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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Tuesday, October 20, 2020, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quatre minutes)

Mme Massé : Oui. Alors, bonjour, tout le monde. Écoutez, aujourd'hui, bien, c'est une belle journée pour nous. Notre collègue Émilise Lessard-Therrien revient de son congé de maternité, revient donc... Elle sera en Chambre aujourd'hui. On est super contentes. C'est toujours intéressant d'avoir l'ensemble de nos députés proches de nous.

Mais bien sûr, en même temps, on vous l'a dit la semaine dernière, mais là je vous le dis, Sol est parti officiellement en congé de paternité, voyons, vendredi. Alors donc, c'est pourquoi il y a un petit rebrassage que vous avez vu passer, là, au sein de la répartition de nos responsabilités. Sol s'en va vers un nouveau mandat, puis, bien sûr, je lui souhaite une bonne chance dans sa nouvelle job de papa, mais c'est Gabriel qui va donc, en plus des dossiers aînés, va prendre les dossiers santé et services sociaux jusqu'au retour de Sol.

Et moi, bien, c'est la région de Québec que je vais prendre comme cheffe parlementaire. Et en ce sens, bien, je tiens à vous dire que, d'entrée de jeu, M. Labeaume va bien sûr trouver en moi une des meilleures alliées concernant le réseau structurant. Ce n'est pas un dossier qui est mort pour Québec solidaire, loin de là. Alors, M. Labeaume va trouver un allié, mais bien sûr, M. Legault, lui, va trouver sur son chemin, son chemin du troisième lien, une députée déterminée à faire en sorte que le troisième lien n'empêche pas la réalisation rapide du troisième lien, puisqu'actuellement M. Legault semble vouloir lier ces deux projets-là, alors qu'avec son p.l. n° 66, il veut accélérer les infrastructures.

Moi, j'ai bien, bien, bien de la misère à comprendre comment se fait-il que, dans le cas du réseau structurant, où il y a une unanimité sur le terrain, où les gens sont prêts, les gens d'affaires, les gens, la mairie, tout le monde est prêt à pouvoir mettre ce projet-là sur les rails, la CAQ veut nous lier à un projet qui est actuellement totalement dans l'imaginaire puisqu'il n'y a rien qui a été déposé.

Alors donc, M. Legault me trouvera sur son chemin, et ça me fait vraiment plaisir de soutenir les équipes de Sol et Catherine pour la Capitale-Nationale.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon. Bonjour. Hier, il s'est passé quelque chose qu'on n'avait pas vu au Québec depuis très longtemps. Il y a des centaines de soignantes qui ont posé un geste d'éclat. Elles ont marché ensemble sur le pont Jacques-Cartier et sur le pont de Québec.

C'est une scène surréaliste. Moi, je n'avais pas vu ça, puis ce n'est pas quelque chose qu'on voit à tous les jours. Je pense que c'est un geste qui témoigne d'une grande détresse chez ces femmes qui prennent soin des Québécois et des Québécoises. C'est un geste qui est le symptôme d'une grande exaspération, d'une exaspération qui se construit depuis des mois et qui a éclaté au grand jour hier avant-midi.

Ça fait des mois que les négociations entre les soignantes du Québec et le gouvernement de la CAQ sont stériles. Ça n'avance pas, et ça, en pleine pandémie, c'est juste inacceptable. Des infirmières sur un pont, c'est une alerte qui ne doit faire place à aucun doute, là. Il faut un coup de barre dès maintenant dans la stratégie du gouvernement. Le gouvernement, au moment où on se parle, refuse toujours de parler du coeur du problème, et ça, c'est la charge de travail des infirmières puis de toutes les soignantes au Québec. Et ce refus de parler de la charge de travail, c'est ce qui bloque les choses.

La surcharge, le poids énorme qui repose sur les infirmières, sur les soignantes du Québec, là, c'est ce qui chasse des milliers d'entre elles du réseau public, c'est ce qui fait que plusieurs d'entre elles ne veulent pas travailler à temps plein, c'est ce qui cause actuellement l'énorme pénurie de personnel qu'on vit dans le réseau de la santé. La seule chose, en ce moment, qui retient ces femmes-là en première ligne, c'est leur sens du devoir, et c'est, je pense, en vertu de ce sens du devoir qu'elles ont lancé un cri d'alarme hier.

Il faut que la CAQ arrête de nier la réalité. Il faut arrêter, là, qu'on nie l'évidence, l'évidence que tout le monde voit sauf les ministres de la Coalition avenir Québec, c'est-à-dire que les infirmières, toutes les soignantes du Québec, ont besoin maintenant d'un signal clair que leurs conditions de travail vont s'améliorer rapidement puis pour de vrai.

Québec solidaire demande, dès aujourd'hui, au gouvernement du Québec de changer sa position et d'annoncer qu'il accepte de parler du coeur du problème, et ça, c'est la charge de travail insoutenable qui repose depuis trop longtemps sur les épaules des soignantes. Merci.

La Modératrice : On va prendre vos questions. Une question, une sous-question.

Mme Gamache (Valérie) : Concernant les infirmières, est-ce que vous trouvez normal que, dans Chaudière-Appalaches, il y a une centaine de quarts de travail qui n'aient pas été couverts par les infirmières sur place mais bien des infirmières qui étaient à la maison et que les résidents devaient appeler seulement en cas d'urgence?

M. Nadeau-Dubois : Notre réseau de la santé, c'est un peu devenu comme une maison hantée, là. On ne sait jamais sur quelle erreur... sur quelle horreur on va tomber, là, puis là ça, c'est une nouvelle horreur qu'on découvre, qu'il y a eu des CHSLD où, à de nombreuses reprises, il n'y avait pas d'infirmières pour prendre soin des gens. C'est inadmissible, c'est un autre exemple de l'énorme problème de pénurie de personnel.

Puis il y a des solutions à la pénurie. Cette solution-là, c'est bonifier les conditions de travail, annoncer qu'on va mettre en place des projets ratios. Quand, en Californie, on a annoncé, seulement annoncé, qu'il y aurait des ratios infirmière-patients, une des conséquences qu'on a vue tout de suite, c'est que les gens se sont mis à rester dans le réseau public, puis on a freiné l'exode de personnel. Ça, c'est un geste concret, c'est un engagement ferme que le gouvernement peut prendre.

M. Lacroix (Louis) : Mme Massé, quelle est votre position sur la censure... en fait, le dossier de la censure à l'Université d'Ottawa? De quelle façon est-ce qu'on doit encadrer l'utilisation, entre autres, de certains termes qui sont mis à l'index par le recteur de l'Université d'Ottawa?

Mme Massé : Bien, c'est sûr que, pour nous, la situation qui s'est posée à l'Université d'Ottawa, c'est-à-dire ce retrait de cette enseignante sans l'entendre directement, nous apparaît totalement inacceptable. D'ailleurs, c'est pourquoi ce matin, quand on lisait la lettre des 600 professeurs, on se disait : Bien, ça fait du sens, là. Tu sais, l'idée, c'est, oui, lorsqu'il y a une mise en contexte qui est faite, lorsqu'on est dans le réseau, en plus, universitaire, académique, il faut être capable de parler de tout mais d'en parler, bien sûr, en mettant les choses en contexte. C'est pas mal là que moi, je me loge.

M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'on assiste à une dérive sociale, actuellement?

Mme Massé : Qu'est-ce que vous voulez dire?

M. Laforest (Alain) : Bien, par rapport au terme, là, ce terme-là, le terme «nègre» placé hors contexte. Vous vous placez dans un contexte historique. Ça a existé, la ségrégation a existé. On ne peut plus en parler parce qu'on décide que c'est un terme qui est mis à l'index. Est-ce que ce n'est pas une dérive? Il y en a plusieurs, là, qui se passent actuellement, des situations comme ça.

Mme Massé : Bien, moi, je vous dirais qu'il faut, dans un premier temps, reconnaître qu'il y a des termes qui ont une charge, une charge terrible, puis c'est sûr qu'on ne les vit pas quand on n'est pas des gens qui avons été méprisés ou pointés du doigt avec ces termes-là.

Ceci étant dit, je pense que la situation qui se déroule présentement à l'Université d'Ottawa est une situation qui n'est pas acceptable. On ne peut pas s'empêcher collectivement de réfléchir sur des sujets parce qu'ils ont une charge historique. Il faut les mettre en contexte, il faut être capable d'en parler avec honnêteté, mais pas de s'empêcher d'en parler.

M. Lacroix (Louis) : O.K. Donc, vous n'êtes pas d'accord avec le fait d'éliminer le mot «nègre» du vocabulaire, du vocabulaire tout simplement, là. On doit être capable d'utiliser ce mot-là, si je décode ce que vous dites, dans un contexte, par exemple, académique, ou dans un contexte historique, ou dans un contexte où on décrit une situation. C'est ça? Est-ce que c'est ça, ce que... Est-ce que je vous saisis bien?

Mme Massé : Bien, dans un contexte où effectivement on parle de quelque chose d'historique, et, dans ce cas-là, il en était question, il faut être capable d'utiliser les mots qui existent.

Ceci étant dit, il faut être capable de reconnaître aussi, puis ça fait partie de l'enseignement académique et/ou d'un échange, de dire : Bien, écoutez, en même temps, collectivement, on peut-u reconnaître qu'il y a des termes qui ont une charge, et notamment celui-là en a une importante parce qu'il a été utilisé dans l'histoire, notamment comme insulte et dénigrement, et etc. Il faut faire les deux.

M. Laforest (Alain) : On le met à l'index? Est-ce qu'on le met à l'index?

Mme Massé : Moi, je trouve que, dans une société démocratique, mettre des choses à l'index, ce n'est pas une bonne façon de cheminer collectivement. Il faut être capable de reconnaître les choses, et c'est pourquoi, ce matin, je suis plutôt en accord avec ce que les professeurs... la lettre qui a été cosignée par 600 d'entre eux, qui, d'ailleurs, étaient de droite, et de gauche, et de tous horizons. Il faut être capable de parler des choses en les mettant en contexte.

Mme Gamache (Valérie) : Mais, madame, est-ce qu'il n'y a pas un danger, à un moment donné... Je reviens sur la dérive sociale. Est-ce qu'il n'y a pas un danger qu'on en vienne à s'autocensurer? Moi, je ne vous le dirai pas, ce matin, le mot qui commence avec un «n», mon collègue l'a dit. Est-ce qu'il n'y a pas cette espèce de danger-là que, de façon insidieuse, on ne s'en rende pas compte puis qu'on se mette à s'autocensurer, tous et chacun? 

Mme Massé : Écoutez, que chacun fasse sa démarche de prise de conscience personnelle et comment il utilise le terme, moi, là, j'en suis, là. Il faut faire ça, hein? C'est comme... Il a été, un certain temps, le terme «sauvage», hein? Aujourd'hui, on ne dirait plus ça. Bien, une chance, une chance. Ça fait que, oui, ce bout-là de l'autoréflexion, je n'ai pas de trouble là-dessus.

L'autre bout, par contre, il faut collectivement être capable de reconnaître pourquoi un certain nombre de termes est chargé plus que d'autres, hein? C'est ça aussi qu'il faut être capable de faire ensemble.

M. Larin (Vincent) : ...faire, comme gouvernement, pour s'assurer que ça ne se reproduise plus, des exemples comme ça, comme il s'est produit à l'Université d'Ottawa? Comment est-ce qu'on peut protéger les professeurs contre ce qui se dit dans un contexte pédagogique?

Mme Massé : Bien, moi, je pense que le fait déjà d'en parler, cette enseignante-là a quand même eu un appui, en très peu de temps, de 600 collègues. Vous savez, je pense que l'autonomie académique, c'est quelque chose que les universitaires, notamment, tiennent beaucoup, et nous, on est d'accord avec ça.

Ça fait que, dans ce sens-là, il y a déjà beaucoup de choses en place. Je pense que le recteur doit tout simplement revenir sur sa position et accepter, à quelque part, que l'enseignement, ça comporte de l'enseignement sur des bouts de l'histoire qui ne sont pas faciles.

La Modératrice : On va passer en anglais.

M. Bossé (Olivier) : Mme Massé, j'aurais juste une petite question sur votre nouvelle région de la capitale. Les cas sont en augmentation, ça devient Québec qui est la pire région. Qu'est-ce... Je comprends bien que vous n'êtes pas de la Santé publique, mais comment vous expliquez ça, vous? Qu'est-ce que vous y voyez?

Mme Massé : Oui. Tu veux-tu que j'y aille ou... O.K. Parce que santé, capitale... Écoutez, je pense que, bon, d'une part, c'est super inquiétant, là. On est, tout le monde, extrêmement préoccupés par ça.

Si vous voulez mon humble avis, c'est sûr que, lorsqu'il y a un certain nombre de réseaux qui entretiennent une certaine banalité entourant la question de la pandémie, je parle notamment des réseaux radiophoniques, on peut-u s'attendre à ce que nos concitoyens mettent aussi en cause ces éléments-là et donc, peut-être, sont moins vigilants? Mais je pense qu'il faut faire la lumière là-dessus, parce que Québec, alors qu'il avait été protégé au printemps, là, tout d'un coup, c'est inquiétant de voir les... Ça fait que je ne sais pas si tu as quelque chose que tu veux ajouter là-dessus.

M. Nadeau-Dubois : Je pense que Manon a bien dit. Il y a sans doute beaucoup de raisons qui expliquent ça puis il va falloir faire le bilan en temps et lieu pour avoir l'ensemble du portait. Mais le climat médiatique, je pense qu'il faudrait être aveugle ou, en fait, dans ce cas-là, sourd pour ne pas identifier que ça peut être un facteur qui explique la situation à Québec, je veux dire.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. I would like to hear your reaction as a former student activist regarding what's happening at Ottawa U and the use of this racist word, n-word, in a context of a university classroom, by a professor. I mean are we going too far and that is a very dangerous game?

M. Nadeau-Dubois :You know, students have the right, the freedom of speech. And if they disagree with something, they have a right to say it. But academic freedom is sacred and has to be protected. And the decision of the Ottawa University to suspend that teacher is completely unacceptable.

Those kinds of terms are historically charged. They are affecting people, and we have to understand that, we have to take that into account. That is why those terms have to be used with a lot of precaution. But, in an academic context, teachers should be able to talk about those things. We should be able to have those debates specifically in an academic context without neglecting the necessary precautions.

Mme Senay (Cathy) : So when the Ottawa U is saying that it was a mistake to use that word and this is why the professor was suspended… the Public Security Minister, Geneviève Guilbault, just said on Facebook: That is a complete mistake, we have to start a thinking process in Québec about all this. Do you agree with her that we have to...

M. Nadeau-Dubois : But what I noticed at the University of Ottawa is that the teacher herself recognized that there was a debate around that term, and she was open to have that debate. And those debates should happen. They are interesting debates from an academic point of view. But we have to let them happen. And what the University of Ottawa did, they say: No, we won't even debate the issue. And that is deeply problematic.

La Modératrice : Dernière question.

Mme Senay (Cathy) : Do Québec solidaire agrees with the Public Security Minister when she says first: This situation is totally unacceptable, and, in Québec, we have to have a reflection on what we should do on this? It should be clear that we have to let those discussion...

M. Nadeau-Dubois : I haven't read the declaration of the Minister, so it is difficult for me to say do we agree partially or totally with it. But we think the decision of the University of Ottawa was a mistake, we think those debates are healthy in a democratic society. They should be... I have trouble with my English this morning. It's not always... But those debates have to happen, those are healthy debates, and universities have their role, in a democratic society, to discuss those very sensible issues. And academic freedom is something very important in a democracy because of that, because it opens a space in society to discuss those very sensible issues.

Mme Senay (Cathy) : I have one last question. October 28 is coming up soon. This is the deadline, the challenge that Premier Legault gave. Do you have... There is a press conference at 1:00 p.m., it's October 20th already. What it should do? Should it be transparent about the fact that there will be an extension?

M. Nadeau-Dubois : You know, if the Coalition avenir Québec was transparent, I could answer that question very simply by saying: We have the data that tells us if we need to stop now or continue. We don't have that data, we don't have that information. But something tells me that the second wave is not over and that we will have to continue to make sacrifices in order to win that battle.

And it's sad that I'm not able to answer fully your question. I would like to. I would really like to, but I'm not able to because I don't have one iota more of information than what is being said in the press conferences. Merci beaucoup.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Laforest (Alain) : ...risque de censure, c'est ce que vous venez de dire à ma collègue, chez les universitaires. Il y a un risque de censure chez les universitaires par rapport à tout le débat...

M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai vu une lettre signée par 600 professeurs, de gauche comme de droite, qui réitèrent leur attachement à la liberté académique. Moi, c'est un signal fort que, de toutes les familles politiques, les professeurs d'université disent : Un instant, il faut permettre cet espace de réflexion critique dans la société. Et on est d'accord avec ça à Québec solidaire.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 11 h 23)

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