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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Thursday, October 8, 2020, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-deux minutes)

M. Arseneau : Alors, évidemment, aujourd'hui, il y a la Vérificatrice générale qui a déposé son rapport dans lequel elle parle de l'accès à un médecin de famille avec des chiffres qui, encore une fois, nous surprennent et nous déçoivent. Donc, ce qu'on constate c'est que la situation, plutôt que s'améliorer, elle se détériore. Au cours des trois dernières années, les listes d'attente pour un médecin de famille... est passée de 423 000 à 597 000 personnes. C'est une augmentation de 41 %. Et, lorsqu'on regarde les clientèles vulnérables, c'est encore pire, l'augmentation est de 70 %, 72 %. Et donc c'est vraiment, véritablement, inquiétant.

Ce qu'on dit essentiellement, c'est que non seulement le nombre de personnes, des personnes humaines, là, des gens, le nombre de citoyens qui sont en attente augmente, mais que les cibles que se fixe le gouvernement lorsqu'il parle de pourcentage, bien, ce n'est pas un bon indicateur pour savoir si les choses s'améliorent. Donc, les outils pour vérifier la performance du système ne sont pas les bons selon la Vérificatrice générale.

Il y a également les délais de prise en charge qui augmentent. Ils ont doublé au cours de la même période, des trois dernières années, si bien qu'en décembre dernier, décembre 2019, ils atteignent près d'un an et demi, 477 jours d'attente. Et pour ce qui est des personnes vulnérables — vulnérables — on parle de 367 jours d'attente, donc un peu plus d'une année. Et ça, ce qu'il faut comprendre, c'est que l'objectif du ministère, c'est qu'on attende un maximum de trois semaines pour les personnes vulnérables.   Alors, évidemment, cette situation-là, elle est inacceptable. En fait, c'est un constat d'échec, lorsqu'on le regarde sur l'angle de l'engagement de la Coalition avenir Québec qui promettait l'accès à un médecin de famille pour tous les Québécois, alors qu'on attend si longtemps que les listes d'attente s'allongent. C'est donc une situation qui s'empire.

Et non seulement la situation ne s'améliore pas, mais on n'a aucune façon de vérifier si les sommes qui sont investies — on parle d'un milliard de dollars, là, pour les trois dernières années — vont aux bons endroits ou donnent de bons résultats, parce qu'on n'a pas d'indicateur pour mesurer l'effet de ces investissements-là. Essentiellement, on ne vérifie pas où va l'argent ou si cet argent-là est bien investi. C'est une gestion de fonds publics qui est, évidemment, déficiente.

Et nous, ce qu'on retient de ça, c'est qu'il faut faire preuve de beaucoup plus de rigueur, lancer des messages au système de santé de développer des outils qui nous permettent de mesurer les progrès accomplis ou, du moins, les défis à relever. Et, de notre côté, ça démontre aussi que le gouvernement, depuis deux ans, n'a pas mis en place les mesures qu'il souhaitait mettre en oeuvre pour améliorer les choses.

On a parlé, par exemple, de la rémunération des médecins. On attend encore un projet de loi ou une intention gouvernementale à cet égard. Donc, on dit qu'on y travaille. On voulait aussi décloisonner les professions, et c'est d'ailleurs ce qu'on propose, nous aussi. Mais les résultats, à l'heure actuelle, sont pour le moins désastreux.

Donc, bien sûr, en terminant, on se dira que des médecins qui prennent leur retraite accentuent le problème, mais est-ce qu'on se questionne véritablement sur la capacité des médecins actuels de prendre des médecins... davantage de patients, plutôt? Et, avec des mesures incitatives, est-ce que ça fonctionne? D'autre part, il y a des gens qui demandent aussi que les seuils d'admission dans les écoles de médecine soient augmentés. Il y a toute la reconnaissance aussi, là, des compétences de médecins et de gens qui viennent au pays, et qui viennent ici, au Québec, et qui sont encore, là, en attente de voir leurs compétences reconnues.

Alors, voilà pour la déclaration initiale. Si vous avez des questions, je suis prêt à y répondre.

J'aurais peut-être deux thèmes à aborder, rapidement, parce que j'allais l'oublier. Il y a aussi une situation qu'on juge inquiétante puis qu'on voulait mettre au jeu aujourd'hui, c'est qu'est-ce qui se passe dans les soins préhospitaliers d'urgence juste ici, de l'autre côté du fleuve à Lévis, alors que depuis quatre ans on sait qu'il y a un problème d'effectifs, de sous-effectifs dans les ressources, dans les ambulances. Il manque une ambulance huit heures par semaine pour avoir un service optimal.

Le gouvernement est bien au fait de la situation, surtout qu'un rapport du coroner, qui a été déposé à la fin juillet, indique que c'est justement le manque de ressources qui a essentiellement provoqué les plus longs délais d'intervention dans le sauvetage, qu'on aurait souhaité, de M. Hugo Saint-Onge, donc, qui était justement un ambulancier et qui est décédé. Le rapport est déposé depuis plus de deux mois maintenant, et le gouvernement n'a toujours pas agi. Et là on se lance la balle entre le CISSS Chaudière-Appalaches qui n'aurait pas fait une demande d'ajout d'effectifs depuis... avant le 31 juillet.

Puis au gouvernement on a commencé à s'intéresser au dossier le 20 août dernier. Alors même qu'on étudiait les crédits de la santé et on demandait au ministre de se prononcer sur la question, il a déféré le dossier au rapport Doré, donc, un autre rapport. Pourquoi attendre un autre rapport, alors qu'on a tout en main pour prendre une décision spécifique à la région de Lévis? Ce matin, il y avait une lettre de Dessercom, la compagnie qui offre le service dans la région, et plus d'une centaine d'ambulanciers. Le gouvernement doit agir. Il doit agir avant qu'un décès évitable survienne.

Et puis, en terminant, je voulais aussi mentionner... C'est un tableau qui a été présenté à Radio-Canada tout à l'heure et qui nous démontre encore que le gouvernement Legault ne sait plus quel argument invoquer pour signaler que la performance du Québec, en ce qui a trait à la deuxième vague, est satisfaisante. Il refuse de se comparer aux autres provinces canadiennes, qui ont un bilan de loin plus avantageux que le nôtre, et là il réfère à toute une série d'États des États-Unis qui auraient une moins bonne performance que nous.

Et, selon les informations de Radio-Canada, eh bien, même là, l'information du gouvernement est erronée. Il n'y a que l'État de l'Illinois qui a une meilleure performance... ou une pire performance, pardon, que le Québec. Sinon, que l'on parle du Michigan, du Massachusetts, du New Jersey, de l'État de New York ou encore, évidemment, de l'Ontario, partout le bilan est meilleur.

Qu'a fait le gouvernement pendant l'été pour se préparer à la deuxième vague? Et, lorsqu'il nous refuse l'information sur les projections, sur les avis et ainsi de suite, le gouvernement, s'il ne suscite pas l'adhésion, c'est parce que son information est incomplète ou erronée. Et ça, c'est extrêmement décevant.

Mme Crête (Mylène) : Je voulais savoir : Est-ce que vous considérez que les montants qui ont été donnés aux médecins pour prendre en charge des patients ont été vains?

M. Arseneau : Absolument. Les résultats sont évidents, sont noir sur blanc dans le rapport, un rapport, tu sais, c'est difficile d'entrer dans le fin détail, qui nous dit qu'en 2015 déjà on a identifié des lacunes dans le calcul de l'assiduité des médecins. Alors, aujourd'hui, le ministère, dit-on dans le rapport, a des calculs d'assiduité qui pourraient nous permettre de dire si le nombre d'heures travaillées correspond à l'augmentation, par exemple, des allocations et si la prise en charge est effective d'un plus grand nombre de patients. Mais on dit dans le rapport : Les outils qu'utilise le ministère sont incomplets ou ne sont pas valides, donc on ne se prononcera pas là-dessus.

Donc, comment savoir si cet argent-là est bien investi, si on n'a pas les indicateurs pour le démontrer, pour le mesurer? Et, quand on sait que non seulement ce rapport-ci, le rapport d'aujourd'hui, nous dit qu'il y a des problèmes, mais qu'il réfère à un rapport de 2015 qui démontrait déjà qu'il y avait un problème, visiblement le gouvernement fait la sourde oreille au Vérificateur général, et ça, c'est extrêmement malheureux.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que vous pensez qu'on aurait eu le même résultat sans donner ce type de prime là?

M. Arseneau : Bien, on peut se demander, évidemment, ce que ça aurait changé si on avait moins investi d'argent dans des incitatifs alors que la situation est déjà catastrophique, donc s'est détériorée. Si on avait mis moins d'argent, est-ce qu'on peut imaginer que la situation serait encore pire aujourd'hui? Ce n'est pas ce que dit le rapport. Donc, évidemment, c'est de l'administration fiction.

Sauf que ce qu'on dit, c'est qu'on a dépensé de l'argent et, plutôt qu'améliorer la situation, on a vu les choses se détériorer. Et surtout le gouvernement l'a investi en pure perte, sans savoir... sans exercer un suivi de ces investissements. Alors, à ce moment-là, c'est une gestion catastrophique des fonds publics. C'est un gaspillage, essentiellement, de fonds publics, si on met de l'argent sur un poste pour améliorer les choses et qu'on n'a pas moyen de vérifier les résultats.

Mais, quand les résultats nous arrivent de la part du Vérificateur général, avec des outils différents de ceux qu'utilise le gouvernement, je parle ici de la prise en charge, le taux de prise en charge, là... L'objectif, vous le savez, là, il a été reporté de trois ans, le 85 % de la population qui serait prise en charge par un médecin, on a reporté les échéances. Mais, on nous dit : Même si on les atteignait, ces chiffres-là, ce n'est pas le bon indicateur. Alors, on fait fausse route sur toute la ligne. Ça prend donc un sérieux examen de conscience de la part, là, du ministère, de ses administrateurs, et ça passe par, je dirais, une directive claire de la part du ministre qu'il faut que les choses s'améliorent, et que les choses changent, et que l'administration soit faite de façon rigoureuse.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que le gouvernement devrait rendre l'adhésion à Rendez-vous santé Québec obligatoire pour les médecins de famille?

M. Arseneau : L'adhésion obligatoire? Vous parlez du guichet...

Mme Crête (Mylène) : C'est la prise de rendez-vous, là, le site Web du gouvernement qui permet de prendre un rendez-vous avec son médecin de famille. Dans le rapport de la VG, c'est indiqué que ça pourrait être un indicateur pertinent, là, sauf qu'il y a seulement 6 % des rendez-vous qui sont pris par...

M. Arseneau : Oui. Bien, je veux savoir, est-ce que vous proposez... ou vous dites : Est-ce que ça devrait être obligatoire... pour les patients ou pour les médecins?

Mme Crête (Mylène) : Pour les médecins omnipraticiens. Parce que la fédération ne voulait pas que ça soit obligatoire, mais est-ce que ça devrait être le cas?

M. Arseneau : Bien, je pense que le gouvernement doit effectivement trouver des moyens qui lui permettent de vérifier si les actions qu'il pose sont bénéfiques, et à cet égard je suis effectivement d'avis que le gouvernement doit se donner des outils qui lui permettent de mesurer les gains.

Et là, effectivement, il y a une résistance du côté des médecins, mais, jusqu'à preuve du contraire, ils sont engagés par le service public. Le payeur, c'est toujours le gouvernement, à même les fonds publics fournis par les contribuables. Et je pense qu'on peut dicter un certain nombre de règles plus prescriptives pour s'assurer que le médecin, même s'il garde son autonomie professionnelle, doive rendre des comptes, là. On est rendus là.

Mme Crête (Mylène) : Bien, dans votre réponse, je ne comprends pas : Est-ce que ça devrait être obligatoire, pour les médecins de famille, d'adhérer à Rendez-vous santé Québec?

M. Arseneau : Bien, moi, je pense que le gouvernement doit se donner les moyens, là, de ses objectifs.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que ça, c'est le moyen?

M. Arseneau : Est-ce que c'est la panacée? Est-ce que c'est le seul moyen? Moi, je pense que c'est une suggestion et c'est un moyen qui doit être retenu. Est-ce qu'il doit être rendu obligatoire ou y aller de façon plus graduelle? Honnêtement, je n'ai pas fait l'étude de ce dossier-là de façon approfondie, mais je pense que le gouvernement doit certainement explorer la question et voir si, en le rendant obligatoire, on peut atteindre nos objectifs. Mais moi, je souscrirais à cette proposition-là.

M. Verville (Jean-Vincent) : Jean-Vincent Verville, Global News. Just a general comment on the Auditor General report.

M. Arseneau : Well, the Auditor General announces today or reveals today that the situation is getting worse, in terms of the number of Quebeckers who have access to a doctor, which is obviously sad news when you consider that the new Government was promising that all Quebeckers would have access to a doctor. Now, we see that the lists are getting longer and longer and the time before you get to be signed up on a doctor's list is also increasing, the time… So, we're now a year and a half further from being taken care of, so it is definitely a failure.

And, moreover, the Government has invested a lot of money into several measures, to increase the results, and the Government has no means of verifying if it works. We know now, we know, the numbers prove that it doesn't work, but we have no indicators as to whether this money was entirely a waste or if some of the measures worked.

M. Verville (Jean-Vincent) : But what are the solutions? You said that in 2015 the Auditor General said the same thing. What are your solution or the solution... there's no one solution, but the solution that you think will work? And who's responsible? The doctor, the politician, both of them?

M. Arseneau : It's a large question. Some of the solutions we have is opening up the system in terms of increasing the responsibilities of other people, other than doctors. If doctors retire and we don't have enough doctors to take care of all the Quebeckers, we should admit it, not promise that every single Quebecker will have a doctor, but say: OK, maybe you don't need to see a doctor every single time that you feel a pain, but you could be seen, for example, by a nurse, you know, the special nurses. We have a new bill that will be coming into effect and increasing their responsibilities.

But there are other professions, too, that we should put to contribution or to help contribute to alleviate the weight that is put on doctors' shoulders. For example, we've been talking about allowing psychologists to write diagnoses. Now, they can only assess the situation, but we still have to go through a doctor to really make diagnoses. And the Government is hesitant in allowing psychologists to treat, you know, a certain proportion of people who would not need to see a doctor, but are obliged to go through. So, there are different professions that could be opened up to take the best… to make the best of their competence or their… yes, their talent.

M. Verville (Jean-Vincent) : Are we giving too much money to the doctors? We're not getting what we're expecting. I mean, it's just normal that every Quebecker would have a doctor, and it's not the case, and we're giving more money, more money every year.

M. Arseneau : Yes. Are we giving doctors too much money? I can't say. Are we getting our money's worth? What the report says is: Definitely not. We've invested millions of dollars, over the past three years, and the results are just not there. And one of the problems, that is written in this report, is that we don't measure whether the money is put towards the right solutions or the right measures. So, we're basically wasting our money. So, giving more money to the doctors, in this particular case, didn't give access to more Quebeckers… access to a doctor to more Quebeckers. So, obviously, we've wasted money there.

M. Verville (Jean-Vincent) : Thank you.

M. Arseneau : Thank you very much. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 50)

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