(Douze heures quinze minutes)
Le Modérateur
: Bonjour
et bienvenue à cette conférence de presse du ministre responsable de la Charte
de la langue française, M. Simon Jolin-Barrette. À vous la parole.
M. Jolin-Barrette : Bonjour à
toutes et à tous. Il y a un peu plus d'un an, le premier ministre m'a fait
l'honneur de me confier le dossier de la langue française. La valorisation et
la protection de la langue française sont des responsabilités historiques du gouvernement
du Québec. Je les porte avec fierté et un grand sens du devoir.
La langue française nous enracine et nous
unit depuis plus de 400 ans au fil de notre histoire singulière. Dès les
premiers jalons posés en 1608, dans ce qui deviendra notre capitale nationale,
à la Grande Paix de Montréal en 1701, en passant par le combat des Patriotes
pour l'idéal démocratique, sans oublier l'essor économique et social insufflé à
la nation au tournant des années 60, les Québécoises et les Québécois ont
su traverser les siècles avec courage, habités par un désir d'exister, de
créer, d'innover et de grandir en français, toujours.
Ce désir viscéral a été canalisé par une
loi fondamentale, en 1977, grâce à la conviction inébranlable de Camille Laurin
et de l'appui de René Lévesque, sans oublier l'apport inestimable de
travailleurs de l'ombre comme Guy Rocher et Fernand Dumont, grâce aussi au
courage de Robert Bourrassa qui, en 1988, a recouru aux dispositions de
dérogation pour sauvegarder certaines parties de la loi 101.
L'adoption de la Charte de la langue
française a su nous unir, malgré l'intensité des débats qui l'ont entouré. Car,
s'il y a un fait qui émerge de cette aventure unique, c'est que, sur ces
quelques arpents de neige au bord d'un continent... au nord d'un continent, nos
ancêtres ont érigé le symbole d'une réussite exceptionnelle, une nation
francophone en Amérique, fière et prospère.
Afin que se poursuive cette aventure, il
importe de prendre le pouls de la situation actuelle et d'en tirer les
conclusions nécessaires, sans complexe et sans hésitation.
Depuis quelques mois, les constats s'accumulent,
et ils sont durs. Ils viennent confirmer une impression qui s'est dessinée au
cours de la dernière décennie. L'usage de notre langue commune accuse des
reculs inquiétants dans différentes sphères de la société, notamment sur le
marché du travail, dans le commerce et le service, au sein de nos
établissements d'enseignement supérieur, et j'en passe. Aussi, il faut le dire,
un manque de rigueur inacceptable parmi les organismes gouvernementaux, les
ministères et certaines municipalités, qui se doit d'être corrigé.
De plus, nous devons reconnaître l'immense
défi que constitue, pour une nation francophone en Amérique du Nord comme la
nôtre, de bien intégrer en français les personnes immigrantes. La langue
française doit être le principal vecteur d'intégration permettant de rassembler
nos forces et de partager un avenir commun. Notre langue nationale doit donc
incarner, pour toutes les Québécoises et tous les Québécois cette source de
cohésion, d'identité, d'unité et d'émancipation.
Devant ces constats, la décision du gouvernement
du Québec est claire. Nous agirons. Cette action doit être porteuse de
résultats significatifs et elle doit permettre de surmonter les défis
contemporains. Notre monde a changé, mais l'essentiel demeure. Si parler
plusieurs langues doit être valorisé sur le plan individuel, il doit y avoir un
socle commun, une assise solide où tous s'appuient et s'unissent sur ce socle,
et ce socle, c'est la langue française. Nous le devons tout d'abord aux
générations précédentes, qui ont su tracer la voie avec courage, et nous le
devons aussi à la jeune génération et à celles à venir. À ce sujet, nous
refusons d'être la première génération qui renoncera à protéger notre langue.
Nous avons le devoir de transmettre cette composante essentielle de notre
identité, de notre patrimoine et de notre histoire afin que les prochaines
générations se sentent elles aussi concernées par le destin de notre nation.
Le plan d'action costaud promis en langue
française, vous l'attendez, et il est déjà amorcé. Il comprend plusieurs
facettes, budgétaires et administratives, notamment. Nous cumulerons les gestes
forts vers la relance linguistique du Québec. Le Québec est né en français et
il le demeurera. Nous prendrons les moyens pour nous en assurer. Depuis plus
d'une année, le premier ministre, mon équipe et moi, mes collègues ministres et
leurs équipes respectives avons beaucoup consulté et bonifié notre réflexion.
Des gens de toutes origines, de divers milieux : universitaire,
économique, juridique, syndical, administratif, artistique, sportif, et j'en
passe, nous ont fait part de leurs préoccupations et de leurs recommandations.
Ce travail colossal de la dernière année
nous a préparés à l'annonce d'aujourd'hui. J'ai donc l'honneur, au nom du gouvernement
du Québec, de confirmer que nous déposerons, lors de la prochaine session
parlementaire, un projet de loi afin de proposer une importante réforme de la Charte
de la langue française. Nous avons l'intention de modifier la loi 101 afin
de renforcer plusieurs de ses dispositions et d'étendre son champ
d'application. L'objectif sera très clair : protéger, valoriser et
promouvoir la langue de la nation québécoise, le français. Ce sera l'occasion
de réaffirmer, sans complexe, que la langue française est et doit être la seule
langue et unique langue commune des Québécoises et des Québécois. Le gouvernement
visera haut et juste, la situation l'exige. L'Assemblée nationale, par le biais
des élus de la nation québécoise, sera appelée à agir.
Je souhaite m'adresser aux membres des
nations autochtones. Cette loi ne touchera en rien votre droit inaliénable
d'assurer le maintien et le développement de vos langues et de vos cultures traditionnelles.
À nos compatriotes anglo-québécois, je
tiens à vous rassurer, le gouvernement du Québec, comme tous ceux qui nous ont
précédés, agira dans le respect le plus complet des institutions de la
communauté anglo-québécoise. À cet égard, l'État du Québec continuera à être le
chef de file de la protection de sa minorité linguistique au Canada. Les
mesures visant à renforcer le statut du français comme langue commune se fera à
l'avantage de tous les Québécois sans exception.
Je profite de l'occasion pour inviter les
parlementaires de tous les partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale à saisir le poids de l'histoire et la responsabilité qui est la nôtre
comme représentants élus de la nation québécoise. C'est une occasion unique que
nous avons de protéger, de pérenniser notre langue commune au Québec, le
français.
Il y a, pour l'opposition officielle
surtout, une occasion unique de réparer leur erreur historique de 1977. Je les
invite à saisir cette opportunité et à appuyer le gouvernement du Québec dans
cette démarche en faveur de la langue française. Je sais que ma collègue la députée
de Marguerite-Bourgeoys est habitée d'une grande volonté de défendre notre
langue, à l'instar de ses illustres aïeux. Elle devra convaincre sa formation
politique de faire ce qui aurait dû être fait il y a 10 ou 15 ans. Elle
trouvera en moi un allié pour cette difficile mission. Je souhaite un débat
serein, tout comme la volonté de poser les gestes qui s'imposent.
Au Québec, le français n'est pas un
problème, mais une solution, une solution pour une intégration réussie des
personnes immigrantes, une solution pour plus de prospérité, une solution pour
plus de cohésion et plus d'unité, une solution pour plus de diversité, une
solution pour plus de succès, et finalement, une solution pour plus de fierté,
pour plus de liberté. Si la langue française nous ramène à notre histoire, elle
doit nous propulser vers l'avenir. Quoi qu'il advienne, aujourd'hui et plus
clairement que jamais, l'avenir du Québec s'écrira et se racontera en français.
Merci.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions. Nous commençons avec Véronique
Prince, Radio-Canada.
Mme Prince (Véronique) : Oui.
Bonjour.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Mme Prince (Véronique) :
C'est une question qui est récurrente, mais ça vaut la peine quand même de la
poser à chacun des gouvernements, là. Est-ce que les cégeps vont être
assujettis à la loi 101?
M. Jolin-Barrette : Je suis toujours
en peaufinement du plan d'action, mais il y a un élément qui est fondamental et
qui se retrouvera dans mon plan d'action, c'est le fait que la langue normale,
habituelle des études devrait demeurer le français. Alors, je suis toujours en
réflexion présentement, mais pour moi, c'est fondamental de s'assurer que nos
établissements collégiaux puissent s'assurer de faire en sorte d'offrir des
cours en français et surtout que les Québécois puissent étudier en français au
cégep, à l'université et puissent également travailler en français. Donc, c'est
très clair pour moi que la langue habituelle... pardon, la langue habituelle
des études devrait être le français.
Mme Prince (Véronique) :
Comment vous allez faire, en 2021, pour concilier le fait que vous voulez protéger
la langue française, mais, en même temps, les jeunes doivent s'ouvrir sur le
monde et doivent quand même être en mesure de parler l'anglais?
M. Jolin-Barrette : Oui, tout
à fait, et l'un n'exclut pas l'autre. Le fait de parler plusieurs langues est
une bonne chose. C'est une ouverture vers le monde, et, sur le plan individuel,
le fait de connaître l'anglais, l'espagnol, le mandarin, d'utiliser plusieurs
langues, est une bonne chose. Par contre, comme langue commune, la langue qui
nous unit au Québec, c'est le français. Et, sur le plan collectif, on se doit
de défendre la langue de la nation québécoise, on se doit de mettre en place
des mécanismes qui vont nous assurer que, dans le temps, on va pouvoir
continuer d'utiliser la langue de la nation québécoise, le français. Alors,
l'un n'est pas opposable à l'autre, les deux vont de pair.
Le Modérateur : François
Carabin, Journal Métro.
M. Carabin (François) :
Bonjour, monsieur. M. Jolin-Barrette, certains élus de l'opposition vous
reprochent de pelleter vers l'avant dans ce dossier-là. Aujourd'hui, vous
parlez encore au futur, là, pour parler de votre projet de loi, notamment les
mesures qui sont associées à votre plan costaud, comme vous l'appelez.
Est-ce qu'on peut avoir une idée un peu
plus claire des dates sélectionnées, là, pour le dépôt de ces différentes
mesures là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
ce qui concerne la date, ça sera au courant de la prochaine session que je
déposerai un projet de loi qui va prendre en compte plusieurs aspects. Au cours
des derniers mois, j'ai eu l'occasion de vous indiquer dans quelle direction je
me destinais, notamment la langue commune, la langue de service et
d'information. Le fait que les Québécois doivent pouvoir travailler dans leur
langue en français, la langue d'intégration des personnes immigrantes,
l'exemplarité de l'État également. Je pense que, sur ce point-là, c'est
fondamental que l'État agisse, incluant les municipalités. Alors, le projet de
loi comprendra certainement des mesures touchant ces différents volets.
M. Carabin (François) : Vous
parlez des municipalités, la ville de Montréal, notamment... en fait, vous
l'avez critiquée à plusieurs reprises. Est-ce qu'il y a des mesures qui vont
viser particulièrement la métropole québécoise?
M. Jolin-Barrette : Dans le
cadre du plan d'action, il y en aura. Il faut comprendre que la situation
linguistique, elle n'est pas unique à Montréal. Montréal fait partie du Québec,
et il y a un coup de barre à donner, notamment sur l'île de Montréal, et l'État
québécois doit en être partie. Mais si on veut s'assurer de faire en sorte que
les commerçants, que la population mettent en place des mesures pour améliorer
l'utilisation du français, à juste titre, l'État québécois, incluant la ville
de Montréal, les arrondissements, doivent faire leur part également pour
améliorer la situation linguistique à Montréal.
Le Modérateur
:
Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) :
Oui. Bonjour, M. le ministre. Lorsque le Parti québécois a été porté au
pouvoir, c'était en novembre 1976, et, sauf erreur, le projet de loi n° 1,
au départ, c'était ça, sur la langue française, a été déposé au
printemps 1977, qui est devenu la loi 101, Charte de la langue
française. Donc, ça montrait toute la détermination, l'urgence pour le gouvernement.
Comment se fait-il que vous, votre projet de loi, il sera déposé durant votre
troisième année de mandat? Qu'est-ce que ça dit de votre détermination à
protéger la langue française?
M. Jolin-Barrette : Je
peux vous dire que, pour le gouvernement, c'est fondamental, et ça fait partie
de nos priorités de protéger la langue française. On a pris l'engagement devant
les Québécois, on a agi en matière de francisation des personnes immigrantes, déjà,
à l'époque où j'étais au ministère de l'Immigration. Mais, pour nous, c'est une
priorité.
Et le premier ministre m'a confié le
mandat il y a de cela un an. J'ai beaucoup consulté, différentes personnes de
la société civile, pour m'assurer d'avoir un portrait complet. Ça demande beaucoup
de travail, une telle réforme, et j'ai pris le temps nécessaire pour avoir un plan
d'action qui nous permettra de s'assurer de protéger la langue française. Et
c'est pour ça que je vais le déposer à la prochaine session parlementaire.
Mme Richer (Jocelyne) :
Dans le cas des entreprises de 25 à 49 employés, est-ce qu'on doit
s'attendre à mes mesures coercitives comme les 50 et plus? Est-ce que ça va
être étendu aux 25 à 49 ou si vous préférez aller avec des mesures incitatives?
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, j'ai un souci de ne pas alourdir le fardeau bureaucratique sur les
entreprises de 50 employés et moins. Cela étant dit, il y a du travail à
faire. Alors, je poursuis ma réflexion. Mais, très certainement, il y a des
mesures qui vont être en place pour s'assurer d'améliorer le français sur les
lieux de travail, que les Québécois ont le droit fondamental de travailler en français.
Mais je ne souhaite pas alourdir le fardeau administratif des entreprises. Pour
moi, c'est une priorité.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, M. le ministre. Juste pour être clair, là, sur la question des cégeps,
est-ce que vous... Parce que vous avez dit tout à l'heure : La langue
normale des études devrait être le français. Est-ce que vous souhaitez que la
loi 101 s'applique dans les cégeps? Juste que ce soit clair, là, cet
aspect-là, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, vous savez, je suis en réflexion. Actuellement, la situation que nous
voyons fait en sorte que la langue normale des études n'est plus nécessairement
le français. Et, si on veut s'assurer, au niveau de la recherche universitaire,
si on veut s'assurer de faire en sorte que les Québécois puissent étudier dans
leur langue, en français, puissent étudier également à l'université en
français, puissent faire de la recherche en français à l'université et
puissent, sur le marché du travail, travailler en français, il y a peut-être
des actions à prendre au niveau du niveau collégial. Mais je poursuis ma réflexion
à ce niveau-là.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous n'êtes pas décidé, si je comprends bien, encore?
M. Jolin-Barrette : Je
poursuis ma réflexion relativement au collégial.
M. Lacroix (Louis) : L'autre question
que j'avais, c'est… Bien, j'en ai deux, dans le fond. D'abord, les entreprises
à charte fédérale. Est-ce que vous allez demander ou négocier avec Ottawa pour
que ça puisse s'appliquer dans les entreprises à charte fédérale?
M. Jolin-Barrette : Le gouvernement
du Québec, et je l'ai indiqué à plusieurs reprises, a l'intention d'assujettir
les entreprises de juridiction fédérale. Le gouvernement du Québec et l'État québécois
a le pouvoir de le faire. Nous souhaitons la collaboration, bien entendu, du gouvernement
fédéral, tel que... je vais proposer la motion tout à l'heure. Une chose qui
est sûre, c'est que, pour le gouvernement du Québec, c'est très clair que les entreprises
de juridiction fédérale doivent être assujetties à la loi 101.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose du Journal de Québec.
M. Lacroix (Louis) : Juste
mon autre question…
Le Modérateur
: Excuse,
Louis, c'est parce qu'on n'a pas beaucoup de temps non plus, hein? Ça fait que,
si on peut, on reviendra après. Il faut passer tout le monde, là. Patrick
Bellerose, Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui.
Bonjour, M. le ministre. Bien, en fait, pour commencer, juste : Pourquoi
l'annonce d'aujourd'hui? C'est un peu la question... un peu évidente, là. Mais
qu'est-ce qu'on annonce aujourd'hui, alors que vous n'êtes pas encore prêt à
déposer le plan? Vous dites que vous êtes encore en réflexion sur plusieurs
aspects, donc pourquoi la sortie aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, aujourd'hui, j'annonce à la population québécoise que je vais déposer un projet
de loi lors de la prochaine session parlementaire. Donc, ça fait plus d'un an
que je consulte, je peaufine le plan, mais aujourd'hui c'est pour indiquer aux Québécois
qu'il va y avoir des mesures costaudes. On va réouvrir la Charte de la langue
française, la loi 101, pour s'assurer de protéger le français et pour s'assurer
de corriger certaines situations qui sont complètement inacceptables, notamment
sur le droit de travailler en français, sur le fait de ne pas être servi et
informé en français et aussi sur l'exemplarité de l'État. Je pense que c'est
fondamental, l'État québécois, incluant les municipalités, doit donner
l'exemple. Alors, c'est le signal de départ que je donne aujourd'hui
relativement au plan d'action que j'ai. Ça va notamment passer par le dépôt
d'un projet de loi à l'Assemblée nationale.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
savez, la question du «Bonjour! Hi!» est devenue un symbole justement, là, de
cet accueil-là bilingue. Même vous, l'an passé, vous avez évoqué la possibilité
d'intervenir à ce sujet-là. Est-ce que vous comptez l'interdire dans la
fonction publique, par exemple, la SAAQ, la SAQ, les hôpitaux? Et est-ce que
vous avez une poignée pour intervenir au niveau des commerces privés?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, je n'ai pas l'intention d'intervenir pour les commerces privés
relativement au «Bonjour! Hi!». Je pense par contre que les Québécois ont le
droit d'être servis et informés en français. Ça, c'est fondamental. Mais je
n'ai pas l'intention d'intervenir sur la question du «Bonjour! Hi!».
M. Bellerose (Patrick) :
…dans la fonction publique?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans la fonction publique, la langue de travail dans la fonction publique,
c'est le français.
M. Bellerose (Patrick) : Pour
ce qui est de l'accueil, allez-vous interdire le «Bonjour! Hi!» dans la
fonction publique?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans la fonction publique, lorsque l'interlocuteur est francophone, ça devrait
être bonjour. Ça arrive qu'on a des compatriotes anglophones qui peuvent
recevoir des services en anglais. Donc, ils peuvent... La discussion peut avoir
lieu en anglais pour les personnes, au Québec, qui ont droit à des services en
anglais.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Souhaitez-vous réglementer les entreprises québécoises qui choisissent des noms
d'entreprise en anglais lorsque le gouvernement investit, à travers ses
différentes branches et organismes, dans ces entreprises?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, votre question soulève deux enjeux, le premier étant qu'une entreprise
qui utilise une marque de commerce qui est protégée par la loi fédérale et de
juridiction, du champ de compétence fédéral, on ne peut pas intervenir à ce
niveau-là, au niveau de la marque de commerce qui est reconnue. Il y a une
décision des tribunaux, de la Cour d'appel, sur ce volet-là, au niveau de la
marque de commerce. La Charte de la langue française fait déjà en sorte que la
raison sociale doit être française, d'une entreprise, mais il y a une petite
distinction au niveau de la marque de commerce. Mais c'est sûr qu'on souhaite
encourager tous les commerçants québécois, tous les entrepreneurs québécois à
utiliser une marque de commerce en français. On a une langue, au Québec, le
français. Je pense qu'on a tout avantage à utiliser un nom d'entreprise qui est
francophone.
M. Pilon-Larose (Hugo) : En
évoquant votre réflexion concernant les cégeps, on peut s'imaginer que le
gouvernement pourrait donc réglementer l'enseignement supérieur, auquel
appartiennent les cégeps. Est-ce que les francophones, à votre connaissance,
qui étudient dans les cégeps et les universités en français, qui font de la
recherche, des cours en français, écrivent à ce jour majoritairement leurs
articles et publient les résultats de leurs recherches aussi en français?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il s'agit d'une bonne question qui n'est pas simple à répondre
considérant le fait qu'il y a de multiples disciplines. Donc, tout dépendamment
de la discipline universitaire dans laquelle vous effectuez votre recherche,
parfois c'est publié davantage en anglais, parfois il y a certaines disciplines
que c'est en français, qu'il y a des publications en français aussi. Donc, je
ne peux pas vous répondre à ce niveau-là.
Le Modérateur
: Il nous
reste un tout petit peu de temps, M. Lacroix, si vous aviez une autre
question. Ça va aller? Bon, bien, M. Bellerose, allez-y.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
l'avez dit de différentes façons, mais j'essaie de comprendre quel sera
justement le socle d'intervention de votre loi. Comme Mme Richer
demandait, est-ce que ça va être des mesures incitatives? Ça va être punitif?
Comment on peut résumer, là, le socle qui vous permet d'intervenir aux
différents niveaux?
M. Jolin-Barrette : Bien,
justement, ça sera à plusieurs niveaux. Très certainement, il y aura des
mesures incitatives, mais il y aura également des mesures coercitives dans la
globalité de la loi. Vous savez, une loi, pour qu'elle s'applique,
généralement, il y a des mesures qui font en sorte qu'on réussit à rendre
exécutoire la loi. Et, dans les modifications que nous allons apporter, il y
aura certainement des mesures qui vont rendre exécutoires certains paramètres
qui seront modifiés de la loi ou qui seront ajoutés dans la loi.
Je pense notamment à l'exemplarité de
l'État. C'est nécessaire que tous les ministères et tous les organismes,
incluant les municipalités, montrent l'exemple. Et on ne peut pas continuer
avec une situation telle que nous la vivons aujourd'hui au gouvernement du
Québec, qui est le résultat des 15 dernières années, où il y a une politique
linguistique gouvernementale qui est appliquée à géométrie variable à travers
les différents ministères. Moi, je souhaite que l'État québécois soit
exemplaire, et, suite au projet de loi, il deviendra exemplaire.
Le Modérateur
: Nous
passons maintenant à l'anglais. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon, Minister. I wanted
to return to the «Bonjour! Hi!» because it does seem like you're saying that, at
least, in the public service, government employees should greet people with
«bonjour». Is that what you're saying?
M.
Jolin-Barrette : Well, what I was saying is
about when somebody calls in English for services in «gouvernement du Québec»,
if he has a right to be served in English, the person could… welcomed in with a
«hi». I mean, you know, there's a lot of people that, here, in Québec, are from
the English-speaking community. And I want to be clear about the reform that I
will table. I mean, what I'm doing right now… about the fact that protecting
French is not against English or English services that are given to the English
community. I want to be very clear. So, if a member of the English community
calls to the Government of Québec to have some information or to ask a service
in his own language, he will keep his right to be served in English as it's
always been.
Mme Fletcher
(Raquel) : Just to be clear, and that brings
me to my next question, you won't be limiting any English services or cutting
in English services?
M.
Jolin-Barrette : I want to be clear, for the
English-speaking community, about their rights and their institutions. We will
not make anything to reduce the rights of the English-speaking community about
their rights to have the services of the Government of Québec or their
institutions.
Le Modérateur
:
Stéphane Giroux, CTV.
M. Giroux
(Stéphane) : M. Jolin-Barrette, thank you for
your information. What you're announcing today is relatively vague. You're not
telling us what you plan to do with higher education. We do know you want to do
something about federal jurisdictions. And you say that whatever you plan to do
will not affect the right of Anglophones in the public
sector. However, a lot of Anglophones have communicated with me, who say:
What's the urgency? We're in the middle of a pandemic, it could take years
before we recover financially. Businesses are saying, you know: Those who are
not closing may spend years recouping their losses. What makes you think the timing
is right with the next session?
M.
Jolin-Barrette : Well, because I work on this
plan since a year ago, and also nothing was made for the last 15 years.
And all the indicators say: There's a decline of French in Québec, particularly in Montréal. And I think it's urgent to act
about that situation. Common language in Québec is French, and the official language is French. So, we have to act
to be sure that we will be able to protect French. But, one thing for sure,
it's not because we are giving more protection to French, or to make the
promotion, or to value French, that's in an opposition to English. I want to be
very, very clear about that. I don't make any opposition between French and
English. We can make the promotion of the French, and protect French language,
and respect the institution of the English community.
M. Giroux
(Stéphane) : If I was to tell you that the
viewers who communicate with me… I don't have a horse in this, I'm a
Francophone, but ultimately a lot of Anglos will say: Every time the Government moves to expand the language law
or threaten to do so, the real goal is to further sideline the English
community by making them feel that, in the 21st century, they're the ones who
should be considered second class citizens.
M.
Jolin-Barrette : Never, never, never. That's
not the goal, it will never be the goal of that. I want to be really clear. In
North America, Québec is a
distinct society. English-speaking community is part of the Québec, they built Québec with all the Quebeckers. I want to be very clear with that. And we will always respect,
always respect the institution of the English community and also the services
that are given to the English community. I want to reassure about that fact.
And the project that we have, the bill that we will table will not affect the
rights of the English-speaking community, I want to be very clear about that.
And there is no opposition about protecting French in
the context of North America and the rights of the English-speaking
community.
Le Modérateur
:
Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good day. Can you hear me?
M. Jolin-Barrette : Yes.
M. Authier
(Philip)
: OK.I'm way back here. In
the last few weeks, there have been many reports in the media about the status
of French in Montréal,
particularly in the stores. Has your government done any new research, scientific research,
on the status of French to be able to say today, as you just said, French is in
decline? But do you have any new data that you can share with us on that matter?
M. Jolin-Barrette : Well, last September, l'Office québécois de la langue française
published a report on the situation of French in the labor market. In the year
before, there was a publication, a report about the utilization of French in the
stores. And we see that the use of French is clearly in decline. So all the
studies about that showed that in the last years.
M. Authier (Philip)
:
But there were fundamental differences between the work that was done in the
media lately and the office's study, which I read the other day, reread. They
had a much vaster sample of stores in Montréal that they examined. So what I'm
wondering is do you have any new data on the status of French in the vast
majority of stores in Montréal, not just 16 or 30, but, like, a thousand?
M. Jolin-Barrette : I mean, yes, on the basis of the study, of the report of l'OQLF
last year… Last week, we see the report of the Journal de Montréal that
illustrates a situation in Montréal, and that creates a situation. But, before
that, l'Office québécois de la langue française made some research and, as the
report says, of the OQLF, we see that the language of services or of
information, French is declining. So I don't have any new report since
September. But, as also the Conseil supérieur de la langue française says about the situation in the public administration about the utilization of another
language than French. I think we have accurate statistics and data. And I think
everybody in Québec knows that
the French is declining, and we need to act about that to be sure to protect
French language and also to protect the fundamental rights of the Quebeckers to work in French, to be served
or to be informed in French.
Le Modérateur
:
Dernière question, Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good day. What drives you or push
you in the direction that you're still thinking whether or not CEGEPs will be
included in the law? Because that's a major decision.
M.
Jolin-Barrette : Well, the thing… what is
important about that is the fact that we want to be sure that you can pursue
your studies, and also to the university, and after, on the work, in French.
That's really important. And we have to make a reflection as a society about
the fact that… Do we need to extend Bill 101 to the CEGEP, «les
établissements collégiaux»? So, that's a good question. And I'm still in
reflection about that because, as we see, it's... the part of the «cégeps
anglophones» is going up over the years. So, I ask the question about the
society, about… should we intervene in that situation and extend that to the
«établissements collégiaux»? But my idea is not… my reflection is not ending at
that point.
Mme
Senay (Cathy) : OK. And about having coercive measures.
You're still thinking about putting coercive measures in place. Don't you have
a fear that that would go too far and violate people's freedoms?
M.
Jolin-Barrette : Well, in each bill, you have
some positive measures and some «coercitives» measures. And I think, as we see,
we need to have a mix of that because, if we want that the bill applies, we
need some «coercitives» measures. But most of my plan is about the fact to
protect French, and we will take some measures with a balanced bill to be sure
that the objective is respected, to value French, to make the promotion and
also to protect. So, I think it's important to say again and again that it's
not the opposition of French and English. I want to be clear about that.
Le Modérateur
: C'est
ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci.
M. Jolin-Barrette : Merci, tout
le monde.
(Fin à 12 h 48)