(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue au point de presse du premier ministre,
François Legault, du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian
Dubé, et du directeur national de santé publique, Horacio Arruda.
M. le premier ministre, la parole est
à vous.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Vous le voyez peut-être, mais il y a des plexiglas, donc, entre
nous trois. Donc, même si on n'est pas tout à fait à deux mètres, il y a quand
même ce plexiglas qui empêche ou empêcherait éventuellement une contamination.
Je veux commencer en vous disant, bon, les
nouveaux chiffres aujourd'hui sont inquiétants. La situation reste critique. On
l'avait un peu prévu, l'augmentation des cas est en train de se traduire par
des augmentations d'hospitalisations et de décès. Donc, on a aujourd'hui une
augmentation de 35 dans les hospitalisations puis une augmentation de sept dans
les décès.
Je suis conscient que les annonces qu'on a
faites hier soir ont été reçues par beaucoup de Québécois un peu comme un coup
de masse. Je comprends qu'entre autres des entrepreneurs, des propriétaires,
des responsables de restaurant, de bar, de théâtre avaient travaillé très fort
cet été pour une relance de leurs activités puis là se voient reculer en
arrière. Donc, je comprends très bien leur frustration.
J'entends aussi beaucoup de personnes
essayer de trouver des problèmes de cohérence. Évidemment, rien n'est parfait,
puis on va continuer de s'ajuster, mais j'entends entre autres des gens dire :
Pourquoi vous fermez les théâtres mais pas les commerces? Bon, ce n'est pas
parce que je n'aime pas le théâtre, là, j'y vais au moins une fois par mois, c'est
parce que dans les commerces...
Bon, le critère qui est beaucoup utilisé,
c'est le contact prolongé, prolongé étant défini comme étant 10 minutes et
plus. Donc, c'est sûr que, dans un commerce, il y a moins de chance qu'on soit
en contact plus que 10 minutes avec une autre personne. Par contre, dans
une salle de théâtre, si on est 250, même si on a eu des masques jusqu'à tant
qu'on s'assoie, il y a quand même un risque après une heure ou deux, même chose
dans les restaurants, même chose dans les bars.
Et actuellement, ce qu'on voit, c'est qu'il
y a une importante transmission communautaire. Donc, il ne faut pas attendre,
là, qu'on ait plein de cas dans ces endroits-là. Il y a une importante
transmission communautaire. Ça veut dire, techniquement, qu'une personne qui
est en contact dans un restaurant, dans un bar, dans une salle de spectacles
pendant plus que 10 minutes avec des particules d'autres personnes peut
être contaminée à la COVID. Donc, c'est important, évidemment, de choisir les
mesures, puis il n'y a rien qui dit qu'on ne va pas ajouter des mesures, mais
on doit prendre des mesures importantes rapidement.
Aujourd'hui, je veux lancer un message
spécial aux jeunes. Bon, vous l'avez vu, presque la moitié des nouveaux cas
viennent des jeunes de moins de 30 ans. On comprend très bien que les risques
sont moins importants chez les plus jeunes, qu'il y ait des conséquences
graves, quoique ça arrive de temps à autre, mais il y a une conséquence pour la
deuxième transmission. Si les jeunes transmettent le virus à leurs parents, à
leurs grands-parents ou que leurs parents transmettent aux grands-parents, bien
là, ça met des vies en danger et c'est comme ça un petit peu partout dans le
monde, là, hein?
Vous le voyez, là, il y a une deuxième
vague pas mal partout dans le monde. Donc, on revient avec des mesures, un peu
partout dans le monde, qui étaient là au printemps. Donc, on n'est pas les
seuls à essayer de rechercher cet équilibre-là. Mais par contre ce qu'on
constate à beaucoup d'endroits dans le monde, c'est que les étapes, c'est :
un, les jeunes sont contaminés, deux, contaminent des personnes vulnérables, et
puis, trois, il y a ensuite des hospitalisations puis des décès.
Donc, c'est ça qu'on veut prévenir, là,
puis c'est pour ça que je m'adresse aux jeunes, et puis je sais que ce n'est
pas le fun, là, de mettre des contraintes dans votre vie sociale. J'ai été
jeune moi-même puis je me souviens que, quand on était jeunes, ce qu'on
voulait, c'était être avec notre gang, avoir du plaisir. Donc, je comprends
très bien que ce n'est pas drôle, ce qu'on demande aux jeunes, mais ce qui est
important de vous dire, à tout le monde, les jeunes, c'est qu'une bonne partie
de la solution est entre vos mains puis qu'il y a des vies qui sont en danger.
Puis je comprends que tous les jeunes ne
sont pas à la télévision ou en train d'écouter actuellement, mais je vous
demande, s'il vous plaît, ceux qui écoutent, parlez à vos amis, aux autres
jeunes, puis essayez de les convaincre qu'on doit protéger les autres puis,
entre autres, protéger les personnes qui sont vulnérables. Puis on l'a fait,
les jeunes l'ont fait au printemps. Ce n'est pas pour rien qu'on a pu avoir un
bel été, c'est parce qu'au printemps il y a des efforts qui ont été faits par
les jeunes pour réduire les contacts.
Là, on se retrouve dans une situation où
il y a une deuxième vague, donc une vague qui est importante, une transmission
communautaire qui est importante. Et ça se peut que ça revienne à quelques
occasions tant qu'on n'aura pas un virus... tant qu'on n'aura pas, pardon, un
vaccin. Tant qu'on n'aura pas un vaccin, il y a des possibilités qu'il y ait
deux vagues, trois vagues, quatre vagues. Puis la seule chose qu'on peut faire,
c'est de dire : Bien, on ouvre un peu, puis là, bien, si le nombre de cas
augmente trop rapidement, on referme un peu. Mais, pour ça, on a besoin de la
collaboration de tout le monde. Le gouvernement ne peut pas prendre des
décisions, qui vont avoir un effet complet pour réduire la transmission, seul.
On a besoin de la collaboration… puis, entre autres, de la collaboration des
jeunes.
Donc, on est capables de casser cette
deuxième vague ensemble. Donc, je compte sur votre appui. Merci.
Good afternoon, everyone.
The situation is still critical. Today, we're seeing an increase in
hospitalizations and deaths. It's very worrying. I know that yesterday's
announcement was difficult for many people. In the coming days, we'll announce
financial measures to help businesses that have to close temporarily. We'll not
let you down.
Today, I have a message
for young Quebeckers. I want to tell you that you're part of the solution. The
virus may be less risky for you, but you can still have effects for the rest of
your life and you can also pass the virus to your parents or your grandparents.
You can put their life in danger. If we want to limit deaths, the solution is
in your hands. Please apply public health rules and convince your friends to do
so. Last spring, you helped us have a great summer, and now you have a new
challenge, 28 days with minimal contacts. I know you can do it. I'm counting on
you all. Thank you.
Peut-être juste avant de passer aux
questions, je me rends compte que j'ai passé un petit paragraphe sur l'aide aux
entreprises. Je veux vous dire que, dans les prochains jours, là... On a déjà
un modèle. On est en train de le valider pour 28 jours. Donc, au cours des
prochains jours, on va annoncer de l'aide, là, pour les bars, les restaurants,
les théâtres, toutes les places, là, qu'on ferme pour un mois. Donc, je veux
vous dire, là, que c'est une question d'heures, maximum de quelques jours.
Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Nous amorçons la période des questions avec Marc-André Gagnon, Le Journal de
Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour à vous trois. Bien, je vais rebondir
sur cette précision que vous venez d'apporter concernant l'aide. Il n'est pas
un peu étonnant que, lors de l'annonce d'hier, vous n'ayez pas été en mesure
d'apporter ne serait ce qu'un indice aux tenanciers de bars, aux restaurateurs
qui s'inquiètent aujourd'hui bien avec raison?. Parce que la deuxième vague,
cette fois-ci, vous avez eu le temps, là, de vous préparer à ça.
M. Legault : Bon, d'abord, on
ne savait pas pour combien de jours, quelles, aussi, entreprises, organisations
on fermerait, donc c'était important de regarder la situation évoluer. On a
aussi un cadre qu'on est en train de raffiner. Puis, comme je vous dis, c'est
une question de jours avant que les annonces soient faites de façon complète et
détaillée.
M. Gagnon (Marc-André) :
Hier, vous avez dit : On a peut-être un petit peu trop rouvert, puis là il
faut refermer un peu. Vous venez de dire qu'un peu partout dans le monde on
assiste aussi à des deuxièmes vagues. Mais il y a aussi des endroits où, alors
qu'on recommençait à avoir pas mal moins de cas que ce qu'on a aujourd'hui, il
y a des mesures importantes qui ont été prises. Donc, est-ce que vous avez
aujourd'hui des regrets, c'est-à-dire de ne pas avoir mis en place dès cet été,
par exemple, des mesures pour sévir contre les récalcitrants?
M. Legault : Non. Quand on
regarde la situation dans la plupart des pays, actuellement, il y a une
deuxième vague puis il y a un retour à certaines mesures. Et puis ça va être un
équilibre comme ça qui va rester fragile jusqu'à tant qu'on ait un vaccin. Il
va falloir à un moment donné ouvrir, regarder si on est capable de retrouver un
peu de vie normale, puis, s'il y en a trop ou s'il y a moins de collaboration
de la part de la population, bien, il va falloir revenir en arrière. Mais c'est
un équilibre qui est fragile puis c'est comme ça dans la plupart des pays.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, M. le ministre de la Santé, Dr Arruda. La directrice
régionale de la santé publique de Montréal, Mme Drouin, a dit ce matin
qu'il n'y avait pas de... elle n'avait pas donné d'avis pour la fermeture des
bars et des restaurants. Vous, vous avez pris cette décision-là pour les
régions, en fait, qui sont rouges, donc Chaudière-Appalaches, Québec et
Montréal. Est-ce que vous avez eu, de la part de M. Arruda, une directive
de fermer les bars et les restaurants?
M. Legault : Bien, la façon
que ça fonctionne, c'est qu'on a continuellement des discussions. Il n'y a pas
de noir ou de blanc. On a continuellement des discussions. Ce que je comprends,
c'est que le Dr Arruda est d'accord avec les mesures qui ont été annoncées
hier. Donc, pour ce qui est de Mme Drouin, bien, je vais laisser peut-être
le Dr Arruda vous en parler.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, Dre Drouin, écoutez, je lui ai parlé justement parce que j'ai vu des
tweets qui sont sortis. Elle a dit que c'était une décision du gouvernement,
puis c'est clair que nous, en Santé publique, on fait des recommandations, et
les autorités vont disposer de la recommandation. Elle n'a jamais dit qu'elle
n'était pas d'accord. Elle était solidaire de la décision.
Vous comprendrez que, tout le long, il y a
des itérations. On pèse le pour et le contre à l'intérieur de ça. Moi, j'écoute
les directeurs de la santé publique, on a des rencontres statutaires à tous les
soirs. Après ça, mon équipe travaille la recommandation qu'on fait. On discute,
on fait des itérations, puis on en arrive à une décision finale avec laquelle
on est solidaire.
Juste pour vous dire, là, dans nos propos,
on allait fermer les bars aussi quelque part. Puis vous comprendrez ici, là,
que l'approche, compte tenu du sérieux de la situation… Et on le sait, qu'on
demande des sacrifices à des gens. On demande des sacrifices à des gens qui eux
autres même n'ont pas généré de problématique. Il y a des restaurants, il y a
des bars où ça s'est bien passé. Il y a des familles complètes qui ont fait le
travail adéquatement. Et actuellement, là, on est obligés de donner un gros
coup de barre pour que les gens se ressaisissent et comprennent. Moi, je pense
que c'est dans cette perspective-là que le gouvernement l'a fait.
Et moi, je tiens à vous dire aussi quelque
chose, c'est que, s'il y a une décision que le gouvernement… avec laquelle je
suis absolument inconfortable et que je pense qui porte préjudice comme tel, je
ne serais pas ici, au point de presse, pour l'annoncer en compagnie du gouvernement.
Et ici il n'y a pas de réponse simple. Vous n'allez pas fermer quelque part,
les gens vont dire que vous auriez dû fermer ce secteur-là. Je vais vous dire,
c'est un équilibre excessivement fragile, mais j'espère que les gens vont
comprendre le message de base, qui est… Puis on ne veut pas non plus pénaliser
des gens à la maison puis leur permettre de faire des choses au restaurant ou
ailleurs, là. Ce n'est pas facile, là. Je peux vous dire, là, honnêtement, il
n'y a pas de vérité que je… J'aimerais ça que quelqu'un me dise c'est quoi, la
vérité parfaite, là. Mais ce qui est très important, puis avec laquelle je
pense que les directeurs de la Santé publique sont très en accord, c'est qu'il
faut donner un très gros coup de barre actuellement.
Et les rassemblements… Et puis la partie,
si vous me permettez, «convaincre», on l'a fait. Là, on est rendus dans mettre
des restrictions intenses, contraintes, puis voir la réponse.
M. Lacroix (Louis) : Vous
avez également, M. Legault, hier, annoncé que les rassemblements dans les
résidences privées étaient limités à la seule cellule familiale dans les zones
rouges, donc on ne peut plus inviter de gens à la maison. Quels sont les
pouvoirs que vous donnez ou que vous allez donner aux policiers pour qu'ils
puissent faire respecter cette directive-là? Parce que, comme on en a parlé
abondamment au cours des deux dernières semaines, les policiers n'ont pas le
pouvoir d'entrer dans les résidences privées sans mandat. Alors est-ce que vous
allez leur donner cette possibilité-là? Est-ce qu'ils vont avoir des pouvoirs
élargis pour appliquer les mesures que vous avez annoncées?
M. Legault : Bon, d'abord, je
vous annonce que, demain, je vais tenir un point de presse sur toute la
question de l'application des mesures par les policiers, donc, que ça soit les
barrages routiers, que ça soit la surveillance dans les maisons, que ça soit
les actions qu'ils vont poser lors de manifestations, s'il y a des gens qui
n'ont pas leur masque, etc. Donc, il y aura, demain, un point de presse qui
résumera tout ça, là, tout ce qui concerne l'application des règles par les
policiers.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : M.
Legault, est-ce que vous allez permettre aux policiers d'entrer dans les
résidences sans mandat?
M. Legault : Non.
M. Chouinard (Tommy) : Donc,
on comprend… juste pour la précision, mais on comprend que les constats
portatifs, ça, ce sera possible.
M. Legault : Vous allez avoir effectivement
plus d'informations demain, mais c'est effectivement quelque chose qu'on va
parler, les constats portatifs.
M. Chouinard (Tommy) : Dr
Arruda, avec l'annonce qui a été faite hier, il n'y a pas eu de précision sur
le nombre d'éclosions dans différents secteurs pour justifier les annonces de
la fermeture qui ont été faites, parce qu'on comprend le concept du contact
prolongé, mais, par exemple, pourquoi on ne considère pas que, dans un gym,
dans un spa, il n'y a pas de contact prolongé entre les individus? Donc là,
est-ce que vous pouvez nous dire… Parce que vous avez glissé un mot sur les
éclosions, mais est-ce qu'il y a un portrait exact du nombre d'éclosions par secteur
pouvant montrer que ce qui a été annoncé découle de ces éclosions-là?
M. Arruda (Horacio)
:
Ce qui a été annoncé découle de différentes informations. Mais effectivement on
compile de façon, je vous dirais, semi-qualitative, là, des éclosions qui nous
sont rapportées. Et on serait peut-être… Là, il faudrait que je vérifie parce
que vous comprendrez que c'est la déclaration des directions qui est faite le
soir, à 6 heures. L'éclosion peut être diagnostiquée… Ce n'est pas… C'est un
portrait qui est moins précis que le nombre de cas, puis etc. Mais, oui, on a
une idée, puis on pourra regarder ça, puis éventuellement vous faire une
certaine présentation de ces données-là pour que vous les ayez, ou, même à la
limite, être capables de compiler ça puis de mettre ça sur le site Web, les
éclosions par secteur.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.,
bon, Montréal l'a fait, je crois, mais ce n'est pas la première fois qu'on
promet des chiffres, puis, des fois, bien, ça tarde un peu. Mais, bon, je vais
retenir ce que vous dites.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui. Je sais que vous allez le retenir. Et puis donc je vais m'organiser pour
que ça ait lieu avec, ce que je vais vous dire, aussi, toutes les nuances. Si
quelqu'un me dit : Est-ce que toutes les éclosions sont apparues, sont là,
est-ce qu'on a pu les associer toutes à un milieu?, il va y avoir ces
limites-là, là. Je veux juste que vous soyez bien au clair par rapport à ça,
mais je pourrais vous… Je m'engage.
M. Chouinard (Tommy) : M. le
premier ministre, vous avez lancé un appel aux jeunes, puis la plupart des
moins de 30 ans ont ça dans les mains, un téléphone. À quand l'application de
traçage? Est-ce que vous allez donner le feu vert à l'utilisation de
l'application du fédéral?
M. Dubé : La réponse, c'est
oui. Il y avait deux conditions, c'est qu'il fallait avoir un certain accord de
l'opposition. J'en ai parlé hier. Ces discussions-là vont avoir lieu dans les
prochains jours. Parce que vous vous souvenez de la commission parlementaire,
quand on était sortis de là, ce n'était pas tout à fait clair qui était pour,
qui était contre au niveau d'avoir l'acceptation publique pour le faire. Alors,
je pense que ça, pour nous, c'était important. Puis on s'était dit : Tant
qu'on n'a pas ça, on va se préparer. Alors, nous, on est dans les derniers
jours pour avoir une préparation technique pour être capables de se connecter
avec le fédéral. Mais la réponse simple, c'est que oui, on va avoir l'application.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
M. le premier ministre, bonjour. Messieurs. M. le premier ministre,
vous avez parlé tout à l'heure de devoir de cohérence et vous savez que le
message actuellement est difficile à passer. Ce que les gens disent dans la
rue, actuellement, c'est que X, ce soir, va pouvoir aller jouer au hockey
dans sa ligue de garage, mais qu'Y ne pourra pas aller au théâtre. Est-ce que
vous croyez que le message est cohérent?
M. Legault : Bien, ce qu'on
essaie de dire, puis c'est un peu la précision que j'apportais tantôt, c'est
tout le concept de contact prolongé, contact prolongé, donc être en contact
très près d'une autre personne pendant plus que 10 minutes ou être dans la
même salle pendant 1 h 30 avec d'autres personnes. Donc, est-ce que c'est
parfait? Est-ce qu'on devra faire d'autres fermetures? Il ne faut pas exclure
rien, à ce moment-ci, mais on essaie de s'en tenir à fermer tous les lieux
publics où il y a des contacts prolongés.
M. Laforest (Alain) : Là, il
semble, puis, si c'est ce que vous dites, je ne suis pas en mesure de vous
contredire, qu'on est dans une tempête parfaite à venir. Comment expliquer,
parce que, là, on ne peut pas se rabattre sur la semaine de relâche, que c'est
le Québec encore qui est en tête de liste au niveau des cas?
M. Legault : Bien, d'abord,
soyons prudents avant de dire : On met de côté la semaine de relâche puis
la première vague, parce qu'il reste qu'on n'est pas dans une nouvelle vague
qui est partie de zéro. Pendant tout l'été, il y a eu des cas et puis il y a eu
une situation qui était un peu plus difficile ici, par exemple, qu'en Ontario.
Maintenant, quelles sont les explications
exactes? Bien, je vous donne un exemple : le Massachusetts. Le Massachusetts
et Boston ont à peu près, toutes proportions gardées, deux fois plus de cas, de
décès que nous autres. Pourtant, c'est un État qui est très riche, qui a
peut-être les meilleurs hôpitaux au monde. Donc, il y a toutes sortes de
considérations, mais on ne peut pas nier que le congé scolaire au début, qui a
amené beaucoup de personnes de l'extérieur avec le virus, bien, c'est encore le
même virus qui est présent.
M. Laforest (Alain) :
…de relâche qui est encore responsable.
M. Legault : Non. Je dis
que c'est une des considérations. Mais on regarde aussi le nord-est de l'Amérique
du Nord, à l'exception de Toronto. Donc, si on regarde les grandes villes, là, New
York, Boston, Chicago, Détroit, bien, ils ont tous eu le même problème que nous
autres. Donc, est-ce que le nord-est des États-Unis a été plus touché? Est-ce
que les Québécois ressemblent plus aux gens de ces grandes villes américaines
là? C'est tout ça qu'il faut regarder, là. Mais je ne me considère pas comme le
spécialiste pour être capable de répondre de façon détaillée à votre question.
Le Modérateur
: Mylène
Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Sur l'application de traçage, j'aimerais savoir est-ce qu'il s'agit de l'application
fédérale ou d'une application québécoise, comme ce dont il avait déjà été question.
M. Dubé : Alors, ce qu'on
a fait pendant le temps des dernières semaines, c'est qu'on a regardé... Quand
même, l'opportunité de le faire avec une firme québécoise, ça aurait été
probablement notre préférence parce qu'on ne peut pas avoir deux discours. Si
on veut avoir de l'achat québécois, puis il y a une expertise… Mais, lorsqu'on
a pris tous les facteurs en considération, notamment le temps de développement
qu'une firme québécoise aurait dû prendre pour être prête, je pense qu'on a
pris la bonne décision d'aller avec l'application qui est déjà prête avec le
fédéral.
Mme Crête (Mylène) :
Avez-vous des craintes concernant le dépistage? Parce que c'est qui avait été
soulevé en commission parlementaire, que ça pourrait mener à davantage de gens
qui voudraient se faire dépister, alors qu'ils n'auraient peut-être pas besoin
de le faire puis que ça… un goulot d'étranglement.
M. Dubé : Bon, j'aimerais
ça, peut-être, qu'on... Lorsqu'on sera prêts à faire l'annonce, Mme Crête,
je pense qu'on reviendra avec un petit peu plus de détails. Mais il y a une
chose, parce que j'en ai parlé… Nous autres, ce qui nous a beaucoup influencés…
Lorsqu'on est allés en Ontario il y a une dizaine de jours, j'en ai parlé
beaucoup avec la ministre de la Santé, et il y a encore un besoin d'avoir une
acceptation de la population de deux choses, de le faire, mais aussi ceux qui
ont le cas, ceux qui ont été… d'accepter de le mettre sur le téléphone, parce
qu'on peut avoir 2 millions de personnes qui regardent l'application,
mais, s'il n'y a pas personne qui ont accepté de dire : Parce que j'ai le
COVID, je vais rentrer mon nom dedans… mon nom ou mon code, plutôt, bien, ça ne
donne rien parce qu'il y a 2 millions de personnes qui ne regardent rien.
Alors là, c'est ça qu'on a discuté avec
eux, comment on va pouvoir faire… Et c'est pour ça qu'on est en train d'avoir
un plan de communication qui va dire : Bon, maintenant qu'elle est
disponible, là, puis c'est une question de jours dont je vous parle, bien, il
va falloir avoir une communication avec la population puis dire à tout le monde :
Bien, écoutez, aidez-nous à mettre votre nom ou que le code soit là pour qu'on
puisse faire une reconnaissance. Alors, on pourra vous en reparler plus en
détail, mais on a vraiment besoin... Ce n'est pas uniquement l'application qui
est importante, c'est l'acceptation publique de mettre son nom là.
M. Legault : Peut-être je
voudrais ajouter une chose parce que, quand on a commencé à regarder cette
application-là, on s'est dit : Montréal, c'est la meilleure place au monde
pour l'intelligence artificielle, donc ce serait normal que ça vienne d'ici.
Mais je me suis rendu compte… plus je regardais l'application, plus je me suis
rendu compte que c'est une application qui est relativement simple, dans le
fond. C'est que, quand on a la COVID, on s'inscrit comme ayant la COVID sur son
téléphone, puis toutes les personnes qui ont été proches de nous autres dans
les deux dernières semaines reçoivent une indication qu'ils ont été proche de
quelqu'un qui a la COVID dans les deux dernières semaines. Donc, c'est
relativement simple.
Moi, j'ai l'impression que, dans les
prochains mois, les prochaines années, il va y avoir des applications qui vont
beaucoup plus utiliser l'intelligence artificielle. Puis je suis content de
voir qu'il y a des entreprises au Québec qui continuent à travailler sur des
applications qui utilisent beaucoup plus l'intelligence artificielle que cette
simple application, qui existe, qui est disponible, qui est payée par le
gouvernement fédéral. Donc, c'est pour ça qu'on a décidé d'aller de ce côté-là.
Le Modérateur
: Olivier Bossé,
Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour, M. Legault. Vous parliez des jeunes, le taux de contagion qui est
en hausse. Vous avez répété à maintes reprises que vous ne voulez pas fermer
les écoles. Donc, entre les deux, est-ce qu'il y a des nouvelles mesures qui
vont être appliquées dans les écoles : le masque en classe, de la présence
en alternance ou quelque chose du genre?
M. Legault : Non. On n'a
pas eu de recommandation de la part de la Santé publique d'avoir un masque
à temps plein.
M. Bossé (Olivier) :
M. Dubé, vous avez répété aussi à plusieurs reprises que notre système de
santé est mis à mal. Pouvez-vous détailler ou nous exposer un peu plus, en
termes de capacité ou de personnel, de quoi on parle exactement en ce moment,
là?
M. Dubé : En fait, il y a
plusieurs endroits où on est plus fragile. Puis je l'ai dit plusieurs fois,
lorsqu'on doit, par exemple, déplacer du personnel infirmier, des infirmières
ou des infirmières auxiliaires pour faire plus de tests, bien, si on avait un
nombre plus important d'infirmières, bien, on n'aurait pas besoin d'arrêter
certaines activités pour aller faire du dépistage. Alors, ça, c'est un exemple
pour vous dire qu'on n'a pas beaucoup de surplus.
Alors, quand on arrive avec des éclosions
très, très nombreuses comme on a eu dans la région de Québec, bien, c'est
exactement ce qui est arrivé. Alors, ce n'est pas tellement qu'on n'a pas les
lits... puis je veux faire la différence, parce que, rappelez-vous, dans la
première vague, on a dit qu'on était capable de libérer 6 000 lits.
Là, on en a libéré seulement 2 000, je pense, pour l'ensemble du Québec,
mais il faut avoir les infirmiers, il faut avoir le personnel infirmier. Ce n'est
pas juste de libérer une chambre, mais il faut être capable d'avoir le
personnel infirmier. Et, quand je vois déjà, comme à... là, je vous parle de
Québec, mais je vous parle de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, où ils ont dû
prendre la décision, dans les derniers jours, de bloquer 100 chambres pour
être capable de prévoir… Parce que c'est ça qui est notre gros enjeu, c'est de
prévoir. Mais, en ce moment, c'est très difficile pour eux de continuer à
soigner le même nombre de patients et de se préparer pour une deuxième vague
COVID.
Alors, quand je vous dis que… puis je
pense qu'on le dit aux Québécois depuis plusieurs semaines : Regarder le
nombre de cas, c'est une chose, mais quand je vois aujourd'hui 45 cas
supplémentaires d'hospitalisation, ça, ça me fait peur. Ça, ça me fait peur.
C'est dans une journée, là. Alors… Mais ça fait combien de jours que ça se
prépare? Ça fait combien de jours que ces personnes-là ont pris contact avec le
COVID, la contagion de… cinq, six jours? Là, j'espère qu'on ne va pas voir du
40, du 50, puis 70 nouveaux cas d'hospitalisation dans les prochains jours.
Et c'est pour ça que je vous dis que le système, il est fragile parce que, là,
il faut s'assurer qu'on va avoir le personnel qui va être dans les chambres.
Et c'est pour ça qu'on doit porter, je le
répète, porter un grand coup aujourd'hui pour arrêter cette tendance-là
d'augmentation des cas. Mais ça va prendre, quand même, au moins les deux
premières semaines à vider ce qui vient d'arriver dans les deux dernières
semaines. Malheureusement, là, quand on l'a annoncé, qu'on l'a dit :
Arrêtez de faire les contacts, il aurait fallu arrêter là, là, encore plus.
Mais c'est déjà trop tard. Est-ce qu'on peut commencer aujourd'hui puis
s'assurer que, dans deux semaines, on va arrêter d'avoir l'augmentation, puis
on n'aura pas cet impact-là sur notre système de santé?
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour, M. le premier ministre. Je voudrais être certain de bien comprendre la
réponse que vous avez donnée il y a quelques instants concernant les écoles
parce que, si le critère, c'est des lieux où il y a un contact soutenu et où il
y a des éclosions, on a vu les listes d'écoles touchées, vous avez tout de même
décidé, donc, de ne pas imposer des restrictions additionnelles quant aux
activités parascolaires ou au port du masque. Je cherche à bien comprendre, là,
si le critère, c'est les contacts soutenus.
M. Legault : Bien, il y a
aussi la question du risque calculé. Donc, on parle de jeunes qui sont moins à
risque. Deuxièmement, on parle d'une activité qui est absolument nécessaire.
Les jeunes doivent apprendre. Les jeunes doivent socialiser. Donc, les jeunes
doivent être à l'école. Donc, on tient compte aussi de la nécessité de garder
une activité.
M. Lavallée (Hugo) :
J'aimerais vous entendre sur un autre sujet maintenant. Je ne sais pas si vous
avez vu la vidéo de cette patiente à l'hôpital de Joliette qui est décédée, qui
est originaire de la communauté de Manawan. Je ne sais pas si vous avez entendu
les insultes qui ont été proférées à son endroit. Est-ce que le gouvernement
doit déclencher une enquête? Est-ce que l'hôpital doit le faire? Et est-ce que
c'est normal qu'en 2020, au Québec, on assiste à ce genre de situation dans un
centre hospitalier?
M. Legault : O.K., bon,
d'abord, j'offre mes condoléances à toute la famille. Deuxièmement, je vous dis
que c'est totalement inacceptable. Troisièmement, je vous dis, il va avoir une
enquête du CISSS et une enquête du coroner. Puis, quatrièmement je vous annonce
que l'infirmière en question a été congédiée.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous trois. M. Arruda, vous êtes ouvert à quelques reprises, la
dernière semaine, sur le processus décisionnel qui amène à faire des avis au gouvernement.
Vous en arrivez, donc vous l'avez dit tout à l'heure, à une synthèse avec vos
collègues et puis vous transmettez un avis. Est-ce qu'il ne serait pas possible
d'obtenir la publication de ces avis-là que vous transmettez au premier
ministre?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, je voudrais vous dire, peut-être pour clarifier une chose, là, les avis,
ce n'est pas nécessairement… compte tenu des décisions qui doivent être prises
très rapidement parce qu'on n'est pas dans un contexte édition d'avis avec
revue, littérature puis, etc. On a des tableaux qu'on fait avec différentes hypothèses.
On a des textes écrits dans un courriel en termes de principe directeur. Moi,
je peux vous dire… moi, je n'ai rien à cacher en termes d'éléments, ce que je
veux juste que vous compreniez, là, c'est le contexte dans lequel, quand on
transmet des documents qui sortent d'une fin de semaine de travail. On a
travaillé, tout le week-end, à regarder les différentes hypothèses. On émet un
tableau qui sont des recommandations à discuter. C'est transmis aux autorités
pour discussion. On valide, on rediscute, on fait certains ajustements. Ça fait
qu'il y a plusieurs types de documents de cette nature-là. Mais je pense que le
gouvernement n'a pas de problème… on n'a rien à cacher à la population par
rapport à ça en toute transparence.
Je veux juste que les gens comprennent le
contexte, parce que, vous savez, je vous l'ai dit, il y a eu une fuite d'un
document qu'on a fait avec les alertes, puis les gens, ils me disent, vous
n'avez pas fait ce qui était marqué dans le rouge à telle page dans un document
de travail. On l'a toujours dit que c'était un instrument. Ça fait que ça, je
trouve ça très important. Si les gens le voient comme un avis où on a réfléchi
pendant huit jours ou même une semaine, puis on a écrit une lettre avec
correspondance sur papier-lettre signée au PM. Ce n'est pas ça, là, qui se
passe, on n'a pas le temps de faire ça comme tel.
Mais, moi, je n'ai aucun problème à
l'envoyer, mais cette mise en contexte là, pour moi, est très importante, parce
que ce sont des documents de travail, si vous me permettez, là, qui sont
envoyés en itération, puis, après ça, on réajuste selon la décision
gouvernementale comme telle.
M. Bergeron (Patrice) : M. le
premier ministre, maintenant, pour faire écho à ce que vos collègues ont dit,
donc M. Arruda a parlé donc de la façon dont, justement, les décisions étaient
prises et puis sur le fait que vous avez commencé par essayer de convaincre,
ensuite, bon, il va falloir contraindre. Tout à l'heure, M. Dubé, vous avez dit
que, bon, peut-être qu'il y a deux semaines, on n'a pas assez été raides,
est-ce que ça veut dire qu'au fond, dans les deux dernières semaines, vous
faites le résultat… vous faites la conclusion que c'est un échec, cette
politique de communication là n'a pas fonctionné, donc c'est pour ça qu'il faut
être plus raide aujourd'hui?
M. Legault : Non. Je pense
qu'il y a un ajustement qui est continuel, puis c'est comme ça à peu près
partout dans le monde. Donc, il y en a un équilibre, selon les résultats. C'est
pour ça qu'on suit les résultats de très près dans chacune des régions du Québec.
Puis pour revenir aux avis du
Dr Arruda, ce n'est pas une science exacte, là. Donc, on doit se
comprendre, ça se passe très rapidement. En fin de semaine, on a discuté :
Est-ce qu'on peut faire ci, est-ce qu'on peut faire ça, est-ce qu'on peut en
faire plus, on peut en faire moins? Mais, je vous dirais, de façon générale,
là, ce n'est jamais arrivé qu'on refuse une recommandation du Dr Arruda.
C'est déjà arrivé qu'on en fasse plus ou plus rapidement, mais ce n'est jamais
arrivé, là, qu'on refuse une recommandation ferme. Des fois, il y a des
propositions qui sont mises sur la table, soit par nous soit par le
Dr Arruda, puis dire : Bon, est-ce que ça, ça aiderait si on faisait…
puis là, on réfléchit tout le monde ensemble. C'est sûr qu'en bout de ligne
c'est le gouvernement qui décide. Mais, jusqu'à présent, là, depuis
sept mois, il n'y a pas une recommandation ferme du Dr Arruda qui a
été refusée.
Le Modérateur
:
François Carabin, Métro.
M. Carabin (François) :
Bonjour, messieurs. Je commencerais en vous abordant… bien, en fait, je
commencerais… Dr Arruda, vous avez parlé des éclosions, tantôt, avec mon
collègue de LaPresse. Bon, on n'a pas tous les chiffres,
mais il y a des chiffres qui sont sortis dans les derniers jours, notamment, la
directrice régionale de santé publique de Montréal en a donné quelques-uns ce
matin. C'est la même chose pour Québec, on en a eu qui ont été rapportés dans
les médias. C'est environ 40 % des éclosions, dans ces deux régions-là,
qui proviennent des milieux de travail. J'aimerais d'abord que vous me
précisiez qu'est-ce que c'est, un milieu de travail, dans ce contexte-là, et
comment ça se fait qu'on n'ait pas de mesures associées aux zones rouges dans
les milieux de travail.
M. Arruda (Horacio)
:
Premièrement, il faut comprendre qu'elle peut être associée au milieu de
travail mais provenant de la communauté. Ça, c'est toute la difficulté, hein?
Parce que quand on est rendus dans une transmission communautaire, on est à la
fois à la maison, au travail, puis etc.
Imaginons, là, que c'est par rapport à une
intervention en milieu de soins ou ailleurs qu'on détecte quelqu'un comme étant
positif. Là, à savoir est-ce qu'il l'a attrapé dans la communauté, dans le
party d'il y a deux semaines avec son beau-frère ou… Mais on l'a attrapé dans
le milieu. Là, il y a des régions qui vont le mettre… selon l'enquête, s'ils ne
sont pas capables de retrouver la source, ils vont l'associer au milieu de
travail, mais, dans les faits, qui est communautaire. Ça fait que c'est pour ça
aussi que les chiffres qu'on vous donne, les catégorisations ne sont pas
mutuellement exclusives et peuvent dépendre de la capacité d'aller chercher
l'information de façon précise.
Mais, dans les milieux de travail, il faut
comprendre qu'on est en amont. Les consignes sont là. Je veux dire, dans les
faits, il ne devrait pas y avoir de transmission intense dans le milieu de
travail per se. Parce que, je veux dire, très souvent même, les contaminations
en milieu de travail se font lors des périodes de dîner, quand les gens ne sont
plus à leur bureau, qu'ils sont à deux mètres les uns des autres ou qu'ils
circulent… ils se retrouvent dans une petite salle ensemble, puis là ils vont
dîner, puis là tout d'un coup, pouf!, ils ne sont plus au travail, ils sont
comme dans une famille, comprenez-vous? Ça fait que c'est ça qui devient
excessivement difficile.
Puis donc, dans le milieu de travail, on
n'a pas ajouté de consignes parce que les consignes sont déjà données. Chaque
milieu de travail a eu des analyses par rapport à son… Il y a des guides avec
la CNESST, etc. Donc, c'est encadré en milieu de travail. Le problème, où ce
n'est pas encadré, c'est surtout dans nos vies sociales. Et, même dans un
milieu encadré, la période avant de rentrer dans le milieu encadré puis de
sortir, c'est comme à l'école, par exemple, les jeunes qui se retrouvent tous
en avant de l'école, ou à la fin, ou le soir en party, ça, ce n'est pas
l'école, c'est le contexte comme tel.
M. Carabin (François) : Juste
une précision avant ma seconde question. Donc, un milieu de travail, ça peut
être n'importe… Est-ce que ça pourrait être un commerce? Je veux juste
m'assurer de préciser.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, ça pourrait être un commerce. Puis ça pourrait être un commerce, je vais
vous dire, là, où la seule information qu'on a, c'est que c'est, mettons,
quelqu'un qui travaille dans une épicerie, et puis on n'a pas trouvé de source
ailleurs, mais on s'est rendu compte qu'il y a peut-être eu un autre cas qui
est un ami qui est avec lui, puis ça s'est arrêté là, là. L'épicerie n'a pas
généré des cas dans la communauté ou etc. On peut se souvenir de certaines
histoires dans des grandes, grandes, grandes surfaces où il y a eu de la
transmission entre des employés, mais il n'y a jamais eu de cas secondaires
associés.
Ça fait que c'est ça que… C'est sûr que,
là, il faut que vous compreniez, là, quand c'est diffus dans la communauté, la
transmission, là, ça devient de plus en plus difficile de retracer l'histoire
précise parce que les gens ne se souviennent plus, ont vécu. Dans les
14 derniers jours, ils n'ont pas été comme dans le confinement, là. Avant,
c'est que tu le savais, tu étais sorti à une place, puis c'était tout. Ça fait
que, là, ça devient… C'est pour ça que, quelque part, c'est triste, là, mais il
faut frapper fort, et là c'est comme… on dit : Tout le monde à la maison,
et puis là on diminue le nombre de contacts puis on va essayer de reprendre le
contrôle sur la situation.
M. Carabin (François) : Pour
ma seconde question, M. Legault, j'aimerais revenir sur la mort de Joyce
Echaquan à l'hôpital de Joliette. Il y a certains groupes, notamment
l'Assemblée des premières nations du Québec-Labrador, qui dit déjà que c'est un
acte qui relève du racisme systémique. Peut-être pas vous relancer dans tout le
débat, là, mais je me demandais… avoir un système ou un réseau de la santé, un
hôpital qui permet de subsister des actes comme ceux-ci, des propos comme
ceux-ci, est-ce que ce n'est pas dans la définition du racisme systémique ou du
racisme institutionnel?
M. Legault : Écoutez, moi, je
pense qu'il y a du racisme au Québec. Il faut combattre ce racisme.
L'infirmière, ce qu'elle a dit, c'est totalement inacceptable, et c'est
raciste, et elle a été congédiée. Maintenant, de penser que toutes les
infirmières ou que tout le système de la santé aurait eu cette réaction-là,
tout le monde va dire : Bien non, c'est… Donc, il y a du racisme au
Québec. On a un groupe, avec Nadine Girault et Lionel Carmant, qui va nous
faire des recommandations très concrètes, puis on va être peut-être le premier gouvernement
à poser des gestes, des actions, là, pour combattre le racisme.
Journaliste
: Mais
votre groupe...
Le Modérateur
: Merci.
On va passer à l'anglais maintenant. Bien essayé. Philip
Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Nice try, as we say. Good day. Dr. Drouin, in Montréal, has created some confusion about
masks. She was saying they might be asking students to wear masks in
schoolyards. Are we anticipating a change in your overall policy on masks
coming soon or how are you managing the...
M. Arruda (Horacio)
: What I can say is that we are following the situation day by day.
I'm not telling that we will not make any changes on that. But, for the moment,
there is no change. There is hypothesis, if there is a big transmission in
schools, that we think we can prevent with some measures, we will add them. But
actually that's not the case.
And it's clear that the
general consideration of wearing mask when you get in contact less of two
meters with somebody is important. I would say that what will be more important
for youngers in school is to not be in contact less than two meters. The
problem, I think, even if they wear a mask and they are crowded, they are
kissing themselves, so... I don't know, doing all kinds of «rapprochements» or
no distanciation, this is the issue. And I think that schools will probably
have to look at ways to prevent those moments of crowding together.
M. Authier (Philip)
: And question for Mr. Dubé. We heard for weeks that the federal
COVID Alert was a no-go in Québec. There are questions about who could actually have the correct
phone to run it. There are questions about privacy. There are questions about
whether you'd actually have a critical mass of people to make it work, because
you need, I believe, 30%, 40%, 50% of the population.
What changed your mind?
M. Dubé :
Well, two things. As the Prime Minister said, we wanted, after this
parliamentary commission, to make sure that we have a consensus, including the
Opposition, that we could do it, because there were many questions during that
commission about ownership of the data, and personal data, and all that stuff.
So I think that we need to clarify that with the Opposition, but I think those
discussion will take...
But the second point and,
I think, the big factor was when we met with our counterpart in Ontario 10 days
ago. We asked them what was the benefit of them. And even though they are
not... I'll say, they are not totally satisfied, because the big concern is how
many people will accept, not only to... I think it's easy for me to register
because I don't have COVID and I want to know if
somebody near me has COVID. But
the challenge is for those persons that have COVID, that have been sent a number for them to accept, on a voluntary
basis, to put it there. And the more people will be on this phone, then you
have a chance to be assigned and you have a chance to be notified, right?
So, based on those
discussions that we had with Ontario, we said : OK, we would have had a
preference to have a Québec application. We realized
that it was too long. We saw some very good firms that could provide us
something, but that would take longer. So we made a decision that we'll connect
technically in the coming days. We have a group that is working on that right
now. And, when we have this consensus with the opposition, we'll be ready. But
I think we just need to make sure… That will take a participation of a high
percentage to make sure that it makes a difference, but we'll rely on the
population to do it.
Le Modérateur
:
Kelly Greig, CTV.
Mme Greig
(Kelly) : Good afternoon. I wanted to pick up
on Mr. Authier's question. Looking at the latest school data, there is
over a thousand cases across 543 schools in 14 regions of Québec. And
as we just heard from Mr. Legault, being in close contacts for over
10 minutes is what people are trying to avoid. So, my question would be :
Many parents are wondering why not wear masks in class to have the maximum out,
take the most measures possible. Why not have that measure?
M. Arruda (Horacio)
: It has been discussed a lot, I can tell you. And based on what we
observed, it was thinking that it would be a lot of trouble, and even… How
would people wear masks for eight hours, learning and everything? But I think
this recommendation could be
put in place if we demonstrate, and I'm not telling that there is no transmission at all at schools,
but we demonstrate that there is big outbreak related to this in schools.
Because I think, as I will tell you, in primary schools, where there is less
gatherings in between… It's easier to control comparing to level 4 and 5 of
secondary school. I think that the periods where people get together are the
place where we should act before putting masks everywhere.
But, at the same time, as
I always told you, I will… I'm telling you what is decided today. Things could
change. We will also discuss with all school boards and schools to make sure
that they understand what are the dynamics creating that. I'm not telling that
it will not happen. I'm just telling you there is no decision taken now. And I
really think that, if we want to control those outbreaks in schools, the most important thing will not be wearing masks
during eight hours, which is very difficult, you know, it's not easy, but it's to make sure that those two meters and
less distanciation is, I would say, corrected because that's the way it is,
because in fact, in reality, a lot of people are wearing masks this way. Try to
stay eight hours, even higher, stay eight hours in the day with the mask, I can
tell you, when I go alone in my office, I take it off because it's not so easy.
But, when I'm at risk of contacting people, that's the case.
So, even if they wear the
mask in the school during the day, but, at noon time, they go outside to the restaurant,
and they take out the masks, and they have… and, at the end of the day, they
are together in a park this way, the mask means zero.
Mme Greig (Kelly) : I guess I'll use my second question, the follow-up on that. You said, you know, we're not seeing significant outbreaks in schools, but what is the
threshold? We've seen some schools shut down partially, entirely. When do
schools become a focus? When is that line reached?
M. Arruda (Horacio)
: It's a decision that is taken locally by the Public Health
and, I would say, the school because a lot of schools are closed not because
there is a lot of cases, it's because there is a lot of cases in different
classes that put people… must be away for 14 days, and then, you know… It's not because all the schools…
There is schools where there's a bigger transmission, and, most of the time, I
can tell you the contamination has been probably outside of the school because
they come from communities where there have been a lot of meetings and families
gathering together. So it's a decision… Sometimes it's only because it's easier
to close it than having… most of the people are home and just… And, when it's
closed because of a big outbreak, it's clear. I'm not telling there is no thing
like this, but that's not the pattern that we see in Québec.
M. Bélair-Cirino
(Marco) : Dr Arruda, je vais vous demander, s'il vous plaît, de
répéter en français votre réflexion sur le port du masque dans les écoles, s'il
vous plaît.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui. Écoutez, je comprends très bien, porter un masque pendant
huit heures, c'est excessivement difficile, hein? Je ne sais pas si vous
le savez, même moi, quand j'ai l'occasion… Là, je vous parle, je ne l'ai pas,
ça me fait du bien. Si j'avais le masque dans le visage, ça serait difficile.
Quand on va à nos bureaux, qu'on est seuls, on… Mais les enfants sont dans la
classe tout le temps. Donc, porter le masque, c'est très difficile. Et le
problème, actuellement, qu'on observe, ce sont les rassemblements des jeunes à
l'extérieur du moment de la classe, quand ils sont avant de rentrer dans la
classe, sur l'heure du midi, le soir. Et c'est là qu'il faut agir. C'est là
qu'il y a transmission, il n'y a pas de distanciation, il n'y a pas de masque.
Et là je pense que c'est très différent, à mon avis. Le risque est beaucoup
plus grand là qu'au moment où ils sont dans la classe, à distance les uns des
autres, d'une façon encadrée.
Le Modérateur
: Je vous
remercie. Raquel Fletcher, Global News.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon, everyone. Premier, I would like to hear your
reaction to what happened in the hospital in Joliette. And, if this is not a
case of systemic racism, then what is?
M. Legault : OK. First, I want to offer my condolences to the family. Second,
what happened is totally unacceptable. There will be an inquiry, two inquiries
in fact. And the nurse did something unacceptable, and she has been fired. And
I really don't think that we have this kind of way of dealing with first nation
people in our hospitals in Québec. Yes, there is some racism, in Québec, we're working on that. Nadine Girault and Lionel Carmant will
table some recommendations, and we'll apply those recommendations. So, we'll
take action to fight against racism.
Mme Fletcher (Raquel) : For my second question, I'm not sure who wants to answer, Premier
or Dr. Arruda, but there are obviously questions being asked about, you
know, why libraries, and museums, and cinemas have to close while malls and
gyms are being kept open. And I'm wondering why you're not able to show the
breakdown of where the cases are originating, so, for instance, you know, how
many cases have originated in cinemas versus how many cases have originated in
bars. Why can't we have that information about you know, if you go to a bar,
you're three times more likely to experience an outbreak there than in a
library? Why do we not have all of that data so we can see clearly why the
decision is being made to close some businesses as opposed to others?
M. Arruda (Horacio)
: Yes, good question. I would like to have this data perfectly, which
is not the case. It's always estimates. And, I would say, one of the issues…
but we will compile what we have as bad data and share with you. It's not
because we… We just want to make caution about what it is because, you know,
when we have a big transmission in the community, it's more and more difficult
to understand where the people get the disease. They could have been detected
at work, it could have been detected because of a contact of a dinner family,
and so it's why those categories are not so… and there is a more qualitative
appreciation that really a number, but…
And I would say that it's
clear that with this, I would say, big challenge we are putting here now to
stop things, there is sometimes incoherencies… that if, you know, in fact, we
are penalizing groups that are not… like Quebeckers who are not the problem
because, in fact, that's because some are not playing their role, and so we
will share this information with you, but, I would say, that the decision is
more complex than only having four outbreaks in this, 10 outbreaks on
that, the outbreaks are differently… they are not qualified… I will say that
only studies with big numbers and different types of systems could probably
make that relationship, and, in fact, collecting that information, we get it,
in a more sensitive qualitative way but we will… can share those data, even if,
I think, they are not at all perfect, they are not the kind of data I like to
work with, but we can share that.
Le Modérateur
:
Merci. Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Ontario's models, well, show peek in
mid-October, so that will be the peek for the second wave. I was wondering,
what do Québec's models show and when the peek will hit for the second wave?
M. Arruda (Horacio)
: We'll receive, I would say, an analysis about the peek soon because
there is a new model that has been developed by Marc Brisson from the Institut national de santé publique, based
on the dynamics which is very different from the first wave where cases and
hospitalizations were very high. Actually, there is no much cases in hospitalization.
And we must take into account in the model more what is the social
distanciation, did they do a lot of «sondages», or pools, to understand what
are the contacts of the persons. This model is going to come soon. As soon as I
get the model, I will be able to answer that question. But I will always say
also that these predictions are related to what is going to be the thing… if we
stay the same way, if we get better or badly... Even with a model, I will not
say for sure that it's going to be October or that… because there is going to
be a lot of variations on the case... on the model. But, as soon as I receive
that information, we can share it with you.
Mme Senay (Cathy) : Isn't it a useful information to know when we'll hit the highest
number of cases, just as a matter of...
M. Arruda (Horacio)
: We've got models for the hospitalisation and everything. Yes, it's
a helpful one, but I would tell you, even predictors told me : Look at
your data every day and take your decisions. This is for planning things. I'm
not telling that we will not use them for... but it's too dangerous to think
that it's going to be over in October, you know. For me, what is more important
is what I see when... do I flatten the curve or not?
Le Modérateur
: C'est
ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.
M. Legault : Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 58)