(Neuf heures deux minutes)
Mme Anglade : Parfait. Bien, bonjour
à tous. Jeudi dernier, le premier ministre a demandé aux Québécois de souscrire
à ce qu'il a appelé son contrat moral. Le premier ministre a, selon la
compréhension de tout le monde, annoncé à ce moment-là que les gens pouvaient
se réunir en groupe de 10 sur une période de quatre jours, comprise entre le 24
et le 27 décembre. Le premier ministre a pris soin de spécifier que ce contrat
moral était évidemment conditionnel à ce que la situation ne périclite pas,
voire même qu'elle s'améliore. Voilà, en gros, ce que les Québécois ont compris
de l'annonce qui a été faite la semaine dernière.
À ce moment-là, nous avons souligné
l'importance dans ce contrat qu'il faudrait qu'il y ait des séries de mesures
qui nous permettent d'accompagner et d'encadrer de manière supplémentaire tout
ce qui se faisait en matière de santé publique. On a souligné l'importance
qu'une augmentation des gestes de socialisation comportait des risques, et ce
risque-là a même été reconnu par le premier ministre lui-même. Et, dans ce
contexte, on a demandé que le gouvernement profite de la situation pour élargir
les tests asymptomatiques à des personnes asymptomatiques et de spécifier
comment nos aînés, dans les RPA et dans les CHSLD, allaient être protégés
durant la période des fêtes. Les réponses qu'on a obtenues à ce sujet ont été
insatisfaisantes.
Et, hier, coup de théâtre, le premier
ministre et le ministre de la Santé ont décidé de resserrer les règles, de les
nuancer, de les changer, de les préciser, c'est selon. Nous, comme députés, là,
comme parti d'opposition, on est ici, à l'Assemblée nationale, tous les jours
et on a de la misère à suivre ce que dit le gouvernement. Imaginez la
population. J'invite le gouvernement à faire un examen lucide de ses
communications. Le gouvernement doit impérativement envoyer des directives
claires à l'ensemble des Québécois. On convient tous que la situation actuelle
est exceptionnelle. Mais le gouvernement a la responsabilité de s'assurer que
ses annonces soient réellement attachées avant de se présenter devant les
médias.
À cet égard, j'aimerais demander à nouveau
aux concitoyens de faire en sorte qu'on respecte les règles de la Santé
publique malgré la confusion ambiante qui les entoure. Nous avons demandé,
depuis la semaine dernière, d'élargir les tests aux personnes qui sont
asymptomatiques. La réponse du premier ministre à cet égard a été stupéfiante,
je paraphrase : Nous croyons que tester des personnes asymptomatiques est
non souhaité, mais également dangereux à cause d'un faux sentiment de confiance
que pourrait procurer un test négatif. Ça me rappelle un peu la période où on
disait — période pas si lointaine, d'ailleurs — que les
masques étaient non seulement non nécessaires, mais qu'ils pouvaient également être
des vecteurs de contagion.
Pourtant, le Dr Anthony Fauci, en
entrevue à Radio-Canada, a tenu les propos suivants. Il a expliqué que le virus
se propage en premier lieu à l'intérieur même des domiciles. Des petits groupes
de personnes s'infectent mutuellement, alors que certains ignorent même qu'ils
sont contaminés. Si vous testez seulement les personnes symptomatiques, vous
allez échapper une partie importante de la propagation de l'infection au sein
de la communauté. Nous devons être en mesure de faire passer un test de
dépistage à un large pan de la population afin de détecter les propagateurs
asymptomatiques du virus. Le message ne peut pas être plus clair de la part du
Dr Fauci.
Le Dr Lussier, au Québec, a dit la
chose suivante. En testant un grand nombre d'asymptomatiques, on identifierait
des positifs qui l'ignorent, ce qui permettrait d'empêcher le virus de se
transmettre. En Ontario, maintenant, on voit que l'Ontario a mis en place de
son côté des projets pilotes pour tester les asymptomatiques. Et je n'ai pas
entendu Doug Ford nous dire que c'étaient des risques inconsidérés qu'il
prenait lorsqu'il décidait d'aller tester les asymptomatiques.
Alors, si le premier ministre et le ministre
de la Santé ne souhaitent pas ouvrir les tests ou offrir des tests aux
asymptomatiques parce qu'ils n'ont pas suffisamment de tests ou ils ne l'ont
pas en quantité suffisante, qu'ils nous le disent. Mais je les invite à faire
preuve de transparence, à nous dire réellement ce qui se passe et la raison
pour laquelle on décide, ici, au Québec, de ne pas tester des asymptomatiques.
La théorie ne tient tout simplement pas la route.
Depuis le début de la crise, le gouvernement
de la CAQ a pu bénéficier de l'indulgence des Québécois, mais aussi des
oppositions et des médias, compte tenu du caractère assez unique de la crise que
l'on traverse. Et c'est d'ailleurs pourquoi, dès le début, on a offert notre
pleine collaboration. On a amené plusieurs propositions en santé, en santé
mentale, en éducation, en économie, et j'en passe. Mais la réalité a ses
droits. Des questions sur la gestion chaotique et réactive de la crise du
gouvernement doivent être posées, et le gouvernement a le devoir d'y répondre. Comme
le rappelait Michel Nadeau, dans Le Journal de Montréal, très récemment,
c'est au mois de janvier et février qu'il fallait prendre des décisions. On s'est
réveillés au mois d'avril.
Comment expliquer que cet été le premier
ministre soit parti faire une tournée des régions pour parler du projet de loi
n° 61? Comment expliquer que le ministre de l'Éducation n'ait pas pris les
mesures nécessaires pour ventiler convenablement les écoles, alors
qu'aujourd'hui on entend encore parler de problèmes de ventilation dans nos
écoles? Comment expliquer que le ministre de l'Économie n'ait pas préparé un
plan d'aide directe pour nos entreprises dès cet été, alors qu'aujourd'hui,
encore une fois, on a des enjeux, des entreprises n'ont pas reçu l'argent
nécessaire et sont aux abois? Comment expliquer que les PME se battent encore
pour recevoir l'aide promise? Comment se fait-il que personne n'est capable de
répondre par rapport à la directive qui a été émise sur le fait qu'on ne
réanime pas des patients en ambulance, et que cette directive-là a été émise
pendant une période de cinq mois, alors qu'à New York elle a été émise pendant
une période de cinq jours? Comment justifier encore le transfert de personnel
et de patients après plus de neuf mois dans la crise?
Je crois sincèrement, là, que le temps de
l'indulgence tire à sa fin et que les réponses doivent commencer à être
données. J'invite le gouvernement à en prendre acte. Merci.
M. Laforest (Alain) : Vous
faites plus confiance au Dr Fauci qu'au Dr Arruda?
Mme Anglade : Je pense
que le premier ministre Legault a lui-même cité M. Fauci plusieurs fois
dans ses propres points de presse, mais il n'y a pas simplement le
Dr Fauci. On a des gens ici, au Québec… On peut nommer le Dr Lussier.
On peut voir ce qui se passe ailleurs, que, lorsqu'on regarde les faits,
lorsqu'on regarde ce que la science dit... La science, tout n'est pas exact, mais,
lorsqu'on regarde les faits, M. Laforest, force est de constater que cet
enjeu de ne pas tester les asymptomatiques devient véritablement un problème.
M. Laforest (Alain) :
...met en opposition Santé publique versus Santé publique, là. Vous faites plus
confiance aux Américains que...
Mme Anglade : Moi, je
pense qu'on doit écouter le Dr Fauci. Je pense qu'on doit écouter... On
doit regarder ce qui se passe en Ontario. Et je pense que le Dr Arruda
avait déjà émis de grandes réserves par rapport au masque puis finalement il s'est
ravisé. Je pense qu'il y a des questions sérieuses qui se posent par rapport au
fait qu'on ne teste pas des asymptomatiques ici, au Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Qu'est-ce que ça dit sur le jugement du Dr Arruda à ce moment-là?
Mme Anglade : Je pense que
la question se pose avant au premier ministre Legault. C'est lui qui prend les
décisions. C'est lui qui vient nous dire que finalement ça pourrait être même
dangereux de tester des asymptomatiques. Ce que je pose comme question, c'est :
Pourquoi est-ce qu'au Québec on pense que ça pourrait être dangereux de tester
des asymptomatiques quand, en Ontario... M. Legault parlait du mystère de
l'Ontario. Bien, le mystère de l'Ontario, là, aujourd'hui, là, ils ont des
projets pilotes qui testent les asymptomatiques. Il y a des spécialistes ici,
au Québec, qui disent qu'il faudrait tester des asymptomatiques. Lorsqu'on
regarde le contrat moral du gouvernement qu'il a présenté, il nous dit :
On va augmenter la socialisation. Mais qu'est-ce qu'on change exactement par
rapport aux tests? Il me semble évident que la question de tester des
asymptomatiques s'impose d'elle-même.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que les Québécois se sont fait flouer par ce contrat moral là dans la
mesure où certains peuvent s'être sentis bernés, là, par la présentation qui a
été faite jeudi dernier, qui ont organisé certains événements pendant le temps
des fêtes, puis là...
Mme Anglade : C'est une
confusion totale des genres parce que, la semaine dernière, on nous disait
qu'ils avaient le droit d'avoir des rencontres sur une période de quatre jours
avec 10 personnes. Hier, en point de presse, on est passés de quatre,
finalement, potentielles rencontres à une recommandation de deux rassemblements,
de la part du premier ministre. Et, dans le même point de presse, le Dr Arruda
nous dit : Finalement, j'en recommande un. Quel est le message qu'on
envoie à la population? Qu'est-ce qu'on dit à la population?
M. Laforest (Alain) : …qu'on
envoie aux travailleurs de la santé, puis aux travailleurs des services
essentiels, puis ceux des commerces?
Mme Anglade : Bien,
clairement, on leur dit que ça va être difficile pour eux de pouvoir... Le
contrat moral ne les implique pas, ne les touche pas. C'est ça qu'on dit à ces
personnes-là. Et, parce qu'il y a une confusion qui règne, aujourd'hui, on dit
à tous les employés de la santé et tous ceux qui vont travailler jusqu'au temps
des fêtes, aux étudiants qui vont aller passer des examens, on leur dit :
Bien, écoutez, ça ne s'appliquera pas à vous. Bien, finalement, à qui ça
s'applique? Et c'est pour ça qu'il faut clarifier la situation.
M. Larin (Vincent) : La Santé
publique a quand même expliqué, encore là, pendant le breffage technique vendredi
dernier, que cette fenêtre-là avait été choisie parce que c'est le seul moment
qu'on peut permettre, avec une semaine avant, une semaine après, le confinement
pour ne pas déplacer le congé scolaire. Donc, je veux dire, leur argument,
c'est ça.
Mme Anglade : Oui, bien, je
comprends leur argument. Mais, dans le contrat moral, il doit y avoir une
contrepartie. Si vous décidez d'aller dans cette direction-là, vous devez
minimalement dire comment est-ce que vous allez protéger la population, comment
vous allez faire en sorte... Regardez le cas présentement dans les CHSLD, le
nombre de décès que nous avons chez nos aînés. Comment vous allez vous assurer
qu'avec l'augmentation de la sociabilisation vous allez en même temps amener un
encadrement plus grand pour faire en sorte qu'on va être capables de dépister? Et
une des solutions, c'est justement d'élargir les tests. Depuis le début, depuis
le mois de mars, de quoi on parle? On dit qu'il faut tester, tester, tester.
C'est la règle de base. Or, on refuse de tester des asymptomatiques puis on dit
que ça pourrait être même dangereux de le faire. Tu sais, honnêtement, ça ne
tient pas la route comme explication.
M. Lavallée (Hugo) : Sur le
fond, l'idée de resserrer le nombre de rassemblements, là, de passer de quatre
à deux possibilités, sur le fond, c'est une bonne chose ou pas?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
moi, je parle de la confusion qui règne. La semaine passée, on était à quatre.
Aujourd'hui, on est à deux. Non, hier, on était à deux, puis même le Dr Arruda
disait qu'on était à un. On demande des règles claires pour que tout le monde
comprenne.
M. Laforest (Alain) :
...n'importe quoi?
Mme Anglade : C'est de la
grande confusion. C'est de la grande confusion qui est amenée dans les communications
de la part du gouvernement. Et là les Québécois ont de la misère à suivre. Tout
le monde a de la misère à suivre. On est à l'Assemblée nationale, nous, puis on
a de la misère à suivre ce que dit le gouvernement. Il faut qu'ils clarifient
leurs communications, et de manière rapide.
M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce
que vous voulez dire? Vous dites que vous avez été indulgents jusqu'à maintenant,
puis là vous allez...
Mme Anglade : Non, le temps de
l'indulgence est terminé. C'est qu'il y a des questions fondamentales
auxquelles on ne répond pas. J'ai donné l'exemple de la directive. Quand on a
une directive qui est émise de ne pas réanimer des patients, c'est quand même
sérieux, là. Alors, moi, je reviens là-dessus, c'est quand même sérieux, et
qu'il n'y a personne… Il n'y a pas... Le ministre a refusé de répondre. Il dit :
Je ne parlerai pas de ça. Pendant cinq mois, on a décidé de ne pas réanimer des
patients dans des ambulances au Québec. C'est une question qui se pose.
Comment se fait-il que toute la question
de la ventilation... Aujourd'hui, encore, on parle de nos écoles qui n'ont pas
de ventilation appropriée. On aurait pu déjà commander des choses au mois
d'août. La semaine dernière et la semaine d'avant, il y avait des députés de la
CAQ qui disaient : On ne sait pas vraiment s'il y a une contamination par
l'air, ce n'est pas encore totalement prouvé.
Écoutez, je veux dire, les données
scientifiques sont là. Il faut passer à l'étape où on prend des actions.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui on ait des entrepreneurs auxquels on a promis
des sommes d'argent pour leur permettre de passer à travers leur situation, puis,
au lieu de ça, on a des commentaires, sur les médias sociaux, de la part du
ministre de l'Économie, qui sont absolument déplorables? Je veux dire, oui, il
y a des questions importantes qui se posent, et là le gouvernement ne répond
pas à ces questions qui sont assez de base, à mon avis.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme Anglade, je comprends que le gouvernement peut agir par décret, par arrêté
ministériel, compte tenu de la déclaration de l'état d'urgence sanitaire au
mois de mars dernier. Mais vous êtes quand même la cheffe de l'opposition
officielle. Vous avez un rôle de contrôler l'action du gouvernement. Est-ce que
vous êtes capable de suivre le rythme? Parce que, là, vous nous parlez de
consignes pour ne pas réanimer les gens, qui ont été prises il y a plusieurs
mois déjà. Est-ce que vous avez la base, là, des papiers, des décisions...
Mme Anglade : Bien, écoutez,
toute la question de la transparence, moi, je pense qu'on l'a soulevée 100 fois
plutôt qu'une, la nécessité d'avoir de la transparence. S'il y a des
informations que le gouvernement a et qu'il ne nous transmet pas ni à vous ni à
nous, c'est clair que c'est difficile de faire notre travail de manière
appropriée. Alors là, on revient à cette question de transparence là, mais
toutes les questions, on les a posées. On a posé la question à savoir pourquoi
il n'y avait pas de plan de mis en place. C'est notre responsabilité de poser
ces questions-là. Donc, je pense qu'on fait notre travail de manière efficace.
M. Bélair-Cirino (Marco) : …en
main pour faire votre travail?
Mme Anglade : Nous n'avons pas
tout en main pour faire le travail parce que toute l'information n'est pas rendue
publique. À combien de reprises est-ce qu'on a dit qu'il fallait que la Santé
publique transmette les informations? À combien de reprises on a dit… Simplement
nous inviter aux rencontres, aux briefings techniques, pour qu'on puisse poser
des questions, pour qu'on puisse avoir de l'information, ça nous a été
également refusé. Donc, à votre question, non, on n'a pas toute l'information.
Mais, déjà, avec l'information que nous avons, il y a des questions auxquelles
on n'a pas de réponse, et le gouvernement doit pouvoir y répondre.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant les cégeps anglophones, il y a des enseignants ce matin qui
déplorent le fait que Dawson a été inclus sur la liste des projets prioritaires
en disant : On est en train de créer un système à deux vitesses où il y a
beaucoup d'argent dans les cégeps anglophones, qui sont devenus un peu des
institutions d'élite, puis les cégeps francophones font pitié pendant ce
temps-là. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne idée d'inclure ce
projet-là dans le projet de loi n° 66?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
j'ai eu de bonnes discussions avec l'ancienne ministre de l'Enseignement
supérieur, Mme David, sur cet enjeu-là, qui explique très bien comment le
déficit d'espace présentement est très problématique au cégep Dawson et que ça
justifie amplement le fait qu'il soit dans les projets que l'on doit faire
avancer. Donc, quand on regarde les chiffres puis quand on compare ce cégep par
rapport à d'autres cégeps, effectivement, il y a des déficits qui méritent
d'être comblés.
M. Lavallée (Hugo) : …du fait
qu'il y ait comme une espèce d'élan derrière les cégeps anglophones, de façon
plus générale, au détriment des cégeps francophones?
Mme Anglade : Bien, écoutez, moi,
je pense surtout que toute la question de la langue, parce que c'est surtout
une question de langue, là, dont on parle, peut être regardée de manière
différente. Et de renforcer la langue française, ça ne veut pas dire de
demander à des adultes… d'imposer des choix à des adultes tant par rapport aux
cégeps anglophones versus francophones.
M. Larin (Vincent) : …par
rapport à l'attitude de M. Fitzgibbon, qui a visiblement du temps pour
insulter des contribuables sur LinkedIn…
Mme Anglade : Écoutez, on
n'est pas en face… M. Fitzgibbon n'est pas un banquier dans une grande
banque en train de faire des deals. Ce n'est pas ça, son rôle. Il est ministre
de l'Économie. Il est ministre de l'Économie pour des entreprises qui ont
peut-être deux employés puis il est ministre de l'Économie pour des entreprises
qui en ont 40 000. Il est ministre de l'Économie pour tout le monde. Et
moi, je l'invite à faire preuve de jugement, et de bienveillance, et d'empathie
par rapport à la population parce que les entrepreneurs… Aujourd'hui, là, sa
réaction témoigne du fait qu'il est vraiment déconnecté de ce qui se passe sur
le terrain au quotidien. Les entrepreneurs sont aux abois. Il y en a qui ont
beaucoup de difficulté à passer à travers ce qui se passe. Il y en a qui sont
en train de déclarer faillite. Ils ne savent pas… Ils n'ont pas de
prévisibilité. Moi, je l'invite à écouter ce qui se passe sur le terrain parce
que c'est vraiment préoccupant, et son attitude est préoccupante.
M. Laforest (Alain) : Il y a
quelques jours, il disait aux entrepreneurs : Venez, appliquez, on a de
l'argent à vous donner. Puis, de l'autre côté, on voit plein de restaurateurs
puis de commerçants dans la rue qui disent : On n'a pas l'argent.
Mme Anglade : Parce que les
programmes...
M. Laforest (Alain) : C'est
comme… Le message, j'ai comme l'impression que ça ne marche pas, là.
Mme Anglade : Bien, le
message... Le problème, présentement, au gouvernement, c'est qu'ils ne se sont
pas pris suffisamment tôt pour planifier leurs programmes. Ça, ça aurait dû
être fait pendant l'été. Alors que l'on rentrait dans la deuxième vague puis
qu'on demandait où étaient les programmes, le ministre Fitzgibbon disait :
Ah non! On va s'en occuper. Je veux dire, quand ils ont décidé de fermer les
restos, les bars, les gyms, ils ont dit : On va mettre un programme en
place. Et le ministre lui-même a dit : Ça fait deux jours que je travaille
là-dessus. Deux jours. C'est des choses qui auraient dû être en place depuis
longtemps. Alors, ça, c'est la propre responsabilité du gouvernement de ne pas
avoir fait le travail en amont.
M. Lacroix (Louis) : Une
petite parenthèse, Mme Anglade. Vous ne trouvez pas ça bizarre que M. Legault
ne soit pas là à tous les mercredis, qu'il s'absente de la Chambre tous les
mercredis? Ça siège trois jours par semaine, puis il choisit de ne pas être là
le mercredi. Vous ne trouvez pas ça un peu…
Mme Anglade : Bien, moi, je
suis là tous les jours. Je peux vous répondre ça.
M. Lacroix (Louis) : Comme cheffe
de l'opposition, là, de ne pas avoir votre vis-à-vis le tiers du temps, vous ne
trouvez pas ça un peu...
Mme Anglade : Bien oui. Puis
la semaine prochaine, j'ai hâte de savoir combien de jours il va être là parce
qu'on va avoir quatre jours. Alors, est-ce qu'il va être là trois jours des
quatre? C'est une question à poser au gouvernement. On l'avait soulevée déjà
quand on avait...
M. Laforest (Alain) : Mais ça
ne vous fatigue pas?
Mme Anglade : Bien, je pense
que le premier ministre devrait être là pour répondre aux questions. Si vous me
posez la question, je pense que le premier ministre devrait être là tous les
jours pour répondre aux questions, absolument.
M. Lacroix (Louis) : Vous ne
le dénoncez pas en tant que tel?
Mme Anglade : Ils ont établi
des règles, des bulles qu'ils souhaitent préserver. C'est à eux d'expliquer
leurs raisons. Ce que je peux vous dire, c'est que moi, je serai là tous les
jours pour poser mes questions.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la ventilation dans les écoles, on voit qu'il y a une étude, là, ce
matin, qui démontre qu'il y a des échantillons d'air qui ont été pris incognito
par des enseignants. On voit que, dans 75 % des cas, la ventilation n'est
pas adéquate. Partant de ce constat-là, qu'est-ce qu'on doit faire de plus?
Mme Anglade : Équiper les
écoles, outiller les écoles avec du matériel... différents dispositifs qui
existent. Mais on est déjà au mois de novembre, hein? Placer des commandes, ça
va prendre un certain temps. C'est la raison pour laquelle on en parlait déjà
au mois d'août puis on disait : Peut-être qu'il faudrait placer les
commandes tout de suite. Mais, encore une fois, il y a encore deux semaines,
là, il y a des députés de la CAQ… Le ministre de l'Éducation n'avait pas l'air
de penser que c'était un enjeu réellement important. Je veux dire, c'est ça, c'est
une prise de conscience, c'est regarder les faits. Il faut qu'il y ait une
prise de conscience de la part du ministre de l'Éducation, puis de se dire :
Effectivement, on a eu tort, on a erré, on n'a pas été proactifs, c'est un
problème, on revient en arrière et on outille les écoles. C'est ça qu'il
devrait faire puis c'est ça qu'il aurait dû faire déjà depuis trois mois.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Rapidement,
M. Fitzgibbon, est-ce que c'était un bon investissement pour les Québécois de le
choisir comme ministre de l'Économie?
Mme Anglade : Ce n'est pas les
Québécois qui l'ont choisi, c'est le premier ministre.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais le rendement des Québécois depuis qu'il est ministre de l'Économie, est-ce
qu'il est bon?
Mme Anglade : Moi, ce que je
constate, c'est qu'il y a eu... On a investi dans des éléments comme Flying
Whales. On a investi dans Nemaska Lithium, où il y a des milliers
d'actionnaires québécois qui, réellement, ont été floués dans cette
aventure-là. Je constate que les petites et moyennes entreprises n'ont pas
l'écoute nécessaire auprès du ministre. Je constate qu'il y a eu des investissements,
là, les ballons gonflables dans lesquels on a investi quand je parlais de
Flying Whales, tout à l'heure. Donc, moi, je... On nous a dit qu'il y avait 1 milliard
mis de côté pour sauver les fleurons. Regardez ce qui se passe avec Garda, avec
la Caisse de dépôt, honnêtement, là, le bilan est assez mince d'un point de vue
économique.
Le Modérateur
: En anglais.
Mme Fletcher (Raquel) : Yesterday, during the press conference with Legault, he was asked
about CEGEPs being put under Bill 101 and he said : This is something that
we're reflecting on, that we're having discussions in caucus. And then, like,
40 minutes later, in question period, he said : No, no, no, we're not
going to bring them under... we're not going to extend Bill 101 to CEGEPs. What was your reaction to that
discrepancy?
Mme Anglade : Well, the confusion continues. I was actually surprised that he was not clear in a press conference because he
was clear before. He was very clear before, wasn't clear during the press
conference, clear in the question period. Like, it's very confusing, the message that he's sending.
But I understand that he won't go there because he realizes that this doesn't
make any sense.
Mme Senay (Cathy) : So it's a good thing?
Mme Anglade : Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : So he should stick with what he said in question period, not what he said before...
Mme Anglade : No, I don't believe... We don't believe that imposing Bill 101 to
CEGEPs is a good idea. We don't believe that.
Mme Senay (Cathy) : Québec solidaire and the PQ believe that the extension of Dawson
College should not be included in Bill 66 because now we see… and I don't know
if you saw Radio-Canada's
piece, but it creates, for some teachers, a two-tier system between anglophone
CEGEPs and francophone CEGEPs in Montréal. What do you think? Do you have the impression that the Dawson
College should be excluded now?
Mme Anglade : No, we don't believe that it should be excluded because the Dawson
College... If you look at the data and the deficit that they have in terms of
space, Hélène David was actually extremely good at explaining the
reason why it actually makes
sense for Dawson to be back on track compared to other CEGEPs. So, no, we
believe that it is absolutely
fine for this to be part of Bill 66.
Mme Senay (Cathy) : And then you don't force people to choose one CEGEP instead of
another?
Mme Anglade : No. Well, again, Bill 101 should not be applied to CEGEPs. We don't
believe that Bill 101 should be applied to CEGEPs, if that's your question.
M. Authier (Philip)
: To go back over your comments about the Christmas plan, the holiday
plan, would you go so far as to say... I mean, you're picking it apart and you're
saying there needs to be more testing in asymptomatic people, but do you think
the Government is going too far
and playing with fire here with the rules that it has set up, which have
changed yesterday amidst…
Mme Anglade : Well, there's no question that the contract is totally unclear at this point. Nobody knows
what leg to stand on. And the fact that it was supposed to be four days… Yesterday,
the Premier said two days. Dr. Arruda specified : Oh! actually, I recommend one day. It's bringing
a lot of confusion. They were visibly not ready to announce it last week and
they need to really clarify their level of communication. For us, here, at the
National Assembly, we have a hard time understanding where the Government is
headed. I can only imagine the citizens.
M. Authier (Philip)
: The PQ says the plan is more political than scientific. Do you
agree with that?
Mme Anglade : Well, that goes back to the question of testing people that don't
have symptoms. This is a very good example. It is mind-boggling why, in Québec, we decided not to go ahead with
testing people that don't have symptoms. It is mind-boggling. If you look at
the science, if you look at what scientists are saying here, in Québec, but also outside, like also in
Ontario, if you look at what's going on in the United
States and what the scientists are saying, I mean, why
would we not do this? Why would we not do this? And they go as far as saying
that it could actually be dangerous to be doing this. Seriously? I mean, I have
yet to see a scientific saying that it could be dangerous. Ontario is doing it.
Dr. Fauci recommends it. We have doctors here, in Québec, that actually
recommend that. I think we should definitely find a better answer than the
answer from the Government
right now.
M. Giroux (Stéphane) : If I can ask you a quick question? Yesterday, Mr. Legault reaffirmed that his Christmas
exception was strictly from the 24th to the 27th, and non-Christians are still
saying : Why not us? I understand the excuse of the, you know, civic calendar. However, you
represent, of course, many of... Well, there's a lot of Liberal MNAs living in
those ridings and they're saying : Why not us, why are we ignored?
Mme Anglade : Well, I think we have to be also realistic about the situation. Everybody understands that you
have some civic holidays. I understand it's Christmas, but those are civic
holidays. And I think we have to make plans that actually are somewhat manageable. So I can appreciate why… And I know people
that don't celebrate Christmas. I think we need to tell everybody : We
understand that some people do not celebrate Christmas. We're trying to find
the best way for this to work out from a health perspective. So I understand,
but I think it's probably the right approach to find a common denominator at
this point within the pandemic, and I'm the leader of opposition for all Quebeckers.
M. Giroux (Stéphane) : On the issue of... You know what, I'll leave it at that because I don't want to ask a question that will embarrass me. Thank
you.
Mme Anglade : I'll talk to you
later, maybe?
Le Modérateur
: Merci, tout
le monde.
(Fin à 9 h 27)