, peut-être que, tu sais... Et
alors, nous, il y a plusieurs facteurs, hein? Premièrement, il y a le facteur
financier, il y a tout ce qui se discute à l'Assemblée nationale, donc
l'intérêt des parlementaires, et aussi ce que l'actualité rapporte. Donc, s'il
y a différents problèmes… qui est présenté dans l'actualité, c'est un autre
facteur qu'on va considérer, et il y a aussi les dénonciations.
Donc, sur notre site Internet, on a des…
la population peut, à n'importe quel moment, venir présenter des situations qui
sont problématiques. Et, tous ces éléments-là, on fait une grille de risque et,
à partir de là, on décide quel mandat on va réaliser. Mais, pour l'instant, les
vaccins ne font pas partie des mandats, puis ce qui fait… ce qui pourrait être
éventuellement, là…
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, en clair, est-ce que vous vous êtes déjà posé la question, puis vous
l'aviez écartée, puis vous avez retenu les neuf que vous avez énumérés, ou il
était trop tôt pour se poser cette question-là, puis vous allez peut-être
l'ajouter comme dixième sujet d'audit?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je vous dirais que c'est très tôt, parce qu'on n'a pas encore… mais il y a neuf
sujets que je vous présente. Mais c'est des centaines, plusieurs centaines de
sujets, souvent, qui sont analysés, avant d'en arriver à ceux qu'on va faire.
Donc, possiblement que les vaccins peuvent faire partie du groupe, mais je
pense… De toute façon, c'est trop tôt pour faire quoi que ce soit.
M. Lacroix (Louis) : Question…
Le Modérateur
: Oui?
M. Lacroix (Louis) : Sur la
gestion des centres de soins de longue durée, le premier ministre a déjà admis
que les différents gouvernements… Mme Marois a dit la même chose, d'ailleurs,
en début de pandémie, en disant que tous les gouvernements devraient se
regarder dans le miroir puis dire : Bien, on n'en a pas fait assez, là.
Puis on remonte à loin, là. Est-ce que votre vérification va porter là-dessus,
à savoir est-ce qu'on a négligé justement… Est-ce que les différents gouvernements
auraient dû prévoir davantage de ressources, davantage de places, augmenter les
salaires, etc., pour avoir des centres de soins de longue durée qui soient
adaptés à une pandémie comme celle qu'on a connue? Parce que, là, on se rend
compte, là, que, si ça avait été le cas, on aurait été moins dans le drame, là,
que ce qu'on connaît actuellement. Est-ce que vous allez retourner en arrière
pour voir les décisions passées?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
certain qu'on va retourner en arrière, mais le rapport n'est pas écrit. Puis,
je vous dirai, l'étendue n'est pas encore… Je ne veux pas mettre mes équipes
dans… en problème, là. Mais on regarde toujours en arrière pour voir dans
quelle mesure la planification a tenu compte des différentes difficultés qu'on
a vécues dans le passé. Donc, compte tenu que c'est vraiment l'infrastructure
qu'on regarde, mais c'est certain qu'on va regarder qu'est-ce qui n'a pas été…
dans le passé puis est-ce qu'on va tenter de le corriger dans le futur…
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard.
M. Chouinard (Tommy) : …une
précision parce que, sur les 5 milliards d'aide aux entreprises, à la fois
sous forme de prêts, là, pardonnables, là, en bonne partie, comme l'a dit le
gouvernement, et les subventions… Vous dites que c'est un… bien, c'est
600 millions, à peu près, qui ont été versés jusqu'ici, sur les
5 milliards, là. Jusqu'ici, est-ce que c'est au 31 octobre 2020, là, ou
vous parlez d'une date plus récente que ça, là?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
au 31 octobre 2020. Puis là je ne peux pas vous dire en date d'aujourd'hui.
M. Fortin (Alain) : ...on va
en tenir compte aussi, là, des prêts qui ont été faits, là, ou les subventions
qui ont été accordées en novembre, décembre, janvier, février. Quand on va
commencer... quand on va faire nos travaux, on va en tenir compte.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
c'est juste que vous vous étonniez de la faible proportion de l'enveloppe qui a
été versée jusqu'ici. Mais là au 31 octobre 2020, en fonction des mesures
annoncées, là, ça, vous trouvez ça vraiment étonnant.
Mme Leclerc (Guylaine) : Non,
non, pas à ce point-là, là.
M. Chouinard (Tommy) : Pas à
ce point-là.
Mme Leclerc (Guylaine) : Mais
je vous dirais que c'est quelque chose qu'on va regarder, est-ce qu'ils ont été
versés au cours des mois suivants puis, s'ils ne l'ont pas été, pourquoi ils ne
l'ont pas été. Parce qu'on comprend que c'est quand même pour de l'aide, hein?
Le Modérateur
: Alain
Laforest.
M. Laforest (Alain) :
...précision aussi. Avez-vous une préoccupation... Parce que vous n'en avez pas
parlé, vous avez parlé de l'équipement, là, pour les contrats de gré à gré, il
y en a eu beaucoup.
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
c'est quelque chose qu'on va regarder. Il faut comprendre qu'on fait l'audit
financier d'environ 200 états financiers. Alors, on a des équipes d'audit
financier qui vont dans différentes entités, qui ne sont pas nos auditeurs de
performance, et qui vont porter une attention particulière sur les contrats de
gré à gré. Donc, j'ai la chance d'avoir cette équipe d'audit financier là qui
pourra faire une partie, du moins, du travail.
M. Laforest (Alain) : Dans
les rapports précédents, là, si on recule dans le temps, les contrats de gré à
gré, ça a souvent été critiqué par le bureau du Vérificateur général. Là, il y
a eu une accélération. Est-ce que, pour vous, c'est normal, pas normal, là,
qu'il y ait eu tant de contrats de gré à gré?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
il faut faire attention, hein, parce qu'on est en situation de crise. Donc,
c'est certain qu'en situation de crise, lorsqu'on a besoin immédiatement
d'équipement, bien, peut-être qu'on ne peut pas mettre en place tous les
processus qui seraient nécessaires. Par contre, ce qu'on veut s'assurer, c'est
que, malgré qu'on soit en situation d'urgence, qu'il y ait des contrôles qui
aient été mis en place pour s'assurer, un, qu'on avait le bon matériel, et,
deux, qu'on le payait à un prix qui était acceptable.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais justement, si on recule dans le temps, en mars, avril, mai dernier, les
équipes du gouvernement, d'approvisionnement, racontaient des histoires, ils
donnaient pratiquement de l'argent comptant dans des mallettes à des gens qui
allaient, par exemple, en Chine, puis qui tentaient de mettre la main sur des
masques, puis on n'était pas certains que les masques étaient pour se retrouver
dans les boîtes. Il y avait aussi, dans certains cas, des pots-de-vin qui
étaient remis à des agents de sécurité sur le tarmac d'aéroports pour faciliter
l'atterrissage d'avions canadiens puis qui restent là pendant un certain temps.
Quelles règles de saine gouvernance et de
bonnes pratiques s'appliquent dans des moments comme ça, où on veut mettre la
main sur de l'équipement de protection individuelle qui peut sauver des vies? Est-ce
qu'il y a des règles qui s'appliquent?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
premièrement, je n'ai pas commencé l'audit encore. Alors, dans un premier temps,
bien, on va au moins s'assurer que le prix est acceptable, puis qu'on s'assure
de recevoir le matériel, et que le matériel est conforme. Je pense que c'est quand
même trois règles, là, qui se doivent d'être faites, qu'on soit en situation
d'urgence... Parce qu'on a beau être en situation d'urgence, si on ne reçoit
pas le matériel ou si on le reçoit et qu'il ne répond pas à la demande, bien,
on ne répond pas à l'urgence, là. Donc, je pense que c'est la première chose à
faire, là, c'est de regarder dans quelle mesure on s'est assuré minimalement de
ces trois éléments-là.
Mais là il faudra voir avec l'équipe. Là,
vous me posez des questions qui sont... dans lesquelles les équipes vont
travailler. Puis souvent, les contrats, là, ce n'est pas trois pages, hein,
c'est très volumineux. Donc, mes équipes, il faut qu'elles passent au travers,
il faut qu'on ait des spécialistes aussi pour nous accompagner dans ces
contrats-là et pour nous dire : Bien, ça, ce n'est pas acceptable, puis
ça, c'est acceptable. Alors... Oui.
M. Laforest (Alain) : ...juste
une petite dernière, on va finir là-dessus, dans cet audit-là... peut-être une
piste, puis, comme vous dites, vous suivez l'actualité, là, est-ce que vous
allez vous intéresser au fait que, lorsque la crise a commencé, il y avait de
l'équipement de protection dans la réserve stratégique qui était périmé?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
certain que tout ce qui est en relation avec l'équipement en inventaire ou ce
qui a été acquis et ce qui a été disposé, je vous dirais, ces trois éléments-là
vont être regardés, donc tant en inventaire que ce qu'on a acheté et puis la
manière qu'on l'a disposé au sein des différentes entités.
M. Lacroix (Louis) : ...ce
que disait Marco, là, sur les contrats, parce que, bon, on soupçonne qu'il y a
peut-être des gens qui ont essayé de profiter de la situation, là. À un moment
donné, il y avait... on recevait des courriels, puis les gens offraient des
masques : Aïe! Moi, j'en ai 2 millions, puis bon. De quelle façon
vous allez vous assurer de la probité de ces contrats-là pour faire en sorte de
voir si de l'argent public n'est pas tombé dans des mains louches ou dans
des... chez la pègre, chez des bandits, je ne sais pas?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
dans un premier temps, c'est certain que si vous avez de l'information, vous
nous la transmettez, donc vous allez à... On a notre site Internet où vous
pouvez nous informer de situations qui sont problématiques, parce que sinon, ça
peut être de chercher une aiguille dans une botte de foin, là.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
veux dire, est-ce que, par exemple, les contrats qui ont été passés, vous allez
vérifier la probité des gens qui ont reçu... Tu sais, du côté du gouvernement,
bon, on a une partie, mais l'autre contrat, il y a une autre signature en bas,
là. Est-ce que vous allez vérifier la probité de ces gens-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bon.
Il y a toujours un défi en vertu de ma loi qui fait que je peux aller à plusieurs
endroits, O.K., mais j'ai des pouvoirs de commissaire enquêteur, mais est-ce
que je peux... Jusqu'où je peux aller, là? Donc, on travaille toujours avec nos
juristes pour s'assurer qu'on est en mesure d'aller chercher l'information
adéquate. Mais mes équipes vont toujours au plus loin qu'ils peuvent aller.
Puis dans la mesure où on n'est pas capables de s'y rendre, on met toujours une
limitation dans notre rapport. Donc, dans certains cas, on l'a fait dans le
passé, on a mis une limitation dans nos rapports en disant : Bien, on n'a
pas pu avoir l'information parce qu'on a refusé de nous la donner.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Avant de passer en anglais, je vais vous poser une dernière question. Est-ce
que vous avez reçu, à ce moment-ci, des dénonciations en lien avec la pandémie,
des signalements? Si oui, est-ce qu'on les compte sur les doigts d'une main ou
c'est plus des centaines?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Je n'ai pas l'information, malheureusement. On pourra vous la fournir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis les personnes qui vous accompagnent non plus n'ont pas l'information? Non?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Ça? Non, je suis certaine qu'ils ne l'ont pas. Mais ce coup-ci, ce n'est pas le
même groupe.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
C'était... Je m'essayais.
M. Lacroix (Louis) : Si
vous me donnez le mot de passe de votre boîte courriel, je peux vérifier.
Le Modérateur
: Bon,
une dernière, dernière, Tommy? Puis après on passe en anglais.
M. Chouinard (Tommy) :
Non. C'est parce que je pense à ça, là, que vous avez parlé tantôt de l'enjeu
des départs à la retraite puis tout ça, là. Bon, la situation du personnel au
Vérificateur général, là, on en est où? Est-ce qu'il y a des postes non
comblés? Est-ce qu'il y a un gros problème, là, que vous anticipez, là?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Oui. On a eu l'an passé ou il y a deux ans?
Une voix
: Deux ans.
Mme Leclerc (Guylaine) : Il y
a deux ans, on a eu l'octroi d'avoir un niveau supérieur au niveau de nos
professionnels. C'étaient les chargés de projet qui étaient... C'était un défi
parce qu'avec la charge de travail qu'ils avaient chez nous et les
responsabilités qu'ils avaient chez nous, bien, c'était plus simple pour eux
autres de s'en aller ailleurs parce que c'était difficile de rester chez nous.
Pour ces gens-là, il y a un grade supérieur, ce qui fait que, ça, pour
l'instant, là, nos gens sont heureux des conditions salariales qu'ils ont.
M. Chouinard (Tommy) :
D'accord.
Mme Leclerc (Guylaine) :
D'autre part, bien, en ayant des directeurs et même des adjoints qui vont
prendre leur retraite très bientôt, bien, c'est certain que, là, tu sais, c'est
un jeu de domino, là. Alors, on va avoir un défi à combler les postes. Mais on
va... En tout cas, pour l'instant, ça va bien. On est corrects, mais...
M. Laforest (Alain) :
Combien de postes à combler, Mme Leclerc, sur un effectif de combien, là,
vous croyez, d'ici un an ou deux que vous allez avoir à combler, là? Vous
anticipez combien de postes à combler?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Ah! Je pense que j'ai... Combien?
Une voix
: ...
Mme Leclerc (Guylaine) :
Oui. À peu près une vingtaine de postes. Qui sont actuellement vacants?
Une voix
: Oui.
Mme Leclerc (Guylaine) : Qui
sont actuellement vacants. Donc, 20 sur 300. Puis, là, il va avoir des départs
à la retraite, mais il va avoir des embauches déjà. Mais il faut que je
réussisse à compenser l'expérience de mes personnes qui s'en vont à la retraite
avec mes plus jeunes. Donc, c'est toujours un défi.
M. Chouinard (Tommy) : ...
Mme Leclerc (Guylaine) :
Pardon?
M. Chouinard (Tommy) : Le
nombre de départs à la retraite que vous anticipez, c'est quoi?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
ils ne sont pas obligés de me le dire longtemps d'avance, tu sais, mais je vois
avec... Mais, je vous dirais, dans les personnes assez expérimentées, j'en vois
quelques-uns, là, je vous dirais, mais je ne peux vous dire le nombre.
M. Chouinard (Tommy) : Une
dizaine?
Mme Leclerc (Guylaine) : Je ne
peux pas. Ce serait...
Le Modérateur
: Alors, question
de faire languir encore un peu plus les collègues des médias anglophones, une question
de Jocelyne Richer de LaPresse canadienne : Est-ce que
vous soupçonnez que l'urgence de la situation au début de la pandémie, qui a
justifié un allègement des règles en vigueur, a pu inciter le gouvernement à
dépenser sans compter, sans tenir compte des meilleures pratiques? Je pense particulièrement
aux sommes énormes consacrées à l'achat d'équipement de protection individuel.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
c'est le résultat de notre audit qui va le révéler. Pour l'instant, on n'est
pas en mesure de porter quelque commentaire que ce soit.
Le Modérateur
: D'accord.
Philip Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: In English or French?
Le Modérateur
:
In English.
M. Authier (Philip)
: OK.
Good day. On the question of personal protection equipment, in Alec Castonguay's book about
the pandemic, he talks about the Government being very desperate to get products, even sending security agents,
and trucks, and people with suitcases of money to get the equipment. Do you
have any indication now that there was any abuse in the purchasing because they
were desperate? Do you have any indication or hints that there was abuse?
Mme Leclerc
(Guylaine) : We haven't begun the audit yet,
but of course it is a preoccupation, because we will do the audit. So, the
preoccupation we have is the fact that there is a huge amount of money that has
been invested there, that we want to be sure that the stocks are correctly
recorded and correctly distributed between the establishments. But I will read
the book of Alec Castonguay, of course, with a lot of interest. But I cannot
say now that we found anything that is not regular, I would say, first, because
we haven't started the audit. …very limited.
M. Authier (Philip)
: But there is a chance that Québec overpaid, paid too much.
Mme Leclerc
(Guylaine) : That's something that we will
look. Of course, we were in a situation of crisis, so it's easier to say after the fact that we should have
done something at the moment of the crisis. So, as Auditor General, we have to
be very prudent with that, so be sure that the recommendation
we will put and the fact that will present, well, present correctly the fact
that we were in a situation of crisis.
M. Authier (Philip)
:
Thank you.
Le Modérateur
:
Merci. Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good day. Mrs. Leclerc, what is the
message you're sending to the Québec Government today?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Regarding the audit we're doing?
Mme Senay
(Cathy) : Yes. Because, you're basically,
during a press conference, laying out, explaining your strategy, your audit
strategy for all the expenses, $20 billion spent during the pandemic, that
the Québec Government spent
during the pandemic. So, your message today to the Government, is it : Get ready?
Mme Leclerc
(Guylaine) : I like your question, because it is one element that I
want to bring. For example, Investissement Québec, OK, they haven't
spent yet all the money that they were supposed… that they said that they
would. So, we want to tell them : Do it in an appropriate way. So, be sure
that it is compliant, that it is really organizations that need it, that you
have the process that sends it to them appropriately, in a good way and as fast
as possible, because they need it.
So, of course, the way we
decided to do the COVID environment audit, yes, first, we wanted to see where's
the money, first, where are the risks, and being «en amont», OK, before the fact, saying to the Government: Well, this is where we go and
this is what you should look… we will look at. Because, you see in our report,
there is all the axes... «des axes», the axes, and so you have to...
Mme Senay
(Cathy) : Your objectives, like...
Mme Leclerc
(Guylaine) : My objectives. So, this is the objective
we will look, and we hope that you will do it appropriately.
Mme Senay
(Cathy) : And, well, I was surprised when I
saw your game plan that not only you'll look at how the money was spent in
different measures, loans, aid programs, grants, but also the services,
distance learning, waiting lists. Why are you going after waiting lists for
surgeries? Why are you doing this?
Mme Leclerc
(Guylaine) : As we do always, we look at many
areas of the Government. We
always have a chapter on health, on education, on finance, on... So, in the
health area, two sectors were important during the COVID. A
lot were important, but two
were very important,
telemedicine, I would say, and the surgery, where there were some delays.
So, we want to look at…
Well, was it really because of the COVID that there were delays, first? How will you work, after the COVID, to be sure that those delays will be
replaced? So, that's... And we feel that it is something that is important either for the parliamentary…
either for the population to
have information on that.
Mme Senay
(Cathy) : Because of the stress?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Absolutely, yes.
Le Modérateur
: Merci.
Matt Grillo, CTV.
Grillo
(Matthew) : Hi. I guess my question is : How did you guys get to
these nine subjects specifically? Was it a large table of 100 different
subjects, and then narrowed down? Can you just talk to me about the thought and
the process that went into that?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Yes. We use a lot of information. We have a database with all the
subjects and the... Many subjects come from different places, from the
financial audits. When our financial audits are on site, they say : Oh!
this is something that should be interesting, about... when the National
Assembly, when they discuss about one subject, on the newspaper, OK, there is a
subject that seems to be important for the population,
the amounts of money that are spent. And also what people tell to the Auditor
General. Because on our website, they can send subjects, they can say: Well,
this preoccupies me, or I saw that and… So, all of that information, we have a
committee who works with that database and we select some subjects based on
different subjects that we want to cover, health, education, finance… and so we
need to cover those areas. And then we approve that at the executive level.
M. Grillo
(Matthew) : When you look at these nine
subjects, are there already things in your head where you're saying :
That's a concern or that doesn't look right? Have you already started that
process? Have concerns already, you know, come up in discussions?
Mme Leclerc (Guylaine) : I would say, when we begin an audit, that's because we have a preoccupation. So, of course, those nine
subjects, the preoccupation
could be only because there are huge amounts of money, but that could be also
because the parliamentary or the actuality have discussed that or because we
are… In our financial audit, we say : Well, we have to go more in depth
for that sector. So, of course, it is a risk management, I would say, to
identify those subjects.
M. Grillo
(Matthew) :Thank you.
Le Modérateur
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. You mentioned
ventilation in long-term care homes. There's also been a debate throughout this
pandemic about ventilation in schools, whether it's needed, whether there
should be portable air filters, etc. I'm wondering, do you believe that… At the
end of your audit, will you be able to say whether or not that $21 billion
is enough money or will you be in measure to say : OK, maybe we didn't spend enough?
Mme Leclerc
(Guylaine) : That will not be the conclusion,
of course, if it is enough or not enough, $21 billion. First, it is the
figures on October, so there will be more spending, the more we will go. But
for the sector that we will look at, for example, Investissement Québec, we
will look if the amounts that are spent are spent in compliance, if it is
acceptable regarding the equity between companies, the challenge for companies
to get the money, you know, for example. So, for the amount of money in
that sector in particular, we will have conclusion. But we will not have
conclusion on the whole.
Mme Fletcher
(Raquel) : OK. I'm also wondering about how
you will look or how you will evaluate the loans. It says here, in your report,
that the Government has set
aside $715 million in case someone defaults on their loans. But in terms
of evaluating the loans...
Mme Leclerc
(Guylaine) : You talk about the loans that are
done by Investissement Québec?
Mme Fletcher
(Raquel) : Just in general. I'm just wondering
how you will... Because some of these loans are over the course of many, many
years. So how will you evaluate...
Mme Leclerc
(Guylaine) : Oh! you talk about the transfer
payment?
Mme Roy
(Christine) : Elle dit : À quelle mesure on va recouvrir les
prêts? Comment on va évaluer ça, le modèle d'estimation de recouvrement...
Mme Leclerc (Guylaine) : Yes,
but I... Maybe, you understand the question.
Mme Roy
(Christine) : Because our audit here is more
to check if the loans are accorded with equity. But, sure, for the financial
statement, the Government made
estimation to how much he will recover with his loan. And we check... we audit
the estimation. And it sure... we have more uncertainties now because the
economic situation is more
uncertain with the pandemic. But they have models to predict that. So, we will
check this... if the debt fall of the loan is accurate when we will make the
audit of the financial statement of Investissement
Québec, for example.
Mme Fletcher
(Raquel) : So, you will be able to say then
that $715 million is an accurate estimation or not.
Mme Roy
(Christine) : Yes, but... Sure, we “reste”
with a certain degree of uncertainty because it's not possible to predict at
100% the future. But yes, we'll check if the estimation is reasonable and
accurate.
Mme
Fletcher (Raquel) : Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Est-ce qu'il y a d'autres questions en anglais? Non?
Deux questions qui ont été fort
pertinentes qui ont été posées par les collègues, puis je vous demanderais une
réponse en français. Tout d'abord, commençons par la fin, vous avez dit que
vous ne vous lancez pas dans une partie de pêche. Vous avez des préoccupations.
C'est pour ça que vous avez identifié ces neuf sujets-là. On vous a bien
compris? Ce n'est pas une partie de pêche.
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
toujours une gestion de risques, hein, qu'on fait. Donc, c'est certain qu'il
faut que nos audits aient une valeur ajoutée, donc des recommandations qui vont
faire en sorte qu'on va améliorer le processus ou qu'on va informer les parlementaires
sur un processus qui a moins bien fonctionné.
Le Modérateur
: Mais
vous n'avez pas répété le mot-clé de «préoccupation». Vous avez une préoccupation,
c'est pour ça...
Mme Leclerc (Guylaine) : On a toujours...
Dans tous les... Je ne sais pas si... le terme est-u adéquat, préoccupation?
Oui, on a toujours des préoccupations, dans tous les audits. Vous voulez que je
vous le dise comme il faut, là, hein?
Le Modérateur
: C'est
le point de départ de vos audits, là. Oui, O.K.
Une voix
: ...une
inquiétude.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je dirais qu'on a toujours... Avant de débuter un audit, c'est que soit qu'on a
eu une dénonciation de la part de la population, des préoccupations qui ont été
discutées à l'Assemblée nationale, l'actualité qui en fait part, donc... puis
je vous donne un exemple, c'est le taux d'échec chez les étudiants, c'est une préoccupation.
C'est certain qu'il y a une préoccupation. C'est pour ça qu'on va aller
l'auditer. La même chose pour l'achat des masques. Si on était certains que les
masques ont tous été achetés au bon prix, avec un bon fournisseur, que les
stocks sont bien comptabilisés, qu'ils ont été distribués adéquatement, bien,
on n'irait pas. Alors, c'est certain que tous les mandats qu'on fait, c'est
parce qu'on a des préoccupations. Elles peuvent s'avérer ou non, mais c'est
notre rôle de le faire.
Mme Senay (Cathy) : ...
Le Modérateur
: O.K. Très
bien. Juste un instant. Une autre question, avant d'oublier. D'ailleurs,
c'était la vôtre, Mme Senay. Sur la stratégie, vous dévoilez votre jeu avant même...
Il n'y a pas... vous n'avez plus l'effet de surprise : Ha! Ha! Investissement
Québec, sortez vos livres, on vient vous auditer. Vous leur dites d'emblée que
vous allez le faire. Pourquoi?
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui.
Bien, parce que notre but, c'est qu'ils gèrent adéquatement. Notre but, ce
n'est pas de les prendre par surprise. Maintenant, tous nos audits sont sur
notre site Internet, les audits qu'on va faire, alors tout le monde le sait,
là.
Le Modérateur
: O.K.
Mme Leclerc (Guylaine) : Si quelqu'un
veut contribuer parce qu'il est au courant de quelque chose, bien, c'est bien
plus facile. Je me souviens, quand j'ai commencé comme Vérificatrice générale,
c'était l'effet de surprise, c'est quoi les sujets. Puis il y avait M. Lessard,
que c'était toujours son scoop, là, d'avoir les sujets, alors... Mais non, je
pense que c'est une meilleure gestion si...
Mme Senay (Cathy) : C'est
vrai que le ministre Fitzgibbon, en février, nous disait, en conférence de
presse, qu'il était surpris que pour le programme AERAM, A-E-R-A-M, je pense,
là, pour les prix fixes, qu'il y ait seulement une petite proportion de
l'argent qui avait été donné, moins de 20 %. Il dit : Je ne sais pas
pourquoi. Ça se peut que les entreprises n'en aient pas besoin ou le...
Mme Leclerc (Guylaine) : Ou
c'est trop compliqué, ou... oui.
Mme Senay (Cathy) :
...formulaire est trop compliqué. On ne le sait pas. Il ne comprenait pas. Ça
fait qu'il y a plus que... à peu près 80 % de l'argent qui n'avait pas été
octroyé.
Puis est-ce que vous avez d'autres collègues
à travers le Canada, là, d'autres vérificateurs qui sont dans la même... qui
entreprennent le même exercice que vous, savez-vous? Ou vous êtes la première
à...
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
oui. Non, non.
Mme Senay (Cathy) : Non,
hein?
Mme Leclerc (Guylaine) : Non,
non, même eux autres, il y en a plusieurs qui ont commencé avant. Notre choix,
nous, a été de regarder le portrait et de faire, après ça, un plan. C'est le
choix qu'on a fait. Même, en Ontario, ils ont déjà déposé très, très rapidement
après, mais il y avait... Nous, il y a la Protectrice du citoyen qui est déjà
dans les CHSLD, ça fait qu'on ne voulait pas empiéter sur des secteurs où les
gens étaient déjà.
Mme Senay (Cathy) : Mais
en termes de mission des vérificateurs, forcément, la pandémie vous amène à
enquêter... Chaque vérificateur dans les provinces va finir par faire ce genre
de travail là.
Mme Leclerc (Guylaine) :
Bien, je penserais bien, là.
Le Modérateur
: Très
bien. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci à vous trois.
Merci à tous. Bonne journée.
(Fin à 11 h 55)