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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, et M. Gaétan Barrette, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éthique

Version finale

Monday, October 19, 2020, 13 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-quatre minutes)

M. Leitão : Alors, bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, nous allons dans quelques minutes au salon rouge, en commission parlementaire, parler un peu de finances publiques. C'est quand même particulier, ça nous a pris à peu près cinq heures de travail en séance de travail pour pouvoir arriver à un consensus qui va nous donner à nous, en tant qu'opposition officielle, un gros 28 minutes pour en discuter avec le ministre des Finances. Donc, ça, c'est déjà particulier.

Pourquoi c'est important cette discussion qu'on veut avoir? C'est que le budget a été déposé au mois de mars. C'est un budget qui était pas mal mort-né parce que toutes les prévisions étaient complètement déjà dépassées, dès son dépôt. Depuis le budget au Parlement, on n'a pas eu de discussions. Par la suite, il y a eu la mise à jour en juin, mais, là aussi, il n'y a pas eu de discussions au Parlement.

On s'aligne, il semblerait, vers un déficit de 15 milliards de dollars qui inclut une réserve, une provision de quatre. Mais est-ce que la réserve a déjà été toute dépensée? Où est-ce qu'elle a été dépensée? Qu'est-ce qui va se passer d'ici la fin de l'année fiscale, le 31 mars 2021? Donc, il y a énormément de questions qu'un Parlement normal devrait avoir l'opportunité de discuter avec le ministre des Finances. Bon, on aura 28 minutes aujourd'hui, mais ça en dit beaucoup sur le manque de transparence de ce gouvernement.

Donc, mon collègue député de La Pinière, si vous avez des choses à ajouter… Et puis on prendra vos questions.

M. Barrette : Alors, sur le côté des dépenses, évidemment, le côté du Trésor, il faut réaliser que la situation budgétaire du ministre des Finances devrait être claire et transparente. Je ne peux pas croire que ce n'est pas clair dans sa tête, mais il faudrait que ça le soit aussi pour le public parce que, quand on arrive aux dépenses, au moment où on se parle, au moment où on se parle, on est dans une période carrément inflationniste, O.K.? Et on le voit, là. Dans tous les projets qui sont annoncés, on est de 50 % à 100 % plus cher. Le dernier en date, que M. Carmant est allé annoncer à Sherbrooke, bien, on a, dans les faits, doublé le coût du projet, le centre mère-enfant du CHUS de l'Estrie.

Alors, regardez, je vous rappelle, aux crédits, qu'on nous a informés que, sur le PQI actuel, il y a 48 milliards de dollars qui ne sont pas financés. Ils vont venir du budget de M. Girard. Alors, comment il va faire, lui, là, pour financer ces 48 milliards-là de projets qui risquent de s'en aller aux oubliettes dans une période où on est en déficit et, en plus, dans une période où les données montrent qu'on est fortement inflationnistes? Je vous rappelle qu'un PQI, c'est fait avec des estimés, des estimés du moment. À l'usage, on constate que c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher.

Alors, on a un gouvernement qui nous dit, encore aujourd'hui : On va remplir toutes nos promesses, mais on a un déficit, on a une inflation, on a le tiers du PQI, essentiellement, et plus qui n'est pas financé. Trouvez l'erreur. Alors, il me semble qu'au moment où on se parle la population du Québec devrait être proprement informée de la situation budgétaire du gouvernement du Québec, qui, je le rappelle, est le résultat des impôts et des taxes que les citoyens et les entreprises paient. Alors, le silence gouvernemental à cet égard est complètement inacceptable. C'est la raison pour laquelle ça nous a pris cinq heures en trois semaines pour avoir le plaisir d'avoir 28 minutes de questions à poser au ministre des Finances. Je vous invite à suivre ça. Ça devrait être intense. À chaque seconde, on devrait apprendre quelque chose. Voilà.

La Modératrice : Des questions?

M. Larin (Vincent) : Messieurs, peut-être nous dire, selon vous, là, mais qu'est-ce qui est urgent de savoir en termes de données, là, financières ou budgétaires? Sur quoi est-ce que vous comptez poser vos questions particulièrement?

M. Leitão : Tout. Ça ne répond pas à votre question, tout, mais c'est-à-dire revenus, qu'est-ce qui se passe avec les revenus, et dépenses. Mais, avant d'arriver à discuter des revenus et dépenses, ce qu'on veut vraiment, ce que j'aimerais, que nous aimerions vraiment en discuter avec le ministre des Finances, c'est quels sont ses scénarios. Où est-ce qu'on s'en va économiquement? Parce que, s'il anticipe une reprise très rapide, bon, le déficit va se résorber de lui seul. Je ne pense pas qu'on soit là. Je pense que l'année 2021 va être encore, du point de vue économique, extrêmement lente et difficile. Bon, quels sont ses scénarios? Quels sont ses plans alternatifs? C'est très important qu'on le sache, et je vais commencer par ça.

M. Barrette : Je vais peut-être en rajouter une couche, là. Vous savez que, pour moi, je l'ai écrit là-dessus, je l'ai publié dans un média au printemps passé, le Fonds des générations, là, qui, en quelque part, est une espèce de fonds souverain, là, qui devrait ultimement, à terme, générer des revenus, l'a-t-il consommé? Et on fait quoi, hein? Il y a des conséquences, là, hein? Moi, je l'ai vu, le Fonds des générations, comme étant un fonds potentiellement au pic du vieillissement, comme étant une source de revenus. Bien là, on a une dette, on a peut-être moins de revenus, on consomme peut-être le fonds. On ne le sait pas. Mais les conséquences sociales sont importantes partout dans le gouvernement et certainement en santé aussi. Peut-être qu'aujourd'hui M. Legault met beaucoup d'énergie pour aller chercher l'argent au fédéral parce qu'il a consommé le Fonds des générations. On ne le sait pas. Alors, aujourd'hui, on doit savoir ces choses-là.

M. Lacroix (Louis) : M. Barrette, vous êtes critique au Trésor. Vous avez vu les dépenses du gouvernement. Je comprends que c'est dur à dire, ce qu'ils vont dépenser dans les prochains mois, prochaines semaines, là, mais est-ce qu'il y a des dépenses qui ont été faites par le gouvernement que vous auriez faites autrement?

M. Barrette : Il y a une dépense que j'aurais faite autrement. Moi, j'aurais commandé du matériel pas mal plus tôt. Ça, je peux vous le garantir. La question du matériel, là...

M. Lacroix (Louis) : ...vous parlez de matériel médical, les masques, etc., là?

M. Barrette : Oui, oui, oui. Vous me demandez, moi, là, certainement, en partant. Ça, à la case départ, si le Québec avait choisi de renflouer sa réserve stratégique, c'était une histoire d'à peu près 300, 400 millions de dollars, ça leur a coûté au-dessus... au moins au-dessus de 1 milliard. Alors, si vous me demandez s'il y a une chose que j'aurais faite différemment, c'est celle-là.

M. Lavallée (Hugo) : M. Leitão, en tant que meilleur prévisionniste à une certaine époque, est-ce qu'au vu de la situation économique actuelle ça vous semble — là, vous allez me dire que vous n'avez pas tous les chiffres du ministère des Finances, là, mais moi, je vous parle de l'économie, l'état de l'économie, votre analyse de ça — est-ce que ça vous semble plausible un retour à l'équilibre budgétaire d'ici cinq ans?

M. Leitão : La réponse très courte, que vous aimez beaucoup mais que nos communicateurs n'aiment pas du tout, non, ce n'est pas plausible. Très rapidement, ce n'est pas plausible parce que le scénario le plus probable, pour l'évolution économique, c'est que l'année 2021 soit extrêmement lente. Aux États-Unis, on parle maintenant beaucoup de «double dip», donc un retour en récession. Je ne sais pas s'il y aura un «double dip» ou pas, mais, en tous les cas, 2021 sera une année extrêmement lente, de croissance économique. Donc, le budget 2021‑2022, qui nous sera annoncé en mars 2021, va être encore dans les déficits, 6, 7, 8 milliards au moins. Donc, retour à l'équilibre en cinq ans, il me semble extrêmement hasardeux ou alors, s'ils veulent le faire vraiment, bien, ça ne tombe pas du ciel, par le Saint-Esprit. Il va falloir des mesures. Soit des mesures de revenu, nouvelle taxe, soit des mesures de dépense, des coupures. Ça n'arrivera pas tout seul.

M. Laforest (Alain) : On est dans un W ou un U profond?

M. Leitão : On est dans un K. Je sais que vous aimez beaucoup l'alphabet. Donc, ce n'est pas le U, ce n'est pas le L, ce n'est pas le W, c'est un K, «k-shaped recovery» parce que le K, vous avez une partie de l'économie qui va vraiment très bien, mais c'est une petite partie, et puis vous avez le gros... une très grosse partie de l'économie ou l'autre partie de la lettre K qui, elle, descend encore. Donc, c'est cette dichotomie-là qui est extrêmement difficile à gérer. Et la partie qui descend encore, c'est une partie où il y a beaucoup de personnes, qui emploie beaucoup de personnes, et souvent des personnes à plus bas revenu qu'il faut absolument soutenir, à mon avis.

M. Chouinard (Tommy) : Vous avez dit à quelques reprises que vous vous attendez à ce que 2021 soit difficile. Sauf erreur, dans le portrait de la situation économique du mois de juin, le ministre des Finances parlait d'un rebond en 2021. Je crois qu'on chiffrait le PIB réel, la croissance, à 6,5 % à ce moment-là. Est-ce que ça tient la route, ça, aujourd'hui, avec ce que l'on sait?

M. Leitão : Moi, à mon avis, non. À mon avis, non. Je suis sûr, quand il y aura la nouvelle mise à jour, quelque part à la fin octobre ou début novembre, je suis presque certain que ce chiffre-là va être révisé à la baisse. Mais moi, je pense que 2021 va être vraiment, vraiment faible.

M. Larin (Vincent) : Vous avez mentionné qu'on ne pouvait pas envisager un retour à l'équilibre budgétaire dans un horizon de cinq ans sans nouvelle taxe. Pensez-vous que ça devient un peu essentiel si on ne veut pas hypothéquer, là, les finances publiques à long terme?

M. Leitão : La question, à mon avis, ce n'est pas ça. Puis, excusez-moi, je ne veux pas vous... L'enjeu qui me préoccupe, ce n'est pas celui-là, c'est-à-dire, moi, je ne vois pas de presse pour arriver à l'équilibre budgétaire en cinq ans. Au moment où on se trouve encore dans une récession qui est profonde et qui risque de s'aggraver en 2021, parler de retour à l'équilibre budgétaire, c'est beaucoup trop tôt. On doit d'abord être capable de stabiliser l'économie, soutenir tout le monde qui a besoin d'être soutenu, et puis, en 2021‑2022, là, on verra sur combien de temps on reviendra à l'équilibre. Ça, c'est mon opinion.

M. Laforest (Alain) : Dr Barrette, sur un autre dossier, des médecins critiquent la réforme d'Optilab aujourd'hui. Est-ce que c'est une bonne chose, ce que vous avez fait avec Optilab?

M. Barrette : Bien, je constate également que le gouvernement le maintient. Alors, en général, on maintient les bonnes choses. Vous avez votre réponse.

M. Laforest (Alain) : Mais les critiques, le fait, là, que ça retarde, que ça a fait qu'il y a des gens qui décèdent en bout de ligne parce que les tests ne sont pas faits assez rapidement?

M. Barrette : Non, il n'y a personne qui décède en bout de ligne parce que des tests n'arrivent pas. Les tests sont faits et ils sont faits dans les temps requis en fonction de la capacité, de l'équipement dont ils disposent. Alors, s'il y a des ralentissements, c'est parce qu'ils n'ont pas l'équipement dont ils disposent, certainement pas à cause d'Optilab, là.

M. Lavallée (Hugo) : …projet de loi n° 66, dont l'étude va commencer demain, c'est toujours vous qui êtes sur ce dossier-là. Quelle va être l'attitude du Parti libéral? Est-ce que vous êtes dans un mode aussi combatif que le printemps dernier avec le projet de loi n° 61?

M. Barrette : Écoutez, moi, je serai toujours combatif pour la bonne chose, hein? Alors, on est là, nous, les parlementaires, pour s'assurer que les projets de loi soient appropriés. Est-ce que le projet de loi actuel est parfait? La réponse est non. Est-ce qu'on a répondu favorablement à un grand nombre de critiques qu'on a exprimées? La réponse, c'est oui, mais il y a encore des choses à faire. Et, comme je le constate, vous allez suivre les travaux. Vous allez voir, ça va être intéressant.

Mais c'est clair que 66... J'ai déjà, et j'en profite encore, salué la ministre LeBel d'avoir désavoué son prédécesseur, qui avait déposé un projet de loi abusif. Je comprends que, dans son statut que je qualifierais de mixte, professionnel et politique, elle ne voulait pas avoir son nom attaché à un abus législatif. Elle a corrigé les abus.

Maintenant, il y a encore des choses qui méritent d'être améliorées, et on arrive de façon constructive, tout à fait constructive, compte tenu du grand bout de chemin qui a été fait à date.

La Modératrice : Une dernière en français? Oui.

M. Chouinard (Tommy) : ...est-ce qu'il y a un problème éthique dans l'histoire du dézonage agricole...

M. Barrette : Je suis en train de regarder ça et, à ma première lecture, je vois difficilement comment il n'y aurait pas de problème d'éthique. Alors, bien, écoutez, j'en ai fait une première lecture, là, mais, en partant, le conflit d'intérêts était patent, patent. Alors, on connaît la fonction qu'occupait le député de Rousseau précédemment. On le sait. On le sait, c'est quoi qui s'est passé, et, déjà là, il y a un conflit d'intérêts et, en plus, on semble avoir contourné certaines lois.

Alors, un législateur qui met en fonction, dans un projet, quelqu'un qui est en conflit d'intérêts et qui, en plus, semble avoir contourné les lois, c'est grave. Il en va de la crédibilité du gouvernement et du premier ministre. C'est grave comme ça, là. Alors, est-ce qu'on l'a déplacé parce qu'il y avait quelque chose de grave, qu'on espérait demeurer silencieux? La question se pose. Alors, on est là-dessus, là, moi et ma collègue la députée de Vaudreuil, Mme Nichols, mais, pour moi, il est clair qu'il y a une anguille sous la roche de l'éthique.

Le Modérateur : En anglais.

Mme Senay (Cathy) : Yes. Mr. Leitão. I'll start with Mr. Leitão. You spoke about… the economy update back in June. You were talking about the fact that… about having a balanced budget in five years was too soon. There were key U.S. States that were having COVID-19 cases, you didn't like it at all. But then the first report, for the first semester, brings $5 billion as a deficit. It follows the plan of Mr. Girard, as a matter of deficit, $15 billion for this year. So, what do you think citizens should know now?

M. Leitão : Well, that's what we want to know, that's why we're going to ask that question to the Minister of Finance because we don't have a clear picture. What we see developing is an economy that is slowing down again, given the second wave of COVID and the fact that we've had to close down a few more sectors of the economy. We are slowing again. Unemployment is going to rise again. Therefore, the economy 2021 will be a lot slower than what they had anticipated in the June update. So…

Mme Senay (Cathy) : …recession?

M. Leitão : …the United States, they talk about that, I don't think it's the case in Canada. «Double dip» means that we'll go back into recession. So, the economy failed into recession in March-April-May, it probably grew a little bit in July-August-September, but there's a big risk that October-November-December, GDP will be negative again.

Mme Senay (Cathy) : You don't see this… Can I ask one last question?

Des voix :

Mme Senay (Cathy) : So, you don't see a double-dip recession in Québec?

M. Leitão : Not yet. But we need to see, we need to see how far the Government is willing to go. A large part of the answer to that question will depend on what kind of support the Governments, federal and provincial, will be willing to give to businesses and to individuals.

Mme Senay (Cathy) : Do you see the K letter in Québec?

M. Leitão : Yes, absolutely. Absolutely. The K-shaped recovery, so we see a small portion going up, mainly in the high-tech sector, communications, etc., the web-based businesses, and then a large portion going down, and that's all the personal services, food services, hotels, restaurants, entertainment, and that's a sector that employs a large number of people, and they've been declining straight through since March.

Mme Senay (Cathy) : What are the rest?

M. Leitão : I'm sorry?

Mme Senay (Cathy) : What are the rest?

M. Leitão : The rest is in our exports. For example, manufacturing is relatively stable, but now, we're seeing a number of new layoffs, a number of companies in aerospace, for example, Pratt & Whitney, CAE, Bombardier, obviously, that are announcing new waves of layoffs because the demand for their products, the demand for aircrafts is not taking off. So, the manufacturing sector which rebounded well is slowing down once again.

Mme Senay (Cathy) : OK. And even tough the numbers for the employment rate went up, like, the numbers are going down right now, like, it's getting better, but we should not be happy too soon.

M. Leitão : That's right because the last numbers we have are for the month of September. So, from March to September, we lost a lot of jobs. We recovered a good chunk, but we are still 100,000 jobs less than what we were in February, and those were the good months : July, August, September. Now, October, November, December, I don't see any big job gains. Therefore, we are going to remain 100,000 jobs less than the previous peak. And on any good year, the Québec economy generates, roughly speaking, 30,000 to 40,000 jobs. So, this is going to take a while before we get back to where we were. Thank you.

(Fin à 14 h 2)

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