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Point de presse de M. Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones, et Mme Sylvie D'Amours, députée de Mirabel

Version finale

Wednesday, December 9, 2020, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures vingt-deux minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Mme Sylvie D'Amours, députée de Mirabel, accompagnée du ministre Ian Lafrenière, responsable des Affaires autochtones, concernant le projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission en établissement. Mme D'Amours.

Mme D'Amours : Merci beaucoup. Bonjour à toutes et à tous. Je suis ici aujourd'hui pour vous parler du projet de loi n° 79, comme vient de le dire mon collègue. Lorsque j'étais au cabinet comme ministre responsable des Affaires autochtones, je l'appelais tendrement la loi des bébés. Comme beaucoup de Québécois et Québécoises, je n'avais aucune idée qu'une tragédie de cette ampleur existait au Québec. Je l'ai appris par le biais de l'Enquête nationale des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. D'apprendre que des enfants et des bébés autochtones ont été déclarés, parfois à tort, morts ou disparus, j'étais sous le choc. Encore aujourd'hui, des familles vivent dans la souffrance, le traumatisme et la blessure collective. Ils ont droit à la vérité. Ces petites âmes autochtones dérobées de leurs familles, ces petits êtres, ces petits humains n'auraient jamais dû avoir le statut d'enfant ou de bébé fantôme, jamais.

Au cours de l'enquête, de l'ENFFADA, des témoignages nous apprennent que ce drame s'est étalé sur plus de 50 ans, et ce, jusqu'en 1989. En 1989, ma fille Catherine avait quatre ans et ma fille Alexandra avait un an. J'ai essayé de m'imaginer comment je réagirais si on m'avait fait subir le même sort que ces parents qui ont perdu la trace de leur enfant. J'essayais d'envisager comment j'aurais vécu leur disparition après qu'elles aient été hospitalisées, me faire dire qu'elles sont mortes, sans preuve, sans acte de décès ou, pire encore, qu'elles aient été placées dans des familles d'accueil sans mon consentement. À chaque fois que j'y pensais, mon coeur de mère saignait. Je devais agir comme ministre et j'ai agi.

Comme ça touchait principalement le ministère de la Santé, j'avais demandé à ma collègue Danielle McCann, qui était ministre à l'époque, je lui avais demandé s'il y avait une possibilité de travailler un projet de loi sur ce dossier. Évidemment, elle a accepté sans hésitation, et on aura connu le projet de loi n° 31, projet de loi n° 31 qui avait quelques articles qui concernaient les enfants et les bébés autochtones. Lors des travaux en commission, on devait faire adopter la loi rapidement parce qu'on en avait besoin pour que les médecins puissent donner des actes pendant la pandémie, et, à la demande des oppositions, on a dû enlever ces articles. À partir de ce moment-là, il fallait tout reprendre à zéro.

J'ai donc décidé de travailler moi-même mon projet de loi. J'ai eu plusieurs rencontres, parfois avec des familles autochtones, des chefs, des grands chefs, parfois avec des journalistes, la Protectrice du citoyen. Je voulais un projet de loi dans lequel on n'oublierait rien. J'ai considéré par la même occasion les commentaires de mes collègues de l'opposition et les recommandations de M. Picard qui avaient été faites lors des travaux en commission pour le projet de loi n° 31. Je suis allée sur le terrain, j'ai entendu et j'ai écouté.

Maintenant, vous avez un projet de loi, qui est le projet de loi n° 79, que j'appellerai toujours la loi des bébés. Je l'ai travaillé, mais maintenant le relais est passé est mon collègue Ian. Ce projet de loi répond à l'appel à la justice n° 20 et à l'esprit de l'appel à la justice n° 21 du rapport de l'ENFFADA.

Je suis de tout coeur que... Je souhaite, pardon, de tout coeur que la recherche de la vérité et l'accompagnement que le projet de loi prévoit tout au long de ce processus apportent à toutes les familles concernées un peu de réconfort et le début d'une guérison.

En terminant, je m'adresse à vous, journalistes, mais je m'adresse aussi à votre coeur afin que votre plume, vos mots en soient influencés. Il faut que nous puissions faire connaître le projet de loi n° 79 au plus grand nombre de Québécois, que cette tragédie soit connue de tous. Nous aurons un devoir de mémoire afin qu'une tragédie comme celle-ci ne se reproduise plus jamais au Québec. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup, Mme D'Amours.

M. Lafrenière : Alors, merci. Merci beaucoup, Sylvie. Merci infiniment. Je peux te rassurer, quand je regardais les livres qui parlaient de ce projet de loi, il s'appelait encore le projet de loi sur les bébés.

Avant de vous parler du projet de loi, je veux souligner la présence de certains collègues qui sont ici. Alors, adjoint parlementaire, Denis Lamothe, qui est ici. Je vois Lise, notre collègue députée pour qui l'enfance lui tient particulièrement à coeur. Vraiment content de te savoir avec nous.

Et, avant de parler du projet de loi, j'aimerais ça qu'on prenne un instant pour penser aux familles, et ma collègue Sylvie l'a tellement bien fait tout à l'heure... parce que, oui, on est heureux, on est heureux d'être ensemble aujourd'hui pour faire cette annonce, parce que c'est une annonce qui tenait à coeur à Sylvie, puis elle a travaillé très, très fort pour l'amener où il est aujourd'hui. Puis moi, je suis heureux de faire cette annonce avec toi. Et non seulement je suis heureux, mais c'était impossible de le faire sans toi. Alors, merci beaucoup.

Mais c'est sûr que mes pensées vont aller pour ces familles-là, que tu as entendues, que j'ai entendues récemment. Et je pense aux familles de Pakuashipi, de Pikogan, de Manawan, Wemotaci, Natashquan, puis j'en passe. Il y a plusieurs communautés qui ont été touchées. Et je ne suis pas sûr que les gens se rendent compte, ce que ça veut dire pour eux, comment ça s'est passé exactement. Et aujourd'hui, c'est une attente interminable pour des familles, pendant 50, 60 ans, pour savoir ce qui est arrivé de leurs enfants.

Pour nous, pour moi, comme papa de deux jeunes filles, c'est impensable. C'est impensable de se dire que j'habitais dans un endroit qui s'appelle Pakuashipi. En 1960, en 1970, mon jeune enfant de deux ans a été très malade, on m'a proposé de le conduire à l'hôpital. Pour des raisons logistiques, je n'ai pas pu y aller avec lui, il a dû se rendre là tout seul, puis c'est la dernière fois que j'ai vu mon enfant. La seule nouvelle que j'en ai eu, c'est quelqu'un de la communauté qui s'est déplacé à l'hôpital, exemple de Blanc-Sablon, et qui m'a dit : Ian, ton enfant est décédé. Alors, imaginez comment vivre le deuil pour une famille qui ne l'a pas vu, qui n'a jamais eu de confirmation et qui a vécu avec des informations, des bribes d'informations. C'est impensable.

Ma collègue Sylvie D'Amours avait fait le projet de loi n° 31, a travaillé sur le projet de loi n° 31. En commission, on a travaillé là-dessus ensemble. Et pourquoi ça a été fait comme ça? Il y avait urgence d'agir. Il y a des parents qui arrivent à 89, 90 ans puis qui ne savent même pas ce qui est arrivé de leurs enfants. Dans certains cas, on a parlé d'enfants qui ont été donnés à l'adoption. Dans d'autres cas, des enfants qui sont décédés, mais pas de confirmation. On ne sait pas où ils sont enterrés, on n'a pas de détail.

Ce qu'on fait aujourd'hui, l'annonce qu'on fait aujourd'hui, c'est pour ces parents-là. Puis moi, j'ai une pensée particulière pour eux, parce que c'est vraiment dans le but de savoir, dans le but de leur donner cette information-là. Puis vous allez voir, le projet de loi, c'est du concret. Et moi, j'invite les oppositions à travailler ensemble pour faire en sorte qu'on ait la meilleure loi, mais surtout qu'on donne les outils à ces parents-là. Parce que ce qu'on vient faire, aujourd'hui, c'est donner de l'information, de l'information aux parents, puis de les accompagner. La plus belle image que je voudrais vous donner, moi, aujourd'hui, c'est qu'on veut les mettre dans la ouate, on veut être avec eux, les soutenir et pas juste être une référence, mais vraiment les soutenir dans ce processus-là qui doit être incroyablement difficile. Je peux vous dire, comme parent, juste me l'imaginer deux secondes, c'est horrible. Alors, on est là pour eux.

Encore une fois, Sylvie, je veux te remercier pour le travail qui a été fait puis je suis content qu'on arrive à ce moment-là. Mais pour les familles, au nom des familles... J'ai parlé au regroupement des familles hier. Je dois vous avouer que les gens sont heureux, mais je ne suis pas sûr qu'ils le réalisent, que ça se fait. Ça fait des années qu'ils attendent ce moment-là, et là la promesse qu'on a ensemble, c'est qu'on va livrer, on va travailler ensemble, avec les oppositions, pour livrer une bonne loi puis leur donner des réponses. Alors, merci beaucoup d'être ici aujourd'hui. Merci.

Mme Lévesque (Fanny) : ...quand vous parlez de soutenir les familles, du moment où elles vont recevoir les informations, qu'est-ce qui est prévu pour les accompagner? Parce qu'ils vont apprendre des choses, ils vont revivre certaines émotions. Qu'est-ce qui est prévu pour les accompagner après qu'elles reçoivent l'information?

M. Lafrenière : Sans tomber dans le détail, parce que je pourrais tomber dans des détails hautement techniques, je vais vous donner un exemple. Moi, comme famille, j'apprends que mon enfant a été enterré dans un endroit x... Et là vous allez comprendre qu'il y a plusieurs autres démarches à faire par la suite. Est-ce qu'il y a un processus d'exhumation? Qu'est-ce qu'on va faire? La dernière chose qu'on va faire, chez nous, c'est du référencement. On ne dira pas à la famille : Voici le numéro de l'entreprise, du coroner, bonne chance. On va travailler avec eux.

C'est pour ça que le projet de loi qu'on a ici, nous, on veut que ça soit une loi pour cinq ans. On veut accompagner ces familles-là, un. Deuxièmement, par la suite, il y a des cas aussi, puis je ne présumerai pas de rien, si les gens sont retrouvés vivants, c'est-à-dire que l'enfant x a été retrouvé vivant, vous allez comprendre que, par respect de confidentialité, on va le contacter à savoir s'il veut être mis en contact avec sa famille ou pas.

Alors, il y a beaucoup de petits détails comme ça, mais ce que je veux que vous compreniez, c'est qu'au final on les accompagne, on est avec eux. Et c'est pour ça qu'on prévoit aussi un budget pour une équipe, pour un groupe qui va être avez eux. Les détails, on va les développer ensemble. Puis je veux vraiment me laisser de la place avec les oppositions pour trouver ce qu'il y a de mieux.

Mais, au final, la plus belle image que je veux vous laisser en tête, c'est qu'on accompagne les familles. On ne les référence pas, on ne leur dit pas : Voici le numéro, bonne chance. Et on ne se substitue pas non plus à des processus d'enquête criminelle qui seraient en cours. On ne substitue pas non plus à des conseillers juridiques. On est vraiment dans de l'accompagnement.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Vous avez modifié certains aspects, là, qui accrochaient, selon certains groupes, dans la première version du projet de loi. Entre autres... la période des années a été élargie. Ça va jusqu'en 1989. On a ajouté des établissements religieux. Là, vous parlez de cinq ans. Avant, c'était un, de mémoire.

Pouvez-vous nous dire, en fait, ce qui a fait en sorte que vous avez décidé de faire ces ajustements-là?

M. Lafrenière : Oui, il y a eu plusieurs ajustements. On a entendu les recommandations, je vous dirais, les commentaires qu'on a reçus, puis je veux juste rappeler le pourquoi ça avait été imbriqué dans le p.l. n° 31, dans le projet de loi n° 31. Quand je parle d'urgence d'agir, moi, je parlais hier des familles qui me disaient : Moi, ma mère, là, a 89 ans. Elle veut le savoir avant de décéder.

Alors, c'était important. On cherchait un moyen de le passer rapidement. Là, on y va avec un projet de loi qui s'appelle le projet de loi n° 79, que j'espère qu'on va pouvoir travailler rapidement avec les oppositions, puis, si on peut le perfectionner puis le rendre encore meilleur, tant mieux, on le regardera ensemble, mais clairement, ce qu'on a aujourd'hui a tenu compte de ce qui a été dit dans le p.l. n° 31, de ce qui a été dit par l'APNQL, de ce qui a été dit aussi par la Protectrice du citoyen. Alors, on a pris ces commentaires-là en note, et, bien entendu, il va y avoir des consultations particulières.

On est très ouverts. Écoutez, on travaille pour les gens, avec les gens, dans un cas de projet de loi comme ça qui est du jamais-vu. C'est le premier projet de loi du Secrétariat aux affaires autochtones uniquement pour des autochtones, qui n'est pas... on s'entend, qui n'est pas un contrat ou un échange avec une nation. C'est un projet par et pour les autochtones. C'est le premier et c'est pour ça qu'on en est si fiers puis qu'on le fait ensemble aujourd'hui.

Mme D'Amours : Pour répondre à votre question, c'est que, dans le projet de loi n° 31, on avait pris les dates seulement qui avaient été citées dans le... voyons, l'enquête nationale, là, l'ENFFADA, mais, au fil du temps, à force d'entendre les commentaires, à force d'entendre les histoires des familles, on s'est aperçus que ce n'est pas toutes les familles qui s'étaient ouvertes, qui avaient dit ce qui s'était passé dans le passé, dans leur famille, concernant une mère, une grand-mère, une tante.

Donc, ce que nous avons fait dans ce projet de loi là, c'est que nous avons enlevé la date de départ. C'est que tous ceux qui auraient eu une expérience de perdre un enfant de vue, soit qu'il est mort, disparu ou mis en famille d'accueil, vont pouvoir déposer une demande, donc, et on a gardé la date de 1989, et tout le monde était à l'aise avec ça parce que c'est vers cette dernière année là que ça s'était produit. Il n'y en a pas eu d'autre après, mais la date... Avant, il n'y a pas de date.

Naturellement, on va essayer de tout faire pour retrouver la trace de ces enfants-là et, plus on va reculer dans le temps, bien, on va essayer aussi de trouver des gens qui ont une mémoire de ces temps-là, parce que souvent les archives arrêtent à une certaine date, mais on va aller le plus loin possible aussitôt qu'une famille pourra... voudra déposer une demande à ce moment-là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : En fait, je serais peut-être curieuse de vous entendre là-dessus, mais après, M. Lafrenière. Je vous autorise à répondre aussi. Vous avez parlé avec émotion. Vous avez dit que vous-même, vous avez découvert ces histoires-là pendant l'ENFFADA, donc assez récemment. Moi, je serais curieuse de vous entendre personnellement. On parle de dizaines d'enfants qui sont disparus, de familles qui n'ont pas de réponse, d'histoires très tristes, vous l'avez souligné. Puis il y a deux journalistes devant vous, vous ne devez même pas être étonnés de voir c'est lesquels. Est-ce que vous croyez qu'il y aurait eu plus d'attention médiatique si ces enfants-là avaient été allochtones?

Mme D'Amours : Bien, écoutez, probablement que les journalistes et d'autres de vos collègues sont à l'écoute, mais à leur bureau. Je pense que tout le monde en a parlé lorsqu'il y a eu le rapport de l'ENFFADA. Il y a plusieurs journalistes, là, je ne pourrais pas vous les nommer, là, mais il n'y avait pas que vous, il y avait d'autres journalistes. Je pense qu'ils vont en parler, je pense qu'ils sont à l'écoute. Il y a des gens, des journalistes, moi, qui m'appellent directement pour me poser des questions. Je vois qu'il y a un intérêt.

Je me fie sur vous, sur vos bons mots, votre plume afin de susciter l'intérêt pour d'autres journalistes qui n'auraient peut-être pas l'intérêt. Mais moi, je pense qu'il va y avoir un intérêt à ce projet de loi là parce que c'est une tragédie qui s'est produite ici, au Québec, puis on ne peut pas faire fi de ça. Il faut connaître l'histoire, il faut entendre les histoires afin qu'on puisse s'en souvenir et ne plus répéter ce genre de tragédie au Québec.

Je sais que... parmi les discussions que j'ai eues avec les familles, c'était la confiance, elles n'avaient plus confiance. Vous savez que ça fait très longtemps qu'elles demandent qu'on ouvre nos livres, qu'on les aide à donner... à avoir des informations, à savoir la vérité, parce qu'ils ont besoin de ça pour aller vers la paix.

Donc, moi, quand j'ai appris cette tragédie, je me suis dit : Bon, quelle personne dans laquelle ils pourraient avoir confiance? Ça fait que je ne vous annonce rien ici, là, mais Ian pourra l'annoncer incessamment, j'ai rencontré plusieurs personnes et je pense avoir suscité l'intérêt de quelques-unes à concourir à ces postes.

Je souhaite ardemment qu'une personne entre autres, là, que j'ai rencontrée il n'y a pas si longtemps, puisse être retenue. Et je pense qu'avec ces personnes que j'ai travaillées et que Ian a rencontrées, là, dernièrement... puissent être ces personnes-là qui les accompagnent, qu'ils aient une pleine latitude pour que les familles autochtones aient confiance au gouvernement. Parce qu'on met tout en place pour leur donner la vérité.

Mme Lévesque (Fanny) : Vous voulez dire qu'il y a une personne qui va être nommée pour piloter, un peu, le nouveau mécanisme de...

Mme D'Amours : Je vais laisser Ian répondre.

M. Lafrenière : Juste enchaîner sur ce que ma collègue vient de dire. Et je veux répondre à votre question, Mme Sioui, parce que je la trouve fort intéressante, en se demandant pourquoi... quelle est la couverture médiatique que le projet de loi recueille aujourd'hui. Et vous savez que ça se bouscule dans l'actualité, il y a beaucoup d'événements, on le sait. Mais je pense que vous comprenez qu'on est là ensemble devant vous... pourquoi on ne laissera pas tomber ce dossier-là.

Et je suis heureux de voir Lise qui est avec nous aujourd'hui parce que je vais faire un parallèle avec un autre dossier qui s'appelle l'exploitation sexuelle des mineurs. Et au début, quand on en parlait, on avait une situation qui ressemblait à ça aussi. Les gens ne connaissaient pas cette réalité. Ce n'est pas par manque d'intérêt, c'est que ce n'était pas un sujet qui leur avait été expliqué vraiment. Et moi, quand j'en parlais à des gens, au tout début, on me disait : Ah! on sait bien, c'est quelques dossiers par année; ah! c'est vraiment des enfants qui sont à la DPJ, ça ne peut pas nous toucher.

Et je vous confirme qu'avec la même conviction, et je sais que Sylvie a la même conviction... Et lorsqu'elle a rencontré les gens, elle les a convaincus d'embarquer dans cette aventure. Parce qu'on va avoir besoin de spécialistes, on va avoir besoin de gens avec nous pour accompagner les familles. Mais je peux vous confirmer que vous avez devant vous des gens de conviction. Puis quand je vois Lise, je vois Denis qui sont avec nous aujourd'hui, vous allez avoir plusieurs porte-parole, plusieurs personnes pour rappeler l'importance de ce qui s'est vécu et de raconter cette histoire-là qui est vraiment peu connue au Québec.

Moi, quand on me l'a racontée, j'étais sous le choc. Je suis allé consulter d'autres reportages, je suis allé voir ce qu'on disait puis j'ai parlé à des familles. Puis, pour moi, il y avait un «disconnect» dans ma tête, en disant : Ça ne se peut pas, ça ne se peut pas qu'on ait vécu ça au Québec. Alors, oui, il y a un travail à faire. Je vous remercie d'être là aujourd'hui. Mais moi, je suis persuadé que les familles ne resteront pas insensibles à ça. C'est juste qu'ils ne le savent pas pour l'instant. C'est inconnu.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que vous allez nommer quelqu'un qui va piloter le dossier?

M. Lafrenière : Avant toute chose, je ne peux pas présumer du projet de loi, c'est vraiment un projet de loi, on va le regarder en commission, on va travailler ensemble. Et par la suite c'est une équipe qu'on va devoir déployer. Tantôt, vous m'avez demandé de quelle façon on accompagne les familles. Puis on les accompagne avec des spécialistes, des gens qui vont pouvoir les supporter là-dedans.

Et n'oubliez pas non plus qu'il y a un pouvoir d'enquête. Pourquoi? Si les outils en place étaient la solution, on l'aurait fait depuis longtemps. Si les outils en place, c'est-à-dire la Loi d'accès, avaient donné toutes les réponses auxquelles ces familles-là s'attendent, on ne serait pas ici, devant vous, en vous parlant d'un projet de loi. Il faut rajouter une autre étape qui est un pouvoir d'enquête parce qu'on veut vraiment aller au fond des choses et donner les réponses auxquelles ces familles-là s'attendent. Et vous avez des gens très convaincus devant vous.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que vous allez aussi les accompagner si elles veulent poursuivre l'État pour le traitement auquel ils ont eu droit?

M. Lafrenière : La seule chose qu'on ne veut pas faire, c'est se substituer à des procureurs, à des légistes, et ce n'est pas... Puis c'est important, quand on parlait de supporter et d'aider, exemple, pour l'exhumation, on veut les aider, on ne veut pas les référencer, on ne veut pas leur dire : Voici le numéro. Mais on ne veut pas non plus jouer un rôle d'aviseur légal. On serait très, très mal placé, comme gouvernement, de devenir un aviseur légal. Ça fait qu'on va laisser toute l'autonomie à ces familles-là. Mais on veut vraiment prendre soin d'eux. Je pense que le bon terme, c'est de prendre soin de ces gens-là. Ça fait des années qu'ils l'attendent.

Et, quand je parlais au regroupement des familles hier, ils me disaient : Est-ce que vous allez nous envoyer un charabia technique qu'on ne comprendra pas, est-ce que vous allez nous envoyer des termes que seul un avocat va comprendre, puis ça ne dérange pas ce que je vais faire? C'est pour ça que je vous parlais d'avoir une équipe avec des professionnels, des spécialistes. Puis, en y pensant rapidement, ça peut être des gens qui ont une connaissance médicale, des gens qui ont une connaissance légale, aussi, qui vont être capables de prendre des documents... Parce que, là, je parle de documents d'archives, là. Imaginez, on remonte dans les années 60, 70, des archives médicales, et d'expliquer à un parent : Voici ce qui est arrivé à ton enfant, avec des termes qui appartiennent des fois à un charabia médical...

On veut vraiment les accompagner là-dedans et non pas dire qu'on a fait notre job, voici le document, bonne chance. On veut les accompagner. Et moi, je reprends la pôle que m'a laissée Sylvie, qu'elle a développée avec tant de persévérance, puis c'est pour ça que c'est important, aujourd'hui, qu'on vous l'annonce ensemble.

Le Modérateur : Merci beaucoup, tout le monde...

Mme Lévesque (Fanny) : Juste un petit détail. Quand vous allez communiquer les documents, là, comment ça va... Là, c'est sûr que c'est un projet de loi, mais est-ce que c'est prévu... Je veux dire, je ne pense pas qu'on va envoyer ça par la poste, des documents comme ça, là. Comment ça va être communiqué aux familles, officiellement?

M. Lafrenière : Là, il nous reste à établir le comment on va travailler ensemble. Mais je vous dirais qu'il y a un invité qui s'est joint à notre projet de loi, qui s'appelle la COVID, alors comment on va travailler là-dedans, de quelle façon que ça va se faire, c'est... On est plein d'imagination, on va trouver des solutions, mais des solutions humaines.

Mme D'Amours : ...

M. Lafrenière : Je vous dis, encore une fois, on va le faire avec eux. Puis Sylvie, tu as tellement un bon point : on ne l'impose pas. Puis je vous dirais que tout récemment j'avais une rencontre sur un autre enjeu, complètement, puis on a fini par trouver, par un autre partenaire, une salle qui était accessible, avec un ordinateur, pour qu'on soit sur Teams. On va trouver des solutions, comme tous les Québécois font présentement. C'est différent, on s'adapte. Mais ce qu'on ne veut pas, c'est d'envoyer un document en disant : Voici l'information, bonne chance. Ce n'est pas ça, mais pas du tout. Merci beaucoup de votre intérêt.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Dans la première mouture, c'était une entité qui existe déjà, là, je ne me rappelle plus le nom, mais qui existe déjà, dans le Secrétariat des affaires autochtones, qui devait accompagner les familles. Est-ce que ça va être la même? Je ne sais pas si vous vous rappelez, là, c'était un acronyme dont le nom m'échappe, mais...

Mme D'Amours : Je le cherche, moi aussi, pendant que vous parlez. Les...

Mme Lévesque (Fanny) : Une équipe de liaison...

Mme D'Amours : C'est ça. Bien, en fait, ça existe à cause de l'ENFFADA, hein, elle a été montée à cause de l'ENFFADA. Il n'est pas exclu que ce soit eux, mais il va falloir qu'on choisisse avec les... bien, que Ian et les collègues qui vont travailler à la commission puissent regarder ça ensemble. Mais je vous dirais qu'il y aura plus que cette personne-là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que vous allez participer aux travaux, Mme D'Amours?

Mme D'Amours : De loin. Naturellement, j'aurai mon téléphone dans la main, et on communiquera ensemble, moi et Ian. On travaille en équipe, hein? Le gouvernement Legault, c'est une grande famille, donc on doit travailler en équipe. Ian maîtrise très, très bien le projet de loi et il a plongé dedans les deux pieds et les deux mains ensemble. Donc, non, mais je vais accompagner Ian, aussitôt qu'il aura une question, je pourrai être très, très rapidement, là, disponible.

Et il faut comprendre que, pour revenir à votre question, le regroupement existe encore, il a été mis pour faire suite à l'ENFFADA, mais il y aura d'autres personnes aussi qui vont se combler... qui vont se rajouter pour donner de l'aide aux familles. On veut aussi être rapides et efficaces dans le temps pour donner les réponses. Alors, on ne peut pas se fier juste à une personne, il va falloir qu'on ait une petite équipe, là, qui va avoir à coeur ce projet de loi et qui va aussi être des personnes dont les familles autochtones auront confiance. Voilà.

(Fin à 13 h 46)

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