(Onze heures vingt et une minutes)
Mme Massé : Oui, bonjour,
tout le monde. Bon début de semaine.
Écoutez, le délestage se poursuit dans les
hôpitaux, mais, encore pour une semaine, les cliniques privées, elles, restent
ouvertes. Les travailleurs et travailleuses du réseau de la santé croulent sous
la tâche, les temps supplémentaires obligatoires. Mais les infirmières,
inhalos, médecins au privé, eux, continuent de faire des interventions non
prioritaires. La semaine dernière, à la période de questions, M. Legault
m'a dit que 90 % des capacités des cliniques privées sont utilisées. Bien,
le fardeau de la preuve est sur ses épaules. J'ai envoyé une lettre hier au premier
ministre lui disant : O.K., vous dites ça? Bien là, aidez-moi à saisir.
Alors, ce que je lui demande, c'est
simple. D'une part, on veut voir les contrats entre les CIUSSS et les cliniques
privées. On veut savoir c'est quoi, la capacité des cliniques privées qui n'ont
pas été retenues pour ces contrats-là. On veut savoir combien d'infirmières,
d'inhalos, de médecins travaillent en ce moment dans l'ensemble du réseau privé
et combien de ces gens-là ont été mobilisés par le ministère de la Santé dans
le cadre des ententes dont le premier ministre me parle.
Alors, je défie le premier ministre de
faire preuve de transparence. Après, bien, il aura beau me dire si, oui ou non,
il a atteint le 90 % dont il me parle. En attendant, ce qu'on voit, c'est,
d'un côté, 22 ententes, sans appels d'offres, de gré à gré, sans que
personne ne sache combien ça nous coûte collectivement, de l'autre côté, un
réseau de la santé qui a des dizaines de milliers de chirurgies à rattraper et
des équipes qui sont à bout de souffle. Si le premier ministre dit que
90 %, et je le cite, de ce qui était rapatriable a été rapatrié, bien, il
doit être capable de le démontrer, et c'est ça que je m'attends de lui.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. Deux sujets dont j'aimerais parler avec vous ce matin.
D'abord, c'est très, très rare que ça
arrive ces temps-ci, mais, aujourd'hui, c'est une belle journée pour les
travailleurs et les travailleuses dans le réseau de la santé. Aujourd'hui, les
soignantes du Québec ont remporté une victoire, une victoire contre un
gouvernement qui, obstinément, depuis des mois, refusait de les protéger
adéquatement en leur fournissant des N95.
Combien de fois m'avez-vous entendu ici en
parler? Combien de fois est-ce que, Manon et moi, on s'est levés en Chambre
pour porter la voix des travailleurs, travailleuses de la santé et pour implorer
le gouvernement du Québec de leur fournir des N95? Pendant des mois, le gouvernement
de la CAQ a échoué à sa responsabilité fondamentale de protéger les soignantes
du Québec. Il y a quelques semaines, c'étaient les tribunaux qui infligeaient
un camouflet juridique au gouvernement du Québec. Bien, aujourd'hui, c'est la
CNESST qui sert un camouflet au gouvernement de François Legault sur la
question de la protection des soignantes.
Je veux prendre le temps de vous rappeler
cette histoire-là parce que c'est une histoire tragique. Entre juin 2020 et
février 2021, il y a quelques jours à peine, les N95, dans notre réseau de la
santé, non seulement ils n'étaient pas disponibles, ils étaient interdits,
interdits, dans tous les établissements de la santé, dans tous les contextes
qui n'impliquent pas les fameuses interventions médicales générant des
aérosols. Pourtant, on sait depuis le 14 octobre que les soignantes
courent 10 fois plus de chances de contracter le virus que la population
générale. Depuis le mois de juillet, ces femmes, en grande majorité, et ces
hommes demandaient qu'on les protège adéquatement.
Le 29 octobre, j'ai posé la question
au ministre Dubé, et je vous invite à aller écouter sa réponse. Il m'avait dit
que c'étaient des revendications syndicales, le port du N95, et qu'il fallait
prendre ça avec un grain de sel. Le 1er décembre, il y a une nouvelle
étude qui a démontré qu'il y avait des taux de contamination qui pouvaient
aller jusqu'à 56 % dans les zones chaudes dans certains établissements de
santé au Québec. Le 2 décembre, Québec solidaire a déposé une motion pour
garantir des N95 aux soignantes en contact avec un patient COVID. La CAQ l'a battue.
Le 3 décembre, le lendemain, ma collègue Manon déposait en Chambre une
lettre signée par 94 scientifiques qui imploraient la CAQ de reconnaître
la transmission par aérosols et de fournir les N95.
Et, aujourd'hui, on est quoi, on est — je
ne veux pas faire d'erreur — le 9 février, et c'est finalement
parce que la CNESST leur tord le bras que la CAQ va protéger adéquatement nos
travailleurs et travailleuses de la santé, 11 mois après le début de la
pandémie, alors qu'il y en a 30 000 qui ont attrapé la COVID. Combien on
en aurait protégé? Combien on en aurait sauvé si le gouvernement de la CAQ
avait pris ses responsabilités et avait écouté les gens sur le terrain?
J'espère que ça va servir de leçon au
gouvernement Legault. Quand les femmes sur le terrain vous parlent,
écoutez-les. Quand ces femmes-là vous disent : On a besoin d'être mieux
protégées, là, au lieu d'encore pointer les syndicats, écoutez les femmes sur
le terrain. Moi, j'espère qu'il va y avoir un avant et un après 9 février
et qu'enfin François Legault et Christian Dubé vont se mettre à écouter les
femmes sur le terrain qui nous défendent contre ce virus-là, parce que, là, ça
fait des mois qu'elles criaient à l'aide puis qu'on les ignorait.
C'était le premier sujet dont je voulais
vous parler. Comme vous voyez, j'en ai beaucoup sur le coeur, parce que ça fait
des mois, à Québec solidaire, qu'on se bat pour ça puis qu'on porte la voix de
ces femmes-là et ça fait des mois qu'on se fait répéter qu'on est juste des
porte-voix de revendications syndicales. Bien, aujourd'hui, j'espère que le
ministre Christian Dubé prend des notes que, quand Québec solidaire se lève en
Chambre et demande des choses, on est sérieux puis on fait nos devoirs.
Le deuxième sujet dont je veux vous parler
aujourd'hui, c'est les agences de placement. Il y a eu un grand dossier, dans LaPresse,
hier, qui est venu essentiellement confirmer tout ce que Québec solidaire dit
depuis des semaines sur l'hémorragie de personnel dans notre réseau de la
santé. Il y a en ce moment un exode du public vers les agences de placement
privées, et, hier, on apprenait enfin le chiffre, on quantifiait enfin cet
exode. On parle de 4 000 infirmières qui ont démissionné du réseau
public depuis le début de la pandémie.
Et, on va se le dire, ces infirmières-là n'ont
pas quitté pour aller se partir des «bed-and-breakfast». Elles ont quitté en
bonne partie pour aller pratiquer leur métier dans le privé. Si elles quittent,
ces infirmières et ces professionnelles en soins, ce n'est pas parce qu'elles ne
veulent pas contribuer à l'effort de guerre contre la COVID-19. Elles quittent
parce que travailler au public, c'est devenu invivable. Les conditions de
travail, elles étaient déjà difficiles avant la pandémie. Aujourd'hui, elles
sont carrément inhumaines. Et c'est pour ça que de plus en plus de
professionnelles en soins quittent le navire.
À Québec solidaire, on n'a pas seulement
mis le doigt sur le bobo, on a fait des propositions en marge de notre caucus
présessionnel. On a proposé d'abord d'adopter un décret d'urgence pour mettre
les agences de placement au pas. Concrètement, faire quoi? Deux choses.
D'abord, imposer aux agences de placement
de personnel l'obligation d'assurer une continuité de service dans les
établissements de la santé, ça, qu'est-ce que ça veut dire? C'est qu'à la fin d'un
quart de travail, s'il y a un besoin de faire du temps supplémentaire, cette
responsabilité-là devrait être partagée avec l'ensemble du personnel, pas seulement
le personnel du public, et le personnel de l'agence peut quitter. Puis, deuxièmement,
d'imposer des contrats minimaux d'un mois dans chaque établissement pour les
agences de personnel pour éviter quoi, bien, le roulement incessant dans les
équipes de travail…
Ça, c'est des propositions concrètes et
pragmatiques. Le ministre Dubé, on lui offre nos solutions. On veut qu'il les
prenne, qu'il les applique. Ça se fait demain matin et ça viendrait stabiliser
l'hémorragie de personnel.
Ceci étant dit, sur le fond, la solution
qui permet vraiment de régler le problème à sa racine, c'est d'envoyer un
signal fort que les conditions de travail dans le secteur public vont
s'améliorer significativement et massivement. Et, ça tombe bien, les professionnels
en soins sont en négociation en ce moment avec le gouvernement. Donc, c'est le
temps d'envoyer un grand signal, de sonner la cloche et de dire : Revenez
vers le public parce que le public, dorénavant, va prendre soin de vous et va
vous offrir des conditions de travail dignes et humaines. Voilà.
M. Larin (Vincent) : M.
Nadeau-Dubois, vous présentez ça, l'affaire des N95, comme un combat entre les
travailleuses puis le ministre. Ultimement, ce n'est pas plutôt une affaire de
scientifiques parce que la décision annoncée par la CNESST, ça découle du
changement de position de l'INSPQ, du comité CINQ? Est-ce que vous comprenez
pourquoi ça a pris autant de temps à ces organismes scientifiques là à se
décider là-dessus?
M. Nadeau-Dubois : Je ne
comprends pas pourquoi ça a pris autant de temps. Je ne comprends pas pourquoi
on n'a pas appliqué, dans ce cas-là et dans plusieurs autres, le principe de
précaution. Le principe de précaution, ce qu'il dit, ce n'est pas : il
faut attendre d'avoir toute la certitude scientifique du monde pour poser un
geste. Le principe de précaution, ce qu'il nous enseigne, c'est : si ça ne
nuit pas, et que ça peut aider, il faut poser le geste.
Les N95, là, ces femmes-là, elles le
disent depuis des mois, depuis le mois de juillet, qu'en tant que
professionnelles en soins elles sont les mieux placées pour savoir quelle
protection elles ont besoin à quel moment. On les a ignorées. Et, pire, on les
a ridiculisées en disant que c'était du petit syndicalisme corporatiste. Ces
femmes-là, elles voulaient juste se protéger puis protéger leurs familles. On
aurait dû les écouter.
M. Bossé (Olivier) : Sur le
Manoir Liverpool, M. Nadeau-Dubois, est-ce que le P.D.G. du CISSS est
responsable?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que le P.D.G. du CISSS a une part de responsabilité. Mais je trouve ça très
facile, de la part de la ministre Blais, de le désigner comme bouc émissaire,
alors que ce qui est en cause ici, c'est un système. En ce moment, dans le
monde des RPA, c'est le far west. C'est un réseau qui se développe de manière
exponentielle avec très peu d'encadrement de la part de l'État, et ce
système-là, Mme Blais en est témoin depuis de nombreuses années. Pendant
toute sa longue carrière politique, Mme Blais est sur le terrain, et elle
voit l'explosion du phénomène des RPA, et elle sait depuis longtemps que ce n'est
pas suffisamment encadré. Donc, bien sûr que le P.D.G. du CIUSSS doit répondre
à des questions, mais c'est très facile pour Mme Blais de se décharger de
sa responsabilité sur les épaules du P.D.G.. L'imputabilité, ça n'arrête pas au
deuxième étage. Ça doit monter jusqu'en haut.
M. Lavallée (Hugo) : Mais est-ce
qu'il faudrait… M. Paré le temps de faire des vérifications? Je parle de ses
responsabilités pour la campagne de vaccination, entre autres.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je sais, c'est que les RPA, c'est un domaine largement sous-réglementé et
sous-encadré par l'État québécois. Alors, qu'on fasse porter l'odieux de cette
tragédie-là sur un seul gestionnaire, alors que ce qui est en cause, c'est le
système lui-même, je trouve que ça manque de courage politique. Si
Mme Blais avait du courage politique, elle annoncerait aujourd'hui qu'elle
entame une révision complète de tout l'encadrement des RPA au Québec, parce que
c'est ça qui est en jeu dans cette situation-là. Comment ça se fait, par
exemple, qu'on ne fait pas des visites surprises dans les RPA? Ce n'est pas une
solution communiste, là. La ministre pourrait le faire, annoncer qu'à partir de
maintenant on va faire des visites surprises dans les RPA pour s'assurer que
les règlements sont appliqués. C'est très, très simple. Elle peut le faire
demain matin.
M. Lavallée (Hugo) : Mais on
fait quoi avec M. Paré en attendant?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je m'attends à ce que M. Paré continue à répondre à des questions. Il n'est
plus en fonction directement au CIUSSS en question. Moi, je m'attends à des
décisions politiques parce que le problème, il est politique.
M. Lavallée (Hugo) : Les RPA…
M. Nadeau-Dubois : C'est
encore M. Paré ou…
M. Lavallée (Hugo) : Oui, sur
le CISSS, est-ce qu'il faudrait avoir un accompagnement, le CISSS de
Chaudière-Appalaches, dans ce cas-ci?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
peux vous dire, pour l'avoir vécu dans ma circonscription, le problème du
manque d'emprise des CISSS et des CIUSSS sur les RPA, il est systémique, il est
partout.
J'ai, moi-même, dans ma circonscription,
eu à gérer un de ces cas où il y avait de la maltraitance à l'intérieur d'une
RPA, puis de la maltraitance qui s'est étalée sur des années. C'est ma collègue
Françoise David qui, lorsque j'ai été élu, m'a transféré le dossier en me
disant : Ça fait des années qu'on sait qu'il y a de la maltraitance, et
personne n'est capable de rien faire. Donc, même moi, comme député, dans ma
circonscription, je l'ai constaté, le manque d'emprise ou, des fois, dans le
jargon, on dit de poignée, là, des CISSS et des CIUSSS pour intervenir dans les
RPA quand il y a des problèmes.
Donc, pointer du doigt M. Paré, c'est
très, très, très facile. Affronter les grands lobbys immobiliers derrière les
RPA, ça prend pas mal plus de courage politique. Et moi, j'invite
Mme Blais à avoir ce courage-là.
M. Bergeron (Patrice) : Justement,
les RPA font appel à des lobbyistes pour que le crédit d'impôt pour le maintien
à domicile soit augmenté. Non seulement il y a le regroupement québécois des
RPA, mais il y a aussi Le Groupe Maurice…
M. Nadeau-Dubois : Sélection,
Cogir…
M. Bergeron (Patrice) : Il
y en a trois, là, là-dedans. Est-ce que, selon vous, ça serait une des solutions
pour que ça soit plus accessible, les RPA, pour beaucoup de gens qui ont fait
moins de revenus et qui ne peuvent pas se permettre ce type de résidence là?
M. Nadeau-Dubois : Pour
moi, il est hors de question qu'on concède des avantages financiers aux grands
empires immobiliers qui contrôlent le marché des RPA sans réglementer beaucoup
plus sévèrement ce marché-là. Il n'y aura pas… Pour nous, il n'y aura jamais
d'acceptabilité sociale pour donner un dollar d'aide à ces entreprises-là sans
encadrement strict de ce marché.
Puis je vous donne un seul exemple, les
loyers. Ce n'est pas normal que les grandes RPA, qui sont, je le répète, dans
le cas des grandes entreprises dont vous venez de parler, contrôlées par des
géants immobiliers très riches… Il est hors de question que ces entreprises
très profitables bénéficient de l'aide de l'État si, de l'autre côté, on ne
restreint pas sévèrement leur capacité à augmenter les loyers. Ça, c'est juste
un exemple, les loyers.
Je pourrais en parler longtemps, de tous
les autres mécanismes d'encadrement à mettre en place. Mais les loyers, c'est
ce qu'il y a de plus choquant. Et on est passés très proche d'une catastrophe
récemment dans le dossier du Château Bellevue. Heureusement, l'entreprise a
fait marche arrière, mais on est passés très proche de vivre des tragédies en
cascade.
M. Carabin (François) :
Pour revenir sur la question de la crise sanitaire, il y a des experts qui
commencent à parler de plus en plus du potentiel d'une troisième vague. On n'est
même pas sortis de la deuxième. Qu'est-ce que vous attendez de Québec en
préparation pour une troisième vague? Et est-ce que, simplement, le Québec est prêt?
M. Nadeau-Dubois :
J'entends moi aussi les voix des experts. Je lis les mêmes choses que vous. Il
y a raison de craindre une potentielle troisième vague. Moi, je commence à me
pencher sur le dossier. On va avoir des questions pour le ministre Dubé, dans
les prochains jours, les prochaines semaines, sur cette question-là, parce
qu'entre la première et la deuxième vague il y a des leçons qu'on n'a pas
apprises, notamment sur le plan de la protection du personnel soignant.
Moi, je m'attends à ce qu'on apprenne les
leçons entre la deuxième et la troisième sur la question de la protection du
matériel soignant, mais aussi sur la question de la transmission par aérosols
et de la ventilation, hein, parce que les nouveaux variants qui pourraient être
à la source d'une potentielle troisième vague, ils sont plus contagieux. Donc,
les mesures de protection qu'on a en place, elles deviennent encore plus
importantes. Dans le cas de la ventilation, si le virus est plus infectieux,
bien, la ventilation devient juste encore plus importante.
Alors, en vue de la préparation pour la
troisième vague, il va falloir repasser l'ensemble de ces dossiers-là pour
s'assurer qu'on est prêts.
M. Gagnon (Marc-André) : …sur
le sujet du troisième lien, les transports et du tramway, je ne sais pas qui,
de vous deux, veut répondre?
M. Nadeau-Dubois : Ça va être
la première porte-parole qui va vous répondre.
M. Gagnon (Marc-André) :
Parfait. Alors donc, bien, j'ai vu, là, que votre collègue, M. Zanetti,
souhaite débattre publiquement avec Sylvain Lévesque du dossier. Mais, sinon,
pour l'essentiel, vous pensez quoi de la sortie que le député de Chauveau a
effectuée sur Facebook, alors que, jusqu'à maintenant, on n'avait que très peu
entendu les élus caquistes de la région de Québec se prononcer sur le projet?
Mme Massé : Bien, ce que je
trouve intelligent de mon collègue de Limoilou, c'est de dire : Bien, au
lieu de faire ça par Facebook interposé, pourquoi pas un vrai débat entre des
tenants, comme Québec solidaire, qui disent que ce projet-là est plus qu'urgent
d'être entamé, et, plus qu'on attend, bien, plus qu'on fragilise la capitale,
et des gens qui disent : Bien, ça prend absolument une desserte pour, voyons,
les banlieues, ce avec quoi on est complètement d'accord?
Mais je suis certaine que, si le débat
s'enclenche, les deux vont arriver exactement au même point. C'est-à-dire, si
le gouvernement caquiste veut plus de service dans les banlieues, bien, il va
falloir qu'il mette plus d'argent, et ça, on le sait depuis le début. Et c'est
là où il y a des grandes questions qui se posent pour nous, entre le fait que
le troisième lien demeure encore quelque chose de nébuleux en termes de coûts,
en termes de ce que ça va desservir, etc., et le troisième lien... pas le
troisième lien, pardon, le tramway, qui, lui, est prêt à être sur les rails dès
maintenant.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
visiblement, on semble encore bien loin, là, d'un feu vert du gouvernement vers
le projet de réseau structurant. Est-ce que vous avez l'impression que le
gouvernement essaie de reporter sa décision, de la pelleter en avant, vers
l'échéance des élections municipales prochaines?
Mme Massé : Je ne sais pas à
quel jeu il joue. Mais il y a une chose qui est certaine, lorsqu'un projet se
travaille depuis des années, que la communauté est mobilisée... C'est rare que
les groupes citoyens sont côte à côte avec les chambres de commerce, et les
grands développeurs, et la municipalité, et etc., et qu'il y a un intervenant,
un seul, qui fait que ça retarde, et c'est le gouvernement qui est en place. Bien,
c'est sûr que ça pose un certain nombre de questions, et c'est lui qui devra
répondre de ça. Pourquoi? Bien, parce qu'on est au XXIe siècle, parce que la
base de la structure du tramway, c'est d'offrir une infrastructure de base justement
pour permettre après ça de développer beaucoup plus largement le transport
collectif. Et, oui, je pense que la CAQ devra en répondre elle aussi devant
l'électorat.
M. Gagnon (Marc-André) : Une
petite dernière rapide, là. Mme Anglade, juste avant vous, disait qu'elle
a l'impression que la CAQ travaille à... essaie de faire en sorte que le projet
avorte. Est-ce que vous en faites la même lecture?
Mme Massé : Bien, je veux dire,
mon impression à moi, là… Puis on est dans le domaine de l'impression parce
qu'on attend encore après M. Bonnardel pour son troisième lien, pour avoir
de la donnée sur laquelle on peut faire des liens. Mais une chose qui est sûre,
c'est que, quand tout un milieu te dit : C'est vers là qu'il faut aller,
il faut y aller au plus vite, et qu'un seul acteur dit : On n'y va pas,
bien, on n'y va pas maintenant, peut-être un jour, il faudrait adapter… non, ça,
ça laisse clairement entendre que ce gouvernement n'est pas pour le tramway, ne
veut pas de tramway, et que Québec n'est peut-être pas sa priorité non plus.
M. Larin (Vincent) : Le
changement de nom de circonscription de Bourget pour Camille-Laurin, est-ce que
c'est quelque chose que vous appuieriez, chez Québec solidaire?
Mme Massé : Bien, écoutez, c'est
sûr que M. Laurin est définitivement quelqu'un à honorer, et c'est pour ça
qu'il l'est ici, autour du Parlement et dans la ville de Québec. Mais, ceci
étant dit, j'espère que, lorsqu'on réfléchira à changer des noms de circonscription,
on se posera aussi, par exemple, la question de dire : Bien, est-ce qu'il
y a des femmes qu'on aimerait honorer dans nos circonscriptions? Le dernier qui
a changé, c'était pour Maurice Richard. Donc, est-ce qu'on peut commencer à... des
personnes racisées, des personnes autochtones? Je pense qu'on pourrait aussi
penser... Mais, ceci étant dit, M. Laurin est tout à fait quelqu'un qu'on
peut continuer d'honorer dans la vie.
La Modératrice
: Une
dernière question.
M. Larin (Vincent) : …circonscriptions
devraient être paritaires au Québec, Mme Massé, 50 %...
Mme Massé : Sans être paritaires,
on peut-u dire qu'il y a loin de la coupe aux lèvres?
Mme Lévesque (Fanny) : …vous
entendre sur le cap des 10 000 morts qui a été franchi en fin de
semaine. Le Parti libéral, le Parti québécois aussi... pas n'utilisent pas, là,
mais notent que, ce cap-là franchi, il est temps maintenant d'avoir une enquête
indépendante sur la pandémie. Est-ce que vous, vous faites aussi cette
demande-là?
M. Nadeau-Dubois : Depuis le
début, depuis que cette idée circule, d'une enquête indépendante sur la gestion
de la pandémie au Québec, nous l'appuyons. Il va falloir, en effet, faire les
bilans. Ceci étant dit, la crise n'est pas terminée. Alors, oui à une enquête
lorsque la crise s'apaisera.
Mais, ici et maintenant, il y a des gestes
qu'on peut déjà poser et il y a des leçons qu'on peut déjà apprendre de notre échec
bien québécois dans la lutte contre la COVID-19, parce que ce n'est pas un
record dont il faut être fier, le fait d'avoir l'un des pires bilans au Canada,
c'est le moins qu'on puisse dire. Je suis désolé, mais je suis obligé de me
répéter et de dire : Sur le plan de la protection du matériel soignant, le
Québec était le seul endroit au Canada où on interdisait le port des N95, là.
Est-ce que c'est un facteur qui explique notre bilan? La question se pose, puis
une éventuelle enquête pourrait y répondre.
Le fait qu'on ait pris tant de temps à
reconnaître ici la transmission par aérosols, et donc le rôle crucial de la
ventilation dans la lutte contre le virus, est-ce que c'est un facteur? Il
faudra répondre à cette question-là. Le «stop-and-go», en matière de mesures
sanitaires, ou, pour prendre un langage plus francophone, l'effet de yoyo
auquel on a assisté dans la gestion des mesures de confinement, est-ce que ça a
nuit à notre lutte contre la pandémie? Ces questions-là, elles sont encore
vives, et il faut y trouver des réponses rapidement, parce qu'il y a peut-être
une troisième vague qui s'en vient.
D'ailleurs, je réalise, en vous parlant,
que je ne vous ai pas parlé de la motion qu'on va déposer ce matin à
l'Assemblée nationale. C'est une motion qui va demander officiellement au
gouvernement du Québec de donner suite à la décision de la CNESST et de
garantir des masques N95 pour toutes les soignantes en contact avec un patient atteint
de la COVID ou suspecté d'avoir la COVID. Vous comprendrez qu'avec la décision
de la CNESST c'est une bonne nouvelle. C'est une victoire. Mais on ne veut
laisser aucune ambiguïté sur la disponibilité de ce matériel-là sur le terrain,
et c'est pour ça qu'on va déposer une motion pour dire : Mettons fin au
flou et assurons-nous que chaque soignante qui est en contact avec un patient
COVID ou suspecté COVID, on lui donne un N95 tout de suite. On ne niaise pas
avec ça.
La Modératrice
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
Mme Fletcher
(Raquel) : What does this number of 10,000
mean to you?
M. Nadeau-Dubois :
It's a sad step in our fight against the pandemic. You know, Mr. Legault loves
to say that he is proud to be a Quebecker, but that number is not something we
should be proud of. And I hope, one day, we'll have a public inquiry to answer
those questions, why has Québec failed in the fight against the pandemic, because
it's not a symbol of success to reach that peak as soon as we reached it.
Mme Fletcher (Raquel) : And, in French, I heard you say that not enough is being done. You
gave the example of the N95 masks.
M. Nadeau-Dubois :
Well, you know, the frontline workers have been asking
since July to have the adequate protection equipment. And, when Québec solidaire, here, in this Assembly,
said to the Minister : Give them what they need to
be protected, the answer was : This is a union
asking for things. It's quite a slap in the face from the safety and health
authorities to say to that Government today : You were wrong, those women deserve to have the best
protection equipment possible.
That's one of the questions I have. Is this one of the reasons
why we have one of the worst results in our fight against the pandemic, the
fact that it took months to authorities here, in Québec, to recognize airborne transmission? And the fact that it took even
more time to recognize the importance of ventilation to fight the virus, is this a factor? It's also a question I have.
So all those questions need to be answered. I hope we
will answer them before the potential third wave. And one thing for sure is we
need a public inquiry to get a definitive answer to those questions when the time comes.
Mme Fletcher (Raquel) : Where does the party stand on the Dawson College expansion?
M. Nadeau-Dubois : The Dawson College expansion? Our program has been very clear since
our foundation. We think postsecondary education should be funded in a fair way
between the francophone population and the anglophone community. And, right now, there is «un
débalancement». How do you say that?
Mme Fletcher (Raquel) : An imbalance?
M. Nadeau-Dubois : Yes. So, right now, there is an imbalance between those two
systems. So we haven't seen yet the motion of the Parti
québécois. If it goes in the direction to make sure
that all our postsecondary education system is funded in a fair way, we will be
in favor of the motion. If it goes against that principle, we will be against
the motion.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 51)