(Huit heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois :
Bonjour. Merci d'être ici ce matin. Je veux vous parler de deux sujets ce
matin.
D'abord les syndicats du secteur public sont
réunis ce matin à quelques mètres de l'Assemblée nationale pour envoyer un
signal d'alarme au gouvernement de François Legault. Ce message-là, c'est que
les travailleurs, travailleuses, dans nos hôpitaux, dans nos CHSLD, dans nos
écoles, sont en train de péter au frette. Ils n'en peuvent plus. Nos services
publics sont au bord de craquer. Ils sont sous une pression sans précédent en
ce moment.
Et, à Québec solidaire, on veut lancer un
appel ce matin au gouvernement du Québec d'écouter ces gens-là, de comprendre
la réalité du terrain, la réalité des travailleurs, travailleuses essentiels
qui sont au front depuis le premier jour de la pandémie et qui n'en peuvent
plus. Le gouvernement de François Legault doit envoyer un signal clair. Ce
signal-là, puis il doit le dire aujourd'hui, c'est : Les conditions vont
s'améliorer, on vous a entendus. Et ce signal-là, il faut l'envoyer pour une
raison fondamentale. Si on ne fait pas ça, l'exode va continuer. On va
continuer à perdre des gens dans le réseau de l'éducation et dans le réseau de
la santé, parce que c'est ça, la situation actuelle, non seulement on a de la
misère à recruter des gens, mais on perd des hommes et des femmes parce que le
travail et la pression… est devenu insoutenable.
À Alma, récemment, il y a des infirmières
qui menaçaient de démissionner en bloc. Il y a le maire de Gatineau qui disait
cette semaine que, si ce n'était pas du sous-financement chronique du réseau de
la santé, sa région pourrait revenir au orange. On le sait, là, ça fait huit
mois qu'on le voit, nos services publics, ils ne vont pas bien. Il faut en
prendre soin. Puis ça commence par envoyer un signal clair dans le cadre des
négociations du secteur public : Des meilleurs jours s'en viennent, des
meilleures conditions s'en viennent, tenez bon, on va vous aider.
Le deuxième sujet dont je voulais vous
parler aujourd'hui, puis c'est lié au premier, c'est la question du congé des
fêtes, spécifiquement du congé des fêtes pour les travailleurs et travailleuses
essentiels, notamment dans le réseau de la santé. Le gouvernement nous a
récemment annoncé un plan en nous annonçant qu'il y aurait une fenêtre de
quatre jours à l'intérieur desquels les Québécois, Québécoises pourraient se
rassembler pour Noël. Le gouvernement a dit : Ça, c'est un contrat moral
avec la population du Québec. Ce qui est dommage, c'est que, dans ce contrat
moral, le gouvernement du Québec a oublié des gens. Il a oublié les
travailleurs et travailleuses en première ligne, les travailleurs,
travailleuses du réseau de la santé.
Pourquoi? Parce que c'est bien connu que,
dans le réseau de la santé, la règle générale, c'est que les travailleurs,
travailleuses ont soit un congé autour de la date de Noël soit un congé autour
de la date du jour de l'An. Bien sûr, il y a des règles locales qui
s'appliquent. Mais, grosso modo, là, la moitié du personnel qui peut prendre
ses vacances des fêtes autour de Noël et l'autre moitié autour du jour de l'An,
ça, ça veut dire qu'en vertu du plan à l'heure actuelle il y a, grosso modo, la
moitié des hommes et des femmes qui travaillent dans nos hôpitaux puis nos
CHSLD ou dans nos services d'urgence qui ne pourront pas fêter Noël avec leurs
familles.
Ça, c'est un angle mort du plan du gouvernement
et c'est un oubli qu'il faut absolument corriger. Ces femmes et ces hommes-là,
là, ils en ont fait plus que moi, que vous, que le premier ministre, le ministre
de la Santé mis ensemble, pendant des mois, pour lutter contre la pandémie.
S'il y a bien des Québécois et des Québécoises qui méritent d'avoir le droit de
se rassembler pour Noël avec leurs familles, leurs proches, pour sauver leur
santé mentale, là, c'est bien ces gens-là.
Alors, il faut que le gouvernement, d'ici
le 17 décembre, corrige le tir et trouve, avec les travailleurs,
travailleuses, un aménagement pour leur permettre d'avoir au moins une de leurs
journées de congé pendant la fenêtre des quatre jours de festivités. C'est
le strict minimum. On demande au gouvernement de refaire ses devoirs, de
s'asseoir avec les syndicats puis de trouver une entente parce que, s'il y a
bien des gens au Québec qui méritent de retrouver leurs familles pendant
quelques heures, même si ça va être à distance puis avec un masque, bien, c'est
bien nos soignantes, c'est bien nos soignants, les ambulanciers, les gens qui
ont été en première ligne.
On n'a pas le droit de les oublier alors
que Noël approche. Ce serait un oubli injustifiable. Je pense que c'est la
moindre… Je pense qu'on est tous prêts à faire des sacrifices pour permettre à
ces hommes et ces femmes-là de vivre un Noël, bon, qui ne sera pas comme les
autres, mais qui sera quand même célébré entourés de leurs familles puis de
leurs amis. Je pense que c'est très important que le gouvernement ait cette
compassion puis cette écoute envers les hommes et les femmes qui nous ont permis
de passer au travers de la pandémie. Merci.
Mme Labrie : Vous savez, la
session du cégep et des universités tire à sa fin en ce moment. Ça a été
difficile autant pour les profs que pour les étudiants. Pour les étudiants en
particulier, on sait qu'il y a eu beaucoup de détresse. Les données ont été
très claires et alarmantes à ce sujet-là. Il y en a plusieurs, des étudiants
qui ont communiqué avec nous pour nous parler des difficultés de la session en
ligne. Il y a des profs qui ont communiqué avec nous pour nous parler des
difficultés de leurs étudiants, des parents aussi qui nous ont appelés et qui
nous ont écrit pour nous parler de la détresse qu'ils voyaient chez leurs
jeunes qui faisaient, par exemple, leur entrée au cégep. Essayez d'imaginer,
quand on fait son entrée au cégep, qu'on ne rencontre personne de sa cohorte,
qu'on ne rencontre jamais aucun de ses profs en personne. Il n'y a absolument
pas de vie étudiante sur le campus. C'est extrêmement difficile.
Puis, si on veut prendre soin des jeunes
puis s'assurer qu'ils vont avoir la motivation de poursuivre leurs études, il
faut qu'il y ait plus de présentiel. Ça, c'est un constat très clair qu'on peut
faire suite à la session d'automne. Et ce qui s'est passé cet automne, c'est
que ça avait été encouragé, de faire du présentiel dans nos institutions comme
les cégeps, les universités, mais il n'y avait pas de seuil minimum qui avait
été exigé. Et il y a une majorité très large d'établissements qui ont opté pour
presque exclusivement du virtuel ou, en tout cas, dans certains programmes, ça
a été du 100 % en virtuel.
Donc, moi, je veux que la ministre de
l'Enseignement supérieur envoie un message très clair aux cégeps et aux universités
pour exiger qu'il y en ait un, minimum d'activités en présentiel, et ce, dans
chaque programme, pour la session d'hiver qui s'en vient. Et ça presse de faire
cette demande-là parce que les universités et les cégeps ont besoin de
s'organiser pour que ça soit fait dans le respect des règles sanitaires. Ils
ont besoin de savoir dès maintenant qu'on va s'attendre à ça d'eux.
Donc, aujourd'hui, je vais déposer une
motion à l'Assemblée nationale pour faire trois demandes très précises au gouvernement.
La première, c'est que la ministre impose
un seuil minimal d'activités en présence dans tous les programmes collégiaux et
universitaires pendant la session d'hiver. C'est important pour tous les
programmes. Là, ce qu'on a vu dans les derniers mois, c'est que certains
programmes avec des laboratoires, par exemple, avaient du présentiel puis
d'autres étaient complètement oubliés.
Je vais aussi lui demander de rendre
accessibles des espaces de travail directement sur les campus. On l'a vu, il y
a plus du quart des étudiants de cégep, par exemple, qui n'ont pas accès à un
espace de travail adéquat chez eux. Donc, on a la responsabilité, pour leur
permettre de réussir leurs études, de leur fournir des espaces de travail
adéquats et sécuritaires sur les campus.
Et je vais lui demander aussi d'encourager
les établissements d'enseignement supérieur à organiser des activités destinées
à briser l'isolement des étudiants. Il faut qu'il y en ait, des activités
organisées par les cégeps et les universités. Ça peut être en ligne, ça peut
être autrement, dans le respect des règles sanitaires, mais il faut qu'il y en
ait parce que la vie étudiante, ce n'est pas juste assister à ses cours. Ce n'est
pas normal que ça soit ça, l'expérience des étudiants de cet automne, d'avoir
seulement assisté à des cours devant leurs ordinateurs toute la journée puis de
n'avoir rencontré personne de leurs cohortes.
Donc, on fait ces demandes-là parce que,
visiblement, le virtuel presque mur à mur qu'on a vu l'automne dernier, ça a eu
des conséquences très graves sur les étudiants au niveau de la détresse
psychologique, au niveau de la motivation dans les études. Puis on a la
responsabilité d'apprendre de ces erreurs-là puis de mieux faire dès la session
d'automne.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Vous déplorez qu'il n'y a pas eu assez de présentiel au cours de la session
d'automne. Mais je lisais ce matin justement que les étudiants, notamment ceux
des cégeps à Montréal, sont inquiets que les cégeps veulent les faire venir en
présentiel pour des examens, parfois au centre des congrès, où la distanciation
va être très possible. Puis il y avait aussi un épidémiologiste qui disait :
On a réussi à faire baisser le RT en bas de un depuis que les troisième
secondaire sont là un jour sur deux. Comment est-ce qu'un seuil minimal...
augmenter le présentiel dans les écoles, surtout pour une population comme les
jeunes adultes, est une mesure qui aiderait la gestion de la pandémie?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
là, en ce moment, ce qu'on voit, c'est que les étudiants, dans les cégeps, les universités,
sont inquiets de ces examens-là en présentiel parce que certains vont se passer
pendant la période de confinement demandée par le gouvernement avant le temps
des fêtes. C'est pour ça que c'est problématique. Évidemment que c'est
problématique de faire du présentiel quand il y a eu un appel très important
qui a été lancé à tous les employeurs de favoriser le télétravail, de réduire
leurs activités, s'il le fallait, pour que les gens puissent se confiner avant
le temps des fêtes. Ce qu'il aurait fallu, par exemple, c'est que cette
décision-là pour le temps des fêtes soit prise beaucoup plus tôt puis que les
universités, les cégeps aient le temps de s'organiser, soit prévoir des examens
en présentiel, si c'est nécessaire, avant une date de confinement, soit de les
faire en mode virtuel pendant le confinement.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
là, aujourd'hui, vous demandez à la ministre de statuer sur des seuils minimaux
de présentiel, alors que vous-mêmes, vous ne savez même pas l'effet qu'auront
les vacances des fêtes sur la courbe pandémique. Est-ce que ce n'est pas un peu
contradictoire?
Mme Labrie : Bien, ce que je
sais, en tout cas, avec beaucoup de certitude parce qu'on a vu des données très
alarmantes, c'est l'effet du 100 % virtuel sur les étudiants dans les
cégeps puis dans les universités. Ça a été très bien documenté cet automne.
C'est extrêmement alarmant comme données, puis ça, c'est important aussi de le
prendre en considération.
Il y a moyen d'organiser des activités en
présentiel, dans les cégeps, dans les universités, dans le respect de la distanciation.
Au cégep de Sherbrooke, à l'Université de Sherbrooke, ils ont été très
innovants là-dessus. Ils l'ont fait tout l'automne. Évidemment, s'il y a un
cas, on arrête le présentiel et on passe au virtuel le temps qu'il n'y ait plus
de cas dans le groupe, comme on le fait au secondaire. Ça s'est fait avec très
peu de cas sur les campus dans les cégeps qui l'ont essayé. À Limoilou, ici
aussi, ils ont fait du présentiel mode hybride.
Donc, c'est quelque chose qui est
possible, mais il faut avoir le temps de s'organiser. C'est pour ça que cette
décision-là doit être prise dès maintenant. L'Université de Sherbrooke, qui a
fait ça, ils n'ont pas commencé à l'organiser au mois d'août, là. Ils avaient
commencé le printemps dernier.
M. Laforest (Alain) : M. Nadeau-Dubois,
si vous voulez revenir au micro, s'il vous plaît? Vous avez parlé du contrat
social du premier ministre et du personnel infirmier. Mais il y a quelque chose
qui a été dit hier, c'est la période de quarantaine. Ça, ça veut dire que le
personnel infirmier, tous ceux qui sont dans les services essentiels, les
travailleurs des commerces, oubliez Noël, là, restez chez vous?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense aux infirmières, là, qui ont fait du temps supplémentaire obligatoire
pendant des mois et qui, là, vont se retrouver à fêter Noël enfermées dans leurs
appartements. Je veux dire, il faut trouver une solution pour ces femmes et ces
hommes-là, et ce ne sera pas simple, mais il faut trouver une solution. Il faut
faire preuve de créativité. Est-ce que c'est de l'offrir, par exemple, en
option pour ceux et celles pour qui c'est absolument prioritaire? Peut-être. Je
ne me présente pas ici en disant : On a le plan parfait. Et je sais que ce
ne sera pas simple, mais c'est qui, les Québécois, Québécoises qui méritent le
plus d'avoir quelques heures avec leurs familles? Bien, c'est les femmes et les
hommes qui se sont donnés comme des surhommes et des surfemmes dans les
derniers mois pour nous sauver de la pandémie. Ces gens-là doivent être en haut
de la liste, là. Quand on pense à qui a besoin d'un break, bien, c'est ces
gens-là.
Donc, nous, on lance un appel au gouvernement
et on dit : Là, on a jusqu'au 17 décembre pour finaliser
l'encadrement du temps des fêtes. Il faut penser à ces gens-là, trouver une
solution. On ne peut pas les oublier. Puis c'est nous, collectivement, hein,
qui allons payer le prix si on presse le citron des travailleurs, travailleuses
essentiels puis qu'ils finissent par tomber au combat.
M. Lacroix (Louis) : ...des
gens oubliés, la fête de Hanukkah pour… juive, leur religion, c'est, je pense,
autour du 12, 15 décembre. Les musulmans ne fêtent pas Noël. Est-ce qu'on a
oublié les communautés culturelles en disant : Vous pourrez fêter Noël
entre le 24 et le 27 décembre? Est-ce qu'on a pris pour acquis que l'ensemble
des Québécois est catholique?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
qu'il faut faire attention. Il ne faut pas tout confondre. C'est-à-dire que le
congé du 24, 25 puis le congé du 31 et du 1er, c'est des congés civiques au
Québec, hein, qui sont inscrits dans nos lois du travail. Bon, il y a des
origines religieuses, bien sûr. Mais, en vertu de nos lois du travail, c'est
des congés auxquels tous les hommes et toutes les femmes du Québec ont droit,
peu importe leur religion. Et donc c'est normal qu'on pense à un encadrement
pour des dates comme celles-là, qui sont des dates inscrites dans nos lois du
travail, qui sont des congés civiques. Première chose.
M. Lacroix (Louis) : …dans le
cadre de leur religion, par exemple, les gens de religion juive, les musulmans,
etc., eux autres, ils sont obligés de se rassembler entre le 24 puis le 27 même
si ça ne veut absolument rien dire pour eux autres?
M. Nadeau-Dubois : Bien, déjà,
nos lois du travail, à cet égard-là, reconnaissent qu'il y a certaines dates
qui sont des congés civiques et pas d'autres, là. Ça, ce n'est pas…
M. Lacroix (Louis) : …pas de
fêter leurs fêtes religieuses à la date qu'ils veulent?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ils
n'ont pas congé pour le faire en vertu de nos lois du travail.
M. Lacroix (Louis) : Ils
peuvent se rassembler à la date qu'ils veulent. D'ailleurs, le 24 au 27, ce
n'est pas des congés. On parle d'une permission de rassemblement, pas d'une
permission de congés civiques, là.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
ce que je constate, c'est que, quand il y a eu des défis, par exemple, dans la
communauté juive à Montréal, en matière de transmission, le gouvernement a
travaillé en collaboration avec les leaders de ces communautés-là pour trouver
des solutions. Je pense qu'il faut continuer comme ça, à travailler en
collaboration avec les leaders de toutes les communautés puis regarder comment
on peut faire en sorte que personne ne soit indûment touché par les mesures de
confinement. Mais moi, je veux dire, on ne peut pas critiquer le gouvernement
du Québec de prévoir des mesures spécifiques pour des congés qui sont prévus
dans nos lois du travail et qui s'appliquent à l'ensemble de la population. Je
pense, ça va de soi.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la ventilation, on voit, ce matin, là, une étude qui a été menée par
des scientifiques qui se sont ligués entre eux, de concert avec des enseignants
qui, incognito, là, ont prélevé des échantillons d'air. On voit qu'il y a
75 %, je pense, des endroits où c'est problématique. Vous en pensez quoi?
Est-ce que ça vous étonne?
M. Nadeau-Dubois : Il y a deux
semaines, Québec solidaire a déposé une motion pour proposer au gouvernement du
Québec d'installer des détecteurs de CO2 et des purificateurs d'air
dans les classes. Le gouvernement a balayé ça du revers de la main et nous a
pratiquement ri en pleine face. Ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est qu'on avait
raison, que la qualité de l'air dans les classes, elle est inquiétante, que les
détecteurs de CO2 nous permettent, en effet, de mesurer la qualité
de l'air, et que, conclusion, résultat des courses, on a besoin de
purificateurs d'air portatifs dans les classes au Québec.
Alors, ça, ça démontre, là, que le
gouvernement de François Legault aurait avantage à écouter un petit peu plus
les oppositions quand on fait des propositions plutôt que penser qu'ils ont la
vérité infuse. Une chance que des profs sur le terrain puis des scientifiques
sur le terrain ont pris les choses en main puis ont, clandestinement, fait ce
que le gouvernement refuse de faire, c'est-à-dire mesurer la qualité de l'air dans
nos écoles. Ils viennent de faire une démonstration convaincante que le
problème existe.
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait? Bien là,
ce n'est plus le temps de faire des comités. Ce n'est plus le temps de faire
des jasettes. C'est le temps de poser des gestes concrets. Et ça, ça veut dire
quoi? Placer dès maintenant des commandes pour réserver des purificateurs
d'air, acheter des détecteurs de CO2, les déployer dans le réseau de
l'éducation, pour qu'on sache quelle est la qualité de l'air puis qu'on prenne
des mesures, si nécessaire.
M. Larin (Vincent) : Des
expériences montrent aussi que simplement ouvrir la fenêtre pendant les
récréations ou tenir des demi-classes, ça peut aussi être des solutions qui ne
nécessitent pas d'investir 86 millions pour acheter des…
M. Nadeau-Dubois : Je sens que
ça brûle les lèvres de ma collègue. Encore faut-il que les classes aient des
fenêtres. Encore faut-il que les fenêtres, on soit capables de les ouvrir.
C'est loin d'être le cas dans toutes les écoles du Québec. Nous, notre
proposition, c'était : Installons des détecteurs de CO2 partout
parce que mesurer la qualité de l'air, c'est important partout, et déployons des
mesures de purification là où c'est nécessaire, c'est-à-dire dans les classes
où c'est le seul moyen de purifier l'air. Le 86 millions, c'était le
montant maximal si on déployait les appareils partout. Mais, en effet, s'il y a
des classes qui sont bien ventilées puis où ce n'est pas nécessaire, bien, un
simple détecteur de CO2 pour mesurer la qualité de la ventilation,
ça va suffire.
M. Larin (Vincent) : Mais est-ce
qu'on sait il y a combien de classes au Québec qui n'ont pas de fenêtres?
Mme Labrie : Bien, ce qu'on
sait, c'est que la majorité d'écoles primaires ont des fenêtres et n'ont pas de
ventilation mécanique. Dans les écoles secondaires, il y a plus souvent une
ventilation mécanique et moins souvent des fenêtres. Mais une chose qui est
certaine, c'est que, même quand on a des fenêtres, puis c'est ça que
l'expérience clandestine qui a été menée dans les écoles démontrait, si elles
ne sont pas ouvertes, bien, la qualité de l'air, elle n'est pas adéquate.
Donc, nous, c'est ça qu'on demande au ministre
de l'Éducation depuis plusieurs semaines, mesurer la qualité de l'air dans les
classes. Puis là on va le savoir, si ça suffit d'ouvrir la fenêtre. On va
savoir quand il faut ouvrir la fenêtre. Là, en ce moment, on avait un ministre
de l'Éducation qui nous disait : C'est beau, ça va bien, la qualité de
l'air dans les écoles. Mais comment il fait pour le savoir? Il ne le mesurait
pas. Puis la réalité, c'est que, quand on le mesure, on se rend compte que,
dans la moitié des cas, bien non, elle n'est pas adéquate, même quand il y a
des fenêtres. Il faut absolument les ouvrir. Mais à quelle fréquence il faut
les ouvrir? Ça va dépendre aussi… Est-ce qu'il vente beaucoup cette journée-là?
Il y a plein de facteurs qui font en sorte qu'il va falloir ouvrir la fenêtre à
différents moments pour réussir à améliorer la qualité de l'air. Puis, si on ne
la mesure pas avec, par exemple, des détecteurs de CO2 dans les
classes, on ne le saura pas, si elle est adéquate.
M. Larin (Vincent) : Vous
demandez à M. Roberge de tester au moins toutes les classes au Québec?
Mme Labrie : Oui, comme pour
le plomb dans l'eau, il fallait le tester pour le savoir. On ne pouvait pas
présumer que la qualité de l'eau était bonne dans tous les robinets. Bien, ils
ont envoyé la directive de tester chacun des robinets, chacune des fontaines,
puis les résultats ont été assez décevants, merci. Donc, on lui demande de
tester aussi la qualité de l'air dans les classes. Il me semble que c'est le
minimum. Puis, comme l'a dit mon collègue Gabriel, les détecteurs de CO2,
ça, c'est 6 millions. On s'entend que, pour mesurer la qualité de l'air
dans toutes les classes, là, où passent, toute la journée, des milliers de
jeunes, du matin au soir, ils mangent dans ces locaux-là, dans bien des cas, je
pense que ce n'est pas si cher payé que ça.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
M. Bergeron (Patrice) : Une
petite dernière sur les infirmières. Concernant…
M. Nadeau-Dubois : Bien, juste
avant parce que je ne peux pas m'empêcher, là… Québec solidaire, on a été les
premiers ici à parler de la nécessité de poser des détecteurs de CO2
dans les classes, là. Puis moi, je me rappelle de la réaction du ministre de
l'Éducation, là. Il a été d'une arrogance et d'une suffisance envers nous, là,
ça m'a même… En fait, je me suis un petit peu énervé au salon bleu, là, après
qu'il nous ait carrément ri au visage en disant que c'était une proposition
niaiseuse, là. J'espère qu'il va revenir sur ses propos puis qu'il va réaliser
qu'on avait une proposition pragmatique, concrète, et qu'il va réaliser que la
seule chose raisonnable à faire, c'est d'investir les quelques millions de
dollars nécessaires pour qu'au moins on soit capables de savoir si nos jeunes,
là, dans nos écoles, ils respirent de l'air sain ou de l'air qui peut les
contaminer.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
si je vous comprends bien, infirmières, préposés aux bénéficiaires, là, c'est un
congé sur les quatre, là, qui seraient prévus. Mais, sachant qu'il y a déjà un
manque de personnel, est-ce qu'il n'y a pas un risque de rupture de service
dans certains hôpitaux ou dans certaines régions? Il n'y a pas un…
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a déjà un système pour permettre aux gens du réseau de la santé de prendre des
congés sans qu'il y ait des ruptures de service. Ce système-là, de manière
générale, c'est : il y a une moitié du personnel qui prend son congé au
début du temps des fêtes, donc autour de Noël, puis il y a une moitié qui prend
son congé à la fin du temps des fêtes, autour du jour de l'An. Ce système-là,
en temps normal, il fonctionne.
Là, le problème, c'est que le gouvernement
du Québec a ciblé une fenêtre de quatre jours où il dit : Là, les
partys, c'est là que ça se passe. Il y a carrément une moitié de nos
soignantes, de nos soignants qui sont oubliés par le plan du gouvernement, puis
c'est un oubli qu'il faut corriger. Et là on pourrait parler aussi des
policiers, des pompiers, des ambulanciers, des ambulancières. L'ensemble des
gens qui font partie des services essentiels vont être devant ce type de
dilemme là.
Puis je veux me répéter parce que c'est
important pour moi. C'est qui, au Québec, qui mérite d'avoir quelques heures
avec sa famille? C'est qui… En haut de la liste, là, qui mérite cette
compassion-là le plus? Bien, il ne fait aucun doute que c'est les hommes et les
femmes qui ont été en première ligne de la pandémie. Donc, nous, c'est un appel
à la compassion qu'on lance envers François Legault. Essayons donc de trouver
un moyen de donner un petit break à ce monde-là.
M. Lavallée (Hugo) : …la langue
française, hier, M. Legault a dit : Pas question d'appliquer la loi 101
dans les cégeps, mais il faut trouver une façon de resserrer quand même un peu
l'accès. Là, on voit ce matin qu'il y a des enseignants, là, qui dénoncent le
fait qu'on agrandisse Dawson, qui estiment que ça envoie un mauvais message
pour la langue française à Montréal. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Nadeau-Dubois : On s'inquiète,
à Québec solidaire, de la tendance à la création d'un système à deux vitesses à
l'intérieur même du réseau public. Les cégeps anglophones, de plus en plus,
sont en train de se positionner comme une espèce d'option privilégiée ou plus
prestigieuse que les cégeps francophones. En tout cas, cette perception-là est
en train de se créer, puis c'est un grave problème. Il faut lutter contre cette
tendance à la création d'un système à deux vitesses. Puis, en finançant sur la
voie rapide le projet d'agrandissement de Dawson, ce que fait le gouvernement
du Québec, c'est alimenter cette dynamique-là.
Donc, ça nous inquiète. On pense qu'il
faut penser en tout premier lieu aux cégeps des régions, qui ont énormément de
besoins financiers, et aux cégeps francophones de manière générale, parce que,
sinon, ce qui risque de se créer, c'est vraiment un système à deux vitesses à
l'intérieur même du réseau public collégial, et ça, c'est un danger pour la
langue française et pour l'accès à l'éducation.
M. Lavallée (Hugo) :
...retirer Dawson de la liste, là?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a
déjà pris position sur cette question-là. Si le projet de loi n° 66,
c'est un projet de loi dans lequel on veut cibler des projets prioritaires pour
la relance économique, l'agrandissement du cégep Dawson n'entre pas dans cette
liste-là, selon nous.
La Modératrice
: Merci.
Mme Senay (Cathy) : ...is that there is a two-speed system, but is there a two-speed
system with anglophone CEGEPs and francophone CEGEPs in Montréal?
M. Nadeau-Dubois :
What we are seing more and more is, yes, a tendancy to… That dynamic is taking
place. That dynamic is beginning to appear, where there is a two-speed system
inside the public collegial system in Québec, and that's a problem. And that's
why it's a bad idea to prioritize the Dawson project when there are dozens of
CEGEPs all across Québec, especially in regions, that need adequate funding to
fulfill their mission.
Mme Senay (Cathy) : …ventilation in schools, when you have a group of doctors and
teachers doing this small-scale operation, but then you have 75% of the schools
that the ventilation is not correct, and transmission of the virus may just be
increasing, you know that Mr. Roberge has asked school service centers to come
back with data about ventilation, and we should have this at the end of November.
What do you think about the fact that we are still in that process?
Mme Labrie : Well, what Mr. Roberge asked is not to take measures of CO2 in the classes. He asked
about… It was the follow-up of… In 2012, there was a report about the low
quality of ventilation in our schools, and it's only an annual follow-up that
he asked. It was due in June, and he delayed it until this fall. That's the thing
he's waiting about. He did not ask to take measures of the quality of the air
in the classrooms. He did not ask this.
Mme Senay (Cathy) : And that's a problem?
Mme Labrie : Yes, for sure.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Nadeau-Dubois, I have more questions about the CEGEP issue. Should CEGEPs be taken under Bill 101?
Would you be in favor of that proposal?
M. Nadeau-Dubois : No. Québec solidaire is not proposing that CEGEPs are under the Bill 101.
Mme Fletcher (Raquel) : On the issue of… but yesterday what I heard from Simon Jolin-Barrette is that he has this
concern about… there's not enough research being done in French, a lot of
students are… to do research in English. Do you share this concern? And how
does that relate to Dawson, because I feel, like, the issue is becoming…
M. Nadeau-Dubois : Well, I think we have to understand that we are in front of a
two-faced issue. There is the issue of French, of language, and there is
obviously a tendency, and it's across the world, to think that an education in
English has more value than an education in French. And that is a big problem,
especially in Québec, you know?
Young Quebeckers should not
think that their future will be brighter and they will have more possibilities
in their life if they study in English. That should not be the case, you know? We
fought for decades in Québec to
be sure that everyone has the same possibilities.
So it's a matter of
social justice to recognize that having an education in a French CEGEP or an
English CEGEP represents the same capacity to realize your dreams. This is a
matter of social justice. And then there is the issue of the commercialization
of postsecondary education because that is also a factor. We are in a tendency
where education tends to be more and more thought about as an investment on
one's human capital, and that capitalist thinking about education tends to fuel
the dynamic of weakening French diplomas and creating that perception that a
diploma in English is better.
So this is a complex
issue. It's a matter of protecting French, but it's also a matter of protecting
the public character of our postsecondary education system. So, yes, we have to
tackle that issue. We have to remember that we made a collective choice in Québec that, if you want to study in French,
not only do you have the right to do it, but that should not be a... You should
have the same possibility in your life if you choose to study in French than in
English. And this is what is at stake here. It's very important.
La Modératrice
:
Une dernière question.
Mme Fletcher (Raquel) : ...
M. Nadeau-Dubois : Sorry?
Mme Fletcher (Raquel) :
You're proposing a societal change, not a political change?
M. Nadeau-Dubois : Well, politics is a way to change society. And I think, as
legislators, we have to think about what can we do in terms of law, in terms of
policies to develop our postsecondary education system in another way because,
right now, where we're going is in a bad direction.
And I just want to say… We
see the same phenomenon in our universities. This is not about CEGEPs, you know?
We see the same phenomenon in our universities, where, for example, for many
researchers, doing publications in English is considered more important than
doing publications in French even if you're a professor in a French university.
And that's a problem in Québec.
It's a problem also everywhere around the world, where the attraction of English
becomes a threat for the development of science and knowledge in all languages
around the world.
La Modératrice
:
Il y a juste une dernière question à votre collègue…
M. Nadeau-Dubois : Nos amis de
la troisième opposition vont nous gronder si on ne conclut pas, avec raison.
M. Giroux
(Stéphane) : Mr. Nadeau-Dubois, you mentioned,
at the beginning of your press conference, in French, the issue of public
health sector workers not getting access to Christmas holidays. Could you just
repeat to me why you think it's completely unfair to them?
M. Nadeau-Dubois : You know, who deserves a few hours with his family around
Christmas? Who deserves this the most in Québec? Well, I mean, one of the people that deserve it the most is the
men and the women who have been on the front lines of that pandemic since day
one. The Government cannot
forget them. We have to find a way for them to have a little taste of Christmas
this year and we will pay the price collectively if we don't show that
compassion. We're seeing a huge level of burnouts, a huge level of fatigue
inside our health care system. If we don't show compassion, if we don't take
care of them collectively, as a society, well, we will all pay the price. So we
have to find a way to accommodate them. We cannot forget them. This is not
possible. Thank you.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 33)