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Point de presse de M. Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Version finale

Tuesday, October 20, 2020, 9 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante-cinq minutes)

M. Charette : Bien, tout simplement — bonjour — vous mentionner qu'on débute une étape importante ce matin, l'étude d'un projet de loi sur la modernisation de la consigne. C'est un sujet qui est attendu depuis le début des années 80. Mais également tout ce qui est collecte sélective… qui sera modernisé. On entendra différents groupes au cours de la journée, tout au long de la semaine également, pour ensuite procéder à l'adoption, là, souhaitons-le, le plus rapidement possible, de ce projet de loi là, qui va venir corriger des situations, là, qui traînent depuis plusieurs années, voire quelques décennies maintenant.

M. Laforest (Alain) : On facture 0,03 $ pour la consigne. Vous êtes pas mal au-dessus de ça. Pourquoi ne pas baisser parce qu'en bout de ligne, de l'argent, on n'en imprime pas?

M. Charette : En fait, peut-être différents éléments à ce niveau-là. On aime bien vanter le Québec. On aime bien dire qu'il est un leader en matière d'environnement. Mais, sur le volet de la consigne comme tel, on part de loin. Il y a deux seules provinces qui n'ont pas encore instauré ce système-là, notamment le Québec. Donc, on fait partie malheureusement des derniers de classe. Cependant, avec le projet qui est à l'étude, on veut corriger cette situation-là.

Il y a des frais qui seront effectivement internalisés par les entreprises, par les commerçants. Mais la consigne elle-même sera intégralement remboursée aux consommateurs. Donc, hier, j'écoutais, à travers votre entremise, là, les commentaires de certains groupes qui peuvent avoir des craintes, mais ces craintes-là ne sont pas justifiées. Ce qui sera chargé au consommateur à travers la consigne sera intégralement remboursé au consommateur.

M. Laforest (Alain) : …rapporte.

M. Charette : Oui, bien, en fait, c'est déjà le cas.

M. Laforest (Alain) : Vous savez très bien que ce n'est pas tout le monde qui va le rapporter.

M. Charette : Bien, c'est-à-dire, on l'a vu encore dans votre reportage d'hier, ce sera dans l'intérêt des consommateurs de rapporter ces contenants-là parce qu'au final ça peut représenter des sommes quand même considérables. Mais c'est déjà le cas avec les canettes de… c'est-à-dire, les canettes de boisson gazeuse. Avec les bouteilles de vin, les consommateurs n'auront qu'à rapporter plus de contenants pour se faire rembourser intégralement.

Et n'oublions pas ceci, on parle de 4 milliards de contenants par année qui sont susceptibles d'être consignés. La majorité de ces contenants-là, à l'heure actuelle, se retrouvent tantôt dans les dépotoirs, tantôt dans nos cours d'eau, tantôt dans les fossés qui bordent les routes. Bref, il faut apprendre à gérer cette matière-là. Et ce qui est formidable, lorsqu'il est question de plastique et de verre, c'est des matières qui peuvent être valorisées indéfiniment, donc leur donner de nouvelles vies… Donc, il faut moderniser nos pratiques à ce niveau-là.

M. Laforest (Alain) : Qui d'autre qui ne respecte pas, là…

M. Charette : La deuxième province? Le Manitoba. En fait, actuellement, il y a le Québec et le Manitoba qui n'ont pas de système de consigne élargie.

Mme Gamache (Valérie) : M. Charette, pouvez-vous garantir aux consommateurs que le prix du panier d'épicerie ne va pas augmenter à cause de la consigne?

M. Charette : Bien, à partir du moment où le consommateur va retourner ces contenants-là, la consigne leur sera intégralement remboursée. Et il faut savoir que, dans le débat, depuis des années, il y a tout le temps un joueur qui s'est montré très, très, très opposé à cette réforme-là, qui l'a fait littéralement renverser à de nombreuses reprises au cours des dernières années, c'est le Conseil canadien du commerce de détail. Donc, les arguments qui étaient amenés, à travers les médias, hier et ce matin, sont de vieux arguments qui n'ont plus leur place. Bref, la société est prête à faire des changements. Au Conseil canadien du commerce de détail à se moderniser dans ses pratiques également.

M. Larin (Vincent) : M. Charette, c'est quoi, l'apport de ces écofrais-là qui seront non remboursables?

M. Charette : En fait, ce qui a été mentionné au moment de l'annonce de la réforme, en janvier dernier, aux côtés du premier ministre, c'est que les entreprises auront à internaliser quelques sous. On peut parler de 0,02 $ à 0,03 $ le contenant. Mais ça, c'est à l'entreprise de l'assumer dans ses frais de production, dans ses frais de commercialisation.

Mais, pour ce qui est du volet consigne, encore une fois 100 % remboursable, le consommateur n'aura pas à payer quelques sous de plus pour le contenant ou pour le produit qu'il achète. Mais, en demandant aux entreprises d'internaliser ces quelques sous là, on veut les inciter aussi à développer des approches beaucoup plus écoresponsables, avec des contenants qui peuvent être soit réutilisables ou des contenants qui, à tout le moins, peuvent être récupérables, ce qui n'est pas le cas dans tous les cas de figure actuellement.

M. Larin (Vincent) : Du 300 millions, est-ce que vous avez estimé la part…

M. Charette : En fait, le Conseil canadien du commerce de détail sème, de façon volontaire, je dirais, de la confusion dans le débat. Les sommes qu'il mentionne sont des sommes liées à la consigne, des sommes qui peuvent être intégralement remboursées au consommateur si le consommateur dépose les contenants au bon endroit.

Et c'est le même débat. Cette réforme-là, au fil des années, a déraillé à plusieurs reprises, toujours sous l'impulsion du Conseil canadien du commerce de détail. Et même, depuis janvier, nous, on travaille à mettre en place des projets pilotes. Je peux vous dire que ce même conseil canadien fait tout pour faire dérailler la mise en place de projets pilotes. Je peux vous dire que ce même conseil canadien, dans un autre dossier, celui des halocarbures, donc celui de la REP, la responsabilité élargie des producteurs, sur les appareils réfrigérants — c'est le gaz le plus dommageable pour l'environnement — ils font tout aussi pour contrecarrer les mesures.

Donc, je leur dis bien, bien gentiment : Il est temps pour eux de revoir leur approche. Ils ont un rôle à assumer. Ils mettent en marché des produits. Ils doivent en assumer la responsabilité et faire leur part pour relever nos défis environnementaux.

M. Laforest (Alain) : Vous êtes en guerre contre eux, là. Vous leur demandez…

M. Charette : En fait, je ne suis pas en guerre contre eux. Je vais les écouter cet après-midi…

M. Laforest (Alain) : Vous n'êtes pas en guerre contre eux, mais ça fait 10 minutes que vous leur envoyez des flèches.

M. Charette : Bien, c'est-à-dire, je leur demande clairement de changer d'approche. Je vous le disais, il y a des projets pilotes qui doivent voir le jour. Au départ, on aurait souhaité leur collaboration. Cette collaboration-là n'est pas venue. Donc, on va confier cette responsabilité à d'autres acteurs. Mais, clairement, ils ont la même approche qu'ils avaient il y a 10 ans, qu'il y a 15 ans, qu'il y a 20 ans. Et, moi, ce qui me désole, c'est qu'on évoque ou on met en cause les consommateurs, alors que ce sont d'abord à eux à changer leurs pratiques.

Je vous donnais l'exemple des gaz réfrigérants. C'est de loin les gaz à effet de serre les plus dommageables pour l'environnement. Et, depuis que le règlement a été annoncé l'automne dernier, là aussi, on fait tout, de leur côté, pour tenter de mettre des bâtons dans les roues. Donc, c'est une approche à changer. Je leur dis de façon très amicale. Je suis en conversation constante avec eux, mais il est grand temps qu'ils modernisent leur façon de voir la situation.

Mme Gamache (Valérie) : J'ai l'impression que les consommateurs sont prêts, mais pas le conseil du commerce au détail. C'est un peu ça?

M. Charette : Bien, en fait, ce sont les mêmes arguments qu'ils évoquaient il y a 10 ans, il y a 15 ans. Moi, je me souviens, je suis ici depuis 12 ans, à l'Assemblée nationale, ce n'est pas la première fois qu'on tente cette réforme-là, et c'est le groupe d'intérêt qui a toujours été le plus militant. D'autres étaient opposés par le passé. D'autres se sont depuis ralliés. On pense à la Société des alcools, notamment. Donc, j'invite le conseil canadien à évoluer dans sa façon de penser, un petit peu comme la SAQ l'a fait au cours des derniers mois et des dernières années.

M. Carabin (François) : …si je ne me trompe pas, ce n'est pas mentionné tel quel dans le projet de loi. Est-ce que l'objectif final, c'est d'avoir une responsabilité…

M. Charette : En fait, c'est dûment mentionné. C'est un projet de loi à deux volets. Il y a la modernisation… en fait, l'élargissement de la consigne et la modernisation de la collecte sélective, et tout le volet responsabilité élargie des producteurs fait partie de ce volet-là, et avec l'appui des producteurs.

Ça, je vous ramène en février dernier, lorsqu'on a fait l'annonce. Ça a été deux annonces distinctes : janvier, celle sur la consigne, quelques jours plus tard, celle sur la collecte sélective. Et on était au côté des producteurs. On était au côté des municipalités. Bref, on a mis en place une réforme qui est à l'avantage de tous.

Les producteurs, il faut le savoir, financent en grande partie la collecte sélective depuis des années à hauteur de plusieurs centaines de millions. Mais ils étaient insatisfaits de la qualité du service qui était rendu par la suite. Donc là, on les implique dans la démarche. C'est dans le projet de loi. On va leur demander de mettre sur le marché des contenants qui soient plus faciles à récupérer, donc des contenants plus faciles à revaloriser. Donc, l'argent qu'ils investiront dans le système, ils vont en voir, en quelque sorte, les résultats, ce qui n'est pas le cas présentement.

M. Carabin (François) : Dans un dossier conjoint, pourquoi ne pas vous être opposé à la décision de la ville de Montréal de confier à l'entreprise Ricova le recyclage? Est-ce que c'était Ricova ou rien?

M. Charette : En fait, là aussi, il y a un beau lien avec l'article de ce matin et le projet de loi qui est à l'étude. On parle de moderniser la collecte sélective pour éviter ce genre de situation là. Ce que la loi va permettre, à terme, c'est d'imposer des normes et des standards de qualité au niveau, notamment, des centres de tri. Ils seront financés en conséquence. Il y a plusieurs dizaines de millions qui ont été prévus à cet effet dans les deux derniers budgets. Donc, ils vont recevoir de l'aide, oui, mais à condition de produire une certaine qualité, ce qui n'est malheureusement pas le cas.

Et, dans le cas précis, précis que vous nommez, le grand danger, c'était la rupture de service. On l'a connue avec une autre organisation à Montréal ces derniers mois… et qui aurait pu menacer justement tout ce qui est collecte sélective sur un très vaste territoire. Donc, il fallait aussi avoir ça en tête, c'est-à-dire éviter à tout prix la rupture du service pour ne pas que les gens ne se retrouvent du jour au lendemain avec aucun service de collecte sélective.

Une voix :

M. Charette : Tout à fait, tout à fait, et le projet de loi répond à ces inquiétudes-là. C'est un système qui est malmené depuis plusieurs années. On le sait, les marchés internationaux se sont refermés. Donc, il faut moderniser nos façons de faire et s'assurer que la valeur est prise ici même, au Québec, lorsque le produit quitte le centre de tri.

M. Laforest (Alain) : Donc, vous garantissez solennellement aujourd'hui qu'il n'y aura pas d'augmentation de prix?

M. Charette : Qu'il n'y aura pas d'augmentation de…

M. Laforest (Alain) : De prix.

M. Charette : Bien, c'est-à-dire, le consommateur qui fait le libre choix de ne pas retourner son contenant, effectivement, il ne récupérera pas le prix de sa consigne. Mais, comme il le fait pour ses canettes de boissons gazeuses, comme il le fait pour ses canettes de bière ou ses bouteilles de bière, le prix de la consigne lui est entièrement remboursé. Donc, ce sera un choix du consommateur, tout simplement. Ce sont des contenants qui pourront toujours se retrouver dans le bac bleu s'il le souhaite. Mais, à partir du moment où c'est ramené dans un centre de dépôt ou à l'épicerie directement, la consigne sera intégralement remboursée.

M. Larin (Vincent) : …savoir concernant la consigne élargie, si vous comptez repousser d'un an son entrée en vigueur.

M. Charette : Bien, en fait, c'est une autre demande du conseil canadien. Je vous le dis, depuis 15 ans, toutes les occasions et tous les prétextes sont bons, pour cette instance, de ne pas revoir sa façon de faire. On le voit aujourd'hui avec la consigne, avec la pandémie. Et, je peux vous dire, cet été, on a eu toute la misère du monde à faire en sorte que les membres de cette association reprennent la consigne en magasin comme la loi l'exige. Là aussi, on prétextait une conjoncture extraordinaire pour ne pas assumer leur responsabilité.

Moi, je dis poliment à ces gens-là : S'ils veulent vendre des produits, s'ils veulent bénéficier des profits que ça génère pour leurs membres, bien, ils ont aussi une responsabilité à assumer, c'est-à-dire que les contenants soient dûment récupérés. Autrement, on ne peut pas que vouloir le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire le profit sur les contenants vendus sans en assumer une responsabilité. En 2020, c'est une philosophie qui n'a plus sa place.

M. Larin (Vincent) : Vos intentions à vous concernant la consigne élargie, ce serait…

M. Charette : L'échéancier, on le maintient. Puis on ne l'a pas fait en 12 semaines, là, cet échéancier-là. Ça a été annoncé en janvier, avec une mise en place graduelle à partir de la fin 2022. Donc, on parle de trois années complètes. Et, pour d'autres types de produits, ça va aller à 2025. Donc, donner six ans à une réforme à s'implanter, je pense que c'est un délai qui est tout à fait raisonnable. Et, au contraire, la pression que moi, je reçois, c'est d'aller plus vite. Vous allez l'entendre de certains groupes d'opposition : Pourquoi trois ans? Donc, donner une année de plus au conseil canadien, c'est inconcevable. En trois ans, on peut très bien faire le travail. Et, dans certains cas, on parle même de six ans. Donc, on est dans des délais plus que généreux, là, dans les circonstances.

Mme Senay (Cathy) :Good morning, Mr. Charette.

M. Charette : Good morning.

Mme Senay (Cathy) : What do you say to Québec consumers, that they won't have to pay… because retailers are saying that, because of the pandemic, the Québec consumers will have to pay for the extension of the recycling deposit system. So what do you tell them?

M. Charette : There are only two provinces in Canada without any refund system, and Québec is one of those. So, if it works in the other provinces, I don't see how it cannot work in Québec also. And, for the consumers, yes, they will have to pay for the refund system, but as soon as they come back with their different products, they will be reimbursed. So there's no fees if they do this move. And we are talking about 4 billion «contenants»…

Mme Senay (Cathy) :

M. Charette : Yes, well, we are talking about 4 billion bottles of different sorts. These products, today, they go in landfills, they go in our rivers. They go elsewhere but where we want them to go. So we have to make this move. It's good for the environment, but it's also good for the economy because these products, plastic and glass, we can recycle them as often as we want. So there are industries, we will hear some of them during the coming days and hours, some of these companies have to buy their glass and plastic elsewhere, in other provinces or in the United States, because they cannot get this quality here, in Québec. So, it's good, yes, for the environment, but it's also good for the economy.

Mme Senay (Cathy) : You said that you received pressure from the Retail Council of Canada. But, basically, at the same time, you're saying, well, no, you're not going to block this project. But how do you explain this pressure you received from the Retail Council of Canada?

M. Charette : They've been putting this pressure for years now. It's not the first time that the Government wants to modernize the refund system and the recycling system. And, if we didn't go through this reform, it's because of that kind of pressure. But the technology evolved. The mentality evolved also. I ask them to evolve also because we are there. We need to be there. And otherwise we will continue to bring this pollution in our rivers, and our lakes, and all that. We have to think differently.

(Fin à 10 h 3)

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