(Neuf heures vingt et une minutes)
La Modératrice
: Bon
matin. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole,
tout d'abord, Ruba Ghazal, responsable solidaire en matière de transition écologique,
suivie de Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire. Vous
pourrez poser vos questions par la suite.
Mme Ghazal : Alors, bonjour, tout
le monde. Ce matin, la science nous dit qu'il faut un moratoire sur le trafic
marin sur le Saguenay pour protéger le béluga, le béluga qui est une espèce
emblématique pour le Québec et les Québécois et une espèce qui est en voie de
disparition.
Rappelons que GNL Québec, donc, va
augmenter drastiquement, près de 50 %, le trafic marin sur le Fjord-du-Saguenay.
Donc, c'est très important que le gouvernement écoute le message des
scientifiques et de ne pas sacrifier le béluga pour transporter du gaz sale de
l'Alberta vers l'étranger.
D'ailleurs, rappelons aussi que
GNL Québec va annuler tous les efforts du Québec depuis 1990 en termes de
réduction de gaz à effet de serre. Donc, la CAQ, on l'a dit, on l'a toujours
dit et on le répète encore aujourd'hui, la CAQ doit écouter la science et les
scientifiques et ne pas autoriser le projet de GNL Québec. D'ailleurs, si
la CAQ… si le premier ministre François Legault va de l'avant avec
GNL Québec, il va s'humilier comme le Parti québécois et le Parti libéral
se sont humiliés avec la cimenterie McInnis. GNL Québec, c'est la
cimenterie McInnis 2.0. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Ruba. Bonjour. Comment dire… en politique, on a souvent des raisons d'être
fâché, surtout quand on est dans l'opposition. On a souvent des raisons de ne
pas être content, de critiquer le gouvernement, et ce matin Québec solidaire a
des raisons d'être content , et on s'en voudrait de ne pas le souligner puis de
ne pas vous le partager.
En 2018, Québec solidaire a fait
campagne sur un thème qui n'était pas vraiment sur l'écran radar en politique québécoise,
celui de l'accès aux soins dentaires. On a été, au départ, les seuls à en
parler. Le sujet s'est finalement un peu imposé dans le débat public.
Hier, on a rempli une première partie de
cette promesse électorale, on avait promis aux Québécois puis aux Québécoises
qu'on ferait de la question des soins dentaires une de nos priorités. Hier, on
a mené la bataille toute la journée dans le cadre du projet de loi qui
modernise le Code des professions, et on est allés chercher une victoire, on
est allés chercher un gain. Hier, on a amélioré l'accès aux soins dentaires
pour les familles du Québec, c'est une super bonne nouvelle, c'est une vraie
avancée concrète pour les Québécois et les Québécoises, et c'est signé Québec
solidaire.
Suite à de longues discussions, bon, on a
passé une bonne partie de la journée là-dessus, il y a un amendement qui a été
adopté, un amendement qui peut avoir l'air technique, mais qui ne l'est pas.
Les hygiénistes dentaires pourront dorénavant pratiquer leur métier, faire des
nettoyages sans la supervision d'un dentiste.
Ça, qu'est-ce que ça veut dire
concrètement? Ça veut dire qu'on va pouvoir envoyer nos hygiénistes dentaires
dans les écoles, dans les CHSLD, dans les CLSC, dans les cliniques communautaires.
Bref, on va pouvoir envoyer les hygiénistes dentaires travailler sur le terrain,
régler les problèmes de santé dentaire des Québécois et des Québécoises, ça va
coûter moins cher aux gens, on va améliorer l'accès.
C'est vraiment une vraie avancée sociale
et c'est important pour nous ce matin de la souligner. C'était une de nos
promesses. On a mené la bataille, on est allés chercher une victoire hier. Ça
n'arrive pas tous les jours pour un parti d'opposition. C'est important pour
nous ce matin de le souligner, de le dire. C'est une promesse remplie, c'est
mission accomplie pour Québec solidaire. On en est très heureux.
Je veux prendre le temps également de
saluer l'ouverture de la ministre Danielle McCann qui n'avait pas... qui nous a
présenté un projet de loi au départ qui n'était pas satisfaisant, qui n'allait
pas assez loin dans l'autonomisation des hygiénistes dentaires. Au fil de nos
discussions, elle s'est montrée ouverte, elle a révisé sa position. On est
finalement arrivés à un amendement consensuel pour donner plus d'autonomie aux
hygiénistes. Je veux saluer son ouverture. Ce n'est pas tous les jours que les
ministres de la CAQ s'ouvrent comme ça aux propositions de Québec solidaire,
puis c'est ce qui s'est passé hier.
En terminant, je veux quand même dire que
notre deuxième amendement, notre deuxième grande bataille de la journée hier,
qui était celle de s'assurer que les soins qui sont donnés par les hygiénistes
soient couverts par la carte soleil, cette bataille-là, on ne l'a pas gagnée
hier. La ministre de la CAQ, la ministre Danielle McCann a refusé notre
amendement en ce sens-là. C'est dommage, mais ce n'est que partie remise.
Québec solidaire va continuer à se battre pour que la facture du dentiste des
Québécois et des Québécoises diminue et qu'un jour on ait une vraie assurance
dentaire publique et universelle au Québec. Merci.
La Modératrice
: On va
prendre les questions.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, Mme Ghazal, concernant les bélugas, en ce moment, si on regarde les
projets qui sont en développement au Saguenay—Lac-Saint-Jean, il y a GNL
Québec, mais il y a aussi des projets miniers, il y a l'industrie de la
croisière aussi qui se développe sur la rivière Saguenay. Si on met un
moratoire sur tous ces projets-là, d'où va venir la croissance économique?
Est-ce que ce n'est pas risqué de mettre en place ce moratoire-là pour la
croissance économique?
Mme Ghazal : Bien, en
fait, c'est sûr qu'il y a plusieurs projets, comme vous le dites. Mais, en ce
moment, il y a près de 450 passages, là, maritimes sur le Saguenay, puis,
avec les découvertes que les scientifiques ont faites, c'est déjà beaucoup, on
est comme à la limite pour la logique si on veut protéger cette espèce marine
là. Si on veut la protéger, on est à la limite, et, je veux dire, juste dans la
situation actuelle, avec les passages maritimes actuels.
Maintenant, ce que le gouvernement doit
faire, c'est écouter ça, puis eux... C'est ce que les scientifiques disent puis
c'est ce que nous, on dit, qu'il faudrait qu'il y ait un moratoire pour ne pas
en ajouter plus après ça, pour ce qui est... pour ne pas qu'il y ait plus de
passages.
Maintenant, est-ce que tous les passages
actuels, qui ont lieu actuellement, les 450, est-ce qu'il ne faudrait pas les
analyser? Est-ce qu'il y en a qui ne devraient pas peut-être être réduits, remplacés
par d'autres? Mais une chose est certaine aujourd'hui, ce ne sera pas GNL
Québec qui, lui, va encore en ajouter beaucoup plus que tous les autres projets
que vous avez nommés. C'est le plus gros complexe industriel de l'histoire du
Québec. Il va en ajouter, dans le pire des scénarios, 260 passages, si ce
n'est pas plus.
Mme Crête (Mylène) :Est-ce que cette demande…
M. Lavallée (Hugo) : Donc, d'après
vous, ce n'est pas juste un moratoire, là, si je comprends bien, vous voulez
même qu'on réduise les passages actuels.
Mme Ghazal : Non, moi, ce que
je suis en train de dire, c'est un moratoire, comme le disent les
scientifiques. Maintenant, en ce moment, il y a déjà… les passages sont
nombreux, et on est à la limite. Est-ce qu'il ne faudrait pas peut-être revoir
s'il y a des projets qui en augmenteraient? Ça, c'est une réflexion que le
gouvernement doit faire, là. Nous, on n'est pas au gouvernement, on ne va pas
la faire. Mais, par exemple, est-ce que tous les passages qui ont lieu
actuellement doivent être maintenus ou, par exemple, s'il y a des projets qui
vont en augmenter, il y en a certains qui pourraient en remplacer d'autres? Ça,
c'est une proposition que je donne au gouvernement, mais c'est à eux de prendre
la décision. Encore une fois, je le répète, pas GNL Québec.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que cette demande de moratoire là ne démontre pas qu'il est temps de
faire pression sur le gouvernement, de faire du blocage parlementaire? Il me
semble que vous en aviez déjà discuté à Québec solidaire.
Mme Ghazal : Bien, à Québec
solidaire, nous, ce qu'on a dit, c'est que toute la question de la lutte aux
changements climatiques… Le gouvernement veut atteindre des cibles de réduction
de gaz à effet de serre. Avec un projet comme GNL Québec, on en a parlé
passablement, Manon Massé a posé énormément, énormément de questions au salon
bleu là-dessus pour montrer toute l'incohérence du gouvernement, qui parle des
deux côtés de la bouche. D'un côté, on se laisse mener en bateau par les lobbyistes,
puis rien qu'il y a deux semaines, le ministre de l'Environnement a dit qu'il
avait un préjugé favorable, il a réitéré qu'il a un préjugé favorable envers le
projet, alors que le BAPE n'a même pas encore eu lieu. Et, d'un autre côté,
donc, on dit : Bien, oui, oui, on veut réduire les émissions de gaz à
effet de serre. Donc, ça n'a absolument aucun sens.
Mme Crête (Mylène) :
Mais vous ne voudriez pas utiliser des outils parlementaires peut-être un peu
plus costauds, justement, pour faire plier le gouvernement?
Mme Ghazal : Bien, c'est ce qu'on
fait à chaque projet de loi, à chaque question qu'on pose au gouvernement. Là,
j'imagine que vous parlez de l'ultimatum. À cause de la pandémie, bien, c'est
sûr que tout ça, on l'a mis en pause, comme tout le monde, comme tout a été mis
en pause, puis on va avoir un caucus présessionnel puis on va en discuter.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
un moratoire, ça a une durée x, Mme Ghazal. Est-ce que vous dites non
à tous les futurs projets au Saguenay—Lac-Saint-Jean ou est-ce qu'on dit non à
ceux-là juste pour cinq ans, puis, après ça, on les accepte tous ou vous êtes
prêts à étirer sine die le moratoire?
Mme Ghazal : Mais, comme je le
mentionnais à votre collègue, là, les scientifiques nous disent :
Attention! Je veux dire, tous les indicateurs sont au rouge par rapport au
béluga, puis c'est une voie… en voie de disparition, puis on ne pense même pas
qu'on va la rétablir comme elle était dans le temps. Il faut juste s'assurer qu'elle
ne disparaisse pas. C'est un choix à faire.
Après ça, pour les projets qui ont lieu,
on n'est pas en train de dire : Ah! bien, plus aucun passage. On n'est pas
en train de dire qu'il n'y en a plus aucun. Le gouvernement, après ça, doit
regarder la réalité en face, personne n'aime entendre ce que les scientifiques
nous apprennent par rapport au béluga, puis, après ça, faire des choix. Est-ce
que les passages actuels, il y a quelque chose à faire avec ça? Quels projets
peut-être pourraient être permis versus d'autres? Nous, ce qu'on dit, c'est que
les scientifiques disent qu'il faut un moratoire, il ne faut en ajouter plus,
de passages, que ce qu'il y a en ce moment.
Donc, il faut prendre acte de ces faits-là
puis, après ça, analyser avec la population du Saguenay—Lac-Saint-Jean puis les
gens pour voir est-ce que tous les passages qui ont lieu actuellement ont un
impact positif social, économique si important pour mettre le béluga en danger,
est-ce qu'il ne faut pas en favoriser certains versus d'autres. Donc, c'est
cette analyse-là qui doit être faite et qui n'est pas faite. Tout ce qu'on
fait, c'est croissance, croissance.
M. Bergeron (Patrice) :
Parlons-en, des transports actuels. On va prendre l'exemple du transport de
bauxite. Vous savez, la bauxite, c'est pour les alumineries au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Est-ce qu'on réduit les passages de bauxite étant donné qu'il y a plusieurs
usines qui en dépendent, là? Cette bauxite-là, il n'y en a pas au Québec, là,
ça vient de...
Mme Ghazal : Bien, là, les
scientifiques ne disent pas de réduire ce qu'il y a là en ce moment.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
vous, vous parlez de réduire, par contre.
Mme Ghazal : Moi, ce que je
suis en train de dire, c'est : En ce moment, on ne peut pas en avoir plus.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
vous parlez aussi... vous avez évoqué la porte… vous avez ouvert la porte pour
dire réduction aussi, éventuelle.
Mme Ghazal : Non… Ou
remplacement. Par exemple, il y a des projets peut-être qui ont un plus grand
impact social et économique pour... et qui seraient plus importants, ces
projets-là, puis mettre en place… Par exemple, il y a toutes sortes de technologies
pour réduire aussi le bruit versus d'autres. C'est juste cette analyse-là que
je demande au gouvernement de faire. Je ne suis pas en train de dire de
réduire. Ce que les scientifiques disent, c'est : Pas plus de passages que
la quantité actuelle.
M. Robitaille (Antoine) :
Avez-vous abandonné complètement l'idée de l'Ultimatum 2020?
M. Nadeau-Dubois : Au mois
de... Honnêtement, de mars ou d'avril dernier, on a annoncé que les
circonstances de la pandémie nous forçaient, comme toutes les autres formations
politiques, à mettre en suspend l'ensemble de notre campagne politique.
Ultimatum 2020, c'était une large campagne politique qui se déployait dans
l'ensemble de nos associations à Québec solidaire. On est encore au même point,
c'est-à-dire que, pour le moment, cette campagne-là est toujours suspendue, il
n'y a pas de nouveau développement.
On a un conseil national qui va se tenir
virtuellement le 12 septembre prochain. Et là, avec nos membres, à ce
moment-là, on va se poser la question de… quelle est notre nouvelle stratégique
politique, notre nouvelle campagne politique dans le nouveau contexte du Québec,
un contexte de postpremière vague, peut-être début de deuxième vague? Alors, on
va faire le bilan de ces enjeux-là avec nos membres le 12 septembre
prochain.
M. Robitaille (Antoine) : Mais
pour… des changements climatiques, la donne n'a pas changé, là? Je veux dire...
M. Nadeau-Dubois : Ah! bien
sûr, non, je veux dire, notre détermination...
M. Robitaille (Antoine) : C'est
ça, c'est drôle, vous disiez : Ça prend absolument un ultimatum parce que
c'est la cause qui nécessite ça. Puis là il y a la pandémie, puis vous laissez
tomber alors que... Je veux dire, les changements climatiques ne sont pas
annulés, là, ils ne sont pas suspendus.
M. Nadeau-Dubois : Notre
détermination à lutter contre les changements climatiques, elle n'a pas faibli
d'un iota. Ça reste une des grandes priorités de Québec solidaire, ça va le
rester d'ici la prochaine élection et après la prochaine élection. Pourquoi?
Parce que les changements climatiques ne s'en vont nulle part, ils sont là pour
rester puis ça va continuer à être au coeur de notre action ici, à l'Assemblée
nationale, puis aussi dans la vie.
M. Robitaille (Antoine) : ...une
bonne idée?
M. Nadeau-Dubois : Ça, c'est
la pertinence de l'enjeu. Pour ce qui est de la stratégie, comment on... Quelle
est notre stratégie pour défendre ces idées-là? Je vous le disais, au mois de
mars, avril, il y a eu une première vague d'une pandémie mondiale. On pense
que, dans ce contexte-là, c'était le choix responsable à faire que de dire :
O.K., un instant, on va suspendre cette campagne-là. De toute façon, c'était
devenu impossible, le Parlement était fermé. Nos associations locales ne
pouvaient plus se rencontrer. Donc, on a dit : Suspendons un instant pour
réfléchir, pour voir comment va évoluer la conjoncture politique et consultons
nos membres.
M. Robitaille (Antoine) :
M. Nadeau-Dubois, l'impression, c'est que vous vous débarrassez d'une stratégie
qui était peut-être mal avisée.
M. Nadeau-Dubois : Ah! bien, c'est
votre opinion personnelle, c'est votre impression, elle est la vôtre. Moi, ce
que je vous dis, c'est que je pense que, pour les partis politiques, quand il y
a une pandémie mondiale, quand le Parlement ferme, quand toute forme de
rassemblement devient impossible, je pense que la décision responsable, c'est
de mettre les choses sur pause puis d'attendre de voir qu'est-ce qui va se
passer. C'est ce qu'on a fait, puis ce n'est pas sur pause indéfiniment. On a
un conseil national le 12 septembre, un conseil national virtuel, avec un
seul point à l'ordre du jour : Quelle est notre nouvelle campagne
politique à Québec solidaire? Et on va répondre à cette question-là, donc, en
conseil national le 12 septembre prochain.
M. Lavallée (Hugo) : Est-ce
que vous partagez l'avis de plusieurs associations de la société civile qui
critiquent le Groupe d'action contre le racisme, qui qualifient l'exercice de
coquille vide?
Mme Ghazal : En fait, c'est
normal qu'il y ait des critiques envers ce groupe-là, qui est composé de
seulement des élus de la CAQ. Et donc les gens, ce qu'ils veulent... C'est que
le racisme se passe sur le terrain, dans la rue, dans leur vie quotidienne, et là,
en ce moment, ce sont des gens, des élus qui sont dans leur tour d'ivoire au
Parlement et qui en discutent. Ce qu'ils doivent faire, c'est impliquer les
gens qui, à tous les jours, vivent du racisme, que ce soit avec la police, ou
le racisme systémique, ou toutes sortes de racismes qu'ils vivent dans leur vie
quotidienne. Et ils trouvent ça... Tu sais, je les comprends de trouver que ça
n'a pas de bon sens que des élus seulement discutent entre eux au Parlement
sans les impliquer. Donc, c'est tout à fait normal, ces critiques-là.
M. Lavallée (Hugo) : ...vous
ne croyez pas beaucoup au groupe.
Mme Ghazal : Nous, ce qu'on
dit, c'est que le groupe... Le gouvernement a décidé de procéder de cette
façon-là, pas en commission parlementaire, et tout ça, par un groupe. Maintenant,
ce qu'il faut, c'est qu'il implique, pour vrai, là, pas juste dans des paroles,
mais pour vrai, les gens, les premiers qui sont atteints par le racisme dans la
société, de les impliquer pour vrai, de les appeler, de voir de quelle façon
est-ce qu'ils peuvent... leurs idées, leurs solutions. Parce qu'eux autres, ils
en ont, hein, des solutions, et de les transmettre à ce groupe-là puis qu'ils
en tiennent compte pour vrai.
La Modératrice
: Une
dernière question en français.
M. Carabin (François) :
...François Carabin, du Journal Métro. Sur ce sujet-là, le gouvernement
de la CAQ promet un plan d'action ou un plan à l'automne d'inclure des groupes.
S'ils le faisaient, est-ce que ça ne ralentirait pas le processus de remise
d'un plan d'action au Québec?
Mme Ghazal : Ce qui est
important, ce n'est pas juste de se précipiter à sortir des recommandations
puis qu'après ça on se retrouve dans quelques années dans la même situation qu'aujourd'hui.
Ce qu'il faut, c'est faire les choses comme il faut puis qu'on arrive avec des
recommandations parce que ce n'est pas un nouveau sujet, là, le racisme qui
existe dans toutes les sociétés, et le Québec aussi en fait partie.
Donc, c'est de trouver les bonnes
solutions, puis, pour ça, bien, il faut inclure les gens qui sont les premiers
touchés par ça, et c'est ça, le plus important. Donc, ce n'est pas juste de
garrocher un rapport rapidement avec des recommandations sans tenir compte de
la réalité, puis qui ne seront, après ça, pas applicables. On va se retrouver
dans la même situation qu'avant.
Mme Crête (Mylène) :
M. Nadeau-Dubois, j'ai une question. Est-ce que vous pensez que la députée
Marie Montpetit doit présenter des excuses à Catherine Dorion pour
l'avoir accusée d'honorer des terroristes et des assassins en levant le poing
devant l'affiche du film Les Rose?
M. Nadeau-Dubois : Moi, là,
les… comment dire, répondre à la fausse indignation par la fausse indignation,
ce n'est pas mon style. Mme Montpetit a droit à son opinion, elle peut
faire tous les tweets qu'elle veut. On ne se mettra pas à demander des excuses
à chaque fois que Catherine Dorion dérange quelqu'un, on va en demander
souvent.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Crête (Mylène) :
…qu'est-ce que vous avez pensé de son geste? Est-ce que vous avez…
M. Nadeau-Dubois : De
Mme Montpetit?
Mme Crête (Mylène) :
Oui… de Mme Dorion. Est-ce que vous y avez vu une caution des gestes qui
avaient été posés, à l'époque, là, par…
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
députés de plusieurs formations politiques qui ont assisté à la projection de
ce film-là, plusieurs députés se sont pris en photo devant l'affiche. C'est un
film qui cherche non pas à excuser mais à comprendre ce qui s'est passé en
octobre 1970. Je pense qu'on a le droit de faire des films sur des enjeux
historiques, même sensibles, je pense que les élus ont le droit d'aller écouter
ces films-là, je pense qu'ils ont le droit de se prendre en photo devant
l'affiche.
Puis honnêtement, c'est assez… comment
dire, cette indignation des libéraux — puis ils ont été les seuls à
s'indigner de ça ou à peu près, en termes de partis politiques — est
arrivée à peu près au même moment où éclatait le scandale Fitzgibbon sur la
vente des données de la RAMQ aux Québécois et aux Québécoises, au moment même
où on découvrait que ceux qui ont démarré ce projet-là, c'était les libéraux.
Alors, je pense, c'était une stratégie
habile de la part du personnel politique des libéraux de vouloir créer une
diversion. Ça n'a pas vraiment marché, je pense que les Québécois comprennent
qu'on peut aller voir un film historique sur le FLQ puis que ça ne veut pas
dire qu'on est un fan du FLQ.
Des voix
: …
M. Robitaille (Antoine) : Si
Québec solidaire avait été au gouvernement dans les années 60 et qu'il y a
un de ses ministres qui avait été assassiné, je fais un peu de l'uchronie, là,
mais...
M. Nadeau-Dubois : C'est le
moins qu'on puisse dire.
M. Robitaille (Antoine) :
...est-ce qu'il ne serait pas normal que cette formation politique là soit
sensible à cet enjeu-là? C'est-à-dire, c'est des libéraux qui se disent :
Un des nôtres a quand même perdu la vie dans ces événements-là. Mme Ghazal
était là puis elle n'a pas levé le poing, là. Elle s'est fait photographier
devant...
M. Nadeau-Dubois : J'ai
vu M. Péladeau en photo, j'ai vu des artistes…
Mme Senay (Cathy) : …levé le
poing…
M. Nadeau-Dubois : …j'ai vu
plein de gens se faire prendre en photo.
M. Robitaille (Antoine) :
…lever le poing...
Une voix
: ...
M. Nadeau-Dubois : Je
vais répondre à la question de M. Robitaille, qui me l'a posée.
Mme Senay (Cathy) : Oui,
mais j'ai la même question. Je vous entends depuis tantôt, puis vous contournez
la question. On parle de lever le poing, le geste.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que c'est légitime d'aller voir un film historique qui porte sur un enjeu
aussi sensible que celui-là. Sur l'affiche, il y a quelqu'un qui lève le poing.
Catherine a levé le poing. Y voir une forme d'appui à la violence, il faut vraiment
chercher des poux. Ce n'était pas son intention, bien sûr.
D'ailleurs, elle s'est expliquée sur les
réseaux sociaux en disant : C'est un film qui nous montre aussi les
limites de la stratégie qui était celle du FLQ. Nous, à Québec solidaire, on a
décidé de faire de la politique démocratiquement, par les urnes et la mobilisation
sociale, mais pas par la violence.
Que les libéraux aient été froissés, ça
leur appartient, je ne veux pas juger ça. Mais je pense que, dans une société
libre et démocratique, on a le droit de faire des oeuvres d'art sur des sujets
sensibles. Les élus ont le droit d'aller voir ces films-là. Puis moi, personnellement,
le film, je ne l'ai pas encore vu, alors je vais attendre avant de porter un
jugement définitif sur l'oeuvre, mais je pense que c'est légitime pour un élu
d'aller voir un film historique puis de se prendre en photo devant l'affiche.
Si on est rendus à ce point sensibles, c'est qu'on devrait peut-être se
détendre un petit peu.
La Modératrice
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
M. Robitaille (Antoine) :
Auriez-vous levé le poing, vous, M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : Je ne
me suis jamais posé cette question-là.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : …would you have waved the fist at
the documentary, just next to Paul Rose, who did that during the trial for
the murder of Pierre Laporte in 1971? Would you?
M. Nadeau-Dubois : I never asked myself that question.
M. Robitaille
(Antoine) : But we ask you the question.
M. Nadeau-Dubois : It's the same type of question, asking, if Québec solidaire was in power 30 years before it was actually founded, would
you be offended that... I mean, let's talk about what really happens, not what
about should of could have happened.
I didn't go saw the
movie. I will certainly go and see the movie. I think it's important, as a
society, to think about that very pivotal moment in our history, in a lot of
ways. But I never asked myself my question : If I would have been at the
premiere, would I have had raised my fist?
I mean, Manon raised her
fist when she was elected. Mr. Péladeau raised his fist when he was selected as
a candidate. I raised my fist during the 2012 student movement. It's a common
gesture inside social movements. I don't think… It's
over simplifying to say that that gesture was, in some way, a way to support an
assassination. I think it's really far-fetched to draw such a conclusion.
La Modératrice
:
Bien, merci beaucoup…
Mme Senay
(Cathy) : I'm sorry… I just would have…
La Modératrice
: Do you have a last question?
Mme Senay (Cathy) : Yes, I do.
La Modératrice
: Go.
Mme Senay (Cathy) : I have two more. Just to clarify, on that day, the day after the
photo came out, not only the Liberals but also Gérard Deltell reacted. But
there are sensitivities about the FLQ, we have this anniversary coming up. Do
you have the impression, from your own understanding, that Catherine Dorion
didn't want to cause harm to people?
M. Nadeau-Dubois : Didn't want to?
Mme Senay (Cathy) : Cause harm, like foster sensitivities,
like, basically, create this type
of a «malaise». There is still a «malaise» with this period. So do you have an
impression that she didn't understand this, in doing this, the movement?
M. Nadeau-Dubois : It's a very specific question. I am not inside Catherine's head. I
can't know what she was thinking at the time. What I do know is that it is
normal that this very conflictual episode in Québec's history raises debates,
raises discomfort. It was a deeply divisive moment in our history. I think it
still is a divisive event when it is debated. I think it's, in a way, normal
that such a crisis in our history still raises debates and questions and
discomforts. I think we have to be aware of that. I think we have to respect
that. I think we have to respect that this specific event provokes very
different reactions inside Québec, depending on what are your political or your
personal opinions.
I think that's why the
movie is important. It's important to talk about those things, and I hope that
this movie will not only be viewed but debated, that we will see people that
think it's a good way to talk about the October Crisis, that we will see people
say : No, I think it's the wrong way to talk about it. I think those
discussions are healthy. They are not always easy, but they're healthy. And I
saw, in the recent days, a journalist saying : I think it's not a good way
to talk about that. The director of the movie answered that, those critics,
very openly. I saw other critics saying : No, I think it's a good angle on
the crisis. I think this discussion is healthy because this crisis was a «traumatisme», it was a deeply marked, profound event for Québec society and it's only been a few
decades. So, it's normal that we talk about that, it's healthy that we have a
debate. And I understand that people have very different perspectives on this.
And, of course, the
Liberals, to answer Mr. Robitaille's question, have their own perspective, and I think all of this is healthy because,
in a society where we want to get rid of political violence, we have to be able
to reflect on when it happened, why it happened, how it happened and what are
the consequences. If we want to get rid of political violence, we have to be
able to talk about it and to understand it without never excusing it or
justifying it.
(Fin à 9 h 46)